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Full text of "Bulletin de la Socit nationale d'acclimatation de France"

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BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

I>E    FFIAISOE 


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5977.  —  BountOTOS  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon.i,    Paris. 


BULLETIN 

DE    LA 

SOCIÉTÉ   NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

Fondée  le  10  février  1854 

RECONNUE  ÉTABLISSEMENT  D  UTILITÉ  PUBLiaUE 
PAR    DÉCRET   DU    26    FÉVRIER    1855 


4^     SERIE—  TOME     III 


1§86 


TRENTE-TROISIEME   ANNEE 


PARIS 

AU    SIÈGE   DE    LA    SOCIÉTÉ 

41,    RUE    DE    LILLE,  41 
188G 


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SOCIETE   NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 


r>E    FFtAIVOE 


ORGANISATION  POUR  L'ANNÉE  1886  «gv,   y  .|^^ 

Conseil.  —  Délégués.  —  Commissions.  —  Bureaux  des  Sections.  ^OTAWiCAt. 


CONSEIL  D'ADMINISTRATIOiN  POUR  1886 


BUFtEAU 

Président. 

Vice-présidents. 

MM.  Ernest  COSSON(0.  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des  sciences), 
ancien  conseiller  général,  membre  du  conseil  d'administration 
de  la  Société  botanique  de  France. 

Le  comte  d'ÉPRÉMESNlL  (^),  propriétaire. 

De  QUATREFAGES  (G.  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 
sciences),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 

Le  marquis  de  SINÉTY,  propriétaire. 

Secrétaire  général. 

M.  Albert  GEOFFROY  SAINT-HILAIRE  (^),  directeur  du  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne. 

Secrétaires. 

MM.  E.  DUPIN  (^),  Secrétaire  pour  l'intérieur,  ancien  inspecteur  des 
chemins  de  fer. 
^  Maurice  GIRARD,  Secrétaire  du  Conseil,  docteur  es  sciences. 

^         G.   RAVERET-WATTEL  (^),    Secrétaire    des  séances,  chef  de 
bureau  au  ministère  de  la  guerre. 
P.-L.-H.  FLURY-HÉRARD  (^),  Secrétaire  pour  l'étranger,  banquier 
^^  du  corps  diplomatique. 


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VI  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

Trésorier. 

M.  Sainl-Yves  MÉNARD,  vétérinaire,  docteur  en  médecine,  directeur  ad- 
joint du  Jardin  zoologique  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulo- 
gne, professeur  à  l'École  centrale  des  arts  et  manufactures. 

Archiviste-bibliothécaire. 
M.  Amédée  BERTHOULE,  avocat,  docteur  en  droit. 

iVIE]VIBR.ES    I>U    OONSEIL. 

MM.  Camille  DARESTE,  docteur  es  sciences  et  en  médecine,  directeur 

du  laboratoire   de  tératologie  à  l'École  pratique  des  hautes 

études. 
A.  GRANDIDIER  (^),  Membre  de  l'Institut,  voyageur  naturaliste. 
Léon  LEFORT  (0  ^),  membre  de  l'Académie  de  médecine,  pro- 
fesseur à  la  Faculté  de  médecine. 
Edouard  MÈNE  (^),  docteur  en  médecine,  médecin  de  la  maison 

de  santé  de  Saint- Jean-de-Dieu. 
A.  MILNE  EDWARDS  (0  ^),  membre  de  l'Institut  (Académie  des 

sciences),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Aug.  PAILLIEUX,  propriétaire. 

P. -Amédée  PICHOT,  directeur  de  la  Revue  britannique. 
Edo-ar  ROGER,  conseiller  référendaire  à  la  Cour  des  comptes. 
Le  marquis  de  SELVE  (^),  propriétaire. 

Léon  VAILLANT  (^),  professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle. 
Henry  de  VILMORIN  (^),  ancien  membre  du  tribunal  de  commerce 

de  la  Seine.    • 

'  Vice-président  honoraire. 

M.  RICHARD  (xiu  Cantal),  ancien  représentant  du  peuple,  propriétaire. 

Membre  honoraire  du  Conseil. 

M.  Fréd.    JACQUEMART  (^),  manufacturier,   membre   de  la  Société 
nationale  d'agriculture  de  France. 


Agent  général. 
M.  Jules  GRISARD  (P  A.),  gérant  des  publications  de  la  Société. 


ORGANISATION. 


VII 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  EN  FRANCE 


BoM%ne-s.-iJf., MM. Carmier-Adam. 
Douai,  L.  Maurice. 

La  Roche-sur  Y  on,        D.  Gourdin. 


Poitiers,  MM.  Malapert  père. 

Saint-Quentin,        Theillier-Des- 

JARDiNS. 


DÉLÉGUÉS  DU  CONSEIL  A  L'ÉTRANGER 


Bruxelles,     MM.  Comte  de  Liede- 

kerke. 
Cerna?/ (Alsace) ,  A.  Zurcher. 
Milan,  Ch.  Brot. 

Odessa,  P.  de  Bourakoff. 


Pesth   (Hongrie), 

Rio-Janeiro, 

Téhéran, 

Wesserling, 


MM.   Ladislas   de 
Wagner. 
De  Capanema. 
Tholozan. 
Gros-Hartmann. 


COMiyiISSION    DE    PUBLICATION 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 
D''E.GossoN,  Vice-Président. 
E.  DuPiN,  Secrétaire  pour  l'intérieur. 
Maurice  Girard,  Secrétaire  du  Conseil. 
Baveret-Wattel,  Secrétaire  des  séances. 
Flury-Hérard,  Secrétaire  pour  l'étranger. 
Saint-Yves  Ménard,  Trésorier. 
Docteur  Ed.  Mène,  Membre  du  Conseil. 
P.  A.  Pichol,  —  — 


COMMISSION  DES  CHEPTELS 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


Membres  pris  dans  le  Conseil. 

MM.   Amédée  Berthoule. 
Maurice  Girard. 
Saint-Yves  MÉNARD. 
Edg.  Boger. 
A.  Paillieux. 


Membres  pris  dans  la  Société. 
MM.  De  Barrau  ûe  Muratel 

D'AUBUSSON. 

Jules  Fallou. 
P.  Mégnin. 

E.    JOLY. 


COMMISSION  DES  FINANCES 
MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 


MM.  Amédée  Berthoule. 
Flury-Hérard. 


MM.   Eug.  DupiN. 

Saint-Yves  Ménard. 


VIII 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


COMMISSION  MÉDICALE 

MM.  Je  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 

MM.  E.  Hardy.  MM.  Saint-Yves  Ménard. 

E.  Decroix.  L.  Lefort. 

Edouard  Mène.  Léon  Vaillant. 


COMMISSION   PERMANENTE  DES  RÉCOMPENSES 

MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général,  membres  de  droit. 

Délégués  du  Conseil. 


MM.  Amédée  Berthoule. 
Maurice  Girard. 


MM.  A.  Paillieux. 
Raveret-Wattel. 


Délégués  des  sections. 

Première  section.  —  Mammifères.  —  MM.  Mailles. 

Deuxième  section.  —  Oiseaux.         —  P>athelot. 

Troisième  section.  —  Poissons,  etc.  —  Berthoule. 

Quatrième  section. —  Insectes.  —  Jules  Fallou. 

Cinquième  section. —  Végétaux.       —  Docteur  E.  Mène. 


BUREAUX  DES  SECTIONS 


*"  Section.  —  niaininirères. 

MM.  Geoffroy  Sl-Hilaire,  d.  du  Cous. 
E.  hecro'n,  président. 
Mégnin,  vice-président. 
Mailles,  secrétaire. 
Trémeau,  vice-secrétaire. 

t*  Section.  —  Oiseaux. 

MM.  Ménard,  dél.  du  Conseil. 

Huel,  président^ 

Dautreville,  vice-président. 

E.  Joly,  secrétaire. 

Comte  d'Esterno,  vice-secrétaire. 


3*   Section.  —  Poissons,  etc. 

MM.  L.  Vaillant,  délégué  du  Conseil 

et  président. 
Brocchi,  vice-président. 
Mailles,  secrétaire. 
i.  Cloquet,  vice-secrétaire. 

4*  Section.  —  Insectes. 
MM.  Maurice  Girard,   délégué  du 

Conseil  et  président. 
Jules  Fallou,  vice-président. 
Sédillot,  secrétaire. 
Eug.  Joly,  vice-secrétaire. 


»^  Section    —  Végétaux. 

MM.  Henry  de  Vilmorin,  délégué  du  Conseil  et  président. 
Aug.  Paillieux,  vice-président. 
Jules  Grisard,  secrétaire. 
Jean  Dybowski,  vice-secrétaire. 


YINGT-NEUVIÈME  SÉANCE  PUBLIQUE  ANNUELLE 

DE  DISTRIBUTION  DES  RÉCOMPENSES 

DE   LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION  DE    FRANCE 


PROGES-YERBAL 

La  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  a  tenu  sa 
vingt-neuvième  séance  publique  annuelle  de  distribution  des 
récompenses,  le  vendredi  11  juin  1886,  dans  sa  salle  des 
Conférences,  sous  la  présidence  de  M.  de  Quatrefages , 
Membre  de  l'Institut,  Vice-président  de  la  Société. 

Après  une  allocution  très  applaudie ,  M.  le  Président  a 
donné  la  parole  à  M.  Raveret-Wattel,  Secrétaire  des  séances, 
qui  a  présenté  un  rapport  sur  les  travaux  de  la  Société  pen- 
dant l'année  1885. 

Puis  M.  Saint-Yves  Ménard,  trésorier,  a  exposé  la  situation 
financière  de  la  Société  au  31  décembre  dernier. 

Enfin  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  secrétaire  général,  a 
donné  lecture  du  rapport  au  nom  de  la  Commission  des  ré- 
compenses. 

11  a  été  décerné  cette  année  : 

1"  Une  médaille  d'or  off'erte  par  le  Ministère  de  l'agricul- 
ture; 

2°  Une  grande  médaille  d'or  (hors  classe),  à  l'effigie  d'Isi- 
dore Geoffroy  Saint-Hilaire,  d'une  valeur  de  500  francs; 

3"  Deux  médailles  d'or,  hors  classe,  d'une  valeur  de 
300  francs; 

4"  Deux  prix  extraordinaires  d'une  valeur  de  1500  francs; 

5°  Deux  primes  d'une  valeur  de  400  francs; 

6"  Yingt  et  une  médailles  d'argent  et  un  rappel  ; 

7°  Quatre  médailles  de  bronze; 

8*  Cinq  mentions  honorables; 


X  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

9°  Deux  récompenses  pécuniaires  d'une  valeur  de  300  fr.  ; 
10'  Les  deux  primes  de  200  et  de  iOO  francs  fondées  par 
feu  Agron  de  Germigny  ; 

14°  Huit  primes  offertes  par  l'administration  du  Jardin 
zoologique  d'Acclimatation  à  ses  employés,  d'une  valeur  de 
600  francs. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
G.  Raveret-Wattel. 


PRIX  EXTRAORDINAIRES  ENCORE  A  DÉCERNER  <^> 


GENERALITES 

i°  —  1882.  —  Prix  de   1000  francs  fondé 
pai*  feu  ni.  BERE.\D,  membre  de  la  Société. 

Un  prix  de  1000  francs  sera  décerné  à  l'auteur  du  meilleur  tra- 
vail faisant  connaître,  au  point  de  vue  historique  et  pratique,  les 
travaux  relatifs  à  l'acclimatation  et  les  résultats  obtenus  depuis  1854. 

Concours  prorogé  jusfju'au  !<""  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

2"  —  1863.  —  Prix  pour  les  travaux  théoriques  relatifs  à 
l'acclimatation. 

§  I.  Les  travaux  théoriques  sur  des  questions  relatives  à  l'accli- 
matation, publiés  pendant  les  cinq  années  qui  précèdent,  pourront 
être  récompensés,  chaque  année,  par  des  prix  spéciaux  de  500  francs 
au  moins. 

La  Société  voudrait  voir  étudier  particulièrement  les  causes  qui 
peuvent  s'opposer  à  l'acclimatation  ou  la  faciliter. 

§11.  Il  pourra,  en  outre,  être  accordé  dans  chaque  section  des 
primes  ou  des  médailles  aux  auteurs  de  travaux  relatifs  aux  ques- 
tions dont  s'occupe  la  Société. 

Ces  travaux  devront  être  de  nature  à  servir  de  guide  dans  les  ap- 
plications pratiques  ou  propres  à  les  vulgariser. 

Les  ouvrages  (imprimés  ou  manuscrits)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  1"  décembre  de  chaque  année. 

3°  —  1867.  —  Prix  pour  les  travaux  de  zoologie  pure,  pouvant 
servir  de  guide  dans  les  applications. 

La  Société,  voulant  encourager  les  travaux  de  zoologie  pure  (mo- 
nographies génériques,  recherches  d'anatomie  comparée,  études 
embryogéniques,  etc.),  qui  servent  si  souvent  de  guide  dans  les  ap- 
plications utilitaires  de  cette  science,  et  rendent  facile  l'introduction 
d'espèces  nouvelles  ou  la  multiplication  ou  le  perfectionnement  d'es- 
pèces déjà  importées,  décernera  annuellement,  s'il  y  a  lieu,  un  prix 
de  500  francs  au  moins  à  la  meilleure  monographie  de  cet  ordre, 
publiée  pendant  les  cinq  années  précédentes. 

Elle  tiendra  particulièrement  compte,  dans  ses  jugements,  des 
applications  auxquelles  les  travaux  ,de  zoologie  pure  appelés  à  con- 

(1)  Le  cliiffre  qui  précède  l'énoncé  des  divers  prix,  indique  l'année  de  la  fon- 
dation de  ces  prix.  Tous  les  prix  qui  ne  portent  pas  l'indication  d'une  fondation 
particulière  sont  fondés  par  la  Société. 


XII  SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

courir  auraient  déjà  conduit,  que  ces  applications  aient  été  faites  par 
les  auteurs  de  ces  travaux  ou  par  d'autres  personnes. 

Un  exemplaire  devra  être  déposé  avant  le  l^""  décembre. 

40  _  1875.  —  Des  primes  ou  médailles  pourront  être  accordées 
aux  personnes  qui  auront  démontré,  pratiquement  ou  théoriquement, 
les  procédés  les  plus  favorables  à  la  multiplication  et  à  la  conserva- 
tion des  animaux  essentiellement  protecteurs  des  cultures. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890. 

50  —  1807.  —  Prix  perpétuel  foudé  par  feu 
M'"' GUÉR1I\EAU ,  née  DELALJiI\DE. 

Une  grande  médaille  d'or,  à  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  et  destinée  à  continuer  les  fondations  faites  les  années 
précédentes,  dans  l'intention  d'honorer  la  mémoire  de  l'illustre  et 
intrépide  naturaliste  voyageur,  Pierre  Delalande,  frère  de  M"''  Gué- 
rineau. 

Cette  médaille  sera  décernée,  en  1887,  au  voyageur  qui,  en 
Afrique  ou  en  Amérique,  aura  rendu  depuis  huit  années  le  plus  de 
services  dans  l'ordre  des  travaux  de  la  Société,  principalement  au 
point  de  vue  de  l'alimentation  de  l'homme. 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1"  décembre  1886. 

6»  —   1861.  —  Primes  fondées  par  feu 
M.  AGROIV  DE  GERllIGIVY. 

Deux  primes,  de  200  francs  et  de  100  francs,  seront  décernées, 
chaque  année,  pour  les  bons  soins  donnés  aux  animaux  ou  aux  vé- 
gétaux, soit  au  Jardin  d'acclimatation  (200  francs),  soit  dans  les 
établissements  d'acclimatation  se  rattachant  à  la  Société  (prime  de 
100  francs). 

Les  pièces  relatives  à  ce  concours  devront  parvenir  à  la  Société  avant 
le  1*'  décembre  de  chaque  année. 

PREMIÈRE  SECTION.  —  MAMMIFÈRES 

1»  —  1804.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

2"  — 1885.  —  Introduction  d'une  espèce  nouvelle  de  Mam- 
mifère insectivore  en  France. 


PRIX   EXTRAORDINAIRES.  XIII 

Les  candidats  devront  justifier  de  la  possession  de  dix  sujets  au  moins 
nés  chez  eux  et  adultes. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  Prix:  500  n-ancs. 

30 1S70.  —  lutroduclioii  en  France  des  belles  races  asines 

de  l'Orient. 

On  devia  faire  approuver  par  la  Société  d'Acclimatation  les  .\nes  éta- 
lons importés,  et  prouver  que  vingt  saillies  au  moins  ont  été  faites  dans 
l'année  par  chacun  d'eux. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  1000  francs. 

40  186S. —  Domestication  complète,  application  à  l'agricul- 
ture ou  emploi  dans  les  villes  de  l'Hémione  {Equus  Hemionus)  ou 
du  Dauw  {E.  Burchelli). 

La  domestication  suppose  la  reproduction  en  captivité. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^-"  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

50  _  -1867.  —  Métissage  de  l'Hémione  ou  de  ses  congénères 
(Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  le  Cheval. 
On  devra  avoir  obtenu  un  ou  plusieurs  métis  âgés  au  moins  d'un  an. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  1000  francs. 

(30  —  1867.  —  Propagation  des  métis  de  l'Hémione  ou  de  ses 
congénères  (Dauw,  Zèbre,  Couagga)  avec  l'Ane. 

Ce  prix  sera  décerné  à  l'éleveur  qui  aura  produit  le  plus  de  métis.  (11 
devra  en  présenter  quatre  individus  au  moins.) 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*''  décembre  1890.  —  Prix  :  1000  francs. 

7»  — 1885.  —  Multiplication  en  France  du  Sanglier  nain 
{Porcula  Salvianï). 

On  devra  justifier  de  la  possession  de  douze  sujets  au  moins,  nés  chez 
le  propriétaire  et  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"^'  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 

Le  prix  sera  doublé  si  les  sujets  présentés  sont  nés  d'individus  ayant 
déjà  reproduit  en  France.  —  Prix  :  1000  francs. 

go  —  1867.  — Élevage  de  l'Alpaca,  de  l'Alpa-Lama  et  du  Lama. 

On  devra  présenter  au  concours  douze  sujets  nés  chez  l'éleveur  et 
âgés  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  tsoo  francs. 

90  —  1869.  —  Prix  perpétuel  fondé  par  feu 
lU-^'Ad.  DUTROIVE,  née  GALOT. 

Une  somme  annuelle  de  100  francs  sera,  tous  les  trois  ans,  con- 
vertie en  prime  de  300  francs  (ou  médaille  d'or  de  cette  valeur), 
et  décernée,  par  concours,  au  propj^iétaire  ou  au  fermier  qui,  en 
France  ou  en  Belgique,  aura  le  mieux  contribué  à  la  propagation  de 
la  race  bovine  désarmée  sarlabot,  créée  par  feu  M.  le  conseiller 
Ad.  Dutrône. 

Ce  prix  sera  décerné  en  1887  et  1890. 


XTV  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

10°  —  18Î3.  —  Chèvres  laitières. 

On  devra  présenter  I  Bouc  et  8  Chèvres  d'un  type  uniforme,  et  justifier 
que  trois  mois  après  la  parturition  les  Chèvres  donnent  3  litres  de  lait 
par  jour  et  par  tête. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau,  et  faire  connaître  à  quel  usage 
le  lait  a  été  employé  (lait  en  nature,  beurre,  fromage). 

Concours  prorogé  jusqu'au  l*^""  décembre  1890.  —  Prix  :  50o  n-nncs. 

11" —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Wapiti  (Cervus 
Canadensis),  du  Cerf  d'Arislote  {Cervus  Aristotelis)  ou  d'une  autre 
grande  espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'^'"  décembre  1890.  —  Prix  :  i500  francs. 

12°  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cer?  axis  {Cervus  axis), 
du  Cerf  des  Moluques  {Cervus  Moluccensis)  ou  d'une  autre  espèce 
de  taille  moyenne. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  — Prix  :  looo  francs. 

13»  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf-Cochon  {Cervus 
porcinus)  ou  d'une  autre  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  déplus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

14,"  —  1874,  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  du  Cerf  Pu  du  (Ceri'WS 
Pudu)  ou  d'une  espèce  analogue. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

15"  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Canna  {Bos- 
elaphus  Oreas)  ou  d'une  autre  grande  espèce. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  1500  francs. 

16"  —  1874.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  l'Antilope  Nylgau  {Por- 
tax  picta)  ou  d'une  autre  espèce  de  taille  moyenne. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XV 

l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l*-"  décembre  1890.  —  Prix  :  «ooo  francs. 

470  1874.  —  Multiplication   en  France,  à  l'état  sauvage 

(dans  un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  d'Antilopes  de  petite 

taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  seront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

18°  — 1873.—  Introduction  en  France  de  VHydropotes  inermis 

{Ke  ou  Chang). 

On  devra  avoir  introduit  au  moins  trois  couples  de  Ke  ou  Chang,  et 
faire  constater  que  trois  mois  après  leur  importation,  ces  animaux  sont 
dans  de  bonnes  conditions  de  santé. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

19o_  1 87S.  —  Multiplication  en  France  de  VHydropotes  inermis 

(Ke  ou  Chang). 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins  âgés  de 
plus  d'un  an  et  issus  des  reproducteurs  importés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  !<='■  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

20"  —  1865.  —  Domestication  en  France  du  Castor,  soit  du  Ca- 
nada, soit  des  bords  du  Khône. 

On  devra  présenter  au  moins  quatre  individus  mâles  et  femelles,  nés 
chez  le  propriétaire  et  âgés  d'un  an  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 
—  Le  prix  sera  doublé  si  l'on  présente  des  individus  de  seconde  géné- 
ration. 

2I0  _  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage  (dans 
un  grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt),  de  Kangurous  de  petite  taille. 

On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au  moins,  nés  à 
l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux  s  eront  âgés  de  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*''  décembre  1890.  —  Prix:  500  francs. 

22"  —  188^.  —  Multiplication  en  France  du  Lapin  géant  des 
Flandres,  à  oreilles  droites. 

On  devra  présenter  5  mâles  et  5  femelles  adultes,  nés  chez  l'éleveur, 
du  poids  moyen  de  8  kilogrammes. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1^''  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 

23"  —  188*1.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinlé  (Beana 
luxurians). 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 


XVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATÂTION. 

24°  —  1882.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 
ou  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l'"'  décembre  1890.  —  Prix:   300  francs. 


DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX 

1"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle  utile  ou  ornementale  a'un  réel  intérêt. 

2" — 1864.  —  Introduction  et  acclimatation  d'un  nouveau  gibier 
pi'is  dans  la  classe  des  Oiseaux. 
Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 
On  devra  présenter  plusieurs  sujets  vivants  de  seconde  génération. 
Concours    prorogé  jusqu'au    1*"'  décembre  1890.  —  Prix  :  500   à 

14»00  francs. 

3"  _  1S70.  —  Multiplication  et  propagation  en  France  ou  en 
Algérie  du  Serpentaire  {Gijpogeranus  Serpentarius). 

On  devra  présenter  un  couple  de  ces  oiseaux  de  première  génération, 
et  justifier  de  la  possession  du  couple  producteur  et  des  jeunes  obtenus. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*"'  décembre  1890. —  Paix  :  looo  francs. 

4.0  —  1868.  —  Acclimatation  du  Martin  triste  {Acridotheres 
tristis)  ou  d'une  espèce  analogue,  en  Algérie  ou  dans  le  midi  de  la 
France. 

On  devra  présenter  cinq  paires  de  ces  oiseaux,  adultes,  de  seconde 
génération. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

5»  —  1810.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  de  la 
Pintade  ordinaire  (Numida  Meleagris). 

On  devra  faire  constater  l'existence,  sur  les  terres  du  propriétaire, 
d'au  moins  quatre  compagnies  de  Pintades  de  six  individus  chacune, 
vivant  à  l'état  sauvage. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  «so  francs. 

6° —  1875.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  du 
Faisan  vénéré. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  dix  jeunes  sujets  vivant 
en  liberté  et  provenant  du  couple  ou  des  couples  lâchés. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1'''  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 


rillX    EXTRAORDINAIRES.  XVII 

7"  —  1S70.  —  Création  d'une  race  do  Poules  domestiques 
pondant  de  gros  œufs. 

On  devra  présenter  au  moins  douze  Poules  de  3"  génération,  constituant 
une  race  stable,  et  donnant  régulièrement  des  œufs  atteignant  le  poids  de 
75  grammes.  Cette  race,  créée  par  la  sélection  ou  par  croisement,  devra  pré- 
senter les  caractères  d'une  variété  de  bonne  qualité  pour  la  consommation. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 


Vvix  fondés  pai*  il.  Georges  lflatliia.«i,  uieinbre  de  la 

Société. 

8" — 1885. —  lîeproductioii  en  captivité  d'un  oiseau  quel- 
conquc,  de  l'ordre  des  Gallinacés,  qui  jusqu'à  ce  jour  ne  s'est  pas 
reproduit  dans  ces  conditions. 

On  devra  présenter  au  moins  quatre  sujets  adultes  nés  chez  le  pro- 
priétaire. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  l'uix  :  «50  franc». 

9"  — 1885.  —  Monographie  des  [*hasianidés  (Faisan,  Trago- 
pan,  Lophophore,  etc.). 

liCs  auteurs  devront  indiquer,  dans  un  livre  ou  un  mémoire  étendu, 
les  diverses  espèces  de  cette  famille,  leur  distribution  géographique, 
leur  description,  moeurs,  habitudes,  instincts,  leur  mode  de  reproduc- 
tion, leur  alimentation. 

En  d'autres  ternies,  les  ouvrages  présentés  devront  pouvoir  servir  de 
Guide  pratique. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1'='  décembre  1890  —  Prix.:  «»o  francs. 


10°  —  1867.  —  Introduction  et  multiplication  en  France,  en  par- 
(luels,  du  Tétras  liuppecol  (Tetrao  Cupido)  de  l'Amérique  du  Nortl. 

On  devra  présenter  au  moins  douze  sujets,  complètement  adultes,  nés 
et  élevés  chez  le  propriétaire. 

(concours  prorogé  jus(pi'au  1"  décembre  1890.  —  l'Rix  :  aso  francs. 

Le  prix  sera  dou])lé  si  la  multiplication  du  Tétras  huppecol  a  été 
obtenue  en  liberté. 

11" —  1810.  —  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  delà 
Perdrix  de  Chine  {Galloperdix  Sphenura)  ou  d'une  autre  Perdrix 
percheuse. 

On  devra  faire  constater  l'existence  d'au  moins  six  sujets  vivant  en 
liberté  et  provcnaut  du  ondes  couples  làcdiés. 

Concours  prorogé  jiis(iu'au  1"  décembre  1890.  —  Pni\  :  3oo  francs. 
i"  SKUIK,  T.  III.  — .Sciiiiri!  iiuli|i(iuc:  ;miiiicile.  h 


XVIII  SOCIETE   NATIUNALE   D  ACCLIMATATION. 

li"  —  1877.  —  Importation  des  grosses  espèces  de  Colins  (ori- 
ginaires du  Mexique  et  du  Brésil)  et  des  petites  espèces  de  Tina- 
mous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  avoir  importé  au  moins  six  couples  de  ces  oiseaux  et  justifier 
que  trois  mois  après  leur  importation  ils  sont  dans  de  bonnes  conditions 
de  santé. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1^''  décembre  1890.  —  Prix  :  «sofrnncs. 

13"—  1877.  —  Multiplication  en  volière  des  grosses  espèces  de 
Colins  originaires  du  Mexique  et  du  Brésil,  ou  des  petites  espèces  de 
Tinamous  de  l'Amérique  méridionale. 

On  devra  itrésenter  dix  sujets  vivants  nés  des  oiseaux  directement  im- 
portés du  pays  d'origine. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  rrancM. 

M"  —  1^81.  —  Reproduction  de  la  grande  Outarde  {Olis  tarda) 
à  l'état  sauvage. 

On  devra  prouver  que  trois  couples  au  moins  de  grandes  Outardes  ont 
couvé  et  élevé  leurs  jeunes  en  France,  sur  les  terres  du  propriétaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1*"'  décembre  1890.  —  Prix  :   300  rrnncM. 

15°  —  1870.  —  Domestication  en  France  ou  en  Algérie  de  l'Ibis 
sacré  (Ibis  religiosa)  ou  de  l'Ibis  falcinelle  (Ibis  falcinellus),  ou 
d'un  autre  oiseau  destructeur  des  Souris,  Insectes  et  Mollusques  nui- 
sibles dans  les  jardins. 

Sont  exceptées  les  espèces  qui  pourraient  ravager  les  cultures. 

On  devra  faire  constater  l'existence  de  quatre  sujets  au  moins  de  pre- 
mière génération,  vivant  en  liberté  autour  d'une  habitation  et  nés  de 
parents  libres  eux-mêmes  dans  la  propriété. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l'^'^  décembre  1890.  —  Prix  :  500  francs. 

16°  —  1867.  —  Domestication  de  l'Autruche  d'Afrique  (Stru- 
thio  canielus)  en  Europe. 

On  devra  justifier  de  la  possession  d'au  moins  six  Autruches  nées  chex 
le  propriétaire  et  âgées  d'un  an  au  moins. 

(Concours  prorogé  jusqu'au  1^'  décembre  1890. —  Prix  :  1500  rrancM. 

17" —  1879.  —  Création  en  Algérie  d'une  ferme  d'Autruches. 

On  devra  être  possesseur  de  dix  couples,  au  moins,  de  reproducteurs, 
et  avoir  fait  naître  et  élever  dans  les  trois  années  précédentes  cent  jeunes 
aulruchons.  Les  concurrents  ne  seront  pas  tenus  d'entretenir  chez  eux 
tous  les  jeunes  produits;  mais  ils  devront  fournir  des  documents  authen- 
tiques justifiant  de  la  destination  qui  leur  a  été  donnée. 

Les  concurrents  devront  présenter  un  compte  des  dépenses  et  recettes 
occasionnées  par  l'entretien  du  troupeau;  faire  connaître  la  valeur  des 
plumes  livrées  au  commerce;  les  procédés  à  employer  pour  la  multipli- 
cation des  jeunes  (incubation  naturelle  ou  hydro-incubateurs),  et  adresser 
à  la  Société  un  ra})port  circonslancié  donnant  tous  les  détails  propres  à 
rétlucatioii  do  rAuliuche  en  cafitivité. 

Concours  prorogé  jus(pi'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  rrancs. 


PIUX    EXTUAOUDIJNAIKES.  XIX 

18"  —  1873.  —  Domestication  d'un  nouveau  Palmipède  utile. 

On  devra  présenter  au  moins  dix  sujets  vivants  de  seconde  génération 
produits  en  captivité. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1""  décembre  1890.  — Prix  :  looo  rrancM. 

19°  —  1882.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  décerné  à  l'auteur 
du  meilleur  travail  sur  les  nichoirs  artificiels  pour  la  protection  et 
la  propagation  des  espèces  d'oiseaux  qui  nichent  dans  les  creux 
ou  trous  des  arbres,  des  murailles  ou  des  rochers. 

L'auteur  devra  produire  des  modèles  de  nichoirs  en  indiquant  leur 
mode  de  construction  et  leur  prix  de  revient,  et  justifier  des  résultats 
obtenus  depuis  cinq  ans  au  moins. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  300  francs. 

20°  —  188*1.  —  Un  prix  de  300  francs  sera  accordé  à  l'inven- 
teur d'un  genre  de  nourriture  artificielle  ou  composition  pouvant 
remplacer  les  pâtées  fraîches,  pour  les  oiseaux  insectivores  entre- 
tenus en  volières. 

On  devra  faire  connaître  la  composition  et  le  mode  de  préparation, 
justifier  des  avantages  que  présente  l'emploi  de  cette  composition  au 
point  de  vue  de  sa  conservation,  de  ses  qualités  nutritives  et  de  son  pri.v 
de  revient. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 


TROISIÈME  SECTION.  —  POISSONS,  MOLLUSQUES,  ETC. 
CRUSTACÉS,  ANNÉLIDES 

1°  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur' 
de  200  à  .500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

"2"  —  1S82.  —  Recherches  sur  les  propriétés  physiques  et 
chimiques  des  eaux  douces  au  point  de  vue  de  l'aquiculture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  au  développement  des  diverses 
espèces  de  Poissons,  Crustacés,  Mollusques  et  Végétaux. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  — Prix  :  5oo  francs. 

3"  —  1883. —  Recherches  sur  les  propriétés  physi(|ues  et  chimi- 
ques des  eaux  de  mer  et  saumâtres  au  point  de  vue  de  l'aquiculture. 

L'auteur  devra  faire  ressortir,  par  des  observations  et  des  analyses 
pratiques,  les  conditions  favorables  nu  développement  des  diverses 
espèces  de  Poissons,  Crustacés,  ftlollusiiues  et  Végétaux. 

Concours  proi'ogé  jusqu'au  \"  décembre  1890.  —  Prix  :  ftoo  franc». 


XX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

4"  —  1884.  —  Alimentation  du  Poisson. 

Le  prix  sera  accordé  à  la  découverte  d'un  procédé  véritablement  pra- 
tique, peu  coûteux  et  réellement  industriel,  pour  la  production  rapide  et 
en  quantité  illimitée  d'une  nourriture  r/uanic  (Daphnies,  Cyclopes, etc.) 
propre  à  l'alimentation  du  poisson  et  en  particulier  de  l'alevin  de  Sal- 
monide. 

On  devra  faire  connaître  en  détail  le  mode  de  production  employé  et 
justifier  du  plein  succès  obtenu. 

Concours  ouvert  jusqu'au  i""  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  rrancM. 


BATRACIENS 

5°  —  1886.    —  Multiplication   en  France  de  la  Grenouille 
h'£ui  {Rana  mugiens)  de  rÀmcrique  du  Nord. 

On  devra  justifier  de  la  possession  de  vingt-cinq  sujets  adultes  nés  chez 
le  propriétaire. 
Concours  ouvert  jusqu'au  l*"^  décembre  1890. —  Prix  :  «50  rnince*. 


POISSONS 

(■»"  —  1873.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  France 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  looo  rrancM. 

7"  —  1873.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"  décembre  1890.'^ —  Prix  :  500  n-anc»*. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

S"  —  1873.  —  Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  l'Algérie 
d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  lOoo  frunc». 
Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  acclimaté  est  le  Gourami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

9*  — 1873.  —  Introduction  dans  les  eaux  douces  de  la  Guade- 
loupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins  ;  on 
devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1800.  —  Prix  :  50o  frauoN. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  introduit  est  le  Gourami  {Osphromc- 
nus  olfax). 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXI 

10»  —  1873.— Acclimatation  dans  les  eaux  douces  de  la  Gua- 
deloupe et  de  la  Martinique  d'un  nouveau  Poisson  alimentaire. 

Concours  prorogé  jusqu'au  !•"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  francs. 

Le  prix  sera  doublé  si  le  poisson  accliaiaté  est  le  Gouiami  {Osphrome- 
nus  olfax). 

41» —  1874.  —  Introduction  en  France  du  Coregomis  otsego  de 
l'Amérique  du  Nord. 

Les  poissons  introduits  devront  être  au  nombre  de  vingt  au  moins,  et 
l'on  devra  justifier  qu'ils  ont  été  importés  depuis  plus  d'un  an. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1K90.  —  Prix  :  500  francM. 

Si  des  multiplications  du  Coregonus  otsego  ont  été  obtenues  en  France, 
le  prix  sera  doublé. 

12°  —  1879.  —  Multiplication  en  France  du  Saumon  de  Cali- 
fornie (Salmo  quinnat)  de  l'Amérique  du  Nord. 

On  devra  présenter  au  moins  500  alevins,  âgés  d'un  an,  nés  de  parents 
existant  dans  les  eaux  du  propriétaire  depuis  au  moins  dix-buit  mois. 
L'étal  des  reproducteurs  devra  être  constaté  au  moment  du  frai  par 
des  pièces  authentiques.  On  devra  également  faire  constater  l'époque  de 
l'éclosion  des  œufs  et  faire  connaître  dans  un  rapport  circonstancié  les 
observations  auxquelles  donnerait  lieu  l'éducation  de  ces  jeunes  poissons. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"  décembre  1890. —  Prix  :  soo  n-ancs. 

13»  _  18S2.  —  Établissement  d'échelles  pour  les  Poissons  mi- 
grateurs. 

Un  prix  de  500  francs  sera  décerné  aux  usiniers  ou  propriétaires  qui 
auront  établi,  dans  des  conditions  pratiques,  des  échelles  pour  le  passage 
des  Poissons  migrateurs. 

Concours  prorogé  jusqu'au  f'"  décembre  1890.  —  Puix  :  500  fi-ancH. 

14,0  —  1886.  —  Multiplication  artificielle,  sur  les  côtes  do 
France,  d'un  Poisson  de  mer  propre  à  l'alimentation. 

Les  résultats  devront  avoir  été  obtenus  sur  une  échelle  suffisante 
pour  présenter  un  intérêt  véritablement  pratique. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décendjre  1895.  —  Prix  :  soo  rrancN. 

Le  prix  sera  doublé  si  l'élevage  «lu  Poisson  a  donné  lieu  à  une 
exploitation  industrielle. 

l.V  —  1S86.  —  Multiplication  des  Cyprinides. 

H  pourra  être  accordé  des  primes  ou  des  médailles  à  toute  personne 
qui  aurii  obtenu,  dans  des  eaux  closes,  de  l'alevin  de  Cyprinide,  notam- 
ment la  Carpe  et  la  Tanche,  et  i|ui  justifiera  en  avoir  introduit  en  grand 
nombre  dans  les  cours  d'eau  de  la  région  et  aura  ainsi  contribué  le  plus 
efficacement  à  leur  repeuplement. 

Si  les  travaux  faits  dans  cet  ordre  d'idées  ont  une  importance  suffi- 
sante, il  pourra  être  accordé  un  prix  de  sou  francs. 

Concours  ouvert  jusipi'nu  1*'   décembre  1890. 


XXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 


MOLLUSQUES 

jgo  — 1867.  —  Acclimatation  et  propagation  d'un  Mollusque 
utile  d'espèce  terrestre,  fluvialile  ou  marine,  resté  jusqu'à  ce  jour 
étranger  à  notre  pays.—  Cette  acclimatation  devra  avoir  donné  lieu 
à  une  exploitation  industrielle  ;  ses  produits  alimentaires  ou  autres 
seront  examinés  par  la  Société. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  50©  francs. 

17» l§69.  —  Reproduction  artificielle  des  Huîtres.  —  Un  prix 

de  1000  francs  sera  décerné  pour  le  meilleur  travail  indiquant,  au 
point  de  vue  pratique,  les  méthodes  les  plus  propres  à  assurer  cette 
reproduction  artificielle.  L'ouvrage  devra,  en  outre,  faire  connaître 
d'une  manière  précise  les  conditions  à  remplir  pour  obtenir  les  au- 
torisations de  créer  des  établissements  huîtriers,  et  énumérer  les 
travaux  que  comportent  les  bancs  d'Huîtres  naturels,  aussi  bien  que 
les  caractères  auxquels  on  peut  reconnaître  qu'un  banc  est  exploi- 
table; enfin  quelles  sont  les  mesures  qu'il  convient  de  prendre  pour 
l'enlèvement  du  coquillage.  En  un  mot,  ce  travail  devra  constituer 
un  véritable  manuel  d'ostréiculture. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1" décembre  1890.  —Prix:  «ooo  francs. 

48° 1886.  —  Élevage  de  l'Huître  sur  les  côtes  françaises  de 

la  Méditerranée. 

On  devra  justifier  de  l'élevage,  pendant  au  moins  deux  années,  de 
plusieurs  milliers  d'Huîtres  françaises  [Ostrea  edulis  ou  0.  Cyrnensh) 
(^10  000  au  maximum). 

Il  sera  nécessaire  de  faire  constater  : 

.1"  La  grandeur  (diamètre)  des  Huîtres  au  moment  de  leur  introduc- 
tion dans  les  parcs. 

2"  La  croissance  obtenue  au  bout  de  18  mois. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  500  franco. 

490 1879.  —  Culture  de  la  Moule  sur  les  côtes  méditerra- 
néennes. 

On  devra  justifier  d'une  superficie  d'un  hectare  mis  en  culture,  soit  sur 
fond  horizontal,  soit  sur  bouchots,  et  ayant  donné  des  produits  alimen- 
taires au  moins  une  année. 

Les  concurrents  devront  joindre  à  l'appui  de  leur  demande  un  mémoire 
indiquant,  au  point  de  vue  pratique,  les  moyens  les  plus  propres  à  assurer 
le  succès  de  semblable  industrie,  et  présenter  un  compte  des  dépenses 
occasionnées  pour  rétablissement  de  l'exploitation  et  des  bénéfices  qu'on 
peut  en  tirer. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890. —  Prix  :  1000  franc». 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXIII 


CRUSTACES 


20°  —  1867.   —  Introduction  et  acclimatation  d'un  Crustacé 

alimentaire  dans  les  eaux  douces  de  la  France  ou  de  ses  colonies. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l*""  décembre  1890.  —  Prix  :  500  rrancN. 

21»  —  1886.  —  Multiplication  artificielle  du  Homard  ou  de  la 
Langouste  en  France. 

Cette  multiplication  devra  avoir  été  obtenue  sur  une  échelle  assez 
large  pour  constituer  une  exploitation  industrielle. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1^''  décembre  1895.  —  Prux  :  looo  ri-ones. 


QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES 

4"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

Il  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

2°  —  1865.  —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins  en  Europe  ou  en  Algérie  d'un  insecte 
producteur  de  cire,  autre  que  l'Abeille  ou  les  Mélipones. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix:  tooo rraneii». 

SÉRICICULTURE 

3° — 1881. —  Acclimatation  et  multiplication  soutenue  pen- 
dant trois  années  au  moins,  en  France  ou  en  Algérie,  d'une  nouvelle 
espèce  de  Ver  à  soie  produisant  de  la  soie  bonne  à  dévider  ou  à 
carder  pour  employer  industriellement. 

Le  prix  ne  sera  accordé  que  sur  preuve  d'une  production  annuelle  de 
trois  mille  cocons  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Piux  :  t ooo  rrancH. 

4"  — 1886.  —  Application  industrielle  de  la  soie  de  VAt- 
tacus  Cynthia  vera,  Ver  à  soie  de  l'Allante. 

On  devra  présenter  plusieurs  coupes  d'étoffe  formant  ensemble  au 
moins  50  mètres,  et  fabriquées  avec  la  soie  cardée  (ailantine)  de  VAttacua 
Cynthia  et  sans  aucun  mélange  d'autres  matières.  Les  tissus  de  bourre 
de  soie  sont  hors  de  concours . 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"""  décen»1)re  1890.  —  Prix  :  5oo  franchi. 

Le  prix  sera  doublé  si  l'étotTe  provient  d'une  soie  grège  du  même 
Ver  dévidée  en  fil  continu. 

5°  —  1878.  —  Encouragement,  en  France,  à  un  établissemen 
industriel  pouvant  livrer  à  la  consommation,  et  prêtes  à  être  tissées, 


XXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

des  soies  grèges  ou  des  fdoselles  des  cocons  d'une  des  espèces  ci- 
après  désignées  : 

Attacus  Yama-maï,  Pernyi,  Cijnlkia,  Cearopia,  Pohjphe- 
mus,  etc.,  espèces  qui  ont  déjà  été  l'objet  d'éducations  en  France 
sur  une  échelle  plus  ou  moins  étendue. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.—  Prix  :  «ooo  ri-ancs. 

6»  —  187 y.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier.  —  Etudes  théoriques  et 
pratiques  sur  les  diverses  maladies  qui  les  atteignent.  Les  auteurs 
devront,  autant  que  possible,  étudier  monographiquement  une  ou 
plusieurs  des  maladies  qui  atteignent  les  Vers  à  soie,  en  préciser 
les  symptômes,  faire  connaître  les  altérations  organi(jues  qu'elles 
entraînent,  étudier  expérimentalement  les  causes  qui  leur  donnent 
naissance  et  les  meilleurs  moyens  à  employer  pour  les  combattre. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1'^'"  décembre  1890.—  Prix  :  looo  ri-anct^. 

70  —  1S70.  —  Vers  à  soie  du  Mûrier.  —  Production  dans  le  nord 
de  la  France  de  la  graine  de  Vers  à  soie  de  races  européennes  par 
de  petites  éducations. 

Considérant  l'intérêt  qu'il  y  aurait  à  encourager  la  production  de 
la  graine  saine  des  Vers  à  soie  du  Mûrier  de  races  européennes,  les 
prix  sont  institués  pour  récompenser  dans  les  bassins  de  la  Seine, 
de  la  Somme,  de  la  Meuse,  du  Rhin,  ainsi  que  dans  la  portion  sep- 
tentrionale du  bassin  de  la  Loire,  les  petites  éducations  qui  permet- 
tront de  mettre  au  grainagedes  cocons  provenant  d'éducations  dans 
lesquelles  aucune  maladie  des  Vers  n'aura  été  constatée. 

La  Société  n'admettra  au  concours  du  grainage  que  les  graines  de 
Vers  à  soie  de  races  européennes. 

Elle  ne  primera  aucune  éducation  portant  sur  plus  de  30  grammes 
de  graine  pour  une  même  habitation. 

Mise  au  grainage  de  plus  de  50  kilogrammes  de  cocons  : 

Deux  Prix  de  500  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  25  à  50  kilogrammes  de  cocons  : 

Deux  Prix  de  250  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  10  à  25  kilogrammes  de  cocons  : 

Quatre  Prix  de  150  francs  chacun. 

Mise  au  grainage  de  5  à  10  kilogrammes  de  cocons  : 

Dix  Prix  de  100  francs  chacun. 

Ces  primes  seront  distribuées  chaque  année,  s'il  y  a  licu,]\i%({noA\  1890. 

Les  concurrents  devront  (cette  condition  est  de  rigueur;  se  faire  con- 
naître en  temps  utile,  afin  que  la  Société  puisse  faire  suivrn  par  ses  di'- 
léîués  la  marche  des  éducations  et  en  constater  les  résultats. 


PRIX    EXTr.AOr.DINAlRES.  XXV 


APICULTURK 


S»  —  1870. —  Éludes  lliéoiiques  et  praliques  sur  les  diverses 
maladies  qui  atteignent  les  Abeilles,  et  principalement  sur  la  loqiie 
ou  pourriture  du  couvain. 

Les  auteurs  devront,  autant  que  possible,  en  préciser  les  sym- 
ptômes, indiquer  les  altérations  organiques  qu'elle  entraîne,  étudier 
expérimentalement  les  causes  qui  la  produisent  et  les  meilleurs 
moyens  à  employer  pour  la  combattre. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  5oo  rennes. 

0"  —  1886.  —  Croisements  de  l'Abeille  ordinaire  {Apis  mel- 
lifica)  avec  les  races  italiennes,  Cbypriotes,  Carnioliennes  et 
Syriennes  et  avec  l'Abeille  égyptienne  {A.  fasciata). 

Il  pourra  être  accordé  des  primes  ou  des  médailles. 
Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890. 

10"  —  18Î0.  —  Introduction  en  France  d'une  Mélipone  ou  Tri- 
gone  (Abeille  sans  aiguillon)  américaine,  australienne  ou  africaine. 
Présenter  une  colonie  vivant  depuis  deux  ans  chez  le  propi-iétaire. 
Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  — Prix  :  5«m»  francM. 

CINQUIÈME  SECTION.  —  VÉGÉTAUX. 

1"  —  1864.  —  Introduction  d'espèces  nouvelles. 

11  pourra  être  accordé,  dans  chaque  section,  des  primes  d'une  valeur 
de  200  à  500  francs  à  toute  personne  ayant  introduit  quelque  espèce 
nouvelle,  utile  ou  ornementale,  d'un  réel  intérêt. 

•i"  —  1886.  —  Plantes  de  pleine  terre  utiles  et  d'ornement,  in- 
troduites en  Europe  dans  ces  vingt-cinq  dernières  années. 

Les  auteurs  devront  indiquer  dans  un  livre,  ou  dans  un  mémoire  étendu, 
les  usages  divers  de  ces  plantes,  leur  pays  d'origine,  la  date  de  leur  in- 
troduclion,  la  manière  de  les  cultiver;  les  décrire  et  désigner  les  diffé- 
rentes variétés  obtenues  depuis  leur  importation,  ainsi  que  les  différents 
noms  sous  lesquels  ces  végétaux  sont  connus. 

En  d'autres  termes,  les  ouvrages  présentés  au  concours  devront  pouvoir 
servir  de  guide  pratique  pour  la  culture  des  plantes  d'importation  nouvelle . 
Les  ouvrages  (manuscrits  ou  imprimés)  devront  être  remis  à  la  Société 
avant  le  i"  décembre. 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  n-ancH. 

3» —  1866.  —  Introduction  en  France  et  mise,  en  grande  cul- 
ture d'une  plante  nouvelle  pouvant  être  utilisée  pour  la  nourriture 
des  bestiaux. 

(concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  1"  Prix  :  5oo  rrancH. 
—  2*  Prix  :  .100  rrnneN. 


XXVI  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION 


40  _  fl§S0.  —  Prix  de  200  francs,  fondé  par 
m.  OODEFROY-LEBEUF. 

Un  prix  de  '200  francs  sera  décerné  à  la  personne  qui  présentera 
un  double  décalitre  de  graines  QVElœococca  vernicia  récoltées  sur 
des  plantes  cultivées  à  l'air  libre,  en  Europe  ou  en  Algérie,  sans 
autres  abris  que  les  rangées  d'arbres  nécessaires  à  leur  protection 
dans  le  jeune  âge  (comme  au  Se-tchuen). 

Concours  ouvert  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  too  rranes. 

50  _  1870.  —  Utilisation  industrielle  du  Lo-za  {Rhamnus  utilis) 
qui  produit  le  vert  de  Chine. 

On  devra  fournir  a  la  Société,  sous  réserve  des  droits  de  propriété,  les 
documents  relatifs  aux  méthodes  et  procédés  employés. 

On  devra  également  présenter  des  spécimens  d'étoffes  teintes  en  France 
avec  les  produits  du  Lo-za  préparés  en  France. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  5©o  rranc*«. 

6»  —  1881.  —  Introduction  et  culture  en  France  du  Noyer 
d'Amérique  {Carya  alba),  connu  aux  États-Unis  sous  le  nom  de 
Hickory  (bois  employé  dans  la  construction  des  voitures  légères). 

On  devra  justifier  de  la  plantation  sur  un  demi-hectare  de  Noyers  d'A- 
mérique ou  de  la  possession  de  500  arbres  hauts  de  l^jSO  au  moins. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  n-anc»». 

7°  —  1881.  —  Introduction  et  culture  pendant  deux  années 
successives  d'une  Igname  (Dioscorea)  joignant  à  sa  qualité  supé- 
rieure un  arrachage  facile. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890.  —1"  Prix  :  «00  rrancH. 
—  2*  Prix  :  4©0  francs. 

8"  _  1870.  —  Culture  du  Bambou  dans  le  centre  et  le  nord  de 
la  France. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1^  Cultivé  avec  succès  le  Bambou  pendant  plus  de  cinq  années,  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  un  demi- 
hectare; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  de  Bambou. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. 

Deux  Prix  de  1000  francs  chacun. 

9"  —  1873.  —  Culture  de  YEucaltjptus  en  Algérie. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1"  Cultivé  avec  succès  VEucalijptus  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  8  hectares; 
2"  Exploité  industriellement  ses  cultures  d'Encalijptua. 
Concours  prorogé  jusqu'au  l'*''  décembre  1890.—  Prix  :  14M»«  francs. 


PRIX    EXTRAORDINAIRES.  XXVH 

10"  —  1S73.  —  Culture  de  l'Eucalyptus  en  France  et  particu- 
lièrement en  Corse. 

Le  prix  sera  accordé  à  celui  qui  aura  : 

1"  Cultivé  avec  succès  VEucalyptiis  pendant  plus  de  cinq  années  et  dont 
les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  2  hectares  ; 

2°  Exploité  industriellement  ses  cultures  d'Eucali/ptun. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l"""  décembre  t890. —  Pnix  :  looo  rranps. 

il"  —  1886.  —  fiuide  théorique  et  pratique  de  la  culture  de 
VEucalyptiis. 

Les  auteurs  devront  surtout  étudier,  en  s'appuyant  sur  des  expériences, 
et  comparativement,  quelles  sont  les  espèces  à' Eucalyptus  qui  peuvent 
être  cultivées  sous  les  divers  climats;  faire  connaître  la  nature  du  sol  qui 
leur  convient,  les  soins  spéciaux  de  culture  que  chaque  espèce  exige,  le 
degré  de  froid  auquel  elle  résiste  et  leur  valeur  relative. 

Les  ouvrages  imprimés  peuvent  seuls  prendre  part  à  ce  concours. 

Concours  ouvert  jusqu'au  \"  décembre  1890.  —  Prix:  5oo  rranes. 

12°  — 1876.  —  Culture  du  Jahorandi  {Pilocarpus  pinnatus) 
dans  les  colonies  françaises. 

Le  prix  sera  décerné  à  celui  qui  aura  : 

1°  Cultivé  avec  succès  le  Jaborandi  pendant  plus  de  cinq  années  et 
dont  les  cultures  couvriront  au  moins,  pendant  les  dernières  années,  un 
demi-hectare  ; 

2"  Exploité  commercialement  ses  cultures  de  Jaborandi. 

Concours  prorogé  jusqu'au  l^"^  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs. 

13"  —  1879.  —  Reboisement  des  terrains  en  pente  par 
l'Ailante. 

Considérant  que  l'Ailante  s'accommode  facilement  de  tous  les  sols , 
que  les  troupeaux  ne  touchent  ni  à  ses  feuilles  ni  à  son  écorce,  et  qu'il 
serait  par  conséquent  essentiellement  propre  au  reboisement  de  certains 
terrains  pauvres  servant  actuellement  de  pâture,  la  Société  institue  un 
prix  de  1000  francs,  qui  sera  décerné  à  la  personne  ou  à  la  commune  qui, 
en  France  ou  en  Algérie,  justifiera  de  la  plantation  de  5  hectares  de  cette 
essence. 

Les  concurrents  devront  établir  que  le  reboisement  est  fait  depuis  plus 
de  cinq  ans. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i^-"  décembre  1890.  —  Prix  :  looo  francs. 

14°  —  1885.  —  Utilisation,  pour  le  reboisement  en  Algérie, 
d'essences  étrangères  à  la  colonie. 

On  devra  faire  connaître  les  espèces  employées,  la  date  des  planta- 
tions, la  nature  du  sol  et  les  précautiqns  prises  pour  assurer  le  succès 
de  la  plantation,  enfin  l'étendue  consacrée  au  reboisement. 

Concours  ouvert  jusqu'au  i"  décembre  1890. 

La  Société  décernera  : 

Un  prix  de  six  cents  (600) francs;  un  prix  de  quatre  cents  (400) francs  ; 
un  prix  de  deux  cents  (200)  francs. 


XXVIII  SOCIKTK    NATIONAI-E    D  ACCLIMATATION. 

15"  —  18S*î.  —  Alimentation  du  bétail  par  le  Téosinté  {Reann 
hixurians)  dans  les  colonies  françaises. 

On  devra  présenter  un  compte  établissant  le  rendement  obtenu,  en 
poids,  d'une  plantation  de  Téosinté  couvrant  au  moins  25  ares  et  fournir 
des  renseignements  (•irconstanciés  sur  les  avantages  ou  les  inconvénients 
que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  le  bétail. 

Concours  prorogé  jusqu'au  1"  décembre  1890. —  Prix  :  3©o  rrnnes. 

16"  —  1S82.  —  Alimentation  des  animaux  par  le  Soya. 

On  devra  fournir  des  renseignements  circonstanciés  sur  les  avantages 
on  les  inconvénients  que  présente  ce  mode  d'alimentation  pour  les  ani- 
maux, soit  à  l'état  vert,  soit  à  l'état  sec. 

Concours  prorogé  jusqu'au  i"  décembre  1890.  —  Prix  :  soo  francs 

17" — ISS'l. — Jardin  fruitier  exotique  en  Algérie  ou  sur  le 
littoral  méditerranéen  français. 

On  devra  faire  connaître  les  espèces  et  les  variétés  d'arbres  fruitiers 
exotiques  entretenues,  indiquer  la  date  des  plantations,  la  nature  du  sol, 
et  les  précautions  prises  pour  assurer  le  succès  de  la  plantation. 

Ce  travail  devra  faire  connaître  les  variétés  les  plus  recommandables 
pour  la  localité  où  l'expérience  aura  été  faite. 

t^iOncours  ouvert  jusqu'au  1'='  décembre  1895.  —  Prix  :  soo  ri-une<4. 

18"  —  1883.  —  Culture  du  Vhaseoliis  radialus. 

Le  prix  sera  accordé  à  la  personne  qui  aura  cultivé  avec  succès  le 
Haricot  radié  dans  un  champ  d'un  demi-hectare  au  moins. 

S'il  se  présentait  plusieurs  concurrents,  la  préférence  serait  donnée  à 
celui  qui  produirait  les  plus  beaux  spécimens  de  préparations  alimen- 
taires, obtenues  avec  les  graines  du  Phaseolus  radiatus. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l*'  décembre  1890.  —  Prix  :  »oo  ri-aucH. 

19"  —  1886.  —  Fabrication  d'un  vin  ou  cidre  d'oranges 
douces,  titrant  après  fermentation,  de  4  à  ()  degrés  ou  davan- 
tage, sans  addition  d'alcool,  et  pouvant  se  conserver  plusieurs 
années  en  tùls  ou  en  bouteilles. 

Les  candidats  devront  présenter  dix  bouteilles  au  moins  de  ce  pro- 
duit, et  faire  connaître  les  procédés  de  fabrication. 

Concours  ouvert  jusqu'au  f'  décembre  1890.  —  Prime  on  médaille 
d'une  valeur  de  .loo  rruncs. 

20"  —  18S6.  —  Introduction  de  culture  pendant  plus  de  cinq 
années,  dans  le  sud  algérien  ou  tunisien,  du  Nara  de  la  (lafrerie 
occidentale  {Acanthosycios  horrida)  sur  une  superlicie  impor- 
tante. 

Concours  ouvert  jusqu'au  l'""  décembre  1890.  —  Prime  on  médaille, 
d'une  valeur  de  :ioo  rrancN. 


ALLOCUTION 

PUONONCliE 

Par  M.   DE   QUATREFAGES. 

IMeiiibrv  «lu  riiiMtiCiit,  vico-pi-é»<i«lcnt  do  la  Mooiétc 

à   la 
VINGT-NEUVIÈME   SÉANCE  PUBLIQUE    ANNUELLE 

bK   LA    SOCIÉTÉ  NATIONALK  D'ACCLIMATATION 


Messieurs, 

En  eiiliant  dans  celle  salle,  en  jelanl  les  yeux  aulour  de 
vous,  vous  avez  dû  èlrc  quelque  peu  surpris,  peul-êlre  même 
désappoinlés.  Le  jour  où  noire  Société  dislrihue  ses  récom- 
penses a  élé  jusqu'ici  pour  elle  une  fêle  solennelle,  donl  on 
chercliait  à  rehausser  l'éclal.  Nous  ouvrions  largement  aux 
ramilles  de  tous  nos  Sociétaires,  à  un  public  d'élite,  à  des 
sommités  sociales  un  local  exceptionnel;  des  conlêrences 
allrayanles  et  inslruclives  captivaient  rallention  de  Faudi- 
loire,  et  un  orchestre  de  choix  saluait  de  ses  fantares  les 
concurrents  couronnés. 

Aujourd'hui,  rien  de  semblable.  Point  de  musique;  point 
de  gaz  éclairant  les  loges  et  la  scène  ;  dans  la  salle,  sur  une 
modeste  estrade,  rien  que  des  collègues;  et  aulour  de  nous 
des  murs  tout  nus,  à  peine  grattés  de  la  veille.  Telle  est  noire 
réunion  celte  année.  El  pourtant,  malgré  ce  qu'elle  a  de  peu 
brillant  et  de  sévère,  elle  marque  un  moment  important  dans 
notre  existence;  elle  est  bien  réellement  une  fêle. 

En  effet.  Messieurs,  jusqu'à  ce  jour  la  Société  d'Acclimata- 
tion était  en  réalité  errante  el  logée  au  hasard.  En  se  trans- 
portant d'une  rue  à  l'autre,  elle  subissait  les  nécessités  im- 
posées par  chaque  nouveau  domicile;  et  celui-ci,  acquis  aux 
conditions  d'une  location  ordinaire,  pouvait,  à  rliaque 
échéance,  la  laisser  dans  rend)ai'ras.  Aujourd'hui,  elle  va 
habiter  un  local  construit  en  vue  de  satisliiire  à  ses  besoins. 


XXX  SOCIÉTÉ   NATlOiNALE   D  ACCLIMATATION. 

de  laciliter  ses  services  ;  et  dix-lmit  ans  de  stabilité  lui  sont 
assurés.  Pour  la  première  fois  depuis  sa  fondation,  notre  So- 
ciété est  chez  elle. 

Votre  Conseil  a  pensé  que  cette  transformation  heureuse 
dé  nos  conditions  d'existence  méritait  d'être  célébrée.  Mais  il 
a  senti  en  même  temps  qu'une  solennité  trop  éclatante  serait 
mal  venue  en  ce  moment.  Si  nous  avons  nos  joies,  nous  avons 
aussi  nos  douleurs  ;  et,  pour  pouvoir  marier  librement  les 
uns  aux  autres  ces  sentiments  opposés,  il  a  jugé  qu'il  ne  fal- 
lait pas  appeler  à  nous  un  public  indifférent,  qu'il  était  mieux 
de  s'en  tenir  à  une  réunion  de  famille. 

Bien  peu  de  mois  se  sont  écoulés  depuis  que  la  Société  a 
perdu  son  troisième  président.  Ce  n'est  pas  quand  la  tombe 
de  Bouley  est  à  peine  fermée,  que  nous  pouvions  songer  à 
une  grande  fêle,  où  manquerait  celui-là  même  qui  aurait  dû 
la  présider.  Ce  n'est  pas  au  milieu  des  préoccupations  inspi- 
rées par  cette  perte,  qu'il  eût  été  possible  de  se  livrera  des 
manifestations  bruyantes  en  désaccord  avec  notre  deuil. 

Messieurs,  dans  toute  Société  libre  comme  la  nôtre,  la  pré- 
sidence a  une  importance  tout  autre  que  dans  une  Académie. 
Pour  être  à  la  hauteur  de  sa  tache,  pour  maintenir  le  présent 
et  assurer  l'avenir  de  l'association,  celui  qui  en  est  la  tête  doit 
posséder  des  qualités  spéciales  et  rarement  réunies.  Jusqu'ici 
nous  avons  été  favorisés.  Vous  savez  fce  qu'ont  été  Isidore 
Geoffroy  Saint-Hilaire  et  Drouyn  de  Lhuys.  Le  premier  par 
son  savoir  si  grand,  si  élevé,  uni  au  sentiment  si  net  et  si 
droit  de  tout  ce  qui  peut  être  utile,  représentait,  à  un  degré 
exceptionnel,  l'union  de  la  science  pure  et  de  l'application. 
Le  second,  par  sa  haute  position  sociale,  nous  ouvrait  les 
classes  influentes  et  riches.  Tous  deux  ont  servi  la  Société 
avec  un  égal  dévouement;  et  je  n'ai  pas  besoin  de  vous  rap- 
peler combien  furent  grands  et  sérieux  les  progrès  accom- 
plis, grâce  à  leurs  mérites  si  divers. 

Par  la  nature  des  études  qui  avaient  rempli  sa  vie,  par  la 
haute  situation  qu'elles  lui  avaient  méritée,  Bouley  nous 
rattachait  à  la  fois  au  monde  scicntilique  et  aux  agriculteurs. 
Ceux-ci  auraient  écouté  avec  conliance  le  praticien  éprouvé 


ALLOCUTION.  XXXI 

qui  s'attachait  ciiaque  jour  davanlaiçc  à  nos  travaux,  qui  en 
comprenait  de  mieux  en  mieux  l'imporlance.  En  le  frappant 
avant  riieure,  la  mort  nous  a  pris  un  liommequi  aurait  bientôt 
rivalisé  avec  ses  prédécesseurs,  qui  aurait  rendu  des  services 
signalés  à  la  Société,  au  pays  ;  et,  —  répétons-le  après  tant 
d'autres,  —  un  homme  qui  se  faisait  aimer  autant  qu'esti- 
mer, par  ses  qualités  à  la  fois  charmantes  et  sérieuses. 

Voilà  surtout,  Messieurs,  pourquoi  votre  Conseil  a  cru  de- 
voir vous  convoquer  en  petit  comité.  Il  lui  a  semblé  d'ailleurs 
que,  pour  être  plus  intime,  notre  réunion  n'en  aurait  pas 
moins  un  intérêt  tout  spécial.  Remettre,  ici,  à  nos  lauréats 
les  récompenses  qu'ils  ont  méritées,  c'est  inaugurer  notre 
nouvelle  demeure,  c'est  consacrer  la  prise  de  possession  d'un 
édifice  qu'il  est  bien  permis  d'appeler  VHûtel  de  la  Société, 
puisqu'il  a  été  bâti  pour  elle. 

L'expression  d'Hôtel  est  peut-être  un  peu  ambitieuse,  car, 
en  réalité,  notre  installation  est  très  modeste.  Votre  (<onscil 
n'a  rien  voulu  faire  pour  le  luxe.  11  a  bien  rarement  franchi 
les  bornes  du  nécessaire,  jamais  celles  de  l'utile.  Mais  du 
moins,  nous  pourrons  désormais  recevoir  convenablement 
chez  nous  les  étrangers  et  il  a  été  pourvu  à  des  besoins  jus- 
qu'ici restés  en  souffrance. 

Ce  changement  de  demeure  marquera,  nous  l'espérons, 
pour  la  Société  les  débuts  d'une  ère  nouvelle.  Pour  une 
Association  comme  la  nôtre,  que  rien  ne  rattache  aux  pou- 
voirs officiels  et  qui  ne  doit  compter  que  sur  elle-même,  c'est 
beaucoup  d'avoir  un  cliez-soi.  A  lui  seul,  ce  fait  lui  assure 
une  notoriété  qui  attire  l'attention  du  public  dont  elle  a  be- 
soin et  qui  vient  à  elle  avec  plus  de  confiance.  Mais,  })our  que 
cette  modification  matérielle  porte  tous  ses  fruits,  il  faut 
qu'elle  soit  accompagnée  d'améliorations  d'un  autre  ordre. 

Votre  Conseil  n'a  pas  méconnu  ce  côté  de  la  question. 
Déjà  il  a  pris  des  mesures  pour  activer  et  étendre  notre  cor- 
respondance, pour  en  assurer  la  régularité.  Il  espère  pouvoir 
bientôt  rendre  plus  fréquentes  les  communications  entre 
tous  les  membres;  il  étudie  les  moyens  de  compléter  nos 
publications  et    d'en   accroître   l'attrait;    il    se    ))réoccupc 


XXXII  SUCIÉTÉ  NATlOiNALE  DACCLIMATATION. 

des  voies  qu'il  sera  peut-être  bon  d'indiquer  à  l'activité  de 
nos  membres.  En  un  mot,  il  s'ingénie  à  trouver  et  à  mettre 
en  œuvre  tout  ce  qui  peut  solliciter  les  intelligences  et  don- 
ner un  nouvel  élan  à  nos  travaux. 

Mais  vous  aussi,  Messieurs,  vous  avez  votre  part  de  tâche 
à  accomplir  dans  cette  rénovation.  Venez-nous  en  aide  en  re- 
doublant de  zèle.  Apportez-nous  plus  souvent  le  résultat  de 
vos  études,  de  vos  expériences  ;  faites  autour  de  vous  la  pro- 
pagande honorable  qui  résulte  de  l'exemple  et  du  travail. 
Ces  paroles  que  je  vous  adresse  ici  de  vive  voix,  je  les  envoie 
à  tous  nos  collègues  des  départements  et  de  l'étranger.  Déjà 
notre  Association  internationale  a  porté  bien  des  fruits  ;  res- 
serrons-en les  liens,  unissons  plus  que  jamais  nos  ctforis,  et 
aux  succès  du  passé  s'ajouteront  les  progrès  de  l'avenir. 


RAPPORT  ANNUEL 

SUR 

LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ  NATIOXALE  D'ACGUMATATION 

DE  FRANCE  ElN  1885 

Par  M.    C.    RWERET-^VATTEL 

Secrétaire  des  séances. 


Messieurs, 

Je  répondrais  mal  à  vos  sentiments  si,  en  commençant  ce 
compte  rendu  succinct  des  travaux  de  notre  Compagnie  pen- 
dant l'année  écoulée,  je  ne  saluais  d'un  dernier  hommage  le 
savant  éminent,  le  chef  sympathique  à  tous  dont  la  place 
reste  vide  aujourd'hui  et  auquel,  par  un  pieux  sentiment, 
vous  vous  êtes  abstenus  jusqu'à  ce  jour  de  donner  un  succes- 
seur. Des  voix  éloquentes  ont  retracé  la  carrière  scientifique 
de  M.  Henri  Bouley,  analysé  sa  vie  si  brillamment  remplie, 
mesuré  l'étendue  de  la  perle  que  la  science  a  faite  en  sa  per- 
sonne, et  assurément,  Messieurs,  nous  qui  avions  l'honneur 
de  le  posséder  à  notre  tète,  nous  avons,  plus  que  personne, 
à  déplorer  sa  lin  inattendue.  Mais,  si  nous  regrettons  en  lui  le 
savant  qui  honorait  notre  Société,  nous  avons  à  regretter 
bien  plus  encore  l'homme  de  cœur,  l'homme  aimable  et  bon, 
dont  la  bienveillance  était  acquise  à  tous  et  qui  réservait  un 
accueil  favorable  à  quiconque  l'approchait. 

Une  autre  illustration  scientifique  a  également  disparu  de 
nos  rangs  :  le  29  juillet  dernier,  la  mort  nous  enlevait 
M.  Henri  Milne-Edwards,  membre  de  l'Institut,  grand  offi- 
cier de  la  Légion  d'honneur,  Doyen  de  la  Faculté  des  sciences, 
professeur  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  etc.  Si  par  son 
âge  et  par  des  occupations  absorbantes,  M.  Henri  Milne- 
Edwards  se  trouvait  un  peu  éloigné  de  nos  travaux,  il  ne  les 
a  pas  moins  suivis  toujours  avec  le  plus  sympathique  intérêt. 
Aussi,  sa  perte,  qui  est  un  deuil  profond  pour  la  science,  ne 
pouvait-elle  être  que  vivement  sentie  par  notre  Compagnie. 
Nous  avons  du  moins  la  consolation  de  voir  ce  nom  illustre 

4'  SÉRIE,  T.  in.  —  Séance  publique  anauelle.  C 


XXXIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

fiffurer  encore  au  milieu  de  nous  et  honorer  notre  Société 
en  continuant  de  glorieuses  traditions. 

Parmi  les  membres  du  conseil,  nous  avons  eu  la  douleur 
de  perdre  M.  le  docteur  Henri  Labarraque,  qui  fut  longtemps 
un  des  membres  les  plus  assidus  de  nos  séances,  auxquelles 
il  apportait,  avec  le  concours  de  ses  lumières,  ce  zèle,  ce 
dévouement,  cette  bienveillance  extrême,  cette  bonté  par- 
faite qui  formaient  le  fond  même  de  son  caractère.  C'est 
pour  nous  une  perte  bien  sensible  que  celle  d'un  collègue 
qui  se  distinguait  par  une  si  heureuse  combinaison  des 
qualités  du  cœur  et  de  l'esprit. 

Un  de  nos  membres  à  vie  nous  a  aussi  été  enlevé  :  M.  Vau- 
vert  de  Méan,  ancien  consul  général,  qui  appartenait  à  la 
Société  depuis  de  longues  années,  et  qui  avait  souvent  enrichi 
le  Bulletin  de  communications  intéressantes.  Très  dévoué  à 
notre  œuvre,  notre  regretté  collègue  lui  a  légué  en  mourant, 
une  somme  de  15  000  francs  comme  dernier  témoignage  de  son 
sympathique  attachement  et  de  la  part  qu'il  prenait  aux  inté- 
rêts de  l'acclimatation;  son  nom  restera  désormais  inscrit  au 
nombre  des  bienfaiteurs  de  la  Société. 

Dans  les  rangs  de  notre  5'  Section,  un  autre  vide  doulou" 
reux  s'est  produit.  Nous  avons  perdu  M.  Vavin,  qui,  l'un 
des  membres  les  plus  anciens  et  les  plus  actifs  de  la  Société, 
s'était  toujours  occupé  avec  zèle  de  la  propagation  des  végé- 
taux utiles  et  qui  n'avait  pas  abandonné  ses  travaux  alors  que 
l'âge  eût  pu  lui  permettre  le  repos. 

Ces  pertes  douloureuses  ne  sont  malheureusement  pas  les 
seules  que  nous  ayons  à  déplorer  :  je  dois  encore  rappeler  à 
vos  souvenirs,  à  vos  regrets,  M.  Sentis,  consul  général  en 
retraite;  M.  le  colonel  Pauthonnier,  ancien  aide  de  camp  de 
S.  A.  le  vice-roi  d'Egypte  ;  M.Gustave  Arosa;  M.  Paul  de 
Bourakoff,  qui  était,  depuis  de  longues  années,  délégué  de 
la  Société  à  Odessa  ;  enhn,  M.  Victor  Ghatel,  de  Valcongrain, 
dont  le  zèle  et  le  dévouement  étaient  à  toute  épreuve  quand 
il  s'agissait  de  se  consacrer  à  quelque  œuvre  utile,  et  surtout 
de  travailler  à  l'amélioration  de  la  situation  morale  ou  maté- 
rielle de  nos  populations  des  campagnes. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.      XXXV 

Dans  ce  temps  où  l'on  oublie  vite,  c'est  l'honneui'  de 
notre  Société  de  se  souvenir  de  ceux  qui  ne  sont  plus.  Mais 
en  présence  des  vides  qui  s'ouvrent  dans  ses  rangs,  un  autre 
devoir  s'impose  à  ceux  qui  restent  :  redoubler  de  zèle,  pour 
continuer  l'œuvre  commencée  avec  ces  regrettés  collabora- 
teurs et  la  faire  prospérer. 

Vos  travaux,  du  reste,  n'ont  été,  Messieurs,  ni  moins  nom- 
breux ni  moins  importants  cette  année  que  les  années  précé- 
dentes. Des  progrès  nouveaux  ont  été  réalisés,  des  succès 
obtenus,  des  questions  intéressantes  étudiées  avec  fruit,  et  si 
nombreux,  si  variés  sont  les  sujets  qu'embrassent  vos  études, 
que  je  puis  craindre  de  faire  quelques  omissions  dans  ce 
compte  rendu,  lequel  ne  saurait  être  que  très  rapide,  car  j'ai, 
avant  tout,  à  cœur  de  ne  pas  abuser  de  votre  bienveillante 
attention. 

Si  les  tentatives  d'acclimatation  et  de  domestication  pré- 
sentent des  diflicultés  spéciales  en  ce  qui  concerne  les  Mam- 
mifères, nous  n'en  avons  pas  moins  à  enregistrer  cette  année 
des  résultats  satisfaisants  au  sujet  de  diverses  espèces  inté- 
ressantes, et  je  dois  rappeler  en  première  ligne  les  nombreu- 
ses reproductions  de  Cervidés,  d'Antilopes,  de  Gazelles,  etc., 
obtenues  dans  son  domaine  de  la  Palaudière  (Indre-et- 
Loire),  par  notre  collègue  M.  Pays-Mellier  (1),  qui  a  pu  con- 
stater la  rusticité  de  plusieurs  de  ces  espèces,  aussi  bien  que 
le  mal-fondé  de  l'opinion  d'après  laquelle  ces  animaux  ne 
pourraient  vivre  et  se  reproduir  en  captivité  (2). 

De  leur  côté,  M.  de  Carpentier  (3)  et  M.  E.  Delloye  (4-)  ont 
obtenu  la  reproduction  du  Cerf  nain  de  la  Chine,  qu'ils  con- 
sidèrent comme  parfaitement  rustique,  d'un  élevage  facile  et 
très  prolifique;  ces  petits  Cervidés,  qui  ne  causent  pas  de 
dommage  aux  bois,  paraissent  être  appelés  à  fournir  un 
précieux  appoint  pour  repeupler  nos  chasses. 


(1)  Pays-Mellier,  Reproductions  de  Mammifères  (Bulletin,  1885,  p.  :}:J7). 

(2)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p    525). 

(3)  Ibidem,  p.  37(5. 

(4)  Ibidem,  p.  C5I. 


XXXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Les  noies  de  M.  le  vicomte  Powerscourt  (1)  sur  racclimata- 
tion  en  Irlande  du  Cerf  Sika  {Cervus  Sika)  ont  appelé  votre 
attention  sur  celte  charmanle  espèce  du  Japon,  qui  repré- 
sente un  gibier  de  bonne  qualité,  pouvant  faire  l'ornement 
d'un  parc  et,  bien  que  de  petite  taille,  trouver  sa  place  à  côté 
des  espèces  les  plus  robustes  (^). 

Dans  une  note  sur  les  Cerfs  à  acclimater,  M.  Huet,  aide 
naturaliste  au  Muséum  d'histoire  naturelle ,  a  d'ailleurs  insisté 
auprès  de  vous  (3)  sur  les  qualités  du  Cerf  Sika  et  de  quelques 
autres  espèces  qui,  sans  grande  dépense  ni  beaucoup  de 
difficultés,  pourraient  être  acquises  en  vue  du  repeuplement 
de  nos  forêts. 

M.  Huet  a  signalé  (4)  également  l'intérêt  qui  s'attacherait 
à  l'introduction  en  France  de  cette  belle  Antilope  connue  au 
Sénégal  sous  le  nom  de  petite  Vache  brune,  et  dans  les  nomen- 
clatures scientifiques  sous  celui  de  Kob  (Kohus  unctuosus 
Lauril.).  Des  observations  faites  depuis  quatre  ans  par  notre 
collègue  (5)  l'ont  convaincu  que  ces  animaux  vivraient  très 
bien  sous  notre  climat,  que  leur  domestication  ne  présente- 
rait aucune  difficulté,  et  qu'on  peut,  en  conséquence,  espérer 
les  voir  prendre  place  un  jour  dans  nos  élables,  àcôlé  de  nos 
Bœufs  et  de  nos  Moutons,  avec  lesquels  ils  s'accommoderaient 
parfaitement. 

Gomme  les  années  précédentes,  M.  Huet  a  bien  voulu  tenir 
la  Société  au  courant  des  naissances  de  Mammifères  et  d'Oi- 
seaux obtenues  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  natu- 
relle (6).  Quelques-unes  de  ces  naissances,  comme  par  exem- 
ple celles  d'Antilopes  de  l'Inde,  de  Munjacks,  de  Bless-Bocks, 
etc.,  survenues  à  la  fin  de  l'année,  présentent  un  grand  inté- 
rêt ;  elles  donnent  la  mesure  de  la  vigueur,  de  la  force  de 
résistance  au  froid  des  jeunes,  issus  cependant   d'espèces 

(1)  Vicomte  Powerscourt,  Acclimatation  en  Irlande  du,  Cerf  Sika,  du  Ja- 
pon (Bulletin,  1885,  p.  254). 

(2)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  196). 

(3)  Huet,  Cerfs  a  acclimater  (Bulletin,  1885,  p.  257). 

(4)  Huet,  Sur  l'Antilope  Kob  du  Sénégal  (Bulletin,  1885,  p.  145). 

(5)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  317). 

(6)  Huet,  Notes  sur  les  naissances,  dons  et  acquisitions  du   Muséum   d'his- 
toire naturelle  {Bulletin,  1885,  p.  314,  465,  661). 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.       XXXVII 

provenant  de  contrées  plus  chaudes  et  plus  ensoleillées  que 
notre  pays  sombre  et  froid  pendant  les  mois  d'automne. 

Acclimatateur  infatigable,  M.  Joseph  Cornély  vous  a  fait 
part  cette  année  de  ses  succès  dans  l'élevage  du  Mara,  ou 
Lièvre  patagon  {Dolichotis  patachonica) ,  petit  mammifère 
qui  paraît  être  d'une  rusticité  remarquable,  et  qui,  s'il  n'est 
pas  destiné  à  devenir  un  animal  de  chasse,  sera  tout  au  moins 
un  animal  de  grand  parc,  donnant  un  tiré  des  plus  intéres- 
sants (1). 

Les  observations  précédemment  recueillies  par  M.  LeGuay 
et  par  M.  Mathey  sur  la  fécondilé  de  la  Chèvre  naine  du 
Sénégal  et  sur  la  remarquable  aptitude  de  cette  race  à  sup- 
porter les  intempéries  de  notre  climat,  ont  été  confirmées  par 
celles  de  M.  le  docteur  Clos  (^),  directeur  du  Jardin  des  Plan- 
tes de  la  ville  de  Toulouse.  M.  Fuzier-IIerman  vous  a  entre- 
tenus des  qualités  que  lui  semble  présenter  la  race  des  Mou- 
tons chinois  Ong-ti  (3),  animaux  robustes,  d'assez  forte  taille, 
peu  difficiles  pour  la  nourriture  ;  notre  confrère  estime 
qu'à  l'aide  de  croisements  prudents  avec  cette  race,  on  arri- 
verait facilement  à  augmenter,  dans  une  notable  proportion, 
la  fécondilé  de  nos  races  indigènes. 

Vous  devez  à  M.  Couput,  directeur  de  la  Bergerie  nationale 
de  Moudjebeur  (Algérie),  une  intéressante  communication 
sur  les  résultats  satisfaisants  de  l'élevage  de  la  Chèvre  d'An- 
gora (4-),  sous  un  climat  absolument  saharien,  dans  un  pays 
où  de  vastes  espaces  incultes  attendent  d'être  mis  en  valeur, 
où  le  seul  mode  d'exploitation  culturale  possible  est  l'éle- 
vage du  bétail.  Si  l'Arabe,  avec  ses  habitudes  invétérées  de 
négligence,  ne  peut  retirer  de  cet  élevage  un  résultat  avanta- 
geux, l'Européen  pourra,  sans  nuire  aux  forêts  algériennes, 
qui  doivent  être  l'objet  des  préoccupations  de  tous,  s'adonner, 
lui  aussi,  à  l'élevage  de  la  Chèvre,  resté  jusqu'ici  l'apanage 

(})  Joseph  (Cornély,  Note  sw  le  Lièvre  Patagon   ou  Mara  (Bulletin,  1885, 
p.  553). 
(2)  Procès-verbaux  [Bulletin,  1885,  p.  587). 
^3)  Ibidem,  p.  70. 

(l)  Couput,   Au  sujet    des   Chèvres   angoras   en    Algérie    (Bulletin,  1885, 
p.  120). 


XXXVIII  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

exclusif  de  la  population  indigène.  Il  suffira  pour  l'encourager 
dans  celle  voie,  de  lui  prouver  que  non  seulement  l'élevage  de 
la  Chèvre  d'Angora  est  facile  dans  le  Sud,  mais  encore  que  le 
prix  delà  toison  de  cette  Chèvre  est  assez  élevé  pour  donner 
un  bénéfice  raisonnable. 

C'est  d'après  ces  considérations  que,  sur  la  proposition  de 
M.  Decroix  (1),  vous  avez  décidé  de  faire  auprès  de  M.  le 
ministre  de  l'agriculture  une  démarche  tendant  à  obtenir 
que  des  mesures  soient  prises  en  vue  d'encourager  la  propa- 
gation de  la  Chèvre  d'Angora  en  Algérie  et  la  substitution  de 
cette  espèce  à  la  race  indigène. 

Avec  une  entière  compétence  en  pareille  matière,  M.  De- 
croix  vous  a  aussi  entretenus  de  l'importante  question  du 
transport  des  animaux  à  bord  des  navires  (2)  et  des  précau- 
tions qu'il  conviendrait  de  prendre,  tant  pour  éviter  les  acci- 
dents que  pour  maintenir  les  animaux  en  bonne  santé,  mal- 
gré les  fatigues  du  voyage. 

Des  renseignements  fort  curieux  vous  ont  été  donnés  par 
M.  Pierre-Amédée  Pichot  sur  les  Éléphants  de  service  dans 
l'Inde,  ainsi  que  sur  les  maladies  qui  affectent  parfois  ces 
gigantesques  pachydermes  (o),  et  cette  intéressante  commu- 
nication a  été  complétée  par  les  observations  que  M.  Saint- 
Yves  Ménard  s'est  trouvé  à  même  de  recueillir  sur  les  Elé- 
phants du  Jardin  d'Acclimatation  (4).  Vous  avez  de  même 
accueilli  avec  intérêt  les  notes  statistiques  que  P.-L.  Sim- 
monds  vous  a  fait  parvenir  sur  le  Chameau  et  sur  l'utilisa- 
tion de  cet  animal  (5),  un  des  plus  précieux  auxiliaires  de 
l'homme  dans  certaines  régions  du  globe. 

J'ai  également  à  rappeler  ici  les  communications  :  de  M.  le 
comte  de  la  Touche,  sur  l'élève  du  Cheval  dans  le  dépar- 
tement   des   Côtes-du-Nord  ;  de  M.  le  baron  de  Sachs,  sur 


(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  71,  196,  326). 

(2)  Ibidem,  \>.  390. 

(3)  Pierre-Amédée  Pichot,  Les  maladies  des  Eléphants  de  service  (Bulletin, 
1885,  p.  1). 

(i)  Saint-Yves  Ménard,    Sur   les  maladies  des  Eléphants  (Bulletin,  1885, 
p.  9). 
('.)  P,-L.  Simiiionds,  Le  Clmneau  (Bulletin,  \%^'^,  p.  392). 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX    DE   LA   SOCIÉTÉ.        XXXIX 

une  curieuse  émigralion  de  Campagnols  observée  dans  les 
plaines  de  la  Beauce  (i)  ;  de  M.  Mailles  (2)  et  de  M.  O'iNeill  (3), 
sur  le  Rat  noir;  de  M.  Amédée  Berlhoule ,  sur  l'Ornitho- 
rynque (4)  ;  de  M.  Pays-Mellier,  sur  la  multiplication  du  Porc- 
épic  (5);  de  M.  Mailles  (6)  et  de  M.  Fernand  Lataste  (7), 
sur  l'intérêt  qui  s'attacherait  à  l'introductiou  chez  nous  de 
deux  Hérissons  du  nord  de  l'Ah-ique,  particulièrement  re- 
commandables  au  j)oint  de  vue  de  la  destruction  des  Mol- 
lusques et  des  insectes  nuisibles  dans  les  jardins.  Enfin,  je 
ne  dois  pas  oublier  de  mentionner  les  détails  fort  intéres- 
sants qui  vous  ont  été  communiqués  par  M"'  Lagrenée,  sur 
l'utilisation  industrielle  des  poils  de  Lapins  angoras  de 
grande  race.  Jusqu'à  présent  on  n'avait  presque  pas  élevé 
cette  race  de  Lapins.  On  considérait  souvent  ces  animaux 
comme  des  animaux  de  luxe  ;  mais  aujourd'hui  on  peut  être 
sûr  d'un  débouché  pour  les  produits,  qui  ne  sont  pas  sans 
valeur,  car  un  Lapin  adulte  ne  rapporte  pas  moins  de  6  à 
8  francs  de  soie  (8).  Il  y  a  donc  lieu  de  féliciter  tout  particu- 
lièrement M'"'  Lagrenée  du  zèle  désintéressé  qu'elle  apporte 
à  la  propagation  de  cette  belle  et  utile  race. 

Pour  les  animaux  qui  ne  sont  encore  que  peu  répandus, 
insuftisamment  connus  et  acclimatés,  il  y  aurait  grand  intérêt 
à  ce  que  chaque  amateur  qui  les  possède  ne  gardât  pas  pour 
lui  seul  ses  observations,  mais  en  fit  publiquement  part  et 
dît  ce  qu'il  a  appris  de  leurs  moeurs,  de  leur  manière  d'être, 
de  leurs  habitudes.  Si  cet  usage  se  généralisait  beaucoup 
plus  parmi  les  membres  de  notre  Société,  l'acclimatation  en 
acquerrait  un  sérieux  avantage.  Quels  tâtonnements,  quel 
gaspillage  de  temps  et  de  sujets  rares  et  précieux  on  évite- 
rait en  profitant  des  essais  précédents,  puisque  chacun,  d'or- 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  525). 

(2)  Ibidem,  p.  537. 

(3)  Ibidem,  p.  503. 

(4)  Am.  Berlhoule,  L'Ornitliorijnque  {BuÛelin,  1885,  p.  5U5). 

(5)  Proces-verbaux  (Bullelin,  1885,  p.  133j. 

(6)  Ibidem,  p.  325. 

(7)  Ibidem,  p.  32tJ. 

(8)  M™"  G.    L-.igrenée,  Utilisation  indusirielle  des  poils  de  Lapins  angoras. 
[Bulletin,  1885,  p.  642). 


XL  SOCIÉTÉ   NATIOISALE    D  ACCLIMATATION. 

dinaire  livré  à  ses  propres  moyens  et  inspirations,  est  à  peu 
près  obligé  de  faire  son  éducation  à  ses  dépens,  et,  en 
somme,  à  ceux  de  l'acclimatation  en  général,  dont,  par  inex- 
périence, on  retarde  le  développement  et  souvent  on  stérilise 
et  même  on  anéantit  les  ressources. 

Ce  sont  précisément  ces  raisons  qui  donnent  une  sérieuse 
valeur  aux  comptes  rendus  que  veulent  bien  nous  adresser 
sur  leurs  élevages  de  zélés  éducateurs,  parmi  lesquels 
M.  Gabriel  Rogeron  mérite  cette  année  encore  une  mention 
spéciale.  Les  observations  faites  par  noire  collègue  (1)  sur  les 
Canards  Casarkas  de  Paradis  {Tadorna  variegata),  les  essais 
qu'il  poursuit  sur  le  croisement  de  ditîérentes  espèces  de 
Canards  (2)  ont,  ajuste  titre,  fixé  votre  attention.  Il  en  a  été 
de  même  des  renseignements  adressés  par  M.  le  comte  A.  de 
Monllezun  sur  la  Bernache  de  Magellan  (3),  par  M.  le  mar- 
quis de  Brisay  sur  la  Perruche  érythroptère(4'),  par  M.  Gour- 
raud  sur  le  Canard  de  Bahama  (5). 

D'autres  élevages  ont  également  été  couronnés  de  succès, 
et  nous  avons  à  mentionner  en  première  ligne  celui  du  Lo- 
phophore  resplendissant  (Lophophorus  refulgens) ,  mené  à 
bien  par  M.  Georges  Mathias,  qui  a  réussi  à  obtenir  dix  Lo- 
phophores  vivants  (6)  et  réalisé  ainsi  les  conditions  du  prix 
fondé  par  la  Société.  Mais  notre  généreux  collègue  n'a  pas 
voulu  bénéficier  personnellement  de  la  récompense  promise. 
Joignant  le  désinléressement  à  la  modestie,  et  se  contentant 
de  la  constatation  du  succès  obtenu,  il  a  immédiatement 
affecté  le  montant  du  prix  mérité  par  lui  à  la  création  de  deux 
prix  destinés  :  l'un  à  l'éleveur  qui  aura  obtenu  la  reproduc- 
tion en  captivité  d'une  espèce  quelconque  de  l'ordre  des 
Gallinacés  n'ayant  pas  encore  multiplié  en  France  dans  ces 
conditions  ;  fautre,  à  l'auteur  de  la  meilleure  monographie 

(1)  Gabriel  Rogeron,  Le  Casarka  de  Paradis  {Bulletin,  1885,  p.  151). 

(2)  Gabriel  Rogeron,  Croisements  de  Canards  {Bulletin,  1885,  p.  4-01). 

(3)  Comte  A.  de  Montlezun,  Sur  la  Bernache  de  Magellan  {Bulletin,  1885, 
p.  609). 

(4)  Marquis    de    Brisay,    Sur    la    Perruche    érythroptére    {Bulletin,    1885, 
p.  558). 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  592). 

(6)  Ibidem,  p.  592. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIÉTÉ.      XLI 

des  Phasianidés.  Ce  sont  deux  fondations  utiles  ajoutées  à 
la  liste  de  nos  prix.  Qu'il  me  soit  permis  de  renouveler  ici  à 
notre  collègue,  pour  cette  création,  les  félicitations  et  les  re- 
merciements de  la  Société. 

Vous  avez  eu  à  applaudir  également  aux  succès  de  M.  le 
D""  Clos  dans  la  reproduction  du  Nandou  (1),  de  M.  Maxwell 
dans  l'élevage  de  la  Tourterelle  maillée  ('2),  de  M.  Th.  Leroux 
dans  l'éducation  de  la  Perruche  omnicolore  et  de  la  Perruche 
de  Pennant  (3),  de  M.  le  comte  Henri  de  Bussierre  dans  la 
propagation  du  Colin  de  Virginie  et  du  Faisan  de  Mongolie  (4), 
de  M.  Delaurier  dans  l'élevage  de  la  Colombe  grivelée  (5),  de 
M.  Courtois  (6)  dans  la  multiplication  du  Canaid  de  Paradis 
(Casarka  variegata).  Signalons,  en  passant,  qu'en  même 
temps  qu'ils  sont,  pour  ceux  qui  s'en  occupent,  un  sujet 
d'attachantes  distractions,  beaucoup  de  ces  élevages  peuvent 
devenir  une  véritable  source  de  revenu.  C'est  ainsi  qu'une 
seule  femelle  de  Canards  de  Paradis,  achetée  par  M.  Courtois 
au  Jardin  d'Acclimatation  en  1875,  à  raison  de  -400  francs  la 
paire,  lui  a  donné,  en  l'espace  de  sept  ans,  34  sujets  mâles  et 
33  femelles,  qui  ont  été  vendus  au  prix  total  de  5  470  francs  (7). 
On  voit,  par  cet  exemple,  les  bénéfices  que  l'éducation  des 
oiseaux  de  luxe  peut  donner  entre  les  mains  d'éleveurs  véri- 
tablement entendus  et  bien  installés. 

Nombreuses  sont  les  espèces  intéressantes  à  acquérir,  et, 
chaque  jour,  des  importations  nouvelles  multiplient  vos 
sujets  d'expérience.  Prétendre  établir  actuellement  la  liste 
exacte  des  espèces  qui  pourront  un  jour  être  utilisées  serait 
assurément  téméraire;  mais  il  est  du  moins  possible,  comme 
le  conseillait  notre  illustre  et  vénéré  fondateur,  de  «  dresser 
celle  des  espèces  dont  la  domestication,  déjà  préparée  par 
quelques  études  préliminaires,  par  des  observations  faites 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  587j. 

(2)  Ibidem,  p.  181. 

^3)  Ibidem,  p.  647. 

(i)  Ibidem,  p.  73. 

(5)  Ibidefii,  p.  G52. 

(&}  Ibidem,  p.  189. 
(7\  thiriorn    i^    mn 


\Dj  loiuem,  p.  iot>. 
(7)  Ibidem,  p.  190. 


XLII  SOCIÉTÉ   NATIO^^ÂLE    d'ACCLIMATATION. 

dans  le  pays,  ou  même  par  des  expériences  sous  notre  climat, 
est  assez  manifestement  utile  et  possible  pour  que  tous  les 
auteurs  s'accordent  à  cet  égard  (1)  ». 

C'est  en  prenant  pour  guide  ces  judicieuses  réflexions  que 
notre  collègue  M.  d'Aubusson  a  entrepris  un  travail  d'une 
grande  utilité  :  le  catalogue  raisonné  des  espèces  d'oiseaux 
qu'il  y  aurait  lieu  d'acclimater  et  domestiquer  en  France  (2). 
Cette  élude  n'est  pas  un  aride  inventaire  des  richesses  futures 
que  peuvent  nous  procurer  l'acclimatation  et  la  domestica- 
tion de  certains  oiseaux;  c'est  un  exposé,  aussi  exact  que  le 
permettent  les  documents  recueillis  par  la  science,  de  leurs 
mœurs,  de  leurs  habitudes,  de  leur  distribution  géogra- 
phique, de  leur  habitat,  de  leur  régime  et  enfin  de  l'utilité 
que  nous  pouvons  en  retirer.  L'importance  d'un  pareil  travail 
n'échappera  à  personne,  et  l'on  doit  remercier  vivement 
l'auteur  de  l'avoir  entrepris. 

Dans  urie  série  de  communications  faites  en  1883  et  1884, 
M.  le  D'  Camille  Dareste  avait  fait  part  à  la  Société  des  résul- 
tats de  ses  belles  recherches  expérimentales  sur  les  condi- 
tions physiques  et  physiologiques  de  l'évolution  normale  du 
Poulet  dans  l'œuf.  Cette  année,  notre  savant  collègue  a  porté 
son  attention  sur  un  point  qui  restait  à  élucider  :  l'influence 
du  déplacement  des  œufs  pendant  l'incubation  (3).  Nous  sa- 
vons que  la  Poule  couveuse  remue  fréquemment  ses  œufs, 
que  la  pratique  du  retournement  quotidien  des  œufs  est  gé- 
néralement adoptée  par  toutes  les  personnes  qui  s'occupent 
d'incubation  artificielle,  qu'enfin,  tout  récemment,  on  a  ima- 
giné des  appareils  pour  pratiquer  le  retournement  des  œufs 
par  des  procédés  mécaniques.  L'immobilité  des  œufs  pen- 
dant toute  la  durée  de  l'incubation  est-elle  donc  un  obstacle 
à  l'éclosion?  Des  expériences  comparatives  ont  permis  à 
M.  Dareste  de  résoudre  cette  question,  en  démontrant,  de  la 

(1)  Isidore   Geoffroy  SaiiU-Hilaire,  Acclimatation  et  domestication  des  ani- 
maux utiles,  p.  i8. 

(2)  Magaud  d'Aubusson,  Catalogue  raisonné  des  oiseaux  qu'il  y  aurait  lieu 
d'acclimater  et  domestiquer  en  France  {Bulletin,  1885,  p.  471). 

(3)  D'  Camille  Dareste,  Note  sur  l'éclosion  des  œufs  de  Poule  {Bulletin,  1885, 
p.  209). 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIETE.  XLIII 

manière  la  plus  nette,  que  l'immobilité  de  l'œuf  lait  adhérer 
l'allantoïde  au  jaune  et  amène  ainsi  la  mort  de  l'embryon. 
Toutes  ces  recherches  expérimentales  sur  l'éclosion  avaient 
été  entreprises  par  M.  Dareste  dans  un  but  tout  scientifique; 
elles  étaient  le  point  de  départ  d'études  sur  les  conditions  de 
l'évolution  anormale  ou  de  la  production  des  monstruosités. 
Mais  elles  ont  une  utilité  pratique  évidente,  puisqu'elles 
rendent  compte  des  difîérenles  conditions  qui  font  réussir 
l'incubation  artificielle.  L'importance  de  l'incubation  artifi- 
cielle comme  procédé  industriel  s'accroît  tous  les  jours.  En 
substituant  des  notions  scientifiques  aux  notions  purement 
empiriques  dont  on  s'était  contenté  jusqu'à  présent,  notre 
savant  collègue  a  rendu  service  à  tous  ceux  qui  s'occupent  de 
l'élève  des  oiseaux. 

En  même  temps  qu'il  appelait  votre  attention  sur  les  pro- 
grès que  fait  en  divers  pays  l'élevage  industriel  de  l'Autruche, 
M.  le  Secrétaire  général  vous  a  signalé  les  difficultés  particu- 
lières que  présente  cet  élevage  dans  notre  colonie  algé- 
rienne (1),  où,  dès  qu'ils  ont  une  quinzaine  de  jours,  les  Au- 
truchons  sont  sujets  à  une  affection  des  os  qui,  jusqu'à  l'âge 
de  six  mois,  les  fait  périr  en  grand  nombre. 

Heureusement  ces  difficultés  paraissent  devoir  être  bientôt 
surmontées  d'une  manière  définitive,  grâce  aux  persévérants 
efforts  d'éleveurs  intelligents  et  soigneux,  parmi  lesquels  nous 
avons  à  mentionner  plusieurs  de  nos  collègues  et  en  particu- 
liers M.  Laloue  (de  Zéralda)  (2),  M.  Créput  (de  Misserghin) 
et  M.  Lucien  Merlato  (d'Ain  Marmora)  (3). 

Des  renseignements  que  vous  avez  enregistrés  avec  intérêt 
vous  ont  été  fournis  par  M.  Iluet  sur  les  habitudes  et  les  al- 
lures du  Menure  Lyre  (Menura  superba)  en  captivité  (4)  ;  par 
M,  Fernand  Lataste,  sur  l'alimentation  des  Kapaces  noc- 
turnes (5);  par  M.  Gabriel  llogeron  (6)  et  par  M.  Gretté  de 

(1)  Procès-verbaux  {Bulletin,  ItiSô,  p.  \'i\). 

(2)  A.  Laloue,  Ferme  iV Autruches  de  Zéralda  (Bulletin,  1885,  p.  665). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  G;{,  646,  703). 

(4)  Bulletin,  1885,  p.  46J. 

(5)  Proces-verbaux  (Bulleti).i,  1885,  p.  327,  391), 

(6)  Ibidem,  p.  588. 


XLIV  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Palluel  (1),  sur  le  phénomène  de  la  mue  chez  différentes 
espèces  d'oiseaux;  par  M.  O'Neill  (2)  et  par  M.  Maxwell  (3), 
sur  le  développement  extraordinaire  de  l'œuf  chez  certaines 
Poules;  enfin  par  M.  Huet  (4),  sur  les  résultats  très  satisfai- 
sants que  donne,  pour  l'éducation  déjeunes  Faisans,  la  nour- 
riture spéciale  proposée  par  notre  collègue  M.  Dautreville. 
D'après  les  expériences  comparatives  qu'il  a  été  à  même  de 
faire  au  Muséum  d'histoire  naturelle,  M.  Huet  estime  que  les 
amateurs  sont  désormais  à  l'abri  des  ennuis  de  l'élevase  au 
moyen  des  œufs  de  Fourmi,  attendu  qu'avec  la  poudre  toni- 
nutritive  de  M.  Dautreville  on  pourra,  sans  plus  de  frais, 
mener  parfaitement  à  bien  l'élevage  des  Faisandeaux. 

Gomme  les  années  précédentes,  la  culture  des  eaux  a  été, 
de  votre  part,  l'objet  d'une  sérieuse  attention;  vous  avez 
suivi  avec  intérêt  le  développement  de  cette  industrie  tant 
en  France  (5)  qu'à  l'étranger  ((3),  et  vous  vous  êtes  préoccu- 
pés de  la  nécessité,  qui  s'impose  plus  que  jamais,  de  mesures 
protectrices  réellement  efficaces  en  faveur  du  poisson  (7). 
C'est  spécialement  à  ce  point  de  vue  qu'à  l'occasion  des  ex- 
positions d'Edimbourg  et  de  Londres,  vous  vous  êtes  fait 
présenter,  par  votre  Secrétaire  des  séances,  un  rapport  sur 
la  situation  de  la  pisciculture  dans  la  Grande-Bretagne  et 
quelques  autres  pays  voisins  (8).  En  même  temps,  d'utiles 
relations  ont  été  nouées  avec  diverses  Sociétés  de  piscicul- 
ture régionales  (9)  ou  étrangères  (10),  dont  les  travaux, 
comme  les  vôtres,  ne  pourront  que  gagner  à  se  combiner 
dans  une  sage  et  fructueuse  communauté  d'efforts. 

Parmi  les  nombreux  rapports  qui  vous  ont  été  adressés  sur 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  392). 

(2)  Ibidem,  p.  -426. 

(3)  Ibidem,  p.  416,  428. 

(4)  Bulletin,,  1885,  p.  466. 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  67,  181,  182,  251,  310,  311,  378,590, 
704,  705). 

(6)  Ibidem,  p.  71,  127,  130,  134,  179,  246,  590,  591,  601,  647,  656). 

(7)  Comte  V.  de  Lorgeril,  Dépeuplement  des  eaux  (Bulletin,  1885,   p.  394). 

(8)  Raveret-Watlel,  Rapport  sur  les  Expositions  internationales  de  pèche 
d'Edimbourg  et  de  Londres  [Bulletin,  1885,  p.  260). 

(9)  Proces-verùaux  (Bulletin,  1885,  p.  176,  181). 

(10)  Ibidem,  p.  246,  526. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.     XLV 

les  travaux  de  repeuplement  des  eaux  entrepris  sur  différents 
points,  je  dois  rappeler  spécialement  les  communications  de 
MM.  Wagner  (1),  Rivoiron  (2),  Delg range  (3),  Berthoule  (4), 
Julien  (5),  Vacher  (6),  marquis  de  Scey  de  Brun  (7)  et  des 
Vallières  (8). 

Je  dois  aussi  mentionner  d'une  façon  toute  spéciale  les 
travaux  d'empoissonnement,  complètement  désintéressés,  que 
M.  René  de  Sémallé  poursuit  depuis  plusieurs  années  dans 
le  département  du  Puy-de-Dôme,  où  notre  collègue  fait  gé- 
néreusement lâcher,  dans  divei's  cours  d'eau  et  dans  la  Dore 
en  particulier,  des  quantités  importantes  d'alevins  de  Carpe. 
Déjà  aujourd'hui  il  n'est  pas  rare  de  voir  les  pêcheurs  cap- 
turer des  sujets  du  poids  de  plus  de  1  kilogramme  (9).  On 
peut  donc  espérer  que,  grâce  à  M.  Sémallé,  la  Dore  se  repeu- 
plera de  cet  excellent  poisson  et  que  l'alimentation  publique 
retrouvera  sur  ce  point  une  ressource  qui  n'aurait  jamais  dû 
lui  faire  défaut. 

Vous  avez  applaudi  aux  résultats  obtenus  par  M.  le  vicomte 
de  Causans  (10)  dans  l'empoissonnement  du  lac  de  Saint-Front 
(Haute-Loire),  où  notre  collègue  a  créé,  pour  l'élève  de  la 
Truite,  un  établissement  important,  installé  dans  des  condi- 
tions particulièrement  remarquables. 

Des  renseignements  intéressants  vous  ont  été  donnés  par 
M.  le  docteur  Paul  Brocchi  sur  la  possibilité  de  mettre  en 
exploitation  les  étangs  de  la  Basse-Camargue  (11),  à  l'instar  de 
ce  qui  se  fait,  depuis  si  longtemps  et  avec  tant  de  profit,  dans 
les  lagunes  du  delta  du  Pô,  à  Commacchio. 


(I)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  67,  74,  311). 
(2i  Ibidem,  p.  67. 

(3)  Ibidem,  p.  134,  181,  705. 

(4)  Ibidem,  p.  311. 

(5)  Ibidem,  p.  378. 

(6)  Ibidem,  p.  704. 

(7)  Ibidem,  p.  704. 

(8)  Ibidem,  p.  134. 

(9)  Ibidem,  p.  175,  190). 

(10)  Vicomte  de  Causans,  Établissement  de  pisciculture  du  lac  de  Saint-Front 
{Bulletin,  1885,  p.  148). 

(II)  Paul    Brocchi,    Sur  les  étangs  de  la  Basse-Camargue  (Bullet.,  1885, 
p.  407). 


XLVI  SOCIÉTÉ    NATIO-NALE   d'ACCLIMATATION. 

Enfin,  il  convient  de  rappeler  les  excellents  résultats  obte- 
nus, de  plusieurs  côtés,  dans  les  essais  d'acclimatation  de  di- 
vers poissons  étrangers  (1)  qu'il  serait  intéressant  d'intro- 
duire dans  nos  eaux  douces  et  sur  lesquels  des  notes  vous 
ont  été  communiquées  à  différentes  reprises  (2). 

Des  dons  précieux  d'œufs  ou  d'alevins  vous  ont  mis  à 
même  de  continuer  ces  essais  et  d'en  entreprendre  de  nou-' 
veaux.  L'éminent  Président  de  la  Société  allemande  de  pisci- 
culture, M.  de  Behr,  auquel  vous  êtes  déjà  redevables  de 
nombreux  et  intéressants  envois,  vous  a  encore  fait  adresser 
cette  année  cent  mille  œufs  de  Coregunus  albula  (3),  excel- 
lente espèce  des  lacs  du  nord  de  l'Europe,  dont  l'acquisition 
présenterait  une  réelle  valeur  pour  nos  eaux  douces  et  en 
particulier  pour  nos  lacs  de  l'Auvergne.  Les  œufs,  arrivés  en 
parfait  état,  ont  été  placés  en  bonnes  mains,  et  nous  avons 
tout  lieu  d'espérer  que  les  alevins  obtenus  prospéreront  dans 
les  eaux  où  ils  ont  été  versés  (4). 

Un  autre  envoi  très  précieux  que  nous  a  généreusement 
fait  M.  le  professeur  Spencer  F.  Baird,  commissaire  des  Pê- 
cheries des  États-Unis,  vous  a  permis  d'essayer  l'acclimata- 
tion de  VAmiurus  nebulosus  ou  Poisson-Ghat,  de  l'Amérique 
du  Nord  (5).  Ce  poisson,  très  estimé  aux  États-Unis  (6),  mé- 
rite spécialement  l'attention  en  ce  qu'il  se  contente  d'une 
eau  stagnante  et  même  vaseuse  ;  robuste  et  d'une  grande  fé- 
condité, il  serait  une  excellente  acquisition  pour  l'empois- 
sonnement des  fosses  de  tourbières,  où  il  réussirait  à  mer- 
veille, tandis  que  peu  de  nos  Poissons  indigènes  y  prospére- 
raient de  façon  à  donner  des  produits  vraiment  sérieux. 

M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuchen,  nous  a  fait,  lui 
aussi,  deux  envois  dont  vous  avez  apprécié  toute  la  valeur  : 
l'un,  de  jeunes  Sandres  (7)  ou  Perches-Brochets  (Lucioperca 

(1)  Procès-verbaux  {BuUelin,  1885,  p.  67,  74,  75,  134,  311,  704). 

(2)  Raveret-Wattel,  La  Truite  arc-en-ciel  [Bulletin,  1885,  p.  81). 

(3)  Procès-verbaux  [Bulletin,  1885,  p.  67,  75). 

(4)  Ibidem,  p.  75. 

(5)  Ibidem,  p.  526. 

(6)  Ibidem,  p.  313,  541. 

(7)  Ibidem,  p.  704. 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX   DE    LA   SOCIETE.         XLVIl 

Sandra),  espèce  qui  pourra,  malgré  son  robuste  appélil, 
rendre  des  services  dans  les  eaux  closes;  l'autre,  de  Black- 
Bass  (1)  ou  Perche  noire  d'Amérique  {Microplenis  salmo- 
nidés et  Micropterus  Dolomieu  Lacépède),  un  des  meilleurs 
poissons  des  États-Unis,  recommandable  par  son  aptitude 
à  vivre  à  peu  près  dans  toutes  les  eaux.  La  facilité  avec 
laquelle  notre  généreux  donateur,  M.  Max  von  dem  Borne,  a 
obtenu,  en  Allemagne  (2),  la  multiplication  de  celte  intéres- 
sante espèce  donne  lieu  d'espérer  qu'elle  pourra  de  même 
s'acclimater  chez  nous. 

De  nouveaux  documents  vous  ont  été  fournis  concernant  la 
maladie  qui  sévit  d'une  façon  si  désastreuse  sur  les  Écrevisses 
de  nos  rivières  (3).  Si  la  cause  de  cette  maladie  n'a  pu  en- 
core être  établie  d'une  façon  indiscutable  (4),  les  expériences 
faites  prouvent  du  moins  que,  dix-huit  mois  ou  deux  ans 
après  le  passage  de  la  maladie,  un  cours  d'eau  n'est  plus  in- 
fecté et  peut  être  repeuplé  d'Ecrevisses  au  moyen  d'importa- 
tions bien  dirigées.  C'est  donc  de  ce  côté  que  doivent  se 
porter  aujourd'hui  les  etîorts,  et  il  semble  qu'on  soit  en  droit 
d'espérer  qu'avec  un  peu  d'intelligence  et  d'initiative,  on 
pourra  faire  de  nouveau  prospérer  dans  nos  cours  d'eau  ce 
crustacé,  qui  semblait  être  sur  le  point  de  disparaître. 

En  outre  des  travaux  que  je  viens  de  rappeler,  je  dois  en- 
core mentionner  les  communications  faites  par  M.  Charles  de 
Souancé  (5)  sur  des  faits  curieux  de  migrations  de  poissons, 
par  M.  Laisnel  de  la  Salle  (6)  et  par  M.  Mailles  (7),  sur  les 
Grenouilles-Bœufs;  par  M.  Fernand  Lalaste  (8),  sur  le  Scor- 
pion de  l'Algérie;  par  M.  Mailles  (9)  et  par  M.  E.  Joly  (10),  sur 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  649,  654,  655). 

(2)  Ibidem,  p.  127. 

(3) /fttdem,  67,  384,  591,  705. 

(4)^  Raveret-Wattel,  Résumé  des  réponses  au  questionnaire  sur  la  maladie 
des  Ecrevisses  (Bulletin,  1885,  p.  614). 

(5)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  527). 

(6)  Laisnel  de  la  Salle,  Histoire  de  Grenouilles-Bœufs  (Bulletin,  1885,  p  213). 
—  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  527). 

(7)  Ibidem,  p.  247. 

(8)  Ibidem,  p.  188. 

(9)  Ibidem,  p.  175,  328. 

(10)  Ibidem,  p.  182. 


XLVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

les  Grenouilles  indigènes  el  sur  l'utilité  de  protéger  ces 
Batraciens,  destructeurs  de  Mollusques  et  d'Insectes  nui- 
sibles, etc. 

Pendant  cette  dernière  session,  vous  avez  encore  reçu  de 
nombreux  rapports  sur  la  sériciculture  et  sur  les  différentes 
espèces  de  Vers  à  soie.  L'un  des  plus  zélés  correspondants  de 
la  Société,  M.  Alfred  Wailiy,  vous  a,  comme  de  coutume, 
fait  parvenir  un  compte  rendu  détaillé  de  ses  travaux  de 
l'année  (1)  comportant  l'éducation  d'un  grand  nombre  de 
Lépidoptères  séricigènes  exotiques.  Parmi  les  différentes 
observations  consignées  dans  ce  rapport  (2),  il  en  est  une 
particulièrement  intéressante  à  enregistrer  :  c'est  la  possi- 
bilité d'élever  le  Ver  à  soie  du  Chêne  du  Japon,  VAttacus 
Yama-maï,  avec  les  feuilles  de  l'Aubépine,  et  de  parer  ainsi 
à  l'inconvénient  du  développement  tardif  des  feuilles  du 
Chêne,  cause  fréquente  de  grand  embarras  pour  l'éducation 
de  ce  Bombycien  exotique. 

Des  rapports  très  intéressants  vous  sont  parvenus  de  divers 
côtés  sur  l'élevage  du  Ver  à  soie  du  Chêne  de  la  Chine, 
VAttacus  Pernyi,  que  sa  rusticité  véritablement  exception- 
nelle rend  précieux  pour  notre  climat  (8).  On  doit  donc 
applaudir  vivement  aux  efforts  que  font  pour  propager  cette 
espèce  plusieurs  éducateurs  zélés,  parmi  lesquels  figurent, 
au  premier  rang,  M.  Fallou  (4),  M.  E.  Charrin  (5),  M.  le 
comte  Léon  de  Danne  (6),  M.  le  docteur  Gilbert  (7)  et  surtout 
M"*  veuve  Turpin  (8),  de  Sillats,  qui  travaille  à  cette  œuvre 
utile  par  de  nombreuses  distributions  de  graines  et  de 
cocons,  et  qui  a  bien  voulu,  cette  année,  faire  à  la  Société, 
l'envoi  d'un  lot  important  de  graine  choisie  (9). 


(1)  Procès-verbaux  {BuUelin,  1885,  p.  529,  531). 

(2)  Alfred  Wailiy,  Éducations  d'Attacietis  séricigènes  [Bulletin,  1885,  p.  410). 

(3)  Procès-verbaux  {Bulletin,  1885,  p.  320,  329). 

(4)  Ibidem,  p.  192,320. 

(5)  E.  Charrin,  Essai  d'élevage  du  Ver  à  soie  du  Chêne  de  Chine  (Bulletin, 
1885,  p.  542). 

(6)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  378,  648,  707). 

(7)  Ibidem,  p.  378. 

(8)  Ibidem,  p.  529. 

(9)  Ibidem,  p.  311,  592. 


RAPPORT   SUR   LES   TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.  XLIX 

Le  R.  p.  Camboué,  missionnaire  apostolique  à  Tama- 
lave,  auquel  vous  devez  de  nombreuses  notes  sur  la  flore  et 
la  faune  de  Madagascar  (1),  vous  a  notamment  fait  parvenir 
un  travail  très  intéressant  sur  les  Bombyciens  séricigènes  de 
cette  île  (2).  Les  renseignements  fournis  par  ce  travail,  et  les 
échantillons  de  soies  qui  l'accompagnaient,  font  voir  tout  le 
développement  que  la  sériciculture  pourrait  prendre  à  Mada- 
gascar, où  cette  industrie  ne  sera  pas  la  moindre  ressource 
offerte  à  nos  colons,  quand  la  France  s'établira  solidement 
sur  ce  point,  La  quantité  de  soie  consommée  annuellement 
par  nos  fabriques  françaises  se  chiffre  par  250  millions  de 
francs  environ;  or  la  moitié  de  cette  soie  nous  vient  de  la 
Chine,  par  l'Angleterre.  Du  jour  où  la  grande  île  africaine 
sera  vraiment  et  de  fait  la  France  orientale,  nous  pourrons 
y  trouver,  entre  autres  avantages,  celui  d'y  prendre  la  ma- 
tière première  que  nous  sommes  actuellement  obligés  de 
demander  à  l'étranger.  Puissions-nous  donc,  dans  un  avenir 
prochain,  voir  sur  la  grande  île  africaine  de  Madagascar, 
triompher  définitivement,  avec  les  droits  de  la  France,  les 
intérêts  de  la  vraie  civilisation  ! 

M.  P.  Mégnin,  l'auteur  de  si  importants  travaux  et  de  si 
nombreuses  découvertes  concernant  les  Acariens,  poursuit 
ses  savantes  recherches  sur  ce  groupe  d'êtres  microscopiques 
que  l'on  regarde  généralement,  mais  à  tort,  comme  étant  tous 
nuisibles.  La  plupart  sont  inoffensifs;  beaucoup  peuvent 
même  être  considérés  par  nous  comme  des  auxiliaires.  Avec 
la  collaboration  de  M.  le  professeur  Laboulbène,  M.  Mégnin 
vient  de  faire  l'étude  complète  d'une  espèce  qui  restait  fort 
mal  connue ,  le  Sphœrogyna  ventricosa ,  et,  d'après  les 
mœurs,  la  manière  de  vivre  de  cette  espèce,  on  est  en  droit 
de  penser  qu'elle  pourrait  devenir,  pour  combattre  le  Phyl- 
loxéra, un  agent  destructeur  des  plus  efficaces  (3). 

Parmi  les  communications  ressortissant  à  la  4'  Section,  je 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  183,  247,  329,  658). 

(2)  Le   R.   P.   Ciuiiboué,    Bombyciens  séricigènes  de  Madagascar  {Bulletin, 
1885,  p.  367). . 

(3)  P.  Mégnin,  Note  sur  un  Acarien  utile  (Balletin,  1885,  p.  4.59). 

4'  SÉRIE,  T.  III.  —  Séance  publique  annuelle.  d 


L  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

dois  encore  mentionner  celle  de  M.  Moleyie  sur  les  Insectes 
et  les  Craslacés  comestibles  (1);  celles  de  M.  Maurice  Girard, 
concernant  divers  insectes  nuisibles  aux  cultures  (2)  ;  celle 
de  M.  O'Neiil,  sur  la  destruction  des  Criquets  dans  l'île  de 
Chypre  (3)  au  moyen  du  procédé  décrit  il  y  a  quelque  temps 
dans  le  Bulletin,  ])2iV  notre  collègue  M.  Decroix  (4);  celle 
de  M.  Fallou  sur  un  Lépidoptère  de  l'Europe  méridionale,  le 
Lasiocampa  otus,  qui  produit  un  beau  cocon  soyeux  et  qui 
mériterait  qu'on  essayât  de  l'acclimater  en  Algérie  (5)  ;  enfin, 
celle  de  M.  Charles  Naudin,  sur  les  ressources  que  pourrait 
offrir,  pour  l'élevage  des  Vers  à  soie  du  Chêne  {Attacus 
Yama-maï  et  A.  Pernyi),  le  Chêne  de  Mirbeck  {Quercus 
Mirbeckii),  qui,  plus  précoce  que  ses  congénères,  fournirait 
des  feuilles  bien  développées  à  l'époque  de  l'éclosion  des 
jeunes  Chenilles  (6). 

Des  rapports  détaillés  vous  ont  été  adressés  par  plusieurs 
de  nos  collègues,  sur  la  culture  des  plantes  qui  leur  avaient 
été  confiées  par  la  Société.  Il  convient  de  mentionner  parti- 
culièrement ceux  de  MM.  le  docteur  Lecler  (7),  Willist  (8), 
Yincendon-Dumoulin  (9),  Faudrin  (10),  Duchastel  (11), 
Baron  d'Avène  (12),  Sœhnlin  (13),  llédiard  (14),  Fallou  (15), 
de  Barrau  de  Muratel  (16),  Félix  de  la  Rochemacé  (17), 
AdenoL  (18),  Fleury(19)  et  Mathey  (20). 

(1)  Molevre,  Insectes  et  Crustacés  comestibles  {Bull.,  1885,  p.  500,  56"2,668). 

(2)  Proces-verbuux  (Bulletht,  1885,  p.  311,  531  j. 

(3)  Ibidem,  p.  135. 

(4)  Ibidem,  p.  311. 

(5)  Ibidem,  p.  194. 

(6)  Ibidem,  p.  049. 

(7)  Ibidem,  p.  7U. 

(8)  Ibidem,  p.  70. 

(9)  Ibidem,  p.  128. 
(lOj  Ibidem,  p.  185. 

(11)  Ibidem,  [k  187. 

(12)  Ibidem,  p.  321. 
(13j  Ibidem,  p.  388. 

(14)  Ibidem,  p.  387. 

(15)  Ibidem,  p.  388. 

(16)  Ibidem,  p.  534. 

(17)  Ibidem,  p.  592. 

(18)  Ibidem,  p.  710. 

(19)  Ibidem,  p.  710. 

(20)  Ibidem,  p.  712. 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX    DE    LA    SOCIÉTÉ.  LI 

Votre  atlention  a  été  appelée  par  iM.  Cli.  Naiidia  sur  difle- 
rents  végétaux  économiques,  dont  l'acclimalalion  lui  paraî- 
trait devoir  être  essayée  dans  noire  Midi  (1). 

Continuant  à  s'occuper,  avec  le  zèle  infatigable  qu'on  lui 
connaît,  des  végétaux  exotiques  intéressants  à  acquérir  pour 
nos  cultures  potagères,  M.  A.  Paillieux  vous  a  entretenus,  à 
plusieurs  reprises  (2),  de  diverses  plantes  alimentaires  nou- 
velles, qu'il  travaille  activement  à  propager  et  qui  méritent, 
en  effet,  une  attention  toute  spéciale  (3). 

M.  le  docteur  Mène  a  complété  le  travail  si  important  qu'il 
avait  entrepris  sur  les  productions  végétales  du  Japon,  et 
dans  lequel  sont  passées  en  revue  toutes  les  plantes  alimen- 
taires, industrielles,  forestières  ou  ornementales.  Le  savoir 
étendu,  le  soin  minutieux,  la  conscience  extrême  apportée 
dans  l'exécution  de  ce  travail  en  font,  au  point  de  vue  scienti- 
fique comme  au  point  de  vue  purement  pratique,  un  des 
documents  les  plus  remarquables  que  notre  Bulletin  ait  pu- 
bliés jusqu'à  ce  jour  (4). 

Vous  avez  appris  avec  satisfaction  le  développement  de  la 
culture  des  Eucalyptus,  dont  plusieurs  espèces  ont  fait  l'objet 
de  communications  de  la  part  de  MM.  Henry  de  Vilmorin  (5), 
le  docteur  J.  Michon  (6),  R.  de  Noter  (7),  Brau  (8)  et  Ra- 
verel-Wattel  {9).  M.  Félix  delà  Rochemacé  vous  a  fait  par- 
venir des  renseignements  complémentaires  sur  le  procédé 
qu'il  emploie  pour  rendre  ces  arbres  australiens  plus  résis- 
tants aux  froids,  procédé  qui  lui  donne  les  meilleurs  résul- 
tats et  qui,  même  sous  le  climat  du  département  de  la 
Loire-Inférieure,  lui  a  permis  d'obtenir,  à  quatre  ans  et 
demi  de  plantation,  des  Eucalyptus  amygdalina  de  10™,50 

(l)  Ch.  Naiidin,  Sur  divers  végétaux  économiques  (Bulletin,  1885,  p.  138). 
(2j  Proces-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  75,  194,  195,  197,  324,  386). 

(3)  A.    Paillieux,  Quelques  plantes  alimentaires  nouvelles  [Bulletin,  1885, 
p.  634). 

(4)  Edouard  ^ène,  P:is  productions  végétales  du  Jupon  [Bulletin,  1885,  p.  93, 
2-24,  288,  347.  423). 

(5,  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  19?). 

(6)  Ibidem,  p.  252. 

(7)  /fcirfem,  p.  592. 

(8)  Ibiilem,  p.  709. 

(9)  Ibidem,  p.  129,  462. 


LU  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

de  hauteur  et  de  0'",53  de  circonférence  à  1  mètre  au-dessus 
du  sol  (1).  De  son  côté,  M.  Jaille  a  fait,  dans  le  département 
de  la  Gironde,  d'intéressanles  observations  sur  la  rusticité 
de  plusieurs  espèces  d'Eucalyptus  et  en  particulier  de  rjE*. 
amydalina,  qui,  par  sa  végétation  rapide  et  par  son  aptitude 
à  résister  au  froid,  mérite   une  attention  spéciale  (2),  Nous 
pouvons  d'autant  plus,  Messieurs,  nous  féliciter  des  résultats 
obtenus,  que  la  Société  d'Acclimatation   a  contribué   pour 
une  très  large  part  à  la  propagation  des  Eucalyptus,  et  il  con- 
vient, d'ailleurs,  de  rappeler  que  c'est  à  un  de  nos  collègues, 
M.  Alfred  Bonchereaux,   que  revient  le  mérite  d'avoir  dé- 
montré la  possibilité  de  l'utilisation  du  bois  d'Eucalyptus, 
non  seulement  pour  des  travaux  tels  que  les  grosses  char- 
pentes, mais  encore  pour  la  fabrication  des  meubles.  On  a 
longtemps  prétendu  que  l'Eucalyptus  ne  pourrait  pas  être 
employé  en  ébénisterie,  parce  que  les  fibres  de  ce  bois  se 
tordaient.  M.  Bouchereaux  a  constaté  qu'en  lui  faisant  subir 
un  certain  séjour  dans  l'eau,  ce  bois  perd  complètement  le 
défaut  qu'on  lui  reprochait  et  peut  recevoir  une  foule  d'ap- 
plications. Des  meubles  ont  été  confectionnés  en  utilisant  le 
bois  d'Eucalyptus  globulus,  provenant  de  la  succursale  du 
Jardin  d'Acclimatation,  à  Hyères,  et  M.  Bouchereaux  a  éga- 
lement essayé  l'emploi  de  l'-É^.  rostrata,  qui  fournit  un  excel- 
lent bois  de  placage,  plus  élégant  que  Tacajou  moucheté  (3). 
Une  remarquable  élude   de   notre   collègue.  M,   Charles 
Rivière,  directeur  du  Jardin  d'essai  du  Hamma,  sur  une  vé- 
gétation assainissante  au  Gabon  (4),  a  provoqué  au  milieu  de 
vous  une  intéressante  discussion  sur  l'influence  des  planta- 
tions d'Eucalyptus  dans  les  régions  paludéennes  (5),  et  cette 
controverse  ne  peut  être  que  profitable  à  la  vérité  scienti- 
fique. Comme  M.  le  docteur  Michon  l'a  fait  remarquer  avec 
tant  de  justesse,  dans  des  questions  aussi  difficiles  que  celle 

(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  380,  651). 

(2)  Ibidem,  p.  \U. 

(3)  Ibidem,  p.  187. 

(4)  Ch.  Rivière,    Végétation  assainissante  au  Gabon  {Bulletin,   1885,  p.  12, 

38   71). 

(5)  Bulletin,  p.  28,  31,  54,  55,  71. 


RAPPORT  SUR  LES  TRAVAUX  DE  LA  SOCIETE.      LUI 

de  l'assainissement  i]e  ces  contrées  que  la  civilisation  mo- 
derne dispute  à  la  nature  sauvage,  les  expériences  sont  très 
difficiles;  elles  ne  sauraient  se  faire  avec  la  rigueur  et  la  pré- 
cision des  essais  de  laboratoire.  Des  fLÙts,  riooureusement 
constatés,  peuvent  seuls  servir  à  élucider  cette  question  d'hy- 
giène, une  des  plus  importantes  qui  puissent  faire  l'objet  des 
études  de  la  Société  d'Acclimatation. 

Au  nombre  des  végétaux  exotiques  dont  l'acquisition  vous 
préoccupe  à  bon  droit,  les  Bambous  occupent  une  des  pre- 
mières places.  La  culture  de  ces  précieuses  graminées  gagne 
heureusement  chaque  jour  du  terrain,  grâce  aux  efforts  de 
plusieurs  d'entre  vous  (1),  et  elle  prend  déjà,  sur  quelques 
points,  une  véritable  importance.  A  Bayonne,  M.  Gustave 
Pinède,  qui  a  l'un  des  premiers  introduit  cette  culture  dans 
la  région  en  1865,  possède  aujourd'hui  une  magnifique  plan- 
tation, où  certains  Bambous  présentent  des  jets  de  plus  de 
10  centimètres  de  diamètre,  sur  une  longueur  de  12  mètres. 
En  présence  d'un  pareil  résultat,  on  est  porté  à  croire  que 
cette  plante  trouvera  sa  place  en  France,  non  seulement  à 
titre  de  plante  d'ornement,  mais  encore  comme  une  essence 
forestière  appelée  à  rendre,  dans  un  temps  plus  ou  moins 
rapproché,  les  plus  grands  services  (2). 

De  nombreuses  notes  vous  ont  été  adressées  sur  des  végé- 
taux provenant  de  diverses  régions  du  globe,  ou  sur  des  cul- 
tures particulières  ;  il  convient  de  citer  spécialement  les  com- 
munications de  M.  Gourdin,  sur  la  réussite  remarquable  de 
ses  plantations  de  Chamœrops  excelsa  et  à' Araucaria  imbri- 
cata  à  la  Roche-sur-Yon  (o)  ;  de  M.  Jules  Cloquet,  sur  la  cul- 
ture des  Cèdres  sous  le  climat  de  Paris  (4)  ;  de  M.  Charles 
Mailles,  sur  des  essais  de  culture  de  différents  végétaux 
dans  la  mousse  (5)  ;   de  M.  le  D'  Vidal  (6)  et  de  M.  Charles 


(1)  M.  le    I)''   Lecler    s'est    particulièrement    occupé    de   celte    intéressante 
question  (voy.  Bulletin,  18<S5,  p.  70,  651). 

(2)  Proces-rerbaux  [Bullelin,  1885,  p.  60,  189. 

(3)  Ibidem,  p.  177. 

(4)  Ibidem,  p.  178. 

(5)  Ibidem,  p.  388. 

(6)  Ibidem,  p.  379. 


LIV  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

Nandin  (1),  sur  le  Rlius  vernicifera,  et  sur  l'utililé  que  pré- 
senterait l'introduction  chez  nous  de  ce  Sumac  du  Japon  ; 
de  M.  Decroix  (2),  sur  le  Pacanier  ou  Noyer  d'Amérique  {Cary a 
olivœfo'rmis)  ;  de  M.  llédiard  (3),  sur  la  production  et  le  com- 
merce des  Oranges  en  Algérie,  et  sur  l'urgence  d'une  revision 
des  tarifs  des  chemins  de  fer,  au  point  de  vue  des  intérêts  du 
producteur  et  du  consommateur  ;  enfin,  de  M.  le  D'  Pallas 
sur  le  Pinus  australis,  conifère  des  États-Unis,  qu'il  y  au- 
rait intérêt  h  essayer  dans  les  Landes,  pour  la  production 
de  la  résine  (4). 

Comme  les  années  précédentes,  des  envois  précieux  d'ani- 
maux, de  plantes  et  de  graines  vous  ont  été  faits.  Je  dois  men- 
tionner principalement  ceux  de  MM.  Sarrazin  (5),  Albuquer- 
que  (6),  de  Bouchaud  de  Bussy  (7),  Romanet  du  Caillaud  (8), 
Gamba  (9),  James  Jakson  (10),  Pioulland  (M),  de  Vilmo- 
rin (12),  von  Mueller  (13),  et  Daruty  (li). 

Enfin,  j'ai  à  signaler  que,  aussi  bien  que  nos  collections, 
notre  bibliothèque  s'est  enrichie  cette  année,  grâce  à  des  dons 
nombreux  et  importants  (15)  et,  à  ce  sujet,  je  ne  dois  pas 
omettre  de  rappeler  les  intéressants  bulletins  bibliographi- 
ques que  vous  devez  tant  à  la  plume  à  la  fois  élégante  et  con- 
sciencieuse de  votre  bibliothécaire-archiviste,  M.  Amédée 
Berthoule  (16),  qu'à  celle  de  plusieurs  autres  collègues, 
M.  Georges  Mathias  en  particulier  (17). 


(1)  Procès-verbaux  (Bulletin,  1885,  p.  380). 

(2)  Ibidem,  p.  384. 

(3)  Ibidem,  p.  )  7'J. 
(4.)  Ibidem,  p.  75. 

(5)  Ibidem,  p.  178. 

(6)  Ibidem,  p.  183. 

(7)  Ibidem,  p.  185. 

(8)  Ibidem,  p.  312. 

(9)  Ibidem,  p.  313. 

(10)  Ibidem,]).  379,532. 

(11)  Ibidem,  p.  530. 

(12)  Ibidem,  p.  536. 
,13)  Ibidem,  p.  560,  657. 
(U)  Ibidem,  p.  651. 

(15)  Ibidem,  p.  243,  250,  251,  702,  711. 

(16)  Bulletin,  1885,  p.  78,  142,  204,  206,  333,  606,  608. 

(17)  Ibidem,  p.  423. 


RAPPORT    SUR    LES    TRAVAUX   DE    LA   SOCIÉTÉ.  L\ 

Messieurs,  la  tâche  du  rapporteur  est  finie.  Il  ne  lui  reste 
plus  qu'à  vous  demander  pardon  d'avoir  soumis  à  une  si  lon- 
gue épreuve  votre  indulgente  attention  ;  sa  seule  excuse  est 
dans  le  nombre  et  l'importance  de  vos  travaux,  dont  il  craint 
de  n'avoir  réussi,  toutefois,  à  donner  qu'une  idée  bien 
imparfaite. 


RAPPORT 

AU  NOM 

DE  LA  COMMISSION  DES  RÉCOMPENSES  <*> 

Par  M.  A.    GEOFFROY  SAU^T-HILAIRE 

Secrétaire  général  de  la  Société. 


La  Société  nationale  d'Acclimatation  récompense  par  des 
prix,  par  des  primes,  par  des  médailles  et  par  des  allocations 
pécuniaires  les  travaux  tant  théoriques  que  pratiques  inté- 
ressant l'acclimatation  et  d'une  façon  générale  les  applica- 
tions de  l'histoire  naturelle. 

Notre  Association  encourage  tous  les  efforts,  accueille  tous 
les  progrès.  A  mesure  qu'on  avance  sur  le  chemin  que  nous 
parcourons,  le  but  semble  reculer,  c'est  que  chaque  jour  le 
désir  d'un  nouveau  progrès  vient  s'ajouter  aux  convoitises 
de  la  veille.  Il  semble  que  rien  ne  soit  fait  tant  qu'il  reste 
quelque  chose  à  faire.  Et  pourtant,  Messieurs,  si  nous  jetons 
un  regard  en  arrière,  que  d'efforts  déjà  récompensés  depuis 
la  fondation  de  la  Société,  que  de  résultats  obtenus  !  Com- 
bien d'expériences  intéressantes  consacrées  par  vos  médailles, 
combien  de  résultats  définitifs  acquis  ! 

La  liste  des  récompenses  décernées  par  la  Société  depuis 
sa  fondation  serait  en  quelque  sorte  le  résumé  des  progrès 
accomplis. 

Ces  progrès,  ces  succès,  pour  les  bien  apprécier,  il  faut 
avoir  assisté  comme  nous  aux  efforts  qui  les  ont  donnés. 

Mais  ce  n'est  pas  le  lieu  d'entreprendre  la  nomenclature, 
pourtant  instructive,  des  encouragements  décernés,  des  prix 
gagnés.  En  attirant  vos  regards  veis  ce  laborieux  passé  j'ai 

(1)  La  Commission  des  récompenses  était  ainsi  composée  : 

Membres  de  droit:  MM.  le  Président  et  le  Secrétaire  général. 

Membres  délégués  du  Conseil  :  MM.  Bertlioulc,  Maurice  Girard,  A.  Paillieux 
et  le  marquis  de  Sinéty. 

Membres  délégués  des  sections:  MM.  Saint-Yves  Ménard ,  Georges  Mathias, 
Raveret-Watlel,  J.  Fallou,  le  docteur  E.  Mène. 


RAPPORT   DE    LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  LVII 

voulu  seulement  vous  donner  bon  courage  pour  la  marche  en 
avant. 


PREMIÈRE    SECTION.    —   MAMMIFÈRES. 
médaille  d'or  (Hors  classe). 

Les  travaux  de  vulgarisation  et  les  publications  périodiques 
relatives  aux  sciences  appliquées  sont  toujours  l'objet  de 
l'attention  de  la  Société.  A  ce  titre  les  services  rendus  par 
M,  Ernest  Menault,  inspecteur  général  de  l'agriculture, 
sont  appréciés  comme  il  convient.  Ils  font  connaître  au  grand 
public  les  efforts  qui  ont  pour  objet  les  applications  de  la 
zoologie  et  de  la  botanique  ;  c'est  dire  que  les  travaux  de  la 
Société  d'Acclimatation  trouvent  en  M.  iMenault  un  historien 
compétent  autant  que  bienveillant. 

Nous  sommes  heureux  de  pouvoir  remercier  M.  Menault 
de  son  concours  en  lui  remettant  une  médaille  d'or  hors 
classe. 

Prix  de    lOOO  francs. 

Fondé  par  la  Société  pour  la  multiplicalion  en  France  de  Kangiirous  de  grande 

espèce. 

Depuis  plusieurs  années  déjà,  la  Société  avait  proposé  un 
prix  ainsi  libellé  : 

<,(  Multiplication  en  France,  à  l'état  sauvage,  dans  un 
grand  parc  clos  de  murs  ou  en  forêt,  de  Kangurous  de 
grande  taille. 

»  On  devra  faire  constater  la  présence  de  dix  individus  au 
moins,  nés  à  l'état  de  liberté,  parmi  lesquels  six  animaux 
seront  âgés  de  plus  d'un  an.  —  Prix  :  1000  francs.  » 

M.  le  vicomte  Cornély,  dont  le  nom  a  été  inscrit  déjà  bien 
souvent  sur  la  Uste  des  lauréats  de  la  Société,  a  rempli  et 
au  delà  le  programme  du  prix,  puisque  dans  son  parc  de 
Bcaujardin  nous  avons  pu  voir  quatorze  Kangurous  géants, 
dont  dix  nés  sur  place. 

Ce  nouveau  succès  de  M.  le  vicomte  Cornély  a  son  impor- 


LVIII  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

tance  et  la  Société  félicite  le  lauréat  d'avoir  mené  à  bien  cette 
intéressante  expérience. 

médailles   «le    prcniièro  classe. 

A  la  suite  de  persévérants  efforts  M.  le  vicomte  Cornély  a 
réussi  à  se  procurer  un  couple  de  Lièvres  de  Patagonie  ou  Ma- 
ras  {Dolichoiis  patagonica).  Il  a  fallu  bien  des  années  pour 
obtenir  cette  importation;  enfin  elle  a  été  faite  et  notre  lauréat 
s'est  trouvé,  après  une  longue  attente,  en  possession  d'un 
couple  de  ces  rongeurs.  Dès  la  première  année  la  reproduc- 
tion en  a  été  constatée.  Dans  un  mémoire  étudié,  M.  le 
vicomte  Cornély  a  fait  part  à  la  Société  des  observations  qu'il 
a  recueillies.  Nous  avons  voulu  constater  ce  résultat  en  dé- 
cernant une  médaillejle  première  classe. 

Utiliser  un  produit  négligé,  en  vulgariser  l'emploi,  consti- 
tue un  progrès  sérieux.  Nous  décernons  à  des  services  de  cet 
ordre  trois  médailles  de  première  classe,  à  M.  Jacquier,  de 
Saint-Innocent  (Savoie),  à  M.  Patard-Ghatelain,  de  La  Ferté- 
Macé,  à  M""  G.  Lagrenée  (de  Beauvais). 

Ces  trois  lauréats  produisent,  on  peut  dire  industrielle- 
ment, du  poil  de  Lapins  angoras.  Ils  fournissent  une  matière 
première  qui  prend  de  plus  en  plus  sa  place  dans  le  com- 
merce de  la  bonneterie.  Si  l'utilisation  de  la  laine  de  Lapins 
angoras  acquiert  peu  à  peu  de  l'importance,  c'est,  sans  aucun 
doute,  à  l'exemple  donné  par  MM.  Jacquier  et  Patard-Cha- 
telain  et  à  M""  Lagrenée  qu'on  le  devra. 

Menfion  honorable. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  Jules  Pataillot, 
instituteur  à  Maizières  (Haute-Saône),  qui  cherche  dans  son 
enseignement  à  intéresser  ses  élèves  à  la  connaissance  des 
animaux  utiles.  Ses  dictées  relatives  à  l'histoire  naturelle 
appliquée  sont  conçues  dans  un  esprit  excellent. 


RAPPORT   DE    LA    COMMISSION    DES   RÉCOMPENSES.  LIX 

DEUXIÈME  SECTION.  —  OISEAUX. 
Médaille  d'Or. 

La  nourriture  artificielle  destinée  aux  Gallinacés,  dont 
M.  Dautreville  est  l'inventeur,  constitue  un  progrès  inté- 
ressant. 

Cette  nourriture  artificielle,  étant  facile  à  transporter  et  à 
conserver,  rendra  les  plus  signalés  services  pour  l'éduca- 
tion des  oiseaux-gibiers  et  des  oiseaux  de  volière.  Un  grand 
nonîbre  d'éleveurs  et  d'amateurs  des  plus  honorables  ont 
fourni  à  M.  Dautreville  les  meilleurs  témoignages  sur 
l'emploi  qu'ils  ont  fait  de  la  poudre  toni-nutritive.  Pourra- 
t-elle  remplacer  partout  et  complètement  les  œufs  de 
fourmi?  Plusieurs  des  attestations  mises  sous  nos  yeux  l'af- 
firment et  nous  serions  portés  à  le  croire.  Mais  il  n'est  pas 
besoin  de  faire  cette  preuve  pour  admettre  que  la  poudre 
toni-nutritive  est  un  excellent  produit  et  que,  par  son  in- 
vention, M.  Dautreville  a  rendu  un  véritable  service  aux 
éleveurs. 

La  Société  décerne  à  M.  Dautreville  une  médaille  d'or  hors 
classe. 

Médailles  de  iireinièrc  clas.«ic. 

Domestiquer  une  espèce  d'oiseau  propre  à  détruire  dans 
les  jardins  les  souris,  les  insectes  et  les  mollusques  nuisibles, 
est  un  but  intéressant  à  atteindre.  Les  essais  poursuivis  par 
M.  le  vicomte  Cornély  tendent  vers  la  solution  du  problème 
posé.  En  effet,  depuis  plusieurs  années  déjà  l'Ibis  à  la  face 
noire  du  Chili  {Ibis  melanopis)  reproduit  régulièrement  au 
parc  de  Beaujardin.  Dans  combien  de  générations  ces  robustes 
oiseaux,  qui  peuvent  supporter  les  rigueurs  de  nos  hivers, 
deviendront-ils  domestiques  ? 

M.  le  vicomte  Cornély  reçoit  une  médaille  de  première 
classe  pour  les  expériences  faites  sur  cette  intéressante  es- 
pèce. 


LX  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Les  études  faites  par  M.  le  professeur  Forbes,  de  l'université 
commerciale  de  l'illinois,  sur  le  régime  alimentaire  des 
oiseaux  et  des  poissons,  méritent  l'attenlion.  Ces  recherches 
ont  une  utilité  pratique,  que  la  Société  est  heureuse  de  ré- 
compenser par  une  médaille  de  première  classe.  Il  serait  à 
souhaiter  que  les  efforts  de  M.  Forbes  fussent  imités  sur  di- 
vers points  du  globe. 

L'ouvrage  intitulé:  Élevage  des  animaux  de  hasse-cour, 
a  été  écrit  par  M.  Lemoine,  dont  le  nom  est  bien  connu  de 
toutes  les  personnes  qui  s'occupent  de  Gallinoculture,  car 
la  réputation  de  l'établissement  de  Crosne  n'est  plus  à  faire  ; 
l'auteur  du  livre  que  nous  récompensons  aujourd'hui  d'une 
médaille  de  première  classe,  a  l'expérience  et  le  savoir,  aussi 
trouvons-nous  dans  cette  publication,  à  côté  de  descriptions 
exactes,  des  conseils  pratiques,  des  enseignements  précieux 
pour  l'élevage  et  l'entretien  des  volailles. 

Une  médaille  de  première  classe  est  décernée  à  M.  le  comte 
de  MoNTLEzuN  pour  le  mémoire  qu'il  a  publié  sur  les  Ber- 
naches.  Ce  travail  descriptif  a  de  l'intérêt  ;  il  est  d'une  grande 
précision.  L'auteur  a  réuni  à  ses  observations  personnelles, 
sur  ce  groupe  de  palmipèdes,  tous  les  renseignements  qu'il  a 
su  se  procurer.  Cette  monographie  conscigncieuse  est  accom- 
pagnée de  dessins  soigneusement  exécutés  et  qui  sont  d'une 
grande  exactitude. 

La  section  ornithologique  de  la  Société  impériale  russe 
d'Acclimatation  de  Moscou  a  recommandé  les  services  ren- 
dus par  M'""  Barbe  Tcherepow  à  l'attention  de  la  Commission 
des  récompenses. 

M'"'  Tcherepow  s'occupe  depuis  longtemps  déjà  et  avec  suc- 
cès d'introduire  en  Russie  les  bonnes  races  de  Poules.  Elle 
entretient  plus  de  deux  mille  de  ces  oiseaux  et  son  établisse- 
ment concourt  utilement  à  l'amélioration  des  basses-cours. 
La  lauréate  s'occupe  en  outre  d'oiseaux  de  luxe  ;  elle  a  obtenu, 
peut-être  la  première  en  Russie,  la  multiplication  du  Cygne 
noir  d'Australie. 


RAPPORT   DE    LA   COMMISSION   DES   RÉCOMPENSES.  LXI 

La  Société  est  heureuse  de  remettre  à  M'"'  deTcherepowune 
médaille  de  première  classe. 

M.  VoiTELLiER  (de  Mantes)  a  publié  un  volume  sur  lln- 
cuhalion  artificielle  et  la  basse-cour,  auquel  nous  décernons 
une  médaille  de  première  classe. 

Dans  ce  livre,  l'auteur  traite  d'une  façon  étendue  ce  qui 
concerne  l'usage  des  hydro-incubateurs  ;  il  s'étend  avec  com- 
pétence sur  toutes  les  questions  relatives  à  l'installation  et  à 
l'hygiène  des  oiseaux.  Enfin  il  s'occupe  de  l'étude  des  races. 

Comme  le  dit  M.  Voitellier  dans  la  lettre  qui  accompagne 
l'envoi  de  l'ouvrage  :  «  Ce  livre  est  le  résumé  d'une  expé- 
rience de  vingt  années.  »  Il  rendra,  nous  en  avons  l'assurance, 
de  grands  services  aux  éleveurs. 

niédaille  de  seconde  classe. 

On  a  souvent  observé  que  les  oiseaux  sauvages  indigènes 
se  reproduisaient  moins  facilement  en  captivité  que  les  exo- 
ti(jues.  Les  résultats  obtenus  par  M.  Audap  dans  la  multipli- 
cation du  Canard  pilet  (Dafila  acuta)  semblent  donner  tort  à 
cette  croyance.  Depuis  1877,  M.  Audap  obtient  régulière- 
ment, de  plusieurs  couples,  des  œufs  fécondés;  les  uns  sont 
confiés  à  des  Poules,  les  autres  aux  Canes  elles-mêmes.  Il 
semble  que  le  lauréat  soit  parvenu  à  assouplir  le  caractère 
essentiellement  farouche  et  méfiant  du  Pilet,  L'espèce  subit 
un  commencement  de  domestication.  M.  Audap  réussira-t-il 
à  conserver  ses  élèves  le  jour  où  il  aura  renoncé  à  les  éjoinler? 
Il  l'espère.  La  Société  décerne  une  médaille  de  seconde  classe 
à  M.  Audap. 

Mention  honorable. 

Les  amateurs  d'oiseaux  sont  arrivés  depuis  quelques  an- 
nées à  faire  reproduire  la  plupart  des  espèces  de  Perruches 
avec  une  parfaite  régularité.  Ils  sont  même  parvenus  à  faire 
naître  des  métis  entre  diverses  espèces.  Nous  récompensons 


LXII  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

aujourd'liui  d'une  menlion  honorable  le  croisement  obtenu 
par  M.  Th.  Leroux  entre  la  Perruche  de  Pennanl  et  l'Omni- 
colore.  Ce  qui  ajoule  à  l'intérêt  de  l'expérience,  c'est  que  les 
oiseaux  métis  ont  produit  à  leur  tour. 

TROISIÈME    SECTION.  —  POISSOiNS,  CRUSTACÉS,  ETC. 
niédaillo  d'or  offerte   par  le  Ministre   de   l'Agriculture. 

L'établissement  de  pisciculture  créé  à  Apeldoorn  (Pays- 
Bas)  par  M.  Noordhoeck-Hegt,  est  entré  depuis  longtemps 
dans  la  voie  pratique.  C'est  par  centaines  de  mille  qu'il 
produit  les  alevins  de  Saumons  que  le  gouvernement  néer- 
landais fait  lâcher  chaque  année  dans  les  eaux  du  Rhin. 

Les  sujets  reproducteurs  sont  saisis  en  pleine  eau,  au  mo- 
ment de  la  montée.  Les  œufs  sont  fécondés,  mis  en  incuba- 
tion ;  enfin  les  alevins  sont  conservés  jusqu'au  jour  où  ils  ont 
acquis  assez  de  force  pour  être  abandonnés  à  eux-mêmes. 

Depuis  plusieurs  années  déjà  on  a  pris  soin  de  marquer 
(à  la  nageoire  adipeuse)  les  jeunes  poissons  lâchés,  et  on  a 
pu  ainsi  maintes  fois  reconnaître,  dans  les  Saumons  péchés, 
les  élèves  sortis  des  bassins  d'Apeldoorn. 

M.  Noordhoeck-Hegt,  outre  l'élevage  des  Saumons,  s'oc- 
cupe des  divers  Salmonidés  dont  l'introduction  présente  de 
l'intérêt.  Pour  être  moins  importantes,  les  multiplications  et 
les  éducations  qu'il  fait  des  Sahno  fonlinalis,  Qulnnat,  etc., 
méritent  cependant  l'attention. 

En  décernant  à  M.  Noordhoeck-Hegt  la  médaille  d'or  offerte 
par  le  Ministre  de  l'agriculture,  la  Société  est  heureuse  de 
pouvoir  récompenser  la  création  d'un  établissement  de  pisci- 
culture pratique  des  plus  importants  et  des  plus  prospères. 

Médailles  do  première  classe. 

Bien  entendue,  la  culture  des  eaux  peut  donnei"  des  résul- 
tais pratiques  très  rémunérateurs.  Mais,  pour  réussir,  il  faut 


RAPPORT   DE   LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.  LXIII 

savoir  préparer  le  succès  par  des  installaLions  raisonnées. 
C'est  ce  que  M.  André  d'Audeyille  a  bien  compris  lorsqu'il  a 
créé  l'établissement  de  pisciculture  d'Andecy. 

Ayant  à  sa  disposition  de  belles  eaux,  il  a  fait  creuser  des 
bassins  d'alevinage  très  étendus,  et  aujourd'hui  l'entreprise 
est  en  pleine  activité.  Avant  peu  d'années,  l'établissement  de 
pisciculture  d'Andecy  récompensera  par  ses  produits  les  ef- 
forts de  son  fondateur.  La  Société  a  voulu  encourager  les 
premiers  résultats  obtenus  en  décernant  cà  M,  d'Audeville  une 
médaille  de  première  classe. 

Depuis  plusieurs  années  déjà,  la  Société  a  reçu  des  États- 
Unis  des  œufs  fécondés  de  Salmonidés,  grâce  au  concours 
oblii;eant  de  M.  Blackford. 

En  1885,  nous  avons  dû  à  cet  excellent  coopérateur  l'envoi 
d'œufs  de  Truite  arc-en-ciel  {Salmo  iricleus). 

Nous  avons  voulu  remercier  M.  Blackford  des  services  ren- 
dus à  la  Société  en  lui  décernant  une  médaille  de  première 
classe. 

Il  y  a  plus  de  trente  années  que  M.  le  vicomte  de  Causans 
a  commencé  à  s'occuper  de  pisciculture.  L'exploitation  des 
eaux  du  lac  de  Saint-Front  a  donné  des  résultats  de  plus  en 
plus  considérables;  on  peut  même  dire  des  résultats  indus- 
triels. 

La  fécondation  artificielle  est  pratiquée  chez  M.  de  Cau- 
sans sur  la  plus  grande  échelle  ;  330000  œufs  ont  été  recueil- 
lis en  1883.  Bientôt  on  arrivera,  espère-t-on,  à  un  produit 
d'un  million  d'œufs. 

La  Société  est  heureuse  de  pouvoir  offrir  à  M.  de  Causans 
une  médaille  de  première  classe. 

M.  le  capitaine  G. -M.  Dannevig  a  été  le  promoteur  de  la 
création  de  la  station  d'aquiculture,  marine  de  Flodevig  près 
Arandal  (Norvège). 

Grâce  à  l'emploi  des  appareils  dont  il  est  l'inventeur, 
M.  Dannevig pratique  avec  succès  l'élevage  de  divers  poissons 


LXVI  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

QUATRIÈME  SECTION.  —  INSECTES. 
Prix  de  500  franet^. 

Fondé  par  la  Sncielc  pour  les  travaux  llicoriques  relatifs  a  racclinialation. 

La  Société  décerne  à  M.  Alfred  Wailly  un  des  prix  fondés 
pour  récompenser  les  travaux  théoriques  relatifs  à  l'acclima- 
tation. 

Le  Catalogue  raisonné  des  séricigènes  sauvages  connus 
n'est  pas  une  simple  nomenclature,  c'est  un  travail  dans  le- 
quel sont  discutés  les  mérites  comparatifs  des  diverses  espèces 
de  Lépidoptères  producteurs  de  soie  qui  vivent  dans  toutes 
les  parties  du  monde. 

Dans  son  mémoire,  M.  Wailly  a  résumé  en  quelque  sorte 
vingt  ans  de  persévérantes  recherches,  et  les  renseignements 
fournis  par  un  savant  compétent  ont  le  plus  haut  intérêt. 

M.  Alfred  Wailly  reçoit  un  prix  de  500  francs. 

Primo     de     .lOO     franc»*. 

L^'ouvrage  intilulé  :  Leçons  sur  le  Ver  à  soie  du  Mûrier, 
publié  par  M.  E.  Maillot,  est  un  travail  des  plus  sérieux, 
dans  lequel  l'auteur  traite  avec  une  haute  compétence  tout 
ce  qui  concerne  la  conservation  des  graines,  l'élevage,  les 
maladies  des  Vers  à  soie.  Non  seulement  M.  Maillot  résume 
les  notions  acquises,  mais  il  a  su  y  ajouter  les  résultats  de 
ses  propres  études  personnelles,  le  fruit  de  ses  propres  tra- 
vaux. 

Les  Leçons  sur  le  Ver  à  soie  du  Mûrier  sont  un  livre  qu'on 
peut  considérer  comme  un  guide  pratique,  comme  un  guide 
excellent  pour  tous  ceux  qui  s'occupent  de  sériciculture. 

M.  Maillot  reçoit  une  prime  de  300  francs. 

Prime  de   lOO  francs. 

Les  Abeilles.  La  brochure  à  bon  marché,  publiée  par 
M.  de  Layens,  est  un  résumé  pratique  et  clair  de  tout  ce  que 


RAPPORT    DE    LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.        LXVII 

doit  connaître  un  apiculteur.  Mobiliste,  c'est-à-dire  partisan 
des  ruches  à  cadres  mobiles,  comme  tout  ami  du  progrès, 
M.  de  Layens  a  su  réunir  dans  son  petit  ouvrage  les  notions 
pratiques  et  les  conseils  utiles.  En  mettant  cette  publication 
à  la  portée  de  tous  par  son  prix  très  modéré,  l'auteur  a  rendu 
un  nouveau  service  à  l'apiculture,  service  que  la  Société  est 
heureuse  de  récompenser  par  une  prime  de  100  francs. 

Médaille  do  première  classe. 

Xes  renseignements  fournis  par  le  R.  P.  Gamboué  sur  les 
séricigènes  de  l'île  de  Madagascar  ont  été  accueillis  avec  in- 
térêt par  la  Société. 

Les  détails  relatifs  aux  Vers  à  soie  indigènes,  dont  les  Mal- 
gaches tirent  la  soie  de  leurs  étoffes  dites  Lamba-landy,  et 
qu'ils  appellent  Bibindandy,  ont  particulièrement  attiré  l'at- 
tention. 

La  Société  est  heureuse  de  remercier  le  R.  P.  Gamboué  de 
son  concours  en  lui  décernant  une  médaille  de  première 
classe. 

llention  honorable. 

Une  mention  honorable  est  accordée  à  M.  E.  Gharrin,  qui 
s'est  occupé  avec  succès  de  l'éducation  de  Vers  à  soie  du 
Ghêne  {Attacus  Pemyi)  à  l'orphelinat  agricole  de  Laforet 
dans  le  Gantai. 

Les  résultats  de  cette  expérience  ont  été  assez  satisfaisants. 
Il  faut  espérer  que  dans  l'avenir  on  donnera  à  ces  essais  plus 
d'importance, 

cinquième    SECTION.  —  végétaux. 

■Jll  ^  ,XÏI 

Grande  médaille  d'or  (Hoi'S  classe) 
A  l'effigie  d'Isidore  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Ghargé  parla  Société  d'étudier  les  productions' Végétales 
du  Japon  qui  ont  figuré  à  l'Exposition  universelle  de  1878, 
M.  le  D'  Mène  s'est  livré  aux  recherches  les  plus  conscien- 


LXVIII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION-       . 

cieuses,  les  plus  approfondies.  Il  s'est  entouré  de  renseigne- 
ments complets,  circonstanciés,  sur  les  sujets  les  plus  divers. 
Il  a  groupé  des  faits  épars;  il  a  profité  de  toutes  les  bonnes 
volontés  qu'il  a  su  faire  naître.  A  force  de  sagacité,  de  travail 
et  de  ténacité,  notre  collègue  nous  a  apporté  une  œuvre  ex- 
cellente, une  œuvre  achevée  et  parfaite,  faisant  connaître  de 
la  façon  la  plus  complète  les  richesses  végétales  du  Japon  et 
les  produits  qu'on  en  peut  obtenir.  Le  botaniste,  le  voya- 
geur, l'industriel,  l'horticulteur,  consulteront  avec  fruit  cet 
ouvrage  important,  dû  à  l'esprit  critique  et  au  patient  labeur 
de  notre  collègue. 

Les  premiers  fascicules  de  cette  publication  ont  valu  à  leur 
auteur  une  des  récompenses  de  la  Société.  Aujourd'hui  le 
livre  est  terminé,  et  il  est  apprécié  comme  il  mérite  de  l'être 
par  les  juges  les  plus  compétents.  La  Société  remercie  le 
D''  Mène  de  ses  efforts;  elle  est  heureuse  de  pouvoir  lui  dé- 
cerner la  plus  haute  des  récompenses  dont  elle  puisse  dis- 
poser, la  grande  médaille  d'or  hors  classe. 

Médailles  de  première  clattse. 

Dans  le  courant  de  l'année  1885,  la  Société  a  entendu  les 
communications  de  MM.  Zeiller,  Godefroy-Lebeuf  et  Duval 
(de  Versailles)  sur  les  Orchidées  de  serre  froide.  Bien  que  ces 
végétaux  ne  puissent  vivre  sans  abris  sous  le  climat  du  nord 
de  l'Europe,  ils  présentent  cependant  un  très  réel  intérêt  au 
point  de  vue  de  la  décoration  de  nos  demeures,  et  même  au 
point  de  vue  de  la  décoration  de  nos  jardins  dans  la  région 
de  l'Oranger. 

Les  lauréats  que  la  Société  récompense  aujourd'hui  ont 
démontré,  par  les  expériences  qu'ils  ont  faites,  par  leurs  com- 
munications, les  résultats  importants  qu'on  peut  obtenir,  pour 
l'ornementation,  de  ces  végétaux  aux  fleurs  éclatantes  et  par- 
fumées, qui  semblaient,  il  y  a  peu  d'années  encore,  réservés 
à  la  culture  des  serres  chaudes  et  aux  riches  collections.  Au- 
jourd'hui, pourvu  qu'on  sache  choisir,  tout  le  monde  peut 
parer  sa  demeure  de  fleurs  d'Orchidées,  puisqu'une  serre  à 


RAPPORT   DE    LA    COMMISSION   DES   RECOMPENSES.  LXIX 

Géranium,  et  peut-être  même  de  modestes  châssis,  suffisent 
pour  cultiver  avec  succès  ces  plantes  réputées  si  difficiles 
autrefois. 

La  Société  décerne  à  MM.  Zeiller,  Godefroy-Lebeuf  et  Duval 
(de  Versailles),  des  médailles  de  première  classe. 

L'introduction  en  France  du  Pacanier  des  États-Unis 
(Cari/a  olivœformis) ,  qui  pourrait  fournira  notre  industrie  un 
bois  méritant,  a  été,  à  diverses  reprises,  l'objet  de  l'attention 
de  la  Société. 

Grâce  aux  envois  de  semences  faits  par  M.  Sanford,  des 
essais  importants  pourront  être  tentés. 

La  Société,  reconnaissante  du  concours  que  lui  a  donné 
M.  Sanford,  lui  décerne  une  médaille  de  première  classe. 

M.  VoiNiER,  médecin  vétérinaire  à  l'armée  du  Tonkin,  a 
su  créer  en  peu  de  mois,  à  Hanoï,  un  véritable  potager 
européen.  Grâce  à  son  initiative,  nos  compatriotes  ont  pu 
trouver  dans  l'Extrême-Orient  des  légumes  frais  et  de  bonne 
qualité.  M.  Voinier  a  donné  un  excellent  exemple.  Il  a  prouvé 
expérimentalement  les  résultats  que  peut  donner,  même  dans 
les  conditions  les  plus  difficiles,  une  culture  bien  conduite. 

M.  Voinier  reçoit  une  médaille  de  première  classe. 

Médaille  de  seconde  classe. 

Dans  un  mémoire  étendu,  M.  P,-L.  Simmonds  a  étudié  les 
progrès  de  la  culture  des  Eucalyptus  dans  les  différentes  par- 
ties du  globe.  Ce  travail  consciencieux  contient  un  grand 
nombre  de  renseignements  utiles  et  nouveaux.  Il  montre  qu'en 
moins  de  vingt  ans  les  Eucalyptus  ont  été  introduits  avec 
succès  dans  un  grand  nombre  de  contrées,  sous  les  latitudes 
les  plus  diverses. 

M.  Simmonds  fait  en  outre  connaître  dans  son  mémoire  les 
résultats  obtenus  en  divers  lieux  des  nombreuses  espèces 
d'Eucalyptus  mises  en  expérience. 

Ce  travail  a  reçu  à  la  Société  le  meilleur  accueil,  et  il  est 
décerné  à  son  auteur  une  médaille  de  seconde  classe. 


LXX  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

RÉCOMPENSES  PÉCUNIAIRES 

Une  récompense  pécuniaire  de  200  francs  est  accordée  a' 
M.  Pierre  Bosc,  pisciculteur  chez  M.  le  vicomte  de  Gausans. 

Attaché  depuis  de  longues  années  à  l'établissement  de 
Saint-Front,  le  sieur  Bosc  a  rendu  les  plus  grands  services  à 
la  pisciculture.  Son  zèle,  son  intelligence  sont  appréciés 
comme  ils  le  méritent  par  M.  de  Gausans. 

Une  récompense  pécuniaire  de  100  francs  est  accordée  à 
M.  Henri  Véniat,  jardinier  chez  notre  excellent  collègue, 
M.  Paillieux,  Le  sieur  Henri  Véniat  est  un  serviteur  dévoué, 
que  la  Société  est  heureuse  de  pouvoir  récompenser. 

Primes  fondécN  par  feu   Agron  do  Gerniigny 

Pour  récompenser  les  bons  soins  donnés  aux  aninianx  ou  aux  plantes. 

Prime  de  200  francs. 

M.  Blondel,  gardien  chef  des  Mammifères  au  Jardin  zoolo- 
gique d'acclimatation  depuis  plus  de  vingt-cinq  ans,  reçoit  la 
prime  de  200  francs. 

Prime  de  flOO  francs. 

M.  ScH.^FFER,  employé  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle,  reçoit  la  prime  de  100  francs. 


Primes  offertes   par  l'administration  du  Jardin  zoologiqne 
d'jtcciimatation  à.  ses  employés. 


''  M. 

Bouvière  .  .  . 

(Service 

des 

;  Mammifères).  — 200  fr. 

M. 

Moutard.  .  .  . 

Oiseaux).  ' 

:':      100  fr. 

M. 

Debaize 

Mammifère 

!s).       100  fr. 

M. 

Baudouin.  .  .  . 

Poneys).  . 

.  .       100  fr. 

M. 

Baudouin  jeune 

— 

-    ) 

25  fr. 

"  M. 

MOY 

-    ) 

25  fr. 

M. 

Bodevin  .  .  .  . 

-    ) 

25  fr. 

M. 

Testard.  .  .  . 

r   tiiiUn: 

25  fr. 

ffO- 

RAPPORT 

AU  NOM  DE  LA  COMMISSION  DE  COMPTABILITÉ 
SUR   L'EXERCICE    1885 

Par  M.    le   D'    iSAINT-YVES    MÉIVARD 

Trésorier. 


Messieurs, 

Comme  nous  sommes  réunis  en  famille  pour  les  raisons  que  vous  a 
exposées  M.  le  Président,  votre  Conseil  a  pensé  qu'il  convenait  de  vous 
parler  dans  celte  séance  de  nos  intérêts  matériels.  J'aurais  à  m'excuser 
de  l'aridité  du  sujet  si  vous  ne  compreniez  que,  pour  une  œuvre  d'ini- 
tiative privée  comme  la  nôtre,  la  situation  financière  a  l'importance  de 
l'aliment  pour  les  êtres  vivants. 

J'ai  donc  l'honneur  de  vous  faire  connaître,  au  nom  de  votre  Commis- 
^  sion  de  comptabilité,  la  situation  financière  de  la  Société  en  vous  pré- 
sentant, d'une  part,  l'état  des  recettes  et  des  dépenses  du  dernier  exer- 
cice ;  d'autre  part,  le  bilan  au  31  décembre  1885. 

Pour  vous  permettre  d'apprécier  les  chiffres,  je  vous  ferai  comparer 
ceux  de  l'année  1885  à  ceux  de  l'année  précédente. 


Recettes  ordinaires. 

Cotisations  annuelles.  —  Le  total  des  cotisations  annuelles  a  baissé 
de  -2822  francs. 

<>{.;  Ce  n'est  pas  que  le  nombre  des  membres  anciens  ait  diminué  sensi- 
blement plus  que  d'ordinaire,  c'est  surtout  le  recrutement  de  membres 
nouveaux  qui  a  laissé  à  désirer. 

Le  dénombrement  de  la  Société  au  31  décembre,  après  les  démissions 
et  les  décès,  s'établit  comme  suit  :  'i- 

._    i,6'J4  membres  ou  sociétés  agrégées  payant  cotisation  à  25  fr...     42,350  fr. 
27  membres   nouveaux   entrés   après    le  30  juin,  ayant  payé 

9  francs 243  fr. 

Tolal  (les  cotisations  annuelles.' , 42,593  fr. 

-lOlllOV 

16  membres  honoraires.  '" 

478  membres  à  vie. 
10  sociétés  atliliées. 

2,225  au  total,  soit  103  de  moins  qu'en  1884. 


LXXII  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D'aCCLIMATATION. 

Droits  d'entrée.  —  Ce  chiffre  nous  donne  la  mesure  de  la  faible  acti- 
vité de  notre  recrutement  : 
Nous  avons  compté  : 

En  1883 191  membres  nouveaux. 

En  1884 133  — 

En  1885 81  — 

Il  semble  que  nous  subissions  le  contre-coup  de  la  crise  des  affaires 
et  de  la  gêne  générale.  Nous  voulons  espérer  que  cet  état  de  choses 
prendra  fin  et  que  nous  cesserons  de  suivre  une  progression  descen- 
dante. 

Les  revenus  des  valeurs  de  la  Société  ont  diminué  de  376  fr.  25;  je 
vous  en  donnerai  l'explication  en  vous  exposant  les  dépenses  extraor- 
dinaires. 

La  subvention  du  ministère  de  l'agriculture  a  été  diminuée  de  500  fr.; 
c'est  le  résultat  d'une  mesure  générale. 

Les  tirages  à  part,  les  abonnements  et  annonces  du  Bulletin  et  de 
la  Chronique  ont  produit  un  peu  moins  que  l'année  dernière. 

La  location  de  la  salle  a  donné  aussi  un  peu  moins. 

Au  total,  les  recettes  ordinaires  de  l'année  1885  sont  inférieures  de 
4885  fr.  10  à  celles  de  l'année  1884. 

Recettes  extraordinaires. 

Sous  ce  titre,  nous  comprenons  les  receltes  qui  ne  doivent  pas  faire 
face  aux  dépenses  courantes;  telles  sont  les  cotisations  définitives 
(3000  francs  eu  1884,  2500  francs  en  1885)  destinées  à  être  capitalisées 
pour  assurer  le  service  des  membres  à  vie;  telles  sont  aussi  les  recettes 
imprévues,  qui  se  trouvent  être  cette  année  d'une  assez  grande  impor- 
tance, grâce  à  la  libéralité  d'un  de  nos  confrères,  M.  Vauvert  de  Méan, 
consul  de  France  à  San-Francisco,  membre  de  la  Société  depuis  l'année 
1860,  qui  a  toujours  eu  à  cœur  l'extension  de  l'influence  française  et 
s'est  intéressé  tout  particuHèrement  aux  oeuvres  d'initiative  privée  con- 
çues dans  un  but  d'utilité  générale.  C'est  à  ce  titre  qu'il  a  apprécié  les 
efforts  de  la  Société  d'Acclimatation  ;  il  a  été  pénétré  de  l'importance 
des  services  qu'elle  a  rendus;  enfin,  désireux  de  contribuer  largement 
à  ceux  qu'elle  peut  rendre  dans  l'avenir,  il  lui  a  légué  par  testament 
une  somme  de  15000  francs. 

Le  jour  où  nous  inscrivons  à  notre  actif  le  legs  du  généreux  dona- 
teur, nous  voulons  témoigner  toute  notre  reconnaissance  au  collègue 
regretté. 


SITUATION    FINANCIÈRE   DE   LA   SOCIÉTÉ.  LXXIII 


Dépenses  ordinaires. 

Dans  une  année  où  les  recettes  tendaient  à  baisser,  il  était  indiqué  de 
chercher  à  réduire  les  dépenses.  Telle  a  été  la  préoccupation  de  votre 
Conseil,  qui  est  parvenu  à  maintenir  à  peu  près  l'équilibre. 

Le  Bulletin  mensuel  a  coûté  2900  francs  de  moins,  et  la  Chronique 
500  francs  de  moins  que  dans  l'exercice  précédent. 

De  même  des  économies  ont  été  réalisées  sur  le  chauffage  et  Véclai- 
rage,  les  frais  généraux,  les  frais  de  bureau,  les  impressions  diverses, 
les  frais  de  recouvrement,  \a.  sténographie,  la  séance  publique. 

La  redevance  au  Jardin  d'acclimatation  s'est  trouvée  plus  faible, 
puisqu'elle  dépend  du  nombre  des  membres. 

Seuls  les  frais  de  correspondance,  les  cotisations  perdues,  les  impo- 
sitions, les  cheptels,  offrent  une  légère  augmentation. 

Les  dépenses  de  loyer  et  de  personnel  restent  stalionnaires. 

Au  résumé,  les  dépenses  ordinaires  sont  moindres  de  104.64  fr.  90. 

Si  bien  que  les  comptes  se  soldent  par  un  excédent  de  dépenses  in- 
signifiant (697  fr.  35). 

Dépenses  extraordinaires. 

Les  dépenses  extraordinaires  comprennent  les  frais  d'enregistrement 
pour  le  legs  de  M.  Vauvert  de  Méan,  et  une  petite  partie  des  dépenses 
occasionnées  par  notre  nouvelle  installation,  qui  a  été  commencée  à  la 
fin  de  l'année  1885  (15006  fr.  90). 

Pour  faire  face  à  ces  dépenses,  nous  devons  distraire  une  partie  de 
notre  capital.  C'est  précisément  la  vente  de  certaines  valeurs  qui  a  di- 
minué déjà  un  peu  nos  revenus,  comme  je  vous  le  faisais  remarquer  au 
début  de  mon  rapport. 


LXXIV 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


BILAN   AU 


ACTIF 


Valeurs  disponibles 


Caisse 

Banque  de  France. 


Obligations  de  chemins  de  fer  et  autres. 


Titre  de  rente  Dutrône. 


Cotisations,  Droits  d'entrée,  etc.,   à  re- 
couvrer  


Crédit  Lyonnais 

Jardin  d'acclimatation  de  Paris 

Hodocanachi,  banquier 

Société  centrale  de  médecine  vétérinaire. 

Valeurs  réulisabies 

Bibliothèque 

Mobilier 

Valeur  des  animaux  chez  les  chepteliers. 
Loyer  d'avance 


Divers 

100  actions  du  Jardin  d'acclimatation.. 
Legs  Vauvert  de  Méan 


1S«« 

1.387 

50 

7.087 

05 

t6.5-i6 

75 

2.7U0 

)) 

1.300      » 
2    30 


5.294  65 
4.911  90 
6.820    20 


25.000      » 


201.050    35 


flSSâ 


608 

45 

6.038 

10 

16.328 

75 

2. 700 

II 

7.896 

» 

2 

30 

142 

90 

931 

55 

250 

» 

5.594  70 

5.046  75 

5.505  30 

4.000  I) 


25.000      « 
15.000      » 


SITUATION   FINANCIÈRE   DE   LA   SOCIETE. 


LXXV 


31    DÉCEMBRE   1885. 


PASSIF 


Divers  à  payer 

Jardin  d'acclimatation  de  Paris 

Recettes  faites  pour  l'exercice  suivant. . 
Prix  offert  par  feu  Bérend,  à  décerner. . 
Loyer  à  payer 


tS)^4 

11.639  30 

-1.716  85 

392  » 

1.000  » 


ftSS5 
5.780    60 

»  H 

489  .) 
1  000  » 
1.375      .. 


I 


■ittthitfi. 

'<    rH 

14.748 
186.302 

15 

20 

8.644 
180.460 

60 
20 

201 .050 

35 

195.104 

80 

LXXVIII  SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

BIIi.*]ll   AU   31    DÉCEMBRE    ISS5. 

*    Notre  situation  financière  est  toujours  satisfaisante  ;   l'excédent  de 
notre  actif  n'a  pas  varié. 

i 

;  Actif. 

L'encaisse  est  de  668  fr.  45. 

Le  dépôt  à  la  Banque  s'élève  à  6038  fr.  10. 

Les  valeurs  mobilières  figurent  pour  H  6  328  fr.  75,  déduction  faite  de 
celles  que  nous  avons  dû  vendre  (30218  fr.  75).  Nous  conservons  l'ha- 
bitude, adoptée  jusqu'ici,  de  compter  ces  valeurs  aux  prix  d'achat; 
mais  les  cours  au  31  décembre  dernier  nous  assuraient  une  plus-value 
notable. 

Les  cotisations  et  autres  créances  restant  à  recouvrer  représentent 
une  somme  un  peu  élevée  (7896  francs),  mais  n'en  sont  pas  moins  un 
actif  certain. 

La  bibliothèque,  le  mobilier,  les  animaux  en  cheptel,  n'ont  pas  changé 
sensiblement  de  valeur  (1614.6  fr.  75). 

'  Un  article  nouveau  se  présente  ici,  c'est  un  terme  de  loyer  d'avance 
(4000  francs)  remis  à  notre  nouveau  propriétaire,  suivant  les  conditions 
'du  bail. 

Les  actions  du  Jardin  d'acclimatation  figurent  toujours  pour 
25000  francs. 

I    Enfin  le  legs  de  M.  Vauvert  de    Méan  sera  inscrit  à  part  jusqu'au 
jour  où  il  pourra  être  représenté  en  valeur  mobilière. 
.  Total  de  l'actif  :  195104  fr.  80. 


i 


Passir. 


Notre  passif  est  toujours  composé  de  divers  mémoires  qui  n'ont  pas 
du  être  réglés  avant  la  clôture  de  l'exercice  (5780  fr.  50)  ; 
ï    De  cotisations  de  l'année  1886,  encaissées  d'avance  (489  francs); 

D'une  somme  de  1000  francs,  offerte  par  feu  Bérend  et  représentant 
un  prix  à  décerner  ; 

D'un  terme  de  loyer  échu  et  non  encore  payé  (1375  francs). 

Au  total,  864i  fr.  60.  ; 

L'excédent  de  l'actif  est  ainsi  de  186460  fr.  20. 

Vous  venez  de  voir,  Messieurs,  que  l'équilibre  des  recettes  et  des  dé- 
penses a  été  obtenu  par  suite  de  grosses  économies  dans  l'adminis- 
tration. 
I    Mais,  pour  le  bien  de  la  Société,  il  est  désirable  que  le  temps  des 


SITUATION    FINANCIÈRE    DE    LA   SOCIÉTÉ.  LXXIX 

économies  forcées  ne  soit  pas  de  longue  durée  ;  vous  avez  bien  des  efforts 
à  encourager,  bien  des  travaux  à  récompenser,  beaucoup  de  bonnes  vo- 
lontés à  diriger.  Pour  cela,  vous  avez  besoin  de  grandes  ressources,  pI 
vous  ne  les  trouverez  que  par  l'accroissement  du  nombre  des  sociétaires. 
Telle  est  la  conclusion  forcée  du  rapport  d'un  trésorier.  Notre  prospérité 
matérielle  en  dépend. 


JARDIN   D'ACCLIMATATION   DU    BOIS    DE  BOULOGNE 


RAPPORT 

PRÉSENTÉ  AU  NOM  DU  CONSEIL  D'ADMINISTRATION 

Par  ML    A.   GEOFFROY  SAIIVT-HILAIRE 

DIRECTEUR  DU  JARDIN 

A  l'Assemblée  générale  ordinaire  des  Aclionnaircs  du  20  mai  1886. 


PRÉSIDENCE  DE   M.   F.   JACQUEMART, 
Président  du  Conseil  d'administration. 

Messieurs, 

Au  nom  du  Conseil  d'administration,  nous  avons  l'honneur  de  vous 
présenter  les  comptes  de  l'année  1885. 

Vous  trouverez  ci-dessous  les  chiffres  du  bilan  arrête  au  31  dé- 
cembre dernier. 

Bilan   au  Si   décciultro  tS94. 

ACTIF. 
Valeurs  immobilisées. 

Création  du  Jardin 1,024,110  50  ^ 

Travaux   neufs   et    appropriations  diverses  M, 731, 253  08 

exécutés  depuis  la  création  du  Jardin..  707,142  58  ; 
Le  capital  employé    (1,731,253  fr.  08)   fera 

retour  à  la  Ville  à  la  fin  de  la  concession. 

Valeurs  réalisables. 

Animaux 420,725  50  \ 

Approvisionnements ^ll'fH  '^^  )     850,786  05 

Cautionnement 10,000  »  l 

Mobilier 206,819  20  j 

Valeurs  disponibles. 

Caisse 2,90165) 

Effets  à  recevoir »      »  5      68,436  10 

Débiteurs  divers 65,534  45  ) 

Excédent  du  passif 22,187  65 

Total 2,672,662  88 


SITUATION    FINANCIEP.E   DU   JARDIN.  LXXXI 

PASSIF. 

Capital  immobilisé. 

Sommes  employées  en  immobilisation 
(voy.  ci-contre) 731,253,  08 

Engagements  sociaux. 

Capital-Actions  (2000  actions  à  500  fr.)     1,000,000     »     1,731,253  08 
Engagements  envers  les  tiers  (â  terme) 

Dette  consolidée  :  702  obligations  à 
•470  fr.  (Solde  des  1060  oblige  émises 
sur  l'emprunt  autorisé  de  1200.) . .        329,940     » 

{Exigibles.} 

Service  de  l'emprunt:  obligations  sor- 
ties aux  tirages  et  intérêts  des  cou- 
pons        27,662  50 

Créanciers  divers ,578,400  50       006,063     «       936,003    ,; 

Réserve. 
5  V„  du  bénéfice  de  l'exploitation  en  1883  (108,135  85)..  5,406  80 


ToTAi 2,672,662  88 

Pa.«isir. 

Vous  voyez  figurer  au  passif  du  bilan  : 

1°  Le  capital  immobilisé  en  travaux  neufs  depuis  la  création  du  Jardin 
zoologifjue  d'acclimatation,  soit  731  i253  fr.  08; 

2"  Le  capital  initialement  fourni  par  les  actionnaires,  soit  un  railbon 
Je  francs  ; 

3"  Ce  qui  reste  dû  sur  l'emprunt  émis  en  1876,  déduction  faite  des  obli- 
gations amorties,  jusqu'au  tirage  du  15  décembre  dernier  (1885)  inclu- 
sivement, soit  329940  francs. 

Au  !"■  janvier  188G,  trois  cent  cinquante-huit  (358)  obligations  avaient 
été  successivement  extraittss  de  la  roue  et  remboursées  ; 

4"  Dans  le  passif,  que  nous  soumettons  à  votre  examen,  les  engage- 
ments exigibles  comptent  pour  606  003  francs.  Les  valeurs  actives  qui 
figurent,  d'autre  part,  représentent  et  au  delà  l'importance  de  l'ensemble 
de  ce  passif. 

Af<îl.  ' 

L'actif,  porté  au  bilan  qui  vous  est  soumis,  comprend  : 
1"  Les  valeurs  immobilisées.  La  création  du  Jardin  a  coûté  1  million 
24110  fr.  50.  Les  appropriations  diverses,  les  travaux  neufs  exécutés 
4"  SÉKIE,  T.  m.  —  Séance  publique  annuelle.  /■ 


LXXXII  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

depuis  l'origine  de  la  Société  ont  employé  une  somme  de  707  14.î?fr.  58. 
C'est-à-dire  que  la  création  et  les  développements  ultérieurs  de  l'éta- 
blissement que  vous  avez  fondé  sur  la  concession  municipale,  ont  occa- 
sionné, à  la  date  du  31  décembre  1885,  une  dépense  totale  de  1  million 
731  253  fr.  08. 

Ce  capital  immobilisé  figure  à  votre  actif  pour  représenter  le  capital 
initial,  qui  a  été  fourni  par  les  actionnaires,  et  aussi  pour  clairement  éta- 
blir l'emploi  des  bénéfices  réalisés  successivement  par  l'exploitation  (1). 

Mais  nous  ne  devons  pas  oublier  que  nous  avons  seulement  la  jouis- 
sance (pour  un  long  temps,  il  est  vrai)  de  l'établissement  créé,  puisqu'en 
1938,  dans  cinquante-trois  années,  il  fera  retour  à  la  Ville,  avec  tous  les 
aménagements  divers  qu'il  contiendra. 

Pour  expliquer  clairement  cette  situation,  nous  avons  fait  figurer  au 
passif,  cette  année,  comme  de  coutume,  un  chiffre  exactement  égal  aux 
sommes  employées  en  immobilisations  et  qui  sont  inscrites  à  l'actif. 

11  n'est  pas  inopportun  de  faire  observer  que  dans  l'établissement  de 

(1)  Résultats  annuels  de   l'exploitation   du   Jardin  zoologique  d'acclimatation 

(le  1860  à  1885. 

Insuffisance  Excédent 

dos   Reccitos.  des   Recettes. 

1860  (3  mois) 4.,982  40 

1861 39,341  54 

1862 90,186  17 

1863 78,461  52 

1864 52,967  88 

1865 15,053    05                  »  » 

1866 25,217  65 

1867 45,243  70 

1868 40,145    64                 » 

1869 19,608  « 

1870 51,799    85 

1871 41,551     16                  »  » 

1872 22,356  « 

1873 37,250  05 

1874 40,382  40 

1875 27,757     60                 «  >. 

1876 17,004  75 

1877 83,852  05 

1878 96,049  90 

1879 91,734    88                  »  « 

1880 46,829    80                  «  » 

1881 102,746  20 

1882 146,225  65 

1883 108,135  85 

1884 27,063    80                 »  » 

1885 4,220  70 

Total 341,935    78       1,014,232    41 

Le  total  des  insuffisances  de  recettes,  les  années  1870  et  1871  {Guerre 
franco-allemande  et  Commune)  comprises,  est  de  341  935  fr.  78.  Le  total  des 
excédents  de  recettes  réalisées  est  de  1  014  232  fr.  41.  Depuis  sou  commence- 
ment jusqu'au  1"  janvier  1886,  l'exploitation  a  donc  produit  072  290  fr.  63  de 
plus  qu'elle  n'a  coûté. 


SITUATION    FINANCIERE    DU   JARDIN.  LXXXIII 

ce  bilan,  nous  n'avons  jamais  tenu  aucun  compte  de  la  valeur  de  la  con- 
cession et  de  l'achalandage  qui  nous  est  acquis. 

Dans  le  courant  de  l'exercice  1885,  le  compte  des  travaux  neufs  s'est 
peu  augmenté.  11  a  été  chargé  de  l'amortissement  de  la  construction  du 
manège  et  de  la  maison  du  chenil,  et  aussi  de  quelques  dépenses  sans 
importance. 

L'ensemble  de  ces  travaux  neufs  a  coûté  14805  fr  90. 

Constructions  nouvelles  faites  en  1885. 

Amortissement  de  la  construction  du  manège 8,56-4    60 

—  de  la  maison  du  chenil 3,933      » 

Dépenses  diverses 2,308    30 

Total 1-4,805    90 

2°  Les  valeurs  réalisables  comptent  pour  850  786  fr.  05  dans  le  bilan 
que  nous  vous  présentons.  Le  tableau  suivant  vous  fera  connaître  les 
éléments  constituant  ce  chiffre  important. 

1881  1882  1883  1884  1885 

A.  Collection  des  animaux.      3il,878  65    366,763  d5    414,238  55    403,466  25    420,725  50 

B.  Plantes  diverses  dispo- 

nibles         96,614     »     116.458  35    123,043  55    127,222     »    148,403  90 

C.  Mohilier  et  Outillage..        99,058  90    102,937  15    126,390  25     140.329  75    138,413  50 

D.  Appruvisioniii'nients  di- 

vprs,  chai)ffaoe,  nour- 
riture, libriirio,  etc..        40,870  10      50,093  05      57,194  25      67,46165      64,837  45 

E.  Tramway  extérieur,  voie 

et  matériel 65,062  80      69,922  10      65,42195      63,975  10      60,776  35 

F.  Cautionnement     de'posé 

dans  les  caisses  de  la 

Ville   de  Paris 5,000     »        5,000     »       10,000     »       10,000     »       10,000     » 

G.  Outillai'o  et  Matériel  à 

Meulan 1,578    »        5,601     «         3,705  55        7,424  70        7,629  35 

650,062  45    716,774  10    799.994  10    819,879  45    850,786  05 

Les  valeurs  disponibles  figurant  à  l'actif  représentent  68  436fr.  10. 
Compte  (l'csploUation  de  roxorcice  1^95. 


Recettes. 

Subvention  du  Ministère  de 

l'Agriculture 4,000  » 

Participation  sur  colisalions 

des  membres  de  la  Société 

d'Acclimatation 3,820  » 

Entrées  du  Jardin 312,914  75 

Abonnements. . . , 5,487  50 

Promenades 39,845  25 

Location  des  chaises 1 1,485  10 

Exposition  permanente....  3,761  » 

Loyer  du  bullet 13,998  » 

Manège 13,259  10 


Dons  d'animaux 873  80 

Bénéfice  ducompfanimaux, 

mortalité  déduite 34,041  40 

Saillies 4,988  85 

Ventes  des  œufs 9,322     » 

Bénéfice  du  compte  graines 

et  plantes 41,477  65 

Pré  t-itelan 6,863  70 

Succursale  de  Meulan 854  50 

Tramways 35,722  25 

Panorama 3,222  25 

Total.... 550,940  10 


LXXXIV 


SOCIETE   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


Dépenses. 

Personnel 173,065  25 

Uniformes 12,396  10 

Nourriture  des  animaux...  157,614  60 

AquariimT 3,292  70 

Entretien  des  bâtiments.  ..  19,761  35 

Entrelien  des  clôtures 5,023  10 

Entretien  du  Jardin 2,(S83  65 

Abonnement  des  eaux 3,260  50 

Gbauffage  et  éclairage. .. .  14,521  55 
Mobilier  industriel  et  outil- 
lage   34,795  75 

Outils  de  jardinage 720  05 

Concerts 30,873  10 

Frais  de  bureaux 6,362  50 

Frais  de  correspondance. . .  4,484  55 

Publicité.... 6,500  30 


Loyers 4,631  45 

Assurances 3,194  20 

Impositions 5,206  80 

Timbre  et  impôt  des    ac- 
tions et  obligations 2,630  05 

Assemblée  générale 975  75 

Frais  généraux 34,504  90 

Ilucber 1,312  70 

Librairie 203  70 

Intérêts  des  obligations..  . .  18,475     » 


Total   des  dépenses  de 

l'exercice  1885 546,719  40 

Excédent  des  receltes  de 
l'exercice  1884 4,220  70 


Total 550,940  10 


Dépenses. 

Le  total  des  dépenses,  pour  l'année  1885,  s'est  élevé  à  546  719  fr.  40. 
Ce  chiffre  est  inférieur  de  45  922  fr.  15  à  celui  des  dépenses  de  1884  et 
de  180  738  fr.  15  à  celui  de  l'année  1883.  Notre  exploitation  a  subi  le 
contre -coup  des  enil)arras  qui  paralysent  en  ce  moment  le  mouvement 
des  affaires  et  nous  avons  dû  modérer  nos  dépenses  le  plus  possible. 

Recettes. 

Le  chiffre  atteint  par  les  receltes  de  toutes  natures,  en  1885,  s'est 
élevé  à  550940  fr.  10.  Le  produit  des  entrées  a  été  particulièrement 
faible,  il  est  resté  de  40  000  francs  environ  au-dessous  des  résultats  de 
1884.  Pendant  les  premiers  mois  le  nombre  de  nos  visiteurs  avait  été 
satisfaisant,  mais  après  mai  l'exploitation  a  été  souvent  contrariée  par 
le  mauvais  temps. 

Par  contre,  nous  avons  vu  certains  chapitres  de  receltes  donner  des  plus- 
values  intéressantes.  Le  bénéfice  du  compte  Animaux  et  celui  du  compte 
Graines  et  Plantes  ont  fourni  des  ressources  importantes,  aussi  le  résultat 
final  de  l'exercice  a-t-il  été  un  excédent  de  recettes  de  4220  fr.  70. 

Nous  devons,  en  terminant,  Messieurs ,  vous  demander  l'approbation 
des  comptes  que  nous  vous  avons  présentés. 

Vous  n'avez  pas  oublié,  Messieurs,  que  la  Ville  de  Paris  a  accueilli  en 
1882  la  demande  de  prolongation  de  concession  que  votre  Conseil  d'ad- 
ministration lui  avait  adressée  avec  votre  autorisation. 

Depuis  cette  époque,  vos  administrateurs  n'ont  pas  cessé  de  se  préoc- 
cuper des  obligations  qui  résultent  pour  votre  Société  des  avantages 
nouveaux  que  la  Ville  de  Paris  lui  a  accordés. 

Mais,  il  faut  li  reconnaître,  il  a  été  assez  difficile,  jusqu'à  ce  moment, 
de  réaliser  le  programme  qui,  de  l'avis  de  tous  ceux  qui  l'ont  étudié, 
doit  améliorer  les  conditions  dans  lesquelles  se  fait  l'exploitation. 


SITUATION    FINANCIÈRE   DU   JARDIN.  LXNXV 

Nous  nous  sommes  trouvés  dans  un  sérieux  embarras.  Pour  exécuter 
les  travaux  projetés,  il  faut  obtenir  d'une  assemblée  générale  extraordi- 
naire, rautorisation  d'émettre  des  obligations.  Or,  votre  capital  actions 
est  tellement  divisé  que,  dans  l'état  actuel  des  choses,  il  serait,  pour 
ainsi  dire,  impossible  de  constituer  cette  assemblée. 

Après  avoir  sérieusement  étudié  la  question,  votre  Conseil,  usant  des 
pouvoirs  que  vous  lui  avez  conférés  dans  la  séance  du  21  avril  1883,  a 
voté  l'émission  de  mille  actions  nouvelles. 

Ces  mille  actions  qui,  placées,  nous  permettront  de  réunir  une  assem- 
blée générale  extraordinaire  pouvant  délibérer  valablement,  nous  avons 
aujourd'hui  la  certitude  de  les  voir  souscrire,  car  un  groupe  financier 
est  prêt  à  assurer  le  succès  de  l'émission,  mais  ce  groupe  financier, 
formé  d'actionnaires  de  la  Société,  souhaiterait  d'avoir  un  certain  nombre 
de  places  dans  le  Conseil. 

Pour  faciliter  les  négociations  en  cours,  tous  vos  administrateurs  ont 
pensé  qu'ils  devaient  se  retirer. 

Ils  vous  demandent,  Messieurs,  de  vouloir  bien  accepter  leurs  démis- 
sions et  de  leur  en  donner  acte  en  votant  les  résolutions  suivantes  : 

Première  résolution  : 

L'Assemblée  générale  accepte  la  démission  de  :  MM.  Jacquemart, 
Blount,  Uodocanachi,  Edouard  André,  Henri  Aron,  comte  de  Camondo, 
Tony  Conte,  A.  d'Eichthal,  comte  d'Eprémesnil,  duc  de  Fitz-James,  Flury 
Hérard,  baron  Gérard,  Alfred  Grandidier,  duc  de  La  Piocbefoucauld-Dou- 
deauville,  0.  Maggiar,  Pierre-Amédée  Pichot,  baron  Alphonse  de  Roth- 
schild, M.  de  Saint-Paul,  marquis  de  Selve,  A.  Touchard,  prince  de  Wa- 
gram,  membres  du  Conseil  -d'administration  de  la  Société,  et  leur  donne 
décharge  pleine  et  entière  à  l'égard  de  leurs  fonctions. 

Deuxième  résolution  : 

Vu  l'article  17  des  statuts  prescrivant  que  la  Société  sera  administrée 
par  quinze  administrateurs,  l'Assemblée  générale  nomme  pour  cinq 
années  : 

MAL  Edouard  André,  Amédée  Berlhoule,  Albert  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  Alfred  Grandidier,  Er.  Jacquemart,  duc  de  La  Piochefoucauld- 
Doudeauville,  Saint-Yves  ftlénard,  Armand  Pihorel,  Pierre  Piodocanachi, 
Maurice  de  Saint-Paul,  marquis  de  Selve,  Léon  Simon,  baron  Arnould 
Thénard,  Arthur  Touchard,  prince  de  Wagram,  administrateurs  de  la 
Société  du  Jardin  d'acclimatation. 

Conformément  à  l'article  10  des  statuts,  le  Conseil  d'administration  se 
renouvellera  chaque  année  par  cinquième,  d'abord  par  voie  de  tirage  au 
sort,  ensuite  par  roulement  dans  l'ordre  indiqué  par  ces  tirages. 

M.  le  Président  informe  l'assemblée  que  M.  Charles  de  Souancé, 
membre  du  Conseil  d'administration,  avait  donné  sa  démission  le  5  no- 
vembre 1885. 


s 


LXXXVIII         SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Odent,  11,  boulevard  Saint-Michel,  à  Paris. 

1  couple   Eperonniers  chinquis. 
Le  comte  Okecki,  à  Paris. 

1  couple  de  Pigeons  frisés; 

1  lot  de  Poules  Dorking. 

O'Neill,  à  Cognac  (Charente). 

1  couple  de  Canards  de  Yeddo. 
Ramelet,  à  Neuvon,  commune  de  Plombières-les-Digon(Côte-d'Or). 

1  couple  de  Canards  Carolins. 
Le  marquis  de  la  Rochejaquelein,  73,  rue  de  Grenelle,  à  Paris. 

1  couple  de  Cygnes  noirs, 
Roussel,  à  Issoire  (Puy-de-Dôme). 

1  couple  de  Canards  de  Rouen. 
Comte  De  Sainte-Marie,  13,  avenue  de  Ségur,  à  Paris. 

1  couple  de  Cygnes  blancs. 
TiiAUViN,  à  Orléans  (Loiret). 

1  couple  de  Grenouilles-bœufs. 
Du  Verne,  au  château  de  la  Croix,  commune  de  Varenne-les-Nevers 

(Nièvre). 

1  lot  de  Poules  Dorking. 


Le  Gérant  ;  Jules  Grisaru. 


5977.  —  DoURLOTON. —  Iiii|irimcric3  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


BULLETIN    MENSUEL 

DE    LA 

SOCIÉTÉ    NATIONALE 

D'ACCLIMATATION 

IDE     FI^A.IVOE 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ  (i) 


CATALOGUE    RAISONNÉ 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES  D'OISEAUX 

qu'il  y  aurait  lieu 
D'ACCLIMATER  ET    DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    MiieAUD   D'AUBUSSOIV 

(Suite.) 


Thaumalé  peint  ou  Faisan  doré  (Thaumalea  pictaV^âgler). 

Phasianus  aureus  sinensis,  Brisson,  Ornith.  (1760),  t.  I,  p.  271.  —  PItasiantis 
pictiis,  Linné,  Sijst.  nat.  (1766),  t.  I,  p.  27'2.  —  Le  Faisan  doré  de  la  Chine, 
Buffon,  PL  Enl.,  217  (1770).  —  Tliaumalea  picta,  Wagler,  /s/s  (1832),  p.  1227. 

—  Bonaparte,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,    Tahl.  des  Gall.,  n"  79. 

—  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  307.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1866), 
livr.  XVIIl,  pi.  —  Chnjsolophus  pictiis,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871), 
p.  398.—  David  et  Oustalel,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  ili. 

Tout  le  monde  connaît  le  Faisan  doré,  et,  quoique  son  in- 
troduction en  Europe  remonte  à  un  passé  déjà  lointain,  on 
ne  s'est  jamais  lassé  de  l'admirer  (3). 

(1)  La  Société  ne  prend  sous  sa  responsabilité  aucune  des  opinions  émises  par 
les  auteurs  des  articles  insérés  dans  son  Bulletin. 

(2)  Cuvier  pense  que  le  fameux  Phéni.x  des  anciens  n'est  autre  que  le  Faisan 
4'  SÉRIE,  T.  111.  —  Janvier  1886.  1 


2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

C'est,  en  effet,  un  des  oiseaux  que  la  nature  s'est  plu  à 
parer  avec  magnificence.  L'or,  l'azur,  le  pourpre,  brillent  sur 
son  manteau.  Une  huppe  d'un  jaune  doré  vif  décore  sa  tête 
et  retombe  élégamment  sur  une  large  collerette  rouge  orange 
bordée  de  satin  noir,  La  gorge  et  le  ventre  sont  d'un  beau 
rouge  safran  vif.  La  queue  brune,  marbrée  de  noir,  très  dé- 
veloppée, ornée  de  longues  et  étroites  couvertures  supérieu- 
res, de  couleur  écarlate,  termine  avec  grâce  un  corps  élancé 
et  souple. 

La  femelle  est,  comme  d'habitude,  sombrement  vêtue.  Les 
jeunes  mâles  ressemblent  aux  femelles,  et  ce  n'est  qu'à  la 
seconde  mue  qu'ils  commencent  à  se  revêtir  de  toute  la  ri- 
chesse et  de  toute  la  beauté  de  leur  parure. 

Nous  n'avons  rien  à  dire  du  Thaumalé  peint  en  captivité  ; 
il  est  aujourd'hui  tellement  répandu  dans  les  volières  et  les 
faisanderies,  que  nous  ne  pourrions  rien  ajouter  qui  ne  fût 
déjà  parfaitement  connu.  En  revanche,  on  sait  fort  peu  de 
chose  sur  les  habitudes  de  cet  oiseau,  à  l'état  de  liberté,  dans 
son  pays  d'origine.  Vainement  chercherait-on  dans  les  récits 
des  voyageurs-naturalistes  des  indications  satisfaisantes  sur 
ce  sujet.  M.  Swinhoë,  le  père  Armand  David,  par  exemple, 
qui  ont  pu  observer  le  Faisan  doré  à  l'état  sauvage,  sont 
presque  muets  quand  il  s'agit  de  nous  parler  de  ses  mœurs, 
d'où  il  faut  conclure  qu'elles  doivent  être  à  peu  près  les 
mêmes  que  celles  de  ses  congénères,  et  que  rien  de  bien  spé- 
cial, en  ce  qui  les  concerne,  n'est  venu  frapper  ces  voyageurs. 

Le  père  David  se  contente  de  dire  que  cet  oiseau  vit  dans 
les  bois,  sur  les  montagnes  d'altitude  moyenne.  Il  l'a  ren- 
contré, dit-il,,  assez  communément  dans  le  Setchuan  occi- 
dental et  dans  le  Kokonoor  oriental,  et  beaucoup  plus  rarement 
dans  le  Ghensi  méridional.  Il  manquerait  complètement  dans 
les  provinces  septentrionales  et  orientales  de  l'Empire,  ainsi 
qu'en  Mantchourie  et  en  Corée. 

doré;  ce  qu'en  ont  écrit  les  poètes  se  rapporte  en  effet  assez  bien  à  cet  oiseau. 
On  ignore  Tépoque  exacte  de  l'introduction  du  Faisan  doré  en  Europe;  on 
admet  qu'il  a  été  importe  au  quinzième  siècle;  les  auteurs  plus  anciens  ne  par- 
lent point  de  cet  oiseau.  Sa  domestication  aurait  eu  lieu  en  Angleterre  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  3 

Les  Chinois  l'appellent  «  Ken-chy  »,  Poule  d'or,  et  c'est 
bien  là  le  nom  qui  lui  convient. 

On  a  lâché  le  Faisan  doré  dans  des  chasses  aménagées  avec 
soin;  l'expérience  n'a  pas  partout  réussi,  faute  peut-être  de 
précaution  et  de  persévérance,  car  notre  climat  n'est  pas  trop 
rigoureux  pour  lui.  On  le  voit  encore  figurer  de  temps  à 
autre  au  tableau  de  quelques  chasseurs  privilégiés,  et  il  faut 
avouer  qu'il  est,  pour  l'œil  tout  au  moins,  un  merveilleux 
gibier. 

«  Le  Faisan  doré,  dit  M.  Cosson,  est  d'une  chasse  plus  dif- 
ficile que  celle  du  Faisan  commun,  car  il  se  tient  presque 
constamment  dans  les  fourrés  et  se  dérobe  généralement  à 
l'arrêt  du  Chien  sans  prendre  son  vul  ;  mais  ces  inconvénients 
sont  largement  compensés  par  une  ponte  abondante,  qui  a 
lieu  généralement  dans  le  mois  de  mars,  et  dont  la  précocité 
a  l'avantage  d'assurer  la  multiplication  de  l'espèce,  même 
dans  les  années  où  celle  du  Faisan  commun  se  trouve  com- 
promise par  les  pluies  d'avril  et  de  mai.  » 

Le  Thaumalé  peint  se  marie  volontiers  avec  le  Thaumalé 
d'Amherst,  et  de  cette  union  résultent  des  hybrides  de  toute 
beauté. 

On  élève  au  Japon  et  dans  les  jardins  zoologiques  d'Europe 
une  variété  du  Thaumalé  peint  dont  la  queue  est  plus  courte, 
la  collerette  plus  sombre  et  la  gorge  noire.  On  lui  a  donné  le 
nom  de  «  Thaumalé  sombre,  Thaumalea  obscurci  »,  et  vulgai- 
rement celui  de  «  Charbonnier  ».  11  existe  aussi  une  variété 
Isabelle. 

Thaumalé  d'Amherst  {Thaumalea  Amherstiœ  Wagler). 

Phasianus  Amherstiœ,  Leadbeater,  Linn.,  Trans.,  t.  XVI,  p.  129.  —  Temminck^ 
PL  col.,  t.  V.  —  Thaumalea  Amherstiœ,  Wagler,  Isis  (1832),  p.  1228.  — 
Bonaparte,  Comptes  rendus  Acad.  se.  (1856),  p.  879.  —  Swinhoë,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1863),  p.  317.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  C/jine  (1877), 
p.  415. 

Cet  oiseau  ne  le  cède  pas  en  beauté  au  précédent.  11  porte 
la  huppe  rouge  et  la  collerette  d'argent  à  bords  foncés.  Le 
cou,  le  haut  du  dos,  les  couvertures  supérieures  des  ailes 


4  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

sont  d'un  vert  doré  clair.  Sur  le  bas  du  dos  règne  une  belle 
teinte  d'un  jaune  doré,  et  sur  les  couvertures  supérieures  de 
la  queue  un  rouge  clair  rayé  et  tacheté  de  noir.  Le  ventre  est 
d'un  blanc  pur. 

Cette  remarquable  espèce  fut  rencontrée  pour  la  première 
fois  en  Cochinchine  par  sir  A.  Gampbel,  qui  reçut  deux  mâles 
du  roi  de  Awa.  Il  en  fit  présent  à  lady  Amherst,  qui  eut  la 
bonne  fortune  de  les  apporter  tous  deux  vivants  en  Angleterre, 
où,  du  reste,  ils  ne  vécurent  que  quelques  semaines.  Lead- 
beater  donna  une  description  de  ce  magnifique  Phasianide  et  le 
dédia  à  lady  Amherst,  sous  le  nom  de  Faisan  d'Amherst,  P/ia- 
sianus  Amherst  et. 

Pendant  longtemps  les  dépouilles  de  ces  deux  mâles,  dont 
l'un  prit  place  dans  la  collection  du  comte  de  Derby  et  se  voit 
encore  maintenant  au  «  Derby  Muséum  »  de  Liverpool  et 
l'autre  resta  dans  la  famille  du  comte  Amherst,  furent  les 
seuls  représentants  en  Europe  de  l'espèce.  Mais,  en  4869, 
M.  J.  Stone  fit  venir,  par  l'intermédiaire  de  M.  Medhurst, 
consul  de  Sa  Majesté  Britannique  à  Shangaï,  six  individus, 
cinq  mâles  et  une  femelle,  qui  arrivèrent  vivants  en  Angle- 
terre. Ils  étaient  les  derniers  survivants  de  vingt  oiseaux  ex- 
pédiés du  Yunan  occidental  ;  huit  seulement  étaient  arrivés 
en  bon  état  à  Shangaï,  où  il  en  était  mort  deux  autres.  Déposés 
provisoirement  au  «  Zoological  Garden  »,  ces  Faisans,  à  l'ex- 
ception d'un  jeune  mâle,  furent  ensuite  expédiés  à  M.  Veke- 
mans,  directeur  du  Jardin  zoologique  d'Anvers.  Depuis,  un 
grand  nombre  de  couples  ont  été  apportés  en  Angleterre  et 
sur  le  continent;  des  reproductions  régulières  se  sont  effec- 
tuées, et  aujourd'hui  le  Thaumalé  d'Amherst  est  devenu  un 
oiseau  très  répandu. 

C'est  une  acquisition  précieuse.  Comme  oiseau  d'ornement, 
il  ne  peut  être  surpassé  :  il  est  beau,  élégant  et  facile  à  éle- 
ver en  volière.  Originaire  de  contrées  assez  froides,  il  n'a 
pas  à  redouter  les  intempéries  de  nos  climats,  où  sa  repro- 
duction est  assurée.  Sa  place  est  donc  marquée  dans  nos 
parcs  et  nos  chasses  à  côté  du  Faisan  vénéré. 

«  Le  Faisan  de  lady  Amherst,  dit  le  père  David,  habite  pen- 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  5 

dant  toute  l'année  les  plus  hautes  montagnes  boisées  de 
l'ouest  du  Setchuan,  du  Yunan,  du  Kouycheou,  et  les  hautes 
montagnes  du  Thibet  oriental.  Il  affectionne  particulièrement 
les  massifs  de  Bambous  sauvages  qui  croissent  à  une  altitude 
de  2  à  3000  mètres,  et  dont  les  bourgeons  constituent  sa 
nourriture  favorite  ;  c'est  même  de  là  que  lui  vient  son  nom 
chinois  de  Seng-ky  (Poule  des  bourgeons).  Pris  jeune,  il  s'é- 
lève fort  bien  et  se  reproduit  facilement  en  captivité,  comme 
on  a  pu  s'en  assurer  par  des  expériences  faites  au  collège  de 
Moupin.  C'est  un  oiseau  robuste,  qui  ne  redoute  ni  le  froid 
ni  la  neige,  et  qui  s'accommode  de  toute  espèce  de  nourriture, 
comme  notre  Poule  domestique.  A  l'état  sauvage,  il  se  montre 
fort  jaloux  et  ne  souffre  pas  que  le  Faisan  doré,  qui  seul 
pourrait  rivaliser  avec  lui,  s'approche  de  l'endroit  où  il  s'est 
établi  ;  aussi  ne  rencontre-t-on  jamais  ces  deux  Faisans  aux 
couleurs  éclatantes  sur  la  même  montagne  ni  dans  la  même 
vallée.  )) 

Nous  avons  dit  que  cette  espèce  contracte  aisément  des 
unions  avec  l'espèce  précédente.  Cet  accouplement  donne  des 
oiseaux  d'une  rare  beauté  ;  ils  sont  plus  forts  que  les  parents 
dont  ils  sont  issus,  et  les  mâles  ont  souvent  une  coloration 
des  plus  riches,  participant  des  deux  plumages. 

EUPLOCOME  NYCTHÉMÈRE    OU  FaISAN   ARGENTÉ   (EuplocomUS 

nycthemerus  Temminck). 

Phasianus  albus  sinensis,  Brisson,  Ornitli.  (17G0),  t.  [,  p.  277.  —  Phasianus 
nycthemerus,  Linné,  Sijst.  nat.  (1766),  t.  I,  p.  272.  —  Le  Faisan  blanc  de  la 
Chine,  Buffon,  PL  Enl.,  123  et  124.  (illO).  —  Gennœus  nycthemerus,  Wagler, 
Isis  (1832),  p.  1228.  —  Euplocomus  nycthemerus,  Temminck  (1838).  —  Gen- 
nœus  nycthemerus,  Bonaparte,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,  Tabl. 
des  GalL,  WSd.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1859J,  livr.  XI,  \A.  —  Euplocomus 
nycthemerus,  Elliot,  Mon.  of  Phas.  (1870),  livr.  I,  pi.  —  Swinhoë,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  416. 

Comme  le  Faisan  doré,  le  Faisan  argenté  est  depuis  long- 
temps connu  en  Europe  (1),  et,  pour  le  moins,  aussi  répandu 

(1)  Son  introduction  est  postérieure  toutefois  à  celle  du  Faisan  doré,  caries 
auteurs  du  seizième  siècle,  Gessner  notamment,  ne  parlent  pas  de  cet  oiseau. 


Q  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

que  son  congénère.  Son  plumage,  qui  n'a  pas  la  richesse  de 
celui  du  Faisan  doré,  est  cependant  fort  remarquable,  grâce 
aux  couleurs  en  apparence  disparates  dont  il  est  orné,  mais 
qui  s'harmonisent  admirablement  par  leur  distribution. 

Toutes  les  parties  supérieures  du  corps,  d'un  blanc  d'ar- 
gent, relevées  par  une  huppe  noire  et  des  lignes  étroites  de 
même  nuance  disposées  en  zigzag;  toutes  les  parties  infé- 
rieures d'un  noir  à  reflets  bleus  ;  les  pattes  de  corail  et  le  bec 
opalin.  La  femelle  d'un  brun  roux,  finement  tacheté  de  gris. 

M.  Swinhoë  nous  dit  que  l'espèce  est  sauvage  dans  le  sud 
de  la  Chine,  qu'elle  y  habite  les  montagnes  boisées  de  l'inté- 
rieur, qu'on  en  a  tué  plusieurs  individus  dans  le  voisinage 
d'Amoy,  mais  qu'il  n'en  a  jamais  rencontré  dans  ses  voyages. 

D'après  le  père  David,  le  Faisan  argenté  est  devenu  fort 
rare  à  l'état  sauvage  et  ne  se  rencontre  plus  que  dans  la  Chine 
méridionale,  jusqu'au  nord  du  Fokien,  et  peut-être  jusqu'au 
Tché-kiang.  Il  n'existe  pas  au  Setchuan,  et  est  remplacé  dans 
le  sud-ouest  du  Yunan  par  une  race  de  plus  petite  taille,  que 
M.  EUiot  a  désignée  sous  le  nom  d'Euplocome  d'Anderson 
(Euplocomus  Andersoni).  Cette  forme,  qu'Anderson,  con- 
servateur de  «  l'Indian  Muséum  »  de  Calcutta,  a  découverte  en 
Birmanie,  paraît  être  intermédiaire  à  Euplocomus  nycthe- 
merus  et  Euplocomus  lineaMs,  qu'on  rencontre  également 
dans  plusieurs  contrées  de  la  Birmanie.  Nous  y  reviendrons 
lorsque  nous  parlerons  ultérieurement  du  lineatus. 

En  Chine,  l'Euplocome  nycthémère  porte  le  nom  de  Jug-hj, 
Poule  argentée,  et  de  Pae-ky,  Poule  blanche.  On  voit  cet  oi- 
seau reproduit  en  broderies  sur  la  poitrine  et  le  dos  des  vê- 
tements officiels  des  mandarins  civils,  comme  signe  distinctif 
de  leur  rang. 

Le  Faisan  argenté  réussit  très  bien  dans  nos  volières  et 
nos  faisanderies;  mais  de  bonnes  raisons  s'opposent  à  ce 
qu'il  devienne  un  nouveau  gibier  pour  nos  forêts  et  nos  tirés. 
La  couleur  éclatante  du  costume  du  mâle  le  dénonce  de  loin 
aux  attaques  des  braconniers  et  des  carnassiers,  et  son  naturel 
querelleur  l'empêche  de  souffrir  un  autre  mâle  de  son  espèce 
dans  le  même  district.  En  outre,  il  combat  et  chasse  les  au- 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  7 

1res  Gallinacés  sauvages,  le  Coq-faisan  notamment.  Cette 
humeur  farouche  prend  un  caractère  encore  plus  aigu  au 
moment  des  amours.  Cet  oiseau  entre  alors  dans  un  état  d'ir- 
ritabilité excessive;  il  va  même  jusqu'à  attaquer  l'homme,  à 
lui  donner  des  coups  de  bec  et  des  coups  d'ergot.  Sous  l'in- 
fluence de  cette  excitation,  il  bat  violemment  des  ailes  et  fait 
entendre  un  sifflement  très  prolongé,  qu'accompagne  une 
sorte  de  gloussement  sourd  et  saccadé. 


EuPLOGOME  DE  S\NimiOE  (Euplocomus  SwinhoU  Gou\d). 

Euplocamus  Swinhoii,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  284.  —  Id.,  Birds  of 
Asia,  pi.— Sclater,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  119.  —Gray,  List  Gall.  (1867), 
p.  34.  —  Swinhoë,  Ibis  (1863),  p.  401;  (1865),  p.  538;  (1866),  p.  308.  —  Id., 
Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  Elliot,  Mon.  of  Plias.  (1871),  t.  II,  pi.— 
David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877). 

Cette  belle  espèce  est  propre  à  l'île  Formose,  où  elle  vit 


Euplocome  de  Swinhoë  {Euplocomus  Swinhoii  Gould). 

dans  les  grandes  montagnes  boisées  de  l'intérieur.  Elle  y  fut 


8  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

découverte  par  M.  Swinhoë,  alors  vice-consul  d'Angleterre  à 
Formose.  Gould  la  décrivit  en  1862  dans  les  Proceedings  et 
la  dédia  à  son  inventeur,  sous  le  nom  d'Euplocome  de 
Swinhoë,  Euplocamus  Swinhoii. 

Dans  une  lettre  adressée  en  1863  au  directeur  du  journal 
VI bis,  M.  Swinhoë  raconte  comment  il  lut  amené  à  connaître 
cet  intéressant  Phasianide. 

Un  jour  il  apprit  par  ses  chasseurs  qu'il  existait  dans  l'in- 
térieur un  Faisan  appelé  par  les  Chinois  Wa-koé.  Ce  Faisan 
fréquentait  les  hauteurs  les  plus  sauvages,  et  descendait  ra- 
rement sur  les  versants  inférieurs.  Ils  ajoutèrent  que  le  soir 
et  le  matin,  au  crépuscule  et  à  l'aube,  le  mâle  avait  pour 
habitude  de  se  placer  sur  une  branche,  bien  en  évidence,  ou 
sur  le  toit  d'une  hutte  solitaire,  et  que  là,  se  prélassant,  se 
pavanant,  étalant  sa  queue,  il  faisait  retentir  l'air  de  cris  stri-  , 
dents.  M.  Swinhoë  offrit  à  ses  hommes  de  fortes  récompenses 
pour  qu'ils  lui  procurassent  le  plus  grand  nombre  possible 
de  spécimens  de  cet  oiseau  singulier.  Mais  il  eut  si  peu  de 
chance,  qu'il  ne  put  en  obtenir  qu'une  paire,  une  femelle 
d'abord,  et  ensuite  un  mâle.  Vainement,  dans  une  tournée  à 
l'intérieur,  chercha-t-il  à  observer  par  lui-même  cet  oiseau, 
afin  de  l'étudier  à  l'état  sauvage  et  dans  ses  demeures  habi- 
tuelles ;  tous  ses  efforts  restèrent  infructueux. 

En  1 865,  ses  chasseurs  lui  procurèrent  un  vieux  mâle  qu'ils 
avaient  tué  dans  les  montagnes. 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Swinhoë,  annonçant  l'envoi 
de  "plusieurs  couples  vivants  de  ce  Faisan,  exprime  l'espé- 
rance qu'avant  peu  il  aura  réussi  à  introduire  en  Angleterre 
cette  magnifique  espèce,  qui  sera,  dit-il,  très  répandue  dans 
les  jardins.  Entre  temps,  le  docteur  Squire  avait  déjà  importé 
une  femelle  par  la  voie  de  Calcutta. 

L'espoir  de  M.  Swinhoë  s'est  réalisé;  son  Faisan  orne  les 
volières  des  jardins  zoologiques.  On  l'a  même  croisé  avec  le 
Faisan  argenté,  et  on  a  obtenu  des  hybrides  qui  sont  assez 
curieux  par  la  distribution  des  couleurs. 

Les  premiers  oiseaux  de  cette  espèce  que  posséda  notre 
Jardin  d'Acclimatation  furent  acquis  de  M.  le  baron  James 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  Q 

de   Rolhschild,  en  octobre  1866.  L'année  suivante,  douze 
jeunes  furent  obtenus. 

Cet  Euplocome,  comme  l'Euplocome  nycthémère,  est  un 
oiseau  robuste  et  qui  s'élève  facilement;  aussi  s'est-il  bien 
vite  partout  répandu  et  partout  multiplié.  Malgré  cela,  il  a 
peu  d'avenir  comme  gibier.  Très  querelleur  et  très  fort, 
comme  son  congénère,  il  fera  difficilement  bon  ménage,  en 
forêt,  avec  les  autres  Faisans,  qu'il  éloignera  toujours  de  la 
faisanderie  et  des  endroits  qu'il  aura  adoptés.  En  outre,  son 
dos  blanc  servira  de  point  de  mire  aux  carnassiers  et  aux 
braconniers.  Il  est  probablement  destiné  à  rester  captif  dans 
nos  volières;  mais  de  quel  splendide  oiseau  d'ornement  nous 
a  dotés  le  naturaliste  anglais! 

L'Euplocome  de  Swinhoë  est,  en  effet,  magnifiquement 
vêtu.  Des  caroncules  d'un  rouge  vif  s'élèvent  de  chaque  côté 
du  sommet  de  la  tête,  qui  est  ornée  d'une  touffe  de  plumes 
allongées  d'un  blanc  légèrement  mélangé  de  bleu.  Une  teinte 
bleu  foncé,  à  reflets  soyeux,  règne  sur  la  tête,  le  cou,  la  poi- 
trine et  les  flancs.  Une  longue  tache  d'un  blanc  de  neige  s'é- 
tend sur  le  milieu  du  dos  et  tranche  sur  le  rouge  carmin 
sombre  à  reflets  de  bronze  florentin  qui  décore  les  scapu- 
laires.  Le  bas  du  dos  est  d'un  noir  soyeux,  avec  des  reflets 
d'un  bleu  violet  très  brillant  au  bord  des  plumes.  Enfin,  les 
couvertures  des  ailes  sont  noires,  glacées  de  vert  bronze  sur 
les  bords,  et  les  plumes  médianes  de  la  queue  d'une  blan- 
cheur éclatante. 

La  femelle,  beaucoup  plus  modeste,  selon  l'usage,  n'a  pas 
de  caroncules,  et  son  plumage  revêt  une  teinte  générale  d'un 
brun  rougeâtre  ou  orangé,  avec  des  raies  et  des  taches  d'un 
brun  foncé. 

L'Euplocome  de  Swinhoë  ne  prend  ses  couleurs  que  la 
seconde  année,  comme  l'Euplocome  nycthémère  et  le  Thau- 
malé  peint;  il  est  propre  néanmoins  à  la  reproduction  dès 
l'âge  d'un  an,  moins  sans  doute  qu'après  avoir  revêtu  sa  ma- 
gnifique livrée,  mais  d'une  façon  déjà  satisfaisante. 


10 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION, 


Crossoptile  mantchou  (Crossoptilon  mantchuricum 

Swinhoë). 

Crosxoptilon  mantchuricum,  Swinhoë,  Proc.  zool.  Soc.  (1862),  p.  287.  — 
A.  David,  Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1871),  Bull.,  VU,  Cat.,  n"  349.  —  EUiot, 
Monogr.  of  Phas.  (1871),  liv.  IV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  405. 

Lorsque  cet  oiseau  arriva  pour  la  première  fois  en  Europe, 
on  le  confondit  avec  l'espèce  que  Pallas  avait  décrite  dans  sa 


Crossoptile  mantchou  {Crossoptilum  mantchuricum  Swinhoë). 


Zoographie  de  la  Russie  asiatique,  sous  le  nom  de  Faisan 
oreiWavd,  Phasianus  auritus;  mais  une  comparaison  atten- 
tive fit  promptement  reconnaître  l'erreur  dans  laquelle  on 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  11 

était  tombé.  M.  Swinhoë  adopta  alors  pour  le  différencier  la 
dénomination  de  mantchuricum,  mantchou,  tirée  de  celle 
de  son  pays  d'origine. 

Cette  espèce  fort  intéressante  fut,  en  effet,  rencontrée  en 
1862,  en  Mantchourie  et  dans  les  montagnes  boisées  du  Pet- 
che-ly,  au  delà  de  Tan-Yu,  par  le  père  Armand  David,  ce 
missionnaire  français  qui  a  rendu  tant  de  services  à  l'histoire 
naturelle  de  la  Chine,  et  qui  l'assimila  tout  d'abord  à  l'oi- 
seau de  Pallas. 

M.  Swinhoë  dit  de  même  que  l'on  rencontre  ce  Crossoptile 
en  Mantchourie,  dans  les  montagnes  situées  au  nord  de  Pékin 
et  qu'on  l'apporte  en  hiver  sur  les  marchés  de  cette  ville. 

On  assura  à  M.  Saurin  qu'il  se  trouve  également  dans  le 
Wei-Chieng,  terrain  des  chasses  impériales  ;  mais  ce  natura- 
liste juge  ce  rapport  inexact,  car  visitant  ces  localités  il  ne  put 
parvenir  à  voir  un  seul  des  oiseaux  dont  on  lui  avait  parlé. 

Les  indigènes  l'appellent  «  Ho-chi  ».  D'après  MM.  Saurin 
et  Swinhoë,  ce  nom  signifierait  «  Poule  de  feu  ».  Ce  dernier 
ajoute  que  les  plumes  de  cet  oiseau  étaient  autrefois  recher- 
chées comme  parure  par  les  guerriers  tartares. 

Le  Crossoptile  mantchou  est  peu  répandu  et  vit  à  l'état  sé- 
dentaire. C'est  un  oiseau  très  doux  et  très  sociable  que  Ton 
rencontre  toujours  en  compagnie.  Il  se  nourrit  de  toutes 
espèces  de  graines,  de  bourgeons,  de  feuilles,  de  racines  et 
d'insectes. 

La  connaissance  du  régime  diététique  d'une  espèce  est 
une  des  conditions  principales  de  tout  essai  rationnel  d'accli- 
matation ;  il  est  donc  utile  d'insister  sur  ce  point. 

Trois  Crossoptiles  tués  au  mois  de  juillet,  dans  leur  pays 
natal,  par  le  père  David,  avaient  le  jabot  rempli  de  feuilles  de 
cytise.  Chez  d'autres  individus  tués  en  hiver,  le  même  obser- 
vateur trouva  des  noisettes,  divers  pépins,  des  feuilles  d'ar- 
moise, de  fougères  et  surtout  des  racines  d'orchidées  et  autres 
racines  succulentes,  des  coléoptères,  des  vers,  des  chenilles. 
Ce  gallinacé  paraît  être  plus  herbivore  que  granivore,  tout 
en  se  montrant  peu  difficile  pour  sa  nourriture.  Les  Chinois 
qui  apportent  ces  oiseaux  sur  les  marchés  les  nourrissent 


12  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

avec  une  espèce  de  gâteau  de  millet.  Ils  sont  aussi  très 
friands  d'orge  que  l'on  récolte  en  grande  quantité  dans  les 
vallées  des  montagnes  qu'ils  habitent. 

Le  Crossoptile  mantchou  a  les  mœurs  des  autres  Phasiani- 
des,  mais  se  fait  remarquer,  comme  nous  venons  de  le  dire, 
par  son  caractère  paisible.  Cette  qualité  jointe  à  la  facilité  que 
l'on  a  de  le  nourrir,  semble  le  destiner  à  devenir  la  souche 
d'un  nouvel  oiseau  domestique.  Malheureusement  cette  es- 
pèce s'est  montrée,  jusqu'à  présent,  inféconde  dans  la  plu- 
part des  volières.  Quelques  éleveurs  cependant  ont  obtenu 
des  reproductions  et  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de 
France  a  eu  dernièrement  à  récompenser  deux  de  ses  mem- 
bres pour  leurs  succès  dans  l'éducation  de  ces  Crossoptiles  (1). 
Il  est  donc  probable  que,  lorsque  ces  oiseaux  auront  été  mieux 
étudiés,  ils  donneront,  au  point  de  vue  de  l'élevage,  de.s  ré- 
sultats satisfaisants. 

Ces  résultats  sont  d'autant  plus  désirables  que  depuis  quel- 
ques années  cette  espèce  est  devenue  fort  rare  dans  son  pays 
d'origine  et  ne  tardera  pas,  dit-on,  à  disparaître  complète- 
ment, soit  par  suite  de  la  guerre  d'extermination  qu'on  lui 
fait,  soit  par  la  destruction  des  forêts  qui  lui  servent  de  re- 
traite. 

Le  Crossoptile  mantchou  est  moins  brillamment  paré  que 
la  plupart  des  autres  Phasianides  ;  mais  son  costume  ne  man- 
que pas  d'une  certaine  originalité. 

Le  genre  auquel  il  appartient  est,  en  effet,  caractérisé 
principalement  par  la  nudité  de  la  face  et  les  plumes  effilées 
de  la  région  auriculaire,  qui  s'allongent  en  pinceau  et  for- 
ment comme  deux  cornes  en  arrière  de  la  tête.  La  queue  est 
relativement  courte,  mais  les  plumes  médianes  ébarbées  et 
pendantes  retombent  comme  des  franges  par-dessus  les  au- 
tres. 

L'espèce  qui  nous  occupe  a  le  plumage  brun  poussant  au 
noir  vers  le  cou  et  sur  la  tête,  au  blanc  d'argent  sur  le  crou- 
pion et  à  la  base  de  la  queue,  dont  l'extrémité  est  noire  à 

(1)  M.  Maillard,  du  Croisic  (188i);  M.  Barrachin  (1885).  Ce  dernier  a  obtenu 
des  hybrides  du  Mantchuricum  et  du  Cœrulescens. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  13 

reflets  métalliques.  La  gorge  est  également  blanche  ainsi  que 
les  pinceaux.  La  femelle  diffère  peu  du  mâle  par  le  plumage. 

Crossoptile    oreillard  (Crossoptilum  auritum  Gould). 

Phasianus  auritus,  Pallas,  Zoogr.  (1811),  t.  II,  p.  86.  —  Crossoplilon  cœrules- 
cens,  A.  David,  mss.,  et  Milne-Edwards,  Compl.  rend.  Ac.  se.  (1870), 
t.  LXX,  p.  538.  —  Crossoplilon  auritum,  Gould,  Birds  of  Asia  (1870),  liv. 
XXII,  pi.  —  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  119.  —  Elliot,  Mon.  of 
Phas.  (1871),  liv.  V,  pi.  —  David  et  OuStalet,  Ois.  de  la  Chine  (1871), 
p.  406. 

C'est  le  Faisan  oreillard  de  Pallas  retrouvé  en  1869  dans 
leSetchuan,  parle  père  A.  David,  qui  écrivait,  en  effet,  à 
M.  Milne-Edwards,  à  la  date  du  18  décembre  de  cette  année  : 
«  J'ai  découvert  une  nouvelle  espèce  de  Crossoptilon,  qui  me 
paraît  très  remarquable  et  qui  pourra  recevoir  le  nom  de 
Crossoptilon  cœrulescens  ».  Mais,  lorsque  le  père  David  eut 
sous  les  yeux  la  description  de  Pallas,  il  reconnut  bien  vite 
son  erreur  et  renonça  à  la  dénomination  qu'il  avait  imposée 
à  cet  oiseau  lorsqu'il  le  considérait  comme  une  espèce  nou- 
velle. 

Le  Crossoptile  oreillard  offre  des  dimensions  et  des  formes 
à  peu  près  identiques  à  celles  du  Crossoptile  mantchou  ;  les 
couleurs  des  yeux,  du  bec,  des  pattes  et  de  la  peau  nue  qui 
entoure  les  yeux  sont  absolument  les  mêmes.  Mais  le  corps 
est  d'un  bleu-ardoise,  avec  la  base  des  rectrices  centrales  et 
la  plus  grande  partie  des  rectrices  latérales  d'un  blanc  pur. 
Les  pinceaux  auriculaires  sont  moins  développés  que  dans 
l'espèce  précédente.  Il  n'existe  aucune  différence  de  plumage 
entre  les  deux  sexes. 

Jusqu'à  ces  derniers  temps,  cette  belle  espèce  n'était  re- 
présentée dans  les  musées  d'Europe  que  par  les  quatre  in- 
dividus que  le  père  David  avait  envoyés  de  Pékin,  C'est  un 
oiseau  encore  fort  rare,  même  dans  son  pays  d'origine  qui  est 
le  noi'd-ouest  du  Setchuan,  le  Kokonoor  oriental  et  peut-être 
même  le  Kan-sou. 

En  Chine,  on  recherche  beaucoup  les  plumes  de  la  queue 
de  ce  Crossoptile  pour  l'ornement  des  chapeaux  des  manda  ^ 
lins. 


U  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 


Grossoptile  du  Thibet  {Crossoptilon  Thibetanum 

Hodgson). 

Crossoptilon  Thibetanum,  Hodgson,  Journ.  asiat.  Soc.  Beng.,  t.  VIT,  p.  864. 
—  Gray,  Zool.  Mise.  (1844)  et  Gen.  of  Birds,  pi.  —  EUiot,  Mon.  of 
Phas.  (1871),  liv.  V,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  407. 

Le  plumape  de  cette  espèce  est  entièrement  blanc  à  l'excep- 
tion de  la  calotte  qui  est  d'un  noir  velouté,  des  rémiges  qui 
sont  d'un  noirbleuâtre  et  de  la  queue  qui  offre  une  teinte  d'un 
noir  métallique  avec  des  reflets  verts  et  pourprés,  et  une 
tache  blanche  à  la  base  des  rectrices  latérales.  Le  bec  est  rose 
pâle,  la  peau  nue  qui  entoure  les  yeux  d'un  rouge  vif;  les 
pattes  et  les  éperons  sont  d'un  rouge  de  corail. 

Les  femelles  et  les  jeunes  mâles,  avant  la  première  mue, 
se  distinguent  des  mâles  adultes  par  les  teintes  moins  pures 
de  leur  plumage  et  leurs  éperons  moins  développés. 

«  Le  Crossoptilon  blanc,  dit  le  père  David,  ne  se  trouve 
en  Chine  que  dans  quelques  localités  boisées,  sur  les  monta- 
gnes élevées  du  pays  des  Mantzes,  par  exemple  à  Yaotchy  et 
à  Tatsienlou,  où  son  existence  est  protégée  par  le  respect 
superstitieux  des  indigènes.  C'est  un  oiseau  doux  et  sociable 
qui  aime  à  vivre  en  compagnie  de  ses  semblables,  même  à 
l'époque  de  l'éducation  des  jeunes,  et  qui  ne  s'éloigne  guère 
des  lieux  qui  l'ont  vu  naître.  Sa  nourriture  consiste  en  feuil- 
les, en  racines,  en  graines  et  en  insectes.  Heureusement  pour 
la  conservation  de  l'espèce,  la  chair  de  ce  Gallinacé  est  d'un 
goût  fort  médiocre;  aussi  les  chasseurs  préfèrent-ils  comme 
gibier  les  Faisans,  qui  sont  d'ailleurs  beaucoup  plus  répandus 
et  plus  faciles  à  atteindre.  » 


OISEAUX  A   ACCLIMATER.  15 


Grossoptile  de  Drouyn  (Crossoptilon  Drouynii 
Milne-Edwards). 

Crossoptilon  Drouynii,  Milne-Edwards,  Compt.  rend.  Ac.  se.  (1868),  t.  LXVI, 
p.  767.  —  J.  Verreaux,  Nom.  Arch.  du  Mus.  (1865),  Bull.,  t.  IV,  p.  85  et 
pi.  3.—  Svinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  Elliot,  Mon.  of  Phas. 
(1871),  liv.  V,  pi.  —  Crossoptilon  Thibetanum,  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  407. 

Forme  très  voisine  de  la  précédente,  si  voisine  que  nous  ne 
pouvons  guère  la  considérer  que  comme  une  race  locale  ou 
peut-être  même  simplement  comme  une  différence  d'âge,  les 
individus  très  vieux,  suivant  l'opinion  de  MM.  David  et  Ous- 
talet qui  assimilent  les  deux  formes,  ayant  les  rémiges  d'un 
gris  blanchâtre  au  lieu  du  noir  bleuâtre  que  l'on  observe 
dans  le  Grossoptile  du  Thibet.On  peut  relever  encore  d'autres 
différences  ;  ainsi  les  lectrices  externes,  non  seulement  ne 
sont  pas  noires,  mais  manquent  de  taches  noires  si  caracté- 
ristiques dans  l'espèce  indiquée.  En  outre,  les  rectrices  mé- 
dianes n'ont  ni  la  largeur,  ni  l'éclat  vert  doré  de  l'oiseau 
décrit  par  Hodgson. 

Ge  beau  Phasianide,  envoyé  à  M.  Soubeiran  par  M.  Dabry, 
consul  de  France  à  Hankow,  et  donné  par  M.  Drouyn  de 
Lhuys,  président  de  la  Société  d'Acclimatation,  au  Muséum 
d'histoire  naturelle  de  Paris,  fut  présenté  par  M.  Milne-Ed- 
wards, à  l'Académie  des  sciences,  dans  la  séance  du  20  avril 
1868,  sous  le  nom  de  Crossoptilon  Drouynii. 

Son  régime,  ses  mœurs  et  ses  allures  ne  diffèrent  en  au- 
cune façon  de  ceux  du  Crossoptilon  thibetanum.  Il  provient 
comme  lui  du  Thibet,  dans  la  partie  nommée  Moupin. 


16 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 


EULOPHE   A   COU   JAUNE 

{Pucrasia  Xanthospila  Gray). 

Pucrasia  xanthospila,  Gray,  Proe.  Zool.  Soc.  (18G4),  p.  259  et  pi.  20.  — Pîtcrasia 
Davidiana,  Milne-Edwards,  Arch.  du  Mus.  (1864),  p.  15;  xanthospila,  id., 
Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1865),  Bull.,  I,  p.  14  et  pi.  I,  fig.  2.  —  Saiirin,  Proc. 
Zool.  Soc.  (1866),  p.  437.  —  Gould,  Birds  of  Asia,  liv.  XXI,  pi.  —  Swinlioë, 
Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  399.  —  David  et  Oustalet,  Ois.de  la  Chine  (1877), 
p.  407. 

Le  D'  Lamprey  révéla  le  premier  l'existence  de  cette  espèce 
dans  une  lettre  adressée  à  la  Société  zoologique  de  Londres, 


Eulophe  à  cou  jaune  {Pucrasia  XanUiospila  Gray). 

en  1861 .  11  la  trouva  au  marché  de  Tientsin  et  vanta  beaucoup 
l'excellence  de  sa  chair. 

Le  père  David  en  possédait  des  exemplaires  dès  la  fin  de 
1862.  Ils  provenaient  de  Ta-Tchio-Chan,  de  Jehol  et  de  la 
chaîne  de  1  Ourato.  En  1868, il  les  apporta  à  Paris  et  ils  furent 
décrits  l'année  suivante  par  M.  Milne-Edwards,  dans  les  Ar- 
chives du  Muséum. 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  17 

Le  missionnaire  signale  cet  oiseau  comme  un  gibier  très 
estimé  sur  le  marché  de  Pékin,  où  il  arrive  surtout  de  Man- 
tchourie. 

«  Les  Eulophes  à  cou  jaune  ou  Song-ky,  dit-il,  se  ren- 
contrent en  petit  nombre  dans  les  montagnes  boisées  du 
N.  0.  de  la  Chine,  depuis  la  Mantchourie  jusqu'au  Thibet 
oriental,  ainsi  que  dans  la  chaîne  de  l'Ourato.  Ils  ne  quittent 
guère  les  taillis  et  les  fourrés,  où  ils  vivent  solitaires  ou  par 
couples,  se  nourrissent  des  graines  de  divers  végétaux  et  par- 
ticulièrement de  conifères.  Leurs  allures  sont  celles  des  Fai- 
sans. Ils  constituent  un  excellent  gibier,  et,  chaque  hiver,  les 
Chinois  prennent  au  collet  un  certain  nombre  de  ces  oiseaux 
qu'ils  apportent  au  marché  de  Pékin  ;  les  résidents  euro- 
péens préfèrent  avec  raison  ces  Gallinacés  aux  autres  Phasia- 
nides  du  pays.  » 

Cet  oiseau  a  la  tête  et  la  gorge  d'un  noir  grisâtre  avec  une 
teinte  d'ocre  sur  le  vertex  et  une  partie  des  plumes  qui  com- 
posent sa  huppe  occipitale.  Sur  les  joues  s'étend  une  grande 
tache  blanche  suivie  d'une  tache  jaune  encore  plus  large,  oc- 
cupant les  côtés  et  le  dessus  du  cou.  Une  teinte  d'un  gris 
cendré  avec  de  longues  taches  noires  en  forme  de  fer  de  lance 
règne  sur  le  dos,  le  croupion,  les  côtés  de  la  poitrine  et  l'ab- 
domen, le  bas-ventre  et  les  cuisses.  Sur  la  partie  inférieure 
de  la  gorge,  une  large  bande  marron  qui  se  prolonge  entre 
les  jambes.  Rémiges  brunes,  bordées  de  jaune  d'ocre  en  de- 
hors. Scapulaires  et  couvertures  alaires  variées  de  brun,  de 
gris  et  d'olivâtre.  Tarse  armé  d'un  éperon  très  aigu.  Queue 
étagée.  Plumes  pour  la  plupart  de  forme  lancéolée. 

Chez  la  femelle,  la  tête  n'offre  point  de  reflets  d'un  vert 
métallique,  la  huppe  est  plus  courte,  la  gorge  et  la  tache  la- 
térale du  cou  sont  d'un  blanc  jaunâtre,  auquel  succède  vers 
le  bas  une  teinte  rosée.  Les  parties  supérieures  du  corps  sont 
mouchetées  de  gris,  de  noir  et  de  roux,  et  les  parties  infé- 
rieures, un  peu  plus  claires  que  le,  dos,  sont  dépourvues  de 
bande  marron. 

Une  variété  qui  serait  propre  au  Chensi  se  distinguerait  de 
l'oiseau  type  par  les  côtés  du  cou  d'un  roux  très  foncé,  la 

4»  SÉRIE,  T.  III.  —  Janvier  1886.  2 


18  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

tache  latérale  blanche  peu  développée  et  entourée  de  toutes 
parts  par  le  noir  métallique,  la  bande  médiane  marron  moins 
étendue""sur  le  ventre,  les  teintes  noires  plus  développées  sur 
le  dos  et  sur  les  ailes. 

Le  premier  couple  d'Eulophe  à  cou  jaune  importé  vivant 
en  Europe,  a  été  envoyé  au  Jardin  zoologique  d'Acclimatation 
de  Paris  par  M.  Dabry,  à  la  fin  de  1867. 

Les  expériences  dont  cet  oiseau  a  été  l'objet  de  la  part 
d'un  certain  nombre  d'éleveurs  prouvent  que  nous  nous  trou- 
vons en  présence  d'une  espèce  très  robuste  et  qui  otîre  des 
titres  sérieux  à  être  essayée  comme  oiseau  de  chasse,  car 
elle  ne  craint  ni  la  neige,  ni  les  ti-mpératures  rigoureuses  qui 
se  produisent  souvent,  en  hiver,  dans  nos  contrées. 

«  Par  sa  fécondité  et  sa  rusticité,  dit  M.  Joseph  Gornely 
qui  a  étudié  avec  soin  l'Eulophe  à  cou  jaune  et  dont  la  com- 
pétence en  matière  d'élevage  est  bien  établie,  cet  oiseau  est 
destiné  à  peupler  les  chasses  et  à  nous  fournir  un  nouveau 
gibier  exquis.  » 


EULOPHE    DE    DARWIN 

{Pucrasia  Darwini  Swinhoë). 

Pucrasia  Darwini,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1872),  p.  552.  —  Elliot,  Mov. 
of  Pluis.  (1872),  livr.  VI,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877). 
p.  409. 

Cette  nouvelle  espèce  d'Eulophe  fut  découverte  par 
M.  Swinhoë,  dans  les  montagnes  du  Tchéldang.  Elle  est  éga- 
lement sédentaire  et  assez  commune  dans  le  Fokien,  où  elle 
vit  dans  les  endroits  boisés  et  escarpés. 

Son  plumage  rappelle,  comme  ton  général,  celui  de  l'es- 
pèce précédente,  mais  il  s'en  distingue,  à  première  vue,  par 
l'absence  des  taches  jaunes  sur  les  côtés  du  cou  et  par  les 
teintes  métalliques  de  la  tête  moins  vertes  et  plus  bleuâtres. 

La  femelle  ressemble  beaucoup  à  celle  de  l'Eulophe  à  cou 
jaune,  mais  le  noir  domine  davantage  dans  les  teintes  du 
plumage. 


OISEAUX   A    ACCLIMATEU.  19 

Régime,  mœurs  et  allures  comme  l'espèce  précédente.  Les 
Chinois  lui  donnent  le  même  nom  «  Song-ky  »,  Poule  de 
pins. 


TRAGOPAN    DE    TEMMFNCK 

(Cerioniis  Temminckil  Blyth). 

Satyra  Temminckil,  J.  E.  Gray  et  Hardwick,  Illust.  Ind.  Zool.  (1830-34),  t.  I 
pi.  50  —Ceriornis  Temminckii,  Blyth,  C«i.  B.  Mus.  As.  Soc.  Beng.  (184-9)' 
p.  240.  —  Sclater,  Proc.  Zool.  Soc.  (1863),  p.  123.  —  Swinhoë,  iôi'rf.  (186.3),' 
p.  307.—  Gould,  Birds  of  Asia  (1869),  livr.  XXI,  pi.—  Swinhoë,  Proc.  Zool. 
Soc.  (1871),  p.  123.  —  Elliot,  Mon.  of  Plias.  (1871),  livr.  Il,  pi.  —  David  et 
Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  418. 

Le  Tragopan  de  Temminck  est  un  des  plus  beaux  du  genre 
et  semble  former  une  transition,  pour  l'éclat  du  costume, 


Tète  et  rabat  du  Tragopan  de  Temminck  [Ceriornis  Temminckii  Blyth). 

entre  le  splendide  Tragopan  satyre  et  le  Tragopan  de  Cabot 
plus  modestement  paré.  La  forme  et  la  distribution  des  taches 
du  plumage  le  rapprochent  de  cette  dernière  espèce,  mais  ses 
couleurs  sont  bien  plus  brillantes. 

La  peau  nue  qui  entoure  les  yeux  est  bleu-indigo  avec  le 


20  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

loriim  et  les  sourcils  verts;  le  rabat  est  aussi  bleu  passant  au 
vert  bleu  sur  les  bords,  qui  sont  ornés  de  taches  carrées  d'un 
rouge  pourpre.  Les  cornes  sont  d'un  vert  bleuâtre  avec  la  base 
d'un  bleu  indigo.  Au  printemps,  vers  la  fin  d'avril,  les  mâles 
entrent  dans  une  excitation  amoureuse  très  grande  et  font  une 
cour  des  plus  assidues  et  des  plus  démonstratives  aux  femelles. 
Le  rabat,  qui  le  reste  de  l'année  est  comme  contracté  et  dissi- 
mulé au-dessous  de  la  gorge,  se  déploie  alors,  à  intervalles, 
d'une  façon  tout  à  fait  surprenante.  Il  s'étale  magnifiquement 
sur  la  poitrine,  variant  d'intensité  dans  ses  teintes  rouges, 
bleues  et  vertes,  pendant  que  les  cornes,  brillamment  colorées, 
se  dressent  de  chaque  côté  de  la  tête.  La  longueur  de  ces 
cornes  atteint  jusqu'à  O^.O?  et  celle  du  rabat  O",!?.  L'effet 
produit  par  le  développement  de  ces  appendices  est  fort 
étrange  et  on  ne  peut  guère  s'en  faire  une  idée  sans  l'avoir  vu. 
En  même  temps,  l'oiseau  redresse  les  plumes  du  corps  du 
côté  opposé  à  celui  où  se  trouve  la  femelle,  de  sorte  que  ces 
plumes  élégamment  tachetées  sont  ainsi  que  les  autres  expo- 
sées au  regard  de  la  compagne  qu'il  veut  séduire.  Car  cet 
étalage  d'ornements,  ces  parades  passionnées  ont  pour  but 
d'attirer  l'attention  de  la  femelle,  d'exciter  son  admiration 
et  de  la  charmer  en  exerçant  sur  elle  une  sorte  de  fascination. 
C'est  pour  la  même  raison  que  nous  voyons  dans  nos  volières 
le  Faisan  doré,  lorsqu'il  fait  sa  cour,  étendre  et  relever  sa 
magnifique  fraise,  la  tourner  obliquement  vers  la  femelle,  de 
quelque  côté  qu'elle  se  trouve,  afin  de  développer  devant  elle 
une  large  surface  de  plumes  brillantes  et  de  la  captiver  par 
ce  manège  amoureux. 

La  riche  coloration  du  plumage  du  Tragopan  de  Temminck 
vient  encore  ajouter  à  ces  moyens  de  plaire.  Un  beau  rouge 
marron,  orné  de  petites  taches  arrondies  d'un  gris-perle 
ourlé  de  noir,  règne  sur  les  parties  supérieures  du  corps,  et  de 
grandes  taches  ovales  d'un  gris  bleuâtre  au  centre  des  plumes 
sont  répandues  sur  le  rouge  des  parties  inférieures.  Enfin  la 
coloration  de  la  tête,  d'un  noir  profond,  est  relevée  par  la 
teinte  rouge-brique  des  plumes  de  l'occiput  et  du  cou. 

La  femelle,  pour  qui  on  met  en  jeu  de  si  brillants  atours, 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  21 

est,  elle,  au  contraire,  pauvrement  vêtue.  Le  brun,  le  noir,  le 
roux,  le  gris,  çà  et  là  quelques  taches  blanchâtres,  sont  les 
teintes  modestes  de  son  costume.  Elle  n'a  point  de  rabat  sur  la 
gorge,  d'éperons  aux  tarses,  point  de  huppe  ni  de  cornes  sur 
la  tête. 

Le  jeune  mâle  lui  ressemble.  Il  fait  une  sorte  de  noviciat 
sous  un  habit  dont  l'humilité  ne  fait  guère  prévoir  les 
splendeurs  de  celui  qu'il  est  destiné  à  porter  plus  tard.  C'est 
seulement  à  la  troisième  année  que  sa  livrée  est  complète. 
Dans  le  cours  de  la  deuxième  année,  son  plumage  prend  bien 
des  teintes  rouges  sur  le  cou  et  la  poitrine;  en  même  temps 
apparaissent  sur  les  plumes  du  dos  et  de  l'abdomen  des  taches 
d'un  gris  bleuâtre,  mais  il  est  loin  encore  de  posséder  toute 
la  perfection  de  sa  parure. 

Ce  bel  oiseau,  selon  le  père  David,  habite  le  sud-ouest  de 
la  Chine,  jusqu'au  Chensi  méridional  inclusivement,  mais 
n'est  nulle  part  très  répandu.  Il  vit  sur  les  montagnes  boisées 
et  se  tient  dans  les  taillis,  où  il  se  nourrit  de  graines,  de  fruits 
et  de  feuilles.  Son  cri,  très  sonore,  peut  être  rendu  par  les 
syllabes  «  oua  »  deux  fois  répétées;  c'est  de  là  que  lui  vient 
son  nom  chinois  de  «  Oua-Oua-Ky  ».  On  l'appelle  encore  «  Ko- 
Ky,  Kiao-Ky  »,  «  Poule  à  cornes  »,  à  cause  des  appendices 
colorés  qui  décorent  sa  tête,  et  «  Sin-tseou-Ky  »,  «  Poule 
étoilée  »,  à  cause  des  taches  dont  est  marqué  son  plumnge. 
C'est  un  gibier  très  estimé  en  Chine,  d'autant  plus  qu'il  est 
rare  et  ne  peut  être  capturé  qu'au  piège  ou  au  collet.  Les 
Chinois  le  représentent  fréquemment  dans  leurs  peintures  sur 
papier  de  riz  et  pendant  longtemps  on  l'a  considéré  comme 
le  fruit  de  l'imagination  fantaisiste  de  leurs  artistes. 

On  peut  dire  que  le  Tragopan  de  Temminck  a  pris  une  place 
délinitive  dans  nos  faisanderies.  Depuis  que  M.  John  Reeves  (1) 
l'a  introduit  en  Angleterre,  un  grand  nombre  de  reproduc- 
tions ont  été  signalées. 

Selon  l'opinion  d'un  éleveur,  dont  les  succès  témoignent  de 
l'expérience  et  de  Thabileté,  «  ces  oiseaux  sont  d'une  rusticité 

(1)  Toutefois  c'est   au   concours  actif  de  M.  Dabry   que  l'on  doit  le  premier 
Tragopan  de  Temminck  arrivé  vivant  en  Europe. 


22  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

remarquable  et  leur  élevage  n'est  pas  sensiblement  plus  dif- 
ficile que  celui  des  Poulets.  Les  larves  de  fourmis  leur  parais- 
sent moins  nécessaires  qu'une  verdure  variée,  herbe  tendre 
principalement  (i).  » 

«  Je  ne  saurais  trop  dire,  ajoute  ailleurs  le  même  éleveur, 
quelle  bonne  couveuse  et  quelle  excellente  mère  est  la  Poule 
Temminck.  Elle  se  familiarise  rapidement  et  est  aussi  facile 
que  la  meilleure  des  nourrices.  Elle  fait  ses  pontes  dans  des 
nids  en  élévalion;  les  petits  qui  naissent  avec  les  plumes  de 
l'aile  volent  à  terre  sans  accident,  trente-six  ou  quarante-huit 
heures  après  l'éclosion.  Chaque  soir  ils  remontent  au  nid  sur 
les  invitations  de  la  mère,  qui  les  y  abrite  pendant  presque 
deux  mois  et  plus  tard  les  garde  près  d'elle  sur  le  per- 
choir (2).  » 

La  grande  douceur  de  caractère  dont  ces  oiseaux  font 
preuve  à  l'égard  de  l'homme,  pai'aît  bien  constatée.  Un  autre 
éleveur  dit  en  effet  :  «  Une  des  particularités  des  Trngopans 
de  Temminck  et  Satyres  est  Texlrême  familiarité  de  ces 
oiseaux  :  ils  viennent  littéralement  manger  dans  la  main  et 
accourent  du  bout  de  leurs  volières  dès  qu'ils  me  voient 
«ntrer  (3).  » 

A  ces  mœurs  sociables  vient  s'ajouter  la  possibilité  de 
croiser  les  espèces  entre  elles;  ainsi  on  a  obtenu  fréquem- 
ment des  hybrides  du  Tragopan  de  Temminck  et  du  Tragopan 
Satyre. 

Ces  intéressants  oiseaux  se  présentent,  on  le  voit,  dans 
d'excellentes  conditions  pour  être  promplement  et  sûrement 
soumis  à  l'homme. 

(1)  A.  Delaurier  aîné,  Lettre  adressée  à  M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique 
d'Acclimatation  (Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France,  1877,  p.  395). 

(2)  Éducations   d'oiseaux   exotiques  faites   à    Angoulême    en    1878  et  1879 
Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France,  1880,  p.  88). 

(3)  Andelle,  Élevage  d'oiseaux  exotiques  (Bulletin  de  la  Soc.  d'Ace,  de  France, 
novembre  1878). 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  23 


TiiAGOPAN  DE  Cabot  (Ceriornis  Caboti  Goiild). 

€eriornis  Caboti,  Gould,  Proc.  Zool-  Soc.  (1857),  p.  Ul.—  Birds  of  Asia  (1858), 
livr.  X,  pi.  —  Swinhoë,  Ihin  (1865),  p.  350.  —  Elliot,  Monogr.  of  Phas.  (1  71), 
livr.  IV,  pi.  —  David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877;,  p   419. 

Gould  déciivit  le  premier  celle  espèce  d'après  un  spécimen 
de  provenance  incerlaine  apparlenanl  au  docteur  Cabot,  de 
Boston.  Plus  lard,  en  1865,  pendant  un  séjour  à  Hong-Kong, 
M.  Swinhoë  s'en  procura  un  autre  individu  dont  il  donna  une 
description  dans  Vlbis,  mais  sans  pouvoir  indiquer  sa  véri- 
table patrie.  Nous  savons  maintenant  que  cet  oiseau  est  propre 
aux  montagnes  boisées  du  sud-est  de  la  Chine,  où  il  remplace 
l'espèce  précédente.  En  1873,  le  P.  David  le  trouva  en  assez 
grand  nombre  dans  la  chaîne  qui  sépare  le  Fokien  du  Kiangsi, 
et  envoya  son  signalement  au  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris  sous  le  nom  provisoire  de  Ceriornis  modestus  à  cause 
des  couleurs  relativement  peu  éclatantes  de  son  plumage. 

Si  l'on  compare  le  ïragopan  de  Cabot  à  ses  congénères 
Temminck  et  Satyre,  sa  livrée  paraît,  en  effet,  modeste, 
bien  qu'elle  offre,  dans  certaines  parties,  une  assez  grande  va- 
riété de  tons.  Le  dessous  du  corps  est  d'un  jaune  d'ocre  uni- 
forme, avec  quelques  taches  rousses  et  noires  sur  les  flancs  et 
les  cuisses.  Une  couleur  noire  tachée  de  blanc,  de  jaunâtre, 
de  gris  et  de  roux  règne  sur  les  parties  supérieures.  Ces 
teintes  un  peu  sombres  sont  relevées  par  la  coloration  rouge- 
garance  de  la  peau  nue  du  tour  des  yeux  et  du  milieu  du  ra- 
bat. Ce  dernier  est  entouré  d'une  bande  d'un  rose  pâle,  avec 
des  raies  et  un  liséré  d'un  bleu  pâle.  Les  cornes  sont  d'un 
bleu  de  cobalt.  Au-dessous  de  l'oreille,  de  chaque  côté,. une 
tache  d'un  roux  vif  tirant  au  rouge,  tranche  sur  un  noir  pro- 
fond. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  est,  comme  dans  l'es- 
pèce précédente,  variée  de  noir,  de  roux  et  de  gris. 

Le  jeune  mâle  revêt  la  livrée  de  l'adulte  dès  la  fin  de  l'au- 
tomne de  la  première  année. 

Mœurs  du  Tragopan  de  Temminck.  Chair  excellente. 


24  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACGLIMATATION. 


LopiioPiiORE  DE  Levys  (Lophophorus  Lhuysii) . 

Lopliophorus  Lliuysii,  J.  Verreaiix  et  A.  Geoffroy  Saint-Hilairc,  Bull.  Soc.  Ace. 
(1866),  p.  223.  — J.  Verreaux,  ihid.  (1867),  p.  706.  —  Sclater,  Proc.  ZooL 
Soc.  (1868),  p.  1,  pi.  1.  —  Ibis  (1870),  297.  —  A.  David,  Nouv.  Air.h.  du 
Muséum,  Bull,  VII.  —  Swinhoe,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871).  —  Gould,  Birds  of 
i4sw  (1873),  livr.  XXV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  403. 

Dans  la  séance  du  20  avril  i8G6,  M.  Alberl  Geoffroy  Saint- 
Hilaire,  annonçant  à  la  Société  d'Acclimatation  l'arrivage 
d'oiseaux  qui  avaient  été  adressés  à  notre  Jardin  zoologique 
par  M.  Dabry,  appela  l'attention  de  la  Société  sur  une  espèce 
nouvelle  de  Lophophore  dont  on  trouva  la  dépouille  à  côté  de 
celles  de  l'Itagine  dans  la  caisse  d'animaux  en  peaux  que  notre 
consul  à  Hankow  envoyait  à  un  ami.  M.  Geoffroy  proposa  de 


Tèle  de  Lopliophore  de  Lliuys  (Lopliophorus  Lhuijsii  J.  Verreaux). 

dédier  ce  bel  oiseau,  qui  se  rapproche  extrêmement  de  son 
congénère  plus  anciennement  décrit,  à  M.  Drouyn  de  Lhuys  , 
président  de  la  Société  d'Acclimatation,  et  de  le  désigner  sous 
le  nom  de  Lophophore  de  Lhuys  (Lopliophorus  Lhiujsii). 

En  1867,  M.  Jules  Verreaux  donna  une  description  détail- 
lée de  ce  Lophophore,  insérée  dans  le  Bulletin,  et  adopta  la 
dénomination  que  M.  Albert  Geoffroy  Saint  Hilaire,  le  pre- 
mier, lui  avait  appliquée. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  25 

La  taille  de  cet  oiseau  est  supérieure  à  celle  du  Lophophore 
ordinaire.  Son  bec  est  plus  long  et  plus  fort,  ses  pattes  plus 
vigoureuses.  Il  n'a  pas  de  huppe  proprement  dite  comme  son 
congénère  de  l'Himalaya  ;  mais  la  tête  est  ornée  en  arrière 
d'une  touffe  de  longues  plumes  occipitales,  d'une  teinte  pour- 
pre à  reflets  métalliques.  Les  plumes  de  la  nuque  et  du  dos 
ont  un  ton  de  cuivre  doré  très  brillant.  Le  vert  à  reflets  et  le 
bleu  métallique  dominent  sur  les  ailes  ainsi  que  sur  la  queue. 
Les  parties  inférieures  du  corps  sont  noires,  glacées  de  vert. 

Les  mâles  ne  revêtent  cette  livrée  splendide  que  dans  leur 
deuxième  année  ;  avant  cette  époque  ils  ressemblent  à  la  fe- 
melle. Celle-ci  a  le  plumage  brun,  presque  semblable  à  celui 
de  la  femelle  du  Lophophore  resplendissant,  mais  d'une 
nuance  beaucoup  plus  foncée. 

D'après  le  P.  David,  ce  magnifique  oiseau  habite  les  régions 
les  plus  élevées  de  Moupin,  du  Kokonoor  oriental  et  les  fron- 
tières occidentales  du  Setchuan.  Il  vit  en  petites  troupes  dans 
les  prairies  découvertes  au-dessus  de  la  région  des  forêts,  et 
vient  se  percher  sur  les  arbres  pour  dormir.  Sa  nourriture 
habituelle  consiste  en  substances  végétales  et  surtout  en  ra- 
cines succulentes  qu'il  arrache  adroitement  au  moyen  de  son 
bec  robuste  et  évasé  ;  comme  il  recherche  particulièrement 
celles  d'un  Fr ilillari a  i^une  appelé  Pae-mou,  les  indigènes 
lui  ont  donné  le  nom  de  Pae-mou-ky.  Dans  ce  pays  on  nomme 
aussi  Ho-lhau-ky  «  Poule  charbon  ardent  »,  le  mâle  adulte, 
revêtu  de  sa  livrée  métallique. 

C'est  un  oiseau  très  farouche  et  dont  le  vol  est  assez  puis- 
sant. Son  cri,  qu'il  faut  entendre  de  très  grand  matin  et  lors- 
que le  temps  est  à  la  pluie,  consiste  en  trois  ou  quatre  notes 
pei'çantes  et  bien  détachées. 

Son  aire  de  dispersion  s'étend  dans  une  grande  partie  du 
Thibet  oriental  ;  mais  il  est  rare  partout  et  il  est  à  craindre 
qu'il  ne  tarde  pas  à  disparaître  cçmplètement.  Les  Chinois, 
en  effet,  chassent  très  activement  et  prennent  au  moyen  de 
collets  ce  superbe  Gallinacé,  dont  la  chair  est  très  délicate. 

Les  spécimens  que  le  P.  David  a  envoyés  au  Muséum  d'his- 
toire naturelle  ont  été  tués  à  4-500  mètres  d'altitude. 


26 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 


Tétraphase  sombre  {Tetraophasis  obscurus  Elliot). 

Lopliopliorus  obscurus,  J.  Verreaux,  Nouv.  Arch.  du  Mus.,  Bull.  (1869).  — 
Tetraophasis  obscurus,  Elliot,  Mon.  of  Phas.,  t.  1,  pi.  —  A.  David,  Nouv. 
Arch.du  Mus.,  Bull.  (1871),  p.  11.  —  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p. 
3;i9.  —  Gould,  Bmii  of  Asia  (1874),  liv.  XXVI,  pi.  —  David  et  Oustalet, 
Ois.  de  la  Chine  (1874),  p.  iOi. 

Cet  oiseau  fut  découvert  par  le  père  Armand  David  pen- 
dant son  voyap^e  au  Thibet.  Il  adressa,  au  Muséum  d'histoire 


Tétraphase  sombre  {Tetraophasis  obscurus '^Wmi). 

naturelle  de  Paris,  cinq  individus  de  sexes  et  d'âges  diffé- 
rents qui  furent  examinés  avec  soin  par  M.  J.  Verreaux  et 
déterminèrent  cet  ornithologiste  à  ranger  cette  nouvelle 
espèce  parmi  les  Lophophores.  Plus  tard  M.  Elliot  créa  pour 
elle,  avec  raison,  un  genre  particulier. 

Le  Tétraphase  sombre  paraît  être  assez  répandu  dans  les 
montagnes  du  Kokonoor  oriental,  où  il  vit  en  petites  compa- 
gnies dans  l'intéiieur  des  forêts,  se  nourrissant  comme  les 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  27 

Crossoptiles  et  les  Lophophores  de  racines  succulentes  qu'il 
arrache  avec  son  bec  robuste.  Les  chasseurs  du  pays  le  dési- 
gnent sous  le  nom  de  Yancj-ko-hij,  «  Poule  des  royaumes 
d'Occident  ». 

Celte  espèce,  à  première  vue  et  par  les  teintes  de  son 
costume,  rappelle  beaucoup  l'aspect  des  Tétraogales.  Le  plu- 
mage est,  dans  son  ensemble,  d'un  brun-olive,  passant  sur 
certaines  parties  du  corps  au  gris  cendré  ;  mais  l'accident  le 
plus  remarquable  de  cette  livrée,  en  somme  assez  modeste 
pour  un  Phasianide,  est  un  grand  rabat  d'un  brun  marron 
qui  s'étend  sur  la  gorge. 

La  femelle,  plus  petite  que  le  mâle,  ne  porte  pas  d'éperons 
et  les  flancs  n'offrent  pas  de  ces  taches  rousses  que  l'on 
observe  chez  le  mâle. 


Ithagine  de  Geoffroy  {Ithaginis  Geoffroy i  J.  Verreaux), 

Ilhagiiiis  Geoffroy!,  J.  Verreaux,  Bull,  de  la  Soc.  dWcc.  (1867),  p.  706.  — 
Elliot,  Mon.  of  Phas.  (1871),  t.  Il,  pi.  —  Gould,  Birds  of  ksïa,  (1872), 
liv.  XXIV,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  401. 

L'envoi  que  fit  en  1866  M.  Dabry  comprenait,  comme  nous 
l'avons  dit,  outre  des  espèces  vivantes  adressées  au  Jardin 
zoologique  du  Bois  de  Boulogne,  une  collection  de  peaux 
d'oiseaux  destinées  par  l'expéditeur  à  un  de  ses  amis  qui 
s'empressa  de  les  mettre  sous  les  yeux  de  la  Société  d'Accli- 
matation. Parmi  les  dépouilles  qui  composaient  cette  inté- 
ressante et  précieuse  collection  se  trouvaient  cinq  exemplai- 
res d'une  espèce  d'Ithagine  nouvelle,  quatre  mâles  et  une 
femelle.  Elle  fut  décrite  par  M.  Jules  Verreaux  dans  le  Bulle- 
tin de  la  Société  et  dédiée  par  lui  à  M,  Albert  Geoffroy  Saint- 
Hilaire.  «  Nous  sommes  heureux,  dit  à  cette  occasion  M.  J. 
Verreaux,  d'imposer  à  ce  bel  oiseau,  le  second  d'un  genre 
resté  si  longtemps  avec  un  seul  représentant,  le  nom  illustre 
de  Geoffroy,  comme  un  témoignage  de  notre  estime  et  de 
notre  amitié  pour  M.  Albert  Geoffroy  Saint-IIilaire.  » 

Cet  oiseau  a  la  face  noire.  Dans  tout  le  reste  du  plumage 
le  gris  ardoisé  domine,  relevé  par  des  raies  noires  et  blan- 


28  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

ches  au  centre  des  plumes.  Sur  les  côtés  de  la  poitrine,  l'ab- 
domen et  les  sous-caudales  règne  une  belle  couleur  d'un 
rouge-carmin  atténuée  par  une  teinte  grise  à  l'extrémité  de 
chaque  plume.  Les  pattes  et  les  éperons  sont  d'un  rouge  de 
corail.  Le  bec  est  noir  avec  la  base  rouge,  de  même  que  les 
narines  et  la  peau  nue  qui  entoure  les  yeux.  Des  plumes 
déliées  d'un  gris  ardoisé  foncé  forment  une  sorle  de  huppe. 


Ithagine  de  Geoffroy  {Ilhaginis  GeolJroiji  J.  Verreaux). 

La  femelle  plus  petite  que  le  maie  et  dépourvue  d'éperons 
aie  rouge  des  pattes  et  des  narines  moins  vif  et  tout  le  plu- 
mage brun  vermiculé  de  noir  et  de  gris  avec  une  teinte 
ardoisée. 

«  Je  n'ai  rencontré  l'Ithagine  de  Geoffroy,  dit  le  père 
David,  que  dans  les  forêts  les  plus  élevées  du  Setchuan  occi- 
dental et  du  pays  des  Mantzes;  mais  cette  espèce  paraît  habiter 
une  grande  partie  du  Thibet  oriental.  Elle  vit  en  troupes 
plus  ou  moins  nombreuses  près  de  la  limite  supérieure  de  la 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  29 

région  des  forêts,  et  se  tient  de  préférence  au  milieu  des 
banibouseraies  sauvages.  Sa  nourriture  ordinaire  consiste  en 
bourgeons,  en  feuilles  et  en  graines  ;  mais  l'estomac  de  trois 
individus  que  j'ai  tués  en  avril,  quand  la  neige  couvrait  en- 
core tout  le  pays,  ne  renfermait  que  de  la  mousse.  Ces  jolis 
oiseaux  se  perchent  volontiers  sur  les  arbres  :  leur  naturel 
est  très  sociable,  et,  quand  les  couvées  sont  écloses,  on  voit 
fréquemment  plusieurs  couples  se  réunir  pour  veiller  en- 
semble sur  leur  jeune  famille.  Les  Chinois  désignent  cette 
Ithagine  sous  le  nom  de  «  Tsong-ky,  Poule  des  buissons.  » 

Ithagine  de  la  Chine  {Ithaginis  sinensis  David). 

Ilhaginis  sinensis,  A.  David,  Ann.  Se.  nat.  (1873),  5»  série,  t.  XVIII,  art.  n°  5. 
—  (1874),  ibicL,  t.  XIX,  art.  n°  9. 

Cette  espèce  nouvelle  d'Ithagine,  la  troisième  du  genre,  a 
été  découverte  par  le  père  Armand  David.  Elle  habite  les 
plus  hautes  montagnes  du  Chensi  méridional.  On  la  trouve 
dans  le  centre  du  Tsinling  en  compagnies  assez  nombreu- 
ses, au  milieu  des  bois  et  des  bambouseraies,  à  une  hauteur 
de  3500  mètres.  Ces  oiseaux,  qui  se  rencontrent  dans  toute 
cette  région,  jusqu'au  Honan,  sans  être  nulle  part  très  répan- 
dus, ont,  du  reste,  absolument  les  mêmes  mœurs  que  ceux 
de  l'espèce  précédente. 

Les  indigènes  les  désignent  sous  les  noms  de  Hoa-Ky, 
«  Poule  tleurie  »  et  Song-hoa-ky,  a.  Poule  fleurie  des  sapins.  » 

Le  plumage  de  celte  espèce  rappelle  beaucoup  celui  de 
rilhagine  de  Geoffroy;  mais  il  en  diffère  principalement  par 
une  grande  plaque  d'un  jaune  d'ocre  sale  sur  le  devant  du 
cou  et  par  la  couleur  rousse  de  la  moitié  des  ailes  qui  dans 
rithagine  de  Geoft'roy  est  verte.  D'autres  différences  reposant 
sur  des  caractères  moins  apparents  servent  encore  à  distin- 
guer les  deux  espèces. 

{A  suivre.) 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 


NOTES 

POUR   SERVIR    A 

L'HISTOIRE  DES  AQUARIUMS 

Par  M.    H.    BOUT. 


?^n1876,  kl  Chambre  des  députés  décida,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  de  Tillancourt  et  de  plusieurs  de  ses  collègues,  que 
l'on  pourrait  désormais  introduire  l'élude  de  la  pisciculture 
dans  le  programme  d'enseignement  des  fermes-écoles. 

On  comprenait  enfin  que,  si  la  pisciculture,  qui  prospérait 
dans  tous  les  autres  pays  de  l'Europe  et  jusque  dans  les  par- 
ties les  plus  reculées  du  monde,  avait  toujours  trouvé  si  peu 
de  faveur  en  France,  cela  tenait  à  l'ignorance  des  moyens  et 
des  ressources  de  cette  science,  ignorance  où  le  public  se 
complaisait,  malgré  les  efforts  persévérants  et  les  travaux 
remarquables  des  savants. 

Les  esprits  n'étant  pas  tournés  dès  la  première  jeunesse, 
par  une  étude  sérieuse,  vers  ces  connaissances  spéciales,  ne 
pouvaient  s'astreindre  plus  tard  à  porter  un  regard  attentif 
sur  des  démonstrations  auxquelles  il  était  plus  simple  de  ne 
pas  ajouter  foi.  On  écoutait  un  instant  d'une  oreille  distraite 
et  puis  l'on  n'y  pensait  plus.  On  ne  se  disait  pas  que  cette  in- 
différence, fort  bien  portée,  était  coupable  envers  l'intérêt 
général,  envers  la  prospérité  de  la  patrie.  On  ne  voulait  pas 
songer  aux  résultats  désastreux  de  ce  parti  pris  d'incrédulité. 
M.  de  Tillancourt  et  ses  collègues,  dans  leur  exposé  des  mo- 
tifs, en  révélaient  les  conséquences  lorsqu'ils  disaient  : 

«  L'Angleterre,  depuis  qu'elle  a  développé  la  pisciculture, 
trouve  annuellement  dans  ses  eaux  douces  pour  plus  de 
200  millions  de  francs  de  poissons.  Nous  n'obtenons  pas  la 
centième  partie  de  ce  produit  de  nos  deux  cents  rivières.  » 

La  conclusion  était  facile  à  tirer.  Il  fallait  vaincre  la  force 


HISTOIRE   DES    AQUARIUMS.  31 

d'inertie  puisée  dans  l'ignorance.  La  Chambre  crut  y  arriver 
en  édictant  la  mesure  rapportée  plus  haut. 

Mais,  si  l'on  réservait  aux  seules  fermes-écoles  l'enseigne- 
ment des  connaissances  que  l'on  voulait  propager,  on  ne 
s'adressait  encore  qu'cà  un  nombre  d'hommes  des  plus  res- 
treints, qui  d'ailleurs  pouvaient  toujours  se  soustraire  à  cet 
enseignement,  puisqu'il  ne  devait  être  que  facultatif. 

Nous  écrivions  à  cet  égard,  en  1879,  dans  une  analyse  ra- 
pide des  étapes  et  des  procédés  de  la  pisciculture,  les  lignes 
suivantes  :  «  Il  serait  à  désirer  que  l'étude  de  cette  science 
entrât  dans  les  programmes  universitaires  et  que  les  nom- 
breux problèmes  scientifiques,  industriels  et  économiques 
que  soulève  cette  question  complexe  de  la  culture  des  eaux, 
fussent  exposés  aux  jeunes  gens  des  écoles  par  des  professeurs 
éminents.  »  Il  serait  à  désirer  aussi,  ajouterons-nous,  que  les 
grades,  qui  sont  la  consécration  des  études,  ne  puissent  plus 
être  conférés  sans  que  les  candidats  aient  prouvé  qu'ils  ont 
retenu  les  leçons  à  eux  faites  sur  ces  matières. 

Nous  pensions,  nous  pensons  toujours,  qu'un  jeune  homme 
qui  sortirait  d'un  lycée,  n'ignorant  plus  ce  que  c'est  qu'un 
poisson,  connaissant  l'industrie,  les  besoins,  les  maladies, 
les  mœurs,  nous  dirions  presque  les  passions  de  l'étrange 
population  des  eaux,  n'affecterait  plus  la  même  indifférence 
ni  le  même  scepticisme,  et  serait  capable  de  rendre,  à  un  mo- 
ment donné,  de  grands  services  à  la  science  qui  nous  occupe 
et  à  ses  semblables. 

Qu'on  nous  permette  de  revenir  aujourd'hui  sur  ce  sujet 
et  de  dire  qu'au  point  de  vue  de  ce  complément  d'instruction 
pratique  que  nous  croyons  devoir  préconiser  avec  ardeur,  il 
nous  semble  qu'on  pourrait  attendre  de  grands  avantages  de 
ces  établissements  si  curieux,  qui  se  sont  élevés  un  peu  par- 
tout depuis  un  certain  nombre  d'années  et  que  l'on  désigne 
sous  le  nom  d'aquariums. 

L'aquarium,  que  le  savant  anglais  Warington  a,  non  sans 
à-propos,  défini  en  disant  que  c'est  une  «  organisation  qui  se 
suffit  à  elle-même  »,  est  un  appareil  où  des  animaux  et  des 
végétaux  aquatiques  sont  entretenus  dans  des  conditions  se 


32  SOCIÉTÉ  NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

rapprochant  le  plus  possible  de  celles  que  ces  animaux  et  ces 
véo"étaux  trouvent  dans  la  nature.  En  d'autres  termes,  l'aqua- 
rium est  le  résumé  du  monde  liquide,  c'est  le  panorama,  c'est 
le  musée  vivant  des  eaux,  et  c'est  devant  ce  musée,  devant  ce 
panorama  que,  pour  être  fructueuses,  doivent  être  faites  et 
écoutées  les  leçons  d'ichtyologie  et  de  botanique  aquatique. 

Or,  si  l'on  s'inspirait  de  notre  désir,  chacune  de  nos  grandes 
villes  serait  bientôt  dotée  d'un  établissement  de  ce  genre,  qui 
serait  ouvert  tous  les  jours  de  l'année  et  dont  l'entrée  serait 
gratuite.  Bientôt  enfin  chaque  Faculté,  chaque  lycée  posséde- 
rait son  aquarium  particulier,  lequel,  du  reste,  bien  que 
spécialement  réservé  à  l'instruction  des  jeunes  gens,  pour- 
rait, à  défaut  d'autres,  être,  à  de  certains  jours,  livré  au  pu- 
blic et  servir  à  des  conférences  accessibles  à  tout  le  monde. 

Et  qu'on  ne  nous  objecte  pas  les  sacrifices  pécuniaires  à 
faire,  car  ce  serait  une  grande  erreur  de  croire  qu'il  est  né- 
cessaire de  dépenser  des  sommes  considérables  pour  avoir  un 
appareil  remplissant  toutes  les  conditions  requises  pour  ser- 
vir à  des  études  sérieuses. 

D'après  M.  Lloyd,  fhomme  qui  a  construit  presque  tous 
les  grands  aquariums  d'Angleterre  après  avoir  débuté  par  ce- 
lui de  notre  Jardin  d'Acclimatation,  et  dont  la  compétence  en 
la  matière  n'est  pas  récusable,  on  peut  construire  un  bon 
aquarium  sans  dépenser  plus  de  200  livres  sterling,  soit 
5000  francs. 

Il  n'est  pas  question,  comme  on  le  voit,  de  constructions 
dispendieuses  engloutissant  quelquefois  des  centaines  de 
mille  francs  sans  donner  les  résultats  attendus,  et  il  n'est 
pas  autrement  utile,  en  effet,  si  l'on  a  seulement  en  vue 
l'étude  pour  laquelle  le  luxe  et  le  plaisir  des  yeux  ne  sont  pas 
indispensables,  d'élever  des  édifices  immenses  d'un  entretien 
coûteux  et  dans  lesquels,  s'ils  ne  sont  pas  absolument  par- 
faits, les  observations  consciencieuses  sont  souvent  difficiles. 

Sans  avoir  la  prétention  d'écrire  un  traité  complet  des 
aquariums,  ce  qui  pourra  tenter  des  plumes  plus  autorisées 
que  la  nôtre,  nous  pensons  qu'il  ne  sera  pas  sans  intérêt,  au 
point  de  vue  de  la  vulgarisation  de  ces  appareils,  de  faire  un 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  33 

exposé  rapide  des  principes  scientifiques  sur  lesquels  repose 
leur  construction. 

De  même  que  le  vivier  primitif  fut  un  simple  panier  en 
osier,  de  même  l'aquarium  a  commencé  par  être  un  simple 
flacon  de  verre,  et  il  n'y  a  pas  de  longues  années  qu'il  était 
encore  à  l'état  rudimentaire. 

En  Europe,  la  première  mention  qui  soit  faite  d'un  aqua- 
rium se  trouve  dans  un  ouvrage  allemand  sur  le  microscope, 
par  Ledermuller,  paru  en  1760-61-62.  On  y  voit  la  descrip- 
tion d'un  bassin  contenant  des  plantes  et  des  animaux.  Des 
bulles  d'oxygène  paraissent  s'exhaler  des  plantes  sous  l'in- 
fluence de  la  lumière,  et  les  animaux  semblent  se  trouver 
dans  un  état  de  parfaite  santé.  Un  siècle  plus  tôt,  il  était  déjà 
de  mode  d'avoir  chez  soi  des  Anémones  de  mer,  ainsi  qu'on 
peut  le  voir  dans  les  ouvrages  de  Tremblay  et  de  Baker;  toute- 
fois, on  ne  connaissait  en  aucune  façon,  alors  comme  plus 
tard  même,  l'utilité  de  l'emploi  des  plantes  pour  l'aération 
de  l'eau,  et,  si  l'on  en  mettait  dans  le  réservoir,  c'était  uni- 
quement pour  l'ornementation.  En  1790,  sir  John  Graham 
Dalyell  commençait  à  collectionner  quelques  poissons  de  mer 
dans  le  but  de  les  étudier,  et  continuait  ses  études  dans  sa 
propriété  d'Edimbourg  jusqu'à  sa  mort,  survenue  en  1850. 
Mais  il  changeait  l'eau  deux  ou  trois  fois  par  semaine  et  ne 
connut  jamais  l'usage  des  plantes. 

On  ne  peut  pas  considérer  ces  quelques  tentatives  isolées 
comme  le  véritable  point  de  départ  des  aquariums,  puisqu'on 
n'en  avait  pas  encore  découvert  et  appliqué  rationnellement 
les  données  scientifiques. 

D'après  M.  Gosse,  l'honneur  de  la  première  application  à 
l'aquarium,  du  principe  de  l'absorption  de  l'acide  carbo- 
nique par  les  plantes  et  de  la  restitution  de  l'oxygène  par  ces 
mêmes  plantes,  revient  à  M.  Warington,  qui,  en  mars  1850, 
fit  part  à  la  Société  de  chimie  de  Londres  du  résultat  de  ses 
premières  expériences. 

Mais  ceci  n'est  point  exact,  et  c'est  un  de  nos  nationaux 
qui,  le  premier,  a  dégagé  et  fait  connaître  l'un  des  plus  im- 
portants principes  de  la  science  des  aquariums. 

4'  SÉRIE,  T.  m.  —  Janvier  1886.  3 


34  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

En  effet,  dès  1830,  M.  Charles  des  Moulins  (de  Bordeaux) 
proposa  de  mettre  dans  les  vases,  où  l'on  voulait  conserver 
vivants  des  poissons  d'eau  douce,  des  plantes  aquatiques 
flottantes  ou  submergées,  de  manière  que  ces  végétaux  s'as- 
similassent le  carbone  en  décomposant  l'acide  carbonique 
que  produit  la  respiration  des  animaux  et  en  dégageant  l'oxy- 
gène dont  ces  derniers  ont  besoin  pour  leur  existence. 

Quelques  années  après,  le  professeur  Dujardin  pensa  à  ap- 
pliquer à  l'eau  de  mer  les  conseils  donnés  par  M.  des  Moulins 
pour  l'eau  douce.  Le  succès  répondit  à  ses  tentatives,  et,  pour 
la  première  fois  en  1838,  il  rapporta,  dans  de  légers  flacons, 
des  poissons  de  mer  vivants. 

L'aquarium,  dans  le  sens  exact  du  mot,  était  enfin  définiti- 
vement inventé, 

A  la  même  époque,  en  1837,  M.  Ward  installa  à  Londres 
un  aquarium  d'eau  douce,  où  les  animaux  vivaient  et  étaient 
conservés  en  bonne  santé  grâce  à  l'emploi  des  planles.  En 
1842,  le  docteur  George  Johnston  (de  Berwick  upon  Tweed) 
établit  une  sorte  d'aquarium  minuscule  consistant  en  6  onces 
d'eau  de  mer  contenue  dans  un  petit  bocal,  et  dans  lequel  il 
plaça  des  plantes  et  des  poissons.  L'eau  ne  fut  pas  changée 
durant  un  espace  de  huit  semaines,  sans  qu'il  en  résultât  au- 
cun dommage  pour  les  habitants.  En  1847,  M"'  Thynne,  qui 
n'avait  point  entendu  parler  des  essais  que  nous  venons  de 
rapporter,  voulut  conserver  des  poissons  de  mer  à  Londres. 
Les  difficultés  qu'elle  éprouva  à  se  procurer  une  eau  toujours 
nouvelle  et  les  observations  qu'elle  avait  faites,  la  portèrent 
à  introduire,  dans  le  but  bien  défini  de  donner  aux  poissons 
ce  qui  leur  manquait,  c'est-à-dire  l'oxygène,  des  plantes  dans 
ses  réservoirs.  C'est  alors  seulement  que  M.  Robert  de  Wa- 
ringlon  commença,  avec  la  même  intention  et  le  même  succès 
que  M""  Thynne,  ses  expériences  sur  les  animaux  d'eau  douce. 
Au  commencement  de  l'année  1852,  il  les  renouvelait  sur  les 
poissons  de  mer  et  les  plantes  sous-marines.  Vers  le  même 
temps  aussi,  M.  Gosse  commençait  à  Londres  des  expériences 
identiques.  Il  publiait  en  1854,  sous  le  titre  V Aquarium  ou 
les  Merveilles  de  la  mer  dévoilées,  un  ouvrage  qui  obtint  en 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  35 

Angleterre  un  succès  de  popularité  sans  précédent,  et  qui  fut 
la  cause  première  de  cet  engouement  pour  les  choses  de  la 
mer,  qui  s'étendit  pendant  un  moment  à  tous  les  habitants 
du  Royaume-Uni. 

Cet  ouvrage  avait  pour  objet  de  signaler  les  services  que 
rendait  tous  les  jours  à  la  science  l'établissement  de  Regent's 
Park. 

Après  avoir  lu  le  livre  de  M.  Gosse,  tout  le  monde  voulut 
posséder  un  aquarium  pour  vérifier  ses  assertions  et  répéter 
ses  expériences. 

A  en  juger  par  la  date  récente  de  l'origine  scientifique  de 
l'aquarium  et  par  la  simphcité  de  son  point  de  départ,  l'essor 
pris  depuis  par  cet  appareil  est  vraiment  incroyable  !  Quelle 
figure  feraient  les  modestes  flacons  de  verre  de  Dujardin  près 
des  constructions  grandioses  que  nous  avons  vues  s'élever  un 
peu  partout  depuis  vingt-cinq  ans?  Et  ce  n'est  pas  seulement 
par  le  développement  des  dimensions  de  ces  édifices,  que  le 
progrès  est  remarquable,  c'est  encore  par  le  perfectionnement 
des  moyens  d'alimentation  et  de  purification  de  l'eau. 

Au  point  où  nous  en  sommes,  l'aération  s'obtient  unique- 
ment par  les  plantes.  Nous  allons  voir  ce  moyen  devenir  in- 
suffisant dès  que  les  proportions  de  l'établissement  seront  un 
peu  considérables,  et  nous  allons  nous  trouver  en  présence 
de  deux  grands  systèmes  de  construction,  consistant  :  le  pre- 
mier dans  l'alimentation  de  l'aquarium  par  une  eau  toujours 
renouvelée,  le  second,  dans  l'introduction,  une  fois  pour  tou- 
tes, de  la  quantité  de  liquide  suffisante  et  dans  le  maintien,  à 
l'aide  de  procédés  mécaniques,  de  l'équilibre  nécessaire  à  la 
vie  des  animaux.  Le  second  de  ces  deux  systèmes,  inauguré  à 
Paris  et  préconisé  par  M.  Lloyd,  est  certainement  appelé  à 
être  un  jour  exclusivement  employé. 

Le  but  unique  que  l'on  doit  se  proposer  étant,  comme  nous 
venons  de  le  dire,  de  maintenir  l'eau  qui  alimente  les  bassins 
dans  les  conditions  indispensables  à  la  vie  aquatique,  les  pre- 
miers constructeurs  d'aquariums  se  sont  tenu  naturellement 
1(3  raisonnement  suivant:  «  Mettons  notre  établissement  en 
communication  directe  avec  la  mer  ou  avec  un  cours  d'eau, 


36  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'AGCLIMATATION. 

de  manière  à  alimenter  les  lacs  d'une  eau  courante  se  renou- 
velant sans  cesse.  Comme  cette  eau  sera  prise  sur  les  lieux 
mêmes  où  vivent  les  poissons  que  nous  voulons  conserver  en 
captivité,  elle  se  trouvera  dans  les  conditions  biologiques  les 
meilleures,  puisqu'elle  sera  une  partie  du  grand  tout.  » 

Ils  étaient  dans  l'erreur.  Les  aquariums  établis  d'après  ce 
principe,  ont  toujours  été  imparfaits  et  d'un  entretien  fort 
coûteux.  La  mortalité  y  a  été  très  grande  et  la  vue  a  constam- 
ment été  gênée  par  l'opacité  du  milieu. 

Cela  se  comprend:  l'appel  d'une  masse  d'eau  assez  consi- 
dérable pour  alimenter  des  réservoirs  et  des  bassins  de  di- 
mensions importantes  ne  peut  se  faire  sans  que  les  fonds 
soient  énergiquement  remués.  L'eau  arrive  donc  dans  les  bacs 
chargée  de  détritus  végétaux,  animaux  et  calcaires  de  toute 
espèce,  qui  ont  pour  résultat  de  rendre  cette  eau  impropre  à 
la  vie  des  poissons  et,  le  plus  souvent,  trouble  à  n'y  pouvoir 
distinguer  aucune  forme,  à  n'y  saisir  aucun  détail. 

Dans  la  mer,  dans  un  fleuve,  si  telle  région  ne  convient 
pas  à  un  animal,  il  peut  émigrer,  changer  de  lieu.  Dans  l'a- 
quarium, c'est-à-dire  dans  un  milieu  des  plus  restreints,  le 
poisson  est  dans  l'impossibilité  de  fuir  et,  pour  peu  que  vous 
lui  donniez  un  habitat  chargé  à  une  dose  quelconque  d'élé- 
ments délétères,  vous  l'empoisonnez  sans  rémission  dans  un 
délai  plus  ou  moins  court. 

Or,  pour  alimenter  un  aquarium  d'eau  de  mer,  vous  ne 
pouvez,  quoi  que  vous  fassiez,  que  prendre  cette  eau  au  bord 
du  rivage,  c'est-à-dire  dans  la  zone  où  elle  est  contaminée  par 
les  déjections  des  villes.  De  même  pour  l'eau  douce.  On  peut 
avoir  choisi  la  source  avec  le  plus  grand  soin;  cette  source 
peut  être  ordinairement  absolument  pure.  Il  suffira,  si  c'est 
à  un  fleuve  ou  aune  rivière  que  l'eau  est  puisée,  d'un  excès  de 
matières  en  décomposition  ou  de  produits  chimiques  amenés 
tout  à  coup  par  le  courant  pour  tuer  toute  la  population.  Si 
l'eau  provient  d'une  source  souterraine,  elle  pourra  être  sur- 
chargée de  calcaires  ou  de  sels  métalliques,  suivant  les  ter- 
rains à  travers  lesquels  elle  passera.  Le  résultat  sera  encore 
mortel  pour  le  poisson.  Conclusions  :  dépenses  considérables 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  37 

et  imprévues  de  renouvellement,  sans  compter  les  murmures 
du  public  qui  ne  voit  que  peu  ou  point. 

Ce  qui  fait  surtout  le  prix  d'un  aquarium  situé  aux  environs 
de  la  mer,  ce  n'est  pas  que  l'eau  nécessaire  à  son  alimenta, 
tion  puisse  être  facilement  renouvelée,  c'est  simplement  que 
la  première  eau,  celle  qui  doit  être  la  seule  employée,  peut 
s'acquérir  à  bon  marché.  Il  en  est  de  même  des  animaux  à 
introduire. 

Les  essais  n'ont  du  reste  pas  tardé  à  faire  ressortir  les  in- 
convénients qu'offrait  le  mode  de  construction  basé  sur  le  re- 
nouvellement de  l'eau  et,  bien  que  ce  dernier  ait  encore 
aujourd'hui  des  partisans  convaincus,  il  est  généralement 
condamné  par  les  gens  véritablement  compétents. 

Ce  système  étant  reconnu  défectueux,  on  s'est  demandé  par 
quels  moyens  plus  parfaits  on  pourrait  le  remplacer.  On  a  ob- 
servé alors  ce  qui  se  passait  dans  la  nature.  On  a  vu  que  la 
masse  des  eaux  était  toujours  la  même  depuis  le  commence- 
ment des  siècles  ;  que  celles-ci  étaient  toujours  propres  à  la 
vie  des  myriades  d'organismes  qui  les  peuplent  et  qu'il  n'y 
avait  pas  d'apparence  qu'elles  cessassent  de  l'être  jamais.  On 
a  vu  en  outre  que  le  mouvement  continuel  des  particules 
dont  la  réunion  formait  les  eaux  constituait  une  puissance 
mécanique  de  malaxement,  d'épuration  et  d'absorption  de 
l'oxygène  à  nulle  autre  comparable.  On  en  a  conclu  avec  rai- 
son que,  si  l'on  parvenait,  par  un  procédé  quelconque,  analo- 
gue à  ceux  que  la  nature  emploie,  à  maintenir  une  masse  d'eau 
dans  les  conditions  exigées  pour  le  maintien  de  la  vie,  une 
telle  eau  n'aurait  jamais  besoin  d'être  changée. 

Le  problème  posé,  la  solution  n'en  était  pas  éloignée.  On 
se  dit  que,  puisque  le  mouvement  était  dans  la  nature  le 
moyen  le  plus  puissant  d'oxygénation  et  de  purification,  il 
fallait  imprimer  à  la  masse  d'eau  remplissant  les  bassins  un 
mouvement  factice  et  continuel,  qui  aurait  pour  effet  d'ame- 
ner successivement  toutes  les  molécules  liquides  au  contact 
de  l'air,  et  de  permettre  à  l'oxygène  d'en  brûler  toutes  les 
impuretés,  en  même  temps  que  de  s'y  dissoudre  en  quantité 
suffisante  pour  les  besoins  des  animaux. 


38  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

On  reconnut  de  même  qu'on  pouvait  rendre  l'action  consi- 
dérablement plus  puissante  encore  en  lançant  à  travers  la 
masse,  et  de  haut  en  bas,  des  jets  d'air  doués  d'une  grande 
force  et  divisés  au  point  de  ressembler  à  une  fine  poussière, 
mais  non  pas,  comme  on  l'a  fait  en  certains  endroits,  de  bas 
en  haut  et  en  grosses  bulles. 

M.  Lloyd,  dans  un  opuscule  intitulé  Observations  sur  les 
aquariums  publics,  relate  une  expérience  des  plus  con- 
cluantes et  des  plus  curieuses  qu'il  a  faite  à  ce  sujet.  Nous 
lui  laissons  la  parole. 

«  Dans  l'annexe  orientale  de  l'Exposition  internationale  te- 
nue à  Londres  en  1862,  je  fis,  sur  une  masse  d'eau  bourbeuse, 
chargée  de  matières  animales  et  végétales  en  pleine  décompo- 
sition, des  expériences  en  vue  de  comparer  la  valeur  respec- 
tive de  chacun  des  deux  systèmes  de  purification  préconisés. 
»   Je    commençai    par    lancer    dans   un   bac   contenant 
800  litres  de  cette  eau,  200  litres  d'air  par  minute,  pendant 
six  heures  par  jour  et  pendant  six  jours  consécutifs,  d'après 
le  système   d'aération  par  grosses  bulles.   Xu  bout  de  ce 
temps,  alors  que  plus  de  400000  litres  d'air  avaient  été  in- 
jectés en  exigeant  une  dépense  de  force  de  déplacement  de 
400000  litres  d'eau  sans  grand  effet,  je  réunis  à  ce  bassin, 
dont  l'apparence  était  à  peine  modifiée,  un  second  bac  de  la 
même  capacité  rempli  d'eau  encore  plus  corrompue  que  la 
première,  absolument  noire,  puante  et  complètement  empoi- 
sonnée par  la  présence  de  l'hydrogène  sulfuré  et  bicarburé. 
Je  mis  alors  toute  la  masse  en  mouvement  et  je  dirigeai  vers 
la  surface  de  l'eau,  de  manière  qu'elle  fût  frappée  avec  force, 
à  une  très  petite  distance  et  sous  un  angle  léger,  un  jet  d'air 
très  puissant,  mais  n'ayant  pas  plus  d'un  dixième  de  pouce 
de  diamètre. 

»  Ce  courant,  qui  n'employait  que  240  litres  à  l'heure  ou 
4  litres  par  minute,  fut  maintenu  pendant  10  heures,  à  la  fin 
desquelles,  après  une  dépense  totale  de  force  ne  dépassant 
pas  2400  litres  d'eau  à  une  pression  de  50  livres  par  pouce 
carré,  toute  mauvaise  odeur  avait  disparu  par  l'oxygénation. 
Le  courant  fut  renouvelé  deux  fois  et  le  troisième  jour  l'eau 


HISTOIRE   DES   AQUARIUMS.  39' 

était  claire  et  limpide  et  pouvait  recevoir  des  animaux.  » 

M.  Lloyd  ajoute  :  «  Une  bouteille  avait  été  remplie  de  cette 
eau  avant  sa  clarification.  Elle  fui  hermétiquement  bouchée 
et  conservée  ainsi.  Elle  est  toujours  dans  le  même  état  et 
ressemble  à  de  l'encre.  Mais,  bien  qu'il  y  ait  plus  de  quinze 
ans  de  cela,  elle  pourrait  encore  aujourd'hui  être  purifiée  et 
rendue  propre  à  la  respiration  des  animaux.   » 

Dans  de  vastes  aquariums  qui  contiennent  une  nombreuse 
population  dévorant  une  grande  quantité  de  nourriture  et  re- 
jetant une  quantité  d'excréments  également  considérable,  on 
ne  pourrait  donc  utilement  employer  le  système  d'aération 
par  grosses  bulles  qu'à  la  condition  d'augmenter  le  nombre 
des  orifices  laissant-  pénétrer  l'air  de  telle  sorte  qu'il  s'en 
trouvât  au  moins  un  par  mètre  carré  à  la  base  des  bassins. 
Mais  l'installation  de  larges  courants  d'air  agissant  sur  des 
espaces  aussi  rapprochés  les  uns  des  autres,  serait  d'abord 
une  chose  à  peu  près  impraticable  et  exigerait,  en  tous  cas, 
une  dépense  de  force  hors  de  proportion  avec  le  résultat  ob- 
tenu. En  outre,  le  passage  incessant  dans  tous  les  points  des 
bassins  de  ces  bulles  d'air  nuirait  beaucoup  à  la  vue  et  trou- 
blerait continuellement  le  poisson. 

Ainsi  d'un  côté,  aération  insuffisante,  de  l'autre,  des  in- 
convénients aussi  graves  et  une  dépense  énorme. 

De  plus,  avec  ce  système,  on  ne  peut  éviter  l'enlèvement 
à  la  main  des  dépôts  que  forme  l'accumulation  des  résidus  de 
la  nourriture  et  des  déjections  des  animaux.  C'est  un  surcroît 
de  travail,  de  dépense  et  de  gêne  pour  le  poisson.  Avec  le 
procédé  contraire,  aucun  travail  manuel  n'est  nécessaire 
pour  le  nettoyage  des  fonds ,  tout  disparaît  par  le  mouvement 
et  le  contact  de  l'air.  11  suffit  de  passer  de  temps  en  temps 
une  éponge  emmanchée  au  bout  d'une  perche  sur  les  glaces 
pour  les  débarrasser  de  la  matière  verte  (conferves)  et  encore 
peut-on  être  aidé  dans  ce  travail  par  les  Lymnées,  les  Planor- 
bes,  les  Buccins,  les  Haliotides,  etc. 

Un  des  plus  grands  perfectionnements  apportés  dans  la 
construction  des  aquariums,  établis  d'après  le  système  de  cir- 
culation, consiste  dans  l'adjonction  d'un  réservoir  placé  à 


40  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

une  certaine  profondeur  sous  terre,  de  manière  qu'il  reste 
toujours  à  une  température  égale.  L'eau,  dans  son  mou- 
vement circulatoire,  passe  du  réservoir  dans  le  premier  bas- 
sin; de  celui-ci,  dans  tous  les  autres  successivement,  et,  du 
dernier,  retourne  dans  le  réservoir  et  ainsi  de  suite,  en  sorte 
que  sa  température  n'est  que  fort  peu  influencée  par  les  va- 
riations thermométriques.  De  plus,  l'obscurité  dans  laquelle 
l'eau  passe  alternativement  a  pour  effet  de  ralentir  la  produc- 
tion des  conferves. 

C'est  M.  ^Edward  Demenay  qui,  selon  M.  Lloyd,  a  été  le 
premier  à  faire  l'application  de  la  chambre  à  eau  obscure  aux 
aquariums.  L'expérience  a  démontré  qu'il  fallait  donner  à  ces 
réservoirs  une  capacité  égale  à  cinq  fois  celle  de  la  totalité 
des  bacs. 

L'attention  s'était  déjà  portée,  avec  M.  Gosse,  sur  un  autre 
point,  qui  était  de  savoir  quelles  proportions  il  fallait  donner 
aux  dimensions  respectives  des  bacs.  On  arriva  bientôt  à  éta- 
blir une  règle  à  peu  près  fixe,  et  d'après  laquelle  la  plupart 
des  aquariums  sont  construits  aujourd'hui.  Pour  l'eau  douce, 
la  hauteur  du  liquide  ne  doit  jamais  dépasser  la  largeur  des 
bassins;  pour  l'eau  de  mer,  cette  hauteur  ne  doit  pas  être  su- 
périeure à  la  moitié  de  la  largeur. 

Une  autre  question  s'est  posée  ensuite.  De  ce  que,  dans  un 
aquarium  de  grandes  dimensions,  la  puissance  oxygénatrice 
des  plantes  devient  insuffisante,  s'ensuit-il  qu'elles  soient  inu- 
tiles et  qu'il  faille  les  dédaigner?  Loin  de  là.  Leur  action 
vient  en  aide  au  mouvement  pour  la  vivification  de  l'eau.  De 
plus,  elles  entrent  pour  une  grande  part  dans  l'alimentation 
des  animaux  aquatiques.  H  y  a  donc  lieu,  avant  d'introduire 
le  poisson,  et  une  fois  que  l'eau  se  trouve  dans  les  conditions 
de  limpidité  requise,  de  répartir  dans  les  bassins  certaines 
variétés  de  plantes  que  l'on  prendra  parmi  celles  qui  sont  les 
plus  vivaces  et  qui  ont  la  puissance  d'absorption  la  plus  con- 
sidérable. Parmi  celles-ci,  il  faut  citer,  pour  l'eau  douce,  les 
Épis  ou  Potamots,  les  Volants  d'eau,  les  Renoncules,  les  Va- 
lisnéries,  les  Lustres  d'eau,  les  Callithrix,  les  Morènes,  les 
Plantains,  etc. 


HISTOIRE    DES   AQUARIUMS.  M 

Parmi  les  plantes  de  mer,  les  meilleures  sont  les  Ulves» 
rUlve  verte  et  VUlva  latissima,  et  la  Mousse  chondrille. 

Mais,  si  l'emploi  des  plantes  est  de  toute  nécessité,  il  n'est 
pas  bon  toutefois  de  laisser  la  végétation  croître  avec  excès. 
Les  plantes  aquatiques  meurent  facilement  et  d'autant  plus 
facilement  qu'elles  se  trouvent  en  plus  grand  nombre  dans 
un  espace  plus  restreint;  il  en  résulte  tout  d'abord  une  sur- 
veillance continuelle,  car  il  faut  se  garder  de  les  laisser  se 
décomposer  dans  l'eau.  En  outre,  l'accroissement  excessif  de 
la  végétation  ne  tarde  pas  à  donner  au  liquide  une  teinte  vert 
opaque,  qui  rend  l'examen  des  animaux  peu  facile.  Enfin  une 
végétation  trop  touffue  forme  pour  le  poisson  des  abris  où  il 
est  très  difficile  de  l'apercevoir  et  où  il  pourra  mourir  sans 
que  l'on  s'en  doute. 

D'ailleurs  on  ne  perd  rien  à  être  réservé  dans  l'emploi  de 
la  verdure,  car,  sous  l'influence  de  la  lumière,  la  flore  con- 
fervoïde  ne  tarde  pas  à  se  produire  et  vient  en  aide  aux 
plantes  dont  on  a  orné  les  bassins,  si  bien  que  l'on  est  sou- 
vent, ainsi  que  nous  l'avons  dit,  obligé  de  la  modérer. 

On  règle,  du  reste,  facilement  les  progrès  de  la  végétation, 
queUe  qu'elle  soit,  en  disposant  la  lumière  avec  plus  ou  moins 
d'économie. 

Au  point  de  vue  du  poisson,  on  doit  savoir  aussi  qu'une 
grande  lumière,  l'exposition  aux  rayons  directs  surtout,  est 
extrêmement  dangereuse,  sauf  pour  quelques  espèces  exo- 
tiques, tels  que  le  Gourami,  l'Arc-en-ciel,  etc.  Trop  de  lu- 
mière aveugle  le  poisson,  attaque  ses  couleurs  et  devient 
pour  lui  une  cause  de  nombreuses  maladies.  L'excès  contraire 
n'est,  du  reste,  pas  moins  préjudiciable.  Une  trop  grande 
obscurité  amène  bientôt  le  dépérissement  de  la  population 
et  de  la  végétation,  et  ne  tarde  pas  à  faire  de  tous  les  bacs  de 
sombres  cloaques,  qui  ne  sont  bientôt  plus  qu'un  vaste  cime- 
tière où  s'ébattent  seuls  les  organismes  du  monde  microsco- 
pique. 

En  ce  qui  concerne  l'aménagement  intérieur  des  bassins 
d'un  aquarium,  l'observation  a  encore  conduit  à  imiter  la 
nature,  et  l'on  a  parsemé  le  fond  et  les  parois  de  ces  bassins 


42  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  cailloux,  de  pierres  ou  de  roches,  selon  les  dimensions, 
en  ménageant  entre  les  blocs  des  anfractuosilés  représen- 
tant, à  une  échelle  réduite,  les  crevasses  et  les  grottes  que 
l'on  trouve  dans  la  mer.  A  l'exception  des  Pleuronectes  qui 
restent  constamment  appliqués  sur  le  sable,  les  autres  pois- 
sons se  trouvent  fort  bien  de  ces  accidents  de  terrain  qui  leur 
servent  de  lieux  de  repos  et  d'abris. 

L'emploi  de  ces  dispositions  devint  bientôt  général  et  l'abus 
ne  tarda  pas  à  se  produire.  Les  rochers,  en  effet,  sortirent  de 
l'eau.  Ils  gagnèrent  les  murs,  les  plafonds,  le  sol  des  aqua- 
riums, et  les  transformèrent  en  grottes  plus  ou  moins  na- 
ture ,  plus  ou  moins  pittoresques.  Cela  ne  manqua  pas  de 
frapper  l'imagination  du  public  ignorant  transporté  ou  à  peu 
près  sur  les  bords  de  la  mer,  mais  fit  sourire  les  hommes 
instruits  qui  voyaient  donnera  une  chose  sérieuse  une  tour- 
nure enfantine  et  souvent  grotesque.  Ce  nouveau  genre  fut 
très  goûté,  bien  que  d'un  goût  douteux,  et  la  plupart  des 
aquariums  construits  depuis  cette  époque,  c'est-à-dire  depuis 
4866,  le  furent  d'après  ces  principes  d'un  art  peu  sévère. 

M.  Lloyd  s'élève  contre  ce  travers.  Il  a  raison.  N'a-t-on  en 
vue  qu'un  objet  d'amusement?  Que  l'on  construise  alors  des 
grottes,  que  l'on  ménage  des  chutes,  des  cascades,  des  cata- 
ractes même,  rien  de  mieux.  Ajoutez-y  des  chemins  escarpés, 
des  pics,  des  précipices,  des  ponts  branlants,  tout  ce  que  vous 
pourrez  imaginer.  Mettez  là  dedans  quelques  poissons,  les 
premiers  venus,  des  Ablettes  et  des  Goujons,  aussi  bien  que 
des  Carpes  et  des  poissons  rouges,  et  vous  aurez  tout  ce  que 
vous  voudrez,  excepté  un  aquarium. 

Si,  au  contraire,  vous  désirez  avoir  un  instrument  sérieux 
d'étude  et  d'observation,  écartez  tout  ce  qui  peut  nuire  à 
votre  but.  Que  l'ornementation  soit  d'un  style  sobre  et  élevé, 
que  la  circulation  soit  facile,  les  dégagements  commodes,  les 
couloirs  larges  et  frais  sans  être  froids.  Dans  ces  conditions, 
les  visiteurs,  qu'aucune  préoccupation  étrangère  ne  distraira, 
verront  avec  fruit  ce  qu'ils  viennent  voir,  c'est-à-dire  le  pois- 
son chez  lui. 

Pour  nous  résumer,  nous  énoncerons  les  principales  règles 


HISTOIRE   DES  AQUARIUMS.  43 

qui  doivent  présider  à  la  construction  et  à  l'entretien  d'un 
aquarium.  Elles  se  réduisent,  en  somme,  aux  suivantes,  qui, 
bien  appliquées,  conduiront  toujours  à  des  résultats  heu- 
reux. 

L'eau  ne  doit  jamais  être  renouvelée.  Il  faut  seulement 
compenser  la  perte  produite  par  Tévaporation.  Le  maintien 
de  l'équilibre  doit  être  demandé  exclusivement  au  mouve- 
ment et  à  l'injection  de  l'oxygène. 

L'usage  des  filtres  doit  être  rendu  inutile  par  une  sage  ap- 
plication des  deux  moyens  ci-dessus. 

Il  ne  doit  jamais  y  avoir  dans  les  bassins  une  quantité  de 
déjections  et  de  détritus  telle  qu'on  ne  puisse  la  faire  dispa- 
raître par  une  accélération  de  quelques  heures  du  système 
de  circulation  ;  ce  qui  revient  à  dire  que  la  surveillance  de 
l'appareil  ne  doit  jamais  être  négligée,  au  point  de  permettre 
une  accumulation  trop  considérable  de  matières  organiques 
en  décomposition.  Les  glaces  seules  doivent  être  nettoyées  à 
la  main. 

La  capacité  des  réservoirs  souterrains  doit  être  au  moins 
de  cinq  fois  celle  de  la  capacité  des  bacs.  Ils  doivent  être 
construits  à  une  profondeur  telle  que  leur  contenu  ne  puisse 
jamais  être  influencé  par  les  variations  thermométriques. 

On  doit  faire  un  emploi  judicieux  et  plutôt  modéré  de  la 
végétation. 

Enfin  le  choix  de  l'exposition  doit  être  l'objet  de  beaucoup 
de  soin. 

Que  si  l'on  est  dans  une  ville  d'intérieur  et  que  l'on  veuille 
avoir  un  aquarium  marin,  mais  que  l'on  soit  arrêté  par  le 
prix  du  transport  de  l'eau  de  mer,  des  expériences  nom- 
breuses ont  démontré  qu'il  est  possible  de  faire  vivre  des 
poissons  dans  une  eau  artificielle.  C'est  M.  Gosse  qui  a  signalé 
ce  fait  curieux,  et  il  a  démontré  en  outre  que  les  substances 
chimiques  trouvées  dans  l'eau  de  mer  naturelle,  telles  que  la 
chaux,  le  fer,  l'iode,  la  silice,  finissent,  au  bout  d'un  certain 
temps,  par  se  trouver  également  dans  l'eau  artificielle,  sans 
qu'on  les  y  ait  introduites  en  aucune  façon. 

Nous  nous  arrêtons,  espérant  avoir  non  pas  traité  la  ques- 


44  SOCIÉTÉ  NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

tion  comme  elle  mériterait  de  l'être,  mais  du  moins  indiqué 
la  voie,  et  démontré  que,  si  l'on  peut  parfois  encore  rencon- 
trer certaines  difficultés  dans  la  construction  des  aquariums, 
ce  ne  sont  plus  que  des  difficultés  d'exécution,  les  inconnues 
théoriques  étant  aujourd'hui  complètement  dégagées. 

Nous  voudrions  pouvoir  nous  flatter  que  l'avenir  nous 
amènera  la  réalisation  de  nos  vœux,  en  multipliant  de  pré- 
cieux instruments  d'études,  qui  deviendront  les  vulgarisateurs 
de  la  science  des  eaux  ainsi  que  des  sources  de  saines  distrac- 
tions pour  les  masses,  au  même  titre  que  les  musées  et  les 
bibliothèques. 

Si  les  quelques  pages  qui  précèdent,  tout  incomplètes 
qu'elles  sont,  pouvaient  avoir  une  certaine  influence  sur  la 
solution  d'un  problème  économique,  qui  de  nos  jours  mérite 
tant  de  sollicitude,  nous  nous  estimerions  trop  récompensé 
de  les  avoir  écrites. 


III.  EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  8  JANVIER  1886. 
Présidence  de  M.  Amédée  Berthoule,  Archiviste. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

iM.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

M.  le  Ministre  de  la  marine  et  des  colonies  adresse  un  exemplaire 

du  Catalogue  des  produits  des  colonies  établi  à  l'occasion  de  l'Exposition 
de  1878,  ainsi  qu'un  Catalogue  spécial  des  produits  naturels  des  éta- 
blissements français  dans  l'Inde. —  Remerciements. 

—  Des  demandes  de  cheptels  sont  adressées  par  MM.  de  la  Brosse, 
Chandèze,  Le  Guay,  L.  Mercier,  Le  Pelletier  de  Glatigny,  l'abbé  Daux, 
La  Peyre,  E.  Delloye,  F.  Galland,  Marcel  Cote,  L.  Dupuy,  comte  de  Mont- 
lezun,  Dupouet,  P.  Martineau,  Larrieu,  capitaine  Mengin,  marquis  de  la 
Rochejaquelein,  John  0'Neill,Brelte,  Audap,  de  Confévron,  de  Bouteyre, 
Paul  Gredy,  A.  Hiver,  l'abbé  Laborde,  de  Boussineau  et  Th.  Beliemer. 

—  M.  A.  Touchard,  des  Aulxjouannais  (Indre),  rend  compte  de  la 
situation  de  son  cheptel  de  Gervules,  et  demande  des  renseignements  au 
sujet  du  renvoi  de  ces  animaux. 

—  M.  Delaurier  aîné  annonce  que  les  Colombes  grivelées  (Leucosar- 
cia  picata)  qu'il  a  en  cheptel  ont  pondu  dans  la  saison  dernière.  Les 
jeunes  ont  été  élevés  par  des  Colombes  ordinaires  et  sont  maintenant 
(décembre  1885)  aussi  beaux  que  les  parents.  Il  est  à  croire  que  ces 
élèves  reproduiront  dès  le  printemps  de  1886. 

—  M.  Max  von  dem  Borne-Berneuchen  annonce  l'envoi  qu'il  est  chargé 
de  faire  à  la  Société,  de  la  part  de  la  Société  allemande  de  pisciculture, 
de  50000  œufs  embryonnés  de  Coregonus  marœna,  du  lac  Soldin. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale,  d'après  un  article  publié  par  V Ottawa 
Citizen,  le  développement  donné  à  la  pisciculture  dans  les  possessions 
anglaises  du  nord  de  l'Amérique.  Le  Canada,  la  Nouvelle-Ecosse  et  le 
Nouveau  -  Brunswick  comptent  actuellement  douze  établissements  de 
pisciculture,  dans  lesquels  ont  été  mis  en  incubation,  pour  la  présente 
campagne,  68  000000  d'oeufs  de  Saumon,  de  Truites  et  de  Corégones  de 
différentes  espèces. 

—  M.  Berthéol  prie  la  Société  de  vouloir  bien  mettre  à  sa  disposition 
des  alevins  de  Biack-Bass,  et  demande,  en  outre,  à  prendre  part  aux 
distributions  d'oeufs  ou  d'alevins  d'espèces  exotiques  qui  pourraient  être 
faites.  Notre  collègue  ajoute  qu'il  dispose,  dans  la  vallée  d'Yères,  d'un 
bras  de  fausse-rivière  dans  lequel  il  lui  est  facile  de  s'occuper  de  l'éle- 
vage du  poisson. 

—  M.  Boby  de  la  Chapelle,  de  Champloret,  par  Sainl-Servan  (Ule-et- 
Vilaine),  adresse  une  demande  d'alevins  de  Saumon  de  Californie. 

—  En  remerciant  de  l'envoi  qui  lui  est  annoncé  d'un  lot  d'œufs  de 


46  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

Truite  des  lacs,  M.  Després,  de  Nanleuil-en-Vallée,  fait  connaître  qu'il 
compte  adresser  prochainement  à  la  Société  un  rapport  sur  ses  travaux 
de  pisciculture  en  1885,  et  notamment  sur  les  résultats  qu'il  a  obtenus 
dans  l'élevage  du  Salmo  fontinalis. 

—  M.  le  Président  de  la  Société  Linnéenne  de  nord  de  la  France,  à 
Amiens,  adresse  une  demande  d'œufs  de  Salmonidés. 

—  M.  le  marquis  de  Scey  de  Brun  fait  parvenir  de  nouveaux  renseigne- 
ments sur  le  laboratoire  de  pisciculture  qu'il  a  récemment  installé  à 
Scey-en-Varais,  près  Ornans  (Doubs),  et  dans  lequel  il  peut  mettre  en 
incubation  100  000  œufs  de  Truite.  Notre  collègue  saisit  cette  occasion 
pour  prier  la  Société  de  vouloir  bien  le  comprendre  dans  les  distribu- 
tions d'œufs  de  Salmonidés  qu'il  lui  serait  possible  de  faire. 

—  M.  Mailles  adresse  la  note  suivante  :  «  J'ai  lu  dans  le  Bulletin  de 
septembre  dernier  les  lettres  de  MM.  Laisnel  de  la  Salle  et  Cornély.  Je 
crois  devoir  y  répondre. 

3»  Tout  d'abord,  je  tiens  à  remercier  M.  Laisnel  de  la  Salle  de  l'impor- 
tance qu'il  attache  à  mes  appréciations,  relativement  aux  Bana  mugiens. 

ï  Je  déclare  avec  franchise  que  la  communication  de  M.  Laisnel  de  la 
Salle  m'a  surpris.  En  effet,  notre  collègue  ayant  fait,  au  commencement 
de  l'année,  une  très  amusante  histoire  de  Grenouilles-Bœufs,  je  pensais 
que,  lorsqu'il  traiterait  à  nouveau  ce  sujet,  ce  serait  pour  y  apporter  des 
éléments  nouveaux.  Il  n'en  est  rien.  La  question  de  savoir  si  ces  batra- 
ciens se  sont  reproduits  ou  non  au  Bois  de  Boulogne  n'a  pas  fait  un  pas 
en  avant.  Bien  au  contraire,  d'après  des  renseignements  que  je  liens  de 
M.  Laisnel  de  la  Salle,  et  qu'il  a  oublié,  ce  qui  est  très  regrettable,  de 
mentionner  dans  sa  lettre,  la  susdite  question  a  fait  un  pas  en  arrière. 
—  Je  m'explique. 

»  J'ai  eu  l'honneur  de  visiter  le  charmant  petit  jardin  que  notre  col- 
lègue possède  à  Neuilly,  et  oîi  ont  vécu  les  fameuses  Grenouilles  qui 
sont  la  cause,  involontaire,  j'en  suis  convaincu,  des  discussions  et  des 
chocs  d'où  jaillit  l'obscurité. 

»  Donc  M.  Laisnel  de  la  Salle,  après  m'avoir  raconté  tout  ce  que  nos 
collègues  connaissent,  m'avance  certains  faits  qui,  ainsi  qu'il  est  dit  plus 
haut,  ne  sont  pas  mentionnés  dans  sa  lettre.  Mes  lecteurs  pourront 
juger  mieux,  ensuite,  cette  phrase  de  M.  Laisnel  de  la  S.ille  :  «  Ainsi  le 
»  fait  est  indéniable  »  (le  fait  de  la  reproduction  de  Rana  mugiens  au 
Bois  de  Boulogne). 

»  1°  Cette  année  (1885),  il  n'a  pas  été  possible  de  trouver  un  seul  têtard 
de  Bœuf,  bien  que  notre  collègue  ait  ofl'ert  aux  gardes  et  autres  agents 
du  Bois  une  prime  de  5  francs  par  tète. 

»  2"  M.  de  la  Salle  a  écrit  son  spirituel  travail  sur  les  Grenouilles- 
Bœufs  longtemps  après  qu'il  ne  les  possédait  plus,  entièrement  de  mé- 
moire, n'ayant  pris  aucune  note. 

»  3"  11  en  résulte,  entre  autres  inconvénients,  que  le  passage  où  il  est 


PROCÈS-VERBAUX.  47 

dit  que  les  jeunes  Grenouilles  mugissaient  dès  l'année  qui  a  suivi  celle 
de  leur  transformation  a  été  reconnu  inexact  par  son  auteur,  sur  l'obser- 
vation que  j'en  fis. 

î  Pourquoi  ces  trois  révélations  très  importantes  ne  figurent-elles  pas 
dans  la  lettre  parue  au  i??t//ef  m?  Quant  aux  témoignages  des  gardes,  etc., 
que  M.  de  la  Salle  nous  ofïre,  je  ne  pense  pas  qu'ils  puissent  servir  à 
grand'clîose.  Celui  de  notre  confrère  est  bien  préférable,  et  pourtant  il 
ne  peut,  à  mon  avis,  suffire,  même  additionné  de  tous  les  cautionnements 
que  pourraient  fournir  des  personnes  étrangères  à  l'erpétologie.  Je  n'ai 
jamais  révoqué  en  doute  la  bonne  foi  et  l'honorabilité  de  M.  Laisnel  de 
la  Salie,  pas  plus  que  celle  des  personnes  qu'il  propose  de  faire  témoi- 
gner. J'ai  expliqué  bien  souvent  ce  qui  a  pu  faire  croire,  peut-être  à 
tort,  à  l'existence  de  Têtards-Bœufs  dans  les  eaux  du  lac  Saint-James; 
je  n'ai  pas  à  y  revenir. 

»  Je  n'ai  pas  nié  que  les  Rana  mugiens  aient  reproduit  au  Bois  de 
Boulogne,  mais  j'ai  nié,  et  je  nie  encore,  que  ce  fait  ait  été  prouvé.  Il  le 
sera,  pour  l'avenir  bien  entendu,  car  pour  le  passé  ce  n'est  plus  pos- 
sible, les  Têtards- Bœufs,  ou  ceux  du  Pelobates  fuscus,  ne  se  trouvent 
plus  dans  ce  lac;  il  le  sera,  dis-je,  quand  quelqu'un  nous  montrera  de 
ces  larves  vivantes,  ici  même,  à  la  troisième  Section,  où  ceux  des  membres 
compétents  pourront  les  déterminer;  quand,  enfin,  les  récits  concernant 
l'élevage,  la  transformation,  etc.,  seront  écrits  d'après  des  notes  prises  au 
jour  le  jour,  dans  un  style  prouvant,  par  ses  expressions,  que  leur  auteur 
connaît  assez  les  batraciens  annoncés  pour  ne  pas  faire   de   confusion. 

»  Pour  ce  qui  concerne  mes  déclarations  sur  l'installation  de  ces  ani- 
maux au  Jardin  d'Acclimatation  en  hiver  et  au  printemps  1885,  je  les 
maintiens  absolument.  Ici  encore  la  mémoire,  non  secondée  par  des 
notes,  de  iM.  Laisnel  de  la  Salle  l'a  mal  servi.  Actuellement  les  Rana 
mugiens  courent  librement  dans  le  parc  aux  Pingouins,  et  non  moins 
librement  dans  la  campagne,  quand  elles  le  veulent.  Évidemment,  on  en 
prendra  encore  souvent  au  Bois.  Mais  au  commencement  de  l'année, 
l'enclos  dont  j'ai  parlé  existait  encore  et  renfermait  des  Grenouilles- 
Bœufs.  Il  a  été  défoncé,  comme  je  l'ai  dit,  puis  retiré  plus  tard.  Tous 
ces  faits,  d'autres  que  moi,  d'ailleurs,  les  ont  constatés,  et  ici  point  n'est 
besoin  de  connaissances  spéciales  pour  témoigner  utilement. 

»  M.  Cornély,  qui  possède  de  grosses  Grenouilles  dans  son  parc  de 
Beaujardin,  veut  bien,  lui  aussi,  me  faire  l'honneur  de  prendre  en  con- 
sidération les  observations  que  j'ai  présentées  à  l'occasion  des  repro- 
ductions de  Rana  mugiens  signalées  de  divers  côtés. 

>  Je  ne  puis  répondre  que  ceci  à  M.  Gornély  :  Quelles  sont  les  Gre- 
nouilles qu'il  élève  ?  Il  en  a,  dit-il,  trois  espèces.  Y  a-t-il  parmi  des 
Rana  mugiens  ? 

>  Notre  confrère  parle  d'énormes  têtards  qu'il  a  vus  dans  sa  propriété. 
Sont-ce  ceux  du  Pelobates  cultripes ,   ou  bien  pense-t-il  qu'ils  pro- 


48  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D* ACCLIMATATION. 

viennent  de  ses  Grenouilles,  dont  il  ne  sait  pas  le  nom.  Car  s'il  y  en  a  trois 
espèces,  à  la  rigueur  l'une  d'elles  pourrait  être  le  Rana  mugiens,  il  est 
vrai.  Mais  rien  n'indique  que  les  têtards  énormes  en  proviennent.  Si 
M.  Cornéty  veut,  ou  peut  me  fournir  les  renseignements  ci-dessus,  j'en 
serai  charmé.  S'il  peut  aussi  fournir  de  ses  têtards  vivants,  ce  sera  en- 
core mieux. 

»  A  mon  avis,  le  Rana  mugiens  pourrait  parfaitement  vivre  et  repro- 
duire en  France.  Au  Bois  de  Boulogne  les  conditions  sont  défavorables, 
comme  situation  et  provenance  des  sujets  qui,  échappés  du  Jardin  zoo- 
logique, où  ils  ont  langui  et  souffert  plus  ou  moins  longtemps,  doivent 
être  peu  ou  pas  aptes  à  la  multiplication.  Au  parc  de  Beaujardin ,  au 
contraire,  les  conditions  sont  excellentes.  Il  me  paraît  facile  d'y  avoir  de 
bons  résultats;  peut-être  même  ont-ils  déjà  été  obtenus.  Je  clos  ici  cette 
trop  longue  communication  en  souhaitant  vivement  que  M.  Cornély,  ama- 
teur distingué,  veuille  bien  nous  fournir  à  ce  sujet  les  éclaircissements 
nécessaires. 

»  En  attendant,  je  déclare  que,  à  moins  de  faits  nouveaux  et  intéres- 
sants, de  preuves  irréfutables  comme  celles  fournies  par  l'envoi  de 
Têtards-Bœufs  vivants,  je  ne  m'occuperai  plus  de  cette  question  de  la 
reproduction  des  Rana  mugiens  en  France.  » 

—  Le  Conseil  ayant,  pour  satisfaire  au  désir  exprimé  par  la  troisième 
Section,  adressé  aux  préfets  une  circulaire  leur  demandant  des  rensei- 
gnements sur  la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs  départements, 
MM.  les  préfets  de  l'Aube,  de  l'Ariège,  de  la  Charente,  de  la  Creuse,  du 
Finistère,  de  Meurthe-et-Moselle,  du  Morbihan,  du  Nord,  de  la  Haute- 
Savoie,  du  Var  et  de  Vaucluse  font  parvenir  des  réponses  aux  questions 
qui  leur  ont  été  posées. 

—  M.  Mailles  demande  que  son  travail  concernant  la  culture  dans  la 
Mousse  soit  soumis  à  l'examen  de  la  Commission  des  récompenses. 

—  MM.  Adrien  Bourgarel  et  Mathieu  Boisson  adressent  une  note  sur 
les  plantations  d'Eucalyptus,  faites  à  la  villa  Sainte-Marguerite,  et  sur 
l'utilisation  industrielle  de  ces  plantations  : 

»  C'est  en  1865,  au  mois  de  février,  que  M.  Bourgarel  planta  pour  la 
première  fois  cinq  Eucalyptus  globulus  originaires  du  jardin  du  Hanima, 
à  Alger.  11  n'existait  jusqu'alors,  dans  la  région  de  Toulon,  aucune  plan- 
tation d'Eucalyptus. 

»  Dès  la  première  année,  la  végétation  des  arbustes  fut  si  luxuriante 
que  M.  Bourgarel  n'hésita  pas  à  continuer  les  plantations. 

»  A  l'aide  de  graines  variées  rapportées  d'Australie  par  l'amiral  Chai- 
gneau,  les  premiers  semis  comprirent  une  assez  grande  variété.  Entre 
autres,  nous  citerons  au  premier  rang  le  Globulus,  puis  VAmygdalina, 
le  Colossea,  le  Goniocalyx,  le  Leucoxylon,  le  Piperita,  le  Robusta, 
le  Rostrata,  le  Viminalis. 

»  Moyennant  quelques  soins,  lors  du  premier  empotage,qui  se  fait  dans 


PROCÈS-VERBAUX.  49- 

de  petits  godets,  les  semis  réussirent  constamment  bien,  et  bientôt 
l'étendue  de  la  plantation  atteignit  la  superficie  de  3  hectares,  étendue 
qu'elle  occupe  aujourd'hui  et  qui  est  en  voie  d'accroissement. 

»  La  hauteur  des  Eucalyptus  est  en  moyenne  de  20  à  25  mètres;  un 
certain  nombre  atteignent  30  mètres,  et  quelques-uns  même  semblent 
dépasser  cette  hauteur.  Les  plus  gros  mesurent  2  mètres  de  circonfé- 
rence à  la  base,  et  tous  présentent  l'aspect  d'une  végétation  si  luxuriante 
que  le  poids  moyen  des  branches  chargées  de  feuillage  est  de  50  kilo- 
grammes, tandis  que  leur  longueur  dépasse  5  mètres. 

»  Les  arbres  de  notre  plantation  de  Sainte-Marguerite  ont  déjà  donné 
lieu  à  plusieurs  tailles  très  sérieuses,  ne  laissant  qu'un  tronc  de  quel- 
ques mètres  de  hauteur  et  complètement  dépouillé  de  branches.  Malgré 
la  sévérité  de  ces  tailles,  les  Eucalyptus  qui  y  ont  été  soumis  dévelop- 
paient déjà  l'année  d'après  des  branches  de  3  mètres  de  long  chargées 
de  feuillage. 

ï  Si  nous  ajoutons  que  la  plantation  est  située  dans  des  terrains  schis- 
teux, sur  le  bord  de  la  mer,  et  qu'elle  n'est  arrosée  que  par  les  pluies 
naturellement  très  rares  en  Provence,  sans  que  les  arbres  aient  d'ail- 
leurs jamais  souffert  de  la  sécheresse,  nous  aurons  donné,  croyons-nous, 
tous  les  détails  intéressants  sur  la  plantation  elle-même.  » 

—  M.  Hédiard  présente  des  bulbilles  de  Dioscorea  bulbifera  remar- 
quables par  leur  grosseur.  Six  de  ces  bulbilles  forment  un  poids  de 
1^3,500,  et  le  plus  gros  d'entre  eux  pèse,  à  lui  seul,  350  grammes.  Fari- 
neux et  d'un  goût  agréable,  ces  bulbilles  se  font  cuire  et  se  préparent 
comme  les  rhizomes  d'Ignames.  La  plante  paraîtrait  pouvoir  être  culti- 
vée avantageusement  dans  notre  Midi,  car  elle  donne  des  produits  même 
sous  le  climat  de  Paris,  ainsi  que  l'ont  montré  les  essais  faits  l'année 
dernière  à  Grignon  par  M.  Uybowski. 

—  M.  le  Secrétaire  général  demande  si  les  racines  ont  autant  de  pro- 
fondeur que  celles  du  Dioscorea  batatas- 

—  M.  Hédiard  répond  que,  sous  ce  rapport,  les  deux  plantes  sont  sem- 
blables. 

Notre  collègue  met  également  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des 
fruits  de  Luffa  cylindrica  et  de  L.  acutangula,  cucurbitacées  dont 
l'une,  la  dernière,  connue  dans  l'Inde,  à  Maurice,  à  la  Réunion,  etc., 
sous  le  nom  de  Pipengaille,  est  très  estimée  des  créoles,  qui  la  pré- 
fèrent à  l'Aubergine.  Quant  à  l'autre  espèce,  le  fruit  en  est  revêtu  d'une 
écorce  toute  particulière,  dont  le  tissu  léger  et  souple  la  rend  propre  à 
divers  usages  domestiques. 

—  En  remerciant  M.  Hédiard  de  cette  présentation  de  produits  exo- 
tiques, M.  le  Président  signale  l'intérêt  qui  s'attache  à  de  semblables 
communications,  particulièrement  propres  à  faire  connaître  nos  colonies 
et  les  ressources  qu'elles  présentent. 

—  M.  Pichot  présente  à  l'assemblée  une  nappe  de  peaux  de  Maras 

4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Janvier  1886.  4 


50  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

qu'il  a  reçue  du  Gliili.  Le  poil,  comparable  à  celui  du  Chevreuil,  paraît 
être  un  peu  cassant.  Si  le  Mara  peut  arriver  à  se  reproduire  abondam- 
ment chez  nous,  c'est  probablement  surtout  comme  animal  alimentaire 
qu'il  présentera  un  véritable  intérêt. 

—  M.  Jules  Grisard  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  du  R.  P.  Cam- 
l)Oué,  missionnaire  apostolique  à  Madagascar,  plusieurs  échantillons  de 
Saturnia  suraka  et  de  Borocera  Madagascar iemis.  Le  zélé  corres- 
pondant de  la  Société  a  constaté  qu'un  de  ces  deux  Lépidoptères  séri- 
cigènes,  le  Borocera,  peut  vivre  sur  VEucalyptus.  C'est  un  renseigne- 
ment utile  à  enregistrer,  car  il  permet  d'es|)érer  qu'on  pourra  élever 
cette  espèce  dans  le  midi  de  la  France.  Le  R.  P.  Camboué  annonce  l'en- 
voi prochain  de  spécimens  de  VUrania  ripheus,  qui  est  certainement 
le  plus  beau  Lépidoptère  connu. 

Un  échantillon  de  cette  magnifique  espèce,  obligeamment  communiqué 
par  M.  Fallou,  est  mis  sous  les  yeux  de  l'assemblée. 

Revenant  ensuite  sur  la  comiimnication  faite  par  M.  Hédiard, 
M.  l'Agent  général  signale  la  possibilité  de  cultiver  sous  le  climat  de 
Paris  le  Luffa  acutangula,  plante  dont  il  présente  un  fruii  récolté  à 
Crosne  (Seine-et-Oise)  par  notre  collègue  M.  Paillieux.  Le  fruit  de  cette 
espèce  est,  comme  celui  du  Luffa  cylindrica,  connu  sous  le  nom  de 
«  Courge  à  torchon  ». 

—  iM.  Raveret-Wattel  rend  compte  du  concours  d'ostréiculture  qui  a 
eu  lieu  récemment  au  Palais  de  l'Industrie,  pendant  1'  «  Exposition  du 
Travail»,  et  pour  lequel  il  avait  été  nommé  membre  du  jury.  Il  pré- 
sente, à  cette  occasion,  un  aperçu  de  la  situation  actuelle  de  l'ostréicul- 
ture en  France,  et  signale  diverses  mesures  à  prendre  dans  l'intérêt  du 
développement  de  cette  industrie,  entre  autres  un  abaissement  dos  droits 
d'octroi  et  des  tarifs  de  transport. 

—  M.  Hédiard  estime  que,  non  seulement  pour  les  Huîtres,  mais  en- 
core pour  une  foule  de  produits,  il  serait  très  utile  d'obtenir  des  prix 
moins  élevés  que  le  tarif  actuel  pour  des  envois  peu  importants.  On 
n'obtient  actuellement  de  réduction  dans  les  frais  de  transport  qu'à  la 
condition  de  faire  des  envois  considérables,  ce  qui  est  préjudiciable  au 
petit  producteur  aussi  bien  qu'au  consommateur. 

—  M.  Camille  Dareste  rend  compte  d'expériences  très  intéressantes  qu'il 
a  récemment  faites  concernant  l'action  nuisible  des  bruits  continus  sur 
l'incubation  des  œufs  de  Poule.  Les  vibrations  produites  par  un  appareil 
régulateur  de  la  température,  dans  les  couveuses  artificielles,  ont  suffi 
pour  faire  périr,  vers  le  septième  ou  le  huitième  jour,  les  embryons  de 
presque  tous  les  œufs  (7  sur  8)  mis  en  observation  dans  un  incubateur 
(voy.  au  Bulletin). 

—  M.  le  Secrétaire  général  annonce  à  l'assemblée  que  le  siège  de  la 
Société  sera  très  prochainement  transféré  au  n"  41  de  la  rue  de  Lille,  oii 
se  prépare  une  installation  à  la  fois  plus  spacieuse  et  plus  commode  que 


PROCÈS-VERBAUX.  51 

le  local  actuel.  Le  nouvel  immeuble  qu'a  fait  construire  la  Société  com- 
prend, outre  les  bureaux  et  la  salle  des  séances,  des  salles  spécialement 
affectées  aux  réunions  du  Conseil,  à  celles  des  différentes  Sections  et 
enlin  une  bibliothèi|ue  formant  salle  de  lecture. 

—  A  l'occasion  d'une  lettre  mentionnée  dans  la  correspondance  et  re- 
lative à  des  Eucalyptus  qui,  recépés,  paraissent  n'avoir  nullement  souf- 
fert de  l'opération  et  donnent  des  pousses  extrêmement  vigoureuses, 
M.  le  Secrétaire  général  signale  que  cette  expérience  a  été  déjà  très 
souvent  faite  au  Jardin  d'Acclimatation  d'Hyères.  Des  Eucalyptus  de 
sept  à  huit  ans  et  de  30  à  40  centimètres  de  diamètre,  coupés  au  niveau 
du  sol,  repoussent  avec  une  vigueur  telle  qu'il  est  impossible,  au  bout 
de  quelques  années,  de  distinguer  les  arbres  ayant  subi  l'opération  de 
ceux  qu'on  a  laissés  croître.  Aussi  n'hésite-t-on  pas  aujourd'hui  à  em- 
ployer ce  moyen  pour  rectifier  la  croissance  de  certains  sujets  laissant 
à  désirer  sous  le  rapport  de  la  forme. 

—  Enfin  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  communique  d'intéressantes  obser- 
vations faites  au  Jardin  d'Acclimatation  du  Bois  de  Boulogne  sur  la  rus- 
ticité du  Mara,  (|ui  a  supporté  des  froids  de  21  degrés  pendant  l'hiver 
1879-1880,  et  qui,  sans  abri,  tapi  dans  la  neige,  a  parfaitement  résisté 
à  cette  épreuve.  M.  le  Secrétaire  général  ajoute  que  de  nouvelles  impor- 
tations permettront  sans  doute  prochainement  d'obtenir  chez  nous  la  mul- 
tiplication rapide  du  Mara,  qui,  s'il  n'est  pas  destiné  à  devenir  un  ani- 
mal de  chasse,  sera  tout  au  moins  un  animal  de  grand  parc,  et  qui, 
chassé  par  des  Briquets  ou  des  Bassets,  donnera  un  tiré  des  plus  inté- 
ressants. 

—  En  levant  la  séance,  qui  doit  être  la  dernière  dans  le  local  actuel, 
M.  le  Président  exprime  le  vœu  que  la  prospérité  conquise  par  la  Société 
dans  son  ancienne  résidence  se  continue  dans  la  nouvelle,  et  qu'elle  se 
continue  aussi  brillante  que  nos  aspirations  nous  la  font  désirer. 


SEANCE  GÉNÉBALE  DU  22  JANVIER  1886. 
Présidence  de  M.  le  manjuis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms    des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

» 

M.  PRÉSENTATEURS. 

Bergman  (Ernest),  secrétaire  de   la  Société      E.  Glatigny. 
nationale  d'horticulture  de  France,  château  '  Jules  Grisard. 
do  Ferrières  (Seine-et-Marne).  '  Ch.  Joly. 


52  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

„„  ,    (  A.  Berlhoule. 

DoRMEUiL  (Auguste),  négociant,  38,  rue  de  \  ^    paiHieux 

Lisbonne,  à  Paris.  [  Have'ret-Wa'ltel. 

.,    ,  V  .  1    /^        >-.       .   of-   (  •'•  Fromage. 

Flers  (H.  de),  avocat  a  la  Cour  d  Appel,  do,  \  .    „     «•      c  •  .  u-i  • 

^    ,     '.      ,  -^    .  f r    '      '  )  A.GeoffroYSaint-Hilaire. 

rue  de  nertiii,  a  Pans.  I  i    r  ■       i 

(  J.  Grisard. 

,  ,      „        .  ,  T^      f  A.  Berthoule. 

Leroy  (Arnould),  Sous-inspecleur  des  Do-  \  .,  ,^.       , 

.         .  ^        ,,,    .  .  .,  I  Maurice  Girard, 

uiaines,  a  Oran  (Algérie).  /  ,   ,      p  .       , 

'  ^    °  V  Jules  Grisard. 

Mézières    (Gustave),    ancien    secrétaire    au  [  Jules  Grisard. 

Conseil  d'État,  avocat,  57,  boulevard  Mont-  |  Paillieux. 

parnasse,  à  Paris.  (  Raveret-Wattel. 

'    (^li    OfisljrossG 
OCDINÉ  (Ernest),  propriétaire,  59,  rue  d'Ams-  \   ,^  g^^^^^^,  Sa.nt-Hilaire. 

terdam,  à  Pans.  (  Saiut-Yves  Ménard. 

—  M.  le  Ministre  de  l'instruction  publique,  des  beaux-arts  et  des 
cultes  adresse  une  note  du  Comité  des  travaux  historiques  et  scienti- 
fiques, indiquant  divers  sujets  d'études  pour  le  Congrès  des  sociétés 
savantes  en  1886. 

—  M.  P.  Vidal,  de  Chalabre  (Aude),  adresse  deux  exemplaires  d'un 
almanach  qu'il  publie  sous  le  titre  de  :  Petit  annuaire  des  découvertes 
ou  inventions  et  antres  connaissances  utiles. 

—  M.  Maurice  Le  Pelletier  rend  compte  de  la  perte  d'une  des  femelles 
de  son  cheptel  de  Cerf  Cochon. 

—  M.  E.  Viéville  annonce  que  la  femelle  de  Bernache  de  Sandwich, 
qu'il  avait  en  cheptel,  vient  de  mourir. 

—  M.  Paul  Martineau  fait  également  connaître  qu'il  vient  de  perdre 
la  femelle  de  son  couple  de  Colombes  Lumachelles. 

—  M.  Albouy,  conducleur  des  ponts  et  chaussées  à  Ouillan,  annonce 
qu'il  vient  de  recevoir  les  cinq  mille  œufs  de  Saumon  que  la  Société  lui 
a  fait  expédier  pour  servir  à  des  essais  d'empoissonnement  de  l'Aude. 
Ces  œufs  sont  arrivés  en  bon  état. 

—  M.  Berthoule  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  d'œufs  de 
Coregonus  marœna  qui  lui  a  été  fait. 

—  M.  Wagner,  régisseur  de  l'établissement  de  pisciculture  de  Bouzey 
(Vosges),  écrit  à  M.  l'Agent  général  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  accuser 
réception  des  12  500  œufs  de  Coregonus  marœna,  qui  sont  arrivés  en 
très  bel  état,  le  10  janvier,  et  qui  ont  été  mis  en  incubation  dès  leur 
arrivée.  Je  vous  remercie  de  cet  envoi,  dont  on  aura  le  plus  grand  soin, 
et  vous  serais  bien  reconnaissant  si  vous  pouviez  m'envoyer  des  œufs 
de  Saumon  de  Californie. 

»  Nos  reproducteurs  de  Salmo  fontinalis,  provenant  des  œufs  que 


PROCÈS-VERBAUX.  53 

vous  nous  avez  envoyés,   prospèrent  bien   et  nous   ont   produit   cette 
année-ci  3000  œufs, 

»  On  commence  à  voir  et  à  pêcher  des  Coregonus  marœna  de  25  à 
30  centimètres  de  longueur  dans  les  réservoirs  de  Bouzey  et  du  canal  de 
Wassy  à  Saint-Dizier,  provenant  de  nos  alevins.  En  outre,  M.  le  maire 
de  Gérardmer  m'a  signalé  la  présence  de  Feras  et  de  C.  marœna,  pro- 
venant de  nos  alevins,  dans  le  lac  de  Gérardmer.  » 

—  M.  Raveret-Wallel  signale  un  article  de  \sl  Bayerische  Fischerei- 
Zeitung,  faisant  connaître  que  le  Reichstag  vient  de  voter  un  crédit  de 
100  000  marks  pour  encouragements  aux  pêcheries  maritimes  alle- 
mandes. La  même  assemblée  a  renvoyé  à  l'examen  de  la  Commission 
du  budget  une  demande  tendant  à  faire  porter  à  30  000  marks  (au  lieu 
de  20  000)  la  subvention  allouée  à  la  Société  de  pisciculture. 

—  M.  de  Confévron,  de  Flagey  (Marne),  fait  connaître  qu'en  raison  de 
l'époque  de  l'année,  il  lui  est  impossible  d'envoyer  à  la  Société  des  Écre- 
visses  alteintes  de  la  maladie.  «  Pour  le  moment,  écrit  notre  collègue,  je 
ne  puis  qu'ajouter  les  remarques  suivantes  à  mes  explications  antérieures  : 
au  début  de  la  maladie,  beaucoup  de  sujets  ont  la  carapace  très  dure  et 
couverte  d'un  angobe  calcaire,  rugueux,  gris  et  (lui  pourrait  être  la 
gangue  dans  laquelle  s'enferme  un  parasite.  Mais  ce  symptôme  n'est  pas 
général  ;  le  plus  grand  nombre  des  malades  deviennent  de  suite  flas- 
ques, leur  carapace  pâlit  successivement  jusqu'au  blanchâtre,  et,  peu 
avant  la  mort,  devient  couleur  peau  d'oignon.  » 

—  MM.  les  préfets  de  l'Ain,  de  r.\rdèche  et  de  la  Haute-Loire  adres- 
sent, en  ce  qui  concerne  leurs  départements,  les  renseignements  dont 
l'envoi  leur  a  été  demandé  relativement  à  la  pisciculture  et  au  repeu- 
plement des  cours  d'eau. 

—  iM.  Alfred  Wailly,  de  Norbiton  (Angleterre),  adresse  un  'travail 
sur  les  Lépidoptères  séricigènes  sauvages. 

—  M.  Raveret-Wattel  dépose  sur  le  bureau,  de  la  part  de  M.  Dan- 
nevig,  directeur  du  laboratoire  de  pisciculture  marine  de  Flôdevig,  près 
Arendal  (Norvège),  plusieurs  brochures  relatives  aux  travaux  entrepris 
dans  cet  établissement. 

—  M.  Maurice  Girard  présente  un  travail  dans  lequel  M.  Jules  Fallou 
rend  compte  de  diverses  éducations  de  Bombyciens  séricigènes  faites  à 
Champrosay  (Seine-et-Oise),  en  1885  (voy.  au  Bulletin). 

—  M.  le  Président  fait  ressortir  l'intérêt  que  présente  ce  travail,  et 
exprime  l'espoir  que  M.  Fallou  voudra  bien  continuer  à  nous  tenir  au 
courant  du  résultat  de  ses  efforts. 

—  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  noie  de  M""*  Lagrénée 
sur  l'utilisation  industrielle  du  poil  de  Lapin  angora;  il  communique  à 
cette  occasion  plusieurs  lettres  adressées  sur  la  même  question  par 
M.  Jacquier,  de  Buisson-Saint-Innocent,  près  Aix-les-Bains,  et  par  M.  Pa- 
tard-Chalelain,  de  la  Ferté-Macé  (voy.  au  Bulletin). 


54-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  dépose  ensuite  sur  le  bureau  un  travail  de 
M.  Noordliœck-Hegt,  propriétaire  de  l'établissement  de  pisciculture 
d'Apeldorn,  près  Amsterdam.  Ce  travail  renferme  d'intéressants  rensei- 
gnements sur  les  résultats  remarquables  obtenus  en  Hollande,  au  moyen 
tant  d'une  surveillance  active  de  la  pèche  que  d'opérations  d'empois- 
sonnement bien  conduites  (voy.  au  Bulletin).  En  même  temps  qu'il 
adresse  ce  travail,  M.  Noordœck-Hegt  veut  bien  mettre  à  notre  disposi- 
tion 10  000  œufs  de  Salmo  fontmolis,  heureux,  ajoute-t-il,  de  témoi- 
gner ainsi  sa  reconnaissance  à  la  Société  pour  la  part  importante  qu'elle 
a  prise  à  l'introduction  en  Europe  de  cette  précieuse  espèce  améri- 
caine. 

M.  le  Secrétaire  général  constate  avec  satisfaction  cet  hommage 
rendu,  en  pays  étranger,  aux  efforts  poursuivis  par  la  Société.  «  Si  la 
France,  dit-il,  est  un  des  pays  où  l'on  se  livre  le  moins  à  la  pisciculture 
vraiment  fructueuse,  quelques  personnes,  comme  M.  Noordœck-Hegt, 
se  souviennent  que  c'est  en  France  que  cette  science  est  née,  que  c'est 
dans  le  laboratoire  du  Collège  de  France  qu'elle  a  pris  naissance,  et  que 
c'est  en  grande  partie  par  la  Société  d'Acclimatation  qu'elle  a  été  vul- 
garisée. » 

Enfin,  M.  le  Secrétaire  général  rend  compte  du  désir  exprimé  par 
Son  Excellence  le  gouverneur  général  du  Turkestan,  d'introduire  dans 
ce  pays  les  Vers  à  soie  de  l'Ailanle  et  du  Ricin,  et  de  l'envoi  qui  lui  a 
été  fait,  par  suite  d'une  erreur,  de  cocons  d'Attacus  cynthia  et  Pernyi. 
Le  Chêne  n'existant  pas  dans  le  Turkestan,  l'élève  de  VAttacus  Pernyi 
y  présente  une  difficulté  spéciale.  Ou  espère  toutefois  mener  à  bien  une 
éducation,  grâce  à  déjeunes  plants  de  Chênes  cultivés  à  cette  intention. 
Il  convient  de  rappeler,  d'ailleurs,  qu'à  différentes  reprises  des  résultats 
satisfaisants  ont  été  obtenus  en  donnant  aux  jeunes  Vers  des  feuilles  de 
Charme  ou  d'Aubépine,  et  ce  fait  a  été  porté  à  la  connaissance  de  M.  le 
gouverneur  du  Turkestan. 

—  M.  Pichot  donne  lecture  d'une  iiote  de  M.  le  comte  de  Montlezun 
sur  la  Bernache  de  Magellan  (voy.  au  Bulletin). 

—  A  l'occasion  de  celte  communication,  iM.  le  Secrétaire  général 
donne  des  détails  intéressants  sur  l'espèce  d'apprivoisement  dont  parais- 
sent susceptibles  certains  oiseaux,  d'un  naturel  habituellement  très 
sauvage  au  moment  de  la  nidification. 

M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  rend  compte  ensuite  de  la  naissance  récem- 
ment obtenue,  au  Jardin  d'Acclimatation,  d'un  Tapir  d'Amérique,  et  si- 
gnale l'intérêt  que  présente  ce  fait  au  point  de  vue  climatologique. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


IV.    EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE  DU  10  NOVEMBKE   1885. 
Présidence  de  M.  Deckoix,  Président. 

M.  Daulreville,  secrétaire,  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  réu- 
nion. 

M.  Mailles  donne  lecture  du  procès- verbal  de  la  dernière  séance,  en 
l'absence  de  M.  le  secrétaire,  empècbé.  —  Adopté. 

M.  Joly  demande  la  parole  à  l'occasion  du  procès-verbal.  Notre  col- 
lègue regrette  vivement  de  n'avoir  pas  été  compris  dans  la  distinction 
qu'il  a  cherché  à  établir  entre  les  Léporidcs  hybrides  et  non  hybrides. 

M.  Joly  exprime  l'opinion  qu'il  iloil  èlre  fort  difficile,  sinon  impossible, 
d'obtenir  des  produits  issus  des  espèces  Lièvre  et  Lapin,  vu  l'éloigne- 
ment  spécifique  de  ces  animaux,  leur  reproduction  si  différente,  tant  en 
ce  qui  concerne  la  durée  de  la  gestation  que  le  développement  des 
jeunes  lors  de  la  mise  bas.  En  terminant,  M.  Joly  déclare  que,  dans  un 
concours,  un  Léporide-Lapin,  tout  ce  qu'il  y  a  de  plus  lapin,  élevé  chez, 
lui  et  exposé  par  un  de  ses  amis,  a  été  primé  (l^""  prix). 

M.  Mailles  partage  les  doutes  de  M.  Joly  relativement  à  la  possibilité 
d'obtenir  des  Léporides  hybrides.  Mais,  ajoute  M.  Mailles,  ce  point,  im- 
portant au  point  de  vue  zoologique,  n'offre  qu'un  intérêt  médiocre  pour 
les  éleveurs,  si,  comme  il  iiaraît  probable,  ces  hybrides,  s'ils  existent, 
sont  stériles,  au  moins  d'une  façon  relative;  et,  dans  les  cas  de  repro- 
duction, il  y  aurait  divergence  et  retour  vers  l'une  ou  l'autre  espèce 
procréatrice. 

Puisque  plusieurs  personnes  prétendent  posséder  des  Léporides,  il 
serait,  pense  M.  Mailles,  facile  d'éclaiicir  la  question,  en  demandant 
certains  renseignements  importants,  tels  que: 

1"  Durée  de  la  gestation  des  femelles  Léporides; 

2"  État  de  développement  des  jeunes  lors  de  la  naissance  ; 

3"  Mœurs  des  mères,  relativement  à  la  construction  des  nids  où  elles 
doivent  mettre  bas. 

4"  Mœurs  générales  des  Léporides,  notamment  en  ce  qui  concerne  le 
fouissage. 

Les  Hases  portent  de  quarante  à  quarante-cinq  jours  et  mettent  bas 
des  jeunes  couverts  de  poils,  se  tenant  debout  et  les  yeux  ouverts. 

Les  Lapines  portent  une  trentaine  de  jours  et  mettent  au  monde  des 
petits  tout  nus,  incapables  de  se  tenir  et  les  yeux  fermés.  En  consé- 
quence, si  les  Léporides  sont  les  produits  obtenus  de  l'accouplement  des 
espèces  Lièvre  et  Lapin,  il  est  impossible  que   la  reproduction  de  ces 


56  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

Léporides  soit  la  même  que  celle  des  l^apins  ou  des  Lièvres.  Elle  doit 
être  à  peu  près  intermédiaire.  En  tous  cas,  c'est  de  ce  côté  que  nous 
devons  rechercher  les  preuves. 

M,  Uecroix  est  d'avis  qu'en  zoologie  aucune  affirmation  ne  vaut 
une  preuve.  MM.  Joly  et  Mailles  appuient  vivement  l'opinion  de  M.  le 
Président,  opinion  déjà  exprimée  par  M.  Mégnin.  M.  Mailles  parle  do  la 
différence  de  saveur  et  de  fumet  soi-disant  observée  entre  la  chair  des 
Léporides  et  celle  des  Lapins.  Mais  cette  différence  n'a  jamais  été  dé- 
crite qu'en  termes  trop  vagues  pour  être  compréhensibles.  D'ailleurs, 
que  peuvent  prouver,  pour  ou  contre  les  faits  en  discussion,  la  couleur 
plus  ou  moins  foncée,  le  goût  plus  ou  moins  prononcé  de  la  chair  des 
Léporides?  L'influence  de  la  race,  du  milieu,  de  la  nourriture,  etc., 
suffit  pour  changer  considérablement  la  qualité  de  la  viande. 

M.  Joly  demande  à  prendre  connaissance  du  rapport  fait  sur  le  mé- 
moire de  M.  Gayot,  mémoire  ayant  trait  aux  Léporides,  et  récompensé 
par  notre  Société. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  de  ce  rapport.  De  l'avis  unanime  de 
l'assemblée,  les  preuves  y  font  défaut,  mais  non  les  affirmations;  plu- 
sieurs de  ces  dernières  sont  très  embiouillées.  Enfin,  il  est  question  dans 
ce  rapport  d'un  certain  Bibi,  dont  l'identité  reste  obscure;  on  ne  peut 
dire  s'il  est  IJèvre  ou  Lapin.  Pourtant  il  produit,  avec  des  Lapines,  des 
Léporides.  Pourquoi  baptiser  ces  produits,  alors  qu'on  n'a  pu  détermi- 
ner la  valeur  spécifique  du  père? 

M.  Rathelot  déclare  que,  en  présence  de  ces  affirmations,  notamment 
de  celles  émanant  d'hommes  tels  que  M.  le  D"^  Broca,  la  question  lui  pa- 
raît décidée  en  faveur  de  l'affirmative. 

MM.  Decroix,  Joly  et  Mailles  ne  peuvent  partager  cette  manière  de 
voir.  Le  savant  le  plus  consciencieux  peut  faire  des  erreurs  d'observa- 
tion ou  être  trompé  par  ses  collaborateurs. 

M.  Jules  Grisard  demande  que,  vu  l'importance  du  débat   qui  tend  à 
mettre  en  doute  un  fait  généralement  admis,  la  question  soit  traitée  en 
séance  générale. 

M.  Joly  est  désigné  par  la  Section  pour  la  rédaction  d'un  rapport  sur 
ce  sujet,  pour  être  lu  en  séance  générale  ;  notre  collègue  est  en  outre 
chargé  de  demander  des  renseignements  à  M.  le  Directeur  du  Jardin 
d'Acclimatation  pour  ce  qui  concerne  les  Léporides  de  cet  établisse- 
ment. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


PROCÈS-VERBAUX.  57 

CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE  DU  24  NOVEMBRE  1885. 

Présidence  de  M.  de  Vilmorin,  Président. 

M.  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  quelques  plantes  potagères 
nouvelles  cultivées  par  lui  pendant  la  dernière  saison.  (Voy.  au  Bulletin.) 
M.  Mailles  fait  connaître  qu'il  a  cultivé  cette  année  la  Brède  qui,  bota- 
niquement,  ne  lui  semble  pas  différer  de  la  Morelle  noire.  Cependant 
l'ensemble  de  la  plante  a  un  aspect  tout  à  fait  particulier  qui  la  fait 
distinguer  de  cette  dernière,  au  premier  coup  d'oeil  Notre  confrère  a 
reconnu  que  contrairement  à  l'opinion  souvent  émise  dans  divers  ou- 
vrages, les  fruits  ne  sont  pas  vénéneux.  Quant  aux  feuilles,  elles  ont  un 
goût  amer  peu  agréable. 

M.  Fallou  fait  connaître  qu'il  n'a  obtenu  aucun  bon  résultat  de  la 
culture  du  Haricot  radié,  le  temps  froid  n'ayant  pas  permis  le  dévelop- 
pement complet  du  fruit. 

M.  le  Secrétaire  présente  diverses  graines  envoyées  à  la  Société  et 
mises  à  la  disposition  des  membres  de  la  Section. 

M.  Grisard  soumet  ensuite  les  6  premières  séries  de  Vlconographie 
de  la  Flore  française,  par  H.  Bâillon. 

Chaque  série  se  compose  de  10  planches  en  couleurs  et  l'ouvrage 
complet  comprendra  environ  40  ou  50  séries. 

L'image  de  la  plante  est  aussi  fidèle  que  possible,  et  le  moins  exercé 
la  reconnaît  immédiatement. 

D'ailleurs,  toutes  les  fois  qu'il  a  paru  nécessaire,  quelques  figures 
analytiques  permettent  de  distinguer  l'une  de  l'autre,  deux  espèces  dont 
le  port,  les  dimensions,  la  coloration  sont  à  peu  près  semblables,  et 
que,  par  conséquent,  on  serait  à  première  vue  exposé  à  confondre  l'une 
avec  l'autre.  L'ouvrnge  de  M.  le  professeur  Bâillon  est  destiné  aux  étu- 
diants, aux  enfants  des  écoles,  aux  débutants  et  aux  personnes  qui  ne 
peuvent  suivre  les  herborisations  publiques,  à  remplacer  les  avis  d'un 
maître  ou  d'un  compagnon  instruit.  Il  permettra  bien  souvent  de  recon- 
naître une  plante  du  premier  coup  d'œil,  sans  effort,  sans  crainte  de 
s'égarer  dans  les  descriptions  des  meilleurs  livres  et  surtout  dans  l'em- 
ploi des  clefs  dichotomiques  au  milieu  desquelles  on  se  perd  souvent  à 
moitié  chemin,  quelquefois  même  dès  les  premiers  pas. 

Le  texte  qui  est  imprimé  au  dos  de  chaque  figure  comprend  :  le  nom 
scientifique  de  l'espèce  et  de  sa  synonymie  ;  le  nom  de  la  famille  et  de 
la  tribu  auxquelles  elle  appartient;  les  principaux  noms  vulgaires  qu'elle 
porte  dans  nos  diverses  provinces.  Suit  une  description  renfermant  les 
caractères  essentiels,  ceux  surtout  qui  permettent  de  distinguer  la  plante 


58  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

d'une  espèce  voisine  avec  laquelle  on  serait  exposé  à  la  confondre.  Plus 
bas  se  trouve  le  tableau  abrégé  de  la  distribution  de  la  plante,  avec  des 
indications  spéciales  des  localités  quand  elle  fait  partie  de  la  flore  pari- 


sienne. 


Enfin  M.  le  Secrétaire  appelle  l'attention  de  la  Section  sur  un  très  inté- 
ressant article  de  M.  Jules  Poisson,  inséré  dans  le  journal  la  Nature, 
sur  l'utilisation  de  divers  fruits  secs  ou  graines  de  végétaux  dans  la  con- 
fection de  passementeries  d'un  fort  bel  effet. 


Le  Secrétaire, 
Jules  Grisard. 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE    DU   8  DÉCEMBRE    1885. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté,  après  recti- 
fication demandée  par  M.  Joly. 

L'ordre  du  jour  appelle  les  élections  pour  la  nomination  du  Rureau 
et  d'un  délégué  à  la  Commission  des  récompenses. 

Sont  élus  : 

Président  :  M.  Decroix  ; 

Vice-Président  :  M.  Mégnin  ; 

Secrétaire:  M.  Mailles; 

Vice-Secrétaire  :  M.  Trémeau  ; 

Délégué  aux  récompenses  :  M.  Mailles. 

M.  le  Président  remercie  la  Section  d'avoir  bien  voulu  continuera  lui 
accorder  sa  confiance  ;  il  exprime  son  intention  de  faire  son  possible, 
secondé  par  toute  la  Section,  pour  que  la  session  qui  commence  soit 
utilement  conduite. 

M.  le  Président  fait  une  communication  sur  la  reproduction  de  l'es- 
pèce chevaline  et  sur  les  services  que  rendent  et  pourraient  rendre  les 
chevaux  dans  l'armée  et  dans  les  services  civils  (voy.  au  Bulletin). 

A  l'occasion  de  cette  communication,  M.  H.  de  Pallissaux  de  Tal- 
lobre  dit  qu'en  général  les  poulains  sont  mal  nourris  et  mal  soignés 
par  les  éleveurs,  qui  ne  veulent  même  pas  leur  donner  une  mesure 
d'avoine  par  semaine.  Ce  système  de  négliger  les  jeunes  animaux  de 
difl'érentes  espèces  est  répandu  dans  toutes  nos  campagnes.  Les  paysans 
croient  qu'il  suffit  de  bien  nourrir  ou  d'engraisser  leurs  bêtes  quand  le 
moment  de  les  vendre  approche.  C'est  là  une  grave  erreur  et  qui  fait 
obstacle  à  l'amélioration  de  tous  nos  bestiaux. 


PROCÈS-VERBAUX.  59 

M.  Decroix  demande  à  notre  collègue  s'il  peut  dire  à  combien  par 
jour  revient  l'entretien  d'un  cheval  dans  le  Bourbonnais. 

iM.  de  Taliobre  répond  que,  dans  celle  contrée,  on  élève  pêle-mêle 
chevaux,  bœufs  et  vaches,  sans  soins  spéciaux  pour  les  premiers,  ce  qui 
rend  impossible  une  évaluation  de  ce  genre. 

Le  même  orateur  parle  des  mauvais  résultats  obtenus  par  le  croise- 
ment des  races  de  chevaux  de  Tarbes  et  anglais.  Les  produits  ainsi  ob- 
tenus sont  mal  proportionnés,  peu  solides,  inférieurs,  en  un  mot,  aux 
parents.  Comparés  aux  chevaux  Barbes,  dits  arabes,  ces  métis  sont  moins 
rapides  que  les  premiers.  Cette  manie  de  croiser  nos  animaux  domes- 
tiques avec  les  races  étrangères,  principalement  avec  des  sujets  anglais, 
est  encore  un  fait  regrettable  qui  s'étend  aux  animaux  de  basse-cour. 
Pour  ce  qui  concerne  les  chevaux  de  Tarbes,  il  n'en  existe  presque  plus 
de  pure  race. 

Enfin,  notre  collègue  parle  d'un  stratagème  employé  par  certains 
marchands  de  chevaux,  consistant  à  faire  sauter  la  dent  de  lait  des 
bêtes  de  trois  ans  afin  de  les  faire  passer  comme  en  ayant  quatre. 

M.  Grisard  remet  à  la  Section  une  dépêche  dans  laquelle  M.  Geoffroy 
Saint-Hilaire  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance. 

La  parole  est  donnée  à  M.  Joly  pour  qu'il  continue  sa  communication 
relative  aux  Léporides. 

M.  Joly  déclare  que,  conformément  aux  instructions  qu'il  avait  reçues 
de  la  première  Section,  il  adressa  une  lettre  à  M.  le  directeur  du  Jardin 
d'Acclimatation,  lui  demandant  divers  renseignements  sur  les  Léporides 
de  cet  établissement. 

M.  Geoflroy  Saint-Hilaire  répondit  qu'à  la  séance  du  8  décembre  il 
espérait  pouvoir  donner  verbalement  les  susdits  renseignements. 

M.  Joly,  tout  en  regrettant  que  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  ne  puisse 
assister  à  la  réunion  d'aujourd'hui,  espère  que  notre  collègue  voudra 
bien  accéder  aux  désirs  de  la  Section  dans  un  bref  délai. 

D'ailleurs,  M.  Joly  estime  que  cette  manière  de  se  renseigner  ne  sau- 
rait fournir  des  documents  plus  certains  que  ceux  qu'il  a  pu  obtenir  par 
des  voies  analogues.  Aussi  propose-t-il  à  l'assemblée  d'adopter  un 
moyen  beaucoup  plus  simple  et  surtout  plus  elficace.  Qu'un  couple  de 
Léporides  soit  conlié  à  un  membre,  et  qu'une  Commission  soit  nommée 
à  l'elTet  de  surveiller  ces  animaux  et  de  communiquer  à  la  Section  le 
résultat  de  ses  observations;  lesdites  observations  faites  sur  place  par 
ceux  de  nos  collègues  nommés  par  notre  Section  auraient  plus  de  va- 
leur, dit  M.  Joly,  que  tous  les  renseignements  que  nous  pourrions  obte- 
nir par  d'autres  voies. 

M.  Huel  pense  qu'il  serait  préférable  de  donner,  en  cheptel,  à  un 
membre  de  la  première  Section  un  Lièvre  et  une  Lapine,  et  de  créer  ou 
recréer  le  Léporide. 

M.  Mailles  exprime  l'opinion  que  la  proposition  de  M.  Joly  lui  paraît 


60  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

être  la  préférable  des  deux,  parce  que,  de  l'aveu  même  des  personnes 
qui  prétendent  avoir  obtenu  des  produits  issus  de  l'union  du  Lièvre  et 
de  la  Lapine,  il  faut,  pour  y  réussir,  opérer  sur  un  grand  nombre  de 
couples  et  attendre  souvent  fort  longtemps.  De  plus,  parce  qu'il  s'agit 
de  savoir  seulement  si,  oui  ou  non,  la  race  dite  Léporide  existe,  en  tant 
que  race  fixe,  se  reproduisant  indéfiniment  avec  ses  caractères  d'hy- 
bride. 

M,  le  Président  met  les  deux  propositions  aux  voix;  la  Section  dé- 
cide qu'il  y  a  lieu  de  nommer  une  Commission  de  trois  membres,  qui 
jugera  à  laquelle  des  deux  propositions  elle  devra  se  rallier.  En  consé- 
quence, MM.  Iluet,  Lataste  et  Joly  sont  nommés  membres  de  la  Commis- 
•  sion. 

M.  .loly  avait  été  également  chargé,  par  la  Section,  de  faire  des  re- 
cherches dans  le  livre  de  M.  Gayol  :  Le  Léporide  et  le  Lapin  de  Saint- 
Pierre,  par  E.  Gayot,  membre  de  la  Société  nationale  d'agriculture  de 
France.  Notre  collègue  fait  savoir  qu'il  n'a  trouvé,  dans  cet  ouvrage, 
que  des  affirmations  concernant  l'existence  du  Léporide.  Par  contre,  les 

preuves  font  défaut. 

Les  ouvrages  de  MM.  Heech  et  des  D^s  Broca  et  Pigeaux  ne  fournissent 
aucune  preuve  valable  de  l'existence  de  la  race  léporide  féconde  et  bien 
fixée. 

En  conséquence,  iM.  Joly  ne  pourra  terminer  son  rapport  sur  cette 
question  que  lorsque  la  Commission  qui  vient  d'être  nommée  se  sera 
prononcée. 

Pour  terminer,  notre  collègue  fait  observer  que  les  animaux  qu'on 
nomme  aujourd'hui  Léporides  Gayot,  sont  aussi  désignés  sous  celui  de 
Lepus  Darwini. 

M.  H.  de  Pallissaux  de  Tallobre  dit  qu'un  de  ses  amis  a  obtenu  un 
grand  nombre  de  Léporides,  et  que  ces  animaux  se  reproduisent  bien. 

M.  de  Tallobre  déclare  pourtant  qu'ayant  possédé  de  ces  Léporides, 
il  n'en  a  pu  obtenir  aucun  produit. 

Sur  la  demande  de  la  Section,  l'auteur  de  celte  communication  veut 
bien  demander  des  renseignements  plus  probants  à  son  correspondant  ; 
M.  de  Tallobre  les  fera  connaître  à  la  prochaine  séance. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


PROCÈS-VERBAUX.  61 

DEUXIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   8   DÉCEMRRE   1885. 
Présidence  do  M.  Paillieux. 

Composition  du  bureau  pour  rannée  1886  : 

Président  :  M.  Huet; 

Vice-Président  :  M.  Dautreviile  ; 

Secrétaire  :  M.  E.  Joly  ; 

Vice-Secrétaire  :  M.  le  comte  d'Esterno  ; 

Délégué  de  la  Section  à  la  Commission  des  récompenses:  M.  Ra- 
thelot. 

Lecture  est  faite  d'une  lettre  de  M.  G.  Rogeron,  relative  à  des  détails 
d'imprimerie. 

M.  O'Neil  demande  des  renseignements  sur  les  origines  du  mot  et  des 
Poules  de  Padoue. 

Littré  attribue  une  origine  polonaise  à  ces  Poules. 

M.  le  comte  de  Okecki,  consulté  à  ce  sujet,  affirme  que  ces  Poules  ne 
sont  pas  originaires  de  son  pays;  le  climat  ne  lui  paraît  même  pas  favo- 
rable pour  l'élevage  de  cette  espèce. 

De  nos  jours,  bien  des  objets  français  portent  des  noms  anglais  sans 
pour  cela  nous  venir  d'outre-M  anche. 

M.  Tliumara  cite  les  noms  des  Pigeons  Romains  et  Polonais,  qui  n'in- 
diquent pas  non  plus  les  pays  d'origine  pour  ces  espèces. 

M.  Rathelot  propose  qu'à  l'avenir  les  candidats  aux  récompenses 
soient  proposés  par  la  section  à  la  Commission  après  examen  des  tra- 
vaux. 

MM.  Paillieux  et  Grisard  prennent  part  à  cette  discussion. 

Le  Secrétaire, 
E.  Joly. 


V.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


JMotes  suv  Madagascar. 

Extraits  de  diverses  lettres  adressées  à  M.  le  Président  de  la  Société 
par  le  R.  P.  Paul  Camboué,  missionnaire  apostolique. 


«  Tamatave,  21  septembre  1885. 

D  Je  suis  heureux  de  vous  annoncer  en  même  temps  l'envoi  par 
celle  malle  d'un  petit  paquet  renfermant  des  graines  de  Riz  sec  mal- 
gache et  autres  différentes  graines,  provenant  des  parages  de  Vohémar 
et  de  l'île  sakalave  de  Mamoko. 

>  Parmi  les  graines  venant  de  Vohémar,  la  plus  grosse,  portant  le 
n"  7,  apparlicnt  à  un  arbre  nommé  par  les  indigènes  Satranij.  Elle  est 
dépouillée  de  sa  coque,  qui  est  très  dure;  cette  graine  est,  me  dit-on, 
comestible.  Les  feuilles  du  Satranij  servent  à  faire  des  balais  et  ont 
quelque  ressemblance  avec  celles  du  Ropa  {Sagas  Raphia).  Mon  cor- 
respondant de  Vohémar  m'a  aussi  envoyé  des  graines  fort  belles  de  ce 
dernier  végétal;  je  n'ai  pas  cru  utile  de  vous  les  envoyer.  Si  cependant 
vous  en  désirez,  je  les  joindrai  à  un  de  mes  envois  subséquents. 

»  Quant  aux  autres  graines  venant  de  Mamoko,  aucun  renseignement 
ne  m'est  encore  parvenu. 

j  A  propos  d'entomologie,  on  m'avait  parlé  d'une  Mouche  funeste  à 
nos  Chevaux  de  gendarmerie  à  Vobémar.  Renseignements  pris,  j'ai  vu 
qu'il  ne  s'agissait  que  de  la  Mouche  ordinaire,  très  abondante  seulement 
dans  les  parages  de  Vohémar,  par  suite  des  nombreux  troupeaux  de 

Bœufs. 

»  Si  nos  Chevaux  ont  à  souffrir  et  sont  malades  à  Vohémar,  ce  qui 
n'a  pas  lieu  à  Tamalave,  c'est  à  la  prodigieuse  quantité  de  ces  Mouches, 
aux  refroidissements  et  surtout  à  la  mauvaise  qualité  des  eaux  qu'il  faut 
attribuer  le  fait.  Ceci  vient  confirmer,  ce  me  semble,  l'observation  faite 
par  M.  le  Vice- Président  de  la  première  Section,  dans  la  séance  du 
21  avril  dernier,  au  sujet  de  la  mortalité  des  Chevaux  au  Tonkin. 

»  Vous  me  demandez  quelques  indications  sur  nos  végétaux  :  Voase- 
faJca,  Voavontaka,  Voanpena,  que  je  m'empresse  de  vous  transmettre. 

»  Le  Voasefaka  est,  si  je  ne  me  trompe,  le  Cnestis  polyphtjlla.  Sa 
graine  est  un  poison  utilisé  par  les  Betsimisaraka  pour  faire  mourir  les 
animaux  dont  ils  veulent  se  débarrasser. 

î  Le  Voavontaka  (Biehmia  spinosa  Han.)  semble  affectionner  les 
terrains  sablonneux  voisins  de  la  mer.  Ses  gros  fruits  sphériques,  ayant 
parfois  jusqu'à    12  centimètres   environ  de   diamètre,   renferment  une 


FAITS    DIVERS    ET   EXTRAITS    DE    CORRESPONDANCE.  63 

grande  quantité  de  graines  entourées  d'une  pulpe  acidulée,  qui  fournit 
au  voyageur  un  excellent  rafraîchissement  ménagé  par  la  Providence 
sur  nos  côtes  brûlantes. 

»  Quant  au  Voanpena,  j'en  ignore  complètement  le  nom  scientifique, 
si  toutefois  il  eu  a  un.  C'est  peut-être,  un  végétal  appartenant  à  la  fa- 
mille des  Strychnées.  .\rl)re  semblant  aussi  affectionner  les  terrains 
sablonneux  voisins  delà  mer;  il  donne  un  fruit  sphérique,  mais  moins 
régulier  et  plus  petit  que  celui  du  Voavontaka;  les  plus  gros  que  j'ai 
observés  n'avaient  pas  plus  de  5  centimètres  de  diamètre  Ces  fruits  ne 
renferment  que  peu  de  graines,  parfois  une  seule,  entourées  d'une  pulpe 
épaisse  parfumée.  Mûres  à  point,  ces  graines,  mises  dans  la  bouche, 
produisent  sur  le  palais,  pendant  un  quart  d'heure  environ,  une  impres- 
sion parfumée  ou  aromatisée  correspondant  un  peu  à  l'effet  d'un  bonbon 
fondant. 

)>  Le  Voanpena  est  beaucoup  plus  rare  que  le  Voavontaka  dans  nos 
parages.  A  la  saison  des  fruits,  j'essayerai  néanmoins  de  m'en  procurer 
quelques-uns  encore  verts  pour  les  envoyer  à  la  Société.  Ils  pourront 
peut-être  ainsi  arriver  à  Paris  en  état  d'être  goûtés  et  de  donner  d'eux- 
mêmes  une  idée  plus  exacte. 

»  D'ailleurs,  dès  que  je  serai  moins  occupé  aux  insectes,  je  me  pro- 
pose de  faire  des  envois  et  communications  relativement  à  nos  végé- 
taux, qui,  je  l'espère,  ne  seront  pas  sans  quelque  intérêt.  Notre  flore 
malgache  est  si  riche  et  si  peu  connue  !  Je  ne  manquerai  pas,  autant 
que  possible,  d'indiquer  le  nom  malgache  des  plantes  envoyées.  » 

«  Tiimalave,  22  octobre  1885. 

»  J'ai  le  plaisir  de  pouvoir  vous  envoyer  aujourd'hui,  encore  à  temps 
peut-être,  un  échantillon  complet  de  l'Asclépiadée  dont  vous  avez  dû 
recevoir  un  follicule  par  un  précédent  envoi. 

»  Voici  quelques  renseignements  au  sujet  de  ce  végétal,  que  l'industrie 
pourrait,  ce  semble,  utiliser. 

»  Il  est  de  provenance  des  parages  de  Vohémar  et  Amboanio,  d'où  il 
m'a  été  envoyé  par  deux  de  mes  correspondants,  les  RR.  PP.  A.  Gros  et 
F.  Cayssalié,  missionnaires  dans  ces  postes.  Son  nom  indigène  est  Bo- 
kadahy,  liane  ou  plante  sarmenteuse.  Sa  graine  passe  pour  un  poison. 

»  Je  joins  à  cet  envoi  quelques  cocons  et  insectes  à  l'étal  parfait  de 
notre  Attacus  ou  Saiurnia  Suraka  Bdv.,  en  attendant  que  je  puisse 
vous  expédier  les  sujets  divers  destinés  à  accompagner  le  mémoire  que 
je  prépare  sur  nos  Séricigènes. 

))  p.  5.  —  En  même  temps  que  cette  lettre,  je  vous  envoie  deux  pe- 
tites et  bien  modestes  cartes  de  la  mission  de  Madagascar.  Au  poste 
d'Ambohipo,  marqué  au  nord  de  Tananarive,  nous  possédons  un  beau 
jardin  d'acclimatation  créé  par  les  missionnaires,  où  nous  avons  pu  ac- 
climater plusieurs  de  nos  végétaux  d'Europe.  » 


64  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

«  Taiiiatave,  21  novembre  1885. 

»  J'ai  déjà  eu  l'honneur  de  vous  parler  de  notre  Ver  à  soie  malgache 
Bibindandy.  Or,  en  me  livrant  à  diverses  observations  et  éducations  de 
ce  Séricigène,  en  vue  du  mémoire  que  je  prépare  pour  la  Société,  j'ai 
constaté  que  ce  Borocera  peut  se  nourrir  et  vivre  sur  VEucaiyptus, 
dont  un  certain  nombre  de  plants  ont  été  récemment  introduits  à  Ta- 
matave. 

ï.  Le  fait  d'un  Ver  à  soie  de  l'Eucalyptus  ma  paru  avoir  son  impor- 
tance, surtout  à  une  époque  où,  d'une  part,  la  culture  de  ce  végétal 
australien  s'est  répandue  dans  plusieurs  contrées  du  monde,  et,  d'autre 
part,  la  question  des  Vers  à  soie  sauvages  semble  tout  à  fait  à  l'ordre  du 
jour. 

»  J'ai  tenu  à  vous  en  informer,  afin  que,  s'il  y  a  lieu,  la  Société  d'Ac- 
climatation soit  des  premières  à  le  signaler. 

»  Sous  peu,  d'ailleurs,  Monsieur  le  Président,  j'espère  pouvoir  vous 
envoyer  de  plus  amples  détails  sur  notre  Borocera  Bibindandy,  que 
j'étudie  activement  en  ce  moment.  > 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


5093.  —  BOURLOTON   —  Imprimeries  réunies,  A,  nie  Mignon, 2,  Paris. 


# 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOClETË. 


NOTE 

SUR  L'ELEVAGE  DES  AUTRUGHONS 

EN  ALGÉRIE  (VERSANT  DE  LA  MÉDITERRANÉE) 
LEURS  MALADIES  ET  LES  MOYENS  DE  LES  PRÉVENIR 

Par  M.   LUCIEIV  IHERLATO 

Ex-sous-directeur  du  parc  à  Autruches  du  Caire 
Directeur  du  parc  de  A'in-Marraora  (province  d'Alg:cr) 


Monsieur  le  Secrétaire  général, 

Par  l'attestation  ci-jointe  qui  m'a  été  délivrée  par  M.  Bergue, 
maire  de  Coléah  (Algérie),  vous  relèverez  que  les  naissances 
des  Autruchons  au  parc  de  Aïn-Marmora  pendant  la  dernière 
année  de  ma  gestion  ont  été  de  21  artificielles  et  33  naturelles 
avec  une  mortalité  de  9  artificielles  et  9  naturelles,  ayant  ainsi 
obtenu  un  résultat  de  12  artificielles  et  24  naturelles,  soit 
36  sujets  au  8  septembre  dernier. 

Ce  lésultat,  considéré  jusqu'à  présent  presque  impossible 
à  atteindre  en  Algérie,  je  ne  le  dois  qu'à  la  vigoureuse  appli- 
cation, pendant  l'élevage,  du  traitement  préventif  que  j'ai  eu 
l'honneur  de  déposer  entre  les  mains  de  la  Société,  il  y  a  un 
an,  sous  pli  cacheté.  Je  crois  donc  avoir  atteint  le  but  qui 
m'amenait  il  y  a  trois  ans  en  Algérie  et  n'ai  plus,  dés  lors, 
aucun  motif  pour  garder  secret  un  procédé  qui  est  appelé, 
j'en  suis  convaincu,  à  rendre  des  services  dans  la  branche 
agricole.  Je  vous  prie  en  conséquence  de  vouloir  bien  ou- 
vrir le  pli  cacheté  portant  la  devise  :  «  Facile  est  inteliigere  » 
à  une  des  prochaines  séances  de  notre  Société  et  en  faire 
donner  lecture. 

Mes  honorables  confrères  jugeront  si  ce  travail  et  les  résul- 

4'  SÉIUE,  T.  III.  —  Février  1886.  5 


66  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

lats  obtenus  méritent  d'être  soumis  à  la  Commission  des  ré- 
compenses. 

Je  n'ai  pas  grand'chose  à  ajouter  à  ma  note  cachetée,  car 
l'expérience  de  cette  année  m'a  prouvé  que  le  principe  ainsi 
que  l'application  et  les  doses  étaient  exacts.  Du  reste  les 
personnes  que  la  question  intéresse  plus  particulièrement 
peuvent  toujours  s'adresser  à  moi  —  je  serai  bien  heureux 
de  leur  être  agréable. 

Il  n'y  a  qu'une  seule  remarque  que  je  crois  utile  de  faire 
ici  — c'est  que,  contrairement  à  une  assertion  contenue  dans 
ma  note,  il  faut  éviter  l'emploi  du  son  comme  véhicule,  —  ceci 
m'a  été  prouvé  par  les  essais  ultérieurs. 

J'ose  espérer  avoir  ainsi  contribué  à  un  plus  grand  dé- 
veloppement de  cette  intéressante  industrie  non  seulement 
en  Algérie,  mais  aussi  dans  toute  autre  colonie  française  où, 
à  cause  de  l'état  constant  de  forte  humidité  de  l'air,  l'élevage 
des  jeunes  Autruchons  présentait  tant  de  difficultés,  et  compte 
que  la  judicieuse  application  de  la  méthode  mettra  bientôt 
plusieurs  des  parcs  existants  dans  la  possibilité  de  concourir 
au  prix  fondé  dans  ce  but  par  notre  Société. 

Veuillez  agréer.  Monsieur  le  Secrétaire  général,  l'assurance 
de  ma  plus  haute  considération. 

L.  Mer LATO. 


ATTESTATION. 

Nous,  Bergue  Barthélémy,  maire  de  la  commune  de  Koléah,  arron- 
dissement et  département  d'Alger,  soussigné  : 

Certitions  avoir  reçu  dans  le  courant  de  la  présente  année  1885,  de 
M.  MerJato,  directeur  du  parc  d'Aïn-Marmora  (Société  française  pour 
l'élevage  des  Autruches  en  Algérie),  les  lettres  ci-après  mentionnées  et 
dont  le  résumé  suit,  savoir  : 

1"  Lettre  du  5  avril  déclarant  cinq  éclosions  artificielles  ayant  produit 
cinq  poussins  alors  qu'aucun  couple  ne  couvait. 

2"  Lettre  du  9  même  mois  déclarant  l'éclosion  de  dix  autres  poussins 
par  suite  d'incubation  artificielle. 

3"  Lettre  du  16  avril  déclarant  la  perte  de  deux  poussins  artificiels. 

4°  Lettre  du  24  mai  déclarant  l'éclosion  de  six  nouveaux  Autruchons 
artificiels. 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.-  .  67 

5'  Lettre  du  17  juin  déclarant  l'existence  de  vingt-trois  poussinsnatureis 
issus  de  trois  couples  qui  avaient  couvé  eux-mêmes. 

6»  Lettre  du  13  juillet  déclarant  l'existence  à  ce  jour  de  quinze  Autru- 
chons artificiels  et  de  trente-trois  naturels;  dix  de  ces  derniers  étant 
venus  s'ajouter  aux  vingt-trois  signalés  dans  la  lettre  ci-dessus. 

7°  liCttre  du  Ai  août  déclarant  une  nouvelle  perte  de  trois  poussins, 
dont  un  artificiel  et  deux  naturels;  le  nombre  des  présents  à  ce  jour  est 
donc  de  quatorze  artificiels  et  trente  et  un  naturels,  soit  en  tout  quarante- 
cinq. 

8°  Lettre  du  4  septembre  déclarant  la  perte  de  neuf  poussins,  dont 
deux  artificiels  et  sept  naturels  des  plus  jeunes.  Par  suite  de  ces  pertes 
le  nombre  des  présents  à  ce  jour  se  trouve  donc  réduit  à: 

Poussins  artificiels 12  )  ^  . 

-  naturels 21  j  ^°"  ""^  *°'"'  ^^  ^^- 

Parmi  les  douze  artificiels  une  partie  aura  bientôt  atteint  cinq  moîs, 
l'autre  les  a  dépassés.  Les  naturels  sont  tous  entre  deux  et  trois  mois 
d'âge. 

Certifions,  en  outre,  qu'après  réception  de  chacune  de  ces  lettres  nous 
nous  sommes  rendu  audit  parc  et  que  nous  y  avons  constaté  l'exactitude 
des  faits  et  des  chiffres  qui  y  sont  relatés. 

En  foi  de  quoi  nous  avons  délivré  la  présente  attestation  à  M.  Merlato, 
pour  lui  servir  et  valoir  ce  que  de  besoin. 

Fait  en  mairie,  à  Koléah,  le  8  septembre  1885. 

Le  maire, 
Bergue. 


Texte  du  pli  cacheté,  déposé  par  M.  Lucien  Merlato,  le  30  décembre  1684 
ouvert  en  séance  générale,  le  18  décembre  1885. 

L'Autruchoa  né  viable  commence  à  manger  enti'e  Ifois  et 
six  jouis  d'âge.  Depuis  lors  et  jusqu'à  deux  mois,  il  est  assu- 
jetti à  une  faiblesse  toute  spéciale,  qui  le  rend  plus  particu- 
lièrement sensible  dans  les  organes  digestifs.  Le  petit  mange, 
mais  digère  mal  et  peu.  Les  aliments  se  ramassent  de  plus 
en  plus  dans  l'estomac  et  fioissent  par  y  pourrir.  Le  peu  qui 
s'en  échappe  et  passe  dans  les  intestins  est  dur,  compact, 
presque  sec,  et  détermine  l'inflammation  de  ces  organes. 
Mais  l'organe  qui  en  souffre  le  plus,  c'est  l'estomac,  dont  les 
parois,  distendues  par  l'agglomération  de  la  nourriture,  de- 
viennent impuissantes  à  la  broyer;  il  liait  par  présenter  un 
état  de  complète  désagrégation. 


08  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

f 

La  décomposition  de  ces  matières  donne  souvent  lieu  au 
développement  de  quelques  vers  qu'on  retrouve  dans  les  in- 
testins aussi. 

L'estomac,  toujours  rempli,  et  la  présence  éventuelle  de 
vers  ont  donné  lieu  à  penser,  chez  certains  éleveurs,  que 
l'Autruchon  mangeait  trop  et  qu'il  était  sujet  à  des  vers  mor- 
tels, suppositions  très  gratuites  toutes  les  deux  et  qui  ne 
prouvent  qu'une  chose,  c'est  qu'on  a  pris  les  effets  pour  la 
cause. 

Chez  l'Autruchon  en  bonne  santé,  je  n'ai  presque  jamais 
observé  de  vers  intestinaux,  et,  lorsqu'il  y  en  a,  ils  ne  sont 
pas  de  nature  à  causer  la  mort  de  l'animal.  Quant  au  manger, 
on  peut  dire  qu'il  n'en  a  jamais  assez.  Un  Autruchon  en  bonne 
santé  ne  fait  que  manger  du  malin  au  soir,  et  la  première 
règle  pour  l'élever,  c'est  qu'il  ne  manque  pas  un  seul  instant 
de  nourriture. 

Donc  si,  en  Algérie,  ils  ne  peuvent  pas  digérer,  c'est  à  l'es- 
tomac, c'est  à  la  vigueur  de  l'organisme  qu'il  faut  s'en  prendre. 
Il  ne  s'agit  que  de  prévenir  cet  état  pathologique  qu'on  pour- 
rait comparer  à  un  état  anémique. 

J'ai  successivement  employé  : 

Le  Fer  et  ses  diverses  préparations; 

Le  Quinquina  et  ses  dérivés; 

La  nourriture  animale  et,  enfin, 

La  Rhubarbe. 
''■  C'est  à  la  Rhubarbe  que  je  dois  le  succès.  Elle  est  non  seu- 
lement un  remède,  mais  un  préventif  très  efficace.  Je  n'at- 
tends pas  l'apparition  visible  du  mal.  Quarante-huit  heures 
après  que  les  poussins  ont  commencé  à  manger  et  pendant 
vingt  à  trente  jours,  je  leur  en  donne  à  raison  de  1  décigramme 
par  jour.  Pendant  les  premiers  jours,  je  délaye  la  Rhubarbe 
;n  poudre  dans  de  l'eau  et  la  leur  fais  avaler  de  force.  Plus 
tard,  lorsqu'ils  man^^enl  franchement,  je  me  contente  d'en 
saupoudrer  leur  pain  ou  leur  son,  toujours  dans  la  même 
proportion  de  1  décigramme  par  bête  et  par  jour. 

Au  bout  de  vingt  à  trente  jours,  suivant  la  vigueur  des 
sujets,  on  peut  abandonner  ce  régime  et  être  sûr  que  la  pre- 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.  69 

mière  maladie  est  évitée.  Il  ne  faut  pas  supprimer  brusque- 
ment. Au  moment  voulu,  je  commence  par  ne  donner  la 
Rhubarbe  que  tous  les  deux  jours  pendant  une  semaine,  puis 
tous  les  trois  et  puis  tous  les  quatre,  jusqu'à  la  supprimer 
au  bout  de  quinze  jours.  Ce  qui  fait  qu'en  moyenne  chaque 
animal  a  absorbé  environ  3  grammes  de  Rhubarbe  en  tout. 

Comme  auxiliaires  pour  les  plus  faibles,  on  peut  ajouter  le 
Fer  et  le  Quinquina,  en  mettant  dans  les  abreuvoirs  quelques 
morceaux  de  métal  et  en  ajoutant,  au  moment  de  les  rem- 
plir, une  décoction  de  30  grammes  de  Quinquina  par  10  litres 
d'eau. 

Je  n'ai  employé  que  des  produits  de  première  qualité.  Je 
ne  garantis  pas  les  mêmes  résultats  avec  des  produits  infé- 
rieurs ou  fraudés,  qui  abondent  dans  le  commerce. 

Mais,  même  sans  le  secours  du  Fer  et  du  Quinquina,  le 
traitement  à  la  Rhubarbe  seul  suffit  à  obtenir  un  bon  effet. 

Voici  donc  la  première  maladie  évitée,  la  seule  qui  affecte 
les  Poussins  en  bas  âge. 

Du  deuxième  au  troisième  mois  d'âge,  la  croissance  pro- 
cède ordinairement  sans  incidents,  du  moins  apparents; 
mais  à  partir  du  troisième  mois  et  jusqu'au  cinquième  ré- 
volu, les  Autruchons  sont  sujets  —  à  quoi  —  personne  ne  l'a 
dit  encore  —  au  rachitisme. 

Interrogez  tous  les  éleveurs,  lisez  tout  ce  qu'il  y  a  à  lire  à 
ce  sujet  et  tous  vous  diront  que  les  jeunes  ont  les  jambes  trèi 
fragiles  et  se  les  cassent.  En  effet,  c'est  toujours  par  les  mem- 
bres locomoteurs  que  la  maladie  se  manifeste  le  plus  osten- 
siblement, le  plus  (pardonnez  le  mot)  grossièrement. 

Examinons  de  plus  près  ces  manifestations  extérieures, 
qui  amènent  inévitablement  la  morl  du  sujet  : 

i°  Fracture  du  tuyau  du  fémur  ou  de  celui  du  tibia  (cuisse) 
sans  choc  et  par  le  simple  fait  de  la  marche  ou  de  la  course 
de  l'animal  ; 

2°  Flexion  soit  intérieure,  soit  extérieure,  soit  même  pivo- 
tante du  tarse  (canon)  jusqu'à  arriver  au  demi-cercle  ou  à 
renvoyer  le  pied  en  arrière  ; 

3°  Enflement  extraordinaire  du  talon  (appelé  à  tort  ge- 


70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

noux)  avec  déboîtement  des  articulations  au  bout  de  quel- 
ques jours;  ■        , 

^°  Enflement  du  talon,  accompagné  de  fracture  dans  la 
tête  du  tarse,  qui  alors  perce  la  peau  et  apparaît  à  nu. 

Remarque.  —  Le  membre  le  plus  éprouvé  est,  huit  fois  sur 
dix,  le  gauche. 

•  Or,  quel  que  soit  l'effet  final,  tous  les  squelettes  des 
animaux  qui  se  sont  cassé  les  jambes  présentent  les  carac- 
tères les  plus  clairs  et  les  mieux  définis  du  rachitisme.  Même 
chez  les  sujets  dont  les  jambes  ont  la  meilleure  apparence 
extérieure,  mais  qui  finissent  par  s'en  casser  une  (premier 
cas),  on  retrouve  toujours  une  difformité  quelconque  dans  la 
colonne  vertébrale,  les  côtes  ou  le  crâne.  La  fontanelle  prinr 
cipale  de  ce  dernier  conserve  une  telle  souplesse  que  la  cer- 
velle repousse  sensiblement  cette  partie  du  crâne  et  on  dirait 
que  la  bête  est  coiffée  d'une  calotte. 

Il  y  a  lieu  de  remarquer  que,  lorsque  le  rachitisme  a  pour 
siège  spécial  l'épine  dorsale  (animal  bossu)  ou  le  crâne,  il  y 
a  espoir  de  voir  le  sujet  se  remettre  par  lui-même.  Mais, 
lorsque  la  maladie  se  porte  sur  les  os  des  jambes,  et  c'est  la 
majorité  des  cas,  tout  espoir  de  guérison  naturelle,  ou  d'arrêt 
de  mal,  est  perdu. 

C'est  pourtant  la  seule  maladie  des  Autruchons  entre  trois 
et  cinq  mois.  Il  fallait  y  remédier.  Mais  toute  la  médecine 
était  impuissante  à  combattre  le  mal.  L'hygiène,  le  change- 
ment de  local,  la  sécheresse,  les  régimes  toniques,  les  phos- 
phates, voilà  tout  ce  qu'on  avait,  et  tout  ceci  est  complètement 
impuissant.  J'ai  essayé  de  tout,  sous  toutes  les  formes,  de 
toutes  les  manières.  Le  résultat  a  toujours  été  nul.  Les  phos- 
phates donnent  les  plus  piètres  résultats.  ..  ?.-.j 

Ce  n'est  pas  le  moment  maintenant  d'analyser  les  motifs 
qui  m'ont  fait  douter  de  l'exactitude  des  théories  émises 
jusqu'à  ce  jour  sur  l'ossification  des  cartilages  et  les  phénor 
mènes  si  bizarres  et  variés  du  rachitisme.  ■  ; 
'  Les  tout  récents  travaux  exécutés  et  les  succès  obtenus  à 
Vienne  (Autriche)  me  mirent  sur  la  voie  et  je  n'hésitai  pas  à 
employer  le  phosphore  pur  comme  moyen  efficace  de  régler 


SUR  l'Élevage  des  autruchons.  71 

rossification  et  prévenir  aussi  bien  que  guérir  le  rachitisme 
en  ce  sens  que  cette  substance  agit  directement  sur  les  vais- 
seaux sanguins  intéressés  et  empêche  la  résorption  du  calcaire 
ou  détermine  et  facilite  le  dépôt  normal. 

Les  résultats  que  j'ai  obtenus  jusqu'à  ce  jour  sont  réelle- 
ment surprenants. 

La  dose  que  j'emploie  est  de  1  milligramme  de  phosphore 
pur  par  jour  et  par  bête  en  dissolution  dans  l'huile,  n'importe 
laquelle. 

Voilà  ce  que  j'ai  pu  observer: 

1°  Ce  traitement  prévient  l'apparition  du  rachitisme  sans 
avoir  la  moindre  influence  funeste  sur  l'économie  géné- 
rale. 

2"  Le  mal  n'apparaît  plus,  ou,  s'il  existait  déjà,  se  trouve 
complètement  arrêté  au  bout  de  vingt  jours  de  traitement, 
c'est-à-dire  lorsque  le  sujet  a  absorbé  2  centigrammes  de 
phosphore. 

3"  En  augmentant  la  dose  journalière,  l'effet  n'est  pas  pour 
cela  plus  prompt,  ce  qui  amène  à  croire  que  le  phosphore 
agit  plutôt  par  sa  présence  prolongée  que  par  sa  quantité 
concentrée. 

Je  considère  (pour  le  moment)  que  ce  traitement,  pour 
être  bien  efficace,  doit  se  poursuivre  pendant  trente  à  quarante 
jours.  Lorsque  l'action  du  phosphore  n'agit  plus  efficacement 
sur  le  système  d'ossification,  il  agit  sur  le  plumage  et  fait 
virer  au  roux  chocolat  très  prononcé  la  couleur  jaune  des 
bouts  des  plumes  des  poussins.  Ce  changement  de  couleur, 
très  visible,  s'opère  en  six  à  huit  jours,  et  au  bout  de  trente 
à  quarante  de  traitement.  C'est  le  moment  de  cesser  l'admi- 
nistration du  phosphore. 

Je  ferai  remarquer  que  ce  traitement  peut  être  d'une  très 
grande  importance  en  vétérinaire,  car  probablement  il  don- 
nera les  mêmes  bons  résultats  pour  tous  les  animaux  en 
croissance  dont  l'ossification  est  difficile  ou  défectueuse. 

Je  désire,  en  conséquence,  constater  que,  à  la  date  du 
présent  dépôt,  j'avais  : 


72  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

1"  Déterminé  les  deux  causes  d'insuccès  dans  l'élevage  de 
l'Autruche  en  Algérie,  savoir  : 

a)  Impuissance  digestive  de  l'estomac; 

b)  Rachitisme  pur  et  simple  ; 

2°  Fixé  la  rhubarbe  comme  préventif  de  la  première  ; 

3°  Employé  le  phosphore  comme  préventif  et  curatif  du 
second; 

4"  Rendu  en  conséquence  pratique  cet  élevage  inutilement 
tenté  en  grand  depuis  plusieurs  années  ; 

5"  Introduit  le  phosphore  en  vétérinaire  comme  agissant 
directement  sur  l'ossification. 

Fait  à  Aïn-Marmora  (province  d'Alger)  et  déposé  sous  pli 
cacheté,  le  30  décembre  1884. 


CATALOGUE  RAISONNÉ 

DES 

SÉRICIGÈNES  SAUVAGES  CONNUS 

Par  M.   Alfred  1¥AILLY. 


LNTRODUGTION 

Les  pertes  considérables  éprouvées  depuis  nombre  d'an- 
nées dans  la  production  de  la  soie  du  Ver  du  Mûrier  {Serica- 
ria  Mori)  par  suite  des  terribles  maladies  qui  ont  sévi  sur  les 
Vers,  ont  attiré  l'attention  des  sériciculteurs  de  divers  pays  sur 
certains  Vers  à  soie  sauvages  susceptibles  de  s'élever  à  l'air 
libre  dans  les  pays  tempérés  de  l'Europe. 

Les  maladies  qui  ont  attaqué  les  races  du  Ver  du  Mûrier, 
étudiées  à  fond  et  décrites  par  M.  L.  Pasteur,  forment  le  sujet 
d'un  rapport  très  intéressant  de  M.  Maurice  Girard,  qui  a 
paru  en  1871  dans  le  Bulletin  de  mai-juin  de  la  Société  d'Ac- 
climatation de  France.  Ces  maladies,  dont  deux  d'entre  elles, 
la  pébrine  et  la  flacherie,  sont  à  la  fois  héréditaires  et  conta- 
gieuses, ont  pour  causes  principales  :  la  trop  grande  agglo- 
mération des  Vers  dans  les  magnaneries  ou  dans  les  chambres 
où  ils  sont  élevés,  le  manque  d'air  suffisant,  la  chaleur  sou- 
vent trop  élevée  du  local,  et  enfin  la  malpropreté  occasionnée 
par  les  déjections  des  Vers. 

Elevés  dans  les  mêmes  conditions,  les  Vers  à  soie  sauvages 
sont  sujets  aux  maladies  qui  attaquent  le  Ver  du  Mûrier.  Au 
contraire,  élevés  à  l'air  libre  et  sur  les  arbres,  ils  se  trouvent 
dans  des  conditions  d'hygiène  qui  les  mettent  pour  ainsi  dire 
à  l'abri  de  ces  maladies. 

Je  n'entrerai  pas  dans  de  longs  détails  sur  la  manière  d'éle- 
ver les  Vers  à  soie  sauvages  ou  autres  Lépidoptères.  On  trouve 
tout  ce  qu'il  est  nécessaire  de  connaître  dans  des  traités  en- 
tomologiques  spéciaux,  tels  que  le  Guide  de  Véleveur  de 
Chenilles,  par  E.  Berce,  suivi  d'un  Traité  spécial  de  Véduca- 


74-  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

tion  des  Chenilles  produisant  de  la  soie,  par  E.  F.  Guérin- 
Méneville. 

L'éducation  en  petit  des  Séricigènes  peut  se  faire  comme 
celle  de  la  plupart  des  autres  espèces  de  Lépidoptères,  dans 
des  cages  ou  boîtes  décrites  dans  les  traités  ci-dessus  men- 
tionnés; mais  il  est  préférable  de  se  servir  de  grandes  cages> 
car  alors  on  peut  y  mettre  de  fortes  branches  d'arbres  dont 
les  tiges  sont  plongées  dans  un  vase  rempli  d'eau.  Lorsque 
les  branches  ne  trempent  pas  dans  l'eau,  on  est  obligé  de  les 
renouveler  trop  souvent,  ce  qui  nuit  beaucoup  à  la  santé  et 
à  la  bonne  venue  des  Chenilles. 

Lorsqu'on  élève  les  Chenilles  dans  les  boîtes,  il  faut  éviter 
avec  soin  d'arroser  le  feuillage,  comme  on  le  recommande 
quelquefois,  afin,  dit-on,  de  remplacer  la  rosée  du  matin,  si 
salutaire  aux  Chenilles.  Si  l'éducation  se  fait  à  découvert  sur 
des  branches  plongeant  dans  l'eau,  ou,  ce  qui  vaut  mieux 
encore,  sur  de  petits  arbres  en  pots,  alors  l'arrosage  du  feuil- 
lage et  des  Chenilles  est  salutaire  et  il  est  même  presque 
indispensable  dans  les  grandes  chaleurs.  Dans  une  boîte,  tant 
grande  qu'elle  soit,  l'arrosage  a  un  effet  contraire  :  l'évapora- 
tion  étant  nulle  ou  à  peu  près  nulle,  il  en  résulte  que  le  fond 
de  la  boîte  se  couvre  d'une  moisissure  épaisse,  d'un  fumier, 
qui  engendre  les  maladies  et  fait  périr  les  Chenilles,  si  l'on 
ne  se  dépêche  de  les  enlever  à  temps  pour  leur  donner  un 
logement  plus  propre.  Nos  Chenilles  indigènes,  plus  robustes 
et  moins  délicates,  peuvent  quelque  fois  vivre  impunément 
dans  cet  état  de  malpropreté,  mais  les  Séricigènes  résistent 
rarement  à  un  pareil  traitement. 

On  peut  faire  de  petites  éducations  en  plein  air,  sur  les 
arbres,  en  entourant  d'un  manchon  les  branches  sur  les- 
quelles ont  été  déposées  les  Chenilles  ;  mais  il  faut  bien  fer- 
mer les  deux  extrémités  du  manchon,  afin  d'empêcher  les 
Insectes  nuisibles,  les  Perce-oreilles  surtout,  d'y  pénétrer. 
De  temps  en  temps  il  faut  nettoyer  le  manchon,  surtout  après 
la  pluie,  et  lorsque  la  branche  a  été  dépouillée  de  son  feuil- 
lage, on  la  coupe  et  l'on  transporte  les  Chenilles  sur  une 
autre  branche.  En  plein  air,  lorsque  lés  Chenilles  ne  sont 


'     SÉRIGIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  75 

nullement  prolégées,  leur  plus  dangereux  ennemi  est  l'oiseau, 
surtout  le  Moineau.  Il  faut  donc,  dans  les  éducations  faites 
sur  une  grande  échelle,  faire  surveiller  les  Chenilles  pendant 
toute  la  durée  de  l'éducation  par  un  gardien  qui  tire,  de 
temps  en  temps,  des  coups  de  fusil  pour  éloigner  les  oiseaux, 
comme  cela  se  pratique  au  Japon  pendant  l'éducation  de 
XAntherœa  Yama-maï. 

Un  système  dont  j'ai  déjà  parlé  dans  un  rapport  précédent 
et  que  j'ai  adopté  pendant  nombre  d'années  pour  l'éducation 
des  jeunes  Chenilles,  est  celui  de  cloches  en  verre,  dontj'ai  une 
quantité  de  diverses  grandeurs,  et  qui  toutes  ont  une  ou  plu- 
sieurs ouvertures  au  sommet  afin  de  donner  de  l'air.  Ayant  eu 
tous  les  ans  un  nombre  considérable  d'espèces  différentes  à 
élever,  sans  ces  cloches  mon  travail  eût  été  impossible.  Ces 
cloches,  dont  quelques-unes  ont  jusqu'à  50  oenlimètres  de 
hauteur,  et  qui  sont  larges  en  proportion,  reposent  sur  des 
soucoupes  remplies  de  sable  recouvert  d'une  feuille  de 
papier.  Les  œufs  de  Vers  à  soie  ou  autres  Lépidoptères  sont 
placés  sous  ces  cloches,  et  vers  l'époque  des  éclosions  on  intro- 
duit, à  travers  le  papier,  dans  le  sable  des  soucoupes,  de  pe- 
tites branches  de  la  plante  qui  doit  servir  de  nourriture  aux 
jeunes  Chenilles.  Aussitôt  leur  éclosion,  les  petites  Chenilles 
montent  de  suite  sur  les  branches.  A  mesure  qu'elles  gros- 
sissent, on  en  réduit  le  nombre,  selon  la  grandeur  de  la 
cloche.  On  peut  ainsi  élever,  jusqu'à  leur  transformation,  un 
certain  nombre  de  Chenilles,  qui  varie  selon  la  grosseur  des 
espèces  ou  celle  des  cloches.  Ce  système  est  surtout  utile  pour 
l'éclosion  des  œufs  et  l'éducation  des  Vers  pendant  le  premier 
ou  les  deux  premiers  âges,  car  on  a  ainsi  tout  le  temps  néces- 
saire pour  les  enlever  de  dessous  les  cloches  pour  les  placer 
sur  les  arbres  ou  les  élever  de  telle  ou  telle  autre  manière.  Il 
faut  éviter  sous  ces  cloches  une  trop  grande  agglomération  de 
Chenilles,  et  surtout  l'humidité  qui  leur  serait  fatale.  Les 
branches  ne  doivent  jamais  être  plongées  dans  du  sable 
mouillé  ;  sous  ces  cloches,  le  feuillage  se  conserve  parfaite- 
ment frais  dans  du  sable  sec.  Rien  n'est  plus  facile  que  de 
maintenir  le  local  propre  :  il  suffit  d'enlever  la  cloche  et  de 


76  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

souffler  sur  le  papier  pour  faire  disparaître  toutes  les  dé- 
jections. 

Jusqu'à  présent,  en  Europe,  on  ne  s'est  occupé  sérieuse- 
ment que  de  trois  espèces  de  Séricigènes  sauvages  :  VAnthe- 
rœa  Yama-maî,  du  Japon;  VAntherœa  Pernyi  eiVAttacus 
cynthia,  tous  deux  originaires  de  la  Chine.  De  nombreux 
rapports  sur  ces  trois  espèces  ont  été  écrits  et  publiés  dans 
les  Bulletins  de  la  Société  d'Acclimatation.  Ces  trois  espèces 
peuvent  s'acclimater  même  dans  les  pays  très  tempérés,  et  il 
en  serait  de  même  de  plusieurs  espèces  de  l'Amérique  du 
Nord.  Dans  la  liste  que  nous  allons  donner,  il  est  bon  de 
faire  remarquer  que  toutes  les  espèces  du  genre  Antherœa, 
telles  que  Pernyi,  Roylei,  Yama-maî,  Mylilla  et  Polyphe- 
mus,  auquel  les  Américains  ont  donné  le  nom  générique  de 
Telea,  sont  toutes  à  cocon  fermé  et  dévidable.  Les  cocons  du 
genre  Actias  sont  fermés  aussi,  mais  ils  sont  irréguliers  de 
forme  et  moins  soyeux  que  ceux  du  genre  Anlherœa.  Les  co- 
cons du  genre  Attacus,  tels  que  ceux  du  Pyri  et  du  Carpini 
de  l'Europe,  sont  ouverts  à  une  extrémité,  de  sorte  que  le 
cocon  reste  le  même  après  la  sortie  du  Papillon.  Les  Chenilles 
de  ces  divers  Séricigènes  sauvages  sont  remarquables  par  la 
beauté  et  la  variété  de  leurs  couleurs  ;  celles  du  genre  An- 
therœa ont  de  brillantes  taches  métalliques  à  la  base  des 
tubercules,  argentées,  dorées  ou  cuivrées,  selon  les  espèces. 
Quant  à  la  qualité  de  la  soie  de  diverses  espèces  de  Séri- 
cigènes sauvages,  plusieurs,  lelies  que  Pernyi,  Roylei,  Yama- 
maï  elPolyphemus,  peuvent  rivaliser  avec  le  Sericaria  Mori^ 
et  un  rapport  sur  ce  sujet  sera,  je  l'espère,  publié  par  la  So- 
ciété d'Acclimatation,  qui  possède  des  échantillons  de  soies 
dévidées  ou  cardées  des  principales  espèces. 

Les  soies  cardées  par  un  de  mes  correspondants  de  Maccles- 
field,  en  Angleterre,  sont  si  bien  travaillées,  que  même  celle 
de  notre  Pyri  français  semble  également  fine  et  belle. 

En  Angleterre,  il  n'y  a  pas  de  dévidage  de  cocons  ;  tous 
sont  soumis  au  cardage,  et  certains  filateurs  anglais  pré- 
tendent que  la  soie  cardée  vaut  mieux  et  a  plus  de  valeur  que 
la  soie  dévidée.  Qu'il  en  soit  ainsi  ou  non,  le  cardage  a  tou- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  77 

jours  cet  immense  avantage  sur  le  dévidage,  c'est  de  rendre 
utilisables  tous  les  cocons  percés,  ou  ouverts  naturellement 
ou  endommagés. 

Espérant  que  les  remarques  qui  précèdent  seront  de 
quelque  utilité,  nous  allons  maintenant  donner  la  liste  d'un 
certain  nombre  de  Séricigènes  sauvages. 

ESPÈCES   ASIATIQUES 

Anlkerœa  Yama-maï  Guérin-Méneville.  — Ver  à  soie  du 
Chêne  du  Japon.  Ce  Ver  à  soie  sauvage,  cultivé  sur  une  grande 
échelle  au  Japon  à  cause  de  la  beauté  et  de  l'excellente  qualité 
de  sa  soie,  fut  introduit  en  France  en  1861  par  Guérin-Méne- 
ville.  Élevé  dans  divers  pays  d'Europe  avec  plus  ou  moins 
de  succès,  il  a  actuellement  presque  disparu,  les  éducateurs 
l'ayant  perdu  ou  abandonné  pour  élever  une  espèce  plus 
facile,  VAnlherœa  Pernyi,  Ver  à  soie  du  Chêne  de  la  Chine; 
mais  de  nouveaux  essais  d'éducation  seront  probablement 
faits  aussitôt  qu'une  quantité  suffisante  de  graine  pourra 
être  importée  directement  du  Japon.  Ce  qui  a  découragé 
nombre  d'éducateurs,  c'est  que  l'éclosion  des  Vers  avait  lieu 
le  plus  souvent  avant  le  développement  des  bourgeons  de 
Chêne;  en  outre,  les  Papillons  pour  la  plupart  refusaient  de 
s'accoupler  en  captivité.  Il  serait.  Je  crois,  facile  de  remédier 
à  ces  deux  graves  inconvénients.  J'ai  déjà,  dans  quelques- 
uns  de  mes  rapports,  préconisé  l'emploi  de  petits  Chênes  en 
pots,  dans  les  petites  éducations,  afin  de  commencer  l'éle- 
vage des  jeunes  Vers,  aussitôt  après  leur  éclosion,  jusqu'à 
la  venue  des  bourgeons  de  Chêne.  D'un  autre  côté,  on  évite- 
rait les  éclosions  prématurées  en  plaçant,  pendant  tout  l'hi- 
ver, les  œufs  dans  un  sac  de  mousseline  que  l'on  suspendrait 
à  l'air  libre  à  une  exposition  du  nord,  où  ils  ne  recevraient 
jamais  un  rayon  de  soleil.  Aussitôt  les  bourgeons  de  Chêne 
suftisamment  développés,  les  œufs  peuvent  être  soumis  à  une 
température  douce  et  humide,  afin  de  les  faire  tous  éclore 
aussi  rapidement  que  possible. 

Si,  malgré  les  précautions  indiquées  ci-dessus,  les  œufs 


78  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

éclosent  avant  que  les  bourgeons  de  Chêne  éclatent,  il  faut 
aloi"s  avoir  recours  à  un  autre  feuillage.  Cette  année-ci  (1885), 
mes  jeunes  Vers  Yama-maï  se  sont  fort  bien  accommodés 
des  feuilles  du  Charme  et  de  l'Aubépine,  et  un  de  mes  corres- 
pondants à  Londres  m'affirme  avoir  élevé  ses  Vers  exclusive- 
ment sur  l'Aubépine  jusqu'à  la  formation  du  cocon  (voy^ 
Rapport  du  Bulletin  d'août  1885). 

Quant  à  l'autre  difficulté,  celle  d'obtenir  l'accouplement 
des  Papillons,  il  suffit,  pour  réussir,  de  placer  les  cages  à  éclo- 
sions  en  plein  air  ou  mieux  encore  de  les  suspendre  aux 
branches  des  arbres.  En  chambre,  les  Papillons  du  Yama- 
maï,  comme  ceux  d'autres  espèces,  s'accouplent  très  diffici- 
lement. Gomme  ceux  du  Bombyx  du  Mûrier,  les  œufs  du 
Yama-maï  se  conservent  tout  fhiver  pour  n'éclore  qu'au 
printemps.  Mais  en  réalité,  il  y  a  une  différence  notable.  Les 
œufs  du  Bombyx  du  Mûrier  ne  contiennent  pendant  tout  l'hiver 
qu'un  germe;  ils  restent  Hquides.  Ce  n'est  qu'au  printemps, 
lorsqu'ils  sont  soumis  à  la  chaleur,  que  la  larve  se  forme,  et 
elle  sort  de  l'œuf  aussitôt  après  son  développement.  L'œuf 
fécondé  du  Yama-maï,  au  contraire,  contient  une  larve  qui 
se  forme  environ  trois  semaines  après  la  ponte,  et  la  jeune 
larve  toute  développée,  au  mois  d'août  ou  en  septembre, 
reste  dans  l'œuf  jusqu'au  mois  de  mars  ou  d'avril  avant 
d'éclore.  Le  Bombyx  du  Mûrier  hiverne  donc  à  l'élat  d' œuf, 
le  Yama-maï  à  l'état  de  larve.  Les  œufs  des  autres  espèces  de 
Séricigènes  dont  j'ai  fait  l'éducation  n'ont  jamais  pu  hiverner, 
ils  ont  toujours  éclos  quelques  semaines  après  la  ponte,  ou 
les  larves  ont  péri  dans  l'œuf  lorsque  le  temps  était  trop 
froid  pour  l'éclosion.  Les  œufs  de  seconde  génération  de 
VA.  Pernyi  et  de  VAttacus  cynlhia,  pondus  en  octobre,  par 
exemple,  n'ont  jamais  été  d'aucune  utilité  pour  le  printemps 
de  Fannée  suivante.  Il  en  a  été  de  même  des  œufs  de  VAn- 
therœa  mylitta,  de  VAttacus  Atlas  et  autres. 

Les  œufs  Yama-maï,  dans  les  pays  du  midi  de  l'Europe, 
peuvent  éclore-  dès  le  mois  le  mars  ;  dans  ceux  du  Nord,  ils 
n'écloront  qu'en  mai.  En  Ecosse,  ils  éclosent  en  juin.  Tout 
dépend  de  la  température  des  divers  pays,  et  encore  les  éclo- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  79 

sions  d'œufs,  comme  de  Papillons,  sont-elles  relardiîes  ou 
accélérées  par  les  variations  de  température,  comme  celles 
de  nos  Lépidoptères  indigènes.  Il  en  est  de  même  de  la  durée 
des  éducations,  rien  ne  peut  se  préciser,  à  moins  d'avoir  une 
température  uniforme.  En  plein  air  à  Londres,  la  durée  d'une 
éducation  de  Yama-maï  a  été  de  cent  dix  jours  ;  au  contraire, 
une  éducation  faite  à  une  température  constante  de  25  à 
27  degrés  centigrades  n'a  duré  qu'un  mois  à  peu  près. 

Une  question  qui  m'est  souvent  faite,  est  celle-ci  :  à  quelle 
époque  éclosent  les  Papillons  de  telle  ou  telle  espèce  ?  Il  me 
faut  de  nouveau  répondre  qu'il  est  impossible  de  préciser 
l'époque.  Une  caisse  de  cocons  d'A.  mi/litla,  par  exemple, 
m'est  expédiée  de  Calcutta  à  Londres.  Ces  cocons  récoltés 
les  uns  à  Darjeeling,  les  autres  dans  l'Assam,  et  par  consé- 
quent, de  différentes  provenances,  avaient  déjà  fait  un  pre- 
mier voyage  avant  d'être  expédiés  de  Calcutta.  Une  fois  arri- 
vés à  Londres,  ils  sont  réexpédiés  les  uns  en  Europe,  les 
autres  en  Amérique,  et  dans  des  pays  où  le  climat  est  plus 
froid  que  dans  leur  pays  d'origine.  En  réfléchissant,  on  com- 
prendra qu'après  de  tels  voyages  et  soumis  en  outre  à  une 
température  plus  froide,  il  s'opère  un  bouleversement  dans 
l'économie  de  l'Insecte  et  que  les  Papillons  ne  peuvent  éclore 
régulièrement.  En  1885,  le  premier  Papillon  mylilta  est  éclos 
le  12  mai,  le  dernier  à  la  fin- d'octobre;  d'autres  cocons  ne 
sont  pas  éclos  ;  ils  peuvent  hiverner  deux  fois  et  même  trois 
fois.  Ce  n'est  qu'une  fois  acclimatés  qu'ils  peuvent  avoir  des 
mœurs  régulières,  ou  à  peu  près  régulières. 

Atlaciis  cynthia  Drury. — Ver  à  soie  de  TAilante,  origi- 
naire de  la  Chine.  Introduit  en  France  par  Guérin-Méneville 
en  1858,  d'où  il  se  répandit  dans  toute  l'Europe,  en  Afrique, 
en  Amérique  et  jusqu'en  Australie.  Cette  espèce,  à  cocon 
ouvert,  comme  toutes  celles  du  même  genre,  est  naturalisée 
en  France  et  aux  Étals-Unis  de  l'Amérique  du  Nord.  Outre 
l'Allante  {Ailanlhus  glandulosa),  VAtlacus  cynthia  peut 
s'élever  sur  le  Ricin,  le  Lilas,  le  Cytise  {Cytisus  laburnum), 
l'Épine-vinetle. (5er6ms  vuigfans),  le  Cerisier, etc. 


80  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Les  Papillons  Cynlhia  éclosent  ordinairement  au  mois  de 
juin  dans  les  pays  à  climat  tempéré,  et  les  œufs  éclosent  de 
douze  à  quinze  jours  après  la  ponte  à  la  température  ordi- 
naire. Dans  les  pays  chauds,  l'espèce  devient  bivoltine  et  même 
polyvolline.  Commun  en  Chine,  VAttacus  cynlhia  se  trouve 
aussi  à  l'état  sauvage  dans  l'Inde,  à  Miissoorie  où  il  vit  sur 
diverses  espèces  de  végétaux  ;  dans  presque  toute  la  chaîne 
de  l'Himalaya,  dans  le  Dehra  Doon,  dans  l'Assam,  à  Gachar 
et  à  Sangor.  Les  Papillons  s'accouplent  très  facilement. 

Antlierœa  Pernyi  Guévm-Méne\'û\e.  —  Ver  à  soie  du  Chêne 
de  la  Chine.  Cette  précieuse  espèce  à  gros  cocon  fermé,  et 
dont  la  belle  soie  peut  se  dévider,  est  maintenant  élevée 
dans  presque  toute  l'Europe.  La  reproduction  du  Pernyi  est 
des  plus  faciles,  les  Papillons,  lorsqu'ils  sont  bien  conformés, 
s'accouplant  toujours  à  l'air  libre  ou  dans  un  local  quel- 
conque. On  ne  saurait  trop  recommander  l'éducation  de  cette 
espèce,  qui  peut  se  faire  à  l'air  libre,  même  dans  les  pays  du 
Nord.  En  Espagne,  son  éducation  a  déjà  été  faite  sur  une 
assez  grande  échelle  ;  l'espèce  y  est  bivoltine  ainsi  que  dans 
le  midi  de  la  France;  dans  les  pays  du  Nord  elle  est  uni- 
voUinc. 

Au  sud  de  l'Europe,  les  Papillons  peuvent  éclore  dès  le 
mois  de  mciiS;  au  Centre  et  au  Nord,  en  avril  ou  en  mai.  Les 
œufs  éclosent  deux,  trois  et  quelquefois  quatre  semaines 
après  la  ponte.  L'éducation  à  l'air  libre  dure  de  six  à  huit 
semaines,  et  quelquefois  plus,  selon  la  température.  —  Le 
Pernyi  a  éié  élevé  sur  le  Prunier,  mais  c'est  sur  le  Chêne  qu'il 
faut  l'élever.  Un  de  mes  correspondants  de  l'illinois  (Étals- 
Unis),  a  vu  les  Vers  de  la  seconde  génération  quitter  les  Chênes 
dont  le  feuillage  était  devenu  dur  et  coriace,  par  suite  de  la 
i-rande  chaleur  et  de  la  sécheresse,  et  vivre  sur  les  buissons 
d'Aubépine  qui  se  trouvaient  à  côté  des  Chênes.  D'autres 
furent  trouvés  dans  un  jardin,  sur  des  Pommiers,  où  ils  avaient 
atteint  une  taille  énorme. 

Anllierœa  Roylei  Moore.  — Ver  à  soie  du  Chêne  de  l'IIima- 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  81 

laya.  Espèce  très  rapprochée  de  l'A.  Pernyi  ;  les  Papillons 
sont  d'une  nuance  beaucoup  plus  pâle  et  verdâtre.  La  prin- 
cipale différence  est  dans  le  cocon  ;  celui  de  Roylei  est  recou- 
vert d'une  énorme  enveloppe  irrégulière  et  extrêmement 
dure  ;  le  cocon  Pernyi^  au  contraire,  n'ayant  aucune  enve- 
loppe. Les  Papillons  provenant  de  cocons  importés  de  l'Inde 
éclosent  pour  la  plupart  en  mai  et  juin,  quelques-uns  au 
commencement  de  juillet.  Les  Papillons  Pernyi  et  Boylei 
s'accouplent  entre  eux  comme  s'ils  n'étaient  qu'une  seule  et 
même  espèce.  Les  œufs  sont  identiques,  et  il  en  est  apparem- 
ment de  même  des  Chenilles.  L'éclosion  des  œufs  a  lieu  après 
le  même  laps  de  temps  et  la  durée  de  l'éducation  est  la 
même.  Le  croisement  du  Roylei  avec  le  Pernyi  produit  le 
remarquable  et  robuste  hybride  que  j'ai  obtenu  en  1881, 
susceptible  de  reproduction  et  de  se  propager  en  formant  un 
type  intermédiaire  tenant  à  la  fois  du  Roylei  et  du  Pernyi. 
L'A.  Roylei  est  commun  à  Simla,  à  Mussoorie,  à  Atmorah 
et  il  se  trouve  aussi  à  Darjeeling. 

Antherœa  mylitta  ;  Attacus  mylitta  Fabricius  ;  Attacm 
paphia  Linné.  —  Ver  à  soie  connu  sous  le  nom  de  Tussah, 
Tasser,  Tussur,  etc.  Répandu  dans  toute  l'Inde  et  l'île  de 
Ceylan,  où  il  vit  à  l'état  sauvage.  Il  est  cultivé  sur  une  grande 
échelle  dans  le  Bengale,  l'Assam,  etc.  Les  diverses  races  de 
cette  espèce  diffèrent  de  taille,  les  plus  gros  cocons  provenant 
généralement  de  l'Himalaya  et  autres  parties  du  nord  de 
l'Inde. 

Le  cocon  fermé  est  lisse  et  sans  aucune  bourre  ;  il  est  sus- 
pendu par  une  forte  corde  de  soie  qui  forme  anneau  autour 
de  la  branche  de  l'arbre.  En  Europe,  cette  espèce  a  été  élevée 
sur  le  Chêne  et  le  Charme.  Dans  l'Inde,  l'A.  mylitta  vit  sur 
un  grand  nombre  d'arbres  et  d'arbrisseaux,  entre  autres  : 
Terminnlia  tomentosa,  Ziziphus  jujuba,  Lagerstrœmia  In- 
dica.  Ficus  Benjamina,  Carissia,  Enidia,  etc.  Le  Mylitta  a 
aussi  été  trouvé  sur  le  Prunier  sauvage. 

Les  Papillons  provenant  de  cocons  importés  du  nord  de 
l'Inde  commencent  généralement  à  éclore  fin  juin,  mais 

4«  SÉRIE.  T.  III.  —  Février  1886.  & 


îSS  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

'C'est  en  juillet  et  août  qu'ils  éclosent  en  nombre;  ils  conti- 
nuent à  éclore  en  petites  quantités  ou  isolément  jusque  vers 
la  fin  d'octobre  ;  ils  éclosent  même  pendant  l'hiver,  si  le  temps 
«st  doux.  Les  cocons  peuvent  hiverner  deux  fois  et  même 
■trois  fois.  Dans  les  pays  du  Nord,  le  Mylitla  ne  peut  s'élever 
'à  l'air  libre,  l'éclosion  des  larves  ayant  lieu  à  une  époque  très 
"avancée  de  l'année.  Il  faudrait,  pour  réussir,  pouvoir  forcer 
l'éclosion  des  Papillons,  et  maintenir  les  œufs  à  une  tempéra- 
Hure  de  25  à  30  degrés  centigrades,  de  manière  à  les  faire 
éclore  dix  à  douze  jours  après  la  ponte.  En  Espagne,  où  j'ai 
iniroduil  le  M  y  litta  en  1884,  M.  Segin,  vice-consul  britan- 
nique, a  réussi  à  élever,  à  l'air  libre,  sur  le  Chêne,  les  Vers 
provenant  d'un  accouplement  qui  eut  lieu  le  31  juillet.  L'éclo- 
sion des  œufs  eut  lieu  dix  jours  après  la  ponte,  et  les  Vers 
i  commencèrent  à  filer  le  29  septembre.  Les  Vers  provenant  de 
deux  autres  accouplements  qui  eurent  lieu,  l'un  le  13  et  l'autre 
•  le  14- août,  périrent  tous  au  milieu  de  novembre,  par  suite 
d'un  changement  subit  et  complet  de  température,  au  mo- 
ment où  ils  allaient  se  mettre  à  filer. 

.      Antherœa  Assama;  A.  assamensis  Helfer.  —  A  l'exception 
tde  Dehra  Doon,  où  elle  vit  sur  un  arbre  connu  sous  le  nom  de 
V4  Kirkee  »^  cette  espèce  ne  se  trouve  que  dans  l'Assam,  où 
'•en  langue  assamoise  elle  porte  le  nom  de  Muga,  qui  signifie 
.  «  ambre  »  à  cause  de  la  couleur  du  cocon.  L'A.  assamensis 
■est  cultivé  dans  l'Assam  sur  une  grande  échelle  et  la  soie  en 
est  fort  estimée.  Dans  certaines  parties  de  l'Assam  on  ob- 
tient cinq  générations. 

L'éclosion  des  Papillons  et  celle  des  œufs  a  lieu  dans  les 
maisons,  après  quoi  on  élève  tes  Vers  à  l'air  libre  sur  di- 
verses espèces  d'arbres.  Les  Vers  sont  surveillés  pendant 
toute  la  durée  de  l'éducation  et  on  les  rentre  au  moment  où 
ils  commencent  à  filer. 

^  Le  Suïïi  {Machilus  odoratissima)  es,i  \3l  nourriture  favorite 
de  celte  espèce;  élevé  sur  cet  arbre,  le  Ver  produit,  dit-on,  la 
plus  belle  et  la  meilleure  soie.  Cette  soie  est  dévidée.  Dans 
l'Assam  inférieur,  on  l'élève  sur  le  Sualu  (Telranlhera  mo- 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES   CONNUS.  83 

nopetala).  Le  feuillage  de  certaines  espèces  d'arbres  fores- 
tiers, tels  que  le  Dighlati  {Tel.  glauca),  le  Patichanda  {Cin- 
namomiim  obtusifolium),  et  le  Bamroti  (Symplocos  gran- 
diflora)  peuvent  aussi  lui  servir  de  nourriture,  si  le  feuillage 
des  deux  premiers  arbres  vient  à  manquer  aux  derniers  âges. 
Le  cocon  Muga  a  environ  un  pouce  trois  quarts  de  longueur 
sur  un  pouce  de  diamètre;  il  est  d'un  beau  jaune  d'or.  Il  y  a 
cependant  un  certain  nombre  de  cocons  de  couleur  foncée. 
L'A.  Assama  vit  aussi  à  l'état  sauvage  dans  l'Assam. 

Antherœa  Frithii  Moore.  —  N'est  probablement  qu'une 
variété  de  l'A.  mylitla,  et  doit  vivre  sur  les  mêmes  végé- 
taux. A.  Frithii  se  trouve  dans  quelques  parties  de  l'Inde,  en 
Cochinchine,  etc.,  et,  selon  le  capitaine  Hulton,  à  Darjeeling. 

Antherœa  Perroteti  Guérin-Mén.  —  Espèce  découverte  à 
Pondichéry  par  M.  Perroltet,  et  qui  est  tout  simplement  une 
des  races  ou  une  variété  du  Mylitta. 

Antherœa  Helferi.  —  Autre  espèce  dont  le  cocon  res- 
semble à  celui  de  l'A.  mylitta.  Se  trouve  à  Darjeeling. 

Antherœa  nebulosa  Hutton.  —  Espèce  remarquable  et 
assez  commune  dans  l'Inde  centrale,  et  dont  la  soie  peut  riva- 
liser avec  celle  de  l'A.  paphia  (mylitta)  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  (Theophila)  Huttoni  Westwood. —  Espèce  bivol- 
tine  vivant  dans  les  montagnes  sur  le  Mûrier  indigène  de 
Simla,de  Mussoorie  et  d'Almorah.  Le  B.  Huttoni  est  très  ro- 
buste, et  il  produit  un  beau  cocon  blanchâtre.  Quoique  le  Ver 
soit  trop  sauvage  pour  être  élevé  en  captivité,  cette  espèce 
serait  d'une  grande  utilité  pour  les  éducations  à  l'air  libre, 
sur  le  Mûrier  même  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  {Theophila)  Bengalensis  Hutton.  —  Espèce  poly- 
yolline  ressemblant  au  ^.  Huttoni,  mais  elle  vit  au  Bengale 


84  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

sur  VArtocarpus  Locucha.  Cette  espèce  est  plus  petite  que  la 
précédente  (Gap.  Hutton). 

Bombyx  a f finis.  —  Découvert  en  1869  à  Ghota  Nagpore 
'  par  M.  Kingi  ;  il  vit  sur  VArtocarpus  Locucha,  mais  le  capi- 
taine Hutton  réleva  avec  le  plus  grand  succès  sur  des  bran- 
ches" de  Morus  Indica. 

Bombyx  (Theophila)  Sherwilli  Moore.  —  Le  Papillon  de 
cette  espèce  ressemble  beaucoup  à  celui  du  B.  Huttoni, 
mais  il  est  un  peu  plus  grand.  Tout  ce  que  l'on  sait,  c'est 
que  l'insecte  parfait  se  trouvait  dans  la  collection  du  major 
J.-L.  Sherwill;  on  ignore  s'il  a  été  capturé  dans  les  plaines 
ou  à  Darjeeling. 

Bombyx  (Ocinara)  religiosœ  Helfer. — Quoique  portant  le 
nom  de  Bombyx,  la  description  donnée  par  le  docteur  Helfer 
s'applique  plutôt  à  une  espèce  d'Ocinara.  Le  docteur  Helfer 
l'appelle  le  Ver  à  soie  Goree^  et  M.  Hugon  le  Ver  à  soie  Deo- 
mooga.  On  dit  qu'il  se  trouve  entre  l'Assam  et  le  Shylet 
(Cap.  Hutton). 

Dans  son  rapport  sur  la  «  soie  dans  l'Assam  »  en  date  du 
29  février  1884-,  M.  E.  Slack,  Directeur  de  l'Agriculture, 

-.;parle  ainsi  de  cette  espèce  :  «  Ce  Ver  à  soie  {Bombyx  reli- 
giosœ) est  appelé  Deomuga  à  cause  de  sa  grande  taille.  C'est 
le  plus  gros  de  tous  les  Vers  à  soie  ;  il  atteint  une  longueur 
de  six  pouces  et  demi  ;  c'est  aussi  le  plus  joli.  »  M.  Buckin- 

.gham  en  parle  ainsi  :  «  Ce  Ver  à  soie  vit  sur  le  Sum  (Machi- 
lus  odoratissima)  et  quelquefois  avec  le  Muga  ordinaire.  Au 

.deuxième  et  au  troisième  âge,  il  est  d'une  beauté  remar- 
quable, avec  des  rangées  de  taches  d'un  bleu  de  turquoise  sur 
les  côtés.  Au  quatrième  âge,  les  taches  bleues  disparaissent 
et  des  taches  jaunes  d'or  les  remplacent.  De  chaque  côté  du 
corps,  il  y  a  des  bandes  qui  ont  toutes  les  couleurs  de  l'arc- 
en-ciel,  ce  qui  rend  ce  Ver  à  soie  de  beaucoup  supérieur  en 

'beauté  à  tous  les  autres.  » 

■     Le  Ver  Deomuga  vit,  dit-on,  trente  jours  et  file  son  cocon 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  85,, 

en  trois  jours.  Le  Papillon  éclôt  au  bout  de  quinze  jours 
lorsque  le  temps  est  chaud,  et  au  bout  de  trente  jours  pen- 
dant la  saison  froide  ;  le  Papillon  vit  quatre  jours.  Le  cocon 
est  gros  (3"  x  1  j)  ;  il  fournit  une  grande  quantité  de  soie 
forte  et  grossière.  La  dureté  du  cocon  rend  le  dévidage  diffi- 
cile et  la  soie  se  noue  souvent.  Le  fil  du  Deomuga  est  employé 
au  Bengale  à  faire  des  lignes  à  pêcher.  A  Cachar,  le  Deomuga 
vit  sur  le  Ficus  Indica  et  sur  le  Pi'pal  {Ficus  religiosa).  Il 
se  trouve  généralement  dans  la  vallée  de  l'Assam. 

Ocinara  lida  Moore.  —  Cette  espèce  se  trouve  à  Mussoo- 
rie  ;  la  Chenille,  qui  ressemble  à  une  Géomètre,  vit  sur  le 
Ficus  venosa  et  le  Figuier  sauvage.  Elle  file  un  petit  cocon 
blanc  sur  une  feuille  ou  sur  une  pierre  au  pied  de  l'arbre  ;  le 
cocon  est  trop  petit  pour  être  d'aucune  utilité  (Cap.  Hutton). 

Ocinara  lactea  Hutton.  — Cette  espèce  se  trouve  aussi  à 
Mussoorie  et  elle  vit  sur  le  Ficus  venosa,  filant  dans  une 
feuille  un  curieux  petit  cocon  jaune.  Ce  cocon  est  entouré 
d'une  dentelle  de  soie  jaune.  La  Chenille  est  liàse,  tandis  que 
celle  de  l'O.  lida  est  velue  (Cap.  Hutton). 

Ocinara  comma  Hutton).  —  Le  Papillon  de  cette  espèce 
est  blanc  avec  une  marque  foncée  en  forme  de  comma  sur  le 
disque  des  ailes  supérieures.  Il  se  trouve  dans  le  Doon  à  en- 
viron 5500  pieds  au-dessus  de  Mussoorie. 

îfc'j 

Trilocha  varians  Moore.  —  Petite  espèce  découverte  â 
Ganara,  et  par  M.  Grote  à  Calcutta.  N'est  d'aucune  utilité 
pour  la  soie.  V* 

Cricula  trifenestrata.  — Cette  curieuse  espèce  se  trouve 
dans  diverses  parties  de  l'Inde ,  quelquefois  en  si  grand 
nombre  que  les  larves  dépouillent  entièrement  les  Mair- 
guiers,  détruisent  aussi  le  feuillage  de  VAcacia  catechu  et' 
attaquent  même  l'arbre  à  Thé.  Se  trouve  dans  le  Birman,  lé' 
Moulmein  et  à  Chota  Nagpore,  dans  l'Inde  centrale.  Les  co- 


SS  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

cons  se  trouvent  en  las  et  ils  sont  tellement  assujettis  les  uns 
aux  autres  qu'on  ne  peut  les  séparer  pour  filer  la  soie,  ce  que 
leur  structure,  du  reste,  ne  permettrait  pas;  c'est  pourquoi 
on  les  carde.  Ils  sont  en  forme  de  réseau  et  d'un  jaune  d'or. 
J'ai  fait  connaître  et  élever  cette  espèce  en  Europe  en  4884?/^ 
Par  moi,  les  Chenilles  de  cette  espèce  furent  d'abord  élevées 
sur  le  Chêne,  le  Prunier,  le  Pommier,  le  Poirier  et  le  Saule,  " 
ensuite  sur  le  Prunier  exclusivement.  Un  de  mes  correspon- 
dants les  a,  je  crois,  élevées  sur  le  Tilleul. 

Dans  le  rapport  de  M.  Stack,  on  trouve  ce  qui  suit  sur  cette 
espèce  :  Amluri  ou  Ampotoni  {Cricula  trifenestrata).  L'Aw- 
luri  prend  son  nom  du  Manguier  ou  Am  sur  lequel  il  se 
nourrit.  C'est  un  des  Vers  à  soie  les  plus  communs  de  l'As- 
sam.  Il  se  trouve  dans  la  vallée,  au  pied  des  collines  du  côté 
nord  et  du  côté  sud,  et  aussi  à  Gachar,  où  l'arbre  à  Thé  sau-" 
vage  lui  sert  de  nourriture.  Il  se  trouve  aussi  fréquemment 
sur  le  Sum  ;  mais  sa  nourriture  favorite  est  le  Manguier  des 
forêts  ou  le  Manguier  cultivé  près  des  villages.  La  chrysalide, 
comme  celles  de  toutes  les  espèces  de  Vers  à  soie  sauvages,  est 
un  mets  recherché  des  Kacharis,  des  Rabbas,  des  Mèches  et 
des  Mikirs.  LeR.  P.  Gambouénous  a  aussi  fait  savoir  que  les 
Malgaches,  à  Madagascar,  mangent  avec  délices  les  chrysalides 
des  Vers  à  soie,  en  friture. 

Caligula  Simla  Westwood.  —  Le  cocon  de  cette  espèce 
est  en  forme  de  réseau.  Il  ressemble  pour  la  forme  à  celui  de 
Cricula  trifenestrata,  mais  il  est  plus  gros  et  d'une  couleur 
foncée,  presque  noire.  Il  y  a  quelques  années,  je  reçus  des 
cocons  vivants  de  cette  espèce,  mais  toutes  les  chrysalides  que 
Ton  voyait  se  mouvoir  dans  les  cocons  périrent  au  bout  de 
quelque  temps.  Se  trouve  à  Simla,  à  Miissoorie  et  dans  la 
province  de  Kumaon,  se  nourrissant  sur  le  Noyer,  le  Salix 
Babylonica,  le  Poirier  sauvage,  etc.  Cette  espèce  se  trouve 
aussi  au  Japon,  où  elle  se  nourrit  sur  le  Châtaignier  comes- 
tible. 

Caligula  thibeta.  —  Se  trouve  à  Mussoorie,  où  il  vit  sur 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES    CONNUS.  87 

VAndromeda  ovalifolia,  le  Poirier  sauvage  et  le  Cognassier 
commun.  Il  se  trouve  aussi  dans  la  province  de  Kumaon,  mais 
son  nom  spécifique  est  faux,  l'insecte  ne  s'approchant  jamais 
du  Thibet.  Le  cocon  est  un  réseau  grossier  à  travers  lequel  on 
voit  la  chrysalide. 

Neoris  Hultoni  Moore.  — Espèce  découverte  par  le  capi-t 
taine  Hutlon  à  Mussoorie,  à  environ  6500  pieds  d'élévation, 
vivant  sur  le  Poirier  sauvage.  Les  Chenilles  se  trouvent  en 
avril.  Le  cocon  est  un  réseau  qui  ne  produirait  pas  de  soie. 

Attacus  Ricini.  —  Espèce  dont  le  Ver  produit  la  soie  con- 
nue des  indigènes  sous  le  nom  de  soie  arrindy.  Le  Ver 
s'élève  sur  le  Ricin  (Ricinus  communis).  Les  principaux  en- 
droits où  cette  espèce  est  cultivée  sont:  l'Assam,  le  Bengale 
oriental,  Rungpore  et  Dinagepore.  Les  Mékirs,  dans  la  partie 
orientale  du  Bengale,  en  possèdent  une  très  belle  espèce  à 
soie  blanche.  V Attacus  Ricini  {B .  arrindia),  selon  certains 
sériciculteurs,  n'est  autre  que  V Attacus  cynthia,  élevé  sur  le 
Ricin  à  l'état  de  domesticité.  C'est  dans  l'Assam  que  cette  es- 
pèce est  presque  exclusivement  cultivée,  et,  comme  le  Ver  du 
Mûrier,  elle  est  cultivée  à  l'état  de  domesticité,  où  elle  porte 
le  nom  d'Eri,  mot  qui  signifie  iîicm.  L'espèce  vit  aussi  sur  le 
Keseru  {Heteropenex  fragrans);  il  y  a  aussi  plusieurs  autres 
arbres,  tels  que  le  Gulancha  (Jatropha  curcas)^  le  Gamari 
{Gmeiina  arborea)  et  même,  dit-on,  le  Bogri  commun  ou  Ber 
{Ziziphus  jujuha),  sur  lesquels  le  Ver  peut  s'élever,  si  le 
Ricin  vient  à  manquer. 

Actias  setene.  —  Espèce  répandue  dans  l'Inde  et  l'île  de 
Ceylan;  cocon  fermé,  mais  irrégulier  et  peu  soyeux.  Il  y  a  ce- 
pendant quelques  races  à  cocon  épais  et  ferme,  celle  de  Ma- 
dras, par  exemple;  la  soie  en  a  été,  dit-on,  dévidée.  Le  Pa- 
pillon de  cette  espèce  est  d'une  beauté  remarquable,  ses  ailes 
sont  d'un  beau  vert  tendre  et  sa  forme  est  celle  d'un  Papilio 
à  longue  queue,  tels  que  P.  podalirius  de  l'Europe  et 
P.  ajax  de  l'Amérique  du  Nord.  La  Chenille  s'élève  très  bien 


88  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

sur  le  Noyer;  elle  vit  aussi  sur  le  Cerisier  sauvage.  Dans 
rinde,  elle  vit  sur  le  Poirier  sauvage,  le  Noisetier,  le  Cedrela 
paniculata,  le  Coriara  Nepalensis  et  plusieurs  autres  arbres 
et  arbustes  forestiers. 

Actias  mœnas  Doubleday.  —  Espèce  qui  se  trouve  à  Dar- 
jeeling  et  dans  TAssam.  C'est  une  grande  espèce  dont  on  ne 
connaît  encore  ni  les  habitudes  ni  le  produit.  Le  Papillon  est 
vert  tendre.  •  -^'^^  '^ 

Aclias  leto.  —  Se  trouve  dans  les  mêmes  contrées  et  avec 
l'espèce  précédente.  11  est  très  probable  que  Mœnas  et  Leto  ne 
sont  que  la  même  espèce  :  Mœnas  est  le  Papillon  femelle, 
Leto  le  Papillon  mâle  ;  il  n'y  a  maintenant,  je  crois,  aucun 
doute  à  ce  sujet.  Les  ailes  de  Leto  sont  vertes,  mais  couvertes 
de  taches  d'un  brun  rougeâtre,  qui  manquent  chez  le  Pa- 
pillon femelle  Mœwas. 

Saturnia  pyretorum.  —  Se  trouve  à  Darjeeling  et  à  Cachar, 
mais  c'est  tout  ce  que  l'on  sait  (Cap.  Hutton). 

Saturnia  Grotei  Moore.  —  A  été  trouvé  à  Darjeeling  et 
un  ou  deux  Papillons  ont  été  capturés  à  Mussoorie.  Le  capi- 
taine Hutton  a  lieu  de  croire  que  la  Chenille  vit  sur  le  Poirier 
sauvage. 

Saturnia  lindia  Moore.  —  Tout  ce  que  l'on  sait  de  cette 
espèce,  c'est  qu'elle  se  trouvait  dans  la  collection  faite  par  le 
feu  capitaine  James  Lind  Sherwill  et  l'on  suppose  qu'elle 
provient  de  Darjeeling  ou  de  ses  environs;  elle  est  alliée  à 
Sat.  Grotei  (Cap.  Hutton). 

Saturnia  cidosa  Moore.  —  De  la  collection  du  capitaine 
J.  L.  Sherwill,  provient  du  nord-est  de  l'Inde.  Nous  n'avons 
aucun  renseignement  sur  cette  espèce.  Comme  elle  est  très 
rapprochée  de  Sat.  pyretorum,  je  suis  porté  à  croire  qu'elle 
habite  Darjeeling  ou  Cachar  (Cap.  Hutton). 


SÉRICIGÈNES    SAUVAGES   CONNUS.  89' 

Lœpa  Katinka  West.  —  Papillon  jaune  d'une  beauté  re-  \. 
marquable,  découvert  pour  la  première  fois  dans  l'Assam;  se"î 
trouve  aussi,  à  ce  que  je  crois,  à  Mussoorie.  M.  Moore,  cepen-- 
dant,  considère  l'espèce  que  je  possède  comme  étant  dislincte.o- 
On  pourrait  peut-être  en  obtenir  une  petite  quantité  de  soie 
(Gap.  Hutton). 

Lœpa  sivalica  Hutton.  —  Espèce  étroitement  alliée  à  la 
précédente;  se  trouve  à  Mussoorie,  à  5500  pieds  et  aussi  plus 
bas;  pourra  probablement  produire  une  [petite  quantité  de 
soie  (Cap.  Hutton). 

Lœpa  miranda  Alkinson.  —  Belle  et  bonne  espèce,  dé-.j 
couverte  à  Darjeeling  par  M.  Atkinson;  mais  là  s'arrêtent  les  ; 
renseignements  (Cap.  Hutton). 

Lœpa  sikkimensis  Alkinson.  —  Très  belle  espèce,  décou- 
verte à  Darjeeling  par  M.  Atkinson  ;  on  peut  la  distinguer  des 
autres  espèces  par  sa  petite  taille  et  par  ses  ailes,  qui  sont 
tachetées  de  marron;  on  ne  sait  rien  de  son  économie  (C.  H.).' 

Atlacus  Atlas  Linn.  —  Le  plus  grand  des  Bombyciens  sé- 
ricigènes;  commun  à  5500  pieds  d'élévation  à  Mussoorie' 
et  dans  le  Dehra  Donn  ;  il  se  trouve  aussi  dans  les  profondes 
vallées  des  collines  environnantes;  il  est  commun  aussi  à- 
Almorah,  où  le  Ver  vit  sur  leKilmorah  ou  Berberis  Asiatica, 
tandis  qu'à  Mussoorie  il  n'attaque  jamais  cet  arbuste  et  vit 
exclusivement  sur  les  feuilles  du  Falconeria  insignis.  Le 
Ver  de  cette  espèce  est  probablement  plus  facile  à  élever  que 
celui  de  toutes  les  autres  espèces  de  Bombycides  sauvages; 
il  produit  un  très  gros  cocon,  riche  en  soie  et  d'une  couleur 
grisâtre;  l'espèce  abonde  aussi  à  Cachar,  dans  le  Sylhet,  et 
se  trouve  à  Akyab,  dans  l'Arracan  et  aussi  en  Chine  (Note 
du  capitaine  Hutton). 

VAtt.  Allas  est  répandu  dans  toute  l'Inde,  l'île  de  Ceylan, 
la  Chine,  le  Birman  et  autres  pays  jusqu'à  Singapore,  à  l'ex- 
trémité de  la  péninsule  malaise;  il  se  trouve  également  à 


90  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Java,  à  Bornéo  et  probablement  dans  toutes  les  autres  îles  de 
l'océan  Indien.  Les  diverses  races  de  cette  espèce  diffèrent 
par  la  taille  et  le  coloris  des  ailes,  les  cocons  ont  aussi  une 
teinte  un  peu  différente;  la  Chenille  est  tiès  polyphage.Dans 
l'île  de  Geylan,  elle  vit  de  préférence  sur  le  Cannellier  {Lau- 
rus  cinnamomum)  et  le  Milnea  Roxburghiana,  mais  elle 
se  trouve  aussi  sur  beaucoup  d'antres  arbres. 

En  Europe,  elle  s'élève  parfaitement  bien  sur  l'Epine- 
vinette  {Berberis  vulgaris)  ;  elle  peut  aussi  s'élever  sur  le 
Pommier,  le  Saule,  le  Charme  et  autres  arbres  et  arbustes. 

En  1884  je  l'ai  élevé  à  Londres,  sur  l'Allante,  à  l'air 
libre,  jusqu'au  troisième  âge.  On  ne  pourrait  élever  VAtlas^ 
à  l'air  libre,  jusqu'à  la  formation  du  cocon,  que  dans  les 
pays  du  Midi,  mais  l'espèce  s'élève  facilement  en  captivité. 
La  Chenille  de  VAllas,  comme  celle  de  VAtt.  cynthia,  est 
couverte  sur  tout  le  corps  d'une  sécrétion,  formant  une 
sorte  de  farine  blanche.  VAlt.  Atlas  et  VAtt.  cynthia  ont 
quelques  traits  de  ressemblance;  les  deux  espèces  ont  été 
trouvées  vivant  sur  rÉpine-vinetle ,  dans  la  province  de 
Kumaon.  i 

Attacus  Edwardsii  Moore.  —  Espèce  découverte  à  Dar- 
jeeling,  de  couleur  très  foncée  et  d'une  taille  plus  petite.  On 
ne  connaît  ni  sa  nourriture,  ni  sa  vie  (Note  du  capitaine 
Hutton).  Il  est  probable  que  VAtt.  Edwardsii  n'est  qu'une 
des  nombreuses  races  ôeVAtl.  Atlas. 

ESPÈCES   D'AFRIQUE 

Les  Bombyciens  séricigènes  de  l'Afrique,  et  il  y  en  a  un 
très  grand  nombre,  sont  encore  presque  tous  inconnus 
comme  sétifères;  c'est  pourquoi  je  ne  pourrai  que  citer  les 
noms  de  certaines  espèces.  Au  Cap  de  Bonne-Espérance,  il  y 
en  a  au  moins  cinq  espèces,  dont  l'une,  la  Saturnia  Isis 
Weslwood,  se  trouve  aussi  à  Sierra- Leone  avec  la  Sat. 
aletida  et  la  Sat.  phœdura  Dury.  A  Natal,  il  y  a  VActias 
mimosœ,  dont  le  Papillon  est  admirable.  Au  Sénégal,  il  y  ;a 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES    CONNUS.  91 

\e  Faidherbia,  à  cocon  fermé,  dit-ori;  ce  serait  alors  un 
Antherœa;  peut-être  celte  espèce  est-elle  celle  qui  est  con- 
nue sous  le  nom  de  Bombyx  Bauhiniœ. 

Les  Séricigènes  de  Madagascar  sont  mieux  connus,  et  le 
R.  P.  Gamboué  en  parle  dans  son  intéressant  rapport,  qui 
a  paru  dans  le  Bulletin  de  juin  1885,  de  la  Société  d'Accli- 
matation, C'est  dans  le  rapport  du  P.  Camboué  que  je  puise- 
rai les  quelques  renseignements  que  je  vais  donner  sur  les 
Vers  à  soie  malgaches.  ' 

Borocera  Madagascariensis  Boisduval.  —  Espèce  que  les 
Malgaches  appellent  Bibindandy  (Ver  à  soie),  et  dont  ils 
tirent  la  soie,  qui  sert  à  la  confection  de  leurs  magnifiques 
étoffes  dites  Lamba-Landy.  Le  cocon,  qui  est  grisâtre,  a, 
chez  la  femelle,  environ  0'",05  de  longueur  sur  O^jOS  de 
plus  grand  diamètre  ;  chez  le  mâle,  il  n'a  que  O^jOS  de  lon- 
gueur sur  0'",015  de  plus  grand  diamètre.  L'éclosion  du 
^  Papillon  a  lieu  une  trentaine  de  jours  après  la  formation  de 
la  chrysalide.  La  Chenille  du  Bibindandy  est  très  poly- 
phage;  mais  les  Malgaches  l'élèvent  de  préférence  sur  l'Em- 
brevattier  {Cytisus  cajanus)  et  sur  le  Tapia  (Tapia  edulis)  ; 
elle  vit  aussi  sur  le  Goyavier,  le  Bibacier  et  le  Saule  pleureur. 
Sur  la  côte,  le  R.  P.  Camboué  a  trouvé  des  cocons  de  Bibin- 
dandy sur  l'Oranger,  le  Badamier,  et  le  Fotabe  {Baringtonia 
speciosa).  Sur  la  côte  ouest,  on  en  trouve  beaucoup  sur  les 
Palétuviers  et  autres  arbres  croissant  aux  bords  de  la  mer. 

Le  Bibindandy  peut  vivre  jusque  sur  les  hauteurs  de  l'in- 
térieur de  l'île,  où  il  n'y  a  que  3  à  4  degrés  centigrades  de 
chaleur.  C'est  le  plus  important  des  Vers  à  soie  sauvages  de 
Madagascar. 

Bibindandy  dynamboa  (Ver  à  soie  des  Chiens)  et  Bibin- 
dandy madinika  (petit  Ver  à  soie),  sont  deux  espèces  de 
Borocera  se  rapprochant  du  Madagascariensis. 

Saturnia  Suraka  Boisduval  ;  Caligula  Suraka.  — 
Grande  et  belle  espèce,  dont  la  Chenille  atteint  10  centi- 
mètres del  ongueur  et  forme  un  cocon  à  tissu  double  en 


92  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

treillis,  très  fort,  de  couleur  jaunâtre,  mesurant  environ 
6  centimètres  de  longueur  sur  3  centimètres  de  plus  grand 
diamètre.  La  Chenille,  qui  est  polyphage,  vit  très  bien  sur  le 
Laurier  rose  {Nerium  oleander).  Arrivée  au  dernier  âge,  elle 
est  verte  avec  plaques  noir  verdâtre  et  tubercules  épineux  ; 
tirant  sur  le  rose.  L'insecte  parfait  sort  après  une  trentaine 
de  jours. 

Le  P.  Camboué  a  observé  sur  le  littoral  est,  à  Tamatave, 
une  autre  espèce  de  Saturnia,  se  rapprochant  assez  de  Su- 
raka.  La  Chenille,  fausse  Arpenteuse,  est  d'un  beau  noir, 
garnie  sur  ses  segments  de  proéminences  épineuses,  jaunes 
sur  les  huit  derniers,  rosées  sur  les  premiers.  Le  corps  est 
parsemé  de  taches  jaunes  de  la  même  couleur  que  les  tuber- 
cules. Les  stigmates  sont  noirs,  bordés  de  jaune;  les  fausses 
pattes  d'un  beau  noir  luisant.  Elle  atteint  9  centimètres  de 
longueur  sur  12  millimètres  déplus  grand  diamètre.  Elle  est 
aussi  polyphage  et  vit  bien  sur  le  Laurier  rose.  Le  cocon  est 
plus  petit  et  de  couleur  plus  sombre  que  celui  de  S.  Suraka. 


LISTE    D  ESPÈCES   SÉRICIGÈNES   D  AFRIQUE 

Bombyx  Bauhiniœ {1res  recommandé). 

Bombyx  annulipes  Boisduval. 

Salurniu  Cajani  Guérin-Méneville. 

Bombyx  Bhadama  Bdv. —  Espèce  commune  à  Madagascar. 
Les  Chenilles  vivent  en  société  dans  des  poches  communes 
contenant  de  500  à  600  cocons,  dont  la  soie  grossière  est 
utilisée. 

Bombyx  Diego.  —  Moins  connu  que  le  précédent  et  vivant 
de  la  même  manière. 

Bombyx  Fleuriotii  Guérin-Méneville.  —  A  peine  connu 
et  servant  à  tisser  des  lambas  sur  la  côte  méridionale. 

Saturnia  auricolor  Mabille. 

Saturnia  fuscicolor  Mabille. 

Bombyx  panda.  — Vit  comme  le  Bhadama  et  produit  une 
soie  très  estimée. 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES    CONNUS.  93 

Saturnia  vacuna  Westwood.  —  Habite  l'Ashantee. 

Saturnia  mythimnia  Weslw.  — Port  Natal. 

Saturnia  arata  Westw.  —  Ashantee  et  Sierra-Leone. 

Saturnia  belina  Westwood.  — Zoulouland. 

Saturnia  hersilia  Westw.  —  Congo. 

Saturnia  menippe  Westw.  —  Natal  et  autres  parties  de 
l'Afrique  australe. 

Saturnia  tyrrhea  Cramer.  —  Cap  de  Bonne-Espérance  et 
Afrique  australe. 

Saturnia  cytherea  Fabricius.  —  Gap  de  Bonne-Espérance 
et  Afrique  australe. 

Saturnia  nenia  Westw.  —  Congo. 

Saturnia  agathylla  Westw. 

Saturnia  Said  Oberthùr.  —  Belle  et  grande  espèce  trou« 
vée  par  M.  Raffray  à  Bagamoyo,  en  face  de  l'île  de  Zanzibar. 

Saturnia  thyella  Zamberia  Felder. 

ESPÈCES  D'EUROPE 

Il  n'y  a  en  Europe  aucun  Bombycien  qui  soit  important 
comme  séricigène.  Des  six  espèces  que  je  vais  mentionner, 
les  trois  premières  produisent  une  soie  assez  grossière,  et 
il  en  est  de  même,  je  crois,  de  la  quatrième,  Cœcigœna.  La 
Sat.  Isabellœ  fournit  un  cocon  dont  la  soie  est  assez  fine, 
mais  elle  est  peu  abondante.  UOtus  seul  semblerait  être  une 
espèce  digne  d'attention  comme  sétifère,  mais  cette  espèce 
est  plutôt  asiatique  qu'européenne. 

AttacusPyri  S.  V.  Godard;  Saturnia  pavonia  major  Linn. 
—  Europe  centrale  et  méridionale.  Se  nourrit  principale- 
ment sur  le  Pécher,  l'Amandier,  le  Poirier,  le  Pommier,  le 
Prunier,  l'Orme,  le  Frêne,  etc.  En  France,  la  Chenille  atteint 
toute  sa  taille  dans  le  courant  du  mois  d'août.  Elle  forme  son 
cocon  sous  les  corniches  des  murs,  aux  bifurcations  des 
grosses  branches,  ou  au  pied  des  arbres.  Il  y  a  en  Algérie  une 
variété  de  Pyri,  décrite  par  M.  H.  Lucas,  sous  le  nom  de 
Saturnia  Atlantica. 


'  94-  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Attacus  carpin.i  S.  V.  God.,  Dup.,  Bdv.  ; Saturnia pavonia 
minor  L.  —  Dans  presque  toute  l'Europe  ;  se  trouve  jusque 
dans  le  nord  de  l'Angleterre.  La  Chenille  vit  sur  l'Orme,  le 
Charme,  le  Bouleau,  le  Saule,  le  Prunellier,  la  Ronce,  la 
Bruyère,  etc.  Cette  espèce  est  plus  précoce  que  la  précédente; 
les  papillons  éclosent  généralement  en  avril.  Les  Chenilles 
écloses  en  mai  forment  leur  coque,  qui  est  pyriforme,  vers  le 
milieu  de  juillet,  dans  les  buissons. 

Attacus  spini  Borkha.usen;  S at. pavonia  média  Fabricius. 
—  Allemagne,  Autriche,  Hongrie.  Cette  espèce  ne  peut,  dit- 
on,  s'accoupler  qu'à  l'air  libre.  Je  n'ai  jamais  pu  obtenir  la 
reproduction   de  cette  espèce  en  captivité  après  plusieurs 

.  annéCvS  d'essai.  En  1881,  avec  une  quarantaine  de  cocons,  je 
ne  pus  obtenir  que  sept  ou  huit  Papillons;  les  chrysalides, 
comme  celles  de  Pyn  et  de  Carpini,  restent  souvent  deux 
ans  et  même  trois  ans  avant  d'éclore.  Les  Papillons  de  Spini, 
en  1881,  ont  commencé  à  éclore  le  17  avril,  les  Carpinile  SO. 
D'après  ces  dates,  le  Spini  serait  encore  plus  précoce  que  le 

'  Carpini.  La  Chenille  vit  sur  le  Prunellier,  Prunus  spinosa. 
Le  cocon  est  plus  gros  et  plus  soyeux  que  celui  de  Carpini 
et  est  de  forme  ovale.  Le  Papillon,  qui  ressemble  assez  à 
cehii  de  Pyri,  est,  comme  chez  celui-ci,  de  même  couleur  et 
de  même  taille  chez  les  deux  sexes;  il  y  a,  au  contraire,  une 

•  différence  très  marquée  chez  le  mâle  et  la  femelle  dé  Carpini, 
tant  pour  la  taille  que  pour  la  couleur. 

Saturnia  cœcigœna  Hubner.  —  Dalmatie,  Turquie,  Asie 

•  '  Mineure.  Je  n'ai  encore  aucune  donnée  sur   cette  espèce. 

■    .  Saturnia  (Actias)  Isahellœ.  —  Espagne  centrale.  Magni- 
fique espèce  découverte  par  M.  Mieg,  décrite  et  figurée  dans 
les  Annales  de  la   Société  entomologique,  1850,    p.   241, 
■  pi.  Vlil,  par  M.  le  professeur  Graells.  Le  Papillon  ressemble 
'par  la  forme  à  V  Actias  luna  des  États-Unis  de  l'Amérique  du 
'  Nord  ;  il  est  d'un  be'au  vert  avec  les  nervures  brunes.  La  Che- 
nille est  verte,  avec  la  tête  et  le  milieu  des  segments  bru- 


n'vsÉRIClGÈNES   SAUVAGES   eONWUS.  .95 

•  nâtres;  deux  taches  allongées,  rouges,  bordées  de  blanc,  se 
remarquant  sur  le  bord  de  chaque  segment;  elle  vit  sur  le 
Pin  des  forêts,  Pinus  sylveslris. 

Cette  belle  espèce  est  loujours  maintenue  à  un  prix  assez 
élevé,  et  la  propagation  en  est  pour  ainsi  dire  interdite. 

En  1878,  je  reçus  dix-huit  chrysalides  d'Espagne;  elles 
coûtaient  15  francs  pièce,  mais  le  prix  a  baissé  depuis  cette 
époque. 

Mon  désir  était,  avec  ces  dix-huit  chrysalides,  de  repro- 
duire et  d'élever  l'insecte,  mais  je  n'eus  aucun  succès,  pro- 
bablement par  suite  du  système  employé  pour  l'envoi  des 
chrysalides.  Il  en  fut  de  même  de  deux  autres  essais  que  je 
fis  les  années  suivantes.  Les  chrysalides,  avantd'être  expédiées 
d'Espagne,  sont  sorties  du  cocon,  enveloppées  de  petites 
bandes  de  papier  de  soie,  et  elles  sont  ensuite  remises  avec 
un  peu  de  ouate  dans  le  coton  préalablement  coupé  d'une 

-  extrémité  à  l'autre.  Cette  opération  est  faite  dans  le  but  pré- 
tendu de  voir  si  les  chrysalides  envoyées  sont  bien  vivantes  et 

'  aussi  afin  de  les  protéger  contre  les  chocs  du  voyage.  Le 
résultat  de  cette  opération,  faite  avec  de  bonnes  intentions, 
dit-on,  c'est  qu'une  partie  des  Papillons  qui  éclosent  sont 
avortés,  et  que  la  plupart  des  chrysalides  sont  détruites  par 
des  parasites  diptères  auxquels  on  a  ouvert  la  porte.  Avec 
mes  dix-huit  chrysalides  d'habellœ^y  je.  n'obtins  qu'un  tout 
petit  nombre  de  Papillons,  tous  femelles,  à  l'exception  d'un 
mâle,  cinq  ou  six  Papillons  en  tout. 
.1         .,     ■■  , 

.  Bombyx  {Lasiocampa)  Oins  Drury.  -^  C'est  le  Bombyx 
séricigène,  dont  les  Grecs  et  les  Romains  obtenaient  de  la 
soie,  avec  laquelle  ils  fabriquèrent  des  tissus  avant  l'intro- 
duction du  Ver  à  soie  du  Mûrier  de  la  Chine.  ,Qu'est  devenu 
ce  célèbre  Bombyx  «  Hibou  »  des  anciens?  Un  de  mes  an- 
ciens correspondants  de  Sicile,  M.  J.  Pincitore  Marolt,  de 
Palerme,  dans  un  article  -qui  a  paru  le  1"  août  1873,  dans 
les  Petites  nouvelles  entomoiogiques,  parle  de  la  découverte 
i  etde  lapropagatiiinde  ce  remarquable  Lépidoptère  eq  Italie, 
et  dit  dans  un  passage  de  son  rapport  :  «  Le  Bombyx  Otus 


96  SOCIÉTÉ  NATIONALE  D  ACCLIMATATION. 

est  d'uno  grande  importance,  car  sa  Chenille  est  séricigène 
et  susceptible,  peut-être,  de  remplacer  le  B.  (Sericaria) 
Mori;  la  soie  qu'on  obtient  du  cocon  de  cette  espèce  est 
presque  aussi  belle  que  celle  produite  par  le  Yama-maï;  la 
véritable  patrie  de  VOtus  étant  l'Asie  Mineure,  la  découverte 
de  cet  insecte  en  Italie  prouve  que  nos  conditions  climaté- 
riques  et  notre  flore,  au  moins  en  partie,  se  rapprochent  de 
celles  de  l'Orient,  et  que  l'élevage  de  celte  espèce  pourrait 
être  opéré  avec  succès.  —  M.  Correale,  de  Scandole,  près 
Crotone  (Calabre),  est  le  premier  qui  a  retrouvé  en  Italie  le 
papillon  Otus;  il  a  fait  quelques  tentatives,  jusqu'ici  couron- 
nées de  succès,  pour  élever  cette  espèce  dans  un  but  com- 
mercial. Cesobservationsontété  publiées  par  M.  le  professeur 
Cornalia,  dans  les  Annali  di  Storia  naturale,  t.  VIII,  1865.  » 

M.  Marott  ajoute  que  VOtus  n'est  pas  rare  aujourd'hui 
(1873)  dans  la  partie  méridionale  de  l'Italie  continentale,  et 
qu'il  l'a  trouvé  aussi  aux  environs  de  Monte-Cuccio  (Pa- 
lerme). 

La  Chenille  vit  sur  diverses  plantes,  mais  elle  préfère  le 
Lentisque. 

Outre  l'Asie  Mineure,  l'espèce  se  trouve  aussi  dans  la 
Turquie  d'Europe. 

ESPÈCES  DE  L'AMÉRIQUE 

Dans  mes  divers  rapports  anglais  et  français,  j'ai  parlé  de 
l'éducation  en  Europe  des  principaux  Vers  à  soie  sauvages 
des  États-Unis  de  l'Amérique  du  iNord  ;  quant  aux  autres;  je 
'ne  pourrai  qu'en  donner  les  noms  d'après  la  liste  des  Pa- 
pillons hétérocères  de  l'Amérique  du  Nord,  par  Aug.  R.  Grote, 
président  du  club  entomologique  de  New-York,  et  publiée  en 
mai  188-2. 

Telea  polyphemus;  Telea  Hubner,  polyphemus  Crammer. 
'■"  —  Le  meilleur  Ver  à  soie  sauvage  des  États-Unis,  à  cocon 
fermé,  comme  celui  de  toutes  les   espèces  appartenant  au 
genre  Antherœa,  et  dont  il  a  tous  les  caractères. 


SÉRIGIGÈNES   SAUVAGES   COiNNUS.  97 

•  La  soie  blanche  du  Poli/phemus  peut  rivaliser  avec  celle 
du  Pernyi,  mais  le  cocon  est  ordinairement  moins  gros.  Eu 
Europe,  l'espèce  a  été  élevée  à  l'air  libre,  avec  le  plus  grand 
succès,  sur  le  Chêne.  Les  Papillons  s'accouplent  difficilement 
en  captivité,  et  je  crois  que  l'on  doit  opérer  avec  cette  espèce 
de  la  même  manière  qu'avec  le  Yama-mal  du  Japon,  c'est- 
à-dire  placer  les  cages  à  Papillons  à  l'airlibre.  Outre  le  Chêne, 
la  Chenille  peut  s'élever  sur  le  Bouleau,  le  Hêtre,  le  Saule, 
le  Noisetier,  le  Châtaignier,  etc.  La  Chenille,  qui  est  une  des 
plus  belles,  a  cinq  âges;  elle  est  blanchâtre  au  premier  âge. 
Aux  autres  âges  elle  est  d'un  beau  vert,  avec  tête  brune,  mais 
sans  points  noirs  comme  celle  du  Pernyi.  A  la  base  de  tous 
les  tubercules  il  y  a  une  plaque  argentée  à  reflets  métalliques. 
Noms  de  plantes  données  par  divers  entomologistes  amé- 
ricains, comme  servant  de  nourriture  au  Polyphème:  Quer- 
cus,  Ulnms,  Tilia  Americana,  Rosa,  Acer,  Salia),Populus, 
Corylus,  Betula,  Vaccinium,  Carya,  Juijlans  nigra,  J .  ci- 
nerea ,  Cratœgus,  Quercus  virens,  Prunus  Virginiana, 
Plalanus,  Castanea  vesca,  Fagus,  Tilia  Europœa,  Carya 
tomentosa,  Alnus  incana,  etc. 

Platysamia  cecropia  ;  Attacus  cecropia  Linn.  —  Platy- 
samia  est  le  nom  générique  donné  par  Grote  à  cette  espèce 
et  aux  trois  suivantes,  qui  toutes  sont  très  rapprochées. 
Cecropia  est  le  plus  grand  Séricigène  des  Etats-Unis.  Le 
cocon,  ouvert  comme  tous  ceux  du  même  genre,  est  entouré 
d'une  enveloppe  irrégulière  qui  est  souvent  d'une  grosseur 
extraordinaire.  La  Chenille,  qui  a  six  âges  (quelques  auteurs 
disent  qu'elle  n'a  que  cioq  âges),  est  plus  difficile  à  élever  à 
l'air  libre  dans  les  pays  du  Nord,  que  l'espèce  précédente. 
Elle  vit  sur  nombre  d'arbres  fruitiers  et  autres,  surtout  le 
Prunier  sauvage,  le  Saule,  etc.  La  Chenille  et  le  Papillon  se 
font  remarquer  par  la  beauté  et  la  variété  de  leurs  couleurs. 
Les  Papillons  s'accouplent  facilement. 

Noms  des  plantes  nourricières  du  Cecropia,  en  Amérique. 
Brodie  {Papilio,  février  1888)  donne  une  liste  de  quarante^ 
neuf  espèces  de  plantes  appartenant  aux  genres  suivants  : 

4»  SÉRIE,  T.  m.  —  Février  1886,  7 


98  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Tilia,  Acer,  Prunus,  Spirœa,  Cratœgus,  Pyrus,  Amelan- 
chier,  Ribes,  Sambucus,  Ulmus,  Quercus,  Fagus,  Corylus, 
Carpinus,  Betula,  Alnus,  Salix  et  Populus.  D'autres  au- 
teurs donnent  les  genres  suivants  :  Berberis,  Liriodendron, 
Syringa,  Carya,  Gleditschia,  Rubus,  Ceanothus,  Ampélop- 
sis, Cephalanlhus,  Fraxinus,  Vaccinium  et  Rosa. 

Plalysamia  Ceanothi  Behr  ;  Californica  Gr.  —  Espèce 
plus  petite  que  la  précédente.  L'enveloppe  du  cocon,  qui  est 
pyriforme,  est  gris  de  fer,  le  cocon  intérieur  brun  et  petit 
comparé  à  l'enveloppe,  l'espace  entre  les  deux  étant  assez 
considérable.  La  Chenille  de  cette  espèce  a  été  élevée  sur  le 
Prunier  et  sur  le  Saule.  Il  est  probable  qu'elle  peut  vivre  sur 
les  mêmes  plantes  .que  Cecropia  et  que  l'espèce  suivante, 
Gloveri.  Elle  prend  son  nom  de  Ceanothus  de  l'une  des  plantes 
sur  lesquelles  elle  vit.  La  Chenille  de  Ceanothi,  ainsi  que 
celle  de  Gloveri,  ressemble  beaucoup  à  celle  de  Cecropia^ 
surtout  aux  deux  premiers  âges.  A  partir  du  troisième  âge, 
la  différence  la  plus  sensible  est  que  les  tubercules  dorsaux 
de  Ceanothi  et  de  Gloveri  sont  d'une  couleur  à  peu  près  uni- 
forme, rouge  orangé  ou  jaune,  tandis  que  les  quatre  pre- 
miers tubercules  dorsaux  de  la  Chenille  de  Cecropia  sont 
rouges  et  les  autres  jaunes.  Les  tubercules  latéraux  sont 
bleus  chez  les  trois  espèces.  Les  Papillons  de  Ceanothi  ont 
les  quatre  ailes  d'un  brun  rouge  pour  le  fond  ;  au  contraire, 
les  couleurs  sont  variées  chez  les  deux  autres  espèces.  Les 
Papillons  ne  s'accouplent  pas  avec  la  même  facilité  que  ceux 
de  Cecropia. 

Platysamia  Gloveri  Strecker.  — Espèce  qui  tient  le  mi- 
lieu entre  les  deux  précédentes  pour  la  taille  et  le  coloris 
des  ailes.  L'enveloppe  du  cocon  est  d'un  gris  argenté;  le  vrai 
cocon  est  brun  foncé.  L'enveloppe  extérieure  adhère  au 
cocon,  sans  laisser  aucun  espace  entre  les  deux.  Cette  espèce 
a  été  découverte  dans  l'Utah,  où  des  cocons  ont  été  récoltés 
sur  une  espèce  de  Saule  à  petites  feuilles;  elle  se  trouve 
aussi  dans  l'Arizona, 


SÉRICIGÈNES   SAUVAGES   CONNUS.  99 

Platysamia  Columbia  Smith.  —  Cette  espèce  ne  semble 
être  qu'une  race  plus  petite  de  Gloveri. 

Callosamia  promethea;  Attacus  promethea  Drury.  — 
Callosamia  est  le  nom  générique  donné  par  Packard.  Espèce 
dont  le  cocon  ressemble  assez  à  celui  de  V Attacus  cynthia, 
mais  il  est  un  peu  plus  petit  et  plus  allongé.  La  Chenille 
s'élève  facilement,  à  l'air  libre,  sur  le  Lilas  et  le  Cerisier.  En 
Amérique  elle  vit  sur  les  Sassafras  (Cerisier  sauvage),  Cepha- 
lanthus,  Laurus  benzoin,  Syringa,  Berberis,  Betula,  Acer, 
Quercus,  Pinus,  Fagus,  le  Pommier,  le  Poirier,  le  Pêcher, 
le  Liriodendron,  les  Populus,  etc.  Selon  W.-H.  Edwards,  la 
Chenille  de  Promethea  n'a  que  trois  mues  ou  quatre  âges, 
dans  la  Virginie  occidentale.  ^\vvMf^  ni'^  .y^^ 

Callosamia  angulifera  Walker.  —  Espèce  se  nourris- 
sant, je  crois,  sur  le  Tulipier. 

Philosamia  Gr.;  Cynthia  Drury.  —  C'est  V Attacus  cyn- 
thia, originaire  de  la  Chine,  actuellement  naturalisé  aux 
États-Unis. 

Attacus  splendidus  de  B. 

Saturnia  gu'lbinà  ;  Saturnia  KvsLïik  ;  Galb ina  Clem. 

Saturnia  meûdocino  Behrens. 

Actias  luna  ;  Attacus lun a  Linn.  —  Actias,  nomgénérique 
donné  par  Leach.  Espèce  qui  ressemble  assez  à  VActias 
selene  de  l'Inde,  mais  elle  est  plus  petite.  Le  cocon,  qui  est 
fermé  comme  tous  ceux  de  ce  genre,  est  irrégulier  et  peu 
soyeux.  Papillon  vert,  remarquable  par  sa  beauté.  Aux  États- 
Unis,  VActias  luna  est  bivoltin.  La  Chenille,  qui  est  verte 
avec  tubercules  rouges,  a  souvent  été  élevée  en  Europe,  où 
elle  semble  préférer  le  Noyer;  elle  est  cependant  très  poly- 
phage.  Les  plantes  citées  par  les  entomologistes  américains 


100  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

comme  lui  servant  de  nourriture  sont  :  Juglans  cinerea. 
Cary  a  porcina,  Quercus,  Platanus,  Liquidamhar,  FaguSy 
Belula,  Salix,  Ostrya  Virginica,  Castanea,  et  le  Prunier. 

Hyperchiria  io  Fabricius.  —  La  Chenille  de  cette  espèce 
se  chrysalide  dans  une  coque  légère  formée  à  la  surface 
du  sol;  elle  est  couverte  de  touffes  de  poils  raides  qui 
piquent  comme  des  orties.  Elle  s'élève  très  facilement.  Les 
Papillons,  qui  sont  fort  jolis  et  qui  diffèrent  chez  les  deux 
sexes,  s'accouplent  aussi  très  facilement  en  captivité.  La  Che- 
nille, qui  est  très  polyphage,  a  six  âges  ;  elle  a  été  élevée  en 
Europe  sur  le  Chêne,  le  Saule,  le  Prunier,  le  Pommier,  etc. 
En  Amérique,  on  la  trouve  sur  les  Populus  halsamifera, 
Ulmus,  Zea  mays,  Cornus,  Sassafras,  Quercus,  Robinia 
viscosa,  Cornus  florida,  Liriodendron,  Humulus,  Gossy- 
pium,  Acer,  Salix^  Populus  tremuloides,  Robinia  pseudo- 
acacia, Cerasus  Virginiana,  Betula,  Fraxinus,  Rubus  villo- 
sus,  Trifolium  pratense,  etc. 

Attacus  aurota  Crammer.  —  Grande  et  belle  espèce  qui 
se  trouve  à  la  Guyane  française,  au  Brésil  et  autres  pays  de 
l'Amérique  centrale.  Au  Brésil  il  y  en  a  une  variété  qui  porte 
le  nom  d' Attacus  speculifer.  Le  cocon,  qui  est  très  épais  et 
soyeux,  a  la  forme  de  celui  de  V Attacus  atlas.  UAurota^ 
d'après  M.  A.  Michély,  a  six  générations  par  an  à  la  Guyane 
française.  Les  Papillons  éclosent  un  mois  après  la  formation 
du  cocon  ;  les  œufs  huit  jours  après  la  ponte  et  vingt  jours 
après  a  lieu  la  formation  du  cocon. 

V Aurota  a  été  élevé  à  la  Guyane  française  par  M.  Michély 
sur  l'Oranger  et  autres  Aurantiacées,  et  sur  l'Eucalyptus;  il 
peut  vivre  aussi  sur  l'Allante,  le  Ricin,  le  Café  diable  {Casea- 
via  ramiflora),  le  Moubin,  le  Saint-Jean,  le  Manioc  {Jatro- 
.pha  Manihfit),  l'Acajou,  le  Bambou. 

Attacus  hesperus. —  Espèce  plus  petite  que  la  précédente, 
et  qui  peut  vivre  sur  les  mêmes  plantes  que  V Aurota.  Le 
cocon,  qui  est  brun  et  à  peu  près  de  la  grosseur  de  celui  de 
Y  Attacus  cynthia,  est  régulier  de  forme  et  sans  bourre.  La 


SERICIGENES  SAUVAGES  CONNUS. 


101 


Chenille,  dit  M.  Michély,  forme  son  cocon  quinze  jours  seu- 
lement après  son  éclosion.  Il  y  a  cinq  espèces  de  Séricigènes  à 
la  Guyane. 

Parmi  les  espèces  américaines,  nous  devons  encore  citer 
les  suivantes  : 

Saturnia 

Sat.  Vorul 

Sat.  Laver 

Sat.  Gellet 

Saturnia  j 

Eucheira  ; 

Décrites  dans  les  Transactions  of  the  Ent.  Soc.  of  London 
en  1884,  par  Westwood  (t.  I,  p.  38). 


Saturnia   orizaba 

Westwood.  - 

—  Mexique, 

Sat.  Vorulla 

id. 

id. 

Sat.  Laventera 

id. 

id. 

Sat.  Gelleta 

id. 

id. 

Saturnia  Zacateca 

id. 

Bogota. 

Eucheira  socialis 

id 

Mexique 

Il    TRAVAUX  ADRESSÉS   ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ- 

;   1 

NOTE 

SUR  LA  FLORAISON  ET  FRUCTIFICATION 

DU  JUBiEA  SPECTABILIS 


par   M.    Ch.    IVAUDIK,    de    l'Institut. 

I  I 


Le  Coquito  des  Péruviens  et  des  Chiliens,  le  Jubœa  specta- 
hilis  des  botanistes,  est  incontestablement  un  des  plus  volu- 
mineux Palmiers  qui  existent,  et,  ce  qui  a  lieu  de  surprendre, 
c'est  qu'avec  ses  proportions  colossales  il  se  montre,  sous  nos 
climats,  tout  aussi  rustique  que  le  vulgaire  Palmier  nain  du 
midi  de  l'Europe,  endurant,  comme  lui,  sans  en  souffrir 
sensiblement,  des  froids  passagers  de  10  à  12  degrés  centi- 
grades au-dessous  de  zéro. 

Il  a  une  autre  qualité  qu'il  partage  avec  notre  modeste 
Chamœrops,  c'est  de  savoir  se  passer  d'eau  pendant  les  longues 
sécheresses  de  l'été  méridional,  ce  qui  d'ailleurs  ne  peut  guère 
étonner  quand  on  sait  qu'il  nous  est  venu  de  pays  où  la  pluie 
est  un  phénomène  météorologique  relativement  rare.  A  ren- 
contre de  la  grande  majorité  des  Palmiers,  il  se  plaît  dans 
les  terrains  secs,  et,  si  on  le  soumettait  au  même  régime  que 
le  Dattier,  auquel  il  faut  tant  d'arrosages  pendant  l'été,  il 
périrait  presque  infailliblement. 

Voilà  certes  de  quoi  recommander  le  Jubœa  aux  amateurs 
d'arbres  de  haut  ornement  dans  le  midi  de  l'Europe  ;  mais  il 
a  un  mérite  plus  sérieux  comme  arbre  saccharifère,  ce  qui 
fait  que,  dans  son  pays  d'origine,  on  l'exploite  sur  une  grande 
échelle  pour  en  retirer  du  sucre.  On  peut  même  craindre  que 
cette  exploitation,  qui  n'est  pas  réglementée,  n'aboutisse  à  la 
destruction  de  l'espèce.  Outre  sa  sève  mielleuse,  l'arbre  pro- 
duit en  grande  quantité  des  graines,  ou  petits  cocos,  de  la 
grosseur  d'une  noix,  dont  l'amande  est  comestible  et  peut 
fournir  de  l'huile  par  pression.  Elle  sert  aussi  à  l'engraisse- 


DU    JUBŒA   SPECTABILIS.  103 

ment  des  bestiaux.  Le  grand  naturaliste  Darwin,  qui  a  visité 
le  Pérou  et  le  Chili,  nous  apprend  qu'un  arbre  adulte  donne 
jusqu'à  90  gallons  (408  litres)  de  sève  sucrée. 

Si  maintenant  on  tient  compte  de  l'aptitude  de  l'arbre  à 
croître  sous  un  climat  chaud  et  sec,  sans  demander  ni  culture 
ni  arrosage  artificiel,  il  vient  naturellement  à  l'esprit  qu'il 
serait  tout  à  fait  à  sa  place  dans  les  parties  du  nord  de 
l'Afrique  où,  faute  d'eau,  la  culture  du  Dattier  resterait  impro- 
ductive. Il  semble  donc  probable  qu'avec  lui  on  pourrait  créer 
des  Oasis  d'un  nouveau  genre  dans  le  Sahara  algérien,  si 
rebelle  aujourd'hui  à  toute  culture  régulière.  La  seule  objec- 
tion qu'on  pourrait  y  faire,  c'est  qu'il  faudrait  du  temps  pour 
que  ces  Oasis  donnassent  de  l'ombre  d'abord,  puis  des  récoltes 
de  sucre  ou  de  graines,  ce  qui  n'arriverait  guère  avant  la 
trentième  année.  Mais  où  en  serait-on  si  l'on  ne  plantait  que 
pour  récolter  à  courte  échéance,  sans  souci  des  arrière- 
neveux  ? 

Pour  la  première  fois,  depuis  qu'il  a  été  introduit  en 
Europe,  le  Jubœa  spectabilis  a  fleuri  et  fructifié  en  1885, 
non  en  France,  mais  au  Jardin  royal  des  Necessidades,  à 
Lisbonne.  Ses  spadices,  longs  de  plus  d'un  mètre,  se  sont 
développés  en  janvier-février  et  les  fruits  ont  mûri  en  août. 
Les  fleurs  sont  hermaphrodites  (ou  peut-être  monoïques  sur 
le  même  spadice,  comme  dans  d'autres  Cocoïnées),  et  ce  point 
est  à  noter,  car  par  là  on  sera  dispensé  de  recourir  à  la  fécon- 
dation artificielle,  opération  délicate  et  qui  n'est  pas  exempte 
de  danger  lorsqu'il  faut  la  faire  sur  des  arbres  de  grande 
taille  et  armés  de  fortes  épines,  comme  les  Dattiers.  L'individu 
qui  a  fleuri  en  Portugal,  et  qui  s'apprête  à  fleurir  de  nouveau, 
est  âgé  ,d'environ  trente-cinq  ans.  La  hauteur  de  son  stipe, 
au-dessous  de  la  couronne  de  feuilles  qui  en  forme  la  tète, 
est  de  5™, 60.  et  sa  circonférence,  à  quelques  centimètres  du 
sol,  de  4-'", 40.  Cette  énorme  tige  se  rétrécit  un  peu  en  s'éle- 
vant,  et,  à  1  mètre  de  sa  base,  elle  n'a  plus  que  3'"  ,60  de  tour. 
Je  tiens  ces  détails  de  M.  Daveau,  ancien  employé  du  Muséum, 
actuellement  inspecteur  du  Jardin  botanique  de  Lisbonne. 

On  trouve  quelques  Jubœas  dans  les  jardins  de  la  Provence 


104  SOCIÉTÉ   NATIONALE   JD'ACCLIMATATION. 

lïiariLime,  mais  ils  n'y  sont  pas  à  beaucoup  près  aussi  nom- 
breux que  d'autres  Palmiers  qui  ne  les  valent  pas,  et  on  ne 
comprend  guère  pourquoi  cet  arbre  remarquable  a  été  si 
négligé.  La  Villa  Thuret  en  possède  plusieurs,  dont  le  plus 
grand,  âgé  aujourd'hui  de  vingt-huit  ans,  approche  beau- 
coup de  celui  de  Lisbonne.  Sa  hauteur,  sous  la  dernière 
feuille,  est  de  1",45,  et  le  reste  de  la  tige,  caché  par  la  base 
des  feuilles,  est  d'environ  4  mètre.  La  circonférence  du  tronc, 
à  20  centimètres  du  sol,  est  de  4", 50.  Les  feuilles  paraissent 
un  peu  courtes  pour  celte  puissante  tige;  elles  n'ont  guère 
que  3  mètres  de  longueur. 

Au  simple  point  de  vue  ornemental,  le  Jubœa  spectabilis, 
quoique  très  beau  et  très  curieux,  me  paraît  inférieur  au 
Phœmx  canariensis,  que  j'appellerais  volontiers  le  Roi  des 
Palmiers  de  pleine  terre  du  midi  de  l'Europe.  Cet  arbre 
superbe  peut  être  considéré  comme  acclimaté  en  Provence, 
car  il  y  prend  le  plus  beau  développement,  n'y  souffre  pas 
du  froid  et  y  produit,  après  fécondation  artificielle,  des 
graines  excellentes,  qui  servent  aujourd'hui  à  le  multiplier. 


III.    EXTRAITS  DES  PROCES-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ- 


SÉANCE  GENERALE  DU  5  FEVRIER  1886. 
Présidence  de   M.   de    Quatrefages,    Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

—  M.  Je  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

Tj  „,  ,„„   ,,      .        .     T        u  j  \    o  j    (  Maurice  Girard. 

Brelles  (le  vicomte  Joseph  de),  8,  rue  de  \ 

Bagneul,  Pans.  /  £,,..„  , 

°  (  SediUot. 

ri               /i      ■  \            •  '»  •  n        ■      .  Dareste. 

Despeltt  (Louis),  propriétaire,  au  Domaine  k  „      .      „■ 

,      „    ^      ,uV  ^  ,.';  ■  Maurice  Girard. 

des  Yeuzes   Hérault).  t  ,,             „,       , 

^             '  [  Raveret-Waltel. 

(  Dareste. 

FoREST,  huissier,  à  Angoulême  (Charente).    |  Maurice  Girard 

(  Raveret-Wattel. 

AURIOL,    professeur    d'agriculture,    à    Oran  l   .  ,      _,'.       , 
.    ;  .  l  Jules  Grisard. 

^   ^^"^^*  (  Raveret-Wattel. 

iT  /r.    T      •  N     1-7  J     O  ;'  Maurice  Girard. 

Hessneguy  (D'  Louis),  11,  rue  du  Somme-  \  ,   ,    . 

rard,  a  Pans.  )  „,,.,,  . 

[  Sedillot. 

rv         ,11      -^  '.or  j     n  ■    i   A.  Geoffrov  Saint-Hilairc. 

DONAT  Henn),  propriétaire,  35,  rue  du  Ge-      g^.^^^ves  Ménard. 

neral  tov,  a  Pans.  /   .    _ 

"'  'A.  Porte. 

1  ,n     .      \   o     1        j    1    iir  j  I  •        .  /■  De  Bresson. 

Jamet  (Gustave),  6,  place  de  la  Madeleine,  a  \    .    „     „      o  •   .  ni  • 
.  /'    '  r  >      »  A.  Geoffroy Saint-Hilaire. 

(  Saint-Yves  Ménard. 

—  M.  le  Président  annonce  à  l'Assemblée  la  perte  regrettable  que  la 
Société  vient  de  faire  dans  la  personne  de  M.  Nicolas  Meyer. 

—  M.  Anibroise  Gentil,  professeur  au  lycée  du  Mans,  écrit  à  M.  le 
Secrétaire  des  séances  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  faire  parvenir  par  la 
poste  les  Bulletins  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Sarlhe  pour  l'an- 
née 1886. 

»  Le  comité  d'administration  m'a  prié  de  solliciter  auprès  de  vous, 
pour  l'avenir,  l'échange  de  ce  Bulletin  contre  celui  de  la  Société  d'Accli- 
matation de  France,  et  je  serai  personnellement  très  heureux  si  vous 
voulez  bien  agréer  ma  demande. 

»  Notre  Société  d'horticulture  possède  des  jardins  assez  vastes  pour 
que  leur  entretien  nécessite  annuellement  une  dépense  d'environ  vingt 


106  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

mille  francs.  Nos  efforls  pour  acclimater  les  plantes  intéressantes  et 
les  propager  ne  sont  pas  sans  résultats  ;  par  ailleurs,  nous  possédons 
déjà  quelques  animaux  dont  nous  désirons  augmenter  le  nombre. 

»  Le  comité  pense  que,  si  la  Société  d'Acclimatation  voulait  bien  entrer 
en  relations  avec  nous  et  nous  confier  quelques  cheptels,  elle  y  trouve- 
rait l'avantage  d'étendre  ses  moyens  d'action  en  même  temps  que  sou 
utile  influence. 

»  J'ai  promis  de]solliciter  votre  intervention  pour  arriver  à  ce  résultat, 
qui  serait,  je  crois,  profitable  aux  deux  Sociétés.  Si  ma  demande  n'est 
pas  importune  et  si  la  chose  est  possible,  je  vous  serais  très  reconnais- 
sant de  vouloir  bien  faire  adresser  les  renseignements  nécessaires  à 
M.  le  colonel  Follic,  président  de  la  Société  d'horticulture  de  la  Sarthe. 

»  Je  mets  à  profit  cette  occasion  pour  vous  donner  quelques  rensei- 
gnements sur  les  essais  de  pisciculture  dans  notre  département.  Peut- 
être  pourront-ils  vous  intéresser,  mais  ils  n'ont  pas  au  fond  grande 
importance. 

»  Vous  avez  sans  doute  souvenir  de  cinq  mille  alevins  de  Saumon 
de  Californie  qui  furent  mis  dans  la  Sarthe,  en  1878,  par  M.  Carbonnier. 
En  1882,  sur  les  indications  qui  m'avaient  été  données,  je  disais  :  «  On 
croit  en  avoir  retrouvé  quelques-uns.  »  Malheureusement,  aujourd'hui, 
je  dois  ajouter  :  «  Il  n'en  a  pas  été  vu  depuis.  » 

»  Le  Conseil  général  de  la  Sarthe  inscrit  à  son  budget,  depuis  deux 
ans,  une  somme  de  mille  francs  pour  essai  de  repeuplement  des  rivières. 
En  1885,  cette  somme  a  été  employée  à  l'acquisition  de  trente-cinq  mille 
alevins  de  Truite,  dont  quinze  mille  alevins  de  Truite  des  lacs,  qui  ont 
été  distribués  dans  différents  cours  d'eau.  Les  Truites  des  lacs  ont  été 
fournies  par  l'établissement  de  pisciculture,  de  création  récente,  dépen- 
dant de  la  ferme-école  de  la  Pilletière  en  Jupilles  (directeur  :  M.  de 
Villepin). 

»  Dans  son  rapport  au  préfet,  M.  de  Villepin  ajoute  :  «  Nous  avons 
»  fait  venir  les  œufs  embryonnés  de  l'Isère;  les  Truites  qui  en  pro- 
»  viennent  croissent  beaucoup  plus  rapidement  que  celles  des  ruis- 
»  seaux.  M.  Chabot-Karlen  a  constaté  qu'elles  pesaient,  à  la  Pilletière, 
»  19  grammes  à  l'âge  de  six  mois.  » 

—  M.  A.  Touchard  écrit  de  Chalillon-sur-Indre  :  «  Je  suis  loin  de 
trouver  que  les  expériences  d'acclimatation  faites  dans  mon  parc  sur  les 
Cerfs  nains  aient  parfaitement  réussi.  Les  femelles  font,  paraît-il,  deux 
portées  par  an  :  une  en  décembre  ou  janvier,  et  une  en  juin  ou  juillet. 
Je  devrais  donc  avoir  au  moins  quatre  ou  cinq  jeunes  et  je  n'en  ai  abso- 
lument que  deux,  un  mâle  et  une  femelle,  et  le  premier  était  déjà  fort 
il  y  a  deux  ans. 

»  Il  faut  donc  en  conclure  que  pas  un  seul  des  jeunes  nés  en  hiver  n'a 
été  élevé  :  ils  périssent  probablement  de  froid. 

»  Mon  parc  est  en  côte  ;  il  y  a  deux  hectares  de  prés  et  un  hectare  en 


PROCÈS-VEUBAUX.  107 

futaie;  le  reste  est  en  taillis  de  châtaigniers  et  de  bouleaux  très  fourrés; 
il  y  a  beaucoup  d'épines  et  de  ronces;  les  animaux  ont  donc  de  quoi  se 
cacher  et  s'y  trouver  comme  à  l'état  sauvage. 

»  J'ai  constaté  que  les  petits  Cerfs  nains  se  tenaient  de  préférence, 
l'été,  près  des  étangs  dans  les  endroits  humides;  l'hiver,  ils  sont  dans 
les  endroits  secs  et  élevés;  les  jeunes  sont  très  farouches;  ils  se 
tiennent  dans  les  ^taillis  impénétrables  et  souvent  sous  les  ronces. 

»  Le  matin  et  le  soir,  une  heure  avant  le  coucher  du  soleil,  on  les 
voyait  de  loin  dans  les  prés;  mais  il  n'était  pas  possible  de  les  appro- 
cher. 

»  Le  vieux  couple,  moins  farouche,  se  tenait  dans  les  taillis  assez 
clairs;  on  l'approchait  parfois,  surtout  la  femelle,  à  15  ou  20  mètres.    ■ 

»  Ces  animaux  courent  très  vite,  droit  devant  eux,  la  tête  basse  et 
presque  dans  leurs  jambes.  » 

—  M.  Fremy,  directeur  du  Muséum  d'histoire  naturelle,  adresse  à 
M.  le  Président  la  lettre  suivante  :  «  J'ai  l'honneur  de  vous  adresser  les 
remerciements  de  l'assemblée  des  professeurs,  pour  le  don  que  la  So- 
ciété d'Acclimatation  a  bien  voulu  faire  à  la  ménagerie  des  Reptiles  de 
six  Black-Bass  {Micropterus  salmoides),  présentant  un  grand  intérêt  et 
avec  lesquels  on  peut  espérer  obtenir  la  reproduction  de  cette  espèce 
en  France.  » 

—  iM.  le  marquis  de  Pomereu  fait  connaître  qu'il  n'a  perdu  aucun 
des  jeunes  Black-Bass  qui  lui  ont  été  remis  par  la  Société,  et  que  ces 
alevins  sont  tous  en  parfait  état. 

—  Au  sujet  de  cette  communication,  M.  Raveret-Wattel  annonce  qu'il 
a  eu  occasion  de  voir  les  Black-Bass  confiés  à  M.  le  marquis  de  Po- 
mereu, et  que  ces  jeunes  Poissons,  qui  sont  l'objet  d'excellents  soins, 
lui  ont  paru  être,  en  effet,  dans  un  état  des  plus  satisfaisants. 

—  iMM.  Després,  Jacquemart,  Léon  Lefort,  comte  de  Noinville  et 
Rathelot,  ainsi  que  la  Société  départementale  de  pisciculture  du  Cher 
et  la  Société  messine  de  pisciculture,  accusent  réception  et  remercient 
des  envois  d'œufs  de  Truite  des  lacs  et  de  Salmo  fontinalis  qui  leur  ont 
été  faits. 

M.  Léon  Lefort  donne,  à  ce  sujet,  les  renseignements  ci-après  :  «  Les 
sept  cents  œufs  de  Salmo  fontinalis,  que  la  Société  m'a  envoyés,  sont 
arrivés  en  parfait  état;  mais  il  était  temps,  car  mis  le  lendemain  malin 
dans  l'appareil  Coste,  l'éclosion  commençait  le  second  jour. 

»  Je  mettrai  ces  Poissons  à  l'eau  dans  un  étang  de  17  hectares,  en 
même  temps  que  l'alevin  de  quatre  mille  Truites  de  Lochleven  que  je  me 
suis  procuré  à  Seeviese  (Allemagne),  l'éclosion  de  ces  œufs  n'ayant  pré- 
cédé que  de  huit  jours  celle  des  Salmo  fontinalis.  Je  tiendrai  la  So- 
ciété au  courant  des  résultats.  î 

—  3I"«  veuve  Simon,  née  de  Fuisseaux,  écrit  de  Bruxelles  :  «  Je  suis  heu- 
reuse de  pouvoir  offrir  à  la  Société  des  cocons  vivants  d'Attacus  Pernyi 


408  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

de  race  univoltine,  et  des  cocons  vivants  à' A.  cynthia,  produits  de  nos 
éducations.  L'éducation  de  la  race  univoltine,  créée  par  mon  fils,  de- 
mande certaines  précautions  nécessaires  pour  éviter  les  éclosions  pré- 
maturées. Une  cave  froide  est  indispensable  pour  que  l'éclosion  n'ait 
lieu  qu'en  avril-mai.  Pour  réussir  l'éclosion  et  prévenir  la  perte  des 
jeuiios  Chenilles,  nous  recommandons  l'emploi  de  nos  boîtes,  dont  un 
modèle  a  déjà  été  envoyé  à  la  Société  d'.\cclimatation.  L'éclosion  se  fera 
sur  l'arbre  même,  à  l'abri  des  froids,  dans  le  Nord.  On  ne  saurait  donner 
trop  de  soins  aux  jeunes  larves;  de  là  dépend  le  succès  de  l'éducation. 
La  race  univoltine  offrira  plus  de  chances  de  réussite  pour  les  pays  du 
Nord,  son  acclimatation  étant  déjà  faite.  Toutefois,  cette  race  étant  natu- 
rellement bivoltine,  nous  avons  remarqué  que,  après  quelques  années 
d'éducation,  une  dégénérescence  se  produit.  Afin  de  ne  pas  perdre  le 
fruit  de  l'acclimatation  obtenue  et  de  conserver  la  vitalité  naturelle,  nous 
mélangeons  au  grainage,  des  cocons  bivoltins  avec  des  univoltins. 

»  Je  suis  reconnaissante  à  la  Société  de  son  envoi  de  cocons  de 
Mylitta  et  de  graine  de  Cecropia.  Nous  avons  obtenu  des  Papillons 
splendides  des  cocons  de  Mylitta,  et  nous  avons  pu  avoir  des  cocons 
de  Cecropia,  ce  qui  nous  permettra  d'envoyer  de  la  graine  à  la  Société. 

»  Nous  possédons  encore  une  certaine  quantité  de  cocons  vivants  de 
Pernyi. 

»  L'année  passée  (1885),  nous  avons  fait  une  éducation  de  100  grammes 
de  graines  de  Vers  à  soie  du  mûrier  de  race  française,  et  une  de  50  gram- 
mes de  race  belge.  Je  prépare  un  rapport  sur  ces  éducations  et  je  serais 
extrêmement  heureuse  si  quelques  procédés  nouveaux,  que  j'ai  adoptés, 
peuvent  être  utiles  aux  éleveurs. 

»  M.  le  comte  Danne  veut  bien  me  prêter  son  appui.  De  son  côté,  le 
directeur  du  laboratoire  de  la  Chambre  de  commerce  de  Lyon  nous  fait 
l'honneur  de  nous  écrire.  Ces  encouragements,  joints  à  ceux  que  la  So- 
ciété d'Acclimatation  veut  bien  nous  donner,  nous  sont  très  précieux  et 
nous  inspirent  une  vive  reconnaissance.  Cette  année,  nous  mettrons  gra- 
tuitement, comme  nous  l'avons  déjà  fait  l'année  passée,  de  la  graine  et 
des  cocons  vivants  A'Attacus  Pernyi  à  la  disposition  des  instituteurs 
français  qui  en  feront  la  demande.  L'envoi  sera  accompagné  d'une  bro- 
chure sur  VAttacus  Pernyi.  » 

—  M.  Ch.  Naudin  adresse  de  la  Villa  Thuret  (Antibes)  une  note  sur 
la  floraison  et  la  fructification  du  Jubœa  spectabilis  (voy.  au  Bulle- 
tin, p.  102). 

—  M.  Paillieux  communique  la  lettre  ci-après  qui  lui  est  adressée  par 
M.  Joseph  Clarté,  de  Baccarat  :  «  Je  viens  vous  rendre  compte  de  ma 
culture  de  Stacliys  affinis,  dont  vous  avez  eu  l'obligeance  de  m'en- 
voyer  des  plants  à  la  fin  du  mois  de  mai  1885. 

j  Cette  plante  a  parfaitement  réussi  ici;  pendant  l'été,  la  végétation 
en  a  été  très  vigoureuse;  j'ai  commencé  à  arracher  les  premiers  tuber- 


PROCÈS-VERBAUX.  109 

cules  au  commencement  de  novembre,  et  successivement,  toutes  les 
fois  que  la  température  l'a  permis. 

»  Depuis  le  7  décembre,  nous  avons  eu  de  la  neige  presque  sans  in- 
terruption avec  de  fortes  gelées.  Plusieurs  nuits  le  thermomètre  est 
descendu  à  16  degrés  centigrades;  malgré  celte  neige  et  ce  froid,  les 
tubercules  du  Stachys  n'ont  nullement  souffert,  même  ceux  oubliés 
sur  la  terre  étaient  bien  conservés. 

»  Gomme  vous  le  dites,  la  production  du  Stachys  est  énorme;  la 
plante  sortie  de  terre  présente  l'aspect  d'une  véritable  grappe  de  tuber- 
cules. 

»  Accommodés  comme  les  haricots  llageolets  frais,  les  tubercules  de 
Stachys  font  un  plat  exquis  ;  cuits  dans  le  jus,  autour  d'un  rôti,  ils  sont 
excellents  et  je  crois  qu'ils  pourront  également  se  prêter  à  bien  des 
combinaisons  culinaires;  puis,  ce  qui  n'est  pas  un  mince  mérite,  ils 
donnent  peu  d'ouvrage  à  la  cuisinière  :  les  laver  proprement,  couper 
les  radicules  et  dix  minutes  de  cuisson;  c'est  donc  un  plat  très  expé- 
ditif. 

»  Aussi  je  considère  le  Stachys  affinis  comme  appelé  à  un  grand 
succès  dans  nos  cultures,  et  à  tenir  d'ici  peu  de  temps  une  place  impor- 
tante à  côté  de  nos  meilleurs  légumes. 

»  Je  vous  serais  bien  reconnaissant,  si,  lorsque  le  moment  sera  venu, 
vous  pouviez  disposer  en  ma  faveur  de  quelques  bulbilles  d'Igname 
du  Japon  à  racine  courte  nommée,  au  Japon,  Hiri-imo,  et,  botanique- 
ment,  Dioscorea  Decaisneana. 

))  Je  serais  content  aussi  de  connaître  le  nom  japonais  du  Stachys 
affinis.  » 

—  M.  le  D"^  Jeannel  écrit  de  VilIefranche-sur-Mer  :  «  Je  me  fais  un 
plaisir  de  vous  rendre  compte  du  résultat  de  semis  des  Haricots  cerise 
que  vous  avez  eu  la  bonté  de  m'envoyer  en  mars  dernier. 

î  Ils  ont  été  semés  le  20  mars  dans  un  terrain  bien  préparé.  Ils  ont 
végété  vigoureusement.  La  récolte  a  eu  lieu  du  1"  au  18  juillet;  elle 
a  été  extrêmement  abondante. 

»  Les  cosses  vertes,  contenant  la  graine  déjà  rouge  et  bien  formée, 
sont  faciles  à  cuire  et  fournissent  un  légume  excellent  et  très  écono- 
mique. 

»  Les  Haricots  tout  à  fait  mûrs,  tirés  des  cosses  jaunies,  sont  égale- 
ment très  faciles  à  cuire  et  très  tendres;  l'épiderme  est  très  fin  et  nulle- 
ment résistant.  La  saveur  est  agréable,  %ans  avoir  la  finesse  des  haricots 
flageolets,  auxquels  je  crois  devoir  réserver  un  rang  encore  plus  disr 
tingué  qu'aux  Haricots  cerise. 

j  Je  viens  de  faire  un  nouveau  semis  dont  j'espère  un  bon  résultai 
pour  la  fin  d'octobre. 

»  Les  Pachyrrhisus  végètent  pauvrement  malgré  des  arrosages  jour- 
naliers; je  ne  suis  pas  assez  habile  pour  les  faire  prospérer. 


110  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

»  Si  vous  le  désirez,  je  vous  adresserai  un  petit  paquet  de  Haricots 
cerise  de  ma  récolte.  » 

—  A  l'occasion  de  cette  lettre,  M.  Hédiard  rappelle  que  le  Haricot 
cerise  a  été  présenté  il  y  a  quelques  années  à  la  Société  par  M.  Pail- 
lieux.  M.  Hédiard,  qui  a  cultivé  cette  variété  près  de  Paris,  à  Asnières, 
l'a  trouvée  très  productive.  C'est  un  Haricot  à  grandes  rames,  qui  se 
mange  en  cosses,  quand  la  graine  est  formée;  la  cosse  est  tendre  comme 
celle  d'un  Haricot  mange-tout.  M.  Hédiard  rappelle  également  qu'il  a 
présenté  l'année  dernière  une  variété  dite  Haricot  saint-ciboire,  qui  est 
également  un  mange-tout.  Ce  Haricot  est  blanc  avec  une  petite  macule. 
Notre  confrère  demande  que  ceux  des  membres  de  la  Société  auxquels 
il  a  remis  de  la  semence  de  cette  variété  veuillent  bien  faire  connaître 
les  résultats  qu'ils  ont  obtenus. 

—  M.  Chappellier  dépose  sur  le  bureau  une  certaine  quantité  de  tu- 
bercules de  Stachys  affinis  provenant  de  sa  récolte,  et  fait  l'éloge  de  ce 
légume  qu'ont  trouvé  excellent  toutes  les  personnes  auxquelles  il  en  a 
fait  goûter.  Cette  plante,  très  rustique,  a  résisté  à  des  froids  de  16  de- 
grés, et  peut  être  laissée  en  terre  pendant  tout  l'hiver  pour  être  mangée 
fraîche.  Elle  est  très  productive;  trois  touffes  suffisent  pour  donner  un 
plat.  C'est,  en  somme,  une  excellente  acquisition ,  dont  on  doit  savoir 
tout  particulièrement  gré  à  M.  Paillieux.  M.  Chappellier  ajoute  que, 
dans  le  cas  où  les  tubercules  de  Stachys  affinis  ne  seraient  pas  farineux, 
ils  lui  paraîtraient  offrir  une  ressource  spéciale  pour  l'alimentation  des 
diabétiques. 

—  M.  Berlhoule  se  déclare,  de  son  côté,  très  satisfait  du  Stachys  affi- 
nis, qu'il  a  cultivé  à  une  grande  altitude,  dans  un  climat  froid,  et  qui  lui 
a  donné  une  récolte  abondante.  C'est  un  excellent  légume  qui  tient,  sous 
le  rapport  du  goût,  le  milieu  entre  la  Pomme  de  terre  et  le  Salsifis. 

—  M.  Fallou  fait,  à  son  tour,  ressortir  les  qualités  du  Stachys  affinis, 
dont  la  robuste  végétation  et  la  production  abondante  font,  à  son  avis, 
une  plante  des  plus  recommandables. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  qu'il  résulte  de  ces  divers  témoi- 
gnages que  le  Stachys  a  fait  complètement  ses  preuves,  et  il  propose  de 
décerner  dos  remerciements  officiels  à  M.  Paillieux  pour  cette  utile  in- 
troduction. 

Cette  proposition  est  accueillie  par  d'unanimes  et  chaleureux  applau- 
dissements. 

—  M.  Pierre  Pichot  signale  un  article  publié  dans  le  Gaulois  du  24.  jan- 
vier, et  d'après  lequel  M.  Paul  Bert  aurait,  dans  une  conversation  ré- 
cente, exprimé  l'avis  que  ni  les  plantes  ni  les  animaux  ne  peuvent  s'ac. 
climater.  Il  y  a  là,  ajoute  M.  Pichot,  une  hérésie  que  nous  ne  pouvons 
laisser  passer  sans  protester,  bien  qu'après  les  travaux  des  Geofl'roy 
Saint-Hilaire,  des  De  Candolle  et  de  tant  d'autres  savants  éminents,  quj 
ont  parlé  de  l'émigration  des  végétaux,  il  puisse  paraître,  jusqu'à  un 


PROCÈS-VERBAÛX.  111 

certain  point,  oiseux  d'insister  sur  la  possibilité  d'étendre  l'aire  géogra- 
phique des  plantes. 

Notre  confrère  signale,  à  cette  occasion,  l'ouvrage  récemment  publié 
en  Angleterre,  sous  le  titre  :  Wanderings  of  plants  and  animais,  par 
MM.  V.  Hahn  et  Stallybrass,  dans  lequel  les  auteurs,  s'appuyant  notam- 
ment sur  des  études  philologiques,  établissent  la  marche  suivie  dans 
leurs  migrations  successives,  par  les  plantes  et  les  animaux,  et  confir- 
ment les  observations  antérieures  des  naturalistes. 

—  M.  Maunoury  fait  remarquer  qu'une  assertion  rapportée  dans  un  arti- 
cle de  journal  doit  n'être  accueillie  que  sous  toute  réserve,  et  qu'avant  de 
protester  contre  l'opinion  qui  aurait  été  formulée  par  M.  Paul  Bert,  il 
conviendrait  de  savoir  d'abord  si  le  fait  est  exact.  «  Pour  moi ,  ajoute 
M.  Maunoury,  je  ne  le  crois  pas.  » 

—  M.  Pichot  estime  qu'il  est  fort  douteux,  en  effet,  que  M.  Paul  Bert 
ait  cette  manière  de  voir;  c'est  simplement  l'assertion  du  journal  qu'il  a 
voulu  relever. 

—  M.  Maurice  Girard  considère,  au  contraire,  le  fait  comme  très  pos- 
sible, attendu  qu'il  a  fréquemment  entendu  M.  Paul  Bert  émettre  une 
opinion  semblable. 

—  M.  Paillieux  rappelle  que  presque  toutes  les  plantes ,  presque  tous 
les  légumes  que  nous  cultivons,  sont  originaires  de  pays  plus  chauds  que 
le  nôtre.  11  n'y  avait  absolument  rien  dans  les  Gaules.  La  majorité  des 
plantes  utilisées  aujourd'hui  sont  d'importation  étrangère;  ce  sont  des 
végétaux  acclimatés. 

—  M.  le  Président  présente  quelques  observations  au  sujet  de  la  si- 
gnification à  attribuer  au  mot  «  acclimatation  »,  et  il  fait  remarquer 
qu'il  n'y  a  peut-être  dans  la  discussion  qu'une  simple  question  d'inter- 
prétation de  mots.  «  Vous  avez  tous  connu,  dit  M.  de  Quatrefages,  le 
savoir  extrême  de  mon  bien  regretté  confrère  Decaisne,  qui  disait  aussi 
qu'il  ne  croyait  pas  à  l'acclimatation.  Quand  on  lui  parlait  de  l'introduc- 
tion d'une  plante,  d'un  animal  dans  une  contrée  étrangère  à  cette  plante 
ou  à  cet  animal,  que  cette  plante  ou  cet  animal  prospérait  et  contribuait 
à  la  prospérité  du  pays,  il  répondait  :  «  11  n'y  a  pas  là  une  véritable  ac- 
»  climatation;  il  y  a  une  émigration  d'une  contrée  dans  une  autre,  présen- 
»  tant  les  conditions  nécessaires  pour  que  l'animal  ou  la  plante  puisse 
»  prospérer.  » 

»  H  n'y  aurait  donc  là  peut-être  qu'une  discussion  de  mots  à  avoir 
avec  M.  Paul  Bert.  L'opinion  de  Decaisne  était  identique  à  celle  de 
M.  Paul  Bert.  Decaisne  disait  ceci  :  «  On  ne  change  pas  la  nature  d'un 
>  animal.  H  y  a  des  animaux  dont  la  nature  est  un  peu  plus  élastique  et 
»  qui  peuvent  se  faire  à  certaines  conditions  de  vie,  en  dehors  desquelles 
»  l'espèce  avait  vécu  jusque-là,  mais  chaque  espèce  a  ses  limites  d'ex- 
9  tensibilité  physiologique,!  si  je  puis  m'exprimer  ainsi.  Il  en  résulte 
i  qu'il  est  impossible  de  dépasser  certaines  limites.  »  Nous  avons  quel- 


112  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'ACGLIMATATION. 

quefois  discuté  avec  Decaisne  à  ce  sujet-là.  Je  ci'ois  que  les  limites  de  mo- 
dification, d'extension  physiologique,  sont  beaucoup  plus  considérables 
que  ne  l'admettait  mon  regretté  confrère.  Je  lui  citais,  en  particulier, 
quelques  faits  dont  il  convenait  aussitôt,  qu'il  acceptait  comme  pouvant 
être,  jusqu'à  un  certain  point,  considérés  comme  des  faits  d'acclimata- 
tion. Je  lui  rappelais  cette  plante  de  la  Chine,  la  Chrysanthème,  que 
l'on  a  cultivée  dans  nos  jardins  pendant  bien  des  années,  en  faisant  tous 
les  ans  venir  de  la  graine  du  pays  d'origine  :  tous  les  ans  on  rapportait 
la  quantité  de  graines  nécessaire  pour  peupler  nos  jaidins  et  il  s'était 
établi  à  ce  sujet  un  véritable  commerce  d'importation.  Mais  au  bout  de 
plusieurs  années  on  reconnut  qu'un  fort  petit  nombre  de  fleurs  ame- 
nèrent leurs  graines  à  maturité.  Ces  graines  furent  récoltées  et  semées. 
Elles  donnèrent  des  plantes  qui  fleurirent  en  temps  utile  et  peu  à  peu 
l'espèce  fut  entièrement  acclimatée,  si  bien  que  le  commerce  des  graines 
venant  de  Chine  fut  entièrement  supprimé.  Je  lui  citais  aussi,  en  exemple, 
les  Oies  d'Egypte,—  et  ce  qu'on  rapportait  tout  à  l'heure  du  petit  Cerf 
trouvera  peut-être  une  nouvelle  application  dans  ce  que  je  vais  dire.  — 
Lorsque  ces  Oies  furent  amenées  par  Élienne  Geoffroy  Sainl-Hilaire, 
elles  pondaient;  mais  les  petits,  venant  au  milieu  du  froid,  ne  s'élevaient 
qu'avec  difficulté.  Au  bout  d'un  certain  nombre  d'années,  ces  oiseaux 
se  mirent  à  pondre  un  mois  plus  tard,  puis  un  peu  plus  tard,  et  enfin, 
aujourd'hui,  l'Oie  d'Egypte  pond  à  la  même  époque  que  celle  de  nos 
pays.  11  y  a  là,  incontestablement,  un  fait  de  véritable  acclimatation. 
L'organisation,  la  fonction  physiologique  de  l'oiseau  se  sont  pliées  aux 
nouvelles  conditions  d'existence  que  leur  faisait  le  milieu  européen.  Je 
crois  que  si  on  se  plaçait  sur  ce  terrain  de  l'interprétation  des  mots, 
peut-être  s'entendrait-on  mieux  avec  M.  Paul  Bert,  comme  je  finissais, 
dans  bien  des  cas,  par  m'entendre  avec  Decaisne.  » 

—  M.  le  Secrétaire  général  rappelle  qu'au  moyen  de  sélections  bien 
conduites,  il  est  possible  de  créer,  chez  les  végétaux,  des  variétés  plus 
ou  moins  rustiques,  résistant  mieux  au  nouveau  milieu  qu'on  leur  impose 
que  ne  pourrait  le  faire  la  plante  primitive,  la  plante  type.  «  Évidem- 
ment, dit  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  les  plantes  ont  une  très  grande  pa- 
resse à  s'habituer  à  un  nouveau  climat. 

»  Elles  ne  sont  pas  aussi  mobiles  que  les  animaux  et  cependant  vous 
voyez  parmi  les  espèces  végétales  qui  ont  été  introduites  de  tous  les 
ays  du  monde,  et  en  particulier  des  pays  chauds,  comme  le  rappelait 
tout  à  l'heure  M.  Paillieux,  un  très  grand  nombre  de  variétés  plus  rus- 
tiques, plus  hâtives,  plus  tardives  les  unes  que  les  autres.  Combien 
d'exemples  je  pourrais  citer,  en  particulier  dans  les  genres  Abies  et 
Pinus. 

s  Par  suite  de  semis,  de  sélections  faites  avec  intelligence,  nous  voyons 
des  variétés  supporter  des  abaissements  de  température  auxquels  l'es- 
pèce originelle,  l'espèce  type,  aurait  certainement  succombé. 


PROCÈS-VERBAUX.  113 

»  Mais  tous  les  individus  d'une  même  espèce  sauvage,  d'une  espèce  qui 
n'a  pas  encore  été  travaillée,  façonnée  par  la  main  de  l'homme,  sont-ils 
également  craintifs  des  abaissements  de  température,  de  la  sécheresse, 
de  l'humidité,  et,  d'une  façon  plus  générale,  de  tous  les  phénomènes 
météorologiques?  Evidemment  non.  Ainsi  dans  le  courant  de  janvier 
dernier,  nous  avons  eu  à  Hyères  (Var)  des  abaissements  de  tempéra- 
ture inusités.  Le  thermomètre  est  descendu  à  —  7  degrés.  Comme  vous 
le  savez,  nous  avons  à  Hyères  un  établissement  horticole  important 
dans  lequel  nous  cultivons,  en  plein  air  et  sous  des  abris  de  Cannes 
[Arundo  donax),  des  centaines  de  mille  de  Palmiers.  Que  s'est-il  passé? 
Avons-nous  vu  les  espèces  délicates  gelées,  anéanties?  En  aucune  façon. 
A  côté  d'une  plante  morte  sous  l'action  du  froid,  nous  en  voyons  une 
autre  de  même  espèce,  peu  touchée  ou  même  intacte.  Exposés  aux 
mêmes  périls  ces  végétaux  ont  été  inégalement  atteints. 

»  Et  quelle  est  l'origine  de  ces  végétaux?  Sont-ils  nés  de  races  perfec- 
tionnées, améliorées?  En  aucune  façon,  car  l'exemple  sur  lequel  je  rai- 
sonne s'applique  à  déjeunes  Kentia  dont  les  graines  ont  été  recueillies 
en  Australie  sur  des  Palmiers  vivant  en  pleine  forêt,  à  l'état  absolument 
sauvage. 

»  Dans  les  faits  de  résistance  au  froid  que  je  signale  il  faut  voir  des 
faits  d'idiosyncrasie,  car  les  individus  ressentent  d'une  façon  qui  leur 
est  propre  les  influences,  ils  résistent  inégalement  et  on  conçoit  alors 
comment  peuvent  se  créer  des  races  plus  ou  moins  rustiques. 

>  Pour  les  animaux,  nous  ne  traiterons  pas  la  question  dans  son  en- 
tier. H  nous  faudrait  parler  des  animaux  domestiques  qui  se  sont,  pour 
la  plupart,  accommodés  à  tous  les  climats,  qui  sont  redevenus  sauvages 
en  plusieurs  points  du  globe  et  se  sont  plies  aux  exigences  de  ces  nou- 
velles conditions  d'existence. 

»  Faut-il  rappeler  ces  Saumons  américains  dont  notre  collègue,  M.  Ra- 
veret-Wattel,  parlait  l'autre  jour  et  qui  se  pèchent  dans  l'Aude  et 
l'Hérault,  affluents  de  la  Méditerranée,  mer  dans  laquelle  jamais 
Saumon  n'avait  pénétré. 

»  Et  ces  animaux  sauvages  (Lapins,  Moineaux,  etc.),  que  l'Australie,  la 
Nouvelle-Zélande,  l'Amérique,  ont  demandés  à  la  vieille  Europe,  ont-ils 
été  acclimatés  là-bas  ?  11  faut  bien  le  croire,  puisque  après  quelques  an- 
nées ils  sont  devenus  importuns  et  assez  gênants  pour  qu'on  ail  dû  faire 
deselTorts  pour  les  détruire.  Mais  ces  faits  sont  trop  connus,  ici  surtout, 
pour  qu'il  importe  de  les  développer. 

î  Ce  que  je  voudrais  arriver  à  établir  devant  vous,  c'est  l'impression- 
nabililé  des  animaux,  si  l'on  peut  ainsi  dire. 

>  Sous  l'action  du  froid  ou  du  chaud,  ils  se  vêtissent  ou  se  dévètissenl. 
Le  Yak  du  Thibet  et  la  Chèvre  du  même  pays  perdent,  sous  notre  cli- 
mat, le  duvet  qui,  dans  leur  haute  patrie,  leur  permet  de  résister  à 
l'inclénience  des  saisons. 

4e  SÉRIE,  T.  m.  —  Février  1886.  8 


Il^  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACGLIMATATION. 

»  Les  Moutons  à  poil  ras  du  Sénégal  et  du  Sahara  (Moutons  Morvan  de 
Buffon),  que  nous  appelons  Moutons  sans  laine,  souffrent  du  froid  qui 
suit  leur  importation.  A  la  saison  suivante,  sous  le  poil,  se  montre  un 
duvet  très  fin  et  qui  par  places,  sur  le  dos,  les  cuisses,  les  épaules,  dé- 
passe le  pelage  normal.  Au  troisième  hiver,  le  Mouton  dit  sans  laine 
porte  une  demi-toison. 

»  Quant  aux  agneaux  nés,  sous  notre  climat,  de  ces  bêtes  ovines,  tout 
en  conservant  les  caractères  de  leur  race,  ils  sont,  dès  le  premier  hiver, 
pourvus  de  ce  duvet,  de  cette  toison  protectrice. 

»  Ces  faits  montrent  l'animal  se  modifiant  pour  ainsi  dire  tout  d'un 
coup. 

»  Ici  ce  n'est  pas  une  race  qui  subit  peu  à  peu  l'action  du  milieu  am- 
biant; c'est  le  nouvel  importé,  le  nouveau  venu,  qui  est  en  quelque 
sorte  saisi  par  les  nouvelles  conditions  de  vie  où  il  est  placé. 

»  Je  pouvais  donc  vous  dire  en  vérité  que  l'animal  était  impression- 
inable. 

>  Que  se  passera-t-il  alors  pour  une  espèce,  pour  une  race  qui  subira 
l'action  du  milieu  pendant  une  suite  de  générations? 

j  Messieurs,  ai-je  besoin  de  conclure?  .    .    . 

j»  Permettez-moi  d'ajouter  encore  quelques  mots. 

»  On  nous  a  dit  tout  à  l'heure  qu'un  savant  éminent,  qui  va  représenter 
la  France  au  loin,  aurait  déclaré  n'être  pas  partisan  de  l'acclimatation. 

»  Ce  propos  n'a  pas  été  tenu,  permettez-moi  de  le  croire. 

»  Eh!  Messieurs,  que  serions-nous  sans  l'acclimatation,  nous  peuples 
civilisés  ?  Ne  profitons-nous  pas  de  l'œuvre  des  siècles  qui  nous  ont 
légué  les  animaux  et  les  plantes  dont  nous  vivons,  au  milieu  desquels 
nous  vivons  ? 

»  Et  pouvons-nous  admirer  assez  le  mouvement  qui,  depuis  le  commen- 
cement de  ce  siècle  et  surtout  depuis  trente  ans,  a  amené  entre  tous 
les  points  du  globe  l'échange  des  faunes  et  des  flores  le  plus  éton- 
nant! » 

—  M.  Hédiard  mentionne  la  rusticité  remarquable  du  Néflier  du 
Japon,  qui  est  aujourd'hui  répandu  non  seulement  en  Algérie,  mais 
encore  dans  toute  la  Provence,  où  il  donne  des  produits  abondants. 
Notre  confrère  se  propose  d'essayer  cet  arbre  sous  le  climat  de  Paris. 
Un  plant  de  deux  ans,  qu'il  possède  à  Asnières,  a  parfaitement  résisté  à 
la  neige  et  aux  froids  de  l'hiver. 

—  M.  le  Président  fait  remarquer  que  nous  sommes  entourés  de 
végétaux  et  d'animaux  qui  sont  acclimatés.  On  ne  peut  pas  dire  qu'on 
n'acclimate  pas;  tout  dépend  de  la  définition  que  l'on  donne  du  mot. 
Il  est  clair  que  si  le  mot  acclimalation  signifie  qu'un  végétal  et  qu'un 
animal  ne  pourraient  pas  vivre  là  où  ils  ne  trouveraient  pas  à  s'établir 
dans  les  conditions  qui  sont  absolument  nécessaires  à  leur  existence,  il 
est  clair  alors  qu'il  n'y  a  pas  d'acclimatation;  mais,  s'ils  sont  suffisam- 


PROCÈS-VERBAUX.  il5 

ment  rustiques  pour  "se  prêter  à  des  Jifférences  de  conditions  d'exis- 
tence, dilïérences  beaucoup  plus  considérables  que  nous  ne  pouvons  en 
juger  à  priori,  il  y  aura  acclimatation. 

—  M.  Maunoury  pense  que  l'on  prête  à  M.  Paul  Bert  des  idées  qu'il 
n'a  pas  «  J'ai,  dit  M.  Maunoury,  assisté  dans  son  laboratoire  à  des  expé- 
riences curieuses  sur  l'acclimatation  des  poissons  d'eau  douce  dans  de 
l'eau  salée,  expériences  qui  ont  réussi.  Il  y  a  probablement,  comme  le 
disait  M.  le  Président,  une  distinction  de  mots.  » 

—  M.  le  docteur  Brocclii  fait  une  intéressante  communication  sur 
l'Ostréiculture  dans  le  quartier  de  Marennes.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Huet  présente  un  travail  ayant  pour  titre  :  «  Exposé  des  espè- 
ces connues  et  décrites  dans  le  genre  Antilope.  »  (Voy.  au  Bulletin.) 

Le  Secrétaire  des  séances, 

C.  Raveret-Wattel. 


IV.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS 


TROISIEME  SECTION 

SÉANCE   DU    16   DÉCEMBRE   1885. 

Présidence  de  M.  Failli  EUX, 
puis  de  M.  le  D'  Brocchi,  Vice-Président. 

En  l'absence  de  tous  les  membres  du  Bureau,  M.  Paillieux  est  prié  de 
remplir  les  fonctions  de  président,  et  M.  Grisard  celles  de  secrétaire. 

L'ordre  du  jour  appelle  les  élections  pour  la  nomination  du  Bureau. 

Au  premier  tour  sont  élus  : 

Président,  M.  Léon  Vaillant  ; 

Vice-Président,  M.  le  D'  Brocchi  ; 

Secrétaire,  M.  Vidal  ; 

Vice-Secrétaire,  M.  Mailles. 

Il  y  a  ballottage  pour  l'élection  du  Délégué  aux  récompenses  ;  en 
conséquence,  il  est  procédé  à  un  deuxième  tour  de  scrutin  où  M.  Ber- 
thoule  est  nommé. 

M.  de  Confévron  envoie  des  renseignements  sur  la  maladie  des  Ecre- 
visses  et,  en  même  lemps,  promet  d'autres  communications  sur  ce  sujet. 

M.  le  D""  Brocchi  fait  remarquer  qu'il  lui  paraît  désirable  que  ceux 
de  nos  collègues  qui  s'occupent  de  cette  question  envoient  les  Ecre- 
visses  aussitôt  mortes,  et  non  plus  ou  moins  en  état  de  putréfaction, 
comme  cela  arrive  souvent,  ce  qui  empêche  de  faire  les  constatations 
médicales;  sur  la  demande  de  la  Section,  M.  le  D''  Brocchi  veut  bien  se 
charger  d'examiner  les  Écrevisses  que  la  Société  recevra. 

M.  Bouvier,  ingénieur  en  chef  du  département  de  Vaucluse,  envoie 
une  lettre  dans  laquelle  il  demande  à  la  Société  un  exemplaire  de  notre 
rapport  sur  la  maladie  des  Écrevisses. 

La  Section  décide  de  demander  à  M.  Bouvier  de  vouloir  bien  envoyer 
des  Écrevisses  mortes. 

M.  Raveret-Watlel  demande  la  parole  et  entrelient  la  Section  au  sujet 
de  la  maladie  des  Écrevisses,  dont  les  causes  sont  restées  inconnues. 
Les  variations  de  la  température  n'y  sont  évidemment  pour  rien,  puis- 
que, de  tout  temps,  /îlles  ont  eu  lieu.  Quant  aux  parasites,  dont  plu- 
sieurs espèces  vivent  aux  dépens  de  ces  Crustacés,  on  ne  sait  lesquels 
accuser,  ni  même  s'il  faut  en  accuser  aucun.  Mais  le  mal  tend  à  dispa- 
raître. De  petites  Écrevisses,  échappées  au  fléau  destructeur,  reparais- 
sent peu  à  peu.  Notre  collègue  fait  remarquer  que  c'est  avec  intention 
qu'il  dit  que  ces  jeunes  animaux  ont  échappé  à  l'épidémie,  car  ils  se 
montrent  dans  bien  des  eaux  oîi  toutes  les  grosses  Écrevisses  sont 
nftortes,  ce  qui  éloigne  toute  idée  de  reproduction  récente. 


PROCÈS- VERBAUX.  117 

M.  le  Président  désirerait  qu'il  nous  soit  envoyé  des  Écrevisses  non 
malades,  aussi  bien  que  de  celles  qui  le  sont,  des  provenances  contami- 
nées, pour  aider  dans  les  recherches  sur  la  cause  du  mal  et  sa  manière 
de  débuter. 

M.  Raveret-Wattel  rappelle  l'envoi  qui  fut  fait  de  Saumons  de  Cali- 
fornie, lesquels,  lâchés  dans  l'Hérault,  gagnèrent  la  mer  et  quelques- 
uns  reparurent  ensuite  dans  l'Aude. 

Cet  essai,  assez  encourageant,  détermina  la  Société,  sur  la  proposi- 
tion de  M.  Raveret-Wattel,  à  envoyer  dans  le  même  département  des 
œufs  de  Salmo  salar.  On  sait  qu'un  insuccès  complet  fut  le  résultat  ob- 
tenu de  cet  envoi  dont  les  œufs  soumis  à  une  eau  trop  chaude  n'ont  pu 
éclore.  Néanmoins,  notre  collègue  pense  que  les  nouveaux  Saumons  qui 
vont  être  expédiés  dans  la  même  localité,  d'après  la  décision  prise  par 
le  Conseil,  auront  un  sort  plus  prospère  que  leurs  malheureux  frères. 

D'autre  part,  M.  Raveret-Wattel  annonce  qu'il  s'est  adressé  au  ser- 
vice des  ponts  et  chaussées,  et  qu'il  en  a  obtenu  un  crédit  destiné  à 
seconder  notre  Société  dans  ses  travaux  piscicoles.  Ce  service  construira 
un  laboratoire  d'élevage  destiné  à  recueillir  les  œufs  que  fournira  la 
Société. 

M.  le  Chef  de  la  Société  de  Navigation  est  heureux  du  concours  offert 
par  la  Société  d'Acclimatation.  Il  fera  son  possible  pour  nous  aider  dans 
nos  tentatives  de  repeuplement  des  eaux.  A  cet  effet,  le  personnel  de  la 
navigation  sera  mis  à  noire  disposition  pour  la  surveillance. 

M.  Mailles  donne  lecture  des  réponses  (ju'il  adresse  aux  lettres  de 
MM.  Laisnel  de  la  Salle  et  Cornély,  à  propos  des  reproductions  des 
Grenouilles-Rœufs.  11  donne  aussi  lecture  des  lettres  de  ces  messieurs. 

M.  Joly  réfute  un  fait  mentionné  dans  la  communication  de  M.  Laisnel 
de  la  Salle  citée  plus  haut;  il  s'agit  d'une  grosse  Perche  qui  aurait 
coupé  une  Brème  de  forte  taille  en  deux  parties,  emportant  une  de  ces 
parties  et  en  laissant  l'autre. 

M.  Joly  explique  que  la  Perche  ayant  les  dents  recourbées,  faites 
pour  retenir  une  proie  et  non  pour  la  broyer,  et  encore  moins  la  cou- 
per, ne  saurait  exécuter  un  sectionnement  dans  le  genre  de  celui  que 
cite  M.  Laisnel  de  la  Salle. 

M.  le  Président  ainsi  que  plusieurs  membres  disent  qu'en  effet,  il 
n'est  pas  croyable  que  la  Perche  puisse  couper  en  deux  une  Brème,  cette 
dernière  fût-elle  de  taille  moyenne  et  la  première  aussi  grosse  que  peut 
l'être  une  Perche. 

M.  le  D'-  Brocchi  montre  à  la  Section  le  tableau  qu'il  a  dressé  des  éta- 
bhssements  qui  s'occupent  de  pisciculture,  en  France;  ces  établissements 
sont  au  nombre  de  vingt-neuf,  répartis  dans  vingt-cinq  départements. 
Ces  laboratoires  sont  dépourvus  des  nouveaux  appareils  perfectionnés, 
aussi,  M.  le  D^  Brocchi  estime  qu'il  y  aurait  lieu  de  répandre,  le 
plus  possible,  le  travail  que  M.  Raveret-Wattel  écrit  sur  ce  sujet. 


118  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

M.  Rathelot  demande  à  prendre  connaissance  du  tableau  dressé  par 
M.  le^D"^  Brocchi. 

M.  le  Président  lui  répond  que  ce  tableau  est  à  la  disposition  des 
membres,  qui  peuvent  le  consulter  au  siège  de  la  Société. 

M.  Rathelot  explique  que,  demeurant  à  Montrouge,  il  ne  lui  est  pas 
facile  de  venir  passer  plusieurs  heures  rue  de  Lille,  pour  consulter  les 
documents  ou  les  livres  de  la  bibliothèque.  Notre  collègue  regrette  que 
les  sociétaires  ne  puissent,  moyennant  le  dépôt  d'une  somme  quelcon- 
que, emporter  chez  eux  les  ouvrages  et  les  pièces  qu'il  sont  à  consulter. 
D'ailleurs,  cette  consultation  a  souvent  besoin  d'être  faite  à  côté  des 
animaux  que  l'on  étudie,  et  qui  ne  peuvent  être  transportés  rue  de  Lille. 

MM.  Paillieux  et  Mailles  font  observer  qu'ils  s'associent  au  vœu  de 
M.  Rathelot  pour  ce  qui  concerne  les  livres,  mais  non  les  documents  et 
les  diverses  pièces  manuscrites  qui,  égarés,  ne  pourraient  être  rem- 
placés. 

La  proposition  que  M.  Rathelot  veut  transmettre  au  Conseil  est  mise 
aux  voix,  avec  l'amendement  de  MM.  Paillieux  et  Mailles. 

Six  membres  seulement  prennent  pari  au  vote,  trois  pour  la  proposi- 
tion et  trois  contre.  En  conséquence,  la  Section  passe  à  l'ordre  du  jour. 

M.  de  Sémallé  demande  où  il  pourrait  se  procurer  des  Poi  sons-Chats 
{Amiiirus  nebidosiis,  le  Cat-Fish  des  États-Unis).  M.  Berthéol  peut  en 
fournir  à  notre  confrère. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  22   DÉCEMBRE   1885. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Il  est  procédé  aux  élections  du  Bureau  pour  la  session  1885-1886. 

M.  Mailles  déclare  ne  pouvoir  accepter  le  renouvellement  de  son 
mandat,  ayant  été  déjà  nommé  membre  des  Bureaux  des  première  et 
troisième  Sections. 

Sont  nommés  par  acclamation  : 

Président,  M.  Maurice  Girard. 

Vice-Président,  M.  Fallou. 

Secrétaire,  M.  Sédillot. 

Vice-Secrétaire,  M.  Eug.  Joly. 

Délégué  aux  récompenses,  M.  Fallou. 

MM.  les  Secrétaire  et  Vice-Secrétaire  n'assistant  pas  à  la  réunion, 
M.  le  Président  prie  M.  Mailles,  Secrétaire  sortant,  de  vouloir  bien 
rédiger  le  présent  procès-verbal. 


PROCÈS-VERBAUX.  119' 

M.  Fallou  présente  à  la  Section  plusieurs  boîtes  contenant  des  Lépi- 
doptères diurnes  et  nocturnes,  ainsi  que  des  cocons,  des  chrysalides, 
des  Chenilles  et  des  oeufs.  Ce  sont  : 

i°  Une  espèce  diurne  : 

Urania  ripheus. 

2"  Plusieurs  espèces  nocturnes  : 

Saturnia  suraka   cT  et  Ç. 

Borocera  Madagnscariensis  (f  et  ^ 

Antherœa  Pernyi. 

Attacus  cynthia. 

Antherœa  mylitta  çf  et  ^. 

Actias  lima  cf  et  Ç. 

Des  cocons  de  Borocera  Madagascariensis,  à' Antherœa  mylitta, 
à' Actias  luna  ;  enfin  des  Chenilles  à' Actias  luna  et  des  œufs  d' Anthe- 
rœa mylitta. 

Le  H.  P.  Camboué  envoie  une  lettre,  dans  laquelle  il  parle  des  Criquets 
dévastateurs  de  Madagascar,  qu'il  désigne  sous  le  nom  impropre  de 
Sauterelles. 

A  cette  occasion,  M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  R.  P.  Camboué 
confond  les  Criquets  avec  les  Sauterelles,  et  inversement  ;  en  effet,  notre 
collègue  désigne  les  Orthoptères  dont  il  parle  sous  le  nom  de  Saute- 
relles, puis  les  traite  d'Acridiens.  Cette  dernière  dénomination  seule 
est  bonne;  les  véritables  Sauterelles  sont  des  Lociistiens. 

M.  Fallou  fait  connaître  les  résultats  de  ses  élevages  de  Bombyciens 
séricigènes. 

11  donne  aussi  lecture  de  différents  documents  ayant  trait  à  la  dénomi- 
nation d'une  espèce  de  Bombycien,  dont  le  véritable  nom  est  Antherœa 
Frithii  ;  cette  espèce  fournit  une  belle  soie,  pouvant  rivaliser  avec 
celle  du  Sericaria  Mori. 

iM""^  Doué  écrit  de  Chollet  (Maine-et-Loire)  à  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
qu'elle  a  constaté  les  ravages  qu'exerce  dans  les  vignes  un  Charançon, 
VOtiorhynchus  sidcatus  Fabr. 

M.  Maurice  Girard  pense  que  le  meilleur  moyen  de  diminuer  le 
nombre  de  ces  Insectes  consiste  à  les  ramasser,  le  jour,  aux  pieds  des 
ceps,  cette  espèce  étant  nocturne. 

Un  de  nos  collègues  d'Algérie  se  plaint  des  dégâts  causés  par  une 
Fourmi,  dont,  malheureusement,  il  n'envoie  pas  de  spécimen.  M.  le 
Président  suppose  que  la  Fourmi  moissonneuse  doit  être  la  coupable. 

M.  Paillieux  dit  qu'il  a  observé  que  les  Haricots  qu'il  reçoit  d'Asie 
sont  souvent  perforés  par  un  Charançon,  mais  que  ceux  cultivés  en  France 
sont  indemnes. 

M.  Maurice  Girard  répond  que  le  Charançon  en  question  est  une 
Bruche,  et  que  cet  Insecte  tend  à  se  répandre  de  plus  en  plus  chez  nous. 

M.  le  Président  montre  à  la  Section  un  de  ses  bons  points  instructifs, 


120  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

représentant  le  Cossus  gâte-bois  à  ses  divers  états  et  parle  des  dégâts 
que  fait  le  Cossus. 

M.  Fallou  dit  qu'il  a  pu  constater  les  ravages  de  cette  espèce,  sur  les 
Ormes  des  boulevards,  avant  1830. 

M.  le  Président  dit  qu'il  a  reçu  des  grains  de  Blé  attaqués  par  la 
Tillea  granella,  Teigne  du  Blé.  Mais  les  Coléoptères  qui  accompagnent 
cet  envoi  et  qui  sont  accusés  d'être  les  auteurs  du  mal  sont  parfaite- 
ment innocents.  Ces  Ptinus  fur  Linné  sont  venus  manger  seulement 
les  vieux  habits  des  Teignes. 

M.  Fallou  fait  connaître  qu'il  a  conservé  de  ces  Insectes  dans  des 
flacons  bouchés,  sans  nourriture,  pendant  trois  ans,  jusqu'à  ce  qu'ils  se 
fussent  dévorés  entièrement  entre  eux. 

Pour  le  Secrétaire, 

Ch.  Mailles, 

Secrétaire  sortant. 


V-  FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


Société  de  pisciculture  du  département  du  Cher. 

La  Société  de  pisciculture  du  département  du  Cher  a  tenu  dernière- 
ment une  réunion  générale.  La  séance,  à  laquelle  s'était  rendue  une 
nombreuse  assistance,  a  été  fort  intéressante.  Plusieurs  communications 
importantes  ont  été  faites  sur  l'état  des  cours  d'eau  du  département, 
leur  repeuplement  et  le  choix  des  espèces  de  poissons  qu'il  convient  de 
multiplier  dans  tel  ou  tel  cours  d'eau.  D'après  les  renseignements  don- 
nés en  séance,  l'empoissonnement  fait  au  commencement  de  l'année  par 
la  Société,  dans  les  eaux  des  environs  de  Bourges,  a  porté  sur  60000 
Carpes  et  Carpillons.  Cet  empoissonnement  a  parfaitement  réussi. 

Une  très  instructive  conférence  sur  l'histoire  de  la  pisciculture  a  été 
faite  par  M.  Ancillon,  Président  de  la  Société.  Signalant  l'importance 
nationale  et  économique  de  la  production  du  poisson,  M.  Ancillon  a  éta- 
bli, d'après  des  documents  sérieux,  que  cette  production,  pour  nos  eaux 
douces,  s'élève  à  50  millions  de  francs  par  an.  C'est  une  quantité  relati- 
vement minime;  répartie  par  habitant,  elle  ne  représente  environ  que 
1  fr.  4.0.  Elle  pourrait  être  facilement  portée  à  350  millions,  si  nos 
rivières  étaient  suffisamment  peuplées  et  protégées.  C'est,  par  consé- 
quent, 300  millions  par  an  que  perd  la  France  en  négligeant  ses  cours 
d'eau. 

A  la  suite  de  cette  conférence  et  après  le  compte  rendu  financier  pré- 
senté par  le  trésorier,  l'assemblée  a  pris  les  résolutions  suivantes  : 

1"  Le  réempoissonnement  des  rivières  du  département  sera  continué 
dans  la  mesure  des  ressources  de  la  Société  ;  il  aura  lieu  en  Cyprins, 
Salmonidés  et  Crustacés,  il  sera  employé  pour  ce  l'éempoissonnement  les 
sommes  ci-après  : 

En  Cyprins 500  francs 

En  Salmonidés 300      — 

En  Crustacés  (Écrevisses) 200      — 


Total 1000  francs 

2"  En  vue  de  proléger  l'empoissonnement  des  rivières,  il  sera  payé 
une  prime  de  5  à  20  francs  aux  agents  des  ponts  et  chaussées,  gardes 
champêtres,  gardes-rivières,  gendarmes,  agents  de  police,  qui  auront 
fait  des  procès-verbaux  contre  les  délinquants  dans  des  conditions  mé- 
ritant encouragement  et  récompense. 

3»  Il  sera  payé  une  prime  de  50  à  200  francs  aux  instituteurs  qui  se- 
ront parvenus  à  organiser  et  constituer  des  syndicats  de  propriétaires 
en  vue  de  protéger  les  rivières  contre  les  maraudeurs. 


122  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

4°  Les  maires  seront  priés  d'organiser  une  surveillance  active  sur  les 
places  et  marchés,  afin  d'empêcher  la  mise  en  vente  de  poissons  trop 
jeunes. 

5°  La  Société  publiera  un  bulletin  de  ses  travaux  aussitôt  que  ses 
ressources  le  permettront. 

6°  11  sera  demandé  une  subvention  en  argent  au  département  et  à  la 
ville  pour  aider  la  Société  dans  son  œuvre  de  l'éempoissonnement  des 
rivières  et  pour  créer  à  Bourges  un  établissement  de  fécondation  artifi- 
cielle d'éclosion  et  d'élevacre.  R.  W. 


L'Industrie  de  la  Cochenille  au  Guatemala. 

«  L'éducation  des  Insectes  hémiptères  de  la  famille  des  Pucerons,  et 
particulièrement  le  Coccus  cacti,  ou  Cochenille  espagnole,  est  au  Gua- 
temala une  industrie  profitable,  sinon  agréable.  De  grands  espaces 
sont  consacrés  entièrement  à  la  culture  de  Nopals  {Opuntia  coccinelli- 
fera)  sur  lesquels  vivent  les  Cochenilles.  '' 

î  Les  plantalions  que  nous  visitâmes  ont  une  superficie  de  près  de 
mille  acres,  et  le  modus  operandi  de  culture  est  des  plus  curieux.  Ces 
Insectes  réclament  à  peu  prés  les  mêmes  soins  que  les  Vers  à  soie. 

»  Immédiatement  avant  la  saison  pluvieuse,  de  larges  raquettes  de 
Nopal,  couvertes  de  Cochenilles,  sont  coupées  et  rangées  sous  une  sorte 
de  hangar,  oîi  les  Insectes  passent  les  quatre  ou  cinq  mois  de  la  saison 
des  pluies,  à  l'abri  des  intempéries.  A  la  fin  du  mauvais  temps  (vers  la 
mi-octobre),  les  plantations  sont  de  nouveau  peuplées  de  Cochenilles. 
On  construit,  avec  des  fibres  de  bois,  des  nids  où  l'on  met  une  douzaine 
de  femelles,  puis  ces  nids  sont  suspendus  aux  épines  des  Cactus.  Ré- 
chauffées par  le  soleil  tropical,  ces  mères  sortent  de  leur  torpeur,  et 
commencent  bientôt  à  pondre  avec  une  rapidité  surprenante ,  chaque 
femelle  produisant  plus  de  1000  œufs.  Ces  jeunes  Insectes  se  répandent 
très  rapidement  sur  les  Cactus,  grossissent  vite,  et  adhèrent  si  bien  aux 
raquettes  des  Nopals,  qu'on  les  prendrait  plutôt  pour  des  excroissances 
végétales  que  pour  des  Insectes. 

»  Dans  ces  conditions,  on  les  recueille  pour  l'industrie,  mais  seule- 
ment les  femelles  fertiles,  qui,  seules,  peuvent  être  utilisées.  Les  mâles 
sont  peu  nombreux:  un  tout   au  plus  par  deux  cent  cinquante  femelles. 

»  Les  femelles  sont  détachées  de  leurs  raquettes,  avec  un  couteau, 
jetées  dans  un  panier,  et  tuées  par  une  immersion  en  eau  bouillante,  ou 
cuites  au  four,  ou  bien  encore,  séchées  sur  un  plat  de  fer  brûlant.  La 
première  récolle  a  lieu  vers  la  mi-décembre,  et,  à  mesure  que  les  géné- 
rations se  succèdent,  on  continue  à  les  recueillir  jusqu'à  la  fin  de  mai.  Ces 


FAITS   DIVERS    ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       128 

Insectes  ont  la  forme  d'une  écaille  ronde  ;  le  corps  est  traversé  par  des 
raies  profondes;  l'abdomen  est  de  couleur  mûre  sombre;  les  pattes  sont 
courtes,  noires  et  fragiles  à  la  partie  postérieure.  Le  niàle  seul  a  deux 
ailes  ;  la  femelle  est  aptère. 

»  Un  homme  d'une  habileté  ordinaire  peut  récolter  environ  deux 
onces  de  Cochenilles  par  jour.  Par  la  dessiccation,  elles  perdent  au  moins 
les  deux  tiers  de  leur  poids.  Comme  il  faut  au  moins  70  000  Insectes 
pour  faire  une  livre,  et  que  le  prix  de  vente  au  détail  est  seulement  de 
60  centimes  par  livre,  on  comprend  que  ce  travail  n'est  pas  du  tout  une 
sinécure. 

»  Par  la  méthode  d'immersion  des  Cochenilles  dans  l'eau  bouillante, 
elles  prennent  une  teinte  brun  rougeâtre,  et  perdent  une  grande  partie 
de  ce  duvet  blanc  qui  couvre  les  raies  du  corps.  Desséchées  au  four, 
elles  conservent  leur  duvet  et  deviennent  grises.  Séchées  sur  un  plat  de 
métal  brûlant,  les  Cochenilles  prennent  une  teinte  noirâtre.  Ceci  ex- 
plique les  diverses  dénominations  sous  lesquelles  elles  sont  connues  sur 
les  marchés,  comme  «  grains  d'argent  »,  «  grains  noirs  »,  et  «  grains 
renards  »  ;  ces  dernières,  obtenues  par  la  méthode  de  l'eau  bouillante, 
sont  préférées  aux  autres.  Séchées,  les  Cochenilles  présentent  l'aspect 
de  graines  convexes,  d'un  huitième  de  pouce  (anglais)  de  diamètre;  les 
bandes  transversales  restent  apparentes. 

»  Une  autre  espèce,  la  Cochenills  sylvestre,  vit  sur  un  Cactus  sauvage. 
Inférieure,  comme  qualité,  à  l'espèce  Cacti,  cette  Cochenille  est  re- 
cueillie et  vendue  pour  la  bonne  espèce  cultivée;  il  arrive  aussi,  par- 
fois, que  ces  deux  Cochenilles  se  trouvent  mélangées,  sans  que  le  pro- 
priétaire y  ait  fait  attention. 

»  Quelquefois,  un  Puceron  ravageur  apparaît  tout  à  coup  et  dévaste 
des  plantations  entières  ;  c'est  ce  qui  est  arrivé,  il  y  a  quelques  années.  Il 
fallut  arracher  et  détruire  les  vieux  Cactus  et  en  planter  de  nouveaux. 
Enlui,  les  Oiseaux,  les  Souris  et  certains  Insectes  détruisent  les  Coccus 
cacti;  ces  derniers  sucent  tout  l'intérieur  du  corps  des  Hémiptères,  ne 
laissant  que  l'enveloppe  desséchée. 

Traduit  du  Montréal  Daily  Star 
par  Ch.  Mailles. 


VI    BIBLIOGRAPHIE. 


i^a  Cité  chinoise,  par  G.  EuG.   SiMON.  1   vol.  in-18,   de  390  pages. 
Paris,  1885.  Nouvelle  Revue,  boulevard  Poissonnière,  23. 

Abrité  derrière  sa  Grande  Muraille,  détourné  par  sa  religion  et  par 
ses  coutumes  séculaires  de  tout  commerce  avec  l'étranger,  produisant 
lui-même  et  à  bas  prix  tout  ce  qui  pouvait  être  nécessaire  à  ses  besoins, 
l'immense  empire  chinois  était  demeuré,  presque  jusqu'à  nos  jours, 
impénétrable  et  mystérieux.  De  hardis  missionnaires  avaient  fini  cepen- 
dant par  franchir  ces  barrières  et  par  soulever  aux  yeux  étonnés  de 
l'Europe,  un  coin  de  ce  voile,  jusque-là  si  sévèrement  baissé.  Mais  la 
brèche,  ainsi  ouverte  au  prix  des  plus  pénibles  efforts  et  du  plus  géné- 
reux dévouement,  était  aussi  étroite  que  dangereuse,  et  il  a  fallu  mal- 
heureusement le  secours  du  canon  pour  la  rendre  définitivement  pra- 
ticable. 

Le  livre  que  vient  de  publier  M.  Eug.  Simon,  en  dépit  de  l'enthousiasme 
un  peu  accentué  qui  le  distingue,  aidera  à  l'élude  du  sphinx  encore  à 
peine  démasqué,  et  contribuera  sans  doute  utilement  à  redresser  l'opi 
nion  si  généralement  répandue,  nous  représentant  le  peuple  chinois 
comme  un  peuple  barbare,  ennemi  de  toute  civilisation,  animé  d'une 
invincible  aversion  pour  l'étranger,  et  son  gouvernement  comme  un 
gouvernement  essentiellement  tyrannique. 

Ce  qui  frappe  tout  d'abord,  lorsqu'on  pénètre  dans  ce  monde  nouveau, 
c'est  l'extraordinaire  densité  de  la  population  agricole  qui  atteint,  dans 
certains  districts,   jusqu'au  chiffre  extraordinaire  de  quinze  habitants  à 
l'hectare.  La  terre  est  soumise  au  régime  de  la  petite  culture  :  la  pro- 
priété ne  dépasse  guère  une  étendue  moyenne  de  2  à  3  hectares  ;  on 
appelle  grandes  propriétés  celles  qui  atteignent  100  hectares,  et  encore 
sont-elles  extrêmement  rares.  Sobre,   économe,   laborieux,   le  paysan 
chinois,  confiné  sur  son  petit  lopin  de  terre,  le  cultive  avec  ardeur,  et 
en  obtient,  à  force  de  soins,  et  en  utilisant  avec  prévoyance  tous  les  en- 
grais à  sa  disposition,  surtout  ceux  qu'on  méprise  le  plus  chez  nous, 
jusqu'à  trois  récoltes  par  an,  parfois  même  davantage.  Ce  merveilleux 
résultat  serait  dû  en  partie  à  la  méthode  de  repiquage,  adoptée  même 
pour  la  culture  du  blé,  ce  qui  conduit  l'auteur   à   regretter  qu'une  si 
fructueuse  pratique  ne  soit  pas  répandue  dans  tous  les  pays  de  culture 
des  céréales  ;  mais  nous  avons  peine  pour  notre  part,  avouons-le  en 
passant,  à  nous  imaginer,  en  présence  du  renchérissement  de  la  main- 
d'œuvre,  la  possibilité  de  cultiver  de  la  sorte  les  champs  de  la  Beauce, 
ou  les  immenses  plaines  du  Far-West.  Quoi  qu'il  en  soit,  même  sur  le 
domaine  le  plus  exigu,  le  paysan,  après  en  avoir  tiré  toutes  les  res- 
sources nécessaires  à  son  existence,  arrive  encore  dans  ce  fortuné  pays 
à  réaliser  d'importantes  économies  ;  et  il  ne  faut  pas  croire  qu'il  vive 


BIBLIOGRAPHIE.  125 

misérablement;  loin  de  là,  ses  repas  sont  abondants  et  variés;  sa  mai- 
son, sans  luxe  inutile,  est  installée  avec  confortable,  il  veille  attentive- 
ment à  la  propreté  et  à  la  correction  de  sa  tenue;  sa  mise  n'est  pas  sans 
élégance,  et  il  n'est  pas  jusqu'à  sa  démarche  aisée  que  l'auteur  ne  com- 
pare tristement  avec  l'allure  gauche  et  pesante  d'un  paysan  breton  ou 
auvergnat!  Combien  ne  devons-nous  pas  regretter  que  ce  séduisant 
modèle  soit  si  éloigné  de  nous  ! 

L'impôt  pèse  sur  la  superficie  et  varie  de  1  fr.  50  à  5  francs  par  hec- 
tare, toutes  charges  comprises,  ce  qui  ne  représente  guère  que  3  francs 
par  habitant.  A  ce  point  de  vue  encore,  et  ici  malheureusement  le  doute 
n'est  pas  possible,  la  comparaison  est  loin  de  nous  être  favorable.  L'in- 
dustrie et  le  commerce  sont  affranchis  de  toute  charge,  et  se  trouvent 
ainsi  placés  dans  des  conditions  exceptionnellement  avantageuses  pour 
lutter  contre  la  concurrence  étrangère.  La  prospérité  et  le  bien-être  qui 
résultent  de  ce  système  économique  ont  pour  première  conséquence 
d'adoucir  les  mœurs,  à  ce  point  que  la  criminalité  serait  pour  ainsi  dire 
réduite  à  néant;  ainsi  à  Han-Kéou,  ville  de  deux  millions  d'habitants, 
ou  a  relevé  un  seul  meurtre  en  trente-quatre  ans!  dans  le  Pé-tclii-li,  en 
y  comprenant  Pékin,  le  Paris  de  la  Chine,  c'est  à  peine  s'il  y  a  annuel- 
lement douze  exécutions  capitales.  Quant  aux  infanticides,  (ju'on  nous 
disait  d'une  si  triste  fréquence,  c'est  une  pure  légende  éclose  dans  le 
cerveau  des  bons  pères  Jésuites  pour  le  plus  grand  profit  de  leur  oeuvre 
de  la  Sainte-Enfance  ! 

Voilà  certes  un  tableau  enchanteur  dès  sa  première  partie,  et  qui  nous 
montre  un  idéal  de  société  que  bien  peu  sans  doute  auraient  cherché  en 
Chine.  Nous  aurons  garde  de  suspecter  la  sincérité  de  ce  lyrisme,  que 
n'amoindriront  pas,  espérons-le,  les  récits  de  nos  soldats  du  Tonkin. 
M.  Simon  a  écrit  avec  la  plus  complète  bonne  foi,  comme  il  le  déclare 
en  tête  de  son  livre;  mais  enfin,  il  faut  bien  reconnaître  que  tous  les 
voyageurs  ne  sont  pas  revenus  de  ce  pays  avec  le  même  enthousiasme. 
Il  nous  souvient  même  de  quelques-uns  de  leurs  récils,  légèrement  diffé- 
rents de  cette  peinture  idéale  des  mœurs  patriarcales  du  Céleste  Empire, 
et  qui  nous  donnent  à  penser  que  l'imagination  de  nos  missionnaires 
est  moins  féconde  qu'on  n'a  voulu  le  supposer,  et  qu'assurément  leurs 
orphelinats  manquent  plutôt  de  places  que  d'enfants  abandonnés  à 
secourir. 

La  famille  chinoise  est  organisée  sur  le  modèle  d'un  Étal  politique  : 
tous  les  membres  réunis  forment  le  pouvoir  délibérant,  le  père  repré- 
sentant le  pouvoir  exécutif.  La  mère  elle-même  n'est  pas  sans  avoir 
une  grande  autorité  :  elle  assiste  aux  assemblées  avec  voix  délibéra- 
tive  et  exerce  en  outre  les  fonctions  importantes  de  ministre  des 
finances;  elle  tient  les  cordons  de  la  bourse,  dit  M.  Simon,  et  c'est  à  elle 
qu'humblement  le  mari  doit  s'adresser  pour  en  obtenir  l'argent  néces- 
saire à  ses  menues  dépenses.  Pauvres  maris!   La  famille  s'assemble  à 


126  SOCIÉTÉ  NATIONALE   d'ACCLIMATATWN. 

des  péi-iodes  déteriTiinées  pour  célébrer  avec  solennité  le  culte  des  an- 
cêtres. D'autres  fois,  elle  s'érige  en  tribunal  domestique  pour  juger 
tous  les  litiges,  voire  même  les  délits  et  les  crimes  commis  par  un  de 
ses  membres;  son  code  pénal  lui  permet  de  prononcer  la  flagellation, 
l'exil,  l'excommunication,  c'est-à-dire  l'exclusion  de  la  famille.  Si  le 
coupable  a  encouru  la  peine  capitale,  plutôt  que  de  le  renvoyer  devant 
les  tribunaux  de  TÉtat,  qui,  seuls,  pourraient  la  prononcer,  on  lui  laisse 
le  choix  entre  l'excommunication  ou  le  suicide,  et  c'est  cette  dernière 
peine  qui  est  le  plus  ordinairement  choisie. 

Les  tribunaux  publics  jugent  en  appel  au  civil  les  décisions  des  tri- 
bunaux domestiques,  et  prononcent  au  criminel  les  châtiments  suprê- 
mes; mais,  auprès  de  ces  tribunaux,  ni  procédure,  ni  ministère  public, 
ni  avocats!  L'empereur  exerce  le  droit  de  grâce;  néanmoins,  il  ne  doit 
statuer  qu'après  s'être  soumis,  trois  jours  durant,  au  jeune  et  à  l'absti- 
nence! Quel  sujet  de  méditation  pour  certains  chefs  d'État! 

Le  métier  des  armes  est  peu  en  honneur;  cependant,  depuis  que  l'au- 
teur en  a  étudié  de  près  l'organisation  militaire,  la  Chine  a  fait  à  cet 
égard  d'immenses  progrès,  et  si,  il  y  a  quelque  vingt-cinq  ans,  elle 
s'est  montrée  impuissante  contre  les  invasions  étrangères,  il  faut  recon- 
naître que,  depuis  lors,  elle  s'est  singulièrement  aguerrie,  et  qu'il  est 
imprudent  de  la  tenir  aujourd'hui  pour  une  quantité  négligeable,  comme 
nous  en  avons  fait  naguère  la  fâcheuse  expérience. 

Dans  un  chapitre  intitulé  le  Travail,  M.  Simon,  après  avoir  exposé 
l'état  des  croyances  religieuses,  donne  des  détails  vraiment  pleins  d'in- 
térêt sur  les  diverses  professions,  libérales  ou  manuelles,  qui  toutes 
sont  entourées  d'une  égale  considération,  sur  l'organisation  des  corpo- 
rations de  métiers,  analogues  à  celles  qui  existaient  jadis  en  France,  et 
«nfin  sur  l'industrie  qui,  le  plus  souvent,  s'unit  intimement  à  l'agriculture 
dans  la  maison  même  du  cultivateur. 

L'exposé  de  l'organisation  politique  est  bien  de  nature  à  causer  de 
l'étonnement  à  ceux  qui  considéraient  le  Gélesle-Empire  comme  le  der- 
nier refuge  de  la  tyrannie  et  du  despotisme.  Tout  homme  est  électeur 
aussitôt  parvenu  à  la  majorité;  les  assemblées  de  citoyens  sont  libres, 
indépendamment  de  toute  convocation  ou  autorisation  du  gouvernement; 
«lies  élisent  les  conseils  qui  administrent  la  circonscription  territoriale 
d'où  elles  dépendent,  canton,  arrondissement,  province;  ces  conseils 
sont  élus  pour  trois  ans,  mais  essentiellement  révocables  ;  la  gratuité  est 
de  leur  essence.  C'est  là  que  s'arrête  la  représentation  du  peuple  ;  en 
dehors  de  la  province,  aucun  corps  électif  n'entoure  le  gouvernement 
central. 

Le  principe  de  la  responsabilité  de  tous  les  fonctionnaires,  depuis  le 
dernier  mandarin  jusqu'à  l'empereur  lui-même,  est  absolu,  et  s'étend 
non  seulement  à  tous  les  actes  de  leurs  fonctions,  mais  encore  aux 
événements  causés  par  force  majeure,  tels  que  sécheresses,  inondations. 


BIBLIOGRAPHIE.  127 

soit  parce  que  le  plus  souvent  une  bonne  administration  aurait  pu  les 
prévenir,  soit  par  cette  simple  raison  qu'il  convient  d'établir  une  étroite 
solidarité  d'intérêts  entre  ces  fonctionnaires  et  les  populations  adminis- 
trées par  eux.  Quant  à  ceux  qui  n'auraient  pas  su  prévenir  une  guerre 
inutile,  ou  qui  laisseraient  l'ennemi  envahir  le  sol  de  la  patrie,  le  sui- 
cide serait  la  seule  expiation  possible!  En  un  mot,  les  bases  essentielles 
de  la  politique  chinoise  sont  :  la  liberté,  la  solidarité  et  l'unité,  et  bien 
des  nations  dites  civilisées  pourraient  la  prendre  pour  modèle, 

Oîi  l'auteur  est  moins  enthousiaste,  c'est  à  l'endroit  de  nos  récents 
démêlés  avec  la  Chine,  à  propos  du  Tonkin  ;  il  estime,  à  bon  droit,  que 
le  Tonkin  est  trop  complètement  dans  la  sphère  chinoise  par  sa  situation 
géographique,  sa  constitution,  sa  langue,  ses  mœurs,  pour  nous  rester 
fidèle,  à  moins  de  sacrifices  ruineux  pour  nous,  le  jour  où  le  colosse 
voisin,  plus  aguerri  qu'aujourd'hui,  transformant  son  armée  de  défense 
en  armée  d'invasion,  en  mobiliserait  les  innombrables  phalanges.  On 
estimerait  facilement,  d'autre  part,  le  profit  que  notre  commerce  pourra 
retirer  de  cette  nouvelle  colonie,  en  prenant  comme  point  de  compa- 
raison les  résultats  obtenus  depuis  la  conquête  de  la  Cochinchine,  dont 
presque  tout  le  commerce  se  fait  en  dehors  de  la  mère-patrie.  Pour  ce  qui 
est  de  la  Chine  elle-même,  ses  exportations  ont  plus  que  doublé  depuis 
1860,  tandis  que  ses  importations  s'y  sont  maintenues  à  un  chiffre  insi- 
gnifiant. 

Le  livre  se  termine  par  une  idylle  pleine  de  charmes.  Si  élevé  que 
soit  le  mur  de  la  vie  privée  en  Orient,  M.  Simon  est  parvenu  à  le  fran- 
chir. 11  a  su  gagner  l'affection  d'une  famille  de  bons  et  honnêtes  culti- 
vateurs d'un  village  voisin  de  Fou-tchéou  ;  il  a  pu,  plusieurs  années 
durant,  vivre  dans  son  intimité,  apprendre  son  histoire,  une  histoire 
dont  les  débuts  remontent  à  huit  siècles  en  arrière  !  étudier  sa  consti- 
tution, son  fonctionnement  et  ses  diverses  transformations,  et  pénétrer, 
en  un  mot,  jusqu'aux  arcanes  les  plus  secrets.  L'histoire  de  la  famille 
Ouang-ming-tse  est,  après  tout,  celle  de  toutes  les  familles  chinoises: 
aussi  bien  ne  saurait-on  lire  une  étude  ethnographique  plus  attachante 
ni  plus  complète  et  plus  instructive. 

En  somme,  si  nous  nous  sommes  permis  certaines  critiques,  sur  un 
engouement  peut-être  exagéré  à  divers  égards,  et  à  l'occasion  d'attaques 
un  peu  trop  passionnées,  croyons-nous,  pour  être  justes,  le  livre  de 
M.  Eugène  Simon  n'en  reste  pas  moins  empreint  d'une  remarquable 
originalité  ;  il  est  riche  en  fails  nouveaux,  en  observations  et  en  docu- 
ments de  toute  nature,  et  pourrait  assurément  servir  de  cadre  à  un  plus 
grand  ouvrage.  Am.  Bp:kthoule. 


128  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

Revue  maritime  et  coloniale,  janvier  1886.  Paris,  libr.  militaire  de 

L.  Baudoin  et  C". 

Nous  relevons,  dans  la  statistique  des  pêches  maritimes  de  l'année 
1884,  quelques-unes  de  ses  données  les  plus  intéressantes,  qui  présentent 
malheureusement  des  résultats  inférieurs  dans  leur  ensemble  à  ceux  de 
l'année  précédente. 

Les  grandes  pêches  à  Terre-Neuve  et  en  Islande  furent  entravées  au 
début  par  la  présence  dans  ces  parages  d'une  quantité  considérable 
d'icebergs  détachés  de  leur  point  de  formation  à  la  suite  d'un  hiver 
polaire  moins  rigoureux  que  de  coutume;  les  prix  de  vente  ayant, 
d'autre  part,  été  avilis  sur  les  marchés  d'Europe,  le  produit  total  de 
l'année  n*a  atteint  que  87  millions  contre  107  en  1883,  représentant 
36  millions  de  kilogrammes  de  Morues,  46  millions  de  kilogrammes  de 
Harengs,  411  millions  de  Sardines,  etc. 

L'mdustrie  de  la  pèche  sur  les  côtes  de  la  France  se  répartissait,  en 
1884,  entre  47  877  établissements,  couvrant  une  superficie  de  1 3  500  hec- 
tares; il  a  été  vendu  529  768  767  Huîtres  de  toute  espèce,  au  prix  de 
13577  000  francs.  Si  ces  chiffres  sont  un  peu  inférieurs  à  ceux  de  1883, 
en  revanche  la  récolte  du  naissain  a  été  extrêmement  abondante,  faisant 
ainsi  prévoir  de  bons  jours  pour  les  gourmets. 

La  pêche  en  mer  sur  les  côtes  d'Algérie  a  produit  une  somme  de 
3  757  000  francs,  à  peu  de  chose  près  égale  à  celle  du  précédent  exer- 
cice. Notons  seulement  ce  fait  regrettable  que  la  pêche  de  corail  tend  à 
en  disparaître  complètement;  déjà  aujourd'hui  elle  n'est  plus  guère 
pratiquée  qu'aux  environs  de  la  Galle;  cela  tient  moins  à  l'appauvris- 
sement des  bancs  coralifères  qu'à  la  découverte  de  gisements  nouveaux 
dans  les  eaux  de  la  Sicile.  Espérons  que  les  nouveaux  règlements  ma- 
ritimes rendront  sa  prospérité  passée  à  cette  branche  de  l'industrie 
côtière. 

Le  nombre  des  sinistres  n'est  toujours  que  trop  élevé  ;  c'est  ainsi  que 
quatre  cent  treize  pêcheurs  ont,  au  cours  de  cette  même  année,  péri  en 
mer,  payant  un  lourd  tribut  à  la  tempête. 

Am.  B. 


Le  Gérant:  Jules  Grisard. 


152.  —  BoURLorOiN.  —  Iinprinieries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


I.    TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


UTILISATION  INDUSTRIELLE 

DU  POIL   DES   LAPINS   ANGORAS 

Par   M.    A.-C;E0FFK0Y    SAII\T-IiILililRE 


L'intéressante  communication  faite  par  M"'  Lagrenée  (l), 
sur  l'utilisation  industrielle  du  poil  des  Lapins  angoras,  nous 
a  remis  en  mémoire  l'exploitation  du  même  produit  qui  se 
l'ait  auprès  d'Aix-les-Dains,  à  Brison-Saint-Innocent  (Savoie). 

M.  Jacquier,  de  la  maison  Jacquier  et  G'%  à  qui  nous  nous 
sommes  adressés,  nous  a  écrit  :  , 

((  L'industrie  que  nous  exploitons  a  pris  un  grand  déve-' 
loppement.  Nous  expédions  nos  produits  en  grand  nombre  à 
Paris,  Lyon,  Marseille,  en  Angleterre,  Belgique,  Suisse,  Ita- 
lie, Amérique,  etc. 

»  Nous  en  avons  beaucoup  vendu  à  S.  M.  la  reine  d'Angle- 
terre pendant  son  séjour  à  Aix. 

y  Les  Lapins  angoras  que  nous  exploitons  appartiennent  à 
la  grande  race;  ils  ne  vivent  pas  à  Pair  libre.  Ils  sont  entrete- 
nus dans  des  locaux  fermés  et  sont  réunis  on  grand  nombre, 
et  nous  les  séparons  lorsque  nous  voulons  les  faire  repro- 
duire. 

y>  Les  mâles  et  les  femelles  produisent  tous  deux  une  même 
quantité  de  laine  (soie).  Les  mâles  ne  sont  pas  castrés.  » 

On  voit,  d'après  cette  lettre,  que  l'élevage  des  Lapins  est 
très  différent  à  Saint-Innocent  de  ce  qu'il  est  à  Frocourt,  cbez 
M""  Lagrenée,  puisque  les  premiers  vivent  enfermés,  les  se- 
conds en  plein  air,  exposés  à  toutes  les  intempéries. 

Nous  avons  cru  devoir  nous  adresser  également  à  31.  Pa- 
lard-Chalelain,  de  La  Ferté-Macé  (Orne),  qui,  en  188.3,  avait 

(1)  Voyez  au  Bulletin,  1885,  p.  642. 
4'  SÉRIE,  T.  IlL  —  Mars  188G.  U 


130  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

écrit  à  la  Société  qu'il  possédait  deux  mille  Lapins  angoras, 
et  qu'il  se  proposait  d'en  augmenter  encore  le  nombre. 

M.  Patard-Cliatelain  a  très  obligeamment  répondu  à  nos 
questions  par  la  lettre  suivante  : 

«  Monsieur, 

»  J'ai  reçu  la  lettre  que  vous  m'avez  fait  l'honneur  de 
m'adresser. 

»  Il  est  certain  que  l'élevage  du  Lapin  angora  peut  laisser 
de  beaux  bénéfices,  à  condition  toutefois  d'être  entrepris  avec 
un  certain  nombre  de  têtes,  et  en  produisant  soi-même,  par 
la  culture  de  la  terre,  la  nourriture  des  animaux.  Si  j'avais 
continué  à  acheter  les  grains  et  fourrages,  le  poil  aurait  été 
mangé  bien  avant  d'être  bon  à  récolter  :  je  suis  donc  devenu 
cultivateur  malgré  moi. 

»  Il  en  a  été  de  même  pour  la  filature.  Pendant  cinq  ans, 
depuis  1880,  j'ai  cherché  des  filateurs  pour  faire  mon  travail. 
J'y  ai  subi  toutes  sortes  de  dommages  :  les  uns  ont  abîmé 
mon  angora  au  point  qu'il  était  considéré,  après  lilature, 
comme  du  déchet  de  coton;  peut-être  même  prélevait-on  une 
partie  de  mon  produit  pour  la  remplacer  par  de  la  laine  ou 
du  coton.  Le  fait  est  arrivé  au  moins  une  fois.  Après  cinq  ans 
de  recherches,  d'essais  tentés  dans  plus  de  vingt  filatures, 
j'ai  dû  faire  comme  pour  la  culture  :  j'ai  acheté  un  matériel 
que  j'ai  approprié  à  mon  travail  et  je  produis  un  fil  qui  est 
très  recherché. 

À)  Cependant,  je  crains  que  le  prix  n'en  soit  trop  élevé  pour 
bien  des  bourses,  d'autant  plus  que  les  intermédiaires  pren- 
nent généralement  de  gros  bénéfices  sur  les  articles  nou- 
veaux. J'en, arrive  donc  à  redouter  le  placement  de  mon  pro- 
duit. 

»  Je  cherche  à  diminuer  le  prix  de  revient  du  poil  en  aug- 
mentant ma  production,  et  j'ai  la  certitude  que,  au  prix  de 
25  francs  le  kilogramme  filé,  cet  article  se  vendrait  facile- 
ment.  Mais  l'élevage  en  grand  peut  seul  donner  ce  résultat. 

»  En  ce  moment,  le  poil  brut  vaut  environ  20  francs  le  ki- 
logramme, cà  condition  d'être  bien  propre  et  de  ne  contenir 


DU    POIL   DES    LAPINS   ANGORAS.  131 

aucune  partie  feutrée.  Le  rendement  d'un  bon  Lapin  adulte 
s'élève  à  250  ou  .iOO  grammes  par  an,  et  peut  augmenter  sui- 
vant les  soins  donnés  à  l'animal  ;  mais  ce  rendement  peut 
diminuer  de  beaucoup  par  l'absence  de  ces  mêmes  soins. 

»  En  résumé,  le  revenu  moyen  peut  être  évalué  cà  5  francs 
par  tète,  mais  il  faut  compter  sur  la  nourriture  d'hiver,  qui 
est  considérablement  plus  onéreuse  que  celle  de  l'été.  J'estime 
que  six  semaines  d'hiver  coûtent  plus  à  passer  que  les  six 
mois  d'été  :  c'est  là  que  se  présente  la  nécessité  absolue  de 
produire  soi-même  la  nourriture. 

»  Pour  me  résumer,  j'ai  entrepris  une  industrie  qui  m'a 
coûté  beaucoup  de  patience,  d'étude,  d'observation  et  d'ar- 
gent. L'élevage  en  grand  est  très  difficile,  et  les  essais  de  fila- 
lure  ne  m'ont  encore  donné  aucun  bénéfice. 

»  J'ai  néanmoins  le  ferme  espoir  que  mon  industrie  pren- 
dra de  l'importance  et  sera  profitable  à  la  patrie.  C'est  cette 
certitude  qui  m'a  soutenu,  et  qui  m'a  rendu  fort  dans  les 
moments  très  durs  que  j'ai  traversés  Ma  devise  a  été  et  est 
restée  :  Ténacité. 

»  Je  suis  heureux,  Monsieur,  de  vous  transmettre  ces  ren- 
seignements et  je  vous  prie  d'agréer,  etc. 

»  Signé  :  Patard-Giiatelain, 

»  La  Ferté-Macé  (Orne).  » 

L'ensemble  de  ces  renseignements,  joint  cà  ceux  fournis  par 
M""^  Lagrenée,  donne  à  penser  que  l'utilisation  des  poils  de 
Lapins  angoras  est  entrée  aujourd'hui  dans  la  pratique  de 
l'industrie.  Les  fils  d'Angora  sont  employés  tantôt  sans  mé- 
lange, tantôt  réunis  aux  fils  dits  de  Cachemire  ou  de  Vigogne. 
Il  y  a  là  une  application  très  intéressante  d'un  produit  qui 
avait  été  longtemps  négligé.  > 


NOTE 

SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES 

Par   M.    le  comte   A.    de   MOXTLEZUK 


La  bienveillance  avec  laquelle  mes  noies  sur  les  Palmi- 
pèdes lamelliroslres  ont  été  accueillies  l'an  dernier,  m'a  en- 
couragé cà  offrir  à  la  Société  d'Acclimatation  une  notice  sur 
le  genre  Bernache  ou  Brenta. 

Gomme  par  le  passé,  afin  d'obtenir  des  renseignements 
aussi  précis  que  possible,  je  me  suis  adressé  aux  sources  les 
plus  autorisées  :  à  M,  Geoffroy  Saint-Hilaire,  directeur  du 
Jardin  zoologique  du  Bois  de  Boulogne;  h  M.  Oustalet,  doc- 
teur es  sciences,  aide-naturaliste  au  Muséum  d'histoire  natu- 
relle de  Paris;  à  M.  P.  L.  Sclater,  secrétaire  général  de  la 
Société  zoologique  de  Londres;  à  M.  lluet,  aide-naturaliste 
chargé  de  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris;  à  M.  le  directeur  du  Koninklijk  Zoologisclt  Genoot- 
schap  d'Amsterdam;  à  M.  le  directeur  de  la  Société  royale  de 
zoologie  d'Anvers  (Belgique).  Ces  Messieurs  ont  répondu  avec 
un  empressement  dont  je  ne  saurais  trop  les  remercier,  à 
toutes  les  demandes  que  j'ai  eu  l'honneur  de  leur  adresser. 

Si  mon  travail  a  quelque  mérite,  c'est  en  grande  partie  à 
ces  Messieurs  qu'il  le  doit,  et  je  tiens  à  leur  témoigner  ici 
toute  ma  reconnaissance. 


'  FAMILLE   DES   ANATIDES 

Sous-famille  des  Ansérinés.  Genre  Bernache,  Bernicla  ou  Brenta. 

En  suivant  l'ordre  adopté  par  M.  Georges  Gray  dans  son 
catalogue  intitulé  :  Hand  list  of  hirds,  on  remarque  que  la 
sous-famille  des  Ansérinés  comprend  les  genres  Cereopsis, 
Ânser,  Brenta  et  Nettapus.  Ces  genres  eux-mêmes  renfer- 


SUR   LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  133 

ment  des  subdivisions  ou  sous-genres  qui  tirent  leurs  noms 
de  l'aspect  particulier  des  sujets  qui  les  composent  ou  de 
leurs  habitudes. 

Le  genre  Bernache  ou  Brenta  réunit  en  une  sorte  de 
faisceau  les  groupes  ou  sous-genres  Brenta,  ClUamidochen, 
Leucoblepharon,Leucopareia,  Buflbrenta,  Cyanochen,  Tœni- 
diestes,  Chloephaga ;  ces  groupes,  dont  je  lais  mention  à 
cause  de  leurs  étymologies  et  par  raison  d'ordre,  ne  me 
semblent  pas  présenter  un  bien  grand  intérêt  au  point  de 
vue  de  l'étude  des  espèces  qu'ils  renferment;  aussi  ne  ferai-je 
que  les  effleurer. 

Les  Bernaches  se  distinguent  des  Oies  par  les  caractères 
suivants  :  le  bec  est  toujours  plus  court  que  la  tête,  il  est 
aussi  moins  allongé,  moins  conique,  plus  droit  et  plus  mince 
que  celui  des  Oies;  il  présente  une  légère  dépression  en 
avant  des  narines,  placées  à  égale  distance  du  dessus  du  bec 
et  des  bords  de  la  mandibule  supérieure;  cette  dernière 
est  terminée  par  un  onglet  médiocre  et  fortement  recourbé  ; 
les  lamelles  qui  garnissent  sa  face  inférieure  ne  sont  point 
apparentes;  les  ailes  sont  longues,  aiguës,  et  portent  le  plus 
souvent  un  miroir  apparent,  à  reflets  métalliques,  ce  qui 
n'arrive  pas  en  général  chez  les  Oies. 

La  queue  est  arrondie ;'le  bas  des  jambes  emplumé;  le 
tarse  plus  long  que  le  doigt  médian.  Les  teintes  du  plumage 
sont  plus  riches,  plus  vives  et  plus  variées  que  chez  les  Oies; 
elles  diffèrent  d'un  sexe  à  l'autre,  enfin  les  Bernaches  recher- 
chent plus  que  les  Oies  le  voisinage  des  bords  de  la  mer. 

Le  catalogue  de  M.  G.  Gray  fait  mention  de  dix-huit  espèces 
ou  variétés  de  Bernaches,  parmi  lesquelles  on  distingue  trois 
espèces  européennes,  la  Bernache  Gravant,  la  B.  leucopsis^ 
ou  nonnette,  et  la  B.  ruficollis;  les  deux  premières  habitent 
également  l'Amérique,  et  la  troisième,  l'Asie.  Deux  espèces 
appartiennent  à  l'Océanie,  la  B.  jiibata  et  la  Bernache  de 
Sandwich.  Une  seule  espèce  est  d'origine  africaine,  c'est  la 
B.  cyanoptera ;  les  douze  autres,  B.  nigricans,  B.  Cana- 
densis,  B.  Hutchinsii,  B.  leucopareia,  B.  anlarcHca,B.  Ma- 
gellanica,  B.  dispar,  B.  inornata,  B.  poUocephala ,  B.  rubi- 


134-  SOCIÉTÉ   NATIOiNALE   D'ACCLIMATATION. 

diceps,  B.  melanoptera  et  B.  Canagica,  sont  entièremenl 
américaines. 

Toutes  les  espèces  que  je  viens  d'énumércr,  quelle  que 
soit  la  partie  du  monde  qui  les  ait  vues  naître,  ont  toutes,  en 
général,  les  mêmes  habitudes.  Elles  recherchent  et  affection- 
nent les  lacs  qui  avoisinent  les  bords  de  la  mer  et  sont  essen- 
tiellement herbivores.  A  l'état  sauvage,  elles  se  nourrissent 
de  jeunes  pousses  d'herbes,  de  plantes  aquatiques  et  de  pe- 
tits mollusques;  elles  ne  dédaignent  pas  les  insectes  et  les 
vermisseaux  qu'elles  rencontrent  en  fouillant  les  racines  sur 
le  bord  de  l'eau. 

A  l'état  domestique,  les  Bernaches  acceptent  toutes  sortes 
de  grains,  mais  elle  ne  sauraient  se  passer  d'une  abondante 
verdure,  qui  doit  toujours  servir  de  base  à  leur  alimentation. 

N"  1.  Bernaghe  Gravant. 
(Bernicla  brenta  (i),  n"  10575.) 

Brenta,  sous-ijenre  a  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Étymologie.  —  Brenta,  de  ppivGoç,  ou,  espèce  d'oiseau' 
aquatique,  oie.  Le  nom  de  cravant,  selon  Gesner,  ne  serait 
autre  que  celui  de  Graueente,  en  îtllemand,  canard  brun. 

Synonymie.  —  Anas  bernicla  Linn.  —  Anas  brenta 
Briss.  —  Anser  torquatus  Friscli.  —  Anser  brenta  Pall.  — 
Bernicla  brenta  Stéph.  —  Bernicla  melanopsis  Me.  Gill.  — 
le  Cravant  Buff.  {Brent  ou  Brand  goose  Lath.),  etc. 

La  Bernache  cravant  habite  les  régions  arctiques  du  globe  ; 
on  la  rencontre,  à  l'approche  de  l'hiver,  dans  presque  toutes 
les  contrées  de  l'Europe  tempérée,  mais  principalement  en 
Hollande,  où  elle  abonde  en  hiver  et  au  printemps.  Elle 
arrive,  périodiquement,  vers  la  fm  de  l'automne,  dans  les 
départements  du  nord  de  la  France,  et  descend  parfois  par 
petites  troupes  dans  les  départements  du  Centre  et  du  Midi. 
La  Bernache  cravant  niche  dans  le  Nord,  très  avant  vers  le 

(1)  Voy.   Procced.  Zool.  Soc,  18GI,  p.    101,  365;   —  1863,  p.  323;  —1865^ 
p.  753;  —  1873,  p.  638;  —  1877,  p.  32;  —  1880,  p.  317,  502,  534. 


SUR    LES    PALMIPEDES   LÂMELLIROSTRES. 


135 


pôle.  Elle  construit  son  nid  sur  le  bord  de  l'eau.  Cet  oiseau 
est  très  aquatique,  les  voyageurs  qui  l'ont  observé  disent 
qu'il  nage  des  journées  entières.  Le  docteur  Jaubert,  dans 
son  ouvrage  intitulé  :  Richesses  ornithologiqiies  du  midi  de 
la  France,  fait  remarquer  que  la  chair  de  la  Bernache  Gra- 
vant est  excellente  et  qu'elle  devient  encore  plus  savoureuse 
lorsqu'elle  passe  de  la  vie  sauvage  à  l'état  domestique. 

Description. 

La  Bernache  cravant  a  le  bec  noir  à  onglet  noir,  l'œil  brun 
foncé,  la  tête  et  le  cou  noirs,  le  haut  de  la  poitrine  noir  tirant 


Bernache  cravant  {Lternicla  Brenla). 


légèrement  sur  le  brun  en  se  rapprochant  du  sternum  ;  sur  la. 
teinte  noire  du  cou  et  presque  vers  le  milieu  de  sa  longueur, 
faisant  suite  à  la  gorge,  se  dessine  une  tache  blanche  plus  oa 
moins  grisâtre,  disposée  en  forme  de  hausse-col  renversé; 
cette  tache  contourne,  de  chaque  côté  du  cou,  sur  les  deux 


136  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

tiers  environ  de  sa  circonférence  et  ne  s'élend  pas  sur  la 
partie  postérieure. 

Les  plumes  du  dos,  les  pennes  scapulaires,  ainsi  que 
toutes  les  couvertures  des  ailes,  sont  d'un  gris  brunâtre,  bor- 
dées d'une  teinte  gris  fauve  ;  celles  qui  recouvrent  le  sternum 
et  le  haut  de  l'abdomen  sont  brunâtres,  terminées  par  une 
bordure  plus  claire,  cendrée,  roussàtre;  enlin,  celles  des 
flancs  sont  de  teinte  un  peu  plus  foncée  que  les  précédentes, 
également  bordées  à  leur  extrémité  d'une  nuance  plus  claire, 
elles  recouvrent  les  cuisses  de  leurs  larges  contours  disposés 
en  forme  d'écaillés  ;  le  plumage  du  bas-ventre  et  les  sous- 
caudales  sont  d'un  blanc  pur,  les  grandes  rémiges  ont  une 
teinte  bi'un  noirâtre,  les  reclrices  sont  noires,  les  tarses  et 
les  pieds  sont  noirs  tirant  légèrement  sur  le  brun.  Le  mâle 
mesure  0'j,66  de  longueur,  l'",33  d'envergure,  0"', 38  à  l'aile, 
0"','l  1  à  la  queue. 

La  femelle  est  semblable  au  niAle,  mais  les  teintes  de  son 
plumage  sont  un  peu  moins  accusées,  sa  taille  est  aussi  un 
peu  plus  faible. 

La  tache  blanche  du  cou  n'existe  pas  chez  les  jeunes;  toutes 
les  parties  du  corps  qui  sont  noires  chez  les  adultes  sont  chez 
eux  d'un  noir  grisâtre  se  rapprochant  de  la  teinte  générale 
du  dos,  leurs  pieds  sont  noirs,  légèrement  rougeâtres. 

Reproduction. 

La  ponte  de  la  Bernache  cravant  a  lieu  en  avril  et  mai  ;  ces 
oiseaux  pondent  de  six  à  neuf  œufs  à  coquille  mince,  d'un 
blanc  terne  et  jaunâtre,  ils  mesurent  environ  0"',076  au 
grand  diamètre  et  0'",052  au  petit  diamètre.  L'incubation 
dure  de  trente  à  trente-trois  jours. 

Cette  espècGi  se  trouve  au  Jardin  zoologique  du  Bois  de 
Boulogne,  dans  ceux  de  Londres  et  d'Amsterdam,  mais  ne  s'y 
est  pas  reproduite.  M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique  d'An- 
vers (Belgique)  a  obtenu  sa  reproduction. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  137 

N°  2.  BeRNACHE   NOIRATRE. 
{Bernlcla  nigricans  (1),  u°  10570.  Black  Brent  goose.) 

Celte  Bernache  semble  n'être  qu'une  variété  américaine 
de  la  Bernache  cravant.  Brehm(2)  s'exprime  ainsi  à  son  égard, 
dans  le  paragraphe  qu'il  consacre  à  cette  espèce  :  «  Celle  qui 
habite  l'Amérique,  et  qu'on  a  voulu  regarder  comme  consti- 
tuant une  espèce  à  part  ne  diffère  pas  de  celle  qui  vit  dans 
l'hémisphère  oriental.  » 

J'accepte  pour  le  moment  la  manière  de  voir  de  cet  auteur, 
en  attendant  qu'il  soit  possible  de  mieux  établir  les  carac- 
tères distinctifs  des  deux  espèces. 

N°  3.  Bernache  a  crinière. 
{Bo'niclà  jubata,  n°  10577.) 

Chlamidochen,  sous-genre  b  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elijmologie.  —  Chlamidochen,  de  ^Xapç,  u5oç,  chia- 
myde,  /-/^v,  -/ivôç,  oie  (oie  à  casaque  ou  à  chlamyde).  —  Ju- 
bata,  du  mot  latin  jicbatus,  qui  veut  dire  garni  d'une  crinière, 
indique  que  cet  oiseau  a  aussi  une  sorte  de  crinière  qui  orne 
îa  partie  postérieure  de  sa  tête. 

Synonymie.  —  Chlamidochen  juhala  Lath.  —  Anser 
jubata,  —  Bernicla  jubata,  —  Chloëphaga  jubata,  — Ber- 
nache cà  crinière  (Maned  goose),  —  de  Zoological  garden. 
Celte  espèce  est  quelquefois  désignée  sous  le  nom  de  Ber- 
nache mariée,  qui  semble  n'avoir  aucune  raison  d'être  et 
qui  doit  provenir  de  ce  que  l'on  a  confondu  le  mot  maned 
goose  avec  maried  goose. 

La  Bernache  à  crinière  est  originaire  d'Australie; plusieurs 
spécimens  de  cette  espèce  ont  été  introduits  au  Jardin  zoolo- 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  |..  502,  504,  535. 

(2)  Brehm,i>.li\,  742. 


138 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


gique  de  Londres  en  1864  (1).  Depuis  cette  époque,  on  ren- 
contre cet  oiseau  dans  presque  tous  les  jardins  zoologiques 
et  chez  quelques  éleveurs.  M.  Courtois,  demeurant  à  Paris, 
rue  d'Aboukir,  n"  111,  qui  élève  avec  un  succès  toujours 
croissant  les  nouvelles  espèces  de  Palmipèdes,  obtient  régu- 
lièrement la  reproduction  de  cette  espèce  :  un  seul  couple  lui 
a  donné  jusqu'à  trente-cinq  œufs  dans  le  courant  de  la  même 


Bernache  à  crinière  {Bernicla  jubata). 

année.  J'ai  depuis  un  an  environ  des  Bernaches  à  crinière  qui 
m'ont  été  cédées  par  lui  à  l'âge  de  six  mois;  elles  n'ont  point 
reproduit  l'an  dernier,  mais  pondront  probablement  le  prin- 
temps prochain.  Elles  sont  excessivement  familières  et  ne 
paraissent  pas  le  moins  du  monde  éprouvées  par  les  rigueurs 
de  l'hiver.  Leur  nourriture  consiste  en  jeunes  pousses 
d'herbes  et  en  graines  variées,  blé,  maïs,  avoine,  orge  et 
petit  millet. 


(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1864,  p.  587. 


SUR    LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  139 

Description. 

Le  mâle  a  le  bec  brun  noirâtre,  à  onglet  noir;  l'œil  brun 
foncé,  la  tête  ainsi  que  la  partie  supérieure  du  cou  brun 
marron;  à  partir  du  crâne  et  en  suivant  les  contours  supé- 
rieurs du  cou,  le  plumage  brun  est  disposé  en  forme  de  cri- 
nière et  sa  nuance  est  plus  foncée.  La  partie  inférieure  du 
cou,  le  sommet  du  dos,  ainsi  que  le  baut  de  la  poitrine,  sont 
d'une  teinte  grise  tirant  sur  le  fauve,  tachetée  de  brun  noi- 
râtre à  l'extrémité  médiane  des  plumes,  avec  taches  plus 
accentuées  sur  celles  qui  recouvrent  le  jabot.  Les  plumes  du 
scapulaire  sont  grises,  lancéolées,  à.  reflets  blanchâtres,  de 
même  que  celles  du  manteau;  quelques-unes  d'entre  elles 
ont  les  barbes  extérieures  noires  et  leur  juxtaposition  forme 
deux  bandes  noires  qui  partent  de  chaque  côté  du  cou  et 
vont  directement  se  rejoindre  avec  les  rectrices  en  décrivant 
un  angle  très  aigu,  ce  qui  donne  à  l'oiseau  un  cachet  tout 
particulier.  Les  rectrices  sont  d'un  noir  vif,  ainsi  que  le  plu- 
mage qui  recouvre  le  croupion  et  le  ventre  ;  la  couleur  noire 
s'étend  également  aux  sous-caudales  et  se  prolonge  jusque 
vers  le  milieu  du  sternum. 

Les  grandes  rémiges  sont  noires  et  les  ailes  recouvertes 
par  les  plumes  des  flancs  qui  sont  très  finement  vermiculées 
de  noir  sur  une  teinte  gris-perle  très  claire;  le  miroir  est 
d'un  beau  vert  brillant,  extérieurement  bordé  de  blanc;  les 
pattes  sont  grises,  de  nuance  claire,  et  légèrement  verdâtre. 

La  femelle  a  le  bec  gris  tirant  sur  le  brun,  à  onglet  plus 
foncé;  son  œil  est  brun  foncé,  entouré  en  dessus  et  en  dessous 
par  quelques  plumes  grises;  une  ligne  brun  foncé  part  de 
l'œil  et  va  rejoindre  la  partie  postérieure  du  crâne  en  se  des- 
sinant sur  la  teinte  brune  qui  recouvre  la  tête  et  le  cou.  Les 
plumes  disposées  eu  forme  de  crinière  sont  bien  moins  appa- 
rentes que  chez  le  mâle;  à  la  couleur  brune  du  cou  succède 
une  teinte  plus  grise,  qui  se  fond  dans  un  plumage  gris  ma- 
culé de  blanc  sale  ;  les  taches  'ou  macules  qui  occupent  les 
extrémités  des  plumes  sont  plus  rapprochées  vers  le  jabot, 
plus  grandes  cl  plus  espacées  sur  les  flancs;  le  miroir  de 


140  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

l'aile  est  moins  vert  que  chez  le  mâle;  sa  bordure  blanche  est 
plus  large;  les  rectrices  sont  noires  ainsi  que  les  plumes  qui 
recouvrent  le  croupion;  les  sous-caudales,  les  plumes  du 
ventre,  ainsi  que  celles  de  la  partie  inférieure  de  la  poitrine, 
sont  blanches;  les  pattes  sont  grises,  à  peine  verdâtres;  vue 
dans  son  ensemble,  et  en  dehors  des  caractères  que  je  viens 
d'énumérer,  la  femelle  présente  les  mêmes  dispositions  de 
plumage  que  le  mâle,  mais  ses  teintes  sont  bien  moins  vives, 
sa  taille  est  aussi  un  peu  plus  faible. 

Longueur  totale  de  l'oiseau,  0"',50;  longueur  de  l'aile, 
0"\'iS;  longueur  de  la  queue,  0™,14.;  longueur  du  bec, 
O^jOSS  ;  longueur  du  tarse,  0'",0b. 

Reproduction. 

La  ponte  a  généralement  lieu  en  mai  ;  le  nombre  d'œufs 
varie  de  huit  à  douze;  ils  mesurent  0'",059  (l)  au  grand  dia- 
mètre et  0'",041  au  petit  diamètre;  ils  sont  de  couleur 
blanche,  à  peine  jaunâtre. 

N°  4.  Bernache  du  Canada. 
{Bernicla  Canadensis  ("2),  n"^  10578.) 

Leucoblépharon,  sous- genre  c  dn  catalog-ue  de  G.  Gray. 

Élymologle.  —  Leucoblépharon,  de  Xeuxôç,  ou,  blanc, 
pXétpapov  ou,  paupière  (oie  à  paupière  blanche).  —  Cana- 
densis, qui  désigne  l'espèce,  indique  qu'elle  est  originaire  du 
Canada. 

Synonymie.  —  Bernicla  Canadensis  Linn.,Wills.  —  Anas 
Canadensis  L.  —  Oie  à  cravate  Butf.  —  Cygnopsis  Cana- 
densis Brehm.  —  Aîiser  Canadensis  (Canada  goose). 

La  Bernache  du  Canada  est  originaire  de  l'Amérique  du 
Nord.  Les  voyageurs  qui  l'ont  observée  s'accordent  à  dire 
qu'on  la  rencontre  principalement  entre  le  50'  et  le  67'  degré. 

(1)  Mesures  prises  sur  un  œuf  qui  m'a  été  donné  par  M.  Courtois. 

(2)  VoY.  Proceed.  Zool.  Soc,  186Û,  p.  418;  -  1861,  p.  368,  264;  -  1862, 
p.  325;  —  1868,  p.  211  ;  —  1873,  p.  467,  63'J;  —  1880,  p.  317. 


SUR    LES    PAr.MIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  141 

Brelim  raconte  que,  depuis  l'apparilion  des  blancs,  ces  oi- 
seaux se  retirent  de  plus  en  plus  vers  le  nord  ;  il  dit  que  quel- 
ques-uns nichent  dans  les  grands  marais  des  États  du  centre 
de  l'Anirrique.  Audubon,  qui,  pendant  plusieurs  années  con- 
sécutives, a  observé  les  Bernaches  du  Canada,  dit  qu'elles 
sont  excessivement  vigilantes;  leur  vol  est  très  élevé,  presque 
toujours  hors  de  la  portée  des  armes  à  feu  ;  dans  leurs  migra- 


liernaclie  du  Caiiuda  [Dentirla  Cdiunlciisis). 

tions,  elles  se  disposent  généralement  en  forme  de  triangle; 
à  l'état  domestique,  la  Bernache  du  Canada  se  reproduit  assez 
facilement.  Bulfon  rapporte,  dans  son  ouvrage,  que,  de  son 
temps,  on  les  comptait  par  centaines  sur  le  grand  canal  de 
Versailles,  où  elles  vivaient  familièrement  avec  les  Cygnes;  il 
ajoute  qu'elles  se  tenaient  moins  souvent  sur  l'eau  que  sur 
les  gazons  du  bord  du  canal.  Dans  l'Amérique  du  Nord,  on 
trouve  la  Bernache  du  Canada  dans  presque  toutes  les  fermes 
à  l'état  domestique;  sa  viande  passe  pour  être  très  bonne. 

Description. 

Bec  noir  grisâtre  ta  bordures  plus  claires  et  à  onglet  gri- 
sâtre; œil  brun  noirâtre;  tête  et  cou  noirs  avec  une  sorte  de 


14-2  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

cravate  blanche  qui  occupe  tout  le  dessous  de  la  gorge,  et  re- 
monte en  pointe  vers  la  région  de  l'oreille,  en  affectant  de 
chaque  côté  une  forme  angulaire,  dont  le  sommet  correspond 
à  la  jonction  des  vertèbres  du  col  avec  le  crâne.  A  la  couleur 
noire  succède  brusquement  et  en  ligne  droite  horizontale 
une  nuance  blanche  qui  passe  insensiblement  au  gris  en  se 
rapprochant  du  sternum;  la  poitrine  est  grise,  légèrement 
raéchée  de  gris  plus  clair;  les  flancs  sont  couverts  de  plumes 
d'un  gris  roussatre,  terminées  par  une  bordure  plus  claire  ; 
les  tectrices,  les  pennes  scapulaires,  les  plumes  du  dos,  sont 
également  grises,  mais  d'une  nuance  plus  sombre;  elles  sont 
toutes  extérieurement  bordées  et  terminées  de  nuance  claire; 
le  ventre  est  blanc,  ainsi  que  les  sous-caudales;  le  croupion 
est  noirâtre,  terminé  par  une  bande  blanche  qui  précède  les 
rectrices;  ces  dernières  sont  noires,  ainsi  que  les  grandes  ré- 
miges ;  les  unes  et  les  autres  ont  leurs  extrémités  brunâtres; 
les  pattes  sont  gris  de  plomb,  passant  un  peu  au  brun. 

Dans  cette  espèce,  les  deux  sexes  sont  semblables  ;  la  femelle 
est  cependant  un  peu  plus  petite  et  les  nuances  de  son  plu- 
mage sont  moins  vives.  Voici  les  mesures  moyennes  de  ces 
oiseaux  prises  sur  un  mâle  :  0"',96  de  longueur,  i'",74  d'en- 
vergure; longueur  de  l'aile,  0",50;  longueur  de  la  queue, 
0^19. 

Reproduction. 

C'est  généralement  en  mars  et  en  avril  que  la  ponte  a  lieu; 
les  Bernaches  du  Canada  pondent  ordinairement  de  six  à  huit 
œufs,  d'un  blanc  jaunâtre;  ils  mesurent  0'",09  de  longueur 
sur  O^jOBS  de  large;  l'incubation  dure  de  trente  à  trente-trois 
jours,  suivant  les  conditions  atmosphériques. 

La  Bernache  du  Canada  existe  au  Jardin  zoologique  de 
Londres  depuis  1831  ;  M.  P.  L.  Sclater  constate,  dans  son  cata- 
logue des  Anatidœ  (1)  du  15  juin  1880,  que  cet  établisse- 
ment n'avait  pas  encore  obtenu  la  reproduction  de  cette 
espèce.  La  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  obtient  au  con- 
traire annuellement  sa  reproduction. 

(1)  Proceed.  Zool.  5oc.,  Species  of  Anatidœ,  p.  502. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.       143 

N"  5.  Bernicla  HuTCHiNsii  Rich.  (1). 
(G.  Gray,  n°  10579,  Hutchins's  goosc.) 

N"  6.  Bernicla  Leucopareia  Brandt. 
(G.  Gray,  n"  10580.) 

C'est  seulement  comme  mémoire  que  je  mentionne  ces 
deux  numéros  du  catalogue  de  Gray,  car  ils  ne  se  rapportent, 
d'après  l'opinion  de  la  plupart  des  auteurs,  qu'à  des  variétés 
de  l'espèce  qui  précède. 

N"  7.  Bernache  nonnette  (2). 
{Bernicla  leucopsis,  n"  10581.) 

Leucopareia,  sous-genre  d  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Étymologie.  —  Leucopareia,  de  Xsuxôç,  blanc,  irapeta,  àç, 
joue  (oie  à  joues  blanches),  se  rapporte  au  groupe  d'Oies  ou 
de  Bernaches  qu'il  désigne.  —  Leucopsis,  de  Xeuxôç,  blanc, 
o4»i(;,  face,  figure,  visage,  désigne  spécialement  l'espèce  qui 
a  la  face  blanche. 

Synonymie.  —  Anser  leucopsis  Bechst.  —  Anas  ery- 
thropus  Linn.  —  Anser  erythropus  Gmel.  —  Bernache 
nonnette  Degland  et  Gerbe.  —  Anser  bernicla  Leach.  — 
Bernicla  leucopsis  Boie.  — Bernicla  erythropus  Steph. — 
Bernicla  Briss  {Bernicle  goose). 

La  Bernache  Leucopsis  désignée  par  Belon  sous  le  nom  de 
Nonnette,  à  cause  de  son  plumage  agréablement  coupé  de 
blanc  et  de  noir,  habite  les  contrées  les  plus  froides  des  deux 
continents;  on  ne  la  rencontre  dans  les  différentes  contrées 
de  l'Europe  tempérée  que  comme  oiseau  de  passage  en  no- 
vembre, décembre  et  janvier;  pendant  les  hivers  rigoureux, 


(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  Species  of  Anatidte,  p.  502. —  Proceed.  Zool. 
Soc,  18(iO,  p.  418;  —1868,  p.  211. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  477  :  —   1860,  p.  341,  183;  —  1863, 
p.  323;  -  1880,  p.  317,  500,  501. 


1M 


SOCIÉTÉ    NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 


elle  descend  quelquefois  dans  les  départements  du  nord  de  la 
France,  mais  on  ne  la  voit  que  très  rarement  dans  ceux  du 
Centre  et  du  Midi,  A  l'état  sauvage,  ce  Palmipède  ne  se  repro- 
duit que  dans  les  régions  les  plus  reculées  et  les  plus  froides; 
ses  mœurs  ont  été  longtemps  ignorées,  ce  qui  avait  favorisé 
les  contes  qui  s'étaient  accrédités  sur  son  origine  mystérieuse. 
D'après  les  uns,  il  naissait  spontanément  dans  certains  co- 


Bernache  nonnelte  (Bernicla  leucopsis). 


ri  ai  m 


quillages;  d'après  les  autres ,  c'est  dans  les  bois  pourris 
des  vieux  navires  qu'il  prenait  le  jour. 

Les  Hollandais,  dans  une  navigation  au  80'  degré,  furent, 
d'après  M.  de  Buffon,  les  premiers  qui  découvrirent  leurs 
nids. 

A  l'état  domestique,  la  Bernache  nonnette  s'apprivoise 
facilement  et  se  reproduit  lorsqu'elle  se  trouve  dans  des  con- 
ditions favorables;  elle  est  non  seulement  un  oiseau  d'orne- 
ment des  plus  gracieux,  mais  elle  est  encore  très  recherchée 
pour  la  délicatesse  de  sa  chair. 


SUR    LES    PALMIPÈDES   LA.MELLIROSTRES.  145 

Description. 

La  Bernaclie  nonnette  a  le  bec  noir  h  onglet  noir,  l'œil  brun 
foncé,  le  front,  la  gorge  et  les  joues  d'un  blanc  plus  ou  moins 
pur,  suivant  l'âge  et  les  sujets.  Dans  cette  espèce,  les  lorums 
sont  noirs  suivis  d'un  trait  noir  arrivant  à  l'œil  et  tranchant 
sur  la  couleur  blanche  ;  le  verlex,  le  sinciput,la  nuque,  le  cou 
et  le  haut  de  la  poitrine  sont  noirs;  les  plumes  du  dos,  les 
pennes  scapulaires,  les  couvertures  des  ailes,  petites,  moyennes 
et  grandes,  sont  d'un  gris  cendré,  terminées  de  blanc  rous- 
sâtre,  avec  une  bande  sombre  vers  l'extrémité;  le  croupion 
est  blanc,  ainsi  que  les  plumes  du  dessus  et  du  dessous  de  la 
queue;  le  ventre  est  blanc;  les  flancs  sont  gris,  ondes  de 
teintes  plus  claires;  les  grandes  rémiges  et  les  rectrices  soni 
noires  ;  les  pattes  enfin  sont  d'un  noir  plus  ou  moins  pur.  Cet 
oiseau  mesure  d'ordinaire  0'", 67  de  longueur;  son  aile  a  0"", 39; 
sa  queue,  O^jlS. 

Reproduction. 

La  Bernache  leucopsis  se  reproduit  en  captivité  ;  elle  pond 
de  six  à  dix  œufs  blanchâtres  qui  mesurent  ordinairement 
de  0'",08  au  grand  diamètre  et0'",05  au  petit  diamètre.  L'in- 
cubation dure  de  trente  à  trente-trois  jours  environ.  Dans  ses 
notices  sur  les  métis  d'Anatidés,  M.  de  Sélys  Longchamps 
signale  des  cas  d'hybridité  par  l'accouplement  de  cette  espèce 
avec  la  Bernache  du  Canada  et  les  Oies  cendrées  et  à  front 
blanc. M.  le  directeur  du  Jardin  zoologique  d'Anvers  a  souvent 
obtenu  la  reproduction  de  ce  Palmipède,  qui  pond  le  plus  sou- 
vent six  œufs.  La  Bernache  leurcopsis  figure  sur  les  listes  du 
Jardin  zoologique  de  Londres  depuis  1833;  elle  s'y  est  repro- 
duite pour  la  première  fois  le  ^3  mai  1848. 


■i*  SÉRIE,  T.  III  —  Mars  1886.  10 


J4r6  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D'aCCLIMATATION. 

N"  8.  Bernache  de  Sandwich  (1). 
[Bernicla  Sandivichensis  G.  G.  n»  10582.) 

Suite  du  sous-genre  Leucopareia. 

Étymologie.  —  L'étymologie  de  Leucopareia  est  déjà  don- 
née au  numéro  qui  précède.  La  désignation  Sandivichensis 
indique  que  cette  Bernache  se  trouve  plus  particulièrement 
aux  îles  Sandwich. 

Synonymie.  —  Leucopareia  Sandivichensis  Yig.  —  Leu- 
copareia Hatvaiiensis  Eyd.  et  Soûl.  —  Chloëphaga  Sandwi- 
chensis.  —  Bernicla  Sanclwichensis  Jard.  et  Selb.  (Sand- 
wich-Island  goose). 

Cette  Bernache  est  originaire  des  îles  Sandwich.  M.  Vigors 
détermina,  le  premier,  cette  espèce  d'après  un  couple  de  ces 
oiseaux  qui  vivaient  dans  les  jardins  de  la  Société  zoologique 
de  Londres;  ils  avaient  été  offerts  par  lady  Glengall  (2) 
en  1832.  En  1834,  lord  Derby  en  reçut  aussi  une  paire  à 
Knowsley  (3),  où  ils  se  reproduisirent  ainsi  que  dans  les 
Jardins  zoologiques  de  la  Société  ;  depuis  cette  époque,  la 
reproduction  de  cet  oiseau  a  été  souvent  obtenue  en  Angle- 
terre et  en  France. 

Description. 

Dans  cette  espèce,  le  bec  est  de  couleur  noire,  à  onglet  noir; 
l'œil  est  brun  foncé  ;  la  face,  jusqu'à  l'articulation  de  la  man- 
dibule inférieure,  la  gorge  ainsi  que  le  dessus  de  la  tête  sont 
de  couleur  noire  ;  la  nuance  noire  du  crâne  se  prolonge  en 
diminuant  progressivement  de  largeur  sur  toute  la  partie  su- 
périeure du  cou  et  forme  en  quelque  sorte  l'appendice  de 
la  coiffure.  Au  plumage  noir  du  masque  et  à  partir  de  la 
région  de  l'oreille,  succède  brusquement  une  nuance  brun 
roussâtre,  qui  vient  elle-même  se  fondre  dans  la  teinte  fauve 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  206;  —  1875,  p.  488;  —  1880,  p.  504,  535. 

(2)  Ibid.,   1833,  p.  63  et  Rep.  du  cons.,  1883,  p.  13. 

(3)  Ibid.,   1834,  p.  41. 


SUK    LES    PALMIPEDES    LAMELLIROSTRES. 


147 


du  cou  ;  le  plumage  de  ce  dernier  présente  cette  particula- 
rité qu'il  est  divisé  par  de  nombreuses  incisions  verticales 
qui  laissent  apparaître  la  couleur  suie  du  duvet  inférieur. 
La  base  du  cou  est  brune  et  tranche  avec  la  couleur  fauve  qui 
précède  pour  se  fondre  ensuite  avec  la  teinte  gris  foncé  légè- 
rement roussâtre  qui  recouvre  la  poitrine.  Les  plumes  grises 


Bernache  de  Sandwich  (BernicZa  Sandivichensis). 

du  dos  et  des  ailes  sont  bordées  de  gris  plus  clair,  ce  qui  leur 
donne  l'aspect  de  larges  écailles  ou  de  contours  nuageux  mal 
fondus;  les  rémiges  secondaires  sont  gris  foncé,  les  grandes 
rémiges  gris  noirâtre;  le  croupion  est  gris  noir  terminé  par 
un  peu  de  blanc  à  la  naissance  des  rectrices,  qui  sont  de  cou- 
leur noire  ;  le  ventre  est  blanc  ;  les  cuisses  sont  grises  avec  un 
peu  de  noir  au-dessus  de  l'articulation  des  tarses,  elles  sont 
recouvertes  par  des  plumes  de  môme  teinte  et  de  même 
disposition  que  celles  du  dos,  mais  plus  grandes  ;  les  pattes 
sont  gris  foncé,  légèrement  roussâtre. 


148  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

Les  deux  sexes  sont  semblables  ;  cependant,  avec  un  examen 
attentif,  on  remarque  que  le  mâle  a  le  cou  légèrement  plus 
long  et  que  ses  allures,  sans  être  agressives,  sont  plus  har- 
dies. Une  sorte  de  frisson  ou  de  frémissement  particulier  par- 
court par  moments  le  plumage  de  son  cou,  chose  qui  n'arrive 
pas  chez  la  femelle.  Il  mesure  0"',65  de  long  ;  son  aile  a  0"',31  ; 
sa  queue,  0'^,16;  son  bec,  du  front  à  la  pointe,  0"",040  ;  son 
tarse,  0'",015. 

Reproduction. 

La  Bernache  de  Sandwich  est  une  des  espèces  qui  sont  le 
mieux  acclimatées.  On  peut  espérer  arriver  dans  peu  de 
lemps  à  sa  domestication  complète.  Douée  d'un  caractère  plus 
sociable  que  ses  congénères,  elle  résiste  parfaitement  aux 
hivers  rigoureux  et  sa  reproduction  est  assurée  à  la  condition 
de  lui  procurer  des  pacages  abondants  ou  tout  au  moins  de  la 
verdure  en  quantité  suffisante.  La  ponte  a  généralement  lieu 
vers  la  fin  de  mars;  le  nombre  d'œufs  varie  entre  six  et  huit; 
ils  sont  de  couleur  blanche  et  mesurent  0"',08  de  long  sur 
0™,05  de  large. 

D'après  les  comptes  rendus  faits  à  la  Société  d'Acclimata- 
tion par  M.  Huel,  aide-naturaliste  chargé  de  la  ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  les  éclosions  de  cette 
espèce  ont  eu  lieu,  en  1881,  le  20  mai  (1);  en  1882,  le 
19  avril;  en  1883  (2),  les  16  mars  et  15  avril;  d'après  les 
notes  d'observations  prises  au  Jardin  de  la  Société  zoologique 
de  Londres  (3),  de  1835  à  ce  jour,  les  éclosions  ont  varié  du 
21  mars  au  30  mai,  mais  elles  ont  eu  lieu  plus  généralement 
en  avril.  En  rapprochant  ces  observations  de  celles  qui  ont  été 
faites  par  d'autres  observateurs,  on  peut  conclure  que  les 
Bernaches  de  Sandwichpon  dent  généralement  du  1"  février 
au  5  avril,  suivant  les  variations  atmosphériques  et  les  con- 
ditions favorables  où  elles  se  trouvent.  Le  Jardin  zoologique 

(1)  Bulletin  de  la  Société  d'Acclimatation,  1882,  p.  553. 

(2)  Ibid.,  1883,  p.  325. 

(3J  List  of  the  certainly  knoivn  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  504,  505, 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        14-9 

de  la  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  obtient  régulière- 
ment la  reproduction  de  cette  Bernache. 

N°  9.  Bernache  a  cou  roux. 
{Bernicla  nificollis  G.  G.  (1),  n"  10583.) 

Ru/ibrenta,  sous-genre  e  du  calalog-iie  de  G-  Gray. 

Étymologie.  —  Rufibrenta,  mot  hybride,  de  rufus,  roux, 
et  de  ppévToç,  ou,  oie  (oie  rousse). 

Ruficullis,  de  rufus,  roux,  collum,  cou,  désigne  l'espèce 
qui  a  le  cou  roux. 

Synonymie.  —  Anser  ruficollis  Pall.  — Anas  torquata 
Gm.  —  Bernicla  ruficollis  Boié.  —  Rufibrenta  ruficollis 
B.  P. — Anas  ruficollis  et  torquata,  Gmel.  (Red-Breasted 
fjoose). 

La  Bernache  a  cou  roux  est  originaire  du  nord-ouest  de 
i'Asie;  elle  est  commune  sur  les  bords  de  la  mer  Caspienne 
■et  s'avance  dans  ses  migrations  jusqu'à  la  mer  Noire.  Quel- 
ques individus  de  cette  espèce  ont  été  tués  accidentellement, 
en  France  et  en  Angleterre,  pendant  les  hivers  très  rigoureux. 
Temminckdit  que  ces  oiseaux  nichent  dans  les  contrées  du 
nord  de  la  Russie,  sur  les  bords  de  la  mer  Glaciale  et  à  l'em- 
bouchure des  fleuves  Obi  et  Lena. 

Description. 

Bec  brun  à  onglet  noir;  œil  brun  jaunâtre  à  paupières 
noires;  dessus  de  la  tète  et  dessus  du  cou  d'un  noir  profond, 
avec  un  peu  de  blanc  au  front,  en  arrière  des  yeux  et  entre 
ces  derniers  et  le  bec  ;  gorge  noire  avec  une  sorte  de  pointe 
de  même  couleur  qui  descend  de  chaque  côté  du  cou  jusqu'à 
la  moitié  de  sa  longueur.  Le  noir  de  la  nuque  est  séparé  de  la 
bande  noire  dont  je  viens  de  parler  par  un  peu  de  blanc 
qui  s'étend  de  la  tempe  jusqu'à  la  partie  inférieure  du  cou. 
Le  devant  du  cou  et  sa  base  sont  d'un  beau  roux,  ainsi  que  le 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,   I8G3,  p.  323;  —  1877,  p.  806;  —  1880,  p.  502 


150 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


sommet  de  la  poitrine.  A  la  teinte  rousse  succède  une  sorte 
de  ceinture  blanche  qui  retourne  jusqu'au  dos  ;  les  flancs  et 
le  haut  de  l'abdomen  sont  noirs;  les  côtés  du  croupion  et  les 
plumes  qui  précèdent  les  rectrices  sont  blanches,  de  même 
que  le  bas-ventre  et  les  sous-caudales  ;  les  ailes  sont  noires, 
avec  bordures  blanchâtres  à l'exliémité  des  rectrices  ;  les  rec- 
trices sont  noires,  ainsi  que  les  pattes. 


^^_Hy\Oj)UKE 


Bernache  à  cou  roux  (Bernicla  ruficoUis). 


Longueur  totale  de  l'oiseau,  0"',59  environ  ;  son  aile  me- 
sure O"',.^^;  sa  queue,  0"\16;  son  bec,  0™,035;  son  tarse, 
0™,055. 

Reproduction. 

La  Bernache  ruficolUs  se  reproduit  dans  les  régions  bo- 
réales; ses  œufs  sont  blanchâtres  et  mesurent  0"',07  au  grand 
diamètre  et  0"\04G  au  petit  diamètre. 

En  1853,  le  Jardin  zoologique  de  Londres  reçut  en  échange 
une  femelle  de  Bernache  à  cou  roux;  elle  vécut  plusieurs  an- 


SUR    LES   PALMIPÈDES   LÂMELLIROSTRES.  151 

nées  en  compagnie  d'un  mâle  de  Bernache  cravant,  mais  ne 
reproduisit  pas  (1). 

La  Société  royale  de  zoologie  d'Anvers  ne  possède  pas  cette 
espèce,  mais  elle  existe  au  Jardin  zoologique  d'Amsterdam. 
M.  le  directeur  de  cet  établissement  a  bien  voulu  m'informer 
que  ces  oiseaux  avaient  été  capturés  il  y  a  deux  ans,  à  la  suite 
d'une  tempête  du  nord-est,  à  l'île  Texel  (Hollande). 


N"  10.  Bernache  aux  ailes  bleues. 
{Bernicla  cyanoptera  (i),  n°  10584.) 

Cijanoclien,  sous-genro  f  du  catalogue  do  G.  Gray. 

Élymolocjie.  —  Cyanochen,  de  /.uavoc,  ou,  bleu  ;  x'qv^  '/jvoç, 
oie  (oie  à  plumage  bleu). 

Cyanoptera,  de  /.ûavoç,  bleu,  et  de  i^Tspôv  ,  plume,  aile, 
indique  que  l'espèce  qu'il  désigne  a  les  ailes  bleues. 

Synonymie.  —  Cyanochen  cyanoptera  Rupp.  —  Bernicla 
cyanoptera  Rupp.  {Blue-Winget  goose). 

Les  Bernaches  aux  ailes  bleues  ont  été  découvertes  par  le 
voyageur  Riippel.  Il  existe  deux  spécim.ens  de  cette  espèce 
dans  les  galeries  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris.  Je 
n'ai  pu  me  procurer  de  renseignements  exacts  sur  l'époque 
de  leur  introduction  en  Angleterre  et  en  France.  En  1(S80, 
celte  belle  espèce  de  Bernache  n'existait  pas  encore  au  Jardin 
zoologique  de  Londres;  cependant,  à  cette  époque,  M.  Cor- 
nély  disait  qu'il  espérait  recevoir  prochainement  des  oiseaux 
de  cette  espèce  de  la  Nubie  supérieure. 

Descriidlon. 

Bec  brun  noirâtre;  dessus  de  la  tôte  brun  clair;  face  et 
gorge  blanchâtres  ;  plumes  des  parties  supérieures  du  cou  de 
couleur  brune  tirant  sur  le  grisâtre  ;  dos  couvert  d'ondula- 
tions roussâtres,  formées  par  la  bordure  des  plumes,  qui  est 

(1)  Lisl  of  the  certainhi  biown  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  502. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool'.  Soc,  1880,  !>.  40i,  531-. 


152 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 


de  nuance  plus  claire  ;  plumage  des  parties  inférieures  de 
nuance  plus  claire,  tirant  sur  le  gris  jaunâtre  tacheté  de  brun, 
passant  au  blanchâtre  vers  la  gorge  et  au  blanc  pur  sur  les 
sous-caudales  ;  petites   et  moyennes  couvertures  des  ailes 


Bernache  aux  ailes  bleues  (Bernida  cyanoptera). 


d'un  gris  bleu  cendré;  pennes  secondaires  noires  glacées  de 
vert  métallique;  grandes  rémiges  et  rectrices  d'un  brun  noir 
mat;  pattes  brunes,  cf  Cet  oiseau  mesure  0",70  de  long  ;  ses 
ailes,  0'",39;  sa  queue,  O",^;  son  bec,  0'",04  ;  et  son  tarse, 
0™,07. 

Reproduction. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  d'obtenir  le  moindre  renseigne- 
ment sur  la  reproduction  de  cette  espèce,  qui  n'existe  pas 
dans  les  jardins  zoologiques. 


SUR   LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  153 

N°i'l.   BeRNACHE   ANTARCTIQUE, 
(Beniicla  antarctica  (1)  G.  G.,  n°  10585.) 

Tœnidiestes,  sous-genrc  g  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elymologie. — Tœnidiestes,  nom  proposé  par  Reichenbach, 
vient  de  iratvîa,  bandelette,  et  de  âtsGTTjXwç,  séparé,  par  allu- 
sion aux  bandelettes  distinctes  qui  se  trouvent  dessinées  sur 
le  plumage  de  la  Bernache  antarctique  Ç.  —  Antarctica,  de 
àvTÎ,  contre,  àpxTiicô;,  nord,  qui  est  opposé  au  pôle  arctique, 
c'est-à-dire  qui  est  au  sud. 

Synonymie.  —  Anas  antarctica  Gmel.  —  Bernicla  an- 
tarctica Sleph.  Gould.  —  Tœnidiestes  antarctica  Baunister. 

—  Anas  hybrida  Molina.  —  Anas  Magellanicus  Sparrm.  — 
Tœnidiestes  candidus  {Antarctic  rjoose  Forster,  Kelp  goosé). 

La  Bernache  antarctique  est  originaire  de  l'Amérique  du 
Sud.  M.  l'abbé  Molina  désigne  cette  espèce  sous  le  nom 
à' Anas  hybrida,  qui  peut  avoir  la  priorité  sur  celui  à' Anas 
antarcticay  généralement  admis;  mais  MM.  Sclater  {^)  et 
Salvin,  tout  en  reconnaissant  que  le  nom  proposé  par  M.. Mo- 
lina peut  être  le  plus  ancien,  trouvent  qu'il  est  peu  approprié 
à  l'espèce  ;  ils  sont  d'avis  que  l'on  doit  bien  se  garder  de 
changer  une  dénomination  aussi  bien  établie  que  celle  à'an- 
tarctica.  Forster  a  remarqué  cette  espèce  dans  la  ^Terre  de 
Feu,  où  elle  a  été  observée  depuis  par  tous  les  voyageurs  qui 
ont  écrit  sur  les  Oiseaux  de  ce  pays,  notamment  par  Darwin, 
qui  l'a  aussi  rencontrée  dans  les  îles  Falkland  et  sur  la  côte 
occidentale  de  l'Amérique  du  Sud,  en  remontant  vers  le  nord 
jusqu'à  l'île  Chiloé.  La  Bernache  antarctique  vit  exclusive- 
ment sur  les  parties  rocheuses  du  bord  de  la  mer,  ce  qui  lui 
fait  donner  par  les  marins  le  nom  de  Rock-goose  (Oie  des 
rochers). 

Darwin  raconte  que,  dans  les  détroits  retirés  de  la  Terre  de 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc  ,  1857,  p.  128;  —  1859,  p.  477;  —  1860,  p.  388; 

—  1867,  p.  320,  334,  339;  —  1872,  p.  36G;  —  1879,  p.  310:  -  1880,  p.  504;  — 
1881,  p.  13. 

(2)  Ibid.,   1876,  t.  II,  p.  ,308-369. 


154 


SOCIETE   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 


Feu,  le  mâle,  blanc  comme  la  neige,  invariablement  suivi  de 
sa  compagne  aux  couleurs  plus  sombres,  qui  se  tient  à  ses 
côtés  sur  le  sommet  d'une  roche  lointaine,  forme  un  trait 
caractéristique  du  paysage  de  ce  pays. 

Philippi  et  Landbeck  disent  que  cette  espèce  se  trouve  éga- 
lement sur  les  côtes  occidentales,  et  ajoutent  qu'on  la  ren- 


Bcrnaclie  antarctique  [Bernicla  antarclica). 

contre  parfois  jusqu'à  Valdivia.  Les  observations  les  plus  ré- 
centes de  Burmeisler  établissent  que  ses  migrations  vers  le 
nord  ne  s'étendent  pas  au  delà  de  la  baie  de  Santa-Cruz,  où 
elle  séjourne  pendant  l'hiver. 

Un  seul  spécimen  de  cette  espèce  fut  importé  en  Angleterre 
en  1868.  Jusqu'en  1870,  les  efforts  que  l'on  avait  faits  pour 
l'introduire  dans  les  jardins  zoologiques  de  Londres  avaient 
eu  peu  de  succès;  un  seul  de  ces  oiseaux  put  arriver  vivant 
en  187-2(1). 

(1)  See  Rev.  List  of  vert.,  187'2,  p.  24."> 


SUR    LES   PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  155 

Description. 

Le  mâle  est  blanc  ;  il  a  le  bec  noir  et  les  pattes  jaunes;  il  a 
environ  0™, 61  de  long;  ses  ailes  mesurent  0"',38;  sa  queue, 
0"',13;  son  bec,  0™,043  ;  ses  tarses,  0'",076  ;  son  doigt  médian, 
Y  compris  l'ongle,  0'",088. 

La  femelle  est  de  couleur  brun  noirâtre;  elle  a  le  vertex  et 
la  nuque  de  couleur  brune  ;  le  front,  les  côtés  de  la  tête  et  le 
cou,  de  même  nuance,  vermiculés  de  blanc;  la  partie  posté- 
rieure du  dos,  le  croupion  et  la  queue,  blancs  ;  les  rémiges 
primaires,  noires;  les  pennes  secondaires,  les  petites  couver- 
tures des  ailes  ainsi  que  les  plumes  subalaires,  blanches;  les 
grandes  tectrices,  extérieurement  terminées  par  une  teinte 
verte  formant  le  miroir  de  l'aile  ;  le  dessous  de  la  poitrine, 
les  flancs,  ainsi  que  la  partie  supérieure  du  ventre,  sont  dis- 
tinctement traversés  de  rayures  ou  bandelettes  blanches;  le 
fond  du  ventre  est  blanc,  ainsi  que  le  tour  de  l'anus. 

La  longueur  totale  de  la  femelle  est  d'environ  0'",61  ;  ses 
ailes  mesurent  0'",35;  sa  queue,  0'",13;  son  bec,  0'",043;  ses 
tarses,  0"',067;  son  doigt  médian,  0"',08. 

Rejjyoduction. 

Il  ne  m'a  pas  été  possible  de  me  procurer  des  renseigne- 
ments sur  la  reproduction  de  ces  oiseaux. 

N°  12.  Bernache  DE  Magellan. 
{Bernicla  Magellanica  (1),  n°  10586.) 

Chloëphaga,  sous-genre  h  du  catalogue  de  G.  Gray. 

Elymologie.  —  Chloëphaga,  de  y}^ôfi^  herbe,  et  cj^aye^v, 
manger,  indique  que  les  Bernaches  dont  les  noms  vont  suivre 
sont  essentiellement  herbivores.  Le  mot  Magellanica.,  qui 
caractérise  l'espèce,  indique  que  celte  dernière  est  originaire 
du  détroit  de  ce  nom. 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.    Soc,  1867,  p.  339;  —  1872,  n.  306,  549;  —  1875, 
p.  488. 


156  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMÂTATION. 

Synonymie.  —  Oie  des  terres  MagellaniquesBuff.  —  Anas 
Magellanica  Gm.   —   Anser  pictus  et  Mcujellanicus  Vieill. 

—  Chloëphaga  Magellanica  Eyton.  —  Bernicla  Magellanica 
Gay.  —  Anas  picta  Gm.  —  Anas  leucoptera  Gm.  —  Anser 
leucopterus  Vieill.  —  Bernicla  leucoptera  Less.  (Painted 
Duck  Cook.  —  Upland  goose). 

La  Bernache  de  Magellan  (l)  est  originaire  du  détroit  de 
ce  nom  ;  elle  habite  aussi  les  îles  Falkland  et  l'île  Staaten. 

D'après  Darwin,  cet  oiseau  est  commun  à  la  Terre  de  Feu 
et  aux  îles  Falkland  ;  il  y  vit  dans  l'intérieur  des  terres  par 
couples  ou  par  petits  troupeaux,  s'approche  rarement  de  la 
mer,  fait  son  nid  dans  les  îlots  et  se  nourrit  presque  entière- 
ment de  végétaux.  Les  marins  lui  donnent  le  nom  d'Oie  des 
hautes  terres. 

Le  capitaine  Abbott  et  quelques  autres  voyageurs  disent 
que  celte  espèce  est  commune  dans  les  îles  Falkland  ;  mais, 
contrairement  à  l'opinion  de  Darwin,  Abbott  prétend  qu'elle 
se  reproduit  dans  tout  le  pays  aussi  bien  que  dans  les  îlots 
voisins.  La  Bernache  de  Magellan  a  été  introduite  au  Jardin 
zoologique  de  Londres  en  1857.  C'est  le  gouverneur  Moore  (2) 
qui  envoya  le  premier  couple  des  îles  Falkland.  Un  second 
couple  de  ces  oiseaux  fut  reçu  en  1861  ;  ils  se  reproduisirent 
pour  la  première  fois  en  1863;  depuis  cette  époque,  cette 
espèce  s'est  reproduite  assez  régulièrement.  Le  mâle  et  la 
femelle  présentent  des  caractères  tellement  distincts,  que  l'on 
pourrait  croire  à  première  vue  que  chaque  sexe  est  une  es- 
pèce différente.  Le  plumage  du  mâle  est  blanchâtre  et  celui 
de  la  femelle  est  au  contraire  brunâtre  ;  le  mâle  a  les  pattes 
d'un  gris  noirâtre  et  la  femelle  les  a  jaunes. 

MM.  SclateretSalvin  (3)  disent  que  la  variété  chilienne  de 
cette  Oie  a  été  décrite  par  Philippi  et  Landbeck  sous  le  nom 
de  Bernicla  dispar.  La  principale,  et  même  la  seule  distinc- 

(1)  Sclat.,  Pioceed.  Zool.    Soc,  1857.  p.  128;  —  1858,  p.  289;—  1860, 
p.  387. 

Gould,  Pioceed.  Zool.  Soc,  1859,  p.  96  ;  —  Sclat.  et  Salv.,  Ibis,  1868,  p.  189  ; 

—  1870,  p.  500. 

(2)  List  of  tke  cerlainli/  known  species,  1880,  p.  502,  503. 

(3)  Proceed.  Zool.  Soc,  1876,  p.  3Gi. 


SUR    LES    PALMIPEDES    LAMELLIROSTRES. 


157 


lion  que  l'on  puisse  faire  pour  celte  variété,  c'est  que  le  mâle 
est  rayé  de  bandes  noires  dans  tout  le  dessous  du  corps  ;  mais 
ils  ne  considèrent  pas  ce  caractère  comme  absolument  suffi- 
sant pour  séparer  les  deux  variétés. 

Description. 
Le  mâle  a  le  bec  noir,  la  tête  et  la  partie  supérieure  du  cou 


Bernaclie  de  Magellan  {Bernicla  Magellanica). 

de  couleur  blanche;  chez  quelques  sujets,  le  dessus  du  crâne 
et  le  tour  de  l'oreille  sont  légèrement  ombrés  de  gris  très 
clair;  l'œil  est  d'un  noir  de  jais  ;  vers  le  milieu  du  cou  appa- 
raissent de  petites  rayures  transversales  de  couleur  noire,  qui 
tranchent  sur  le  fond  blanc  et  qui  s'accentuent  progressive- 
ment en  allant  vers  la  poitrine,  où  elles  deviennent  de  plus 
en  plus  larges.  Ces  rayures  ou  bandelettes,  disposées  en  forme 
d'écaillés,  se  manifestent  sur  l'ensemble  du  plumage  jusqu'à 
la  naissance  des  ailes  ;  les  cuisses  sont  également  recouvertes 
déplumes  plus  grandes  et  plus  fortement  rayées  de  blanc  et 


158  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aGCLIMATATION. 

de  noir  ;  la  poitrine  et  la  partie  antérieure  du  dessous  du  corps 
sont  aussi  rayées  de  noir;  les  plumes  du  manteau  sont  grises  ; 
celles  qui  le  précèdent  sont  bordées  de  gris  foncé  et  de  blanc; 
les  rémiges  secondaires  sont  blanches  ;  le  miroir  de  l'aile  est 
apparent,  à  reflets  vert  bronzé  ;  les  grandes  rémiges  sont 
noires  ;  les  plumes  de  l'abdomen,  ainsi  que  celles  du  dessous 
de  la  queue,  sont  blanches;  la  partie  postérieure  du  dos  est 
blanche  ;  les  rectrjces  sont  noires  ;  les  ailes  sont  armées  d'une 
sorte  d'éperon  arrondi,  de  la  grosseur  d'un  petit  pois,  placé 
près  de  l'articulation  du  fouet;  les  pattes  sont  de  couleur 
noir  grisâtre.  La  longueur  totale  du  mâle  est  d'environ  0"°, 66  ; 
ses  ailes  mesurent  O^jM;  sa  queue,  0'",14;  son  bec,  O^jO^; 
ses  tarses,  0'",10;  son  doigt  médian  avec  l'ongle,  0"',08. 

Le  plumage  de  la  femelle  présente  les  mêmes  dispositions 
que  celui  du  mâle  ;  mais  les  rayures  sont  noires  sur  une  teinte 
brun  fauve,  qui  elle-même  passe  entièrement  au  blanc  sur 
les  plumes  des  couvertures  des  cuisses,  en  tout  semblables  à 
celles  du  mâle  ;  le  bec  est  noir  ;  le  cou,  marron  ;  l'abdomen  est 
rayé  ou  grivelé  de  noir  et  de  blanc,  d'une  teinte  plus  foncée 
que  celle  du  mâle  ;  les  grandes  rémiges  sont  noirâtres  ;  les 
plumes  du  manteau  sont  d'un  gris  légèrement  fauve,  et  les 
rémiges  secondaires,  blanches;  le  miroir  des  ailes  est  vert 
cuivré  ;  le  croupion  est  noir,  ainsi  que  les  rectrices  ;  l'œil  est 
noir;  les  pattes  sont  d'un  beau  jaune,  il  est  à  remarquer  que 
les  plumes  grises  qui  précèdent  celles  du  manteau  sont  rayées 
de  noir  et  bordées  de  fauve.  La  femelle  a  une  longueur  totale 
d'environ  0™,66  ;  ses  ailes  ont  0'",405;  sa  queue,  0'",139  ;  son 
bec,  0'",04;  ses  tarses,  O-^jOS;  son  doigt  médian  avec  l'ongle, 
0'",076. 

Reproduction. 

Les  Bernaches  de  Magellan  se  sont  reproduites  dans  presque 
tous  les  jardins  zoologiques  d'Europe,  au  Jardin  zoologique 
de  Londres,  au  Koninklijk  Genootschap  d'Amsterdam,  au 
.lardin  zoologique  d'Anvers,  à  la  ménagerie  du  Muséum  d'his- 
toire naturelle  de  Paris.  M.  Courtois,  membre  de  notre  So- 
ciété, a  aussi  obtenu  sa  reproduction. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAME  LLIROSTRES.  159 

Ces  oiseaux  nichent  et  pondent,  vers  la  fin  de  mars,  de 
trois  à  huit  œufs  de  couleur  blanc  jaunâtre,  qui  mesurent 
ordinairement  O^jOO  de  long  sur  0'",055  de  large  ;  la  femelle 
couve  elle-même  ses  œufs,  dont  l'incubation  dure  de  trente  à 
trente-trois  jours. 


N"  lo.  Bernache  de  Magellan,  variété  chilienne. 
(Bernicla  diapar  (1)  G.  G.,  n"  10587). 

Étymologie.  — Le  mot  latin  dlspar,  différent,  qui  désigne 
cette  variété  ou  espèce,  a  probablement  été  choisi  pour  indi- 
quer qu'elle  diffère  en  quelques  points  de  l'espèce  qui  pré- 
cède. 

Synonymie.  —  Bernicla  Magellanica  Cassin.  — •  Bernicla 
dispar  (2)  Ph.  et  Landb.  —  Chloëphaga  dispar  (3)  Sclat. 
(ChUian  goose). 

Philippi  et  Landbeck  assurent  que  cette  Oie  se  rencontre 
fréquemment  en  hiver  dans  les  provinces  centrales  du  Chili. 

Burmeister  dit  que  cette  espèce  se  trouve  dans  la  Sierra 
Tinta,  près  de  Tandil,  au  sud  de  Buenos-Ayres. 

En  octobre  1871,  la  Société  zoologique  de  Londres  acheta 
à  M.  Weisshaupt,  avec  d'autres  animaux  chiliens,  un  couple 
de  cette  variété  de  Bernache  de  Magellan;  la  femelle  étant 
morte,  le  raàle  fut  prêté  à  un  correspondant  de  cette  Société, 
qui  obtint  la  reproduction  de  cet  oiseau  avec  une  femelle  de 
Bernache  de  Magellan  ;  les  produits  obtenus  par  ce  croisement 
n'étaient  pas  aussi  fortement  rayés  que  dans  l'espèce  Bernicla 
dispar,  mais  ils  présentaient  aux  extrémités  des  plumes  des 
taches  noires  bien  apparentes.  Les  observateurs  qui  ont  étudié 
comparativement  les  deux  variétés  disent  que  les  femelles  de 
l'une  et  de  l'autre  sont  entièrement  semblables.  Il  existe  à  la 
ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris  un  couple 


(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1880,  p.  503. 

(2)  Burm.,  Proceed.  Zool.  Soc,  1872,  p.  3G6;  —  Sclat., /tis,  1861,  p.  122. 

(3)  Proceed.  Zool.  Soc,  1867,  p.  320,  331.  -  Sclat,  etSalv.,  Proceed.  Zool. 
Soc,  1876,  part.  II,  p.  364.  365  ;  —  1866,  p.  364. 


100  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D' ACCLIMATATION. 

de  Bernicla  cUspar.  M.  Huet,  aide-naturaliste  chargé  de  la 
ménagerie,  espère  que  ces  oiseaux  se  reproduiront  au  prin- 
temps prochain  ;  on  pourra,  si  ses  prévisions  se  réalisent, 
comparer  les  produits  de  cette  espèce  avec  ceux  de  la  Ber- 
nache  de  Magellan  proprement  dite  ;  si  les  mêmes  caractères 
se  perpétuent,  on  pourra  conclure  à  la  distinction  des  deux 
espèces;  dans  le  cas  contraire,  on  devra  reconnaître  que 
B.  dispar  n'est  qu'une  simple  variété  de  B.  Magellanica, 
M.  le  Directeur  du  Jardin  zoologiqiie  d'Anvers  a  bien  voulu 
me  faire  savoir  qu'il  possédait  cette  espèce,  mais  qu'il  n'avait 
pas  encore  obtenu  sa  reproduction. 

N°  14.  Bernicla  inornatâ(I). 
(G.  Gray,  n"  10588.) 

Élymologie.  —  Le  mot  inornatus,  de  in  privatif  et  de 
ornatus,  paré  signifie  :  sans  parure.  Cette  espèce  ressemble 
beaucoup  à  l'espèce  suivante  [B.  poliocephala)  ;  elle  n'en  est 
peut-être  qu'une  variété.  Les  renseignements  qu'il  m'a  été 
permis  de  recueillir  ne  sont  point  assez  précis  pour  pouvoir 
bien  caractériser  l'espèce. 


N"  15.  Bernache  a  tête  grise  (2). 
(Bernicla  poliocephala  G.  G.,  n»  10589.) 

Élymologie. — Poliocephala,  de  icoÀtoç,  gris,  et  xscpaX-^^ 
•?];,  tête,  se  rapporte  à  un  des  principaux  caractères  de  cette 
espèce,  qui  a  la  tête  grisâtre. 

Synonymie. —  Anas  inornatus  $  King  (3).  —  Bernicla 
inornata  Gay  et  Mitch.  —  Chloëphaga  poliocephala  Gray, 
Sclater  (4).  —  Bernicla  poliocephala  Burm  (5).  —  Anas  po- 

(1)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  1858,  p.  289,  290;  —  1860,  p.  387;  -  1872. 
p.  366;  —1880,  p.  503. 

(2)  Ibid,  1860,  p.  212;  -  1872,  p.  549  ;  -  1880,  p.  503;  -  1881,  p.  13. 

(3)  Ibid.,  1830-31,  p.  15. 

(4)  Ibid.,  1857,  p.  128. 

(5)  Ibid.,  1872,  p,  366. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        161 

Uocephalus    Bann.  —  Bernicla  Chiloensis  Vh.  et  Lantlb. 
{Ashy-headed  (joosé). 

D'après  les  notes  publiées  par  MM.  Sclater  et  Salvin  (I),  la 
Bernicla  poliocephala  iiabite  le  détroit  de  Magellan,  Rio- 
Négro,  rîle  Chiloé  et  les  îles  Falkland.  On  a  cru  primitivement 
que  cette  espèce  était  la  femelle  de  l'oiseau  décrit  par  le  ca- 
pitaine King  sous  le  nom  (VAnas  inornalus,  et  dont  Gray  et 
Mitcbeli  ont  donné  une  excellente  figure  dans  l'ouvrage  in- 
titulé Gênera  of  birds. 

Gray  fut  le  premier  qui  découvrit  l'erreur  ;  il  donna  à  cet 
oiseau  un  nom  définitif,  en  laissant  à  Sclater  le  soin  de  décrire 
cette  espèce  et  d'établir  les  distinctions  d'une  manière  évi- 
dente. Le  fait  de  la  ressemblance  des  sexes  dans  cette  espèce 
et  l'espèce  voisine  a  pu  être  constaté  sur  des  oiseaux  vi- 
vants qui  se  sont  reproduits  dans  les  jardins  de  la  Société 
zoologique  de  Londres.  La  Bernache  poliocephala  ne  pa- 
raît pas  être  aussi  commune  dans  l'extrémité  méridionale 
de  l'Amérique  et  dans  les  îles  Falkland,  que  veut  bien  le 
dire  M.  Darwin,  qui  raconte  que  ces  îles  sont  le  lieu  de 
rendez-vous  de  ces  oiseaux,  que  l'on  voit  rôder  sans  cesse 
isolément. 

Le  capitaine  Abbott,  pendant  ses  trois  années  de  séjour 
dans  les  îles  Falkland,  n'a  observé  que  trois  individus  de  cette 
espèce  et  encore  furent-ils  rencontrés  isolément  parmi  des 
troupeaux  d'Oies  des  montagnes  (Bernicla  Magellanica).  Il 
suppose  que  ces  oiseaux  étaient  venus  de  la  côte  de  Patagonie. 
M.  Leconte,  envoyé  aux  îles  Falkland   comme  délégué  de  la 
Société  zoologique  de  Londres,  pour  se  procurer  des  sujets 
vivants,  ne  put  rapporter  quime  seule  peau  de  ce  Palmipède. 
D'après  Burmeister,  cette  Bernache  habite  dans  la  Patagonie, 
où  elle  est  très  commune.  Philippi  et  Landbeck  assurent  que 
la  véritable  patrie  de  cet  oiseau,  qu'ils  désignent  sous  le  nom 
de  Bernicla  chiloensis,  est  l'île  de  Ghiloé,  où  elle  se  reproduit. 
Pendant  l'hiver,  elle  émigré  plus  avant  vers  le  nord  et  on  la 
rencontre  à  Ancud  à  l'état  domestique. 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,  1876,  part.  II,  366,  367. 

i'  SÉRIE,  T.  Iir.  —  Mars  1880.  H 


162  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Description. 

Tête,  cou  et  plumes  du  scapulaire  de  couleur  gris  de  plomb  -^ 
poitrine  et  partie  supérieure  du  dos,  couleur  marron  avec 
plumes  extérieurement  bordées  de  noir;  abdomen,  tectrices 
subalaires,  pli  de  Taile  et  petites  tectrices  blancs;  rémiges 
primaires  noires  ;  rémiges  secondaires  blanches  intérieure- 
ment, tachées  de  brun  sur  les  barbes  externes  des  plumes  ; 
grandes  tectrices  noires  à  reflets  extérieurs  vert  brillant  et 
à  extrémités  blanches;  fond  du  dos  et  queue  noirs;  flancs 
transversalement  rayés  de  blanc  et  de  noir;  région  anale,  cou- 
leur marron;  bec  noir;  pieds  jaunes  à  l'extérieur,  brun, 
noirâtre  à  l'intérieur.  Longueur  totale,  environ  0"\609;  aile, 
0'",342;  queue,  0'",127;  tarse,  Û"\068;  doigt  médian  avec 
ongle,  0'%063.  La  femelle  est  semblable  au  mille. 

Reproduction. 

Cette  Bernache  a  été  introduite  au  Jardin  zoologique  de 
Londres,  en  1833(1);  elle  s'y  est  reproduite  de  1852  à  1869, 
époque  à  laquelle  les  sujets  furent  malheureusement  perdus. 

Les  pontes  avaient  lieu  dans  la  première  quinzaine  d'avril 
et  les  éclosions  du  20  mai  au  9  juin.  M.  Huet,  aide-naturaliste 
chargé  de  la  ménagerie  du  Muséum  d'histoire  naturelle  de 
Paris,  a  reçu  un  couple  de  cette  espèce,  dans  le  courant  de 
1884.  Il  espère  d'autant  plus  obtenir  la  reproduction  pro- 
chaine de  cette  Bernache,  que  les  sujets  qui  lui  ont  été  cédés 
sont  nés  chez  M.  Courtois,  notre  collègue. 

Le  Koniuklijk  zoologisch  yenootschap  d'Amsterdam  et  le 
Jardin  zoologique  d'Anvers  ne  possèdent  pas  cette  Bernache. 

N"  16.  Bernache  a  tète  rougeatre. 
{Bevniclarubldiceps  (2)  G.  G.,  ii"  ]U590.) 

Étymologie.  —  Le  mot  ruhldiceps,  de  ruhidus,  rougebrun,. 

(1)  List  of  the  certainlij  knoivn  species  of  Anatidœ,  1880,  p.  503. 

(2)  Voy.  Proceed.  Zool.  Soc,  ISSU,  p.  503,  504. 


SUR    LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  1 6S 

el  caput,  tête,  indique  que  Toiseau  qu'il  désigne  a  la  tête 
et  une  partie  du  cou  de  cette  couleur. 

Sijno7iymie.  —  Bernicla  inornala  Gray.  —  Chloëphaga 
rubidiceps  Sclat  (1).  —Anser  rubidiceps  Schl.  —  Chloetro- 
phus  riibidiceps  Bann  (Rudd>/-headed  çjoose). 

Cette  espèce  est  connue  aux  îles  Falkland  sous  le  nom 
d'Oie  de  Brent  ;  d'après  le  capitaine  Abbott,  elle  est  moins 
commune  que  les  autres  espèces;  cependant  il  dit  en  avoir 
rencontré  des  troupeaux  considérables  dans  certains  pa- 
rages ;  à  North  Camp  il  en  observa  un  grand  nombre  qui  mar- 
chaient par  couples.  Dans  cette  espèce  le  mâle  est  plus  grand 
que  la  femelle  ;  pendant  que  cette  dernière  construit  son  nid 
parmi  les  buissons,  il  se  tient  sur  le  bord  des  étangs  les  plus 
voisins. 

La  ponte  de  cette  Bernache  a  lieu  dans  les  premiers  jours 
d'octobre  et  se  compose  ordinairement  de  cinq  œufs,  rarement 
de  six  ;  les  petits  acquièrent  toute  la  beauté  de  leur  plumage 
pendant  la  première  année;  on  les  distingue  à  la  couleur  du 
miroir  de  l'aile,  qui  est  terne  au  lieu  d'être  vert  brillant. 

Description. 

Dessous  du  corps,  tête  et  cou  de  couleur  cannelle,  avec 
plumes  de  la  poitrine  et  des  flancs  bordées  de  noir;  anus  en- 
touré d'une  marge  noire  ;  partie  supérieure  de  la  base  du  cou 
de  teinte  grise  parsemée  de  nombreuses  bandes  noires  et 
cannelle  ;  plumes  qui  forment  le  milieu  du  scapulaire  pré- 
sentant une  tache  noire  cà  leur  face  subterminale;  fond  du 
dos,  croupion  et  queue  de  couleur  noire  à  peine  teintée  de 
vert  ;  grandes  rémiges  noires  ;  rémiges  secondaires  et  petites 
couvertures  des  ailes  blanches;  grandes  tectrices  à  reflets 
extérieurs  vert  métallique,  tirant  sur  le  bronze,  terminées  de 
blanc;  bec  noir;  iris  presque  noir;  tarses  jaunes  à  l'exté- 
rieur, noirâtres  à  l'intérieur.  Longueur  totale,  environ  0'",584- 
aile,  0^342;  queue,  0-,li4;  bec,  0™,038;  tarse,  0"\m; 
doigt  médian  avec  l'ongle,  0'",07. 

(I)  Proceed.  Zool.  Soc,  1860,  p.  387;—  J876,  p.  3(i7. 


164  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

Reproduction. 

Celle  espèce  réussit,  dil-ou,  fort  bien  en  captivité;  elle  fut 
introduite  (1)  pour  la  première  fois,  en  1860,  au  Jardin  zoolo- 
gique de  Londres.  Deux  couples  de  ces  oiseaux  furent  reçus 
des  îles  Falkland,  mais  ils  ne  se  reproduisirent  que  de  1865 
à  1870;  à  partir  de  celte  époque  cette  Bernache  fut  perdue 
et  ne  figura  plus  au  Jardin  zoologique.  Les  pontes  avaient 
lieu  en  mars  et  avril  ;  les  éclosions  varièrent  du  30  avril 
au  6  juin,  suivant  les  années. 

Celte  espèce  n'existe  en  ce  moment  ni  à  la  ménagerie  du 
Muséum  d'histoire  naturelle  de  Paris,  ni  au  jardin  zoolo- 
gique d'Amsterdam,  ni  à  celui  d'Anvers. 

N"  17.  Bernache  aux  ailes  noires  (2). 
{Bernicla  melanoptera  G.  G.,  n°  10591.) 

Élymologie.  —  Melanoptera,  de  [xéXaç,  noir,  et  nTspôv, 
aile  (bernache  aux  ailes  noires). 

Synonymie.  —  Anser  melanopterus  Eyton.  —  Bernicla 
melanoptera  Gay.  —  Chloëphaga  melanoptera  Burm  (3).  — 
Oressochen  melanopterufi  Bannister.  —  Anser  motitanus 
Tsch.  —  Anser  anticola  Tsch  {Andean  goose). 

MM.  Sclaler  et  Salvin  (4)  rapportent  les  observations  sui- 
vantes :  cette  belle  Oie  se  trouve  dans  les  hautes  Andes  du 
Pérou  et  de  Bolivie  ;  elle  a  été  observée  sur  le  lac  de  Tilicaca, 
à  Tincla  et  à  Pilumarca,à  une  élévation  de  il  à  14  000  pieds 
anglais,  soit  3355  à  4270  mètres  au-dessus  du  niveau  de  la 
mer,  dans  la  contrée  appelée  par  Tschudi  la  région  Puna  ;  on 
la  trouve  aussi  dans  les  provinces  centrales  du  Chili;  elle 
descend  dans  les  plaines  pendant  l'hiver,  mais  se  retire,  en 
été,  sur  les  hauteurs  des  Cordillères,  sans  dépasser  toutefois 

(1)  Proceed.  Zool.  Soc,   1860;  —  1876,  p.  367. 

(2)  Ibii(.,   1867,  p.  3-20,  331;  —  188^,  p.  153;  —  1874,  p.  55i  ;  —  1880, 
p.  504. 

(3j  Ibid.,  1872,  p.  365. 
(i)  Ibid.,  1876,  p.  363. 


SUR   LES    PALMIPÈDES    LAMELLIROSTRES.  165 

les  limites  où  commencent  les  neiges  perpétuelles.  Celle  es- 
pèce a  été  observée  à  Quintero,  dans  la  province  de  Santiago  ; 
elle  s'y  trouvait  en  si  grand  nombre,  sur  une  petite  surface 
d'eau,  près  du  célèbre  passage  Portillo,  que  cet  endroit  est 
appelé  Valle  de  los  Pinquenes  {Pinquen  désigne  cette  es- 
pèce). On  ne  la  trouve  guère  au  delà  du  35*  degré  de  latitude 
septentrionale. 

Trois  spécimens  de  cette  belle  espèce  ont  vécu  dans  la 
ménagerie  de  la  Société  zoologique  de  Londres,  mais  aucun 
de  ces  oiseaux  ne  semblait  jouir  en  captivité  d'une  aussi  bonne 
santé  que  les  autres  Oies  de  l'Amérique  du  Sud. 

Description. 

Blanche;  rémiges  noires;  pennes  scapulaires  et  queue  d'un 
noir  tirant  sur  le  vert  ;  grandes  tectrices  de  teinte  pourprée 
à  l'extérieur  et  formant  le  miroir  de  l'aile  ;  petites  couver- 
tures des  ailes  blanches;  plumes  du  haut  du  scapulaire  mar- 
quées de  brun,  celles  du  bas  brunes  passant  au  noir  verdûlre. 
L'oiseau  vivant  a  le  bec  couleur  de  chair  à  onglet  noirâtre, 
les  pieds  rouges,  l'iris  de  couleur  sombre.  La  femelle  est 
semblable  au  mâle,  mais  plus  petite.  Le  mâle  mesure  environ 
0"\76  de  long;  son  aile  a  0"\4-4-,  sa  queue,  0"\16;  son  bec, 
0",043;  ses  tarses,  0"\093;  son  doigt  médian,  0"\08. 

Reproduclion. 

Cette  espèce  existe  aux  Jardins  zoologiques  d'Anvers  et  de 
Londres,  mais  ne  s'y  est  pas  encore  reproduite. 

N°   48.    liERNACHE   CANAGICA  (i). 
{Bernicla  canagica  G.  G.,  n°  t0592.) 

Étymologie.— D'après  les  renseignements  que  je  tiens  de 
la  bienveillance  de  M.  Oustalet,  le  mot  canagica  a  été  em- 
ployé par  un  auteur  russe,  Sewaslianoff,  qui  s'en  est  servi 

(1)  Voy.  Proceed  Zool.  Soc,  1880,  p.  501. 


166  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'AGCLIMATATION. 

comme  d'un  nom  spécifique,  en  décrivant  l'espèce  {Anas  ca- 
iiagica)  (1)  ;  plus  tard  ce  nom  a  été  repris  par  Brandt  (2)  ;  il 
semble  n'être  qu'une  forme  latine  modifiée  de  Kamlchatika, 
•qui  indiquerait  que  cette  Bernaclie  a  pour  patrie  le  Kam- 
tchatka; mais  on  ne  saurait  rien  affirmer  sans  avoir  consulté 
préalablement  l'ouvrage  deSewastianoff,  qui  est  très  rare. 

Synonymie.  —  Anser  canagicus  Schwartz.  —  Chloëphaga 
canagica  Elliot.  —  Anas  canagica  Sewaslianoff.  —  Anser 
inclus  Pall.  —  Anser  canagicus  Brandt.  —  Chloëphaga  cana- 
gica Eyton. — Derniela  canagica  (.3)  G.  Gray  {Emperor  goose). 

La  Bernache  canagica  habite  le  nord-est  de  l'Asie  et  le 
nord-ouest  de  l'Amérique,  on  la  rencontre  aux  îles  Aléou- 
tiennes  et  sur  les  côtes  du  Kamtchalka.  Dans  ses  migrations 
elle  arrive  parfois  jusqu'aux  limites  orientales  de  l'Europe. 
M.  E.  Verreaux  (4)  a  reçu,  à  deux  reprises  différentes,  des 
oiseaux  de  cette  espèce,  comme  faisant  partie  du  genre  Oie  ; 
d'autres,  au  contraire,  la  prennent  pour  type  du  sous-genre 
Chloëphaga. 

Description  (5). 

Tête  blanche,  cette  couleur  se  prolongeant  sur  la  nuque  et 
le  haut  du  cou  en  arrière  ;  dessus  du  corps  d'un  gris  bleuâtre; 
couverture  supérieure  des  ailes  de  la  couleur  du  dos,  avec 
une  bordure  blanchâtre  ou  blanche  ;  gorge  noire  tachetée  de 
blanc,  parfois  d'un  noir  sans  taches;  dessous  et  côtés  du  cou 
bruns;  ventre  blanchâtre,  onde  de  cendré;  régions  anale  et 
sous-caudale  d'un  blanc  pur;  rémiges  primaires  brunes; 
rémiges  secondaires  noirâtre  à  racliis  blanc,  avec  une  tache 
et  un  liséré  de  même  couleur  ;  rectrices  blanches  ;  bec  rou- 
geâtre  ou  jaunâtre  en  dessus,  noirâtre  en  dessous,  grisâtre 
sur  les  côtés,  avec  les  onglets  blancs  bordés  de  noir;  pieds 
d'un  brun  roussâtre  pâle  ;  ongles  noirs  ;  iris  bleuâtre.  Taille  (6) , 

(1)  Nova  acta  academiœ  Petropolitensis,  1800,  t.  Xill. 

(2)  Bulletins  de  V Académie  de  Saint-Pélersbourfj,  1836,  (.  I. 

(3)  Gen.  of  Birds,  1844,  t.  III,  p.  607. 

(4)  Degland  et  Gerbe,  p.  40ï!. 

(5)  Description  extraite  de  Degland  et  Gerbe,  p.  492. 

(6)  D'aj)rès  Baird. 


SUR  LES  PALMIPÈDES  LAMELLIROSTRES.        167 

•O'",660  environ;  longueur  de  l'aile,  0'",390;  longueur  de  la 
queue,  0'",liO;  longueur  du  bec,0"',04'0;  longueur  du  tarse, 

O'",075. 

Reproduction. 

Je  n'ai  pu  me  procurer  de  renseignements  précis  sur  la 
reproduction  de  la  llernaclie  canarjica.  Celle  espèce  n'existe 
pas  dans  les  Jardins  zoologiques  de  Londres,  d'Amsterdam  et 
d'Anvers. 


II.  TRAVAUX  ADRESSÉS  ET  COMMUNICATIONS  FAITES  A  LA  SOCIÉTÉ 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR 

SUR  LE  RIZ  MALGACHE 

Par  le  R.   P.   CAMBOUÉ 

Missionnaire  apostolique. 


Dans  une  intéressante  communication  au  sujet  des  Saute- 
terelles  de  passage,  insérée  dans  le  Bulletin  de  juin  1884, 
M.  Decroix  disait  en  terminant  :  «  Je  suis  heureux  que  cette 
petite  communication  ait  appelé  votre  attention  sur  ces  in- 
sectes, dont  il  y  a  sans  doute  à  tirer  parti.  »  Quelques  mois 
plus  tard,  en  effet,  M.  le  général  comte  de  La  Croix  de  Vaubois 
écrivait  à  la  Société  :  «  Je  dirai,  relativement  à  l'alimentation 
que  les  Sauterelles  peuvent  fournir,  que  j'ai  remarqué  que  la 
volaille,  à  l'époque  de  leur  passage,  ne  s'en  dégoûte  jamais,  et 
je  crois  qu'elle  s'en  nourrirait  très  bien  ultérieurement  si  on 
avait  le  soin  de  les  conserver  convenablement  ;  d'autant  plus 
que,  dans  le  désert,  les  indigènes  les  gardent  pour  leur  nour- 
riture particulière.  Ils  en  font  des  conserves  à  l'huile  après 
avoir  préalablement  arraché  la  tête,  les  pattes  et  les  ailes.  » 

J'ai  pensé,  dès  lors,  que  quelques  mots  sur  les  Sauterelles 
à  Madagascar,  leur  capture  et  leurs  usages,  pourraient  peut- 
être  intéresser  la  Société. 

Les  Sauterelles  de  passage  paraissent  généralement  au 
printemps  sur  les  hauteurs  des  provinces  centrales  de  la 
grande  île  africaine.  Pour  les  Malgaches,  ces  Acridiens,  qu'ils 
nomment  dans  leur  langue  Valala  (1),  sont  en  même  temps 
un  fléau  et  une  ressource  ;  un  fléau,  à  cause  des  ravages  qu'ils 
font  aux  récoltes;  une  ressource,  à  cause  de  la  précieuse 
substance  alimentaire  qu'ils  fournissent  non  seulement  pour 

(l)  Œdipoda  migrato  ria. 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR.  169 

les  animaux  domestiques,  mais  encore  pour  les  populations. 
Tant  il  est  vrai  qu'ici-bas,  dans  tout  événement  fâcheux,  la 
sage  Providence  du  Dieu  créateur  dispose  toujours  quelque 
côté  profitable  et  place  un  remède  à  côté  du  mal. 

Aussitôt  que  les  Malgaches  aperçoivent  le  nuage  des  Sau- 
terelles qui  s'avance,  ils  se  hâtent  de  se  porter  aux  endroits 
recouverts  de  hautes  herbes,  par  où  ils  conjecturent  que  les 
insectes  passeront.  Dès  qu'ils  les  voient  arriver,  ils  mettent  le 
feu  aux  herbes.  Les  Sauterelles  de  passage,  dont  le  vol  est 
lourd  et  bas,  tombent  alors  en  grand  nombre,  surprises  par 
la  chaleur  et  asphyxiées  par  la  fumée.  Hommes,  femmes  et 
enfants  se  hâtent  d'en  faire  amples  provisions,  abandonnant 
ce  qu'ils  ne  peuvent  emporter  aux  Goaika  {Corviis  scapula- 
tiis)  et  aux  Papango  {Milvus  jEgyptius),  très  friands  de  cette 
nourrit  iH'e. 

Les  Sauterelles  sont  ensuite  jetées  dans  de  grandes  mar- 
mites, où  on  les  soumet  à  une  bonne  étuvée,  après  quoi  elles 
sont  étendues  au  soleil  sur  des  nattes  jusqu'à  ce  qu'elles 
soient  parfaitement  sèches.  C'est  alors  qu'après  qu'on  leur  a 
enlevé  les  pattes,  les  ailes  et  la  tête,  elles  sont  triturées  ou 
bien  emmagasinées  telles  quelles,  pour  les  besoins  du  mé- 
nage ou  l'approvisionnement  des  marchés,  où  elles  sont  une 
denrée  courante.  Les  Sauterelles  peuvent  se  conserver  ainsi 
pendant  un  temps  très  considérable. 

Les  Malgaches  mangent  les  Valala,  ou  simplement  assai- 
sonnées de  piment  et  de  sel,  ou  mieux  frites  à  la  graisse,  et 
encore  bouillies  ou  cuites  avec  du  Riz  et  de  la  viande  de  vo- 
laille ou  de  bœuf;  ils  les  préfèrent  même  à  celle  dernière.  Ils 
en  font  aussi  du  Bo  ou  bouillon,  dont  ils  assaisonnent  le  Riz, 
leur  principale  nourriture. 

Que  l'on  n'aille  pas  croire  que  ces  insectes  à  Madagascar 
soient  seulement  la  nourriture  des  pauvres  et  du  bas  peuple. 
Au  palais  de  Tananarive,  la  table  royale  elle  même,  qui  se 
pique  de  progrès  à  l'instar  des  grands  services  européens, 
ne  les  dédaigne  point.  La  défunte  reine,  Ranavalona  il,  qui 
avait  ses  chasseurs  pour  lui  procurer  le  plus  lin  gibier  de  ses 
forêts,  ses  pêcheurs  pour  lui  apporter  le  meilleur  poisson 


170  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

de  ses  lacs  et  rivières,  avait  aussi  une  bande  de  femmes  qui 
couraient  la  campagne  pour  lui  ramasser  des  Sauterelles. 
Et,  sur  ce  point,  la  nouvelle  souveraine  des  Hovas,  la  jeune 
Ranavalona  IH,  doit  sans  doute  suivre  les  usages  de  l'an- 
cienne. 

Quelque  temps,  en  effet,  avant  le  commencement  des  hos- 
tilités entre  la  France  et  la  cour  d'Imérina,  la  reine  actuelle, 
qui  n'était  alors  que  la  petite  princesse  Ratrimo,  dirigea  un 
jour  sa  promenade,  accompagnée  du  jeune  prince  son  mari, 
vers  le  Jardin  d'acclimatation  de  la  Mission,  situé  à  Ambo- 
hipo,  non  loin  de  la  capitale.  Là,  sans  se  douter  des  honneurs 
royaux  qui  l'attendaient  à  bref  délai,  la  future  reine  des  Ho- 
vas poursuivait  gaiement  les  Sauterelles,  qu'elle  enfermait 
ensuite  dans  un  étui  de  Zozoro  (Ci/perus  œqualis),  pour  en 
faire,  à  son  retour  chez  elle,  confectionner  un  plat  de  son 
goût. 

Les  Malgaches,  en  effet,  non  contents  de  faire  servir  à  leur 
nourriture  les  Sauterelles  de  passage,  mangent  aussi  diverses 
autres  espèces  de  ces  insectes  acridiens,  entre  autres  un  Cri- 
quet de  grande  taille,  appelé  ici  Anipangahe.  Ils  font  toute- 
fois exception  pour  une  espèce,  des  plus  belles  cependant  à 
la  vue,  qu'ils  nomment  Valalanamboa. 

J'ai  voulu  me  rendre  compte  par  moi-même  de  la  valeur 
d'un  mets  si  estimé  des  Malgaches.  Plusieurs  de  mes  con- 
frères missionnaires  en  ont  aussi  fait  l'expérience.  Par  elle- 
même,  la  Sauterelle  de  conserve  malgache  est  d'un  goût  assez 
fade,  mais,  bien  assaisonnée  et  grillée  à  l'huile  ou  à  la  graisse, 
elle  ne  serait  pas  à  dédaigner. 

Les  Sauterelles,  préparées  comme  je  viens  de  l'indiquer 
dans  cette  petite  communication  ou  bien  de  toute  autre  façon, 
peuvent-elles  constituer  une  ressource  alimentaire?  Ne  pour- 
rait-on pas,  du  moins,  les  utiliser  pour  la  nourriture  des 
animaux?  Je  laisse  à  plus  compétent  le  soin  de  décider  l'une 
et  l'autre  question.  Je  ferai  simplement  remarquer,  en  ter- 
minant, que  dès  l'antiquité  la  plus  reculée,  nous  voyons  les 
Sauterelles  usitées  comme  aliment.  Dans  le  Lévitique,  par 
exemple,  au  chapitre  qui  énumère  les  animaux  dont  pouvait 


LES  SAUTERELLES  A  MADAGASCAR.  171 

se  nourrir  le  peuple  d'Israël  (1),  nous  Irouvons  la  Sauterelle 
Locusta  et  quelques  autres  espèces  du  genre. 

Puisque  j'ai  parlé  du  Riz,  la  Société  s'occupant  tout  par- 
ticulièrement en  ce  moment  de  cette  graminée,  qu'on  me 
permette  de  dire  ici,  en  passant,  quelques  mots  au  sujet  du 
Riz  de  Madagascar.  Les  indigènes  de  la  grande  île  africaine 
et  des  petites  îles  voisines  en  cultivent  plusieurs  espèces,  le 
Riz  de  marais  comme  le  Riz  sec  ou  de  montagne,  qu'ils  nom- 
ment, le  premier  Vari/  ank'oraka,  le  second  Vary  nntavy. 
Ce  dernier  est  indiscutablement  le  plus  estimé,  et  c'est  même 
le  seul  usité,  dit-on,  pour  la  table  royale.  Le  R.  P.  de  la  Vais- 
sière,  dans  son  récent  ouvrage  :  Vingt  ans  à  Madagascar, 
décrit  ainsi  en  quelques  lignes  la  culture  de  l'un  et  de  l'autre 
de  ces  Riz  : 

«  Riz  de  maltais.  —  Quand  le  moment  est  venu  de  travailler 
sa  rizière,  on  voit  le  Malgache,  une  grande  bêche  à  la  main, 
commencer  par  délbncer  profondément  le  sol,  qu'il  soulève 
par  grandes  mottes,  afin  de  lui  faire  prendre  l'air  et  le  soleil. 
Dans  ce  but,  il  va  même  jusqu'à  empiler  ces  mottes  les  unes 
sur  les  autres.  Il  les  brisera  ensuite,  les  éparpillera  et  les 
émiettej'a  à  coups  de  bêche.  S'il  est  soigneux,  il  aura  soin  d'y 
répandre  du  fumier.  C'est  alors  qu'il  amènera  l'eau  destinée 
à  former,  de  ces  débris  de  mottes  et  de  fumier  soigneuse- 
ment foulés  et  nivelés  au  moyen  de  ses  pieds  et  de  sa  bêche, 
la  boue  sur  laquelle  il  plantera  son  Riz.  Généralement  le  Riz 
est  semé  d'abord  en  un  petit  coin  de  terre  préparé  avec  un 
très  grand  soin.  Quand  il  est  à  l'état  d'herbe  un  peu  grande, 
on  l'en  retire  brin  par  brin  et  on  le  replante  dans  la  nouvelle 
rizière. 

»  Les  terrains  marécageux  sont  réduits  à  l'état  de  terre 
propre  à  recevoir  le  Riz  par  le  piétinement  des  Bœufs  qu'on 
force  de  passer  ou  de  repasser  dans  les  marécages,  jusqtfà 
ce  qu'ils  aient  parfaitement  fait  disparaître  les  herbes  dans  la 
vase  et  pétri  convenablement  le  sol.  » 

«  Riz  sec  ou  de  montagne.  —  Les  habitants  de  la  forêt 

(1)  Lévitique,  cli.  xi,  v.  2:2. 


172  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

mettent  le  feu  aux  arbres  et  sèment  ensuite  leur  Riz  sans 
grande  difficulté.  Tenant  d'une  main  un  petit  btiton  aigu, 
avec  lequel  ils  font  un  trou  dans  la  terre;  ils  y  laissent  tom- 
ber de  l'autre  quelques  grains  de  Riz  et  les  recouvrent  avec 
le  pied.  Voilà  tout  leur  travail.  Aux  éléments  à  faire  le  reste. 

»  Tous  les  Malgaches  récoltent  généralement  le  Riz  par 
bottes  ou  petites  gerbes  ;  les  femmes  apportent  ces  gerbes 
dans  une  aire  préparée  d'avance,  et  au  milieu  de  laquelle  se 
trouve,  comme  chez  les  Juifs,  une  pierre  ou  un  tronc  d'arbre. 
Battre  le  Riz,  c'est  le  frapper  contre  cette  pierre  ou  ce  tronc 
d'arbre  jusqu'à  ce  que  le  grain  se  détache  de  l'épi.  » 

En  même  temps  que  cette  petite  communication,  j'envoie  à 
la  Société  quelques  graines  du  Riz  antavy  ou  Riz  sec,  dont 
on  pourrait  peut-être  tenter  avantageusement  la  culture  en 
Europe. 

Note.  —  Il  est  fort  peu  probable  que  dans  la  communication  précédente  il 
s'agisse  de  Sauterelles  ou  Locusla.  D'autre  part,  nous  doutons  que  l'espèce  soit 
la  même  que  celle  qui  ravage  le  nord  de  l'Afrique  et  en  particulier  l'Algérie 
et  qui  est  VAcricUurn  perignmtm  Olivier,  s'étendant  des  côtes  de  la  Chine  à 
l'est  jusqu'à  celles  du  Maroc  et  du  Sénégal  à  l'ouest.  On  ne  connaît  pas  les- 
limites  méridionales  de  son  habitat.  On  a  essayé  d'utiliser  les  Criquets  d'Al- 
gérie pour  la  pêche  de  la  Sardine,  mais  ils  ont  été  peu  appréciés  par  ce 
Poisson,  plus  gourmet  que  gourmand,  et  qu'on  attire  avec  de  la  rogtie  ou  œufs 
salés  de  Morue,  qu'il  préfère  de  beaucoup  à  tout  autre  appât. 

(Note  de  la  Commission  de  publication.) 


EXTRAITS  DES  PROCÉS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SÉANCE  GÉNÉRALE  DU  19  FÉVRIER  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des   membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 


MM.  PRÉSENTATEURS. 

„     ,.       j,  •-,  •      .  4  [  Comte  d'Eprémesnil. 

IJOUGERE  (Ferdmand),  propriétaire  a  Angers      a.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

(Maine-et-Loire).  (  Mac-AUister. 

Chouin  (Maurice),  inspecteur  de  l'exploita-  f  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
tion  du  chemin  de  fer  du  Nord,  à  Com-  |  Saint-Yves  Ménard. 
piègne  (Oise).  V  E.  Wuirion. 

A.  Berthoule. 
GUERNE  (Jules  de),  2,  rue  Monge,  à  Paris.         Baron  F.  Billaud. 

,  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

^     .     ,  ...  /  Vicomte  de  Causans. 

iiEYNAUD   (Baron  Lucien),    propriétaire  au  i 

Puy  (Haute-Loire).  [  R^averet'-Wattel. 

—  M.  le  Secrétaire  procède  au  dépouillement  de  la  correspondance. 

—  M.  Denizet  rend  compte  de  la  perte  du  mâle  de  son  cheptel  de  Fai- 
sans vénérés. 

—  M.  Martineau  annonce  le  renvoi  du  mâle  de  son  cheptel  de  Colombes 
Lumachelles. 

—  M.  le  Directeur  du  Jardin  d'Acclimatation  communique  la  lettre 
ci-après,  qui  lui  est  adressée  par  M.  Pays-Mellier  :  «  Depuis  plusieurs 
années,  j'ai  un  grand  nombre  d'Aras  et  de  Cacatois  que  j'installe  chaque 
été,  dans  le  jardin,  à  la  chaîne,  sur  des  perchoirs.  Pendant  l'hiver,  je 
rentre  les  Aras,  ainsi  que  les  Perroquets  frileux,  dans  des  volières  vi- 
trées, à  l'abri  des  froids.  Dans  une  de  ces  volières,  qui  n'a  que  3  mètres 
de  profondeur  sur  2", 50  de  largeur  et  3  mètres  de  hauteur,  nous  re- 
marquions déjà  depuis  longtemps  la  grande  affection  que  se  témoignaient 
deux  Aras  :  l'un  bleu  et  jaune  {Ara  rauna),  l'autre  rouge  à  ailes  jaunes 
(Ara  canga).  Ces  deux  oiseaux  ne  se  quittaient  pas,  et  le  mâle  rauna 
ne  laissait  pas  approcher  les  autres  Aras  de  la  femelle  canga.  Vers  le 
17  janvier  1885,  je  m'aperçus  que  la  femelle  canga  hérissait  ses  plumes, 
qu'elle  ne  mangeait  plus  et  qu'elle  paraissait  bien  malade.  Le  19  au  ma- 
tin, en  effet,  je  la  trouvai  tombée  à  terre  et  mourante.  Le  pauvre  mâle 
venait  sans  cesse  auprès  d'elle,  la  caressant  avec  son  bec  et  l'appelant; 
uiais  elle  restait  insensible  à  ces  témoignages  d'affection.  Ce   même 


174'  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

jour,  mon  faisandier  me  dit  qu'il  venait  de  découvrir  la  maladie  de  la 
femelle  Ara,  et  il  montra  un  œuf  dont  il  avait  pu  débarrasser  le  mal- 
heureux oiseau,  qui  s'était  alors  de  suite  senti  guéri.  Le  21,  nous  trou- 
vâmes, dès  le  matin,  et  par  terre,  un  second  œuf  qui  n'était  pas  cassé. 
La  femelle  Ara  était  gaie  et  bien  portante.  Vile,  je  fis  mettre  ces  deux 
œufs  dans  une  des  grandes  cavités  qui  se  trouvent  dans  le  mur  de  la 
volière,  en  forme  de  boîtes,  pratiquées  tout  exprès  pour  la  nidification 
des  gros  Perroquets.  Malheureusement,  je  n'avais  pas  eu  la  précaution 
de  laisser  seuls  mes  deux  Aras,  et,  dès  le  lendemain  2^1,  je  vis  un  Na- 
sique  qui  emportait  un  œuf  et  le  cassait  avec  son  long  bec  pointu;  le 
second  œuf  avait  été  cassé  également.  Mais  le  couple  Ara  ne  s'était  ja- 
mais occupé  des  œufs;  plusieurs  fois,  j'avais  pris  la  femelle,  qui  est  très 
douce,  et  je  l'avais  posée  dans  le  trou  où  ils  se  trouvaient,  sans  jamais 
réussir  à  l'y  faire  rester.  Ce  qui  est  étonnant  dans  cet  accouplement  de 
deux  Aras  d'espèce  différente,  c'est  que,  dans  la  volière,  le  mâle  rauna 
a  pour  compagnons  trois  autres  Ara  rauna,  qui  sont  en  parfait  état 
et  qu'il  n'a  jamais  voulu  laisser  approcher. 

»  J'espère  obtenir  une  nouvelle  ponte  bientôt;  mes  oiseaux  sont  très 
bien  portants;  mais,  cette  fois,  je  serai  plus  prudent,  car  ce  couple 
Ara  va  se  trouver  seul  et  bien  installé  dans  sa  volière.  Je  pense  donc 
avoir,  cet  été,  l'heureuse  chance  de  vous  annoncer  la  réussite  de  deux 
petits  Aras, et  cela  sera  d'autant  plus  intéressant  que,  très  probablement, 
cette  reproduction  sera  la  première  obtenue  en  France.  » 

—  M.  Dautre ville  écrit  à  M.  le  Président  :  «  Je  vous  ai  adressé  en 
temps  utile,  avec  prière  de  le  soumettre  à  la  Commission  des  récom- 
penses, le  dossier  complet  relatif  à  la  poudre  toni-nutritive  granulée, 
destinée  à  remplacer  les  œufs  de  Fourmi  dans  l'élevage  des  Faisans.  Je 
vous  envoie  aujourd'hui  un  échantillon  du  produit  en  question,  tel  qu'il 
sera  désormais  livré.  La  composition,  qui  avait  fait  exclusivement  jus- 
qu'ici l'objet  de  mes  recherches,  est  toujours  la  même,  il  n'y  a  de  chan- 
gement apporté  que  dans  la  forme.  Le  mode  opératoire  et  les  appareils 
de  fabrication  sont  définitivement  adoptés;  d'oîi  il  résulte  que  la  poudre 
toni-nutritive,  telle  qu'elle  est  présentée  aujourd'hui,  réunit  celte  fois, 
je  crois,  toutes  les  conditions  désirables  du  programme. 

»  Les  petits  granules  sont  tous  à  peu  près  de  la  même  forme,  d'une 
couleur  uniforme,  d'une  composition  homogène,  et  ne  sont  plus  souillés, 
comme  par  le  passé,  par  une  poudre  plus  fine,  qui  avait  fait  l'objet 
d'observations  de  la  part  des  éleveurs  qui  ont  expérimenté  cet  aliment 

artificiel.  » 

—  MM.  Bernard-Talhandier,  Berthéol,  P>oudent,  Buttin  et  Focet  ac- 
cusent réception  et  remercient  des  œufs  de  Salmonidés  qui  leur  ont  été 
adressés. 

—  M.  Lefebvre,  membre  de  la  Société  linnéenne  du  Nord  de  la 
France,  écrit  d'Amiens  :  «  Je  pense  être  utile  à  la  Société  d' Acclimata- 


PROCES-VERBAUX. 


175 


lion  en  lui  envoyant  3000  œufs  de  Saumon,  que  je  reniettiai  demain 
matin  au  chemin  de  fer.  Ces  œufs,  dont  j'ai  opéré  la  fécondation,  pro- 
viennent de  Saumons  pris  dans  la  Somme.  Si  vous  en  désiriez  un  plus 
orand  nombre,  je  pourrais  encore  vous  en  envoyer  plusieurs  milliers, 
contre  des  œufs  de  Saumon  de  Californie  ou  de  Truite  du  Loch  Leven, 
et,  à  défaut  de  ces  espèces,  de  la  Truite  des  lacs.  » 

M.  Binder,  professeur  de  pisciculture  à  l'École  pratique  d'agricul- 
ture de  Saint-Ilemy  (Haute-Saône),  adresse  les  Comptes  rendus  de  cette 
École,  dans  lesquels  sont  exposés  les  résultats  des  travaux  piscicoles 
entrepris  par  ledit  établissement  pendant  les  années  1884  et  1885.  — 
Remerciements. 

—  En  réponse  à  une  lettre  qui  lui  a  été  récemment  adressée  par  la 
Société,  M.  Zipcy,  sous-directeur  de  la  ferme-école  de  Cliavaignac 
(Haute-Vienne)  et  professeur  de  pisciculture  dans  cet  établissement, 
veut  bien  promettre  de  tenir  la  Société  au  courant  de  ses  travaux  pisci- 
coles. —  Remerciements. 

—  M.  Bernard-Taihandier,  d'Ambert  (Puy-de-Dôme),  demande  des 
renseignements  au  sujet  de  la  nourriture  à  donner  aux  alevins  de  Sal- 
monidés, et  fait  en  même  temps  connaître  les  nouvelles  dispositions 
qu'il  a  adoptées  pour  ses  appareils  d'éclosion  et  pour  ses  bacs  d'ale- 


vinage. 


—  M.  Albouy,  conducteur  des  ponts  et  chaussées,  qui  surveille  à 
Ouillan  l'incubation  des  œufs  de  Saumon  envoyés  par  la  Société  pour 
un  essai  d'empoissonnement  de  l'Aude,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  général  : 
«  J'ai  l'honneur  de  vous  accuser  réception  de  la  caisse  renfermant 
3000  œufs  de  Saumon  que  vous  m'avez  adressée.  En  les  mettant  dans 
les  auges,  j'ai  dû  en  enlever  120  qui  étaient  complètement  blancs.  Dans 
le  premier  envoi,  il  n'y  en  eut  que  50  de  gâtés.  Avec  ceux  que  nous  avons 
enlevés  depuis,  ce  nombre  s'est  élevé  à  93.  Maintenant,  il  n'y  en  a  guère 
que  1  ou  2  à  enlever  tous  les  jours,  quelquefois  aucun.  J'espère  que  le 
nouvel  envoi  se  comportera  de  la  même  manière.  » 

—  M.  Seth  Green,  surintendant  de  l'établissement  de  pisciculture  de 
Kochester  (iNew-York),  adresse  un  numéro  du  journal  The  Daily  Press, 
d'Albany,  renfermant  un  article  sur  les  travaux  de  pisciculture  exécutés 
dans  l'État  de  New- York. 

—  M.  A. -M.  Grève,  vice-consul  de  France  à  Bergen,  adresse  les  ren- 
seignements ci-après  sur  le  prix  des  poissons  salés,  préparés  en  Nor- 
vège, qui  pourraient  èlre  utilisés  pour  la  nourriture  de  la  Truite  et 
d'autres  Salmonidés,  dans  les  établissements  de  pisciculture  : 

«...  Le  baril,  du  poids  de  l'20  à  130  kilogrammes,  et  contenant  de 
1000  à  1200  poissons: 

Sprats  salés  (en  saumure) 20  francs. 

Harengs 25      — 

»  Je  me  permets  d'attirer,  en  outre,  votre  attention  sur  la  rogue  de 


176  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

Morue,  qui  est  la  nourriture  favorite  de  la  Sardine;  il  en  est  expédié 
d'ici  aux  ports  de  Bretagne  des  quantités  considérables  tous  les  ans.  Le 
cours  actuel  de  ce  produit  est  de  40  à  45  francs  le  baril,  pesant  en- 
viron 130  ou  140  kilogrammes,  rendu  à  destination.  Vous  pouvez  éga- 
lement avoir  de  la  rogue  de  qualité  inférieure  à  des  prix  proportionnels, 
ainsi  que  la  deuxième  qualité,  à  26  ou  28  francs. 

»  Un  autre  appât,  qui  est  aussi  très  employé  par  les  pêcheurs  de  notre 
côte,  et  qui  par  conséquent  doit  êtr*^  une  nourriture  très  aimée  des 
poissons  de  mer,  c'est  la  Moule.  Il  est  vrai  que  celle-ci  n'est  point  jus- 
qu'à  présent  l'objet  de  commerce,  et  n'a  par  conséquent  aucun  prix 
coté  ni  ne  se  trouve  prête  à  être  fournie;  mais  la  côte  en  est  pleine,  et 
si  l'on  pouvait  trouver  à  la  rendre  utile,  ce  serait  un  avantage  pour 
la  population  du  littoral.  Il  faudrait  en  ce  cas,  je  pense,  sortir  la  chair 
de  la  Moule  et  la  mettre  en  saumure,  ou  la  saler  très  légèrement,  en 
petits  fûts.  Dans  le  cas  oii  vous  jugeriez  utile  de  l'essayer,  je  serais 
prêt  à  vous  y  aider. 

»  Au  moment  de  nos  grandes  pêches,  il  arrive  le  plus  souvent  sous 
la  côte  des  masses  de  Seiches,  que  les  pêcheurs  prennent  et  coupent  en 
morceaux.  C'est  une  nourriture  très  recherchée  de  la  Morue,  mais  il 
est  souvent  difficile  de  s'en  procurer.  » 

—  M.  Bigot  adresse  un  rapport  sur  ses  éducations  d'Attacus  Yama- 
mai,  Pernyi  et  Cynthia,  faites  à  Pontoise  pendant  l'année  1885. 

—  M.  le  baron  von  Mueller,  botaniste  du  gouvernement  à  Melbourne, 
fait  parvenir  un  envoi  de  graines  d'Atriplex  nummiilarium.  —  Remer- 
ciements. 

—  31,  LéonDuval  adresse  deux  exemplaires  d'un  traité  sur  la  Culture 
pratique  des  Azalées  de  llnde,  ouvrage  qui  a  obtenu  une  médaille 
d'argent  de  la  Société  régionale  d'horticulture  du  Nord  de  la  France. 

—  M.  Eferthoule  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Dautreville  sur  la 
composition  chimique  du  Stachys  af finis.  Il  résulte  des  renseignements 
fournis  par  cette  note  que  non  seulement  le  nouveau  légume  constitue 
un  aliment  très  sain,  mais  qu'il  pourrait,  en  outre,  rendre  des  services 
pour  l'alimentation  spéciale  des  diabétiques. 

—  M.  Decroix  fait  la  communication  suivante  :  «  Messieurs,  permettez- 
moi  de  vous  parler  encore  une  fois  —  la  dernière  probablement  —  de 
l'usage  alimentaire  de  la  viande  de  cheval,  sur  lequel  Isidore  Geoffroy 
Saint-Hilaire  a  autrefois  appelé  l'attention  de  notre  Société. 

»  Sous  notre  illustre  fondateur,  l'hippophagie  est  restée,  en  France, 
dans  le  domaine  théorique.  C'est  un  comité  spécial,  le  Comité  de  la 
viande  de  cheval,  qui  l'a  fait  entrer  dans  la  pratique,  après  quatre  an- 
nées de  luttes  contre  l'opposition  des  uns  et  l'indifférence  des  autres. 

î  Notre  Société  a  puissamment  secondé  les  efforts  de  ce  comité, 
d'abord  parce  que  plusieurs  de  nos  collègues,  notamment  MM.  de  Qua- 
trefages,  Albert   Geoffroy  Saint-Hilaire,   le  comte  d'Esterno,  etc.,  en 


PROCES-VERBAUX.  177 

faisaient  partie,  et,  d'autre  part,  parce  qu'elle  a  versé  à  la  souscription 
(le  propagande  une  somme  de  500  francs  (décision  du  Conseil  en  date 
du  20  janvier  1865). 

»  Aujourd'hui,  la  question  de  l'iiippophagie  est  jugée  ;  il  y  a  des 
boucheries  chevalines  dans  toutes  les  grandes  villes.  Il  y  en  a  actuelle- 
ment plus  de  cent  dans  le  département  de  la  Seine;  elles  ont  livré  à  la 
consommation,  en  18S5  :  chevaux,  16506;  ânes,  381;  mulets,  53- 
total,  16  940,  soit  une  augmentation  de  20U  sur  1884. 

»  Mais  le  fait  sur  lequel  je  désire  appeler  plus  particulièrement  au- 
jourd'hui votre  attention,  c'est  sur  le  changement  d'attitude  des  inspec- 
teurs de  la  boucherie  à  l'égard  de  la  nouvelle  industrie. 

»  Un  des  grands  obstacles  à  l'installation  et  à  la  propagation  des 
boucheries  chevalines,  c'était  le  mauvais  vouloir  des  inspecteurs  de  cette 
époque,  presque  tous  anciens  bouchers  (l'ordonnance  de  police  con- 
cernant les  boucheries  spéciales  est  datée  du  9  juin  1866). 

»  Depuis  cette  époque,  le  service  de  l'inspection  a  été  confié  à  des 
vétérinaires,  plus  à  même  d'apprécier  scientifiquement  la  valeur  nutri- 
tive du  nouvel  aliment,  et  surtout  plus  à  même  de  reconnaître  les  ma- 
ladies qui  peuvent  rendre  la  chair  des  animaux  impropre  à  l'alimen- 
tation. 

»  Comme  preuve  à  l'appui  de  cette  assertion,  j'ai  l'honneur  d'offrir  à 
la  Société,  de  la  part  des  auteurs,  MiM.  Villain,  vétérinaire,  chef  du  ser- 
vice de  l'inspection  de  la  boucherie  de  Paris,  Rascou,  vétérinaire-con- 
trôleur, elles  vétérinaires-inspecteurs,  un  ouvrage  qui  vient  de  paraître 
sous  le  titre  de  :  Manuel  de  l'inspecteur  des  viandes. 

»  Ainsi  que  le  nom  le  fait  pressentir,  les  auteurs  se  sont  occupés  de 
tout  ce  qui  concerne  les  viandes;  mais  la  viande  de  cheval  y  est  traitée 
de  main  de  maître,  dans  un  très  long  article  signé  de  l'un  des  inspec- 
teurs, M.  Bourrier. 

»  Pour  ne  point  abuser  de  votre  bienveillante  attention,  je  n'entre- 
prendrai point  de  faire  l'analyse  de  ce  travail;  je  me  bornerai  à  vous 
en  nommer  les  principaux  paragraphes  : 

»  Historique.  —  Les  apôtres  de  l'hippophagie,  ordonnance  de  police 
du  9  juin  1866. — Abattoirs,  échaudoirs,  animaux  livrés  à  la  consom- 
mation.—  Qualités  de  la  viande  de  cheval,  de  mulet  et  d'âne.  —  Valeur 
nutritive,  maniement,  rendement.  —  Caractères  distinctifs  de  la  viande 
des  solipèdes  avec  celle  de  l'espèce  bovine.  —  Examen  du  cheval  vi- 
vant et  du  cheval  abattu.  —  Tableau  des  saisies;  motifs.  —  Maladies 
contagieuses.  —  Catégorie  des  viandes,  préparations  culinaires  et  mé- 
dicinales; saucissons.  —  Utilisation  de  la  viande  de  cheval  pour  les 
animaux.  —  Avantages  de  l'usage  alimentaire  de  la  viande  de  cheval. 
—  Enfin,  l'hippophagie  dans  les  différents  pays  de  l'Europe. 

3  Par  cette  citation  sommaire,  vous  pouvez  juger,    Messieurs,    avec 
quel  soin  la  question  a  été  étudiée  et  mise  à  la  portée  d»s  inspecteurs  et 
4*  SÉRIE,  T.  111.  —  Mars  1880.  12 


178  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

des  consommateurs,  par  des  hommes  dont  la  compétence  est  hors  de- 
doute. 

»  Comme  ce  travail  a  une  grande  utilité  et  peut  contribuer  puissam- 
ment à  la  réalisation  de  ce  vœu  de  notre  fondateur  :  «  Faire  que  le  che- 
val ne  soit  plus  seulement  auxiliaire,  mais  de  plus  alimentaire  »,  j'ai 
l'honneur  de  proposer  le  renvoi  de  l'ouvrage  de  MM.  Villaiu,  Bas- 
cou,  etc.,  à  la  Commission  des  récompenses.  » 

Le  renvoi  est  prononcé. 

—  M.  Bernay,  consul  de  France  à  Tauris,  qui  assiste  à  la  séance, 
fait  la  communication  suivante  : 

«  M.  le  Secrétaire  général  m'a  demandé  de  faire  connaître  ici  la  cul- 
ture de  la  Vigne  de  Perse  ;  c'est  eu  effet  un  sujet  qui  doit  intéresser  la 
viticulture  de  notre  pays,  car  il  va  soixante  espèces  de  Vignes  en  Perse. 
Je  ne  vous  les  énumérerai  pas  toutes,  ce  serait  trop  long,  je  vous  par- 
lerai seulement  des  meilleures  :  nous  avons  là-bas  trois  principales 
espèces  de  Vignes,  la  première  produit  d'énormes  grappes  à  grains 
noirs,  longs  et  gros  comme  la  moitié  du  pouce,  dont  on  fait  un  vin  ex- 
trêmement capiteux  et  coloré,  ce  raisin  est  nommé  «  chàhâni  »,  c'est-à- 
dire  royal;  la  deuxième,  «  askéri  »,  donne  des  grappes  plus  petites  que 
la  précédente,  les  grains  sont  de  grosseur  ordinaire,  très  sucrés, 
juteux  et  l'enveloppe  en  est  si  mince  qu'il  est  difficile  de  les  détacher 
lorsqu'ils  sont  un  peu  mûrs;  les  pépins  sont  presque  invisibles;  c'est 
surtout  un  raisin  de  table  très  apprécié  des  Persans  ;  on  en  fait  un  vin 
blanc  très  capiteux  et  de  très  bonne  qualité.  —  Nous  avons  une  troi- 
sième espèce  de  Vigne,  celle-là  produit  d'énormes  grappes,  dont  les 
grains  sont  longs  de  quatre  à  cinq  centimètres  :  on  la  nomme  «  riche 
baba  »  (barbe  de  vieux)  dans  le  sud  de  la  Perse  et  «  guélin  barmaghi  > 
(doigt  de  mariée)  dans  le  nord.  Les  personnes  pauvres  en  font  leur 
principale  nourriture,  car  on  ne  fait  pas  de  vin  avec  ce  raisin,  qui  man- 
que de  jus  et  de  fondant. 

»  J'ai  apporté  en  France  quelques  bouteilles  de  vin  de  Tauris  fabri- 
qué par  moi,  je  suis  donc  sur  qu'il  n'y  a  aucun  ingrédient  étranger 
dedans;  je  pense  que  c'est  un  vin  [qu'il  serait  utile  de  faire  connaître 
parce  qu'il  peut  offrir  des  ressources  pour  la  consommation.  Je  me 
propose  aussi  d'envoyer  des  boutures  des  principales  espèces  de  Vignes 
de  Perse,  à  Trébizonde;  je  m'entendrai  avec  quelqu'un  qui  les  mettra 
dans  des  pots,  les  fera  raciner  et  les  enverra  ensuite  en  France  ;  il  est 
grandement  à  désirer  que  la  culture  des  Vignes  persanes  soit  répandue 
dans  nos  pays. 

»  Le  phylloxéra  n'a  pas  encore  pénétré  en  Perse,  je  crois  que  cela 
tient  à  une  chose  capitale,  c'est  que  là-bas  les  Vignes  sont  plantées  dans 
des  sillons  profonds  d'un  mètre  et  demi  à  deux  mètres  ;  on  les  arrose  en 
hiver  et  au  printemps,  au  moyen  d'eau  courante  qui  baigne  les  racines 
et  même  les  ceps  pendant  un  jour  ou  deux  chaque  fois.  En  été,  on  pro- 


PROCES-VERBAUX.  479 

cède  au  même  arrosage,  seulement  une  fois  par  semaine,  car  il  ne  pleut 
plus  pendant  les  mois  de  juin,  juillet,  août  et  septembre  dans  le  sud  et 
le  centre  de  la  Perse;  dans  le  nord,  il  y  a  quelquefois  des  orales  au 
commencement  de  l'été,  l'eau  est  donc  fort  rare  dans  cette  contrée. 

»  Il  est  difficile,  dans  ces  conditions,  que  les  insectes  qui  s'attaquent, 
en  général,  aux  racines  des  Vignes,  ne  soient  pas  noyés.  Le  plant  de  la 
Vigne  est  exposé  ordinairement  sur  le  côté  sud  du  talus  dont  je  viens 
de  parler;  quoiqu'il  fasse  très  chaud  dans  ce  pays-là,  les  Persans  croient 
que  cette  exposition  donne  une  meilleure  qualité  de  raisin. 

»  Les  Céréales  en  Perse  forment  la  principale  richesse  du  pays,  je 
dirai  même  la  seule  richesse.  La  Perse  en  exporte  beaucoup  en  Russie 
(au  Caucase)  et  en  Turquie;  l'Avoine  et  le  Seigle  n'y  sont  pas  cultivés; 
le  Blé  est  arrosé  comme  la  Vigne,  toujours  par  irrigation. 

»  Il  y  a  dans  le  centre  et  surtout  dans  le  nord  de  la  Perse,  une  espèce 
de  Jujubier  qui  produit  un  fruit  ayant  la  forme,  la  couleur  et  la  o-ros- 
seur  du  gland;  à  l'intérieur  est  un  noyau  analogue  à  celui  de  la  datte; 
ce  fruit  est  extrêmement  farineux  et  sucré,  les  Persans  et  les  Arabes  de 
Bagdad  en  font  une  grande  consommation.  Cet  arbre  croît  partout  st 
sans  aucune  culture;  il  pourrait  être  introduit  en  France  et  planté  dans 
des  terrains  sans  valeur.  Outre  que  ce  jujube  est  nourrissant,  il  est  sou- 
verain contre  la  diarrhée  et  la  dysenterie. 

»  La  Perse  est  un  pays  curieux  sous  le  rapport  des  chasses  ;  le  gibier 
y  foisonne  surtout  dans  les  forêts  du  Karadagh  qui  avoisinent  Tauris  : 
sur  le  littoral  de  la  Caspienne  dans  le  Mazandéran  et  le  Ghilan  il  y  a 
toute  espèce  de  gibier,  depuis  le  fauve  le  plus  redoutable  jusqu'au 
Lièvre.  On  chasse  encore  en  Perse  avec  l'oiseau  de  proie,  c'est-à-dire 
avec  le  Faucon;  il  y  en  a  plusieurs  espèces  pour  la  chasse,  mais  chacune 
d'elles  a  sa  spécialité.  Ainsi,  avec  le  Faucon  qui  sert  à  chasser  la  Per- 
drix, on  ne  chasse  pas  l'Outarde  ou  la  Gazelle.  Le  Faucon  pour  la  chasse 
à  la  Gazelle  est  dressé  lorsqu'il  est  tout  jeune;  on  l'habitue  à  prendre 
sa  subsistance  dans  l'orbite  d'une  Gazelle  empaillée,  et,  au  bout  d'«n 
certain  temps,  lorsqu'il  voit  celle  Gazelle,  il  se  précipite  sur  sa  tête 
pour  y  prendre  son  repas;  à  la  chasse,  lorsque  la  Gazelle  part  à  une 
certaine  distance,  on  lance  le  Faucon  dessus,  l'oiseau  se  perche  alors 
sur  la  tête  de  sa  victime  et  lui  crève  les  yeux  ;  le  chasseur  arrive  et 
s'empare  de  la  Gazelle,  qui  se  roule  désespérément  sur  le  sol. 

»  La  chasse  aux  Outardes  est  plus  curieuse  encore;  le  Faucon  est 
lancé  sur  l'oiseau  :  si  c'est  une  vieille  Outarde,  elle  reste  en  place  sans 
bouger,  elle  attend  le  Faucon,  et,  lorsque  celui-ci  arrive  à  une  certaine 
distance,  à  portée  comme  nous  dirions  chez  nous,  elle  se  retourne  et  lui 
lance  un  jet  de  fiente  à  la  tète  ;  le  Faucon  reste  là  tout  penaud  et  l'Ou- 
tarde s'en  va  ;  il  est  impossible  de  chasser  ce  jour-là  avec  le  même 
oiseau.  Quelquefois,  lorsque  c'est  une  jeune  Outarde,  elle  s'élève  à  pic 
et  lutte  corps  à  corps  avec  le  Faucon,  dont  elle  a  souvent  raison. 


180  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

»  Nous  avons,  eu  Perse,  la  grosse  Perdrix  royale  {Tctraog allas  cas- 
jjiMS);  on  la  trouve  un  peu  partout,  mais  spécialement  dans  la  partie 
des  monts  Elbourz  qui  avoisine  Téhéran.  La  Perdrix  royale  ne  vit  pas 
dans  la  plaine,  mais  seulement  sur  les  montagnes  les  plus  escarpées  ; 
elle  est  aussi  grosse  qu'une  forte  Poule  d'Inde;  son  plumage  est  exac- 
tement celui  de  la  Perdrix  grise;  le  goût  de  sa  chair  en  est  peu  diffé- 
rent; elle  a  cependant  un  parfum  un  peu  plus  fort,  car  cet  oiseau  se 
nourrit  d'une  espèce  d'oignon  qui,  paraît-il,  ne  croît  pas  dans  les  plai- 
nes, c'est  pour  cela  qu'il  n'y  descend  jamais  :  il  y  mourrait.  J'ai  essayé 
d'en  apprivoiser,  j'en  ai  gardé  pendant  quinze  jours,  un  mois,  et  au 
bout  de  ce  laps  de  temps,  celte  Perdrix  mourait  faute  de  pouvoir  lui 
donner  sa  nourriture  habituelle.  Cette  Perdrix  est  très  sauvage,  on  ne 
peut  guère  l'approcher  que  par  surprise,  les  chasseurs  sont  obligés  de 
s'embusquer  pendant  des  journées  entières  avant  d'en  tirer  une,  de 
sorte  que  nous  en  mangeons  rarement.  C'est  un  gibier  assez  cher  pour 
la  Perse,  nous  le  payons  six  francs  pièce.  La  Perdrix  royale  est  beau- 
coup plus  rare  dans  l'Azerbaïdjan,  à  cause  du  froid  sans  doute.  Le  shah 
de  Perse  a  essayé  d'en  acclimater  dans  les  régions  plus  basses,  au  Jar- 
din zoologique  de  Téhéran,  il  n'y  a  pas  réussi;  mais,  par  contre,  il  a  ob- 
tenu ua  vrai  succès  en  acclimatant  les  Francolins  en  Perse.  Sa  Majesté 
en  a  fait  venir  d'Arabie  en  1870,  elle  est  parvenue  à  les  faire  multiplier 
dans  la  vallée  de  Djadjeroud,  située  à  huit  lieues  dans  l'est  de  la  capi- 
tale. Cette  vallée  inhabitée  est  traversée  par  une  rivière  qui  entretient 
une  certaine  fraîcheur  pendant  les  grandes  chaleurs  de  l'été.  Ces  Fran- 
colins ont  été  protégés  au  début  par  ordre  du  souverain,  mais  aujour- 
d'hui, sa  suite  peut  les  chasser  dans  cette  chasse  réservée.  » 

—  A  l'occasion  du  procès-verbal,  M.  Maurice  Girard  rapporte  que, 
dans  une  conversation  qu'il  a  eue,  il  y  a  une  douzaine  d'années,  avec 
M.  Paul  Bert,  ce  dernier  émettait  l'opinion  qu'il  est  inutile  de  chercher 
à  acclimater  des  plantes  ou  des  animaux;  que  mieux  vaut  les  laisser 
dans  leur  propre  pays,  et  tâcher  de  les  améliorer  sur  place;  qu'en  ce 
qui  concerne  notamment  les  Vers  à  soie,  par  exemple,  il  est  bien  pré- 
férable de  se  procurer  de  la  soie  en  Chine  ou  au  Japon  que  de  chercher 
à  en  produire  en  France,  où  elle  coûte  plus  cher,  par  suite  du  prix  très 
élevé  de  la  main-d'œuvre.  «  Je  crois,  ajoute  M.  Maurice  Girard,  qu'il  y 
a  du  vrai  dans  l'opinion  de  M.  Paul  Bert,  relativement  aux  Vers  à  soie  ; 
car  nous  nous  trouvons,  en  Europe,  dans  une  situation  très  défavo- 
rable par  rapport  à  la  Chine,  où  la  main-d'œuvre  est  à  vil  prix.  Il  me 
semble  donc  que,  dans  les  tentatives  d'acclimatation  de  Bombyciens 
séricigènes,  nous  n'avons  à  nous  préoccuper  que  du  Ver  à  soie  du 
chêne  delà  Chine  {Attacus  Perntji),  lequel  peut  s'élever  en  plein  air, 
sur  les  arbres,  sans  entraîner,  pour  ainsi  dire,  d'autres  frais  que  celui 
de  la  récolte.  > 

-  -  M.  Geoffroy  Saint  Hilaire  fait  remarquer  que  si  le  renchérissement 


PROCÈS-VERBAUX.  ,  181 

de  la  main-d'œuvre,  d'une  part,  et  de  l'autre  la  facilité  actuelle  des 
moyens  de  transport  ont  modifié  la  situation  économique  d'une  foule 
d'industries  se  rattachant  à  l'élevage  des  animaux,  il  ne  s'ensuit  pas  que 
l'acclimatation  n'ait  rendu  et  ne  puisse  rendre  encore  des  services 
considérables.  «  Dans  la  dernière  séance,  dit  M.  le  Secrétaire  général, 
nous  avons  établi  que  M.  le  professeur  Paul  Bert  ne  pouvait  pas  avoir 
tenu  le  propos  qui  lui  avait  été  attribué.  Aujourd'hui  M.  Maurice  Girard 
vient  placer  la  question  sur  un  autre  terrain  en  rappelant  ses  conver- 
sations passées  avec  le  ministre  résident  du  Tonkin. 

»  Suivant  notre  collègue,  M.  Bert  penserait  «  qu'il  faut  laisser  les  ani- 
»  maux  utiles  là  où  ils  sont  et  se  contenter  d'en  faire  venir  les  pro- 
)>  duits  ». 

»  Vous  me  permettrez,  Messieurs,  de  dire  que  cette  affirmation  équi- 
vaut à  nier  l'utilité  de  l'acclimatation  elle-même. 

y>  Mais  laissez-moi  vous  présenter  quelques  exemples,  ils  vous  démon- 
treront mieux  que  les  plus  longues  explications  ce  qu'il  faut  penser  du 
principe  posé  par  31.  Bert. 

»  S'il  suffisait  d'importer  de  leurs  pays  d'origine  les  produits  des  ani- 
maux utiles,  il  n'aurait  pas  fallu  introduire  de  Chine  les  Vers  à  soie 
qui  ont  enrichi  je  ne  sais  combien  de  générations  de  sériciculteurs 
européens,  et  Daubenton  aurait  eu  .tort  d'acclimater,  en  France,  les 
Mérinos  d'Espagne. 

»  Mais  il  ne  faut  pas  discuter  cet  aperçu  que  je  qualifie  seulement  de 
curieux. 

»  Ceci  m'amène  à  envisager  la  question  à  un  point  de  vue  tout  à  fait 
différent  et  sur  lequel  je  me  réserve  de  revenir  longuement  un  de  ces 
jours  prochains. 

))  Il  y  a  trente-deux  ans,  quand  la  Société  a  été  fondée,  les  questions 
relatives  à  l'acclimatation,  ou  d'une  façon  plus  générale  les  relations 
d'échange  entre  les  peuples,  étaient-elles  ce  qu'elles  sont  aujourd'hui  ? 
Non. 

»  Alors,  il  y  avait  le  plus  sérieux  intérêt  à  ce  que  chaque  peuple  pût 
produire  sur  son  propre  sol  les  marchandises  dont  les  pays  étrangers 
avaient  le  monopole. 

ï  La  sériciculture  française  a  permis  aux  fabriques  de  soierie  de  se 
procurer,  sans  passer  la  frontière,  de  quoi  se  suffire. 

»  Daubenton  a  cherché  à  affranchir  la  Franco  du  tribut  qu'elle  payait 
à  l'Espagne  pour  ses  laines  fines. 
»  En  est-il  de  même  aujourd'hui? 

»  Depuis  trente  ans  les  moyens  de  transport  ont  pris  une  extraordi- 
naire activité  et  les  relations  économiques  des  peuples  ont  été  boule- 
versées. 

»  La  production  des  laines  est  onéreuse  dans  les  pays  où  le  sol  a  une 
grande  valeur  et  nos  filatures  sont   alimentées  par  tous  les  pays   du 


182  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

monde  où  les  moutons  de  la  vieille  Europe  ont  été  successivement 
acclimatés. 

»  La  Chèvre  d'Angora,  que  nous  avons  acclimatée  d'Asie  Mineure  en 
France,  est  arrivée  trop  tard,  car,  pendant  qu'elle  devenait  bêle  fran- 
çaise, on  l'acclimatait  au  Cap,  et  les  usines  qui  emploient  la  laine  de 
mohair  (Bradford,  iloubaix,  etc.)  sont  aujourd'hui  pourvues  de  mar- 
chandises par  les  troupeaux  d'Angora  do  l'Afrique  australe,  auxquels 
nos  troupeaux  français  ont  fourni  des  étalons. 

»  Cela  revient  à  dire,  Messieurs,  que  de  notre  temps,  avec  les  progrès 
accomplis,  toute  marchandise  aisément  transportahle  doit  être  produite 
dans  des  conditions  de  rigoureuse  économie. 

»  Nous  voyons  aujourd'hui  la  Chèvre  d'Angora,  originaire  d'Asie  Mi- 
neure, devenue  un  animal  africain  (Cap)  et  américain  (Plata)  ;  le  Mouton 
mérinos,  originaire  d'Espagne,  prospère  en  Australie;  les  Bœufs,  origi- 
naires du  vieux  Monde,  multipliés  en  nombre  infini  en  Amérique  et 
menaçant  nos  marchés  européens. 

»  L'acclimatation  d'une  part,  les  facilités  de  transport  de  l'autre,  sont 
venues  bouleverser  l'ancien  état  de  choses.  » 

—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  le  docteur  Jeannel,  relative  au 
Haricot  Cerise  du  Japon,  M.  Paillieux  croit  devoir  signaler  que  c'est  à 
tort  qu'on  lui  attribue  l'introduction  de  celle  variété  en  France.  «  Le 
Haricot  Cerise,  dit  notre  confrère,  a  été  introduit  par  M.  Sisley,  de 
Lyon,  qui  l'a  envoyé  à  la  Revue  horticole^  de  laquelle  je  tenais  les 
graines.  » 

—  M.  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  l'Ananas,  sa  culture  et 
ses  produits.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  Raveret-Wattel  fait  une  communication  sur  la  station  aquicole 
de  Wood's  Hole  (Massachusetts)  et  sur  la  multiplication  artificielle  de  la 
Morue.  (\^oy.  au  Bulletin.) 

Le  Secrétaire  des  séances, 
C.  Raveret-Wattel. 


4V.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS. 


PREMIERE  SECTION. 

SÉANCE   DU   5  JANVIER   1886. 
Présidence    de    M.  HuET. 

31.  Decroix  s'excuse  de  ne  pouvoir  assister  à  la  séance.  M.  Mégnin 
n'étant  pas  présent  à  l'heure  de  l'ouverture  de  la  séance,  M.  Huet  veut 
hieii  présider. 

Le  procès-verbal  est  lu  et  adopté,  avec  rectification  proposée  par 
31.  Lataste  et  appuyée  par  la  majorité  des  membres  présents. 

M.  Lataste  donne  lecture  des  notes  qu'il  a  prises  en  faisant  des  re- 
<",herches  dans  les  différents  ouvrages  qui  ont  traité  la  question  des 
Léporides.  II  en  résulte,  d'après  lui,  que  l'existence  de  ces  animaux  n'a 
pas  été  suffisamment  démontrée,  et  que,  jusqu'à  nouvel  ordre,  il  n'y 
a  pas  lieu  d'admettre  que  les  Léporides  existent  ou  aient  existé,  entant 
"(lue  race  hybride. 

M.  A.-Geofl'roy  Saint-Hilaire  entretient  la  Section  au  sujet  des  ani- 
maux qualifiés  Léporides,  qui  vivent  au  Jardin  zoologique.  Ils  offrent 
l'aspect  des  Lapins,  et  les  femelles  donnent  le  jour  à  des  petits,  nus  et 
aveugles,  comme  ceux  des  Lapins  ordinaires.  Rien  n'autorise  à  croire 
^jue  cette  race  soit  issue  de  l'accouplement  des  espèces  Lièvre  et  Lapin. 

Notre  collègue  ajoute  qu'au  Jardin  d'Acclimatation  on  n'a  jamais  réussi 
à  créer  des  Léporides.  M.  A. -Geoffroy  Saint-Hilaire  parle  ensuite  des 
Lièvres  qui  ont  donné  plusieurs  générations,  en  captivité,  chez  un  éle- 
veur, à|Versailles  ;  il  raconte  aussi  que,  lorsqu'on  élève  ensemble  des 
Lièvres  et  des  Lapines,  ou  des  Lapins  et  des  Hases,  il  arrive  presque 
toujours  un  moment  où  le  Lièvre  ou  la  Hase  tue  la  Lapine  ou  le  Lapin. 

M.  Joly  fait  observer  qu'il  a  constaté  le  contraire,  et  que  tous  les  au- 
teurs, y  compris  31.  Gayot,  qui  se  sont  occupés  de  la  question,  ont  re- 
marqué  que  c'est  le  Lapin  ou  la  Lapine  qui  tue  son  compagnon. 

Cette  observation  de  31.  Joly  est  appuyée  par  plusieurs  membres. 

31.  A. -Geoffroy  Saint-Hilaire  répond  qu'il  peut  en'être  ainsi  quand  on 
réunit  ces  animaux  dans  un  âge  déjà  avancé,  mais  non  lorsqu'ils  ont  été 
élevés  très  jeunes  ensemble. 

Après  avoir  entendu  ces  divers  rapports,  la  Section,  à  l'unanimité, 
pense  que  la  conclusion  de  31.  Latasti;  doit  être  adoptée,  et  que,  l'exis- 
tence des  Léporides  restant  des  plus  douteuses,  il  y  a  lieu,  comme  il  a 
été  décidé  antérieurement,  de  recommencer  les  expériences. 

Le  Secrétaire, 
Gh.  Mailles. 


184  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'AGCLIMATATION. 

TROISIÈME  SECTION. 

SÉANCE    DU     13    JANVIER    1886. 
Présidence  de  M.  Paillieux. 

MM.  les  Président  el  Vice-Président  s'étant  fait  excuser,  M.  Paillieux 
veut  bien  les  remplacer. 

M.  le  Vice-Secrétaire  donne  lecture  du  procès-verbal  de  la  précédente 
séance.  M.  Raveret-Wattel  demande  une  rectification,  après  quoi  le 
procès-verbal  est  adopté. 

M.  Vidal  n'assistant  pas  à  la  séance,  M.  Mailles  continue  à  remplir  les 
fonctions  de  Secrétaire. 

M.  Raveret-Wattel  fait  savoir  à  la  Section  qu'un  laboratoire  de  pisci- 
culture sera  construit  dans  le  département  de  l'Aude,  à  Quillan,  près 
du  bureau  du  conducteur  des  ponts  et  chaussées  ;  les  appareils  rece- 
vront les  eaux  de  l'Aude,  lesquelles  s'aéreront  en  tombant  d'une  cer- 
taine hauteur. 

Les  appareils  du  système  allemand,  perfectionnés,  seront  les  seuls 
utilisés. 

Avec  une  dépense  d'environ  200  francs,  10  000  alevins  pourront  être- 
jetés,  annuellement,  dans  l'Aude. 

M.  Paillieux  remercie  notre  collègue  du  zèle  qu'il  a  déployé  en  cette 
circonstance  et  en  bien  d'autres. 

M.  Berthoule  fait  remarquer  que  les  premiers  Saumons  envoyés  dans 
le  Midi,  et  dont  quelques-uns  remontèrent  l'Aude,  appartenaient  à  l'espèce- 
américaine,  le  Salmo.Quinnat,  qui  vit  dans  des  eaux  dont  la  température- 
est  analogue  à  celle  de  la  Méditerranée;  noire  Salmo  salar,  au  con- 
traire, existe  normalement  dans  des  eaux  plus  froides.  Mais  toutes 
les  tentatives  faites  pour  l'introduire  dans  le  bassin  de  la  Méditerranée 
sont  jusqu'à  présent  restées  infructueuses. 

M.  Raveret-Wattel  explique  que  les  essais,  tentés  sur  le  Salmo  salar, 
dans  le  Midi,  ont  souvent  été  mal  faits;  on  a  jusqu'ici  employé  des  eaux 
trop  chaudes  pour  faire  éclore  les  œufs.  Il  en  est  résulté,  ou  que  les  em- 
bryons n'ont  pu  se  former,  ou  que  les  alevins  n'ont  pas  vécu.  Toutefois, 
1\[.  Raveret-Wattel  estime  que  le  Sabno  Quinnat  serait  préférable,  pour 
cette  région,  au  Saumon  ordinaire,  comme  le  pense  M.  Berthoule;  mais 
il  serait  bien  difficile  de  se  le  procurer  à  présent.  En  effet,  depuis  que 
l'on  a  réussi,  aux  États-Unis,  à  propager  le  Salmo  salar  dans  de  nom- 
breux cours  d'eau  tributaires  de  l'Océan  Atlantique,  on  ne  s'occupe  plus 
d'y  introduire  le  Salmo  Quinnat.  11  faudrait  donc  faire  venir  de  Cali- 
fornie les  œufs  de  ce  dernier  poisson,  ce  qui  serait  très  onéreux.  Mais 


PROCÈS-VERBAUX.  185 

.  Aquarium  du  Trocadéro  a  obtenu  la  reproduclion  de  cette  espèce,  et 
c'est  même  le  seul  établissement  en  Europe  oii  le  fait  ait  été  constaté 
pendant  plusieurs  années  de  suite.  Malheureusement  les  alevins  doi- 
vent être  jetés  dans  la  Seine,  en  amont  de  Paris,  et  nous  avons  lieu  de 
craindre  qu'ils  n'y  périssent  tous  à  bref  délai. 

M.  Berthoule  exprime  le  désir  que  notre  Société  fasse  venir  de  nou- 
veau des  Saumons  d'Amérique  et  qu'elle  demande  le  concours  du  gou- 
vernement à  cet  effet,  ce  qui  serait  sans  doute  possible  en  faisant  valoir 
l'utilité  de  cette  importation  destinée  à  doter  la  Méditerranée  d'une 
espèce  nouvelle  et  précieuse. 

M.  Raveret-Wattel  pense  que,  si  les  Salmo  sa/a?' réussissent,  il  sera 
inutile  de  faire  venir  à  grands  frais  des  Salmo  Quinnat. 

M.  Paillieux  dit  qu'il  eiit  été  facile  de  jeter  les  alevins  du  Trocadéro 
dans  des  cours  d'eau  plus  favorables  que  ne  l'est  la  Seine. 

M.  Rathelot  fait  remarquer  que  la  chair  du  Salmo  Quinnat  est 
blanche,  tandis  que  celle  du  Salmo  salar  est  rougeàtre. 

M.  Raveret-Wattel  répond  que  celte  couleur  pâle  de  la  chair  du  Sau- 
mon américain  est  le  résultat  d'une  décoloration  qui  tient  au  milieu 
dans  lequel  le  poisson  a  vécu;  en  Amérique,  au  contraire,  cette  espèce 
présente  une  coloration  d'un  rouge  plus  intense  que  celle  du  Saumon 
d'Europe.  Notre  collègue  ajoute  que  les  œufs  de  cette  espèce,  blancs 
en  Europe,  sont  rouges  en  Amérique. 

M.  Rathelot  pense  qu'il  ne  suffit  pas  de  lâcher  des  alevins  dans  nos 
cours  d'eau  :  il  faut,  pour  obtenir  des  résultats  utiles,  fournir  delà 
nourriture  à  ces  jeunes  poissons  ;  notre  collègue  signale  les  alevins  de 
Carpe  comme  très  propres  à  remplir  ce  but.  Au  moins  les  Carpes 
craignent  moins  les  eaux  trop  chaudes  que  les  Saumons,  et  elles  con- 
viendraient pour  celles  où  M.  Valéry-Mayet  échoua  en  employant  des 
alevins  de  Saumon. 

M.  Rathelot  ajoute  que  le  Gardon  pourrait  être  également  utilisé 
pour  les  Salmonidés. 

31.  Berihéol  fait  remanjuer  que  la  Vandoise,  ayant  une  ponte  très 
précoce,  fournirait  une  nourriture  aux  jeunes  Saumons  au  moment 
voulu. 

M.  Berlhoule  fiîit  connaître  que  la  Société  vient  de  recevoir  de  Berlin 
des  œufs  de  Coregonus  marœna,  arrivés  en  bon  état. 

A  cette  occasion,  M.  Berthoule  parle  des  mœurs  de  ce  poisson  et  de 
la  manière  de  le  pêcher. 

M.  Raveret-Wattel  dit  que  ces  œufs  ont  été  envoyés  emballés  par  le 
procédé  américain;  il  donne  la  description  de  ce  système  d'emballage. 

M.  Paillieux  fait  observer  que  ce  mode  d'envoi  offre  un  grand  intérêt. 

M.  Berlhoule  signale  les  difficultés  que  l'on  a  à  surmonter  pour  élever 
les  Corégones,  poissons  très  sensibles  à  la  moindre  blessure. 

M.  Raveret-Wattel  donne  la  description  d'un  système  d'élevage  avec 


186  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

lequel  on  perd  bien  moins  de  jeunes  Corégones  qu'en  employant  les 
procédés  ordinaires. 

M.  Rathelot  pense  qu'il  serait  utile  que  les  instituteurs  primaires  en- 
seignassent les  éléments  de  pisciculture  aux  enfants.  On  pourrait  adres- 
ser une  demande,  à  cet  effet,  au  ministre  de  l'Instruction  publique. 

M.  Raveret-Wattel  répond  que  cet  enseignement  ne  peut  guère  être 
demandé  aux  instituteurs,  qui  ont  déjà  fort  k  faire,  et  que  c'est  le 
ministre  de  l'Agriculture  qui  devrait,  s'il  y  a  lieu,  être  saisi  d'une 
demande  en  ce  sens. 

M.  Berthoule  parle  de  plusieurs  établissements  de  pisciculture,  dont 
quelques-uns  sont  très  beaux;  d'autres,  plus  modestes,  donnent  cepen- 
dant des  produits  rémunérateurs. 

M.  Raveret-Wattel  dit  que  ces  petits  et  modestes  laboratoires  sont 
très  intéressants,  productifs  et  propres  à  encourager  le  goût  de  la 
pisciculture,  car  ils  donnent  des  résultats  fort  satisfaisants.  Quant  aux 
établissements  luxueux,  les  frais  de  toutes  sortes  dépassent  géné- 
ralement les  bénéfices;  c'est  ce  qui  fait  croire  au  grand  nombre  que  la 
pisciculture  n'est  pas  une  spéculation  avantageuse. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    19  JANVIER   1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Après  la  lecture  du  procès-verbal  qui  est  adopté,  M.  le  Président 
annonce  la  mort  de  M.  Moleyre,  préparateur  au  laboratoire  d'entomo- 
logie, qui  publiait  actuellement  dans  nos  BuUetinsua  mémoire  sur  les 
Insectes  comestibles.  Le  laboratoire  d'entomologie  avait  perdu  quelques 
jours  auparavant  un  autre  de  ses  préparateurs,  M.  Delorieu. 

M.  le  Président  présente,  au  nom  de  M.  Wailly,  un  travail  sur  les  Sé- 
ricigènes,qui  sera  soumis  à  la  Commission  des  récompenses. 

M.  Fallou  annonce  aussi  le  second  volume  de  M.  Natalis  Rondot, 
sur  les  Vers  à  soie  sauvages  (ouvrage  publié  aux  frais  de  la  Chambre 
de  commerce  de  Lyon). 

M.  Fallou  présente  à  la  Société  une  note  sur  le  Molytes  coronatus. 

M.  Fallou  a  pu,  en  détruisant  un  certain  nombre  de  femelles,  préser- 
ver ses  plantations  de  nouveaux  dégâts,  tandis  que  ces  dégâts  ont  con- 
tinué dans  les  propriétés  voisines. 

M.  Fallou  croit  que  l'espèce  vit  aussi  dans  le  Panais. 


PROCÈS -VERBAUX.  187 

iM.  Mailles  désirerait  savoir  le  nom  d'un  Locuslien  très  commun  dans  la 
région  centrale  de  la  France. 

M.  le  Président  fait  remarquer  qu'il  est  très  difficile  de  se  prononcer 
sur  le  nom  d'un  Insecte  dans  des  conditions  aussi  vagues,  et  engage  notre 
collègue  à  se  procurer  des  échantillons  de  cette  espèce. 

M.  le  Président  a  reçu  de  M.  Lesueur,  dans  des  paquets  de  cheveux 
provenant  de  l'industrie,  la  Tinea  crinelle,  espèce  qui  attaque  habituel- 
iement  le  crin  des  matelas  et  la  laine. 

.^I.  Lesueur  a  trouvé  également  un  parasite  de  cette  espèce  que 
M.  31.  Girard  a  reconnu  être  un  Ichneumonien. 

Le  Secrétaire, 

M.  SÉDILLOT. 


CINQUIÈME  SECTION 

SÉANCE   DU  26  JANVIER    1886. 
Présidence  de  M.  Henry  de  Vilmorin,  Président. 

I^e  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

II  est  procédé  à  la  nomination  du  Bureau  et  du  délégué  dans  la  Com- 
mission des  récompenses. 

Sont  désignés  par  acclamation  : 

Président  :  M.  H.  de  Vilmorin. 

Vice-président  :  M.  Aug.  Paillieux. 

Secrétaire  :  M.  Jules  Grisard. 

Vice-secrétaire  :  M.  Jean  Dybowski. 

Délégué  dans  la  Commission  des  récompenses  :  M.  le  D''  Mène. 

M.  Paillieux  donne  lecture  de  lettres  émanant  de  MM.  le  D''  Jeannel, 
Frère  et  Clarté,  rendant  compte  de  la  culture  des  graines  qu'ils  ont  re- 
rues au  printemps  de  1885. 

A  propos  de  cette  communication,  M.  Chappellier  dit  qu'il  a  cultivé 
le  Stachys  affinis  avec  succès.  C'est  un  légume  excellent  et  qui  produit 
beaucoup  ;  une  ou  deux  touffes  suflisent  à  la  confection  d'un  plat. 

Notre  confrère  a  remarqué  que  le  Stachys  n'est  pas  féculent,  et  il 
appelle  l'attention  de  la  section  d'une  façon  toute  spéciale  sur  ce  point 
ijui  présente  un  très  grand  intérêt,  les  diabétiques  pouvant  en  faire 
usage  sans  inconvénient. 

M.  Paillieux  rappelle  qu'il  a  fait  faire  l'analyse  duSoyaqui,  lui  aussi, 
ne  présente  pas  trace  de  fécule,  et  il  avait  même  pris  un  brevet  au  sujet 
de  son  emploi  comme  aliment  pour  les  diabétiques,  mais  il  a  dû  laisser 
tomber  ce  brevet,  le  Soya  renfermant  de  l'inuline  qui  se  convertit 
également  en  sucre. 


188  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

M.  Berthoule  a  également  cultivé  le  Stachys  en  Auvergne  où  il  a 
constaté  sa  parfaite  rusticité.  Il  fournit  un  excellent  appoint  au  pota- 
ger; très  fondant,  très  savoureux,  il  rappelle  à  la  fois  le  fond  d'Arti- 
chaut et  le  Salsifis. 

M.  Soubies  a  aussi  parfaitement  réussi. 

M.  Paillieux  est  heureux  de  constater  ce  résultat,  car  il  faut  bien 
l'avouer,  de  pareils  et  si  complets  succès  sont  assez  rares. 

M.  Mailles  a  cultivé  le  Stachys  dans  un  sol  des  plus  mauvais,  des 
plus  sablonneux.  Malheureusement  les  Vers  blancs  ont  détruit  la  plus 
grande  partie  des  touffes;  celles  qui  ont  été  épargnées  ont  donné  un 
résultat  satisfaisant. 

Notre  confrère  pense  que  M.  Dautreville  se  chargerait  volontiers  de 
faire  l'analyse  du  Stachys  et  s'offre  de  le  lui  demander.  La  section 
accepte  avec  reconnaissance. 

M,  Paillieux  donne  lecture  d'une  note  sur  l'Ananas,  sa  culture  et  ses 
produits  (voy.  au  Bulletin).  Puis  il  est  procédé  à  la  dégustation  de 
vin  d'Ananas  qui  est  trouvé  excellent. 

Cette  communication  donne  lieu  à  quelques  observations  de  la  part 
de  MM.  Chappellier  et  Grisard. 

M.  Marquiset  rend  compte  de  ses  cultures  de  Kudzu.  (Voy.  au  Bul- 
letin .  ) 

Le  Secrétaire, 
Jules  Grisard. 


PREMIÈRE  SECTION. 

SÉANCE   DU  "2   FÉVRIER   1886, 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Lataste  présente  quelques  modifications  au  procès-verbal  du 
22  avril  dernier,  rectifications  que  son  voyage  dans  le  Haut-Sénégal  l'a- 
empêché  de  présenter  plus  tôt  :  page  390  du  Bulletin,  i^  paragraphe,  il  faut 
lire  :  Sénégal  et  non  Afrique;  lisez  aussi:  Noirs  et  non  Arabes.  Même 
page,  1^  paragraphe,  M.  Lataste  n'a  pas  dit  que  le  venin  du  Crapaud 
soit  actif  seulement  pour  les  petits  animaux;  il  l'est  également  pour 
les  ^ros,  puisqu'on  a  tué  des  Chiens  par  son  emploi.  Mais  ce  venin  ne 
peut  servir,  pour  le  Crapaud,  que  comme  moyen  défensif,  ce  Batracien 
ne  pouvant  le  projeter  à  distance,  comme  le  croient  quelques  personnes. 
Même  page,  même  paragraphe,  il  faut  lire  :  Parotides  au  lieu  de 
Carotides. 

Ensuite  M.  Lataste  donne  lecture  de  la  note  suivante,  note  que  lui  a 


PROCÈS-VERBAUX.  18!) 

communiquée,  jadis,  M.  Ancey,  de  Marseille  ;  M.  I^ataste  fait  cette 
lecture  à  propos  de  la  communication  de  M.  Maurice  Girard,  dans  la 
séance  générale  du  :2i  mai  1885,  sur  les  Lapins  sauvages  noirs  de  la 
forêt  de  Villers-Cotterets  ;  M.  Lataste  fait  observer  qu'il  ne  prend  nulle- 
ment la  responsabilité  des  explications  que  M.  Ancey  ajoute  à  la  simple 
constatation  des  cas  de  mélanisme  : 

«  Entre  autres  points  de  noire  région,  il  se  trouve  des  Lapins  sauvages 
noirs,  dans  la  propriété  de  Caseneuve,  près  Pélissanne  (Bouches-du- 
Rhône).  Ces  Lapins,  quoique  fort  rares,  y  ont  été  parfaitement  observés 
de  tout  temps,  et,  l'année  dernière,  on  en  a  tué  deux  et  vu  quatre  dans  les 
mêmes  endroits  que  les  Lapins  gris  ordinaires.  Celui  qui  écrit  ces  lignes 
en  a  pris  un  au  mois  de  juillet,  en  pleine  colline,  à  la  main,  il  ne  devait 
pas  avoir  plus  d'un  mois.  Remis  aussitôt  en  liberté,  ce  petit  Lapin  alla 
se  réfugier  dans  un  amas  de  pierres. 

»  Ces  animaux  ont  le  poil  franchement  noir  sur  tout  le  dessus  du 
corps  ;  le  ventre  et  le  dessous  de  la  queue  sont  gris  de  fer.  Ils  offrent 
cette  particularité  que,  tandis  que  le  Lapin  sauvage  gris  devient  raide 
quelque  temps  après  avoir  été  tué,  ceux-ci  restent  souples  et  flasques. 

»  Il  n'y  a  pas  de  Lapins  domestiques  dans  les  environs  depuis  fort 
longtemps,  et  nous  n'avons  jamais  rencontré,  dans  nos  chasses,  de  variété 
autre  que  la  noire  en  question.  Les  vieux  bergers  du  pays,  prétendent 
que  ces  Lapins  noirs  sont  les  produits  de  femelles  grises  ordinaires, 
qui,  étant  pleines,  ont  élé  impressionnées  par  la  vue  des  emplacements 
où  l'on  a  fait  du  charbon,  et  oîi  le  sol  est  entièrement  noir.  Ces  empla- 
cements se  trouvent  çà  et  là,  sur  notre  terrain  oîi  poussent  le  Chêne  vert, 
le  Chêne  à  kermès,  et  le  Pin  maritime.  » 

M.  Huet  donne  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle  un  de  nos  collègues 
parle  de  Cerfs-Cochons. 

Ces  animaux  se  seraient  montrés  moins  féconds  que  ceux  du  Muséum 
de  Paris. 

A  cette  occasion,  M.  Huet  dit  que  les  onze  femelles  de  la  ménagerie 
ayant  été  tuées  par  un  Chien,  deux  autres  femelles,  provenant  du  Jardin 
d'Acclimatation,  ont  été  données  au  mâle  qui  restait.  Ces  nouvelles  venues 
se  sont  montrées  aussi  fécondes  que  les  autres.  En  général,  il  y  a  deux 
mises  bas,  de  un  ou  deux  petits  chacune,  en  treize  ou  quatorze  mois 
environ. 

M.  Joly  demande  si  le  Conseil  a  accordé  les  cheptels  de  Lièvres  et  de 
Léporides  que  la  section  avait  demandés. 
M.  Berthoule  répond  que  ces  cheptels  sont  accordés. 
M.  Berthoule  parle  des  Léporides,  que  M.  Égal  a  obtenus  des  couples 
Lièvre-Lapine  et  Lapin-Hase. 

Notre  collègue  ajoute  que  M.  Égal  pourrait  peut-être  disposer  à  notre 
profit  de  quelques-uns  de  ces  Lé})orides,  ou  même,  sans  doute,  des 
couples  de  parents  ayant  produit  ensemble. 


190  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

Après  discussion,  la  section,  à  la  majorité,  décide  qu'il  y  a  lieu  de 
profiter  de  ces  bonnes  dispositions  ;  les  animaux  que  M.  Égal  voudra 
donner  seront  reçus  avec  beaucoup  de  reconnaissance. 

En  définitive,  l'expérience  aura  lieu,  et  sur  des  couples  de  Lapins  et  de 
Hases,  et  de  Lièvres  et  de  Lapines,  d'une  part,  et  sur  des  couples  de 
Léporides  tels  qu'ils  existent  actuellement. 

Comme  il  se  pourrait  que  M.  Joly,  désigné  déjà  pour  recevoir  ces 
animaux,  en  eût  un  nombre  assez  considérable,  M.  Huet,  dans  ce  cas,  se 
chargerait  de  quelques-uns. 

Cette  dernière  décision  est  prise  après  une  discussion  à  laquelle  plu- 
sieurs membres  prennent  part;  les  uns  étant  d'avis  qu'il  faut  réunir 
tous  les  animaux  chez  un  seul  éleveur,  afin  de  faciliter  la  tâche  de  la 
Commission  de  surveillance,  et  les  autres  faisant  valoir,  au  contraire, 
les  avantages  résultant  de  la  dispersion,  afin  d'éviter  les  épidémies,  et, 
surtout,  afin  d'agir  sur  des  milieux  divers,  avec  des  moyens  divers.  La 
décision  prise  est  donc  un  moyen  terme. 

M.  Ménard  parle  des  déceptions  qu'il  a  eues  chaque  fois  qu'il  a  suivi 
une  piste  de  Léporides  soi-disant  hybrides,  soit  au  Jardin  d'Acclimata- 
tion, soit  chez  des  amateurs  ou  éleveurs  de  profession  ;  en  fin  de  compte, 
notre  collègue  s'est  toujours  trouvé,  après  information  et  examen,  en  pré- 
sence de  Lapins,  race  dite  Léporide.  M.  Ménard  craint  que  les  Léporides 
de  M.  Égal  ne  soient  que  des  Lapins  de  celte  rare. 

M.Geoffroy  Saint-Hilaire  partage  les  craintes  de  M.  iMénard,  et  déclare 
également  qu'il  n'a  jamais  pu  rencontrer  que  des  Léporides-Lapins. 

M.  de  Sémallé  ne  croit  pas  à  l'existence  d'une  race  hybride  fixe, 
d'autant  plus  que,  jusqu'ici,  tous  les  hybrides  observés  n'ont  pu  conserver 
longtemps  leur  caractère  intermédiaire. 

M.  Lataste  émet  le  vœu  qu'un  prix  soit  accordé  à  la  personne  qui,  la 
première,  obtiendra  des  produits  hybrides  des  espèces  Lièvre  et  Lapin. 

MM.  Rathelot  et  Berthoule  soutiennent  cette  proposition,  laquelle  est 
combattue  par  MM.  Paillieux,Huet  et  Joly.  Mise  aux  voix,  la  proposition 
de  M.  Lataste  est  adoptée. 

M.  Ménard  est  nommé  membre  de  la  Commission  de  surveillance,  ce 
qui  porte  à  quatre  le  nombre  de  nos  collègues  désignés,  par  la  section, 
pour  suivre  les  essais  de  constitution  ou  de  reconstitution  de  Léporides 
hybrides. 

Le  Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


I 

Élevage  des  animaux  de  basse-cour,   par  Ernest  Lemoine,  2^  édit., 
iii-18,  fig.  Paris,  G.  Masson,  éditeur. 

Si  quelqu'un  pouvait  avec  profit  étudier  la  basse-cour  et  rendre  cette 
étude  utile  et  attrayante  en  la  vulgarisant,  c'est,  à  coup  sûr,  l'auteur  de 
ce  nouvel  ouvrage.  Placé,  pour  ce  faire,  dans  des  conditions  absolu- 
ment privilégiées,  à  une  faible  distance  de  Paris,  sur  les  bords  d'une 
paisible  rivière,  ayant  à  discrétion,  avec  l'eau  et  l'espace,  toutes  les  res- 
sources matérielles  nécessaires,  aidé  du  précieux  concours  de  la  ména- 
gère la  plus  zélée  et  la  mieux  entendue,  guidé  lui-même  par  un  juge- 
ment sûr  et  par  une  grande  persévérance  de  volonté,  M.  Lemoine  a 
créé  en  plein  parc,  sous  l'abri  de  vieux  arbres,  un  établissement  d'éle- 
vage de  tous  points  remarquable,  véritable  haras  de  volailles,  duquel 
on  a  pu  dire  qu'il  était  sans  second  en  France. 

Convaincu  à  bon  droit  de  l'excellence  des  espèces  indigènes,  l'auteur 
a  su  se  garder  d'un  engouement  irréfléchi  pour  les  races  étrangères, 
observant  d'ailleurs  soigneusement  les  unes  et  les  autres,  et  s'attachaut 
à  faire  entre  elles  un  choix  judicieux,  tout  en  se  livrant  dans  leur  éle- 
vage au  plus  minutieux  travail  de  sélection. 

C'est  à  Crosne,  sur  les'rives  de  l'Yerre,  dans  un  parc  de  8  hectares, 
que  M.  Lemoine  a  établi  ses  parquets  au  nombre  de  plus  de  cent,  en 
leur  dispensant  généreusement  l'eau  et  l'espace,  l'ombre  et  la  lumière. 
Ces  parquets,  dont  l'étendue  varie  de  100  à  500  mètres  carrés,  sont  de 
véritables  jardins,  plantés  d'arbustes,  semés  de  vertes  pelouses,  et  dé- 
coupés par  des  allées  soigneusement  sablées.  Le  logement  des  volailles 
n'a  pas  été  aménagé  avec  moins  de  soins  et  de  prévoyance,  quoique  sans 
un  luxe  inutile  ;  tout  est  fait  avec  goût  et  avec  économie,  en  vue  de 
riiygiène  des  animaux  et  de  leur  facile  surveillance. 

La  première  partie  du  livre  de  M.  Lemoine  est  consacrée  à  la  des- 
cription de  chacun  des  détails  de  l'installation  du  poulailler,  après  quoi 
l'auteur  passe  à  l'étude  de  ses  habitants  :  sans  phrases,  en  quelques 
mots,  il  indique  les  caractères  distinctifs  des  principales  races,  françaises 
d'abord,  étrangères  ensuite,  dans  des  termes  suffisamment  précis  pour 
permettre,  même  à  la  ménagère  la  plus  novice,  le  peuplement  le  mieux 
compris  de  sa  basse-cour,  recommandant  de  préférence  à  son  choix  les 
variétés  indigènes,  et  la  stimulant  à  leur  amélioration  par  une  rigou- 
reuse sélection  dans  chacune  d'elles,  plutôt  que  par  leur  croisement. 

Vient  ensuite  une  étude,  instructive  pour  beaucoup,  en  tous  cas  pleine 
d'intérêt,  sur  la  physiologie  de  l'œuf,  dont  on  peut  suivre  le  développe- 
ment presque  jour  par  jour,  depuis  sa  formation  première  jusqu'à  l'heure 
de  l'éclosion. 


192  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Nous  compléterons  celte  note  en  ajoutant  que  M.  Lemoine  a  eu  le  bon 
foùt  de  remplir  son  livre  de  dessins  pittoresques  et  la  bonne  fortune 
d'en  pouvoir  confier  l'exécution  au  crayon  d'Allongé. 

A.  Berthoule. 


II.  Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

■/Algérie  agricole.  Phijtolaquc,  par  le  docteur  Bertherand, 

n°  de  février. 

Le  Phytolaque  {Phytolacca  decandra),  plus  vulgairement  connu  sous 
Jes  noms  de  Raisin  d'Amérique  ou  d'Épinard  des  Indes,  appartient  à  la 
famille  des  Phytolaccacées.  Cette  plante,  répandue  dans  la  plupart  des 
régions  tropicales,  et  assez  commune  sur  le  littoral  algérien,  est  inté- 
ressante à  plus  d'un  titre;  sa  racine  pivotante,  sur  laquelle  se  développent 
de  nombreuses  radicelles,  la  rendrait,  par  cela  même,  d'une  utilité  sé- 
rieuse en  beaucoup  d'endroits,  pour  fixer  les  terrains  exposés  aux  glis- 
sements. 

Sa  baute  tige  rameuse,  très  feuillée,  à  verdure  persistante,  est  assez 
ornementale  pour  lui  avoir  mérité  en  Espagne  le  nom  de  Belombra.  Ses 
jeunes  pousses  servent  dans  quelques  pays  à  l'alimentation,  mais  elles 
ont  une  saveur  acre,  difficilement  supportable  pour  un  palais  délicat. 

La  floraison  se  produit  en  été  et  se  prolonge  assez  avant  dans  l'au- 
tomne; les  fleurs  sont  disposées  en  longues  et  nombreuses  grappes  d'un 
bel  efi"et;  le  fruit,  sorte  de  baie  à  dix  loges  monospermes,  vert  d'abord, 
rouge  foncé  au  moment  de  la  maturité,  donne,  par  écrasement,  un  jus 
épais  couleur  d'améthyste,  utilisé  en  teinturerie,  quelquefois  même  pour 
la  coloration  des  vins,  ce  qui,  d'après  le  docteur  Bertberand,  ne  serait 
pas  sans  inconvénients  pour  la  santé. 

Ses  propriétés  médicales  sont  contestables;  c'est  tout  au  moins  un 
purgatif  énergique.  On  l'emploie  même  en  Amérique  pour  le  traitement 
des  ulcères  atoniques  et  de  quelques  autres  afl'ections. 

Quoi  qu'il  en  soit,  cette  étude  botanique  du  docteur  Bertherand,  en 
raison  des  diverses  utilisations  possibles  du  Phytolaque,  nous  a  paru 
mériter  d'être  signalée. 

B.   A. 


Le  Gérant:  Jules  Grisard. 


5ÎI04.  —  BouRLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris, 


I.  TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ. 


L'APPAREIL  GHESTER 

POUR    L'INCUBATION   ARTIFICIELLE    DES    OEUFS    DE   MORUE  A   LA   STATION    AOUICOLE 
DE  WOOO'S  HOLE  (MASSACHUSETTS) 

Par  m.    C.    RAl'ERET-YVilTTEL 

Secrétaire  des  séances. 


J'ai  déjà  mentionné,  dans  un  travail  présenté  à  la  So- 
ciété (I),  les  premiers  essais  tentés  par  la  Commission  des 
pêcheries  des  Étals-Unis,  à  Gloucester  (Massachusetts),  pour 
la  multiplication  artificielle  de  la  Morue,  et  j'ai  fait  connaître 
les  résultats  très  encourageants  déjà  obtenus,  c'est-à-dire 
l'empoissonnement  de  la  rade  de  Gloucester,  où  les  pêcheurs 
constataient  une  abondance  tout  à  fait  extraordinaire  déjeunes 
Morues. 

Ces  travaux,  toutefois,  n'étaient  pas  encore  entrés  positi- 
vement dans  le  domaine  de  la  pratique,. par  suite  de  certaines 
difficultés  pi'ovenant  de  l'extrême  légèreté  des  œufs  de  Mo- 
rue, lesquels  flottent  ou,  tout  au  moins,  restent  en  suspension 
dans  l'eau  de  mer  (2).  Il  en  résulte  que  si  l'on  cherche  à  faire 
éclore  ces  œufs  dans  des  appareils  à  courant  continu,  ils  sont 
bientôt  entraînés  hois  des  appareils  par  le  courant,  ou  bien 
ils  vont  s'accumuler  et  s'étouffer  mutuellement  contre  les 
petits  grillages  en  toile  métallique  que  l'on  oppose  à  leur 
fuite.  Si,  au  contraire,  on  les  met  en  incubation  dans  des  ap- 
pareils à  eau  stagnante,  l'asphyxie  des  embryons  se  produit 
rapidement,  faute  d'une  aération  suffisante  de  l'eau  qui  les 
baigne. 


(1)  Rapport  sur  la  situation  de  la  pisciculture  à  ["étranger  (Bull.  Soc.  Ac- 
clim.,  octobre  1882,  p.  505). 

(2)  A  la  station  aquicole  de  Wood's  Hole,  où  la  densité  de  l'eau  de  mer  est 
de  1.025,  les  œufs  tloltcnt  à  la  surfaco  pendant  queli[iies  jours,  puis  ils  s'en- 
foncent un  peu.  Sur  un  autre  point  de  la  côte,  à  Cold  Spring  Harbor  où  la 
densité  de  l'eau  n'est  que  1.U22,  les  œufs  restent  en  suspension  s'il  y  a  un 
léger  courant;  mais  ils  s'enfoncent  si  l'eau  est  tranquille. 

4e  SÉRIE,  T.  III.  —  .Avril  1886.  13 


194  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

A  la  slation  aquicole  de  Gloucester,  on  avait  bien,  il  est  vrai, 
cherché  à  tourner  ces  difficultés  au  moyen  des  appareils  dont 
j'ai  donné  la  description  (1).  De  petites  hélices,  mises  en 
mouvement  dans  les  bacs  d'éclosion  au  moyen  d'une  machine 
à  vapeur,  maintenaient  les  œufs  en  suspension  dans  ces  ap- 
pareils par  les  contre-courants  qu'elles  déterminaient.  Mais, 
outre  que  ce  système  avait  l'inconvénient  de  faire  périr  beau- 
coup d'œufs,  qui  se  trouvaient  trop  violemment  agités,  il 
était  dispendieux  ;  d'abord,  à  cause  de  la  force  motrice  dont 
il  nécessitait  l'emploi,  et,  en  second  lieu,  parce  que  les  appa- 
reils, en  grande  partie  métalliques,  devaient  être  nickelés  pour 
éviter  l'action  de  l'eau  de  mer  qui,  sans  cette  précaution,  eût 
bientôt  complètement  détérioré  le  mécanisme  et  produit  une 
oxydation  tout  à  fait  funeste  aux  œufs. 

Il  restait  donc  à  trouver  une  méthode  véritablement  pra- 
tique pour  faire  éclore  les  œufs  flottants,  et  en  particulier  les 
œufs  de  Morue. 

Le  problème  vient  d'être  résolu  d'une  façon  tout  à  fait  sa- 
tisfaisante, pendant  la  dernière  campagne,  à  la  station  aqui- 
cole de  Wood's  Hole,  établie  par  la  Commission  des  pêcheries 
des  États-Unis,  sur  la  côte  du  Massachusetts. 

La  station  de  Wood's  Hole  est  un  établissement  de  recher- 
ches biologiques,  analogue  à  nos  stations  de  Roscoff  et  de 
Banyuls,  où  sont  étudiées  l'anatomie  et  les  mœurs  des  diffé- 
rentes espèces  animales  aquatiques,  mais  où  l'on  s'occupe, 
en  outre,  de  la  propagation  des  poissons  et  des  crustacés  ma- 
rins servant  à  l'alimentation  de  l'homme.  Ce  laboratoire  était 
tout  désigné  pour  renouveler  les  tentatives  laites  à  Glou- 
cester et  essayer  de  nouveaux  procédés.  Beaucoup  d'appa- 
reils furent  mis  en  expérience,  mais  aucun  n'a  donné  de  ré- 
sultats comparables  à  ceux  qu'on  obtient  avec  le  système 
définitivement  adopté  aujourd'hui,  lequel  est  dû  à  l'inven- 
tion d'un  des  agents  de  la  Commission  des  pêcheries,  M.  le 
capitaine  H.-C.  Chesler.  Cet  appareil  est  on  ne  peut  plus 
simple,  et,  comme  il  ne  présente  aucune  partie  métallique, 

(1)  Loc.  cit.,  p.  511, 


''"'l'appareil  chester.  195 

rien  n'est  à  craindre  de  l'action  de  l'eau  de  mer.  Voici  en 
quoi  consiste  cet  appareil,  dont  la  figure  ci-contre  donne  une 
coupe  dans  le  sens  de  la  longueur  : 

Un  bac  en  bois  A  mesure  2", 50  de  long,  0",70  de  large  et 
80  centimètres  de  profondeur.  A  35  centimètres  environ  de 
chaque  extrémité  de  ce  bac  se  trouve  une  cloison  en  bois,  qui 
s'arrête  à  10  centimètres  environ  du  fond.  Ces  deux  cloisons 
laissent  entre  elles  un  espace  libre  de  l^jSO  de  longueur,  dans 
lequel  sont  placés  6  ou  8  bocaux  e  à  large  coi,  que  des  tas- 
seaux, non  représentés  dans  la  ligure,  maintiennent  l'ouver- 


ture en  bas  et  dans  une  situation  verticale.  Ces  bocaux  sont 
de  forme  cylindrique  et  d'une  contenance  de  16  litres.  Cha- 
cun d'eux  présente,  au  fond,  une  ouverture  circulaire  de 
2  centimètres  à  peu  près  de  diamètre,  qui  a  été  ménagée 
juste  au  centre.  Les  bouchons  de  ces  bocaux  sont  remplacés 
par  un  morceau  de  canevas  solidement  tendu  et  fixé  sur  le  col 
à  l'aide  d'une  cordelette.  La  disposition  des  tasseaux  ou  sup- 
ports est  telle  que  le  fond  des  bocaux  est  à  peu  près  de  niveau 
avec  le  bord  supérieur  du  bac.  Chaque  bocal,  qui  mesure  en- 
viron 42  centimètres  de  hauteur  et  22  centimètres  de  dia- 
mètre, peut  recevoir  de  500000  à  1 000000  d'œufs  de  Morue, 
qu'on  y  introduit,  au  moyen  d'un  entonnoir  en  verre,  par 
l'orifice  circulaire  pratiqué  dans  le  fond. 

Les  œufs,  fécondés  avec  les  précautions  nécessaires,  étant 
mis  en  place,  voici  comment  l'appareil  fonctionne  :  Le  bac 


19C  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

est  rempli  d'eau  de  mer  non  filtrée  par  le  robinet  d.  Quand 
le  niveau  de  l'eau  atteint  le  point  a,  le  siphon  c  commence  à 
fonctionner  et,  comme  son  débit  est  beaucoup  plus  considé- 
rable que  celui  du  robinet,  il  ne  tarde  pas  à  abaisser  le  ni- 
veau de  l'eau  au  point  h.  Mais  aussitôt  il  cesse  d'être  amorcé 
et  ne  fonctionne  plus.  Le  robinet,  qui  continue  toujours  à 
couler,  ramène  bientôt  l'eau  à  son  premier  niveau.  Alors,  de 
nouveau,  le  siphon  se  met  à  déverser  l'eau  et,  ainsi  de  suite, 
de  dix  minutes  en  dix  minutes  :  c'est  le  temps  que  le  robinet 
met  à  remplir  l'appareil.  Or,  comme  les  bocaux  ne  sont  fer- 
més, ainsi  qu'il  a  été  dit  plus  haut,  que  par  un  simple  cane- 
vas, les  variations  de  niveau  qui  se  produisent  dans  le  bac 
ont  lieu  également  à  l'intérieur  des  bocaux.  Ces  oscillations 
de  l'eau,  ces  mouvements  alternatifs  de  bas  en  haut  et  de  haut 
en  bas,  agitent  suffisamment  les  œufs  pour  les  maintenir 
en  suspension,  leur  fournir  l'aération  nécessaire,  en  un  mot, 
les  entretenir  en  bon  état  et  en  assurer  l'éclosion.  Les  pertes 
sont  insignifiantes  et  s'élèvent  tout  au  plus  à  5  pour  100. 

L'appareil  fonctionnant  automatiquement,  la  surveillance 
se  réduit  à  fort  peu  de  chose,  et  tout  le  travail  consiste  à  en- 
lever de  temps  en  temps,  à  l'aide  d'un  siphon,  les  dépôts  qui 
peuvent  se  former  au  fond  du  bac  ou  sur  le  canevas  qui  ferme 
les  bocaux.  Un  seul  homme  suffit  aisément  pour  surveiller 
l'incubation  de  100  millions  d'œufs.  Ces  œufs  montent  et  des- 
cendent alternativement  d'environ  42  centimètres,  sans  se- 
cousses, sans  chocs  nuisibles,  et  l'évolution  embryonnaire 
s'y  effectue  dans  les  meilleures  conditions  possibles.  L'incu- 
bation demande  de  41  à  12  jours,  dans  une  eau  marquant  de 
7  à  9  degrés  centigrades. 

Chaque  bocal  pouvant,  ainsi  qu'on  l'a  vu  plus  haut,  rece- 
voir jusqu'à  1  million  d'œufs,  et  chaque  bac  servant  à  loger 
au  besoin  huit  bocaux,  c'est  8  millions  d'œufs  à  la  fois  qu'un 
seul  appareil  suffit  pour  faire  éclore. 

L'appareil,  à  la  fois  très  simple  et  très  ingénieux,  de  M.  le 
capitaine  Chester  constitue  un  progrès  considérable  par  rap- 
port à  tous  les  autres  systèmes  précédemment  employés  pour 
l'éclosion  des  œufs  de  Morue,  et  il  peut  être  utilisé  même 


l'appareil  ciiester.  197 

pour  d'autres  espèces,  notamment  pour  les  œufs  du  Tassard 
(Ci/bium  tnaculatum)  (1),  poisson  très  estimé  aux  États- 
Unis,  où  il  est  connu  sous  le  nom  de  Maquereau  espagnol 
[Spanish  mackereï). 

La  station  de  Woods's  Ilole  possède  dès  maintenant  un 
outillage  complet  du  système  Chester,  et  la  quantité  d'œufs 
qu'il  lui  est  possible  de  faire  éclore,  pendant  les  trois  mois 
que  dure  le  frai  de  la  Morue,  peut  s'élever  à  près  d'un  mil- 
liard. En  présence  de  ce  chiffre,  on  comprend  les  services 
que  peut  rendre  un  semblable  établissement. 

Dans  les  conditions  naturelles,  en  effet,  les  œufs  de  Morue, 
qui  flottent  à  la  surface  des  eaux,  sont  exposés  à  toutes  sortes 
de  chances  de  destruction  qu'on  évitera  par  la  pratique  de 
l'incubation  artificielle.  Souvent  entraînés  parles  vents  et  les 
marées  à  des  distances  considérables  des  baies  et  des  anses 
où  ils  ont  été  pondus,  des  quantités  prodigieuses  de  ces  œufs 
sont  rejetées  sur  le  rivage  par  les  vagues  et  laissées  à  sec  au 
moment  du  reflux.  Ainsi  exposés  cà  l'air,  ils  périssent  bientôt, 
surtout  par  les  rudes  températures  des  régions  septentrio- 
nales; à  peine  hors  de  l'eau,  ils  sont  atteints  par  la  gelée.  A 
certains  moments,  on  peut  dire,  sans  exagération,  que  chaque 
vague  qui  déferle  sur  le  rivage  cause  la  perte  de  plusieurs 
millions  d'œufs.  Ceux  qui  échappent  à  cette  cause  de  destruc- 
tion sont,  dans  l'eau,  exposés  à  la  voracité  de  myriades  d'ani- 
maux de  toute  espèce  qui  hantent  les  mêmes  parages. 

Si  l'on  lient  compte  de  toutes  les  causes  qui  contribuent  à 
la  destruction  des  œufs  de  Morue,  on  peut  affirmer  que,  sur 
un  million  de  ces  œufs,  quelques-uns  seulement  réussissent. 
Dans  les  appareils  d'éclosion,  au  contraire,  c'est  à  peine, 
ainsi  qu'on  l'a  vu  ci-dessus,  si  la  perte  s'élève  à  5  pour  100. 
Devant  un  pareil  résultat,  la  conclusion  est  facile. 

(1)  La  durée  de  l'incubation  des  œufs  est,  chez  ce  poisson,  beaucoup  moins 
longue  que  chez  la  Morue  :  l'éclosion  se  produit  généralement  au  bout  de  vingt- 
quatre  heures. 


ÉDUCATIONS  DE  BOMBYCIENS  SÉRÏCIGÈNES 

FAITES  A  CHAMPROSAY  (Seine-et-Oise)  EN   1885 


Par  M.   J.   FALLOIJ 


ATTACUS   CEGROPIA 

Le  20  mai  1 885,  j'ai  reçu  de  la  Société  nationale  d'Acclima- 
tation des  œufs  d'Attacus  cecropia. 

Les  Chenilles  sont  écloses  dans  les  premiers  jours  de  juin, 
je  leur  offris  pour  nourriture  les  végétaux  que  cette  espèce 
affectionne  ordinairement  et  avec  lesquels  je  l'ai  élevée  plu- 
sieurs fois  avec  succès,  même  à  l'état  libre.  Ces  Chenilles  ont 
refusé  de  manger,  et  sont  toutes  mortes  dans  leur  premier 
âge. 

J'ai  tout  lieu  de  croire  que  ces  œufs  devaient  être  le  pro- 
duit de  parents  provenant  de  plusieurs  générations  déjà  éle- 
vées en  captivité.  Ces  faits  sont  généralement  bien  connus,  et 
se  présentent  chez  nos  espèces  indigènes.  J'ai  souvent  élevé 
en  captivité  des  espèces  communes  de  nos  Lépidoptères,  qui 
après  la  troisième  ou  quatrième  génération  ne  se  reprodui- 
sent plus.  Quelquefois  même  avant  la  troisième  génération  il 
se  produit  déjà  des  sujets  étiolés  impropres  à  la  reproduc- 
tion. Je  pourrais  citer  un  certain  nombre  d'espèces  dans  ce 
cas,  mais  elles  sont  trop  connues  pour  en  donner  ici  la  liste. 

ANTHER^A   MTLITTA 

Le  20  mai  1885,  je  recevais  aussi  de  la  Société  d'Acclimata- 
tion dix  cocons  d'A.  mylitla. 

Un  Papillon  mâle  est  éclos  le  29  juin  de  la  même  année. 
Puis  une  femelle  n'est  sortie  que  le  4  août  suivant,  elle  a 
vécu  six  jours  et  est  morte  sans  se  défraîchir.  Les  autres 
cocons  n'ont  pas  donné  leurs  Papillons.  Le  8  décembre,  j'ou- 


ÉDUCATIONS   DE   BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  199 

vris  le  plus  léger  cocon  et  constatai  que  le  Papillon  était  mort 
dedans;  il  m'en  reste  sept  qui  par  leur  poids  peuvent  me  faire 
supposer  que  les  Papillons  en  sortiront  l'été  prochain,  car 
ces  retards  d'éclosions  se  produisent  chez  la  plupart  des  Lé- 
pidoptères Bombyciens  et  sur  des  espèces  d'autres  genres, 
même  les  plus  exiguës. 


ACTIAS  LUNA 


Le  28  août  1885,  la  Société  nationale  d'Acclimatation  m'a 
envoyé  une  centaine  d'œufs  de  VAdias  luna,  je  regrette  que 
la  majeure  partie  me  soit  parvenue  écrasée  dans  l'enveloppe 
qui  les  contenait  par  les  timbres  de  la  poste,  et  qu'il  n'en 
reste  que  trente  en  bon  état. 

Vingt-huit  Chenilles  seulement  sont  écloses  du  4  au  iO  du 
mois  de  septembre  (1),  je  leur  ai  offert  pour  nourriture  les 
végétaux  indiqués  par  plusieurs  auteurs.  Ces  plantes  sont  les 
Bouleau,  Prunier,  Cerisier,  Noyer,  Saule,  Orme.  Le  Noyer 
est  le  seul  arbre  dont  les  feuilles  ont  été  aussitôt  attaquées 
et  avec  lesquelles  j'ai  pu  continuer  à  élever  les  Chenilles. 

Leur  premier  sommeil  a  eu  lieu  du  9  au  16  septembre,  le 
cinquième  et  dernier  aux  premiers  jours  du  mois  d'octobre; 
durant  toutes  ces  phases  aucune  maladie  ne  s'est  déclarée 
non  plus  qu'aucun  décès. 

Du  22  au  30  du  même  mois  une  dizaine  de  Chenilles  ont 
filé  leur  cocon.  Les  premières  gelées  étant  venues  attaquer 
les  feuilles  de  Noyer,  les  Chenilles  refusèrent  d'en  manger. 
Aux  premiers  jours  de  novembre  le  temps  devint  sombre,  la 
température  plus  froide,  les  Chenilles  restèrent  engourdies 
sur  les  feuilles,  il  n'y  avait  plus  que  8  degrés  de  température 
dans  la  chambre  où  je  les  élevais.  Je  la  fis  chaufter,  et,  lorsque 
la  température  s'éleva,  mes  élèves  reprirent  de  la  vigueur  ; 
de  15  à  18  degrés,  elles  cherchaient  de  nouveau  cà  manger, 
mais  elles  ont  persévéré  à  ne  pas  vouloir  de  feuilles  gelées, 
préférant  revenir  sur  les  feuilles  desséchées  mais  non  conge- 

•;  .,1.  i. 
(I)  Je  ne  donne  pas  ici  la  description  de  cette  Chenille,  mais  l'ayant  relevée 
à  tous  les  âges,  je  pourrai  l'ajouter  à  celte  note  si  la  Société  le  juge  à  propos. 


200  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

lées.  Du  10  au  19  novembre,  après  un  assez  long  jeûne,  elles 
ont  essayé  à  filer,  mais  leur  transformation  en  chrysalide  n'a 
pu  s'accomplir. 

Notre  confrère,  M.  Wailly,  dans  son  intéressant  mémoire 
sur  ses  éducations  d'Attaciens  séricigènes  inséré  au  Bulletin 
de  la  Société  d'Acclimatation,  n"  8,  p.  413,  1885,  nous  a  fait 
connaître  qu'il  a  élevé  avec  succès,  en  chambre,  VActias 
luna;  mais  M.  Wailly  n'indique  pas  à  quelle  température  il 
les  a  soumises;  il  me  paraît  donc  y  avoir  un  certain  intérêt  à 
soumettre  à  la  Société  ce  que  l'expérience  de  cette  année  m'a 
appris.  C'est  que  la  Chenille  de  VActias  luna  est  très  ro- 
buste et  non  coureuse;  elle  peut  être  élevée  en  captivité  sans 
aucune  fermeture,  ne  cherchant  pas  à  quitter  les  feuilles  du 
végétal  qui  lui  sert  de  nourriture;  qu'elle  peut  être  mise  aussi 
bien  en  plein  air  qu'en  chambre,  pourvu  qu'elle  soit  pla- 
cée dans  un  milieu  humide  et  à  une  température  de  15  à 
20  degrés. 

ANTHER^A    PERNYI 

En  1883,  dans  mon  rapport  présenté  à  la  Société  d'Accli- 
matation, à  propos  d'une  éducation  d'A.  Pernyi,  je  faisais 
remarquer  que  j'avais  placé  en  pleine  forêt,  sous  un  abri  en 
toile  d'un  mètre  cube,  270  Chenilles,  et  qu'il  m'avait  fallu, 
pour  leur  assurer  une  abondante  nourriture,  les  transporter 
sur  six  cépées  nouvelles. 

J'émettais  alors  l'opinion  que  ce  procédé  avait  été  préju- 
diciable à  la  santé  des  Chenilles,  puisque  la  maladie  n'est  sur- 
venue qu'au  moment  où  elles  étaient  adultes  et  par  consé- 
quent trop  agglomérées  sur  les  branches  de  Chêne,  à  ce 
moment  presque  dépourvues  de  feuilles. 

Désirant  vérifier  si  l'idée  que  j'avais  émise  était  valable,  je 
tentai  cette  année  une  nouvelle  éducation.  Je  fis  pour  cela 
une  demande  d'œufs  d'A.Pernyi  à  un  de  nos  confrères, 
M.  Le  Roy,  à  Lille,  qui  s'occupe  avec  succès  de  l'éducation 
de  différentes  espèces  de  vers  sauvages  séricigènes.  Le  24  mai 
1885,  je  reçus  de  lui  vingt-cinq  œufs  :  vingt-deux'  vers  sont 


ÉDUCATIONS   DE    BOMDYCIENS   SÉRICIGÈNES.  201 

sortis  dans  les  premiers  jours  du  mois  de  juin;  aussitôt  éclos, 
je  les  transportai  dans  la  forêt  de  Sénart,  dans  un  taillis  clos, 
endroit  que  j'avais  choisi  à  l'avance  et  que  M,  Ricli,  inspec- 
teur de  la  forêt,  a  bien  voulu  appi'ouver. 

Les  Chenilles  placées  sur  une  cépée  touffue  de  Chêne, 
furent  enfermées  dans  mon  abri  en  toile  mesurant,  comme  je 
l'ai  déjà  fait  connaître,  un  mètre  cube.  Ces  Chenilles  ont, 
dans  ces  conditions,  sans  aucun  autre  soin,  accompli 
toutes  leurs  phases;  aucune  maladie  n'est  venue  les  atteindre; 
elles  ont  toutes  filé  leurs  cocons  dans  les  premiers  jours  du 
mois  d'août,  et  je  les  ai  récoltés  au  commencement  de  sep- 
tembre. A  ce  moment  la  cépée  dénudée  de  ses  feuilles  offrait 
un  aspect  étrange  de  dessiccation;  il  ne  restait  plus  une 
seule  feuille,  les  dernières  ayant  été  employées  par  les  Che- 
nilles pour  la  confection  de  leurs  cocons.  Car  on  sait  que 
plusieurs  espèces  du  ^^enve  Antherœa  et  autres  commencent 
pour  la  formation  de  leurs  cocons  par  rassembler  quelques 
feuilles,  qu'elles  lient  solidement  ensemble;  ces  feuilles  sont 
ensuite  réunies  au  cocon  :  comme  la  Chenille  l'attache  tou- 
jours de  manière  à  être  suspendue  verticalemeut  à  la  bran- 
che, et  non  à  la  feuille  qui  l'a  nourrie,  on  pourrait  admettre 
que  les  feuilles  entourant  ainsi  le  cocon  doivent  leur  servir 
d'abri  et  par  conséquent  préserver  les  chrysalides  jusqu'à 
Téclosion  des  Papillons. 

Enfin,  le  17  septembre,  un  seul  Papillon  mâle  est  éclos;  les 
autres  cocons  vont  passer  l'hiver  dans  cet  état  et  les  insectes 
parfaits  n'en  sortiront  que  vers  le  mois  de  mai  1886;  on 
pourrait  donc  conclure,  il  me  semble,  d'après  ces  nouvelles 
expériences  : 

1°  Que  la  réunion  d'un  trop  grand  nombre  de  sujets  ras- 
semblés dans  un  espace  trop  restreint  peut  être  une  des 
causes  de  l'atteinte  de  certaines  maladies  ; 

2"  Que,  depuis  1882,  nous  avons  pu  observer  que  l'espèce 
qui  nous  occupe,  lors  de  son  introduction  sous  notre  climat, 
était  bivoltine;  que,  par  suite  d'éducations  successives  en 
plein  bois,  elle  est  presque  devenue  univoltine,  ce  qui  peut 
faire  espérer  que  désormais  VAntherœa  Pernyi,  s'il  n'est 


202  SOCIÉTÉ  NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

pas  encore  complètement  acclimaté  sous  notre  climat,  le  sera 
dans  peu,  si  l'on  persévère  à  en  faire  des  éducations  en  plein 
air  sur  des  buissons  de  Chênes  plutôt  que  sur  des  branches 
coupées. 

D'après  le  volume  que  j'ai  cité  plus  haut,  c'est-à-dire  un 
mètre  cube  de  Chêne  pour  vingt  Chenilles,  il  est  facile  de 
calculer  ce  qu'il  faudra  pour  le  nombre  que  l'on  aura  à  éle- 
ver, sans  les  déranger,  ce  qui  est  important  pour  la  réussite 
des  éducations. 

ATTACUS  CYNTHiA  Drury  (Vera  G.  Mén.) 

Depuis  quelque  temps  plusieurs  naturalistes  amateurs 
ont  cru  remarquer  que  sous  le  climat  de  Paris  VAttacus  Cyn- 
thia  était  en  dégénérescence;  que  par  conséquent  il  ne  pro- 
duisait plus  de  cocons  aussi  soyeux;  que  les  Papillons  étaient 
moins  grands;  que  leurs  couleurs  étaient  moins  vives  que 
lors  des  premiers  sujets  élevés  sous  notre  climat. 

N'ayant  pas  fait  l'éducation  de  cette  espèce  depuis  1879, 
je  priai  un  de  nos  collègues,  M.  Ramé,  qui  l'avait  élevée  en 
1884-,  de  me  confier  quelques  œufs  de  cette  espèce.  Les  Che- 
nilles sont  écloses  les  premiers  jours  du  mois  de  juillet  1885. 
J'en  plaçai  une  vingtaine  sur  un  faux  Vernis  du  Japon,  Ai- 
lanthus  glandulosa,  haut  d'environ  cinq  mètres.  Mais  je  ne 
les  vis  que  peu  de  jours  et  elles  disparurent  sans  que  je 
pusse  connaître  au  juste  la  cause  de  leur  disparition,  mais  je 
crois  pouvoir  l'attribuer  aux  oiseaux,  particulièrement  aux 
Mésanges  et  aux  Becs-fms,  qui  ont  été  très  nombreux  cet  été 
dans  mon  jardin  grâce  aux  ruisselets  d'eau  qui  y  circulent  et 
aux  bosquets  très  touffus.  Ces  oiseaux  sont  restés  cantonnés 
tout  l'été  et  certaines  espèces  ont  produit  deux  couvées,  de 
sorte  que  cette  année  il  m'a  été  impossible  d'élever  à  décou- 
vert aucune  espèce  de  Chenilles  de  Lépidoptères,  soit  indi- 
gènes ou  exotiques. 

Désirant  cependant  m'éclairer  sur  la  prétendue  dégénéres- 
cence de  VAttacus  Cynthia,]^  pris  le  parti  d'élever  les  Che- 
nilles qui  me  restaient  sur  des  branches  coupées.  Je  les  ins- 


ÉDUCATIONS   DE   BOMBYCIENS   SÉRICIGÈNES.  203 

lallai  en  plein  air  couvertes  d'un  spacieux  grillage.  Là  elles 
ont  accompli  toutes  leurs  phases  et  ont  filé  de  beaux  cocons. 

Deux  Papillons  femelles  sont  éclos  du  4  au  6  octobre  1885. 
Ces  Papillons  ne  le  cèdent  en  rien  aux  premiers  exemplaires 
introduits  en  Europe  vers  1856. 

Les  Papillons  des  cocons  restants  ne  devront  sortir  que 
vers  le  mois  de  juin  1886.  J'espère  alors  pouvoir  consta- 
ter sur  un  plus  grand  nombre  de  sujets  parfaits  s'il  y  a  eu 
dégénérescence. 

■  Note  de  la  Commission  de  publication.  —  Eu  voyant  les  efforts  persévérants 
et  souvent  couronnes  de  succès  de  ceux  de  nos  collègues  qui  ont  entrepris  de 
doter  notre  pays  de  nouveaux  Vers  à  soie,  on  est  amené  à  se  demander  si  Ton 
ne  pourrait  pas  utiliser  pour  leur  soie  les  espèces  indigènes  du  grand  genre 
Attaciis.  Elles  sont  au  nombre  de  trois.  L'une  est  le  Grand  Paon  de  nuit  [A. 
piri  Linn.),  abondant  aux  environs  de  Paris,  ne  vivant  plus  dans  l'extrême 
nord  de  la  France  et  dont  la  grosse  Chenille  mange  le  Poirier,  l'Orme  et  le 
Platane.  Son  cocon  est  riche  en  soie  brune,  très  fortement  incrustée,  et  filé  au 
mois  d'aoijt  contre  les  corniches  des  murs  et  dans  Therbe  ou  la  mousse  au  pied 
des  arbres.  On  pouvait  voir  dans  la  collection  publique  du  Muséum  rangée  dans 
la  galerie  par  Latreille,  une  paire  de  gants  de  soie  brune  ou  plutôt  de  filoselle 
due  au  cardage  de  ces  cocons.  Une  seconde  espèce,  de  toute  la  France,  Midi, 
Centre  et  Nord,  le  seul  Altacus  qui  soit  en  Angleterre  naturellement,  est  le 
Petit  Paon  de  nuit  (A.  carpini  Linn.),  dont  la  Chenille  mange  le  Charme  et 
l'Aubépine.  La  soie  est  plus  fine  et  moins  incrustée  que  celle  de  l'espèce  précé- 
dente; mais  le  cocon  est  pauvrement  garni.  Une  troisième  espèce,  aussi  à  cocon 
incrusté,  est  le  Moyen  Paon  de  nuit  [A.  spini  Linn  ),  qui  ne  se  trouve  pas  en 
France,  mais  seulement  dans  quelques  parties  de  l'Allemagne.  Ces  trois  espèces 
européennes  ont  des  cocons  naturellement  ouverts  à  un  bout,  où  le  fil  est  re- 
.plié  par  la  Chenille  en  entrée  de  nasse,  comme  dans  le  cocon  asiatique  de  l'es- 
pèce si  bien  acclimatée  du  Ver  à  soie  de  l'Ailante,  Attacus  Cynthia  Drury,  vera 
Guérin-Méneville.  Nous  n'avons  donc  pas  chez  nous  d'espèces  séricigènes  à 
cultiver  sans  soins  ni  frais  ;  nous  devons  donc  continuer  à  travailler  dans  la 
voie  si  bien  suivie  par  nos  collègues  MM.  X.  Wailly  et  .1.  Fallou. 


LES  ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE 

Par   M.    P.    ZEILLER 


Le  sujet  de  celte  note  peut  paraître  au  premier  abord 
un  peu  étranger  à  l'objet  des  travaux  de  notre  Société.  Cepen- 
dant, comme  celle-ci  s'attache  à  vulgariser  aussi  bien  les 
plantes  d'ornement  que  les  végétaux  utiles,  il  m'a  semblé  que 
l'acclimatation  dans  nos  serres  de  cette  belle  famille  des  Or- 
chidées ne  devait  pas  être  pour  elleime  question  indifférente. 
Le  Jardin  d'acclimatation  en  juge  bien  ainsi,  car  en  hiver  et 
au  printemps  sa  magnifique  serre  s'embellit  de  la  floraison 
de  quelques  espèces,  les  plus  répandues,  et  montre  au  public 
ce  qu'elles  valent  pour  la  décoration  des  appartements. 

Les  Orchidées  ne  sont  plus,  comme  le  répètent  à  l'envi  les 
journaux  en  rendant  compte  des  expositions  d'horticulture, 
a.  l'apanage  des  princes  de  la  finance  ».  Cela  n'est  plus  vrai 
même  des  Orchidées  de  serre  chaude,  qui  demandent  cepen- 
dant des  locaux  et  des  soins  assez  dispendieux.  Mais  celles  de 
serre  froide,  importées  chaque  année  en  quantités  considé- 
rables d'Asie  et  des  deux  Amériques,  multipliées  en  Europe 
par  la  culture,  ne  demandent  ni  soins  extraordinaires  ni  lo- 
caux spéciaux,  et  sont  tombées  à  des  prix  qui  les  mettent  à  la 
portée  de  toutes  les  bourses. 

Sans  doute  ce  sera  toujours  un  grand  luxe  d'avoir  une  serre 
d'Orchidées;  mais  tout  le  monde  peut,  et  tout  le  monde  de- 
vrait avoir  des  Orchidées  dans  sa  serre,  ce  qui  n'est  pas  la 
même  chose.  La  plus  modeste  serre,  destinée  à  rentrer  les 
Géraniums,  les  Fuchsias,  les  Bégonias  qui  ornent  nos  jardins 
en  été,  peut  donner  l'hospitalité  à  nombre  d'espèces  d'Orchi- 
dées, aussi  variées  que  belles.  En  Belgique,  en  Angleterre,  il 
n'y  a  pas  une  serre  sans  quelques  Orchidées;  les  Anglais  en 
ont  jusque  dans  leurs  serres  à  Vigne.  En  France,  jusqu'à  pré- 
sent, on  a  bien  peu  mis  à  profit  cette  nouvelle  ressource  pour 
parer  nos  serres,  ressource  d'autant  plus  précieuse  que  les 


ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE.  205 

paniers  ou  les  terrines  suspendues  où  on  cultive  ces  filles  de 
l'air  n'enlèvent  presque  pas  déplace  aux  anciennes  habitantes. 
On  ignore  aussi  que  cette  singulière  famille,  qui  déroge  en 
apparence  à  toutes  les  lois  de  la  végétation,  y  déroge  surtout 
par  l'étonnante  durée  de  ses  fleurs  ;  les  espèces  dont  la  fleur 
ne  dure  qu'un  mois  ont  une  floraison  relativement  courte;  la 
moyenne  est  de  six  semaines  à  deux  mois;  VEpiclendrum  vi- 
tellinum  garde  ses  fleurs  fraîches  pendant  trois  mois  ;  j'ai  eu 
des  fleurs  de  Lycaste  Skinneri  ouvertes  le  5  janvier  et  fanées 
seulement  le  25  avril,  après  110  jours  de  durée;  celles  des 
Cypripedmm  longifolium,  Rœzli,  Sedani,  etc.,  durent  120, 
150  et  jusqu'à  190  jours. 

Certaines  espèces  fleurissent  plusieurs  fois  dans  l'année,  et 
la  fanaison  des  fleurs  est  le  signal  du  développement  de 
fleurs  nouvelles;  ainsi  du  Maxillaria grandiflora,  qui  a  em- 
baumé ma  serre  pendant  cinq  mois  du  parfum  de  ses  admi- 
rables fleurs  blanches;  ainsi  du  Lycaste  Skinneri,  qui  m'a 
donné  cette  année  trois  floraisons  successives,  de  deux  à  trois 
mois  chacune;  ainsi  de  VOdotiloglossum  Rossi  majus,  qui 
est  resté  en  fleurs  chez  moi  260  jours  dans  un  an. 

J'ajoute  que  les  Orchidées  fleuries  ne  souffrent  aucunement 
de  passer  dans  un  salon  tout  le  temps  de  leur  floraison.  Il 
m'arrive  souvent  d'y  conserver  pendant  deux  mois  la  même 
plante  en  fleurs,  au  point  de  faire  croire  à  certaines  personnes 
que  je  me  livre  à  la  culture  des  plantes  en  papier.  Elles  de- 
viennent, à  ce  titre,  les  plus  brillantes  de  nos  plantes  d'ap- 
partement, et  rien  n'égale,  comme  milieu  de  table,  une  cor- 
beille d'Orchidées  fleuries. 

Enfin,  les  différentes  espèces  de  cette  famille  fleurissent  à 
des  saisons  différentes;  avec  un  petit  nombre  d'espèces  choi- 
sies convenablement,  on  aura  des  fleurs  toute  l'année,  et 
spécialement  tout  l'hiver  :  en  novembre,  décembre  et  janvier, 
le  Cypripedium  insigne,  le  Lycaste  Skinneri,  le  Sophronitis 
grandiflora^  le  Dendrobium  nobile,  les  Masdevallia  Tova- 
rensis  et  triangularis ;  en  février,  mars  et  avril,  le  Cœlogine 
cristata,  VAda  aurantiaca,  le  Dendrobium  japonicum,  les 
Masdevallia Estradœ ei Lindeni ,  le  Cattleya  citrina;  en  mai, 


206  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCCLIMATATION. 

juin  et  juillet,  les  Cypri'pedium  harbatum  et  villosum,  les 
Odontoglossum  Alexandrie  et  Pescatorei,  les  Masdevallia 
amabilis  et  Veitchiana,  VOncidium  cucullatum,  VEpiden- 
drum  vitellinum ;  en  août,  septembre  et  octobre,  les  Maxil- 
laria  grandiflora,  les  Oncidium  crispum  et  concolor,  les 
Stanhopea^  V Odontoglossum  grande,  le  Lœlia  anceps,  etc. 

Qu'on  lise  à  ce  sujet  le  beau  livre  de  M.  le  comte  de  Puydt  : 
les  Orchidées,  histoire  iconographique  (1);  il  est  admira- 
rablement  fait  pour  donner  une  idée  générale  des  Orchidées 
et  en  propager  le  goût,  et  ses  magnifiques  illustrations  per- 
mettent au  lecteur  de  faire  déjà  un  choix  dans  les  genres 
qu'il  veut  cultiver. 

Mais  il  existe  un  autre  ouvrage,  plus  modeste  d'apparence, 
qui  est  indispensable  à  qui  veut  commencer  à  cultiver  cette 
famille  :  c'est  le  Traité  théorique  et  pratique  de  la  culture 
des  Orchidées,  par  M.  le  comte  Fr.  du  Buysson  (2);  il  donne 
la  description  détaillée  de  plus  de  mille  espèces  d'Orchidées 
exotiques,  le  mode  de  culture,  le  compost,  la  température 
qui  conviennent  à  chacun.  C'est  le  guide  le  plus  complet  et  le 
plus  précieux;  avec  lui,  aucune  diflîculté,  aucune  incertitude 
n'est  possible. 

Dans  ce  nombre  de  mille  espèces  environ  qui  sont  aujour- 
d'hui au  commerce,  il  y  en  a  près  de  deux  cents  pour  la  serre 
froide,  appartenant  à  trente-trois  genres  différents  : 


2  Acineta, 

3  ou  4  Dendrobiura, 

1  Acropera, 

1  Disa, 

1  Ada, 

5  ou  6  Epidendrum, 

1  /Erides, 

1  Helcia, 

i  Angrœcum, 

8  Lselia, 

i  Anguloa, 

8  Lycaste  (tout  le  genre), 

3  Arpophylluiïi, 

36  Masdevallia  (tout  le  genre), 

1  CaUleya, 

6  Maxillaria              (id.) 

2  Cœlogine, 

2  iMesospinidium      (id.) 

4  Cymbidium, 

1  Miltonia, 

10  Cypripediuin, 

1  Nanodes, 

(1)  Chez  Rothschild,  rue  des  Saints-Pères,  13,  Paris.  Prix  :  35  francs. 

(2)  Librairie  centrale  d'agriculture,  rue  desËcoles,  62,  Paris.  Prix:  G  francs. 


ORCHIDÉES   DE   SERRE   FROIDE.  207 


-40 à  450(Jonloglossum  (tout 

le  genre), 
20  Oiicidium, 

2  Pilumna, 
1  Pleione, 

3  Restrepia, 


i  Sobralia, 
2  Sophronitis, 
i  k  5  Stanhopea, 
2  Thuiiia, 
i   Trichopilia, 
2  Zygopetalum. 


Un  bon  nombre  de  ces  espèces  se  vendent  de  5  à  6  fi-ancs  ; 
toutes  les  autres,  8,  40,  12,  ou  rarement  15  francs;  ce  sont 
donc,  comme  je  l'ai  dit,  des  plantes  à  bon  marché.  A  cet  égard, 
du  reste,  le  plus  simple  est  de  renvoyer  les  amateurs  aux  ca- 
talogues des  grandes  maisons  qui  cultivent  les  Orchidées, 
MM.  Thibaut  et  Kéleleer,  à  Sceaux;  Godefroy-Lebeuf,  à  Ar- 
genteuil;  Van  Houtte,  Aug.  Van  Geert  et  la  Compagnie  conti- 
nentale d'horticulture,  à  Gand. 

La  seule  difficulté,  pour  celui  qui  veut  commencer  cette 
culture,  réside  dans  le  choix  des  espèces;  toutes  ne  sont  pas 
également  belles,  également  faciles;  toutes  ne  sont  pas  régu- 
lières dans  leur  floraison.  Celles  que  l'expérience  m'a  fait 
regarder  comme  les  meilleures  à  ces  divers  égards  sont  en 
première  ligne  (pour  n'en  nommer  que  dix)  : 
*Le  Ly caste  Skinneri, 

le  Maxillaria  grandi (lora, 

les  Cypripedium  barbatum,  insigne  et  villosum, 

le  Cœlogine  cristata, 

les  Odoîitoglossum  Alexandrœ  et  Rossi  majus, 

les  Masdevallia  Tovarensis  et  amabilis. 

Tous  les  horticulteurs  se  font  d'ailleurs  un  devoir  d'indi- 
quer eux-mêmes  quelles  sont  les  espèces  qui  conviennent  le 
mieux  au  genre  de  serre  et  à  la  température  dont  on  dispose. 

Je  m'estimerais  heureux  si  la  lecture  de  celte  note  enga- 
geait quelques-uns  de  nos  confrères  à  essayer  cette  culture, 
aussi  intéressante  qu'originale,  aussi  brillante  que  peu  ré- 
pandue. Les  plantes  sont  plus  reconnaissantes  que  les  hom- 
mes, et  les  Orchidées,  entre  toutes,  récompensent  bien  large- 
ment des  quelques  soins  dont  elles  sont  l'objet. 


OBSERVATIONS 

SUR  LES  ORCHIDÉES  DE  SERRE. FROIDE 

ParUm.  GODEFROT-LEBEUF,  A.-GEOFFROY  SAl!VT-HILi\IRE 

et  DU1.4L, 


(Extrait  du  Compte  rendu  stéuographique.) 


M.  Godefroy-Leheuf  :  Dès  que  j'ai  su  que  M.  Zeiller  devait 
taire  une  communication  à  la  Société  d'Acclimatation,  j'ai 
demandé  qu'on  m'autorisât,  ainsi  que  MM.  Truffant  etDuval, 
à  mettre  sous  les  yeux  de  mes  collègues  un  certain  nombre  de 
plantes  cultivées  en  serre  froide.  M.  Truffaut,  retenu  par  ses 
affaires,  n'a  pu  répondre  k  l'appel. 

Les  plantes  que  nous  avons  l'honneur  de  présenter  peuvent 
toutes  être  cultivées  en  serre  froide.  En  matière  d'Orchidées, 
nous  appelons  serre  froide  une  serre  dans  laquelle  la  chaleur 
peut  descendre  en  hiver  jusqu'à  +  3  et  même  +  2  degrés. 
C'est  un  préjugé  de  croire  que  toutes  les  Orchidées  demandent 
de  la  chaleur.  La  plupart  de  nos  Orchidées  de  serre  froide 
souffrent,  au  contraire,  de  l'aridité  et  de  la  température  de 
nos  étés.  La  température  normale  oscille  entre  4-  et  18  degrés 
au  maximum.  L'hiver,  il  est  très  facile  de  maintenir  18  de- 
grés ;  en  revanche,  il  est  fort  difficile,  quand  la  température 
extérieure  pendant  l'été  atteint  25  degrés,  de  maintenir  une 
température  ne  dépassant  pas  18  degrés.  Aussi  atténuons- 
nous  les  dangers  de  la  surélévation  de  température  en  mouil- 
lant les  sentiers,  en  ombrant,  en  fermant  les  ouvertures,  etc. 

Dans  les  Orchidées  froides,  il  y  a  deux  sections  distinctes. 
Celles  qui  proviennent  des  régions  sèches,  celles  des  plateaux 
du  Mexique  par  exemple,  celles  qui  habitent  les  régions  hu- 
mides, les  Orchidées  alpines  de  l'Amérique  Centrale  et  du 
Sud.  Autant  les  premiers  supportent  facilement  nos  étés  ar- 
dents, autant  celles  des  régions  montagneuses  en  souffrent. 

Si  les  Orchidées  se  répandent  lentement  en  France,  ce  n'est 


ORCEIIDÉES    DE   SERRE    FROIDE.  209 

pas  parce  que  nous  ne  savons  pas  les  cultiver,  mais  parce 
que  nous  nous  faisons  une  idée  fausse  des  soins  qu'elles  ré- 
clament. Le  jour  où  on  sera  convaincu  que  les  Orchidées  sont 
aussi  faciles  à  cultiver  que  les  Géraniums,  leur  procès  sera 
gagné. 

L'importation  des  Orchidées,  qui  oblige  une  seule  maison 
anglaise  à  avoir  dix-huit  collecteurs,  entraîne  un  mouvement 
commercial  considérable.  La  Société  d'Acclimatation  doit 
encourager  ce  genre  de  commerce,  parce  que  l'importation 
des  plantes  d'agrément  est  une  source  de  renseignements  qui 
conduiront  à  l'importation  de  plantes  ou  d'animaux  d'un  in- 
térêt plus  pratique.  Il  est  fort  probable  que  le  superbe  Faisan 
de  Rheinhard  sera  introduit  par  un  des  collecteurs  d'Orchi- 
dées qui  actuellement  se  préparent  à.  explorer  les  chaînes  du 
Tonkin  et  de  l'Annam. 

Les  Orchidées  fleurissent  à  toutes  les  époques  de  l'année; 
toutefois  le  moment  le  plus  favorable  pour  la  floraison  des 
Orchidées  froides  s'étend  de  février  à  juin.  Nous  avons  fait  de 
notre  mieux  pour  présenter  quelques  plantes  en  fleurs,  quoi- 
que l'époque  actuelle  puisse  être  considérée  comme  la  plus 
pauvre  en  fleurs  d'Orchidées. 

Dans  leurs  pays  d'origine,  elles  croissentsur  les  arbres,  sur 
les  rochers,  dans  les  parties  généralement  aérées  et  exposées 
en  pleine  lumière.  L'indifférent  peut  parcourir  des  forêts 
qui  contiennent  des  quantités  énormes  d'Orchidées  sans  en 
voir  une  seule.  Elles  se  sont  placées  au  sommet  des  arbres,  là 
où  le  soleil  les  éclaire  et  où  elles  hument  l'humidité  et  l'air 
sain  qui  leur  sont  indispensables.  C'est  ainsi  que,  pour  im- 
porter VOdontoglossum  Aleœandrœ,  on  a  été  obligé  de  cou- 
per des  milliers  d'arbres,  perte  peu  sérieuse  dans  des  pays 
où  les  moyens  de  transport  pour  l'exploitation  des  bois  font 
absolument  défaut. 

Si  les  plantes  alpines,  et  j'entends  parce  terme  les  plantes 
de  la  Colombie,  de  l'Equateur,  toutes  les  espèces  des  Andes 
demandent  de  l'air,  de  l'humidité  et  une  chaleur  modérée, 
la  cultuie  des  plantes  des  plateaux  mexicains,  qui  générale- 
ment poussent  en  plein  soleil,  sur  les  arbres  ou  les  roches  ex- 

4*  SÉRIE,  T.  m.— Avril  1886.  14 


210  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

posés  à  une  chaleur  sèche  pendant  plusieurs  mois,  est  mal 
comprise.  Elles  réclamenl  de  l'air,  de  la  lumière  et  du  soleil. 
Ce  sont  les  plantes  par  excellence  à  acclimater  dans  la  région 
méditerranéenne.  Elles  ne  craindront  pas  la  chaleur  de  nos 
étés,  et  leurs  bulhes  bien  aoûtées  leur  permettront  de  fleurir 
abondanunent  pendant  l'hiver  et  de  résister  à  la  température 
de  la  région  de  l'Oranger. 

Notre  intention  n'est  pas  de  dire,  pendant  les  moments 
que  vous  avez  bien  voulu  nous  accorder,  quels  sont  les  soins 
que  ces  plantes  réclament  ;  nous  avons  simplement  désiré 
monlrer  à  nos  collègues  les  plantes  les  plus  faciles  à  cultiver, 
celles  précisément  qui,  par  suite  de  la  multiplicité  des  impor- 
tations, sont  devenues  aussi  abordables  à  l'amateur  que  les 
variétés  nouvelles  de  Coleus  et  de  Géraniums.  Contrairement 
à  ces  genres  de  plantes,  plus  une  Orchidée  vieillit,  plus  elle 
augmente  de  valeur. 

Nous  restons  à  la  disposition  de  tous  nos  confrères  pour 
les  renseigner  sur  les  soins  que  chaque  espèce  réclame,  et 
nous  serons  heureux  de  les  guider  aussi  bien  dans  la  culture 
de  ces  plantes  que  dans  les  introductions  que  leurs  rapports 
avec  les  pays  d'origine  leur  permettraient  de  tenter. 

Liste  des  plantes  présentées  en  fleurs  par  MM.  Godel'roy- 
Lebeuf  et  Duval  : 


Brassavola  caudata,  Brésil. 
Ctelogyne  cristata,  Ncpaul. 
Colax  jiigosus,  Brésil. 
Cijnibidium  ehurneum,  As.saiii. 
Cypripediutn  Boxalli,  Birmanie. 

—  insigne,  Nepaul. 

—  Chantim,  Nepaiil. 
Houllelia  Brocklelmrstiana,  Brésil. 
Lœlia  autumnalis,  Mexique. 

—  albida,  Mexiijue. 

—  cmceps,  Mexique. 

—  Daijanà,  Brésil. 
Lijcasle  Skinneri,  Guatemala. 
Masdevallia  Davisi,  Equateur. 

—  Hanyana,  Colombie. 


Masdevallia  ignea,  Colombie. 

—  Tovarensis,  Venezuela. 

—  Veitclii,  Pérou. I 
Maltaria  Cloivesl,  Brésil. 
Odontoglossum  Alexandrœ,  Colombie. 

—  Bicloniense,  Mexi((ue. 

—  cordiitum,  Mexi(iue. 

—  gloriosum,  Colombie. 

—  grande,  Guatemala. 

—  Insleaiii,  Mexique. 

—  Pescatorei,  Colombie. 

—  Rossi,  Mexique. 
Oncidium  onnthorhijnchum,  Mexique. 

—         Bogersi,  Brésil. 
Zygopetaluin  Mackayi,  Brésil. 


ORCHIDKES    DE    SERRE    FROIDE.  211 

M.  A. -Geoffroy  Sainl-Hilaire  :  M.  Godefroy-Lebeuf  a  fait 
ressortir  avec  beaucoup  de  vérité  les  services  que  rend  à  la 
géographie,  en  général,  et  à  l'histoire  naturelle,  en  particu- 
lier, le  collecteur  d'Orchidées.  M.  Zeiller,  dans  sa  note,  vous  a 
montré  très  clairement  le  concours  que  les  Orchidées  peuvent 
donner  à  la  décoration  des  serres,  et,  même  à  la  décoration 
des  appartements,  en  vous  démontrant,  par  des  chiffres  abso- 
lument précis,  la  durée  étonnante  de  ces  tleurs,et,  par  con- 
séquent, l'agrément  qu'elles  peuvent  donner  à  nos  demeures. 

Il  y  a  un  autre  point  de  vue,  qui  me  paraît  n'avoir  pas  été 
indiqué,  à  l'occasion  de  cette  très  intéressante  présentation, 
et  que  je  vous  demande  la  permission  de  vous  signaler.  De- 
puis vingt  ans,  ou,  pour  parler  d'une  façon  plus  précise,  de- 
puis douze  ans,  il  s'est  produit  dans  le  Midi  de  la  France  un 
mouvement  très  important  au  point  de  vue  de  l'horticulture  : 
on  a  introduit,  dans  les  jardins  du  littoral  méditerranéen, 
toute  une  flore  exotique,  si  bien  que,  dans  beaucoup  de  pro- 
priétés de  Cannes,  de  Nice,  d'Hyères,  aujourd'hui  la  flore  na- 
turelle, ou  plutôt  la  flore  normale  actuelle  de  nos  jardins,  qui 
est,  pour  la  plus  grande  partie,  une  flore  acclimatée,  a  abso- 
lument disparu  pour  faire  place  à  une  flore  exotique,  et  en 
particulier  à  la  flore  australienne. 

Pour  cultiver  ces  plantes  de  l'Australie,  ces  Palmiers,  ces 
végétaux  divers,  qui  font  aujourd'hui  l'ornement  des  parcs 
et  des  jardins  de  la  Provence  de  la  région  de  l'Oranger,  pour 
un  certain  nombre  d'entre  elles  au  moins,  des  précautions  sont 
nécessaires.  Ainsi  dans  la  villa  Vigier,  célèbre  par  les  spé- 
cimens remarquables  qu'elle  contient,  on  a  ménagé  des  abris 
sous  des  Eucalypius,  sous  des  Oliviers,  pour  pouvoir  ajouter 
aux  plantes  cultivées  en  plein  air,  à  tous  vents,  des  espèces 
plus  délicates.  Ainsi  les  Fougères  de  l'Amérique  du  Sud,  les 
Fougères  de  l'Australie,  sont  venues  chercher  la  protection 
des  feuillages  qui  les  préservent  du  rayonnement  nocturne  et 
des  vents  violents.  Peu  à  peu,  les  Orchidées  viendront,  à 
leur  tour,  ajouter  à  la  décoration  de  ces  jardins  nouveaux; 
elles  apporteront  le  concours  de  leur  floraison  à  ces  sites 
que  l'art  a  su  rendre  absolument  agréables. 


212  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

AI.  Godefi'oy-Lebeuf  VOUS  disait  tout  à  l'heure  que  les  Or- 
chidées supportent  un  abaissement  de  température  de  2,  S  de- 
grés au-dessus  de  zéro.  Les  Orchidées  employées  dans  l'ave- 
nir pour  la  décoration  de  ces  abris,  de  ces  fougeraies,  étant 
faciles  à  transporter,  pourraient  être  rentrées  si  l'on  prévoyait 
des  froids  un  peu  rigoureux.  D'ailleurs  ces  froids  durent 
bien  rarement  plus  de  deux  ou  trois  jours.  Dans  ces  régions 
favorisées,  nous  avons  des  abris  de  Cannes  et  de  Bambous, 
sous  lesquels  nous  cultivons  un  certain  nombre  de  plantes 
qui  seraient  trop  délicates  pour  être  exposées  sans  protection 
aux  ardeurs  du  grand  soleil,  à  la  violence  des  grands  vents 
et  à  l'action  des  petites  gelées  de  ces  pays.  Ainsi,  dans  notre 
jardin  d'IIyères,  nous  avons  des  abris  qui  couvrent  environ 
20000  mètres,  et  sous  lesquels  nous  cultivons  un  certain 
nombre  d'espèces  qui  ne  pourraient  vivre  tout  à  fait  en  plein 
air. 

Sous  ces  abris,  sous  ces  claies  protectrices,  les  Orchidées, 
et  surtout  les  Orchidées  sèches,  celles  qui  ont  besoin  de  peu 
d'humidité,  celles  du  Mexique  par  conséquent,  rendront  les 
plus  grands  services,  elles  apporteront  un  élément  de  déco- 
ration utile,  sinon  un  élément  commercial  important.  La 
communication  de  M.  Zeiller  me  paraît  donc  très  intéres- 
sante, d'abord  par  les  faits  qu'elle  vous  signale  et  ensuite  par 
l'attention  qu'elle  fixera,  j'espère,  sur  l'utilisation  qu'on  peut 
faire  des  Orchidées  pour  la  décoration  de  nos  jardins  du 
Midi. 

M.  Duval  :  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  a  dit  quelques  mots 
sur  les  Orchidées  de  serre  froide  et  surtout  sur  leur  emploi 
dans  le  Midi.  Si  j'ai  demandé  à  prendre  la  parole,  c'est  paice 
que  la  plupart  des  plantes  que  je  présente  ici  ont  été  culti- 
vées dehors  l'été  dernier.  Un  proverbe  dit  :  Aux  innocents  les 
mains  pleines.  Je  crois  que  c'est  vrai  en  ce  qui  me  concerne. 
Voilà  trois  à  quatre  ans  à  peine  que  je  cultive  les  Orchidées. 
J"ai  l'ait  pour  elles  ce  que  certains  cultivateurs  ont  fait  à  Paris 
pour  d'autres  plantes;  lorsque  les  Anglais  ont  introduit 
WAnUiurium  Scherzerianum,  celui-ci  a  été  longtemps  en  An- 
gleterre uno  plante  aristocralique  comme  les  Orchidées,  et 


ORCIIIDÉKS    DE    SERRE    FROIDE.  213 

n'était  abordable  que  pour  les  bourses  bien  garnies.  Quand 
cette  plante  a  passé  sur  le  continent,  les  horticulteurs  fran- 
çais, nous  devons  le  dire  à  leur  louange,  comme  les  Truffant, 
les  Thibaut  et  bien  d'autres,  l'ont  popularisée,  et  ils  en  ont 
fait  ce  qu'elle  est  devenue  :  une  plante  de  premier  ordre  au 
point  de  vue  commercial.   Depuis,  les  cultivateurs  de  Paris 
qui  s'occupent  des  fleurs  coupées,  et,  entre  autres,  le  plus 
célèbre,  M.  Ragonot,  se  sont  mis  à  faire  de  VAnlhurium  pour 
la  fleur  coupée  pour  les  bouquets  et  corbeilles.   Intelligem- 
ment comprise,  sa  culture  s'est  développée  dans  des  propor- 
tions considérables.  Eh  bien,  il  en  sera  de  même  pour  les 
Orchidées.  Nous  ne  sommes  absolument  que  des  cultivateurs; 
nous  travaillons  dans  un  but  tout  à  fait  commercial,  nous 
sommes  un  peu  les  maraîchers  de  l'horticulture,  nous  fai- 
sons des  plantes  pour  les  halles  ou  le  marché  parce  qu'elles 
rapportent  de  l'argent,  et  nous  tachons  de  le  faire  dans  les 
meilleures  conditions  de  prix  possible  pour  les  populariser 
et  en  vendre  beaucoup;  il  faut  donc  absolument,  quand  une 
plante  nous  arrive  dans  les  mains,  il  faut  que  cela  marche, 
car,  si  ça  ne  marche  pas,  nous  l'envoyons  promener  (Rires). 
Eh  bien,  voilà  con^ment  nous  avons  jusqu'à  ce  jour  entendu 
la  culture  des  Orchidées...  je  dis  :  nous,  parce  qu'il  n'y  a  pas 
que  moi;  en  somme,  je  ne  puis  pas  revendiquer  seul  le  droit 
de  cultiver  les  Orchidées.  Depuis  que  nous  cultivons  ces  jolies 
plantes  dans  les  environs  de  Paris,  depuis  que  nous  nous 
sommes  emparés  des  Orchidées,  nous  arrivons  à  faire  ce  que 
vous  voyez,  des  plantes  comme  les  Odontofjlossum  Alexandrœ 
que  je  vous  apporte  là.   J'en  ai  une  trentaine  en  fleurs,  et 
M.  Bergman,  le  grand  jardinier  en  chef  du  château  de  Fer- 
rières,  ayant  visité  nos  cultures  dernièrement,  s'est  trouvé 
tout  à  fait  étonné  devant  notre  serre  les  portes  toutes  grandes 
ouvertes;  il  y  avait,  dans  la  serre,  3  ou  4  degrés  au-dessus 
de  zéro.  Voilà  trois  semaines  que  cela  dure  comme  cela  ;  la 
porte  a  toujours  été  ouverte  toute  grande.  Ces  Oihnloylossum 
Alexandrœ  ont  donc  fleuri,  à  peu  de  chose  près,  dans  une 
atmosphère  aussi  froide  que  celle  du  dehors;  les  fleurs  n'ont 
rien  eu  à  souffrir  de  cela,  et,  au  contraire,  je  crois  qu'elles 


214  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

n'en  sont  que  plus  belles.  Eh  bien,  en  plus  (me  basant  sur 
quelques  renseignements  qui  m'avaient  été  donnés),  l'année 
passée,  beaucoup  de  ces  plantes  ont  été  mises  dehors,  notam- 
ment une  cinquantaine  à'Àlexcuidrœ,  une  grande  quantité  de 
Cattlei/as,  une  grande  quantité  de  plantes  mexicaines.  J'ai 
fait  l'aire  chez  moi  un  immense  abri  sous  lequel  nous  culti- 
vons les  Fougères,  les  Fougères  du  Brésil,  entre  autres  les 
Cibotium,  les  Alsophilla,  les  Dichsotiia,  etc.  11  y  a  longtemps 
que  nous  faisons  cette  culture,  qui  nous  a  très  bien  réussi  ;  et 
c'est  sous  cet  abri  que  nous  avons  mis  nos  Orchidées  de  serre 
froide  et  de  serre  chaude.  Celles-ci  ont  très  bien  poussé  et  se 
sont  très  bien  comportées;  j'ai  envoyé  à  M.  Godefroy-Lebeul 
une  liste  de  plantes  qui  ont  fleuri  dehors,  ce  qui  est  beaucoup 
plus  joli  comme  résultat.  Nous  avons  eu,  sous  l'abri,  des 
Odonloglossum  Alexandrœ,  des  Caltleyas  Mossiœ,  des  Cal- 
tleyas  crispa,  Gaskeliana  Doiveana  (c'est  une  plante  assez 
rare),  et  une  masse  d'autres. 

Donc  j'appuierai  très  fortement  ce  qu'a  dit  M.  Geoffroy,  je 
suis  sûr  que  dans  le  Midi  les  Orchidées  réussiront  très  bien. 
La  seule  chose  peut-être  à  laquelle  il  faudrait  faire  bien  at- 
tention, c'est  quand  le  vent  soufflera  du  côté  du  beau  pays 
qu'on  appelle  l'Algérie;  il  ne  faudrait  pas  trop  leur  laisser 
supporter  ce  vent-là,  surtout  pour  les  plantes  de  la  Colombie, 
qui  sont  des  plantes  de  montagne;  on  aura  plus  à  les  garantir 
contre  cela  que  contre  l'abaissement  de  la  température,  car  il 
nous  est  arrivé  que,  le  16  août,  à  Versailles,  le  thermomètre 
a  été  fort  bas,  presque  à  zéro,  chose  qui  ne  s'est  peut-être 
jamais  vue,  mais  c'est  un  fait  absolument  vrai;  mon  chet 
de  culture  m'écrivait  (j'élais  à  ce  moment  à  Lyon)  qu'on 
avait  ramassé,  le  malin,  un  peu  de  givre  sur  les  paillassons... 
Eh  bien,  toutes  les  Orchidées  de  serre  froide  étaient  encore 
dehors  et  je  tremblais  très  fort  de  les  trouver  anéanties  ou 
très  fatiguées;  il  n'en  a  rien  été;  les  plantes  étaient  en  très 
bon  état,  l'abaissement  s'était  fait  moins  sentir,  il  est  vrai, 
sous  l'abri  qu'en  plein  jardin,  mais  enfin  les  plantes  n'ont 
rien  eu.  J'ai  eu  le  plaisir,  il  y  a  quatre  jours,  d'avoir  la  visite 
d'un  Anglais,  d'un  des  plus  grands  cultivateurs  d'Orchidées, 


ORCHIDÉES  DE  SERRE  FROIDE.  415 

avec  son  chef  de  culture,  M.  Sanders.  qui  m'a  dit,  à  propos 
de  nos  Masdevallia,  qu'il  n'en  avait  jamais  vu  sur  le  conti- 
nent d'aussi  beaux  que  les  nôtres.  «  Comment  laites-vous,  avec 
votre  climat,  pour  avoir  des  plantes  comme  cela?  —  Elles  ont 
été  dehors  tout  l'été,  cette  année,  et  on  les  a  absolument 
noyées  d'eau;  on  les  bassinait  avec  les  Fougères,  comme  on 
le  fait  avec  les  plantes  très  communes,  et  on  les  a  soustraites 
au  hàle  et  aux  vents,  et  cela  a  très  bien  réussi.  »   La  grosse 
affaire,  comme  dit  M.  Godefroy-Lebeuf,  c'est  d'empêcher  que 
la  sécheresse  de  l'air,  que  l'aridité  de  l'atmosphère  ne  nuise  à 
ces  petites  plantes,  qui,  pour  la  i)Uipart,  sont  originaires  des 
prairies  et  demandent  sûrement  à  être  dans  une  buée  conti- 
nuelle. Je  suis  bien  persuadé  que,  d'ici  à  quelques  années,  si 
nous  pouvons  avoir  la  chance  de  ne  pas  être  tributaires  des 
Anglais  pour  ces  plantes,  de  les  faire  venir  direclement  des 
pays,  d'être,  en  un  mot,  des  importateurs,  et  alors,  consé- 
quence forcée,  de  ne  pas  les  faire  payer  trop  cher,  non  seule- 
ment nous  aiderons  à  la  popularisation  de   ces  adorables 
plantes,  mais  nous  aurons  développé  le  goût  de  leur  culture, 
et  nous  aurons  victorieusement  détruit  la  légende  qui  con- 
sistait cà  croire  que  les  Orchidées  sont  difficiles  à  cultiver, 
d'autant  plus  que  nous  n'avons  pas  pour  habitude  de  cacher 
nos  procédés,  et  qu'il  est  toujours  très  facile  de  trouver  chez 
nous  autres,  maraîchers  de  l'horticulture,  comme  je  l'ai  dit 
en  commençant,  de  trouver  toujours,  dis-je,  les  renseigne- 
ments qu'on  voudra  bien  nous  demander;  nous  ne  cachons 
rien  et  nous  ne  faisons  pas  de  la  culture  à  portes  fermées; 
nous  ne  demandons  pas  mieux  que  de  les  ouvrir  toutes  gran- 
des à  tous  les  amis  des  plantes,  amateurs  ou  horticulteurs, 
pour  la  plus  grande  gloire  des  plantes  et  de  l'horticulture 
française. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÈSUERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ- 


SÉANCE  GENERALE  DU  5  MARS  1886. 
Présidence  de   M.  Saint-Yves  Méxard,  Trésorier. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms    des   membres  nouvellement 
admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

r>  /i     m         •  j  \    oc  1        p         (Comte  d'Eprémesnil. 

Belbeuf  (le  Marquis  de),  35,  rue  Jean-Gou-  \    ,   ^     /v.      o  •      ..-.  • 

,   \    •  A.GeoftroySaint-Hilaire. 

ion,  a  Pans.  /  ,,         ■    i    c-    ■. 

•'  [  Marquis  de  Sinely. 

_.,„.,     ^        ,  ,     „  ,  .  A,  Bertboule. 

Bernay  (Emile  Henri ,   Consul  de   France   a  \  .    ^     ^       . ,  .  ,  „.,  . 

rr      •  \i,       N     .  oo  j    r.  'ni  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire, 

Tauris(Perse),  et  83,  ruede  Pasfv,  a  Pans.  /  ,,         .    j    „.    ,, 

^  '  -^  lAIarquis  de  Sinety. 

Laurent  (Marcel),  propriétaire,  12,  rue  Fran-  (  A.  Geoffroy  Saint-Ililaire. 

çois  I",  à  Paris, et  au  château  delà  Ferlé-  <  Marquis  de  Sinéty. 

Vidame  (Eure-et-Loir).  (  de  Vatimesnil. 

Mayen  (Alfred),  directeur  de  la  Compagnie  f  Douât. 

d'assurance  «  La  Prévoyance  »,  23,  rue  de  ]  A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Londres,  à  Paris.  (  Saint-Yves  Ménard. 


Rogier  (René),  banquier,  69,  rue  Bannies,  à  \ 
Orléans  (Loiret).  ) 


A.  Bertboule. 
A.Geoffroy  Saint-Hilaire. 
Saint-Yves  Ménard. 


r.  /n         '     m       ■      M-        N  •  ',     •  ,     E.    Caiolv. 

Roman  (René  Maximilien),  propriétaire,  au  \               , 

1  «,         J    r"           /v        \  ■  A.  ijertiioule.. 

château  de  Gur^s^  (Yonne).  /  ,,         •     ,    o-    .. 

^°  ^           '  [  Marquis  de  Sinéty. 

—  M.  le  Président  annonce  que,  sur  l'initiative  de  la  Société  centrale 
de  médecine  vétérinaire,  une  souscription  publique  vient  d'être  ouverte 
pour  élever  un  monument  à  la  mémoire  de  M.  Henri  Bouley,  notre  re- 
gretté Président,  et  il  donne  lecture  de  la  circulaire  suivante,  qui  a  été 
adressée  à  cette  occasion  au  Conseil  : 

«  Paris,  le  10  janvier  1886. 
»  Monsieur, 

»  A  la  nouvelle  de  la  mort  de  M.  Henri  Boulev,  la  .Société  de  méde- 
cine vétérinaire  de  la  Gironde,  a  la  première  émis  «  le  vœu  qu'un  mo- 
»  nument  fût  élevé  à  sa  mémoire  par  l'initiative  de  la  Société  centrale, 
»  comme  expression  des  sentiments  de  reconnaissance  et  de  respec- 
»  tueuse  vénération  que  tous  les  vétérinaires  de  France  seront  heureux 


PROCÈS-VERBAUX.  217 

»  de  manifester  en    aveur   du  grand   Maître  qui  honora  si  dignement, 
î  toute  sa  vie,  la  profession  de  vétérinaire  ». 

»  Le  jour  même  des  funérailles,  le  Président  de  notre  Société  rece- 
vait l'avis  de  ce  vœu,  qui  était  d'ailleurs  dans  le  cœur  et  dans  l'esprit 
de  tous  nos  collègues,  et,  dès  sa  première  réunion,  la  Société  centrale 
a  été  unanime  pour  nommer  une  Commission  chargée  de  l'exécution. 

0  (]etle  Commission  a  décidé  : 

»  i"  Que  par  ses  soins  un  monument  serait  élevé  à  la  mémoire  de 
M.  Bouley; 

»  2»  Que  ce  monument  serait  placé  à  l'École  d'Alfort,  où  s'est  écoulée 
la  plus  grande  partie  de  sa  vie  scientifique  et  professionnelle; 

»  3°  Qu'il  serait  fait  apt»el,  par  voie  de  souscription,  à  tous  les  Vété 
rinaires  de  France  et  de  l'Étranger,  au  corps  médical,  à  toutes  les  Com- 
pagnies savantes  auxquelles  M.  Boulev  a  appartenu,  à  tous  les  amis 
de  la  science  et  à  tous  les  amis  particuliers,  si  nombreux,  du  savant  à 
jamais  regretté,  pour  participer  à  cette  souscription,  à  laquelle  la  So- 
ciété de  la  Gironde  s'était  déjà  inscrite  pour  une  somme  de  deux  cents 
francs. 

3)  En  conséquence,  nous  venons  vous  informer  que  la  souscription 
est  ouverte  à  la  librairie  Asselin  et  Houzeau,  place  de  l'Êcole-de- 
Médecine,  à  Paris,  éditeurs  du  Recueil  de  Médecine  vétérinaire,  dont 
M.  Bouley  a  été  pendant  cinquante  ans  le  rédacteur  en  chef,  en  vous 
priant  de  vouloir  bien  y  prendre  part. 

»  Cette  souscription  sera  close  après  un,'délai  de  trois  mois. 

»  Veuillez  agréer  l'assurance  de  nos  sentiments  les  plus  distingués. 

les  membres  de  la  commission  executive  : 

MM.   GouBAUX  (Arm.),  Directeur  de  l'École  Vétérinaire  d'Alfort, 

Président. 
Cagny  (Paul),  Membre  de  la  Société  centrale  de  Médecine 

vétérinaire. 
Leblanc  (C),  id. 

Mathieu  (E.),  id. 

Prévost  (Cli.),  id. 

Sanson  (André),  id. 

Signol,  id. 

Webeb  ,  id. 

W  Meubiot. 
Léon  IlouzEAU. 

»  Le  Conseil,  saisi  de  cette  communication,  ajoute  M.  le  Président,  a 
inscrit  la  Société  d'Acclimalation,  sur  la  liste  des  souscripteurs,  pour  la 


218  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

somme  de  200  francs;  puis  il  a  décidé  qu'eu  dehors  de  celle  manifesla- 
lion,  aucune  souscription  ne  serait  organisée  dans  le  sein  de  la  Société 
d'Âcclimat;Uion  ;  mais  il  a  exprimé  le  vœu  que  tous  les  membres  fus- 
sent mis  au  courant  de  celte  situation,  et  que  chacun  pût,  s'il  lui  con- 
venait, prendre  part  individuel! enienl  à  la  souscription.  » 

—  M.  Jules  de  Guerne  adresse  des  remerciements  au  sujet  de  sa  ré- 
cente admission  dans  la  Société. 

—  M.  E.  Joly  accuse  réception  et  remercie  de  l'envoi  qui  lui  a  été  fait 
d'une  hase  et  d'un  mâle  de  T.apin  argenté. 

—  M.  Pays-Mellier  écrit  de  la  Pataudière  :    «  Dans  une  noie  publiée 
dans  le  Bulletin  de   la  Société  nationale  d'Acclimatation   de  novembre  , 
dernier,  M.  E.  Delloye,  de  Hauchis  (Belgique),  annonce  que  son  cheptel 
de  Cerfs  nains  de  Chine  a  réalisé  les  espérances  dont   il  faisait  part  en 
février  dernier  et  qu'un  rejeton  vif  et  gai  était  né. 

»  Notre  honorable  confrère  ajoute  :  «  Ce  petit  animal  semble  très  rus- 
»  tique  et  d'un  élevage  facile,  pourvu  que  la  mise  bas  se  fasse  à  des 
»  époques  où  la  température  est  assez  douce  ;  c'est  ainsi  que  j'attribue 
»  la  mort  des  deux  autres  jeunes  obtenus  précédemment  à  la  rigueur 
s  de  la  température,  au  moment  de  leur  naissance. 

5  Je  ne  doute  pas  que  ces  petits  Cervidés  ne  se  reproduiront  avec 
»  grande  facilité  dans  nos  forêts,  dès  que,  par  des  reproductions  succès- 
»  sives,  les  époques  du  rut  et  de  la  mise  bas  seront  en  concordance  avec 
»  nos  saisons. 

»  Celle  espèce  semble  très  prolifique,  car  la  femelle  reçoit  les  avan- 
»  ces  du  mâle  aussitôt  la  mise  bas  et  à  toute  époque  de  l'année.  C'est 
»  ainsi  que,  cette  fois,  le  mâle  a  poussé  les  cris  qui  caractérisent  l'épo- 
»  que  du  rut  peu  de  jours  après  la  naissance  et  qu'il  poursuivait  déjà  la 
»  femelle  de  ses  assiduités. 

»  Il  est  difficile  de  préciser,  d'après  mes  dernières  observations, 
»  l'époque  et  la  durée  de  la  gestation  ;  en  tout  cas  celle-ci  ne  paraît  pas 
»  dépasser  six  mois.  » 

j  A  cela  je  réponds  que  le  Cerf  nain  de  Chine  {Cervulus  Reevesii) 
est  d'une  rusticité  à  toute  épreuve  ;  que  la  mort  des  deux  jeunes  obte- 
nus par  M.  Delloye  ne  doit  pas  être  attribuée  à  la  rigueur  de  la  tempé- 
rature, au  moment  de  leur  naissance,  parce  qu'ici,  à  la  Pataudière,  j'ai.eu 
des  naissances  en  plein  hiver,  par  les  plus  grands  froids,  et  que  nous 
trouvions  les  jeunes,  nés  dans  la  nuit,  quelquefois  dans  la  neige,  se 
promenant  gaillardement  et  suivant  la  mère  dès  le  matin. 

»  Le  mâle,  en  efi^et,  poursuit  la  femelle  de  ses  assiduités,  aussitôt  la 
mise  bas,  et  la  durée  de  la  gestation  est  de  six  mois.  Ainsi  on  a  tou- 
jours deux  mises  bas  par  an  régulièrement,  mais  d'ua  jeune  seulement 
à  chaque  fois. 

»  On  peut  laisser  ensemble  plusieui's  mâles  de  ces  jolis  petits  ani- 
maux, car,  bien  que  polygames,  ils  ne  se  querellent  point  contrairement 


PROCÈS-VERBAUX.  219 

aux  autres  espèces  de  Cerfs,  qui,  aux  époques  du  rut,  deviennent  furieux 
et  terribles  et  qui  se  tuent  bien  souvent  entre  eux. 

»  J'ai  un  petit  troupeau  de  Cerfs  nains  de  Reeves  dans  un  tout  petit 
enclos  et  les  mâles,  plus  nombreux  que  les  femelles,  vivent  tous  en- 
seml)le,  sans  jamais  être  séparés  de  ces  dernières. 

»  Malheureusement,  les  Biches  de  cette  espèce  produisent  ici  tou- 
jours plus  de  mâles  que  de  femelles. 

»  CeKe  charmante  espèce  si  prolifique  sera  donc  assurément  une 
bien  précieuse  acquisition  pour  nos  forêts,  si  l'on  peut  (ce  que  j'espère) 
la  faire  assez  connaître,  assez  apprécier  surtout,  et  la  répandre  de 
façon  à  enrayer  cette  routine  et  cette  incréilulilé  qui  en  France,  plus 
que  partout  ailleurs,  empêchent  tout  essai  en  acclimatation  et  tout 
progrès.  » 

—  M.  le  capitaine  Mengin  rend  compte  de  la  perte  du  mâle  de  son 
cheptel  de  Colombes  poignardées. 

—  31.  Audap  adresse  un  compte  rendu  de  ses  éducations  de  Canard 
Pilet.  (Voy.  au  Bulletin.) 

—  M.  iMichaux,  professeur  de  pisciculture  à  l'école  pratique  d'agri- 
culture des  Merchines,  par  Vaubecourt  (Meuse),  veut  bien  promettre 
son  concours  à  la  Société  en  vue  de  la  propagation  de  l'industrie  aqui- 
cole  :  «  Depuis  trois  ans,  écrit  M.  Michaux,  l'enseignement  de  la  pisci- 
culture est  entré  dans  le  programme  des  études  à  l'École  d'agriculture 
des  Merchines,  et  chaque  année  6  à  70J0  œufs  sont  mis  en  incubation 
dans  le  laboratoire  annexé  à  l'École;  les  uns  sont  fécondés  par  les 
élèves  et  leur  professeur,  les  autres,  achetés  tout  embryonnés. 

s  L'espèce  traitée  pendant  la  saison  d'hiver  est  la  Truite,  et  le  produit 
des  opérations  est  lancé  dans  les  cours  d'eau  où  ce  poisson  est  déj.à 
répandu.  » 

—  M.  Plouin  écrit  d'Hécourt  (Eure)  :  «  Mes  essais  de  pisciculture,  en 
1884  et  1885,  ont  assez  bien  réussi,  malgré  de  nombreuses  difficultés. 
Cette  année  me  donne  plus  de  satisfaction.  Nous  avons  eu  en  janvier 
une  nuit  à  10  degrés  au-dessous  de  zéro  et,  grâce  au  local,  sans  chauf- 
fage, je  suis  resté  à  5  degrés  et  toujours  à  3  degrés  pour  l'eau.  C'est  une 
grande  préoccupation  de  moins,  une  difficulté  vaincue. 

»  Je  ne  puis  me  procurer  l'eau  qu'en  l'élevant,  mais  c'est  un  détail.  Je 
n'ose  pas  espérer  créer  une  chute;  cependant  c'est  possible,  (juestion  de 
temps  et  d'argent.  J'ai  mis  sur  les  claies  1^2  000  œufs;  "20U0  ont  été 
mauvais.  Ce  qui  me  reste  est  en  très  bon  état.  J'ai  un  tiers  d'éclos,  les 
deux  autres  tiers,  retardés  par  une  fécondation  plus  récente  et  par  la 
température  de  l'eau,  écloront  plus  tard,  soit  d'ici  vingt  ou  vingt-cin(| 
jours. 

î  Je  pourrai,  de  celte  façon,  gagner  le  temps  chaud,  ce  qui  me  per- 
mettra d'avoir  les  petits  insectes  d'eau  dont  les  alevins  sont  très 
friands.  Je  compte  bien  n'en  perdre  que  très  peu,  de  5  à  10  pour  100. 


220  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

»  Noire  rivière  (la  Dure)  est  très  bonne  pour  la  Truite.  J'en  ai  vu  de 
toutes  grosseurs,  mais  alors  la  pêche  appartenait  à  l'État.  I.e  bracon- 
nage a  fait  son  œuvre.  Plus  rien  !  On  peut  réparer  le  mal  en  cinq  ans;  il 
faut  surveiller  et  être  sévère,  demander  le  rétablissement  des  échelles, 
protéger  la  reproduction,  et.".  » 

—  M.  Ernest  Covelle,  directeur  de  l'établissement  cantonal  de  pisci- 
culture de  Genève,  écrit  à  M.  le  Secrétaire  des  séances  :  «  M.  Jaeger, 
membre  de  la  Société  d'Acclimatation,  m'a  transmis  les  Bulletins  men- 
suels dans  lesquels  j'ai  lu  avec  beaucoup  d'intérêt  vos  remarquables 
articles  sur  la  pisciculture  à  l'étranger.  Je  me  permets  de  vous  deman- 
der un  renseignement  sur  les  Coregonus  alhiis. 

»  Depuis  l'année  dernière  le  gouvernement  fédéral  reçoit  d'Amérique 
des  œufs  de  Coregonus  albiis;  W  m'en  a  envoyé  à  l'établissement  que 
je  dirige.  ]>es  alevins  éclos  sont  mis  dans  le  lac  Léman.  Je  voudrais 
savoir  si  le  Coregonus  albus,  qui  habite  les  grands  lacs  américains,  fraye 
le  long  des  bords  ou  à  une  certaine  profondeur,  alin  de  pouvoir  mettre 
les  alevins  en  liberté  soit  près  des  bords,  soit  en  avant  au-dessus  d'une 
certaine  profondeur.  Nous  avons  dans  le  lac  l.énian  deux  espèces  de 
Gorégones  :  le  Gorégone  Fera,  qui  fraye  en  février,  au  fond,  entre  40  et 
150  mètres,  et  le  Gorégone  Gravenche,  qui  fraye  au  bord,  en  novembre  et 
décembre. 

»  Les  alevins  de  Fera  doivent  passer  leur  premier  âge  à  une  grande 
profondeur,  car  on  n'en  voit  jamais  près  des  bords,  tandis  que  les  ale- 
vins de  Gravenche  naissent  sur  les  bords  à  fond  de  gravier  et  ne  ga- 
gnent que  plus  tard  les  grandes  profondeurs.  Si  donc  vous  pouviez  me 
renseigner  sur  les  mœurs  du  Coregonus  albus,  cela  me  rendrait  ser- 
vice. 

»  L'établissement  de  pisciculture,  que  je  dirige  depuis  deux  ans,  ap- 
partient à  l'État  de  Genève,  il  a  été  créé  surtout  pour  l'élevage  des  œufs 
de  Truite  des  lacs  que  nous  faisons  pécher  dans  le  Rhône  au  moment 
du  frai;  on  ne  prend  guère  alors  que  des  sujets  de  4  à  17  kilogrammes, 
qui  donnent  de  gros  œufs  (de  8000  à  6000  au  kilogramme),  le  diamètre 
de  ces  œufs  variant  de  5""", 76  à  6'"'", 50. 

»  Par  suite  de  grands  travaux  entrepris  pour  la  régularisation  du 
niveau  du  lacet  la  construction  d'établissements  pour  l'emploi  de  forces 
motrices  du  Rhône,  la  pêche  n'a  pu  être  très  productive  celte  année. 
Je  n'ai  obtenu  que  200000  œufs  environ.  On  peut  en  temps  ordinaire 
en  récolter  beaucoup  plus.  Les  alevins,  une  fois  la  résorption  de  la  vési- 
cule accomplie,  sont  répandus  dans  le  Rhône,  oîi  ils  restent  jusqu'en 
automne,  époque  où  presque  tous  regagnent  le  lac.  Ils  y  passent  l'hiver 
et  reviennent  au  printemps  suivant  dans  le  Rhône,  pesant  en  moyenne 
de  100  à  125  grammes.  » 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Covelle  remercie,  en  ces  termes,  des 
renseignements  qui  lui  ont  été  adressés  d'après  sa  demande  :  «  Je  vous 


PROCÈS-VERDAUX.  221 

^ 

remercie  infiniment  de  l'empressement  que  vous  avez  mis  à  me  répon- 
dre. Les  renseignements  que  vous  me  donnez  sur  les  Corégones  me  sont 
précieux,  voici  pourquoi.  J'ai  à  mellre  à  l'eau  la  plus  grande  partie  de 
200000  alevins  qui  finissent  d'éclore,  et  je  n'étais  pas  encore  fixé  sur 
l'endroit  oîi  il  fallait  les  lâcher.  Si,  comme  vous  me  le  dites,  le  Corc- 
gonus  albus  vient  frayer  près  des  bords,  comme  d'ailleurs  presque  tous 
nos  Corégones,  sauf  la  Fera,  il  vaut  mieux  mettre  les  alevins  en  liberté 
au-dessus  de  la  partie  oîi  le  fond  du  lac  commence  à  descendre,  ce  que 
nous  appelons  ici  le  bord  du  mont.  La  grève  s'étend  sur  une  largeur 
très  variable,  depuis  quelques  mètres  jusqu'à  200  ou  300  mètres,  avec 
une  profondeur  de  2  ou  3  mètres  seulement;  puis  le  fond  descend  rapi- 
dement pour  atteindre,  dans  la  partie  du  lac  qui  nous  avoisine,  jusqu'à 
AO  ou  50  mètres.  L'important  est  de  mettre  les  alevins  en  dehors  du 
chemin  suivi  par  les  nombreux  bancs  de  petites  Perches  qui  sont  très 
voraces  et  qui  mangent  les  quatre-vingt-dix-neuf  centièmes  du  produit 
du  frai  des  Gardons  et  des  Ahlettes.  Ces  bancs  de  Perchettes  se  mon- 
trent, depuis  le  mois  d'avril  ou  de  mai,  près  des  bords.  En  mettant  les 
alevins  de  Gorégone  en  avant  de  la  gvève,  ils  seront  un  peu  à  l'abri  des 
poissons  voraces. 

»  J'ai  reçu  de  Berne,  en  même  temps  que  les  œufs  de  Gorégone ,  une 
dizaine  de  mille  œufs  de  Truite  saumonée  américaine,  dont  on  n'a  pas 
pu  me  donner  le  nom  exact.  Les  alevins  commencent  à  éclore.  J'en 
lâcherai  la  plus  grande  partie  dans  le  Rhône  avec  nos  alevins  de  Truite; 
mais  j'en  garderai  quelques  centaines  que  j'élèverai  dans  un  grand  bassin 
d'une  de  nos  promenades  publiques,  otjjai  déjà  élevé  des  Truites  qui 
ont  bien  réussi. 

»  L'établissement  de  pisciculture  de  Genève  est  neuf;  il  a  été  con- 
struit il  y  a  quatre  ans,  d'après  les  plans  des  meilleurs  établissements. 
11  contient  quatorze  tables  doubles  en  ciment  de  2"',50  sur  70  centimè- 
tres de  large  et  15  à  18  de  profondeur,  pour  l'incubation  des  œufs  de 
Truite.  Dans  ces  tables  je  dispose  des  claies  en  toile  métallique  sur 
lesquelles  se  mettent  les  œufs.  Dès  que  tout  est  éclos,  j'enlève  les  claies 
et  les  alevins  se  développent  sur  une  couche  de  gravier  dont  le  fond  est 
garni.  11  n'y  a  que  deux  ans  que  j'ai  la  direction  de  cet  établissement  et 
l'année  dernière  j'ai  élevé  250000  alevins  de  Truite.  La  perte  totale  n'a 
pas  excédé  5  pour  100.  Cette  année  j'ai  le  même  nombre  à  peu  près,  et 
la  perte  en  œufs  mauvais  est  plutôt  plus  faible. 

»  J'ai  ajouté  à  l'établissement  des  grands  aquariums  que  je  possédais 
et  dont  je  me  sers  pour  l'éclosion  des  œufs  de  Gorégone,  par  une  ap- 
plication modifiée  des  appareils  coniques.  Nos  appareils  coniques  sont 
faits  avec  de  grands  entonnoirs  en  verre,  de  sorte  que  l'on  voit  au  tra- 
vers ce  qui  se  passe.  Les  alevins  éclos  tombent  dans  l'aquarium  et 
nagent  autour  des  entonnoirs.  Chaque  aquarium  (il  y  en  a  quatre  acco- 
lés) a   r,iO  de   long,  O^.OO  de  large  et  0^45  d'eau.  Les  entonnoir» 


222  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

ont  0"\30  de  diamètre  en  haut.  Du  dernier  aquarium  l'eau  tombe  dans  un 
appareil  en  zinc  qui  contient  aussi  des  œufs  de  Corégone.  C'est  un 
appareil  cylindrique  où  l'eau  arrive  par  le  tour;  il  est  connu  et  men- 
tionné dans  vos  rapports. 

j  L'eau  nous  est  fournie  par  la  ville  de  Genève;  elle  arrive  avec  une 
pression  de  1  d/2  atmosphère,  ce  qui  permet  de  la  distribuer  dans  les 
tables  d'éclosion  au  moyen  de  robinets  munis  d'appareils  d'aérage,  et 
dont  elle  n'a  d'ailleurs  guère  besoin.  Elle  est,  en  général,  parfaitement 
limpide  et  n'a  pas  besoin  d'être  filtrée.  Après  plusieurs  jours  de  gros 
vents  du  nord  elle  se  trouble  fréquemment;  mais  je  ne  me  suis  pas 
aperçu  que  le  dépôt  qu'elle  contient  ait  fait  du  mal  aux  œufs.  Tels  sont 
les  quelques  détails  que  je  puis  vous  donner  rapidement... 

»  Vous  avez  visité  l'établissement  de  Gremat,  dirigé  par  M.  Lugrin. 
Cet  établissement,  qui  va  très  bien,  a  été  créé  sur  les  indications  de 
M.  le  docteur  Mayor  et  les  miennes.  Nous  avons  fait  tout  le  travail 
théorique  sur  la  manière  de  nourrir  les  Truites  avec  de  la  nourriture 
vivante.  M.  Lugrin  a  passé  de  la  théorie  à  la  pratique,  et  il  a  réussi  au 
delà  des  prévisions  dans  la  production  de  celle  nourriture.  » 

—  M.  Uaveret-Wattel  signale  le  développement,  chaque  jour  plus  con- 
sidérable, que  la  pisciculture  prend  aux  États-Unis.  Au  laboratoire 
d'éclosion  de  Cold  Slream,  à  Enfield  (Maine),  700  000  œufs  de  Saumon 
ont  été  mis  en  incubation  cette  année  pour  le  repeuplement  de  la  rivière 
Penobscol.  Exécutés  sur  une  très  vaste  échelle,  les  travaux  d'empois- 
sonnement donnent,  dans  l'Etat  du  iMaine,  des  résultats  on  ne  peut  plus 
satisfaisants.  Dans  plusieurs  cours  d'eau,  qui  avaient  été  complètement 
dépeuplés,  le  poisson  est  aujourd'hui  redevenu  plus  abondant  qu'on  ne 
l'avait  vu  depuis  vingt-cinq  ans. 

—  M.  Zipcy,  sous-directeur  et  professeur  à  la  ferme-école  de  Chavai- 
gnac  (Haute-Vienne),  nous  écrit  :  «  Depuis  quelques  années  déjà,  je 
m'occupe  d'une  façon  spéciale  de  la  culture  des  eaux  (Salmonidés  et 
Cyprins)  et  de  leur  repeuplement  par  les  moyens  les  plus  simples  et  les 
plus  pratiques. 

î  La  pisciculture ,  malheureusement  délaissée  jusqu'à  ce  jour,  est 
appelée  à  produire,  quand  elle  sera  suffisamment  connue  et  convenable- 
ment pratiquée,  de  remarquables  résultats  dans  tous  les  pays  qui^ 
comme  le  Limousin,  possèdent  une  grande  (juantité  d'eaux  en  sources, 
ruisseaux,  étangs,  etc. 

»  Le  point  capital  en  ce  moment  est  de  prêcher  par  l'exemple.  Il 
s'agit  de  faire  voir  et  saisir  les  résultats  obtenus,  par  des  moyens  à  la 
portée  de  tout  le  monde,  simples  et  économiques.  C'est  le  but  de  mes 
travaux;  en  un  mol,  faire  passer  la  science  piscicole  dans  le  domaine 
de  la  pratique,  améliorer  la  situation  du  cultivateur  et  produire  une 
<:]uanlité  considérable  de  nourriture  à  un  prix  relativement  bas. 

î  Si  la  Société  nationale  d'Acclimatation  de  France  me  fait  l'honneur 


PUOCÈS-VEUliAUX.  223 

de  in'eiicourager  dans  mes  travaux   et  mes   recherches,   dans  l'intérêt 
commun,  je  lui  en  serai  très  reconnaissant.  » 

—  M.  Uupic,  membre  du  Conseil  général  de  hi  Creuse,  écrit  de  Gen- 
tioux  :  «  Vous  avez  bien  voulu  m'écrire  au  sujet  de  mes  essais  de  pisci- 
culture. Je  serai  très  heureux  de  profiter  de  vos  conseils  et  de  vos 
offres.  J'ai  d'abord  fait  réussir  quelques  œufs  pour  moi;  puis,  depuis 
quelques  années,  j'en  ai  fait  éclore  pour  le  déparlement  de  la  Creuse, 
qui  m'en  a  confié  cette  année  cin(]uante  mille,  destinés  à  repeupler  les 
rivières  de  la  contrée.  J'ai  assez  bien  réussi  l'éclosion;  mais  je  n'ai  pas 
encore  pu  nourrir  les  alevins,  que  je  suis  obligé  de  verser  dans  les 
cours  d'eau  dès  que  la  vésicule  a  disparu.  J'ai  essayé  plusieurs  fois  de 
meltre  dans  les  bassins  de  la  viande  ou  des  œufs  cuits,  mais  tout  ce  que 
je  plaçais  dans  l'eau  se  couvrait  de  mousse  et  ne  tardait  pas  à  la  cor- 
rompre. Je  serais  très  heureux  de  pouvoir  nourrir  les  alevins  pendant 
quelque  temps,  car  je  crois  qu'ils  réussiraient  mieux  s'ils  étaient  plus 
forts  au  moment  où  ils  sont  versés  dans  les  ruisseaux. 

»  Si  vous  voulez  bien  me  coulier  des  œufs  ou  des  alevins  qui  puissent 
réussir  dans  des  eaux  froides  et  vives,  je  suis  entièrement  à  votre  dis- 
position. 

»  Je  m'occupe  aussi  beaucoup  de  sylviculture.  Si  vous  désirez  faire 
essayer  des  graines  à  une  altitude  de  8  à  900  mètres,  je  le  ferai  avec 
plaisir.  » 

—  MM.  les  préfets  des  Hautes-Alpes,  de  la  Charente-Inférieure,  de  la 
Dordogne,  du  Doubs,  de  la  Haute-Garonne,  de  l'Indre,  d'Iudre-et-Loire, 
de  l'Isère,  des  Pyrénées-Orientales,  du  Rhône,  de  la  Haute-Saône,  de  la 
Seine,  de  Tarn-et-Garonne  et  de  la  Vendée,  adressent  des  réponses  aux 
demandes  de  renseignements  qui  leur  ont  été  faites  sur  la  situation  de 
la  pisciculture  dans  leurs  départements.  —  lîemerciemenls. 

—  M.  Gobin,  professeur  départemental  d'agriculture  à  Auxerre,  écrit 
à  M.  le  Secrétaire  général  :  «  Je  suis  extrêmement  flatté  de  la  demande 
que  vous  avez  bien  voulu  m'adresser,  de  vous  communi(juer  mon  tra- 
vail sur  la  pisciculture. 

»  Je  regrette  bien  vivement  de  ne  pouvoir  accéder  en  ce  moment  à 
voire  désir.  Ce  travail,  manuscrit  et  dont  je  n'ai  point  de  copie,  est  en 
discussion  à  la  Société  nationale  d'agriculture  de  France  ;  la  section 
d'Économie  des  animaux  a  remis  la  séance  à  la  mi-mars.  J'espère  qu'il 
obtiendra  une  récompense;  je  ne  puis  donc  le  reprendre. 

»  Je  puis  vous  indiquer  succinctement  en  quoi  consiste  ce  travail  tout 
théorique,  ce  qui  m'a  semblé  le  devoir  faire  ressortir  de  la  Société  na- 
tionale d'agriculture  plutôt  (jue  de  la  Société  d'Acclimatation  qui  veut 
des  faits  accomplis.  H  se  compose  de  trois  mémoires  : 

»  1"  Migrations  et  hibernation  des  poissons;  causes;  latitudes;  pro- 
fondeurs; zones  d'eaux  à  température  constante;  le  rôle  de  la  vessie 
natatoire  ;  études  à  entreprendre  ; 


224  SOCIÉTÉ   NATIONALE    D  ACCLIMATATION. 

»  2"  Exploiralion  des  mers;  poissons  liltoraux  sédentaires;  les  frayè- 
res;  les  herbiers  ;  les  fonds  ;  nature  du  sol  et  des  rochers  ;  les  réserves 
doivent  être  permanentes  et  non  alternantes;  protection  aux  œufs  et 
aux  alevins  ; 

»  3°  Étude  des  courants  qui  intéressent  le  littoral  de  la  France;  in- 
certitude des  notions  à  cet  égard;  le  Gulf  Stream;  le  Rennel;  le  cou- 
rant de  la  Manche;  celui  de  la  Manche  àl'Elbe;  le  courant  de  Gibraltar; 
le  courant  circulaire  de  la  Méditerranée;  l'influence  des  courants  sur 
les  migrations  des  poissons,  sur  les  bancs  naturels  d'Huîtres,  sur  la 
multiplication  des  Moules,  etc. 

»  Ce  ne  sont  point  des  études  faites,  mais  des  études  proposées  et 
une  direction  indiquée. 

»  Ceci  établi,  Monsieur  le  Secrétaire  général,  je  ne  puis  que  vous 
répéter  qu'une  fois  redevenu  maître  de  mon  travail,  dans  quelque  con- 
dition que  ce  soit,  je  m'empresserai  de  vous  le  transmettre  et  de  l'of- 
frir à  la  Société,  si  vous  pensez  qu'il  puisse  avoir  pour  elle  quelque 
intérêt.  » 

—  M.  d'Audeville  adresse  des  renseignements  sur  son  élevage  d'Om- 
bles-chevaliers  à  la  pisciculture  du  château  d'Andecy  (Marne). 

—  M.  L.  Véron,  ancien  lieutenant  de  vaisseau,  écrit  du  manoir  du 
Grand-Moros,  près  Concarneau,  qu'il  s'intéresse  vivement  à  la  piscicul- 
ture et  qu'il  serait  très  heureux  de  pouvoir  contribuer  au  développe- 
ment de  cette  industrie,  pour  laquelle  il  y  aurait  beaucoup  à  faire 
dans  le  département  du  Finistère,  autrefois  très  riche  en  Saumons. 

—  M.  E.  Thomas,  directeur  de  la  station  agronomique  du  Lézardeau 
et  du  laboratoire  départemental  du  Finistère,  auquel  des  renseigne- 
ments ont  été  demandés  sur  les  expériences  de  pisciculture  entreprises 
à  la  station,  remercie  la  Société  de  l'intérêt  qu'elle  prend  à  ses  travaux 
et  veut  bien  lui  promettre  de  la  tenir  au  courant  du  résultat  de  ses 
essais. 

—  M.  Paul  Boissel,  graineur  et  éducateur  à  Bessèges  (Gard),  écrit  à 
M.  le  Secrétaire  général  :  «  Je  lis  dans  le  Petit  cultivateur  du  14  fé- 
vrier que  M.  Fallou,  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation,  a  fait  une 
importante  communication  sur  les  races  de  Vers  à  soie  exotiques. 

»  Depuis  1867,  je  m'occupe  de  l'industrie  séricicole.  Possédant  et 
cultivant  les  principales  races  françaises,  j'ai  l'honneur  de  me  mettre  à 
la  disposition  de  la  Société  pour  lui  fournir  gratuitement  les  types  de 
Vers  qu'elle  pourrait  désirer. 

»  Je  pourrais  également  faire  essayer  par  mes  éducateurs  les  races 
exotiques  que  M.  Fallou  a  étudiées,  et  je  me  ferais  un  devoir  de  porter 
à  sa  connaissance  toutes  les  expériences  faites  et  les  renseignements 
fournis  par  les  éducateurs.  » 

—  M.  Madelain,  directeur  des  jardins  publics  de  la  ville  de  Tours, 
écrit  en  date  du  25  février  1886  :  «  J'ai,  dans  le  Jardin  public  de  Tours, 


PROCÈS-VERBAUX.  525 

deux  Palmiers  qui  accomplissent  leur  troisième  hiver  à  la  pleine  terre, 
sans  avoir  souffert  du  froid.  Ces  arbres  sont  abrités  par  un  coffre  recou- 
vert d'un  châssis.  Ce  sont  le  Pritchardia  filifera  et  le  Cocos  australis, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Diplotemium  campestre.  J'ai  également  un 
Phormium  tenax  à  feuilles  panachées,  qui  a  bien  résisté.  » 

—  En  annonçant  l'ouverture  du  scrutin  pour  l'élection  du  Bureau  et 
(l'une  partie  des  Membres  du  Conseil,  M.  le  Président  rappelle  que  le 
Conseil  a  décidé  qu'en  signe  de  deuil  il  ne  serait  pas  procédé  cette  an- 
née à  la  nomination  d'un  Président,  en  remplacement  de  M.  Henri  Bou- 
ley,  décédé  le  30  novembre  dernier. 

iM.  le  Président  désigne,  pour  faire  le  dépouillement  des  voles,  une 
Commission  composée  de  MM.  J.  Cloquet,  E.  Decroix,  J.  Fallou,  Mégnin 
et  Paillieux. 

—  M.  Hédiard  dépose  sur  le  bureau  : 

1»  Des  bulbilles  d'Igname  de  la  Martinique  et  un  échantillon  d'Igname 
couscouche,  variété  d'excellente  qualité,  à  chair  blanche,  très  fari- 
neuse et  à  rhizome  peu  profond; 

2"  Une  courge  Carabassette  du  Pérou,  très  bonne  variété,  cultivée  en 
Algérie  depuis  plusieurs  années  et  susceptible  d'être  cultivée  même  sous 
le  climat  de  Paris,  en  renouvelant  fréquemment  la  graine  ; 

3°  Des  semences  de  Haricot  Saint-ciboire,  variété  introduite,  en  1883, 
par  notre  collègue,  qui  l'a  trouvée  très  productive;  c'est  un  Haricot  sans 
rames,  à  grain  très  farineux  et  à  gousse  sans  parchemin; 

4"  Des  noix  de  Cocos  provenant  de  la  Martinique.  M.  Hédiard  signale 
à  celte  occasion  l'emploi  qui  est  actuellement  fait  de  l'enveloppe  fibreuse 
des  noix  de  Coco  pour  la  confection  des  tapis-brosses;  cette  fabrication  a 
lieu  particulièrement  en  Auvergne. 

—  M.  le  Secrétaire  général  donne  lecture  d'une  Note  de  M.  Créput,  de 
Missergbin,  sur  l'élevage  de  l'Autruche  en  Algérie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

Au  sujet  d'un  passage  de  cette  Note,  signalant  l'abaissement  très  con- 
sidérable subi,  dans  ces  dernières  années,  par  le  prix  des  plumes  d'Au- 
truche, M.  Geoffroy  Saint-Hilaire  communique  à  l'assemblée  des  rensei- 
gnements très  intéressants,  adressés  par  M.  Laloue  ,  sur  les  causes  des 
abaissements  des  cours,  sur  l'importance  du  commerce  des  plumes  et 
sur  les  avantages  que  peut  présenter  l'élevage  de  l'Autruche.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Hédiard  fait  connaître  que  les  œufs  d'Autruche  trouvent  à  Paris 
un  certain  débouché  ;  ces  œufs  se  vendent  généralement  de  5  k  6  francs 
la  pièce.  Depuis  quel(|ue  temps,  des  industriels  ont  même  eu  l'idée 
d'imiter  ces  œufs  par  des  moulages  en  plâtre,  qu'ils  vendent  pour  des 
œufs  naturels. 

—  M.  Pichot  donne  communication  d'une  lettre  qui  lui  est  adressée 
des  État-Unis  concernant  la  création  d'une  ferme-école  à  Autruches  en 
Californie.  (Voy.  au  Bulletin.) 

4«  SÉRIE,  T.  ni.  -  Avril  1886.  15 


226  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

M.  le  Secrétaire  général  rappelle  à  ce  sujet  que  ,  déjà  sur  un  très 

grand  nombre  de  points,  on  a  essayé  l'élevage  de  l'Autruche  :  dans  la 
Caroline  du  Sud,  dans  la  République  Argentine,  à  la  Réunion,  à  l'île 
Maurice,  en  Australie.  La  production  est  devenue,  par  suite,  très  al)on- 
dante,  et,  en  outre,  la  plume  étant,  pour  le  moment,  moins  à  la  mode 
qu'il  y  a  quelques  années,  le  prix  devait  forcément  baisser. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  que,  d'après  un  article  récemment  pu- 
blié par  le  journal  anglais  :  The  Colonies  and  India,  l'élevage  de  l'Au- 
truche tendrait  actuellement  à  être  délaissé  dans  la  colonie  du  Cap,  oîi 
l'on  ne  trouve  plus  suffisamment  rémunérateurs  les  produits  de  cette 
industrie  et  où  l'on  préfère  s'occuper  de  la  production  de  la  laine.  De 
ce  côté,  la  concurrence  ne  paraît  donc  plus  à  craindre  pour  les  éleveurs 
d'Autruches  de  l'Algérie. 

—  M.  Berthéol  présente  différents  appareils  de  pisciculture  dont  il  est 
l'inventeur.  11  soumet  notamment  une  auge  perfectionnée  pour  l'éclo- 
sion  des  œufs  de  Salmonidés;  Cette  auge,  de  dimension  suffisante  pour 
recevoir  3000  œufs  de  Truite  ou  de  Saumon ,  est  accompagnée  d'un  ou- 
tillage complet  de  pisciculture:  filtre  pour  l'eau,  thermomètre,  pince  à 
enlever  les  œufs  gâtés,  filets  pour  puiser  les  alevins  ,  brosse  pour  le 
nettoyage  des  appareils,  loupe  servant  à  l'examen  des  œufs,  ardoise  en- 
cadrée, avec  crayon,  pour  enregistrer  les  observations  faites,  etc.  Le 
tout,  complété  par  une  instruction  sommaire  sur  les  soins  à  donner  aux 
œufs  et  aux  alevins,  est  livré  au  prix  de  20  francs.  Des  appareils  de  plus 
grande  dimension,  construits  d'après  le  même  système,  peuvent  rece- 
voir jusqu'à  20  000  œufs  et  servir  en  outre  de  bacs  d'alevinage. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  lesavantages  que  présente  l'emploi  de 
semblables  appareils,  depuis  longtemps  adoptés  dans  plusieurs  pays 
étrangers.  En  Allemagne,  oîi  l'enseignement  de  la  pisciculture  est  très 
répandu,  on  apporte,  à  bon  droit  ,  une  sérieuse  attention  à  la  question 
des  appareils.  Depuis  longtemps  déjà,  l'Académie  forestière  de  Tharand 
(Saxe)  a  recommandé  l'emploi  d'un  outillage  analogue  à  celui  que  pré- 
sente M.  Berthéol,  et  cette  mesure  a  beaucoup  contribué  à  la  vulgarisa- 
tion de  la  pisciculture  dans  le  pays. 

—  M.  le  Président  fait  connaître  le  résultat  du  scrutin.  Le  nombre  des 
votants  était  de  283.  (Outre  les  billets  déposés  dans  l'urne  par  les  Mem- 
bres présents,  beaucoup  de  bulletins  avaient  été  envoyés  sous  plis  ca- 
chetés et  contresignés.) 

Les  votes  ont  été  répartis  de  la  manière  suivante  : 


Vice-Frésidents  :         iMM.  D--  Ern.  Cossou 280 

Comte  d'Éprémesnil 279 

De  Quatrefages 283 

Marquis  de  Sinéty 282 

Secrétaire  général  :  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire 264 


PROCÈS-VERBAUX.  227 

Secrétaires  :                         E.  Dupin 281 

Maurice  Girard 281 

Raveret-Wattel 280 

Flury-Hérard 278 

Archiviste-bibliothécaire  :  Amédée  Berthoule 2(37 

Membres  du  Conseil  :            D-"  Paul  Brocchi 278 

Camille  Daresle 280 

Alfred  Grandidier 280 

Edgar  Roger 279 

En  outre,  d'autres  Membres  ont  obtenu  des  voix  pour  diverses  fonc- 
tions. 
En  conséquence,  sont  élus  pour  l'année  1886: 


V ice-P résidents  :  MM. 


Secrétaire  général 
Secrétaires  : 


Archiviste-bibliothécaire 
Membres  du  Conseil  : 


D''  Ernest  Cosson. 
Comte  d'Éprémesnil. 
De  Quatrefages. 
Marquis  de  Sinéty. 
A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
E.  Dupin. 
Maurice  Girard. 
Raveret-Wattel. 
Flury-Hérard. 
Amédée  Berthoule. 
D""  Paul  Brocchi. 
Camille  Dareste. 
Alfred  Grandidier. 
Edgar  Koger. 


Le  Secrétaire  des  séances, 
Raveret-Wattel. 


I.    EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS- 


DEUXIEME  SECTION. 

SÉANCE    DU    2   FÉVRIEU    1886. 
Présidence  de  M.  Huet,  Président. 

31.  Bcrlhoule  dépose  sur  le  bureau  une  proposition  d'un  système 
unique  de  classification  en  zoologie  spécialement  pour  l'ornitliologie  par 
M.  des  31urs. 

La  section  charge  iM.  Huet  d'en  faire  un  rapport. 

iM.  Dautreville  demande  la  parole  et  dit  que  la  poudre  toni-nutritive 
granulée  au  sang  de  bœuf  desséché,  destinée  à  l'élevage  des  Faisans, 
dont  il  a  déjà  été  question  à  la  Société  plusieurs  fois  depuis  trois 
années,  vient  de  subir,  au  point  de  vue  de  l'aspect  seulement,  une 
transformation  sérieuse. 

M.  Dautreville  présente  à  la  section  un  échantillon  de  ce  produit  tel 
qu'il  sera  désormais  livré. 

La  composition  de  la  poudre  toni-nutritive  est  toujours  la  même,  il 
n'y  a  de  changement  apporté  que  dans  la  forme. 

A  propos  des  éléments  constitutifs  de  l'alimentation  artificielle  dont  il 
est  l'inventeur,  .M.  Dautreville  rappelle  qu'il  les  a  réunis  synthéliqueinent 
en  s'inspirant  de  la  composition  chimique  des  larves  de|farine  qu'il 
s'agit  de  remplacer  dans  l'élevage. 

Le  mode  opératoire  et  l'appareil  de  fabrication  sont  améliorés,  d'oîi 
il  résulte,  comme  la  section  a  pu  le  constater,  que  la  poudre  toni-nutri- 
tive semble  réunir  aujourd'hui  toutes  les  conditions  désirables. 

Les  petits  granules  dont  elle  est  composée  sont  tous  à  peu  près  sem- 
blables, d'une  couleur  uniforme,  d'une  composition  homogène  et  ne  sont 
plus  ramollis  comme  autrefois  par  une  poudre  plus  Une  qui  avait  fait 
l'objet  d'observations  de  la  part  des  éleveurs  qui  ont  bien  voulu  expéri- 
menter cette  alimentation  artificielle  et  rendre  compte  de  leurs  essais. 

M.  Audap  offre  gracieusement  un  lot  de  Canards  l'ilets  et  [demande 
qu'on  lui  confie  d'autres  espèces. 

Le  Secrétaire, 
E. JOLY. 


PROCÈS-VERBAUX.  229 

TROISIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU    10   FÉVrUEU    1886. 

Présidence  de  M.  Vaiu.ANT,  président, 
puis  de  M.  Paillieux. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté,  avec  addi- 
tion et  rectification  demandées  par  M.  Hathelot. 

M.  Berthoule  parle,  à  nouveau,  des  Salmo  Quinnat  de  l'aquarium  du 
Trocadéro.  Un  grand  nombre  d'Alevins  ont  été  jetés  dans  la  Seine,  où 
M.  le  Directeur  de  l'aquarium  espère  les  voir  prospérer. 

M.  Bertboule  ne  partage  pas  celte  espérance  et  pense  que  les  eaux  du 
bassin  méditerranéen  conviendraient  mieux  à  cette  espèce  que  celles  du 
bassin  de  la  Manche. 

M.  Berthoule  ajoute  que  M.  Jousset  de  Bellesme  a  bien  voulu  mettre 
à  la  disposition  de  la  Société  1000  Alevins  de  ce  Saumon,  destinés  à  une 
nouvelle  tentative  de  repeuplement  des  eaux  de  l'Aude. 

Enfin,  M.  Berthoule  dit  que,  de  l'avis  du  directeur  de  l'aquarium,  l'a- 
levinage prochain  sera  moins  abondant  que  celui-ci,  beaucoup  de  repro- 
ducteurs ayant  péri  lors  de  la  ponte. 

M.  Rathelot  ne  pense  pas  que  l'aquarium  du  Trocadéro  soit  aussi 
riche  en  Alevins  de  Salmo  Quinnat  qu'on  l'a  dit;  au  sujet  de  ceux  qui 
auraient  été  jetés  en  Seine,  il  y  a  lieu  de  faire  des  réserves  expresses, 
quelques  journaux  seulement  ayant  parlé  de  ce  fait. 

M.  Berthéol  voudrait  que  500  Alevins  seulement  fussent  jetés  dans 
l'Aude,  et  que  les  500  autres  fussent  répartis  entre  quelques-uns  de  nos 
collègues  en  état  de  les  élever. 

M.  Berthoule  répond  que  les  1000  Alevins  ont  été  offerts  pour  être 
envoyés  dans  un  cours  d'eau  tributaire  de  la  Méditerranée  et  qu'il  serait 
difficile  de  leur  donner  une  autre  destination  si  tant  est  que  la  Société 
estime  devoir  adresser  l'offre  dont  s'agit. 

Finalement,  la  section,  à  la  majorité,  pensant  que  ce  nombre  de 
1000  petits  Saumons  est  insuffisant  pour  faire  une  tentative  sérieuse 
d'acclimatation,  dans  le  bassin  méditerranéen,  décide  qu'il  n'y  a  pas  lieu, 
quant  à  présent,  d'accepter  ces  poissons. 

La  section  remercie  M.  le  Directeur  de  l'aquarium  du  Trocadéro,  de 
son  offre  généreuse,  et  regrette  de  n'en  pouvoir  profiter. 

M.  Kaverel-Wattel  fait  savoir  à  la  section  que  plusieurs  réponses  au 
questionnaire  sur  l'étal  de  la  pisciculture,  dans  les  départements,  nous 
sont  parvenus.  Ces  réponses  sont  adressées  par  MM.  les  ingénieurs,  aux 
préfets,  qui  nous  les  transmettent. 


230  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

M.  Rathelot  pense  que  si  nous  adressions  ces  questions  aux  Conseils 
généraux  et  aux  Conseils  d'arrondissement,  nous  pourrions  en  obtenir 
quelques  renseignements. 

M.  Raveret-Waltel  fait  observer  que  les  circulaires  ne  sont  guère  lues 
et  que  les  lettres  coûtent  trop  cher  à  envoyer.  Notre  collègue  croit  qu'il 
serait  utile  de  signaler  aux  fonctionnaires,  à  qui  nous  demandons  des 
renseignements,  les  personnes  qui,  à  notre  connaissance,  s'occupent,  ou 
se  sont  occupées  de  pisciculture. 

Ces  propositions  sont  mises  aux  voix. 

La  section  décide  qu'il  y  a  lieu  d'adresser  des  demandes  :  i°  aux 
préfets,  qui  ont  signalé  déjà  des  pisciculteurs  ;  2"  aux  présidents  des 
Conseils  généraux  ;  3"  d'adresser  des  demandes  d'insertions  à  plusieurs 
journaux  des  départements. 

Le  Vice-Secrétaire, 
Ch.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   16   FÉVRIER    1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Fallou  fait  passer  sous  les  yeux  de  ses  collègues  une  boîte  renfer- 
mant les  cocons  de  Lépidoptères,  envoyés  par  le  P.  Camboué,  de  Mada- 
gascar, comme  cocons  de  la  Saturnia  Siiraka  et  Borocera  Madagas- 
cariensis  (1)  et  il  ajoute  : 

«  Pendant  que  j'en  faisais  la  préparation,  MM.  Wailly,Mabille  et  deux 
autres  entomologistes  ont  contesté  l'exactitude  de  cette  assertion,  se 
basant  principalement  sur  les  différences  de  proportion  entre  le  cocon 
et  l'insecte  parfait. 

»  Je  ne  partage  pas  celte  opinion  et  je  demande  s'il  ne  serait  pas 
possible  de  prier  le  P.  Camboué  de  nous  envoyer  les  œufs,  la  chenille  et 
le  papillon  provenant  d'éducation. 

))  Danslanature,ily  a  de  petites  espèces  qui  produisent  des  cocons  très 
gros  et  réciproquement,  par  exemple  le  Bombyx  du  Chêne,  dont  le  cocon 
est  très  petit.  » 

M.  Fallou  présente  également  des  cocons  de  Bombyx  mori,  recueillis 
avant,  pendant,  et  après  la  maladie  des  Vers  à  soie. 

(1)  Les  figures  de  Boisduval  et  de  Coquerel  ne  sont  pas  complètement  cou- 
formes  aux  Papillons  envoyés  actuellement  de  Madagascar. 


PROCÈS-VERBAUX.  231 

M.  Paillieux  lit  une  lellre  relative  à  la  destruction  des  Allises  qui  atta- 
quent les  Crucifères. 

M.  Maurice  Girard  recommande,  d'après  M.  Pelouze,  un  mélange  de 
sable  et  de  napthlaline  brute.  Ce  mélange  ne  tue  pas  les  Altises,  mais  les 
écarte. 

M.  le  Président  lit  une  lettre  de  M.  Faure,  président  du  comice  agri- 
cole de  Drioude,  qui  envoie  en  même  temps  un  insecte  coléoptère  {Hylo- 
bius  abietis). 

La  présence  de  ce  Charançon  dans  les  vignes  est  due  à  l'habitude 
qu'ont  les  vignerons  du  pays  d'enfouir  des  branches  de  Pin  comme  drai- 
nage et  fumure. 

Cet  insecte,  d'après  31.  Faure,  couperait  les  tiges  au  printemps  et  en 
août,  s'attaquerait  aux  raisins,  mais  celte  assertion  est  loin  d'être  démon- 
trée, l'insecte  vivant  exclusivement  dans  les  branches  des  Conifères. 

iM.  l'Agent  général  attire  l'attention  de  la  section  sur  un  article  relatif 
aux  Diptères  comestibles  du  Western  Alkaline  lake.  Ce  mémoire  paraît 
avoir  échappé  à  la  connaissance  de  feu  M.  Moleyre. 

Le  Secrétaire, 

M.    SÉDILLOT. 


CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE    DU    23    FÉVRIER   1886. 
Présidence  de  M.  de  Vilmorin,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  le  Secrétaire  donne  lecture  de  la  note  suivante  de  M.  Dautreville 
sur  l'analyse,  par  lui  faite,  des  tubercules  du  Stachys  affinis  : 

«  Dans  la  crainte  de  ne  pouvoir  assister  à  la  prochaine  séance  géné- 
rale, je  viens  vous  prier  de  vouloir  bien  donner  lecture  de  la  note  sui- 
vante, qui  a  pour  objet  de  répondre  à  une  question  posée  par  M.  Chap- 
pellier,  au  sujet  de  l'emploi  des  tubercules  du  Stachys  affinis,  dans  le 
régime  prescrit  aux  diabéti(iues  glycosuriques. 

»  Comme  l'a  fait  remarquer  M.  Chappellier,  la  texture  des  Stachys 
semble  se  rapprocher  beaucoup  des  Salsilis,  aussi  notre  honorable  col- 
lègue a-t-il  pensé,  sans  toutefois  l'afllrmer,  que  ceux-là  pourraient 
comme  ceux-ci  entrer  dans  l'aliinentaliou  des  malades  atteints  du 
diabète. 

î  Je  puis  ajouter  aujourd'hui  que  la  composition  chimique  de  ces 
végétaux,  spécialement  au  point  de  vue  des  principes  féculents,  absolâ- 
ment  proscrits  dans  cette  affection,  est  la  même;  c'est  du  moins  ce  qui 
résulte  des  essais  comparatifs  auxquels  je  me  suis  livré. 


SOCIÉTÉ    NATIONALE   D  ACCLIMATATION. 

»  Vous  savez,  Messieurs,  que  les  substances  qui  contiennent  de  la 
fécule  ou  (le  ramidon,  sur  lesquelles  on  laisse  tomber  une  goutte  de 
teinture  d'iode,  donnent  une  coloration  bleue  d'autant  plus  foncée  que 
la  proportion  de  matière  féculente  est  plus  forte.  Soumettez,  comme  je 
l'ai  fait,  à  l'action  de  cette  teinture,  une  Pomme  de  terre  fraîchement 
coupée,  vous  constaterez  que  cette  réaction  est  très  rapide,  ce  qui  s'ex- 
plique facilement  puisque  celte  Solanée  contient  20  pour  100  de  fécule 
au  moins.  Si  maintenant  on  opère  sur  le  Stachys  ou  sur  le  Salsifis,  la 
partie  imprégnée  de  teinture  d'iode  conserve  la  teinte  jaunâtre  propre 
à  l'iode. 

»  Ce  premier  essai,  bien  que  très  simple,  donne  déjà  des  indications 
qui  ont  leur  importance.  Le  deuxième,  qui  a  consisté  à  imiter  le  pro- 
cédé usité  dans  la  fabrication  de  la  fécule,  a  été  concluant. 

î  Après  avoir  réduit  les  tubercules  du  Stachys  en  pulpe  au  moyen 
d'une  râpe,  j'ai  d'abord  délayé  dans  l'eau  froide,  puis  passé  au  tamis, 
et,  si  la  fécule  eût  existé  dans  ce  végétal,  je  l'aurais  recueillie  en  lais- 
sant déposer  les  eaux  de  lavage.  Or  le  dépôt  de  ces  eaux  n'a  pas  donné 
avec  l'iode  la  réaction  propre  à  la  fécule.  Mèmerésultatavec  le  Salsifis. 
))  11  résulte  de  ces  faits  que  les  tubercules  du  Stachys  peuvent  être 
désormais,  comme  d'ailleurs  les  Salsifis,  permis  comme  aliment  aux  ma- 
lades atteints  du  diabète  sucré.  M.  Paillieux  d'abord,  M.  Chappellier 
ensuite,  auront  donc  rendu  à  l'acclimatation  et  aux  malades  un  très  ap- 
préciable service,  car,  vous  le  savez,  la  liste  des  aliments  probibés  dans 
le  traitement  de  cette  grave  maladie  est  longue,  et  les  diabétiques  ac- 
cueilleront avec  plaisir  ce  tubercule,  puisqu'il  leur  permettra  d'apporter 
un  peu  de  variation  à  leur  régime  sévère  et  cela  sans  nuire  au  traite- 
ment. » 

M.  Chappellier  proteste  contre  la  mention  de  son  nom  dans  cette  com- 
munication, et  déclare  que  tout  le  mérite  de  l'introduction  du  Stachys 
revient  à  notre  zélé  confrère  M.  Paillieux. 

Il  est  déposé  sur  le  bureau  :  1°  une  note  de  M.  Romanet  du  Caillaud 
sur  le  Tradescantia  erecta,  plante  hémostatique  du  iMexique,  intro- 
duite en  France  par  M.  le  général  du  Mariray; 

2°  Une  note  de  M.  Naudin,  sur  la  première  floraison  du  Jiibœaspecta 
bilis  à  Lisbonne. 

M.  le  Président  signale  à  ce  propos  le  bel  exemplaire  de  la  villa  Thu- 
ret,  qui  est  sur  le  point  de  fleurir. 

M.  Paillieux  communique  à  la  section  une  lettre  de  M.  Daruty,  sur  le 
Matambala  {Coleus  tuberosus).  M.  Mares  se  propose  de  faire  des  essais 
de  culture  de  cette  plante  en  Algérie. 

M.  Paillieux  a  reçu  également  du  Président  de  la  Société  d'Acclima- 
tation de  Maurice  des  graines  de  Solanum  macrocarpum  ou  grosse 
Anguine;  il  est  douteux  que  ces  semences  donnent  des  résultats  sous 
le  climat  de  Paris. 


rROCÈS-YERBAUX.  233 

Notre  confrère  lit  ensuite  :  1"  une  lettre  du  P.  Heude,  sur  diverses 
plantes  alimentaires  chinoises;  un  Convolmilus,  dont  on  mange  les 
pousses,  serait  peut-être  intéressant  à  cultiver;  2"  une  lettre  du  D''Breit- 
schneider,  sur  VEleocharis  tiiberosns;  3°  une  lettre  d'un  membre  de 
l'Institut  de  Beauvais,  sur  la  destruction  de  l'Allise. 

A  propos  de  celte  dernière  communication,  M.  le  Président  signale 
l'emploi  du  Tourteau  de  Cameline  comme  donnant  de  bons  résultats. 

M.  de  Vilmorin  présente  à  la  section  un  rameau  d'une  nouvelle  espèce 
d'Eucalyptus,  représentée  seulement  par  deux  exemplaires  en  Pro- 
vence, l'un  à  la  villa  Thuret,  l'autre  chez  IM.  le  D""  Jeannel,  à  Ville- 
franche-sur-Mer. 

Placé  côte  à  côte  avec  un  E.  globulus,  dans  un  terrain  argileux  assez 
riche,  la  nouvelle  espèce  a  crû  avec  une  bien  plus  grande  rapidité  que 
ce  dernier. 

Aujourd'hui  l'arbre  est  âgé  de  six  ans  environ  et  mesure  approxima- 
tivement 14  mètres.  Sa  circonférence,  à  l'",30,  est  de  76  centimètres  et 
de  90  à  15  centimètres  du  sol.  Il  a  fleuri  en  janvier  1885,  et  l'examen 
de  ses  fleurs  a  permis  de  le  classer  dans  la  section  des  uniflores.  Cet 
Eucalyptus,  qui  avait  été  nommé  provisoirement  Ambigens  et  a  été  dé- 
crit depuis;  il  est  dédié  au  savant  directeur  du  Jardin  botanique  de 
Melbourne,  M.  le  baron  von  iMùeller. 

L'Eucalyptus  Mulleri  Ndn  ne  subit  pas  de  transformation  comme 
la  plupart  des  espèces  de  ce  genre  ;  les  feuilles  du  jeune  âge  sont  celles 
de  l'âge  adulte. 

Il  est  présumable  que  des  graines  fertiles  pourront  être  recueillies 
celte  année. 

M.  le  Président  présente  ensuite  une  gerbe  de  Blé  de  Manitoba,  sans 
barbe,  à  épi  blanc  et  à  grain  rouge.  Semé  à  la  mi-mai,  ce  Blé  s'est  bien 
développé;  mais  comparé  à  notre  Blé  de  mars,  barbu,  à  épi  rouge,  ou 
Blé  de  mai,  l'avantage  reste  au  nôtre  au  point  de  vue  de  la  valeur  du 
grain. 

Une  discussion  s'engage  entre  MM.  de  Vilmorin  et  Mailles  au  sujet  de 
l'influence  solaire  sur  la  maturation  des  céréales  dans  le  Nord  et  les  pays 
tempérés,  et  à  ce  propos  M.  le  Président  signale  les  remarquables  tra- 
vaux de  M.  Flahaut. 

Le  Secrétaire, 

Jules  Gr isard. 


IV.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS   DE  CORRESPONDANCE. 


Pi.scicuUiipe  à  rÊcole  pratique  (rAg^i*iciiltni*c 
de  Saint-Remy 

Canton  d'Amance  (Haute-Saône). 

Depuis  1883,  la  pisciculture  l'ait  partie  du  prograuiine  de  l'École 
pratique  d'agriculture  de  Saint-Kern  y  (Haute-Saône).  Un  crédit  de 
520  francs,  du  ministère  de  l'agriculture,  et  une  somme  de  300  francs, 
allouée  par  le  Conseil  général  de  la  Haute-Saône,  ont  permis  la  création 
d'un  laboratoire  d'éclosion  et  d'alevinage  alimenté  d'eau  par  un  réser- 
voir en  tôle  galvanisée,  de  4  mètres  cubes,  lequel  se  remplit  au  moyen 
d'une  pompe  aspirante  et  foulante  établie  à  demeure  dans  le  labora- 
toire. 

Nous  devons  à  l'obligeance  de  M.  X.  Binder,  chargé  du  cours  de  pis- 
ciculture à  l'Ecole,  d'intéressants  détails  extraits  des  Comptes  rendus 
de  cet  établissement  et  relatifs  aux  travaux  de  début  du  laboratoire. 

Tout  d'abord,  ce  n'est  pas  sans  quelque  difficulté  qu'on  s'est  procuré 
des  reproducteurs  en  état  de  frayer.  «  Les  informations  prises  de  divers 
côtés  sur  l'époque  de  reproduction  des  Truites  étaient  loin  d'être  con- 
cordantes, dit  M.  Binder  :  ici,  disait-on,  la  Truite  fraye  en  novembre, 
là  en  décembre,  ailleurs  en  janvier  et  même  en  février.  Je  me  suis  long- 
temps demandé  quelle  pouvait  être  la  cause  de  cette  différence  dans 
l'époque  du  frai.  Je  crus  d'abord  pouvoir  l'attribuer  à  la  nature  des 
eaux,  les  unes  roulant  sur  le  granit,  tandis  que  les  autres  sortent  du 
calcaire.  Mais  j'ai  dû  renoncer  à  cette  idée  par  suite  de  la  difficulté 
qu'il  y  a,  dans  l'état  actuel  de  la  science,  de  concevoir  que  les  minimes 
quantités  de  calcaire  ou  de  silice  en  plus  ou  en  moins  puissent  avoir  une 
influence  aussi  considérable  sur  l'époque  du  frai.  Aussi  ai-je  porté  mon 
attention  ailleurs,  et  j'ai  cru  trouver  la  solution  du  problème  dans  la 
considération  de  la  constitution  géologique  des  terrains  qui  fournissent 
les  eaux. 

»  La  Moselotte  reçoit  ses  eaux  d'un  versant  granitique  ;  or  on  sait 
que  dans  les  pays  de  granit  les  sources  nombreuses  sortent  d'une  très 
faible  profondeur  (à  part  certaines  eaux  thermales),  parce  que  l'imper- 
méabilité du  roc  n'offre  pas  aux  eaux  ces  larges  tissures  qui,  dans  les 
terrains  sédimentaires,  leur  permettent  de  s'enfoncer  profondément  et 
de  se  soustraire  aux  variations  de  la  température.  Dans  les  formations 
de  sédiment,  et  plus  particulièrement  dans  les  roches  jurassiques,  il  y  a 
de  nombreuses  crevasses  par  lesquelles  les  eaux  se  perdent  à  de  grandes 
profondeurs  avant  de  donner  naissance  à  des  sources  qui,  comme  l'on 
dit  souvent,  fournissent  une  eau  relativement  chaude  en  hiver  et  fraîche 
en  été.  C'est  là  précisément  le  cas  des   sources  qui  alimentent  la  Que- 


FAITS    DIVERS    ET   EXTRAITS    DE    CORRESPONDANCE.       235 

noclie,  dans  laquelle  la  Truite  ne  fraye  que  de  la  mi-janvier  à  la  fin  de 
février,  tandis  que  dans  la  Moselotle,  dont  les  eaux  ne  viennent  que  de 
sources  très  superliciellcs,  susceptibles  par  conséquent  de  subir  facile- 
ment les  influences  de  la  température,  le  frai  se  termine  vers  la  Un  de 
novembre.  D'où  je  suis  porté  à  conclure  que  c'est  à  celte  différence  de 
température  qu'il  faut  attribuer  l'écart  dans  l'époque  du  frai  de  la 
Truite. 

»  Si  maintenant  l'on  se  demande  pourquoi  cette  particularité  n'a  en- 
core été  signalée  dans  aucun  ouvrage,  ne  serait-ce  pas  que  ceux  qui  ont 
écrit  sur  la  Truite  n'ont  guère  étudié  ce  poisson  que  dans  les  pays 
granitiques  des  Vosges,  de  l'Auvergne,  ou  dans  les  grands  cours  d'eau 
dont  la  température,  plus  que  celle  des  eaux  sortant  des  couches  pro- 
fondes, subit  l'influence  de  l'air  ambiant? 

»  La  première  fécondation  artilicielle  a  eu  lieu  le  5  décembre  (1883), 
la  deuxième  le  12  janvier.  Les  œufs  étaient  marqués  un  mois  après  la 
fécondation,  et  l'éclosion  a  eu  lieu  le  16  février  pour  les  uns,  et  le 
23  mars  pour  les  autres.  Une  eau  d'une  température  à  peu  près  inva- 
riable se  renouvelait  sans  cesse  sur  les  œufs.  Cette  température  oscillait 
entre  5  et  6  degrés  centigrades;  le  plus  souvent  le  thermomètre  indi- 
({uait  5  degrés  1/2. 

»  Comme  l'incubation  des  œufs  provenant  de  Truites  de  la  Moselotte 
a  duré  66  jours,  et  celle  des  œufs  de  Truites  de  la  Quenoche  79  jours, 
le  nombre  de  degrés  de  température  nécessaire  à  l'évolution  de  l'em- 
bryon a  été  de  66  X  5 1/2  =:  3  630  degrés  pour  les  uns,  et  de 
79X5  1/2  :=  4  245  degrés  pour  les  autres. 

j  J'ignore  la  cause  de  celte  différence.  Je  ferai  simplement  remar- 
quer que  les  Truites  de  la  Moselotte  étaient  jeunes  et  pesaient  à  peine 
un  quart  de  livre,  c'était  la  lin  de  la  saison  du  frai  ;  tandis  que  la 
Truite  de  la  Quenoche  pesait  une  livre  (elle  a  fourni  1000  à  1200  œufs), 
et  c'était  le  commencement  du  frai  dans  cette  rivière. 

»  L'incubation  de  ces  œufs  s'est  faite  convenablement  (quelques  œufs 
seulement  avaient  blanchi);  ceux  provenant  de  la  première  opération 
étaient  en  partie  éclos,  les  autres  allaient  être  embryonnés,  lorsque 
j'aperçus  dans  les  premiers  des  disparitions  importantes,  et  dans  les 
seconds,  outre  la  disparition  de  beaucoup  d'œufs,  l'altération  de  plu- 
sieurs. J'attribuai  tout  d'abord  ces  dégâts  aux  Rats  d  eau,  que  j'accusais 
de  manger  les  alevins  et  les  œufs  embryonnés,  de  remuer  dans  d'autres 
compartiments  les  œufs  déjà  marqués,  et  d'arrêter  ainsi  le  travail  de 
l'embryogénie. 

»  Les  augettes  n'étaient  alors  couvertes  que  légèrement,  car  je  ne 
me  proposais  que  de  soustraire  œufs  et  alevins  à  une  lumière  trop  in- 
tense ;  mais,  à  partir  de  ce  moment,  je  fis  des  couvercles  solides  et  je 
n'y  laissai  que  des  ouvertures  circulaires  d'à  peu  près  un  centimètre 
pour  livrer  passage  au  filet  d'eau  qui  alimentait  le  bassin.  Or,  la  nuit 


236  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d'aCCLIMATATION. 

suivante,  le  nombre  des  œufs  disparus  était  plus  considérable  encore, 
et  sur  les  deux  mille  œufs  et  alevins,  c'est  à  peine  s'il  me  restait  une 
centaine  de  cliaque  espèce.  J'étais  désolé,  mais  non  découragé;  je  ne 
pouvais  avoir  affaire  aux  Rats  d'eau  qui,  vu  l'exiguïté  de  l'ouverture 
laissée  dans  le  couvercle,  ne  pouvaient  s'introduire  dans  les  bassins 
d'éclosion  ;  c'était  un  autre  ennemi  à  découvrir.  Tant  que  les  œufs  et  les 
alevins  s'étaient  trouvés  accessibles,  les  souricières  étaient  restées  inu- 
tiles; je  pris  donc  la  précaution  de  fermer  hermétiquement  les  auges  et 
d'y  introduire  l'eau  par  de  petits  tuyaux  en  caoutchouc;  j'installai  les 
souricières  et  enlin  je  parvins  à  capturer  deux  de  mes  mangeurs  de 
Truites.  Ce  n'étaient  ni  des  Souris,  ni  des  Rats  d'eau,  c'étaient  des  Musa- 
raignes d'eau  ou  Musaraignes  de  Daubenton  {Sorex  fodlens),  aux  dents 
rouges  et  épineuses,  au  museau  effilé,  et  dont  les  pieds  à  cinq  doigts 
sont  garnis  de  poils  raides  aidant  à  la  natation.  Ce  petit  animal  me 
paraît  d'autant  plus  dangereux  qu'il  peut  s'introduire  très  facilement 
par  les  plus  petites  ouvertures. 

■»  Pour  imiter  la  frayère  naturelle,  une  double  rangée  de  grosses 
pierres  moussues  encadrant  un  lit  de  cailloux  roulés  a  été  disposée  dans 
le  petit  cours  d'eau  qui  traverse  les  prairies  de  l'Ecole.  C'est  dans  cette 
frayère  que  vont  être  placés  incessamment  nos  petits  alevins  de  Truites 
saumonées,  car  il  importe  que  cette  opération  se  fasse  avant  que  la  vé- 
sicule ombilicale  des  alevins  soit  résorbée,  alin  que,  n'étant  pas  encore 
habitués  à  une  nourriture  artificielle,  les  petits  poissons  s'accommodent 
plus  facilement  du  milieu  qu'on  leur  oiTre  et  des  moyens  de  subsistance 
qu'ils  y  trouvent.  Ces  derniers  ne  feront  pas  défaut,  puisque  les  bords 
du  ruisseau  sont  bien  enherbés  et  qu'on  y  observe  une  foule  de  mol- 
lusques tels  que  les  l.ymnées,  les  Paludines,  les  Planorbes,  ainsi  que  de 
petits  crustacés  et  des  vers.  » 

Quelques  alevins  sont  conservés  au  laboratoire  et  nourris  artificielle- 
ment pour  servir  aux  démonstrations  pratiques  de  l'enseignement  pisci- 
cole. «Au  début,  dit  M.  le  professeur  Rinder,  je  les  nourrissais  de 
jaune  d'œuf,  puis  de  cervelle  et  de  viande  hachée.  Mais,  d'une  part,  la 
précipitation  rapide  de  ces  substances  au  fond  des  bassins  d'élevage  les 
rendait  inutiles  aux  alevins,  qui  ne  touchent  qu'aux  éléments  tenus  en 
suspension  dans  l'eau,  et,  d'autre  part,  produisait  un  dépôt  insalubre 
nécessitant  des  soins  continuels  de  propreté.  Aussi  cette  nourriture 
morte  ne  me  fournit-elle  que  de  bien  minces  résultats  :  beaucoup  d'a- 
levins périssaient  les  uns  après  les  autres,  succombant  à  la  maladie 
des  branchies. 

ï  Je  m'adressai  alors  à  la  nourriture  vivante.  De  petits  vers  limicoles, 
que  je  croyais  devoir  ranger  dans  la  famille  des  Naïdcs,  pullulaient  dans 
l'étang  de  notre  basse-cour.  J'en  recueillis  une  certaine  quantité  pour 
les  donner  à  mes  petits  poissons,  qui  s'en  montrèrent  très  friands;  mais 
une  fois  distribués  dans  les  bassins,  ces  limicoles  se   réunissaient  rapi- 


FAITS   DIVERS   Eï  EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       ^5/ 

dément  en  pelote  au  fond  de  l'eau  et  parvenaient  ainsi  à  se  soustraire  à 
ralla(iue  des  alevins;  mon  but  était  manqué. 

»  A  l'endroit  même  où  je  faisais  la  récolte  de  ces  vers,  j'avais  remar- 
qué une  multitude  de  petits  crustacés  appelés  communément  Puces 
d'eau  :  c'étaient  des  daphnies  {Daphnia   pulex). 

»  Les  daphnies,  crustacés  appartenant  au  groupe  des  Cladocère.'- , 
sont  caractérisées  par  un  corps  non  segmenté,  entièrement  recouvert 
d'une  carapace  bivalve;  leur  tète,  munie  antérieurement  d'un  seul  œil, 
porle  de  chaque  côté  une  grande  antenne  fourchue  et  ciliée  faisant 
fonction  de  bras  natatoires;  elles  s'en  servent  pour  produire,  dans 
l'eau,  des  tourbillons  et  attirer  ainsi  les  particules  alimentaires. 

»  Les  daphnies  nagent  avec  facilité;  au  moindre  mouvement  de  l'eau, 
elles  se  dispersent  en  tous  sens  en  progressant  par  bonds  au  sein  de 
l'eau  :  de  là,  sans  doute,  leur  nom  vulgaire  de  puces  d'eau. 

ï  Ces  petits  êtres  ne  peuvent  se  multiplier  que  dans  les  eaux  tran- 
quilles des  étangs  et  surtout  des  mares  servant  d'abreuvoir  au  bétail. 
Dans  le  courant  de  l'été,  lorsqu'on  e.xamine  une  troupe  de  daphnies,  on 
est  frappé  de  la  diversité  de  leurs  tailles;  quelques-uns  de  ces  crusta- 
cés atteignent  jusqu'à  "2  millimètres  1/2  de  longueur,  tandisque  d'autres 
sont  à  peine  visibles  à  l'œil  nu  :  tous  sont  doués  de  la  même  ngililé. 

»  Cette  différence  dans  la  taille  s'explique  facilen^ent  lorsqu'on  sait 
qu'un  même  groupe  compte  des  daphnies  provenant  de  générations  suc- 
cessives de  l'année. 

»  D'après  le  professeur  Claus  (1),  au  printemps  et  en  été  on  ne  ren- 
contre d'ordinaire  que  des  individus  femelles  qui  donnent  naissance  à 
une  série  de  générations  parlhénogénes.  Les  œufs  pondus  à  cette  épo(jue 
sont  les  œufs  d'été,  qui  se  développent  rapidement  dans  une  chambre 
incubatrice  située  sous  le  test  dorsal.  Après  quelques  jours  les  œufs 
écloseut;  les  jeunes  daphnies  quittent  leur  berceau,  et  elles  ne  tar- 
dent pas  à  produire  des  œufs  à  leur  tour. 

»  En  automne,  lorsque  le  froid  menace  l'existence  de  ces  petits  êtres 
aquatiques,  les  femelles  produisent  les  œufs  d'hiver  et  assurent  ainsi  la 
conservation  de  l'espèce.  Ces  œufs  ne  peuvent  pas,  comme  ceux  d'été, 
se  développer  sans  l'intervention  des  mâles  :  la  fécondation  est  néces- 
saire; aussi  voit-on  apparaître  les  daphnies  mâles  lorsque  les  conditions 
biologiques  deviennent  défavorables. 

3>  Les  œufs  d'hiver,  mêlés  à  la  vase,  sont  plus  gros  et  plus  rustiques 
que  ceux  d'été;  ils  sont  d'ailleurs  protégés  par  la  chambre  incubatrice 
qui  s'est  détachée  avec  eux  du  dos  de  l'animal. 

»  Lorsque  les  froids  de  novembre  se  font  sentir,  les  daphnies  se  ré- 
fugient au  fond  des  étangs  ou  des  mares;  là  elles  résistent  pendant 
quelque  temps  au  froid,  puis  périssent  dans  le  courant  de  l'hiver. 

(I)  Traité  de  Zoologie,  par  Claus,  troihiit  par  .Moquin-Tandon. 


3.S8  SOCIÉTÉ   iNATlONALE    d' ACCLIMATATION. 

»  Au  printemps  suivant,  quand  la  température  de  l'eau  s'est  suflisam- 
mcnt  élevée,  les  œufs  conservés  dans  la  vase  se  développent  et  éclosent 
vers  la  mi-avril,  et  bientôt  les  crustacés  issus  de  celte  première  généra- 
lion  pullulent  dans  les  eaux  bourbeuses. 

»  Lorsqu'on  veut  se  livrer  à  la  culture  des  daphnies  pour  les  besoins 
de  l'alevinage  des  salmonés,  on  peut  ensemencer  les  réservoirs  con- 
struits d'après  les  indications  de  M.  Pùvoiron,  en  y  transportant  de  la 
vase  puisée  dans  une  mare  où  l'automne  précédent  les  daphnies  s'é- 
laienl  fait  remarquer  par  leur  grand  nombre.  Avec  cette  vase  on  intro- 
duit l'œuf  d'hiver,  qui  sera  le  point  de  départ  de  nombreuses  généra- 
tions successives,  à  la  faveur  desquelles  le  réservoir  se  peuplera  rapide- 
ment. 

»  Les  daphnies  sont,  sans  [contredit,  une  précieuse  ressource  pour  le 
pisciculteur  qui  s'occupe  d'alevinage  artificiel;  mais  elles  ne  peuvent  à 
elles  seules  résoudre  le  problème  de  la  nourriture  par  le  vivant,  puis- 
qu'elles l'ont  défaut  dans  la  première  période  de  l'alevinage,  alors  que 
le  besoin  de  ce  genre  de  nourriture  se  fait  le  plus  sentir.  Ainsi,  à  Saint- 
llemy,  les  premiers  alevins,  nés  au  commencement  de  janvier,  avaient 
leur  vésicule  ombilicale  complètement  résorbée  vers  le  15  février;  et, 
comme  les  daphnies  ne  sont  en  nombre  que  dans  le  courant  de  mai,  il 
faudrait  pendant  cet  intervalle  nourrir  les  alevins  selon  l'ancienne  mé- 
thode. » 

Pendant  la  campagne  1884-1885,  les  opérations  ont  été  poursuivies 

sur  une  assez  large  échelle. 

«  L'année  dernière,  écrit  M.  Binder,  j'avais  transporté  de  Saulxures  à 
Saint-Remy  tous  les  reproducteurs  que  j'avais  pu  me  procurer  pour  les 
besoins  de  notre  campagne  piscicole;  cette  année,  fixé  par  l'expérience 
sur  la  difficulté  et  les  embarras  d'un  tel  transport  quand  on  veut  opérer 
sur  des  animaux  vivants,  j'ai  préféré  aller  faire  la  fécondation  sur 
place;  n'ayant  eu  qu'à  m'en  féliciter,  mon  intention  .est  de  continuer 
ainsi  à  l'avenir,  sauf  à  me  procurer  dans  les  environs  les  étalons  dont 
j'aurai  besoin  pour  les  démonstrations  à  faire  devant  les  élèves,  qui 
tous  montrent  le  plus  vif  intérêt  pour  cette  branche  de  leur  instruction, 
et  pour  les  familiariser  avec  toutes  les  manipulations  qui  s'y  rapportent. 

»  Tous  ces  œufs  ainsi  transportés  à  Saint-llemy  immédiatement  après 
leur  fécondation  artificielle  y  sont  arrivés  en  très  bon  état,  ofi"rant  ce 
bel  aspect  que  donne  une  fécondation  réussie  et  qu'ils  ont  conservé 
tout  le  temps  de  l'incubation  :  à  peine  quelques-uns  de  blancs.  El  ce- 
pendant, bien  que  la  période  d'incubation  se  soit  passée  très  régulière- 
ment, sans  que  rien  put  me  faire  craindre  un  échec,  près  de  25  pour 
100  ne  sont  pas  arrivés  à  éclosion. 

»  U'où  cela  peut-il  venir?  Cette  question,  qui  ne  pouvait  que  m'inté- 
resser  vivement,  ne  me  parait  trouver  sa  réponse  que  dans  cette 
circonstance   que    plusieurs   de  mes  étalons,  échappés   à  la   mortalité 


FAIT-S   DIVERS   ET   EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.       239 

occasionnée  par  les  chaleurs  exceptionnelles  de  l'année,  se  trouvaient 
cependant  dans  un  état  maladif  qui  avait  nui  à  la  vitalité  d'une  partie 
des  œuvées;  et  ce  qui  me  confirme  dans  cette  idée,  c'est,  d'une  part, 
la  petitesse  relative  que  j'ai  constatée  dans  les  œufs  de  cette  année, 
chose  assez  anormale,  et,  d'autre  part,  la  parfaite  transparence  con- 
servée par  ceux  des  œufs  qui  ne  se  sont  pas  embryonnés,  transparence 
qui  ne  permet  pas  d'attribuer  cet  échec  à  ce  que  l'opération  delà  fécon- 
dation aurait  été  mal  exécutée. 

»  Mais  ce  qui,  par-dessus  tout,  me  confirme  dans  cette  opinion,  c'est 
que  les  œufs  inféconds,  restés  clairs,  ne  se  sont  guère  trouvés  que  parmi 
ceux  obtenus  des  Truites  de  rivière,  lesquelles  avaient  particulièrement 
souffert  des  influences  atmosphériques  dont  j'ai  parlé,  tandis  qu'il  n'y  a 
presque  point  eu  de  perte  sur  les  œufs  des  Truites  provenant  des  lacs. 
N'est-ce  pas  que,  ces  dernières  habitant  des  eaux  plus  profondes,  le 
développement  de  leur  œuvée  a  pu  suivre  son  cours  régulier  à  l'abri 
des  circonstances  défavorables  dont  a  eu  tant  à  souffrir  la  truite  dans 
nos  rivières  ? 

y>  Et  si  telle  est,  comme  je  le  crois,  la  cause  de  l'amoindrissement 
constaté  dans  le  succès  qu'il  m'a  été  donné  d'obtenir,  quel  déficit  ne 
laissera  pas  cette  année  la  reproduction  naturelle  de  la  Truite,  et  com- 
bien n'importe-t-il  pas  que  par  la  fécondation  artificielle  et  l'alevinage 
on  s'empresse  de  repeupler  les  eaux  de  la  France,  déjà  si  désastreuse- 
ment  ruinées  depuis  bien  longtemps  ! 

»  Quant  au  reste  de  nos  o  pérations,  tout  a  parfaitement  réussi;  nos 
jeunes  alevins  sont  bien  venus,  sans  que  nous  ayons  eu  à  constater  au- 
cune mortalité,  et  ils  étaient  pleins  de  vigueur  quand  je  les  ai  mis  à 
l'eau.  Environ  30  000  alevins  de  Truites  ont  été  versés  le  18  mars 
dans  une  dérivation  de  la  Lanterne.  » 

On  peut  juger,  par  les  quelques  citations  qui  précèdent,  de  la  nature 
de  l'enseignement  piscicole  donné  aux  élèves  de  l'école  de  Saint-Remy. 
Il  y  a  tout  lieu  d'attendre  les  meilleurs  résultats  de  semblables  études  à 
la  fois  théoriques  et  pratiques. 

R.-W. 


V.  BIBLIOGRAPHIE. 


Journaux  et  Revues. 

(Analyse  des  principaux  articles  se  rattachant  aux  travaux  de  la  Société.) 

i,a  mature  (Paris,  G.  Masson,  éditeur),  n"  007,  du  13  mars  1886. 

Oui  de  nous  n'a  jamais  admiré  avec  quelle  prévoyante  attention  la 
sage  nature  a  pourvu  à  la  défense  de  tous  les  êtres,  donnant  aux  uns  la 
force  musculaire,  à  d'autres  l'aile  rapide  ou  dos  jambes  d'acier,  aux  plus 
déshérités  eux-mêmes  des  armes  inoffensives,  mais  le  plus  souvent  suf- 
fisantes pour  leur  sécurité.  La  timide  Alouette,  blottie  dans  le  sillon, 
ne  sait-elle  pas  se  rendre  à  peu  près  invisible,  en  confondant  son  plu- 
mage dans  les  mouchetures  du  sol  environnant?  La  Truite  nuance  sa 
livrée  suivant  la  nature  des  eaux  où  elle  vit.  Ainsi  voyons-nous  le  Liè- 
vre des  contrées  septentrionales  se  couvrir  d'une  fourrure  blanche  dès 
les  premières  neiges  de  l'hiver.  Ainsi  encore,  certaines  Araignées  et  de 
minimes  Phalènes  se  confondent  absolument  avec  les  Lichens  des  vieux 
arbres. 

Ce  jeu  des  couleurs  n'est  pas  moins  curieux  à  observer  chez  quel- 
ques Papillons  des  pays  tropicaux.  Rappelons,  avec  le  journal  la  Nature, 
ce  qu'écrivait  à  ce  propos  le  célèbre  voyageur  anglais  IL  Wallace  : 
«  Les  ailes  du  Callima  sont  terminées  à  leur  extrémité  par  une  line 
pointe,  exactement  comme  celles  des  feuilles  de  beaucoup  d'arbustes 
des  tropiques;  entre  ces  deux  pointes,  court  une  ligne  courbe  et  som- 
bre, qui  représente  exactement  la  nervure  médiane  de  la  feuille,  et  d'où 
rayonnent  de  chaque  côté  des  lignes  légèrement  obliques  qui  imitent 
fort  bien  les  nervures  latérales;  ces  lignes  sont  produites  par  des  stries 
qui  se  sont  modifiées  et  renforcées,  de  façon  à  imiter  plus  exactement 
la  nervulation  des  feuilles  ;  la  queue  des  ailes  forme  une  tige  parfaite, 
et  touche  la  branche,  pendant  que  l'insecte  est  supporté  par  les  pattes 
du  milieu,  que  l'on  ne  peut  remarquer  parmi  les  brindilles  qui  l'en- 
tourent. » 

M.  Maindron  a  fait  lui-même  des  observations  analogues,  au  cours  de 
ses  voyages  en  Malaisie.  11  décrit  dans  la  même  publication  certains 
orthoptères  qui,  s'attachant  aux  arbres,  prennent  dans  leur  premier 
âge  l'apparence  de  brindilles,  pour  ressembler,  à  mesure  qu'ils  gran- 
dissent, à  des  rameaux,  plus  tard  même  à  des  branches. 

Oue  d'intéressantes  pages  n'écrirait-on  pas  sur  cette  extraordinaire  et 
providentielle  prévoyance  qui  s'étend  jusque  sur  les  êtres  les  plus  infi- 
mes de  la  création  !  Am.  B. 


Le  Gérant  :  Jules  Grisard. 


5283.  —  BoiiRLOTON.  —  Imprimeries  réunies,  A,  rue  Mignon,  2,  Paris. 


TRAVAUX  DES  MEMBRES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


NOTE 

SUR  LES  MOUTONS  CHINOIS  PROLIFIQUES 

(MOUTONS   ONG-TI) 

Par   M.   RONSARD 

d'Omey  (Marne) 


Ayant  reçu  en  cheptel,  il  y  a  cinq  ans,  un  Bélier  et  deux 
Brebis  de  la  race  Ong-ti,  je  viens  rendre  compte  à  la  Société 
des  résultats  obtenus. 

Les  débuts  n'ont  pas  été  heureux  ;  six  mois  après  leur  ré- 
ception, une  des  Brebis  mourait  de  tuberculose.  Restaient  donc 
le  Bélier  et  une  Brebis  dont  la  santén'était  pas  bien  brillante. 

Ma  Brebis  Ong-ti  devint  mère  et  donna  le  jour  à  deux 
agneaux  de  sexe  différent.  Elle  eut  peine  à  les  allaiter  et  il 
fallut  recourir  au  lait  de  chèvre  pour  les  conserver  tous  deux. 
Le  mâle,  d'abord  magnifique,  ne  tarda  pas  à  présenter  les 
symptômes  de  la  tuberculose  et  ne  vécut  pas  plus  de  treize 
mois.  La  petite  femelle,  chétive  au  début,  se  développa  avec 
l'âge  et  devint  la  souche  de  quatre  animaux  de  pur  sang  que 
j'ai  pu  conserver. 

La  race  Ong-li  me  paraît  donc  peu  propre  à  l'élevage 
sous  notre  climat.  Sa  prolificité  ne  persiste  pas  dans  notre 
pays,  et  la  mère  ne  peut  véritablement  allaiter  avec  profit 
qu'un  petit.  Vantée  beaucoup  à  sa  première  apparition  en 
France,  comme  pouvant  donner  naissance  à  deux  et  trois 
agneaux  et  les  nourrir  jusqu'au  sevrage,  elle  n'a  pas  soutenu 

4«  SÉRIE,  T.  m. —  Mai  1886.  16 


242  SOCIÉTÉ    NATIONALE   d'aCGLIMATATION. 

ici  sa  réputation  (1)  :  le  climat,  la  nourriture,  ont  modifié 
cette  qualité  et  ramené  les  Ong-ti  au  niveau  des  races  du 
pays.  Il  en  a  été  de  même  auparavant  pour  la  race  du 
Holstein,  qui  donne  jusqu'à  quatre  petits  à  la  fois  et  les 
élève  dans  les  polders  et  ne  peut  en  nourrir  qu'un  sous  un 
autre  ciel.  Nos  Brebis  mérinos  donnent  souvent  deux  agneaux 
et  les  bergers  sacrifient  presque  toujours  l'un  d'eux,  aimant 
mieux  un  bon  agneau  que  deux  médiocres. 

Au  point  de  vue  de  la  production  de  la  laine,  la  race  Ong-ti 
ne  peut  être  citée  que  comme  porteuse  d'une  laine  grossière, 
souvent  feutrée  sur  l'animal  et  en  très  petite  quantité. 

Quant  à  la  viande,  elle  passe  pour  très  bonne,  mais  je  n'ai 
pas  encore  dégusté  celle  d'animaux  de  pur  sang  et  ne  puis 
en  parler  savamment. 

Donc  les  Ong-ti,  à  part  leur  aspect  original,  avec  leurs 
petites  oreilles,  leur  queue  développée  quand  ils  sont  gras, 
la  laine  du  poitrail  du  Bélier  formant  une  espèce  de  tablier 
tombant  jusqu'aux  genoux,  ne  me  semblent  pas  appelés  à  un 
autre  avenir  que  d'orner  des  parcs  à  Moutons  sur  les  pelou- 
ses d'un  jardin  d'agrément. 

A  côté  du  pur  sang,  j'ai  élevé  des  métis;  en  donnant  le 
bélier  Ong-ti  à  des  brebis  mérinos  champenoises,  j'ai  obtenu 
de  nombreux  produits.  Les  jeunes  ont  une  croissance  rapide  ; 
devenus  adultes,  ils  donnent  une  laine  à  matelas  de  bonne 
qualité;  mais,  comme  la  laine  cesse  d'être  un  produit  rému- 
nérateur, je  ne  puis  insister  sur  ce  point. 

Reste  à  examiner  la  production  de  la  viande.  Ici  les  métis 
Ong-ti  mérinos  sont  véritablement  remarquables.  Il  n'est  pas 
rare  d'obtenir  de  Moutons  élevés  aux  champs  comme  les  mé- 

(1)  Les  Moutons  chinois  ont  donné  au  Jardin  zoologique  d'Acclimatation 
des  résultats  plus  satisfaisants  que  ceux  indiqués  par  M.  Ponsard. 

On  n'y  a  point  vu  d'animaux  tuberculeux,  les  Brebis  se  sont  montrées  ex- 
cellentes laitières,  nourrissant  facilement  deux  et  même  trois  agneaux,  enfin 
les  mères  nées  au  Bois  de  Boulogne  ont  été  tout  aussi  prolifiques  que  les  im- 
portées. 

Il  faut  croire  que  le  régime  auquel  les  animaux  étaient  soumis  à  Omey  ne 
leur  a  pas  convenu.  Nous  croyons  que  ces  bêtes  ovines  craignent  beaucoup 
l'humidilé  et  qu'elles  peuvent  réussir  quand  elles  sont  bien  nourries  et  entre- 
tenues sur  un  sol  sec. 

A.  G.  S.  H. 


SUR    LES   MOUTONS   CHINOIS   PROLIFIQUES.  248 

rinos  un  poids  brut,  à  dix-huit  mois,  de  80  kilogrammes, 
leur  rusticité  est  parfaite,  leur  gigot  et  les  côtelettes  de  haute 
saveur.  Ce  n'est  plus  de  la  viande  de  mouton,  ce  n'est  pas  de 
la  chair  de  chevreuil,  mais  c'est  certainement  une  viande 
qui  tient  des  deux  et  ressemble  à  de  la  venaison.  Tous  mes 
amis  qui  ont  dégusté  cette  viande  sont  d'accord  sur  sa  qua- 
lité supérieure  et  son  fumet  distingué. 

J'espère  former  un  petit  troupeau  de  ces  métis  et  pouvoir 
un  jour  appeler  l'attention  des  gourmets  sur  la  finesse  des 
morceaux  délicats  qu'ils  fournissent  à  l'âge  de  dix-huit  mois 
à  deux  ans. 

En  somme,  je  suis  satisfait  de  l'expérience  que  je  viens  de 
faire.  La  Société  d'Acclimatation  en  important  les  Ong-ti  aura 
donné  aux  amateurs  de  bonne  viande,  sinon  par  les  pur 
sang,  au  moins  par  les  métis,  une  nouvelle  variété  d'animaux 
faciles  à  élever,  familiers  dans  l'enclos  dont  ils  feront  l'orne- 
ment, et  remplis  d'eflluves  chers  aux  palais  délicats,  au  mo- 
ment où  sur  la  table  de  l'amphitryon  le  couteau  attaquera 
leur  cuissot  tendre  et  saignant  à  réjouir  Brillai-Savarin  lui- 
même. 


CATALOGUE    RAISONiNE 

PAR    RÉGIONS 

DES   ESPÈCES  D'OISEAUX 

qu'il   V   AURAIT    LIEU 

D'ACCLIMATER  ET  DOMESTIQUER  EN  FRANCE 

Par   L.    MACiAL'D   D'AUBVSSOIV 

(Suite.) 


TETRAONIDES. 


Cette  deuxième  famille  de  Gallinacés,  moins  importante 
que  celle  des  Phasianides  au  point  de  vue  des  services  que  nous 
pouvons  en  attendre,  offre  cependant  un  intérêt  de  premier 
ordre,  si  l'on  considère  que  la  diminution  croissante  du  gibier 
dans  nos  campagnes  rend  indispensables  des  mesures  sé- 
rieuses de  repeuplement.  Or  ce  repeuplement  doit  s'effectuer 
non  seulement  par  une  protection  intelligente  et  énergique, 
accordée  à  nos  espèces  indigènes,  mais  aussi  par  l'introduc- 
tion de  certaines  espèces  étrangères,  dont  les  mœurs,  les  ha- 
bitudes et  le  régime  présenteront,  peut-être,  des  moyens  de 
défense  mieux  appropriés  aux  conditions  nouvelles  du  sol. 

Les  Tétraonides  de  la  Chine  comprennent  quelques-unes 
de  ces  espèces  d'avenir.  Nous  devons  les  signaler,  d'une  ma- 
nière spéciale,  à  l'attention  des  éleveurs. 

Au  préalable,  nous  énumérerons  brièvement  d'autres  es- 
pèces dont  l'aire  de  dispersion  s'étend  sur  plusieurs  points  du 
vaste  territoire  chinois ,  mais  que  nous  retrouverons  plus 
lird  dans  leur  véritable  patrie  et  sur  lesquelles  nous  donne- 
rons alors,  s'il  y  a  lieu,  de  plus  amples  informations. 

Ainsi  le  Syrrhaple  paradoxal,  Tetrao paradoxaValhs,  ori- 
ginaire des  steppes  de  l'Asie  centrale,  qui  visite  irrégulière- 
ment l'Europe  et  dont  les  colonnes  s'avancent  parfois  jus- 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  245 

qu'en  France  (1),  niche  dans  toute  la  Mongolie  et  descend  en 
hiver,  par  bandes  nombreuses,  dans  les  plaines  du  Petchely, 
On  en  prend  au  filet,  dans  cette  saison,  des  quantités  considé- 
rables entre  Tientsin  etTakou  (2). 

Dans  les  montagnes  boisées  du  nord  de  l'Empire,  on  ren- 
contre quelquefois  une  race  plus  petite  de  noire  Coq  de 
Bruyère,  le  Tetmo  urogalloides  Middendorl';  mais  cet  oiseau 
habite  principalement  le  Kamtschatka ,  la  Transbaïkalie , 
l'Amourland  el  la  Mantchourie. 

La  Mantchourie  et  la  Chine  septentrionale  possèdent  aussi 
la  Gelinotte  vulgaire,  Tetrao  honasia  Linné,  qui  est  assez 
commune  dans  les  montagnes  de  l'Europe  occidentale  et  en- 
core plus  répandue  dans  le  nord  de  la  Russie  et  dans  la  Sibé- 
rie orientale,  où  elle  s'avance,  d'après  Middendorf,  jusqu'au 
69'  degré  de  latitude  nord  (3).  Cet  oiseau  se  reproduit  même 
dans  la  province  de  Pékin,  sur  les  hautes  montagnes  boisées 
du  Peythang  et  du  Tonglin.  Les  Chinois  le  désignent  sous  le 
nom  de  Chou-ky,  «  Poule  d'arbres  »,  parce  qu'il  vit  dans  les 
bois  et  se  tient  d'ordinaire  perché  sur  les  branches. 

Il  est  possible  que  l'on  rencontre  également  sur  les  fron- 
tières septentrionales  de  la  Chine  une  autre  espèce  de  Tétras, 
Tetrao  falcipennis  Hartlaub.  Radde  (4)  et  après  lui  Midden- 
dorf observèrent  cet  oiseau  dans  la  Sibérie  orientale  et  le 
confondirent  avec  le  Telrastes  Ca.nadensis.  C'est  probable- 
ment cette  espèce  que  M.  Préjevaiski  dit  avoir  trouvée  en 
Mantchourie  et  non,  comme  il  le  pense,  la  Gelinotte  du  Ca- 
nada. 

Sur  les  rochers  et  dans  les  terrains  pierreux  des  parties 
montagneuses  de  la  Mongolie  et  du  nord-ouest  de  la  Chine, 
vit  en   grand  nombre  la   Perdrix  chukar,   Cacabis  chukar 

(1)  En  1863, il  y  eut  une  véritable  invasion  de  Syrrhaptes  en  Europe.  Des  bandes 
plus  ou  moins  nombreuses  se  montrèrent  sur  beaucoup  de  points  de  la  Russie, 
de  l'Allemagne,  du  Danemark,  de  la  Hollande,  de  l'Angleterre,  de  la  Suisse,  de 
la  France.  Elles  se  répandirent  dans  plusieurs  de  nos  départements,  notamment 
dans  ceux  de  la  Somme,  de  l'Aube,  de  la  Vendée,  de  la  Moselle. 

(2)  Ces  oiseaux  sont  si  nombreux,  qu'en  1861  ils  servirent  pour  une  large 
part  au  ravitaillement  de  l'armée  anglo-française. 

(3)  Sih.  Reis.,  t.  Il,  p.  '2ii^2,  pi.  XVIl,  fig.  4  (1847-1859). 

(4)  Reis.  in  S.  0.  Sib.,  t.  11,  p.  301  (1863). 


246  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

Gray.  Cet  oiseau,  que  l'on  a  signalé  d'abord  dans  l'Himalaya 
a  élé  retrouvé  depuis  dans  diverses  contrées  de  l'Asie  et  jus- 
qu'en Grèce,  notamment  dans  l'île  de  Crète. 

D'après  M.  Swinhoë,  il  y  aurait  en  Chine  deux  espèces  de 
Cailles  proprement  dites,  au  sud  la  Caille  d'Europe,  Colur- 
nix  communis  Bonnalerre,  et  au  nord  la  Caille  du  Japon, 
Coturnix  Japonica  Temminck  et  Schelegel  (1).  Il  existe  ce- 
pendant peu  de  différences  entre  les  oiseaux  qui  proviennent 
des  diverses  provinces  de  l'Empire  chinois.  Celles  que  l'on 
indique  peuvent  tout  au  plus  servir  à  caractériser  une  race  et 
encore  sont-elles  loin  d'être  constantes.  D'autre  part,  Cotur- 
nix Japonica,  qui  se  trouve  non  seulement  au  Japon,  mais 
aussi  dans  la  Chine  septentrionale  et  en  Daourie,  ne  nous  pa- 
raît pas  différer  spécifiquement  de  Coturnix  communis. 

Les  Chinois  dressent  la  Caille  commune  pour  le  combat,  et 
ils  apportent  à  ce  genre  de  plaisir  une  ardeur  au  moins  égale 
à  celle  des  Malais  pour  les  combats  de  Coqs. 

Un  Européen,  qui  a  longtemps  séjourné  en  Chine,  nou- 
donne  quelques  détails  curieux  sur  ce  sport  singulier. 

«  Les  Chinois,  dit-il,  qui  ont  la  passion  du  jeu  poussée  très 
loin,  comme  la  plupart  des  peuples  de  l'Asie,  se  rendent  dans 
les  maisons  de  jeu  avec  un  certain  nombre  de  Cailles  renfer- 
mées chacune  dans  une  bourse  en  toile  fermée,  dans  sa  partie 
supérieure,  par  une  coulisse.  Là  ils  trouvent  bientôt  un  ad- 
versaire qui  accepte  le  pari  proposé,  et  immédiatement  on 
lâche  les  deux  champions  sur  un  turf  de  la  forme  d'un  crible 
dont  le  fond  est  en  toile,  clouée  extérieurement  sur  un  cercle 
en  bois,  ayant  environ  70  centimètres  de  diamètre  sur  iO  de 
haut.  Là,  nos  petits  adversaires  se  trouvent  comme  en  champ 
clos  et  s'attaquent  sans  hésitation.  Le  sort  du  combat  est  aussi 
très  court  :  il  dure  de  une  à  trois  minutes,  et  enfin ,  après 
l'issue  du  combat,  chacun  des  éleveurs  reprend  son  petit  anis 
mal,  lorsqu'il  n'a  pas  péri  dans  la  lutte,  le  replace  dans  la 
bourse  dans  laquelle  il  l'a  apporté,  et  en  sort  un  autre  tout 
frais,  offrant  une  revanche  à  celui  qui  a  perdu ,  et  souvent 

(l)  Fauna  japonica.  Aves,  p    103,  pi.  61. 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  247 

même  défiant  les  spectateurs,  surtout  lorsqu'il  a  été  victo- 
rieux (i).  » 

Le  P.  David  complète  ces  renseignements  par  les  indica- 
tions suivantes.  «  Les  Chinois  emploient  la  Caille  comme 
oiseau  de  combat  :  pour  l'apprivoiser  et  pour  augmenter  ses 
dispositions  belliqueuses,  ils  lui  font  prendre  des  bains  de  thé 
chaud,  puis  ils  la  font  sécher  en  la  tenant  dans  leur  manche. 
Après  un  certain  nombre  de  ces  bains,  qui  sont  suivis  d'au- 
tant de  repas,  l'oiseau  est  suffisamment  habitué  à  la  main  de 
l'homme  et  tout  disposé  à  entrer  en  lice  contre  ses  semblables. 
Ces  sortes  de  combats  font  les  délices  des  Chinois,  qui  y  enga- 
gent souvent  des  sommes  considérables  (2).  » 

Dans  l'île  de  Formose  et  dans  les  provinces  méridionales 
de  la  Chine,  on  rencontre  une  très  jolie  petite  espèce  connue 
depuis  longtemps,  décrite  par  Brisson  dans  son  Ornitholo- 
gie (3)  sous  le  nom  de  Caille  des  Philippines,  et  par  Sonne- 
rat,  dans  son  Voyage  dans  la  Nouvelle-Guinée  {-i) ,  sous  celui 
de  Petite  Caille  de  l'île  de  Lugon.  Temminck  l'a  appelée  Co- 
turnix  excalfactoria,  mot  à  mot  :  Caille  échauffante,  qui 
'produit  de  la  chaleur,  parce  que,  disait-on,  les  Chinois  s'en 
servaient  pour  se  chauffer  les  mains  en  hiver.  «  En  effet,  dit 
Temminck,  ces  peuples  nourrissent  une  multitude  de  ces  pe- 
tits oiseaux,  qu'ils  tiennent  dans  des  cages  et  les  portent  vi- 
vants pour  se  tenir  les  mains  chaudes,  ce  qui  fait  supposer 
dans  ces  animaux  une  chaleur  naturelle  très  forte  (5).  » 

Bonaparte  a  fait  de  la  dénomination  spécifique  assez  sin- 
gulière de  cet  oiseau  un  nom  de  genre,  et  celte  Caille  naine 
est  aujourd'hui  généralement  connue  des  ornithologistes  sous 

(1)  Tastet.  D'après  Brehm,  Ois.,  édit.  fraiiç.,  t.  II,  p.  381. 

(2)  David  et  Oustalet,  Les  Oiseaux  de  la  Chine,  p.  396  (1877). 

(3)  T.  I,  p.  254,  pi.  25,  fig.  1. 

(4)  P.  54,  pi.  24. 

(5)  Histoire  naturelle  générale  des  Pigeons  et  des  Gallinacés,  t.  III,  p.  516 
(1815). —  Cet  usage  rappelle  ces  boules  en  cuivre  connues  sous  le  nom  de 
chauffe-mains  dont  on  se  servait  en  Europe  au  seizième  siècle. 

Ces  boules  attachées  au  bras  par  une  chaînette,  s'ouvraient  et  portaient  à 
l'intérieur  quelques  braises  ardentes  dans  un  petit  fourneau,  sur  pivot  mobile, 
à  double  mouvement  et  disposé  de  manière  à  n'être  point  renversé,  quelle  que 
soit  la  position  prise  par  la  boule. 

On  peut  voir  plusieurs  de  ces  curieux  ustensiles  au  Musée  de  Cluny. 


248  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

le  nom  d'Excalfactoria  de  la  Chine  {Excalfacloria  Chinensi$ 
Bonaparte)  (1),  bien  qu'elle  se  trouve  encore  à  Ceylan,  au 
Bengale,  dans  l'Assam,  dans  la  Birmanie  et  aux  Philippines. 

Enfin  le  Turnix  de  Dussumier  est  répandu  en  grand  nombre 
sur  les  collines  herbeuses  de  l'île  de  Formose,  mais  il  est  plus 
commun  encore  dans  les  champs  et  les  prairies  de  l'Inde. 

TÉTRAGALLE  DU  THiBET  {Tetvaogallus  tibetcmus  Gould). 

Tetraogallus  tibetanus,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  {lSb3),'p.il  ;  Birds  of  Asia  (1853), 
livr.  V,  pi.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  391. 

Les  Tétragalles  établissent  une  transition  entre  les  Tétras 
et  les  Perdrix.  Ce  groupe  offre  une  grande  importance  au 


Tétragalle  du  Thibet  (Tetraogallus  tibetanus  Gould).   1/5  gr.  nat. 

point  de  vue  de  l'utilité  que  l'homme  peut  en  retirer,  car  les 
oiseaux  qui  le  composent  sont  tous  d'excellents  gibiers  que 

(1)  Compt.  rend.  Ac.  se,  t.  XLII.  Tabl.  des  GalL,  n"  288. 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  249 

l'avenir  nous  lient  en  réserve  pour  repeupler  nos  hautes 
monlaones. 

Nous  nous  étendrons  plus  longuement  sur  ce  sujet  lorsque 
nous  arriverons  au  Tétragalle  de  l'Himalaya.  Il  nous  suffit, 
pour  le  moment,  d'inscrire  parmi  les  Gallinacés  de  la  Chine 
une  espèce  que  l'on  rencontre  plus  particulièrement  dans  le 
Thibet  proprement  dit,  mais  qui  habite  aussi ,  quoique  en  petit 
nombre,  les  montagnes  de  la  Chine  occidentale. 

Les  deux  premiers  spécimens  de  cet  oiseau  furent  envoyés 
à  «  The  Honourable  East  India  Company  »,  l'un  par  le  capi- 
taine Strachey,  l'autre  par  Hodgson.  Gould  décrivit  cette  nou- 
velle espèce  et  lui  donna  le  nom  de  Tibetanus. 

Ce  Tétragalle,  le  plus  petit  de  son  genre,  a  le  bec  orangé 
vif  et  les  pattes  rouges;  la  gorge,  la  poitrine  et  l'abdomen 
blancs,  ce  dernier  strié  de  noir  sur  les  flancs  et  en  arrière. 
Les  parties  supérieures  du  corps  sont  variées  de  noir  et  de 
gris  avec  les  plumes  du  milieu  du  dos  et  les  sus-alaires  lar- 
gement bordées  de  jaune  pâle,  le  croupion  et  les  sus-caudales 
nuancés  de  roux. 


PERDRIX   BARBUE 

{Perdix  harhata  J.  Verreaux  et  0.  des  Murs). 

Tetraoperdix,  var.  Daurica,  Pallas,  Zoogr.  (1811),  t.  Il,  p.  78.  —  Perdix 
barbata,  J.  Verreaux  et  0.  des  Murs,  Proc.  ZohI.  Soc.  (1863),  p.  62  et 
p.  371,  pi.  y.—  Swinhoë,  ibid.  (1863),  p.  307.  —  A.  David,  Nouv.  Arch.  du 
Mus.  (1871),  Bull.  Vil.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1871),  livr.  xxiii.  — 
David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  392. 

Cette  espèce  se  rapproche  beaucoup  de  notre  Perdrix  grise 
d'Europe.  Elle  en  diffère  cependant  par  sa  taille  plus  faible, 
les  plumes  longues  et  acuminées  qui  garnissent  sa  gorge  et 
qui  lui  ont  valu  son  nom  de  barbue ,  la  couleur  de  la  grande 
tache,  en  forme  de  fer  à  cheval,  qui  orne  l'abdomen  du  mâle 
et  qui  est  d'un  noir  profond  au  lieu  d'être  d'un  brun  mar- 
ron, enfin  par  la  présence  de  deux  petites  raies  noires  situées 
l'une  sur  les  narines,  l'autre  au-dessous  de  l'œil. 

Celte  Perdrix,  déjà  rencontrée  par  Pallas,  habite  non  seu- 


250  SOCIÉTÉ    NATIONALE   D'ACCLIMATATION. 

lement  le  sud  de  la  Sibérie  orientale,  mais  la  Mongolie  et  le 
nord  de  la  Chine  et  s'avance  jusque  dans  le  Chensi  méridio- 
nal. Elle  fréquente  les  endroits  montueux  et  les  plaleaux  éle- 
vés, au  milieu  des  herbes  et  des  broussailles.  «  Dans  toute 
cette  région,  dit  le  père  David,  l'espèce  doit  être  fort  abon- 
dante, à  en  juger  par  le  grand  nombre  de  ces  oiseaux 
qu'on  apporte  souvent,  en  hiver,  au  marché  de  Pékin.  J'en 
ai  vu  des  monceaux  de  quatre  à  cinq  cents  individus.  » 

[LERWE  DES  NEIGES  {LcTwa  mvicolci  Hodgsou). 

Perdix  lerwa,  Hodgson,  Proc.  Zool.  Soc.  (1833),  p.  107.  —  Gray,  III.  Ind. 
Zoo/. '(1830-ci4),  t.  II,  pi.  44,  f.  I. —  Lerwa  nivicola,  Hodgson,  Madras  Jour. 
(1837),  p.  301.—  Gould,  Birds  of  Asia  (1855),  livr.  vu,  pi.  —A.  David, 
Nouv.  Arch.  du  Mus.  (1871),  Bull.  VII.—  Swiniioë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871), 
p.  400.  —David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  392. 

Cette  Perdrix  qu'Hodgson  nous  a  fait  connaître,  et  qu'il 
décrivit  le  premier  en  1833,  dans  les  Proceedings  of  the 
Zoological  Society  sous  le  nom  de  Perdrix  lerwa  et  pour 
laquelle  il  créa  plus  tard  un  genre  à  part,  présente  un  inté- 
rêt sérieux  au  point  de  vue  de  l'acclimatation.  Elle  peut,  en 
effet,  devenir  un  nouveau  gibier,  à  côté  du  Tétragalle,  pour 
les  hautes  montagnes  de  nos  contrées. 

Elle  habite  les  régions  élevées  de  l'Himalaya  (1)  et  du 
Thibet,  ainsi  que  les  montagnes  de  la  Chine  occidentale, 
dans  le  voisinage  des  neiges  éternelles.  Le  père  David  l'a 
rencontrée  à  Moupin,  à  plus  de  4000  mètres  d'altitude. 

Ces  oiseaux  vivent  en  petites  bandes  sur  les  rochers  escarpés 
et  préfèrent  aux  parties  boisées  les  endroits  arides  où  crois- 
sent çà  et  là  quelques  touffes  de  bruyère.  Ils  placent  leur  nid 
à  l'abri  d'une  saillie  de  la  roche.  Leur  nourriture  consiste  en 
herbes,  racines,  grains  et  insectes.  Faciles  à  effaroucher,  ils 
fuient  d'un  vol  vigoureux  et  se  réfugient  au  milieu  des  gla- 

(1)  Bien  que  cet   oiseau  appartienne  plus   spécialement  à  la  faune  hima- 

layenne,  nous  le  faisons  figurer  au  nombre  des  oiseaux  de  la  Chine  thibétaine, 

parce  qu'il  se  trouve  en  nombre  très  considérable  dans  les  montagnes  de  cette 

région,  d'où  il  est  plus  facile  de  le  faire  venir,  par  les  débouchés  de  la  Chine 

occidentale. 


OISEAUX  A   ACCLIMATER.  251 

ciers  lorsqu'on  vient  les  troubler.  Us  font  entendre  alors  un 
cri  bref  qu'on  peut  rendre  par  «  Oniok,  quiok  ».  Leur  chair 
est  blanche  et  délicate. 

La  Lerwe  des  neiges,  qui  mesure  environ  O^jSS,  a  toutes 
les  parties  supérieures  du  corps  rayées  transversalement  de 
noir,  de  blanc  ou  de  roux.  La  poitrine  est  d'un  brun  mar- 


Lerwe  des  neiges  {Lerwa  nivicola  Hodgson). 

ron.  La  même  teinte  règne  sur  les  flancs  et  les  sous-caudales 
qui  sont  marquées  de  taches  blanches  et  noires.  Les  rémiges 
sont  brunes,  légèrement  pointillées  de  blanc,  le  bec  et  les 
pattes  rouges. 

Le  mâle  et  la  femelle  se  ressemblent  et  sont  à  peu  près  de 
la  même  taille.  Les  jeunes,  d'après  Hodgson,  ne  diffèrent  des 
adultes  que  par  les  teintes  plus  sombres  de  la  poitrine  et  des 
flancs. 

Les  Chinois  nomment  cet  oiseau  Sué-Ky,  «  Poule  des 
neiges  ». 


252  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

OREOPERDRIX   A    GORGE   SANGLANTE 

{Oreoperdix  crudigularis  Swinhoë). 

Oreoperdix  crudigularis,  Swinhoë,  Ibis  (1864),  p.  426.  —  Jbid.  (1865),  p.  542. 
—  Ibid.  (1866),  p.  133,  134,  401.  —  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  400.—  David 
et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  393. 

Cette  Perdrix  n'a  été  signalée  jusqu'à  présent  que  dans 
l'île  de  Formose.  Elle  y  fut  rencontrée  par  M.  Swinhoë  et 
décrite  par  lui  pour  la  première  fois  dans  VI bis,  en  1864-. 

Elle  est  remarquable  par  la  dénudation  de  la  gorge  recou- 
verte seulement  de  quelques  plumes  noires  éparses  sur  la 
peau  d'un  rose  qui  passe  au  rouge  vif  dans  la  saison  des 
amours.  Le  brun-olive  et  le  gris  jaunâtre  dominent  dans  le 
plumage.  Ces  teintes  sont  relevées  par  le  noir  des  joues  et 
des  sourcils,  le  rose  carminé  de  la  peau  nue  qui  entoure 
l'œil,  les  mouchetures  des  flancs,  des  scapulaires  et  des  rémi- 
ges, les  barres  irrégulières  noires  des  rectrices,  les  pattes 
roses  et  le  bec  noir. 


PERDRIX    DES   BAMBOUS   ORDINAIRE 

{Bambusicola   thoracica   Swinhoë). 

Perdix  thoracica,  Temminck, //fsf.  nat.  Pigeons  et  GaZ/inaces  (1813-18),  t.  III, 
p.  335.  —  Perdix  sphenura,  Gray,  Zool.  Mise.  (1844),  p.  2.  —  Bambusicola 
sphenura,  Gould,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  285.  —  Arboricola  bambusse, 
Swinhoë, /6i5  (1862),  p.  259.  — Bambusicola  tlioracica,  Swinhoë,  Proc.  Zool. 
Soc.  (1863),  p.  307;  Ibid.  (1871),  p.  400.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la 
Chine  (1877),  p.  393. 

Dos  d'un  brun  olivâtre  taché  de  brun  marron  et  marqué  de 
quelques  points  blancs.  Front  gris,  sourcils  de  même  cou- 
leur se  prolongeant  de  chaque  côté  de  la  nuque.  Bec  brunâ- 
tre. Menton  et  gorge  d'un  rouge  ferrugineux  plus  foncé  sur 
les  côtés  du  cou  ;  poitrine  traversée  par  une  large  bande 
grise;  abdomen  d'un  roux  ferrugineux,  taché  de  brun  noirâ- 
tre sur  les  flancs.  Rémiges  brunes  bordées  de  roux.  Pattes 
gris  jaune.  Iris  brun  clair. 

Cette  espèce,  d'après  le  père  David,  habite  toute  la  Chine 


OISEAUX   A    ACCLIMATER.  253 

méridionale  depuis  le  Fokien  jusqu'au  Setcliuan  et  au 
Chensi  méridional,  mais  ne  dépasse  point  au  nord  le  bassin 
du  Yangtzé.  Elle  vit  en  couples  sur  les  collines  couvertes  de 
buissons  et  de  taillis  ou  dans  les  bambouseraies  et  se  tient 
fréquemment  perchée.  Son  cri  consiste  en  une  longue  série 
de  notes  perçantes  et  diffère  totalement  de  celui  de  nos 
Perdrix. 

Cet  oiseau,  connu  aussi  sous  les  noms  de  Perdrix  ouakiki, 
Perdrix  peixheuse  de  la  Chine,  a  été  bien  étudié  comme 
gibier  nouveau  à  introduire  par  un  éleveur  fort  habile, 
M.  E.  Leroy. 

Dans  un  mémoire  adressé  à  M.  le  président  de  la  Société 
d'Acclimatation,  l'auteur  fait  ressortir  les  avantages  que  pré- 
sentent, parmi  les  Perdrix,  les  espèces  percheuses  sur  celles 
qui  ne  le  sont  pas. 

«  Outre,  dit-il,  qu'elles  offrent  moins  de  prise  aux  engins 
destructeurs  du  bi'aconnage,  leurs  habitudes  naturelles,  c'est 
un  point  sur  lequel  on  ne  saurait  trop  insister,  leur  inter- 
disent d'une  façon  absolue  la  nidification  en  rase  campagne.  » 

M.  Leroy,  développant  cette  idée,  ajoute  :  «  Voici,  en  effet, 
ce  qui  se  passe  chez  la  Perdrix  percheuse  : 

»  La  femelle  niche  à  terre,  comme  notre  Perdrix,  mais 
l'affection  pleine  de  sollicitude  du  mâle  pour  sa  compagne 
est  telle  qu'il  ne  la  quitte  pas  d'un  instant,  tant  que  durent 
l'incubation  et  la  première  éducation  des  jeunes.  D'un  autre 
côté,  sa  nature  lui  fait  un  besoin  impérieux  de  rester  branché 
une  partie  des  heures  de  la  journée  et  invariablement  la  nuit. 
Du  haut  de  sa  branche,  il  fait  bonne  garde  en  môme  temps 
qu'il  se  tient  en  communication  constante  avec  sa  compagne, 
affaissée  sur  ses  œufs  ou  sur  ses  petits  nouvellement  éclos,  et 
qu'il  échange  avec  elle  des  conversations  à  voix  contenue. 

j  La  nécessité  de  concilier  ses  instincts  les  plus  intimes  de 
vie  de  famille  avec  sa  nature  impérieusement  percheuse  in- 
terdit dès  lors  à  cette  Perdrix  toute  velléité  de  reproduction 
en  plaine. 

»  Il  lui  faut  des  bois,  des  bosquets  ou  des  bordures  de  bois. 

»  Comme  conséquence,  avec  elle  plus  à  redouter  de  ces 


254  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

hécatombes  d'œufs  si  regrettables,  à  l'époque,  trop  précoce 
pour  nos  Perdrix  françaises,  de  la  fauchaison  des  prairies 
artificielles. 

»  Aussi  estime-t-on  généralement  que  le  salut  de  nos  chas- 
ses à  tir  réside  dans  l'introduction  de  Perdrix  percheuses.  » 

Pénétré  de  cette  conviction,  M.  Leroy  a  apporté  à  ses  ob- 
servations un  soin  et  une  assiduité  en  rapport  avec  l'avenir 
brillant  qu'il  entrevoyait  pour  la  Perdrix  percheuse.  Par  sa 
persévérance  il  l'a  forcée  à  lui  livrer  les  secrets  de  ses  mœurs 
et  de  ses  aptitudes.  De  cette  étude  prise,  comme  il  le  dit,  sur 
le  vif,  vécue  avec  le  sujet,  et  des  succès  de  reproduction 
qu'il  a  obtenus,  il  croit  pouvoir  conclure  en  disant: 

((  Il  nous  est  donc  permis  d'espérer  que  le  jour  malheureu- 
sement [à  prévoir  où  nos  Perdrix  françaises  auront  disparu, 
la  Société  d'Acclimatation  sera  en  mesure  de  combler  cette  la- 
cune regrettable  et  de  répondre  aux  doléances  des  disciples 
de  saint  Hubert  par  ces  bonnes  paroles  qui  valent  tout  un 
poème  : 

»  Voilà  une  Perdrix  (1)  !  » 

Nous  nous  associons  à  cet  espoir,  mais  pour  le  voir  se  réa- 
liser, il  est  nécessaire  de  multiplier  les  expériences,  de  les 
renouveler  dans  les  conditions  où  devra  se  trouver  l'oiseau 
à  l'état  libre,  d'adapter  enfin  peu  à  peu  le  sujet  au  milieu  qui 
doit  le  recevoir.  Aussi  recommandons-nous  cette  Perdrix 
percheuse  à  toute.  Ja  sollicitude  des  éleveurs  et  serons-nous 
heureux  d'enregistrerles  efforts  tentés  dans  cette  voie  et  les 
résultats, acquis. 

(1)  Étude  sur  la  Perdrix  Omkild  ou  Perdrix  percheuse  de  la  Chine  (Gallo- 
perdix  sphenura)  (Bulletin  de  la  Société  nationale  d'Acclimatation,  1880, 
p.  693). 


OISEAUX    A    ACCLIMATER. 


-255 


PERDRIX   DES    BAMBOUS    A    VOIX    RETENTISSANTE 

(Bambusicola  sonorivox  Gould). 

Bambusicola  sonorivox,  GouUl,  Proc.  Zool.  Soc.  (1862),  p.  285.  —  Swinhoë, 
Uns  (1863),  p.  399.  —  Gould,  Birds  of  Asia  (1864.),  livr.  XVI,  pi.  —  Swinhoë, 
Proc.  Zool.  Soc. (1871),  p.  4-60.  —David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  394. 

Plus  petite  que  l'espèce  précédente  qu'elle  remplace  dans 
l'île  de  Formose,  celte  Perdrix  ressemble  à  sa  congénère  par 
les  mœurs,  la  voix  et  même  l'aspect  général  du  plumage, 


Perdrix  des  Bambous  à  voix  retentissante  {Bambusicola  sonorivox  Gould). 

dont  la  coloration  cependant  offre  quelques  différences.  Ainsi 
les  grandes  taches  des  parties  inférieures  sont  rousses  au  lieu 
d'être  noires,  celles  du  sommet  de  la  tête  sont  au  contraire 
d'un  brun  noirâtre  au  lieu  d'être  rousses,  et  enfin  la  teinte 
grise  de  la  poitrine  est  moins  prononcée  et  ne  s'étend  point 
sur  les  joues  et  les  côtés  du  cou. 


256  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

PERDRIX   DES   BAMBOUS   DE   FYTCHE 

(Bambusicola  Fylchii  Anderson). 

Bambusicola  Fytchii,  Anderson,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  214  et  pi.  XI.  — 
Swinhoë,  ibid.  (1871),  p.  400.  —  David  et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877), 
p.  394. 

Celte  espèce  a  été  découverte  sur  les  frontières  occidentales 
du  Yunam,  mais  peut-être,  d'après  le  père  David,  son  aire  de 
dispersion  s'étend-elle  jusqu'au  Setchuan.  Ce  missionnaire  a 
vu,  en  effet,  dans  cette  province  un  de  ces  oiseaux  qui  avait  été 
apporté  en  cage  par  des  Chinois  venus  de  l'angle  méridional 
du  Yangtzé. 

Poitrine  du  mâle  d'un  gris  cendré  tacheté  de  roux  ;  face  et 
devant  du  cou  jaunâtres  ;  ventre  blanc,  taché  largement  de 
noir  ;  parties  supérieures  du  corps  d'un  gris  brunâtre,  ver- 
miculées  de  noirâtre  et  tachées  de  roux  et  de  noir.  Une  raie 
partant  de  l'œil  descend  sur  le  côté  du  cou,  noire  chez  le 
mâle,  rousse  chez  la  femelle. 

FRANCOLIN  PERLÉ  OU  FRANCOLIN  DE  LA  CHINE 

(Francolinus  sinensis  Swinhoë). 

Perdix  Sinensis,  Brisson,  Omith.  (1760),  t.  I,  p.  23i,  pi.  28.—  Tetrao  Sinensis, 
Osbeciv,  A  voijage  to  China  (1771),  t.  I.  —Le  Francolin  de  Tlsle  de  France, 
Sonnerat,  Voy.Ind.  (1782),  p.  166,  pi.  97.  — Francolinus  perlatus,  Stricktand, 
Proc.  Zool.  Soc.  (1842),  p.  167.  —  Swinhoë,  Ibis  (1860),  p.  63.  —  Francolinus 
Sinensis,  Swinhoë,  Proc  Zool.  Soc.  (1863),  et  ibid.  (1871),  p.  400.  —  David 
et  Oustalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  400. 

Les  Francolins  ont  beaucoup  de  rapports  avec  les  Perdrix 
et  ce  n'est  que  par  quelques  particularités  organiques  d'assez 
peu  d'importance  telles  que  la  présence  d'un  éperon  chez  les 
mâles,  la  queue  plus  longue  et  un  bec  plus  fort  qu'on  peut 
les  distinguer.  Encore  ces  caractères  ne  se  trouvent-ils  pas 
toujours  réunis,  d'où  il  est  résulté  qu'on  a  longtemps  con- 
fondu génériquement  ces  deux  groupes. 

Les  mœurs  de  ces  oiseaux  ne  sont  pas  encore  très  bien 
connues  ;  mais  ce  que  l'on  en  sait  permet  d'affirmer  qu'elles 
ont  également  une  grande  analogie  avec  celles  des.  Perdrix. 


OISEAUX   A   ACCLIMATER.  257 

€omme  ces  dernières,  ils  sont  monogames,  demeurent  habi- 
tuellement dans  la  contrée  où  ils  sont  nés,  courent  rapide- 
ment, volent  bien,  mais  à  courte  distance,  se  rappellent  lors- 
qu'ils sont  séparés,  sont  très  féconds,  très  attachés  à  leurs 
Jeunes,  et  les  mâles  se  livrent  des  combats  violents  pour  la 
possession  d'une  femelle. 

'  D'un  autre  côté,  ils  ont  des  habitudes  qui  leur  sont  propres. 
'Ainsi,  aux  lieux  découverts  ils  préfèrent  les  bois,  ceux  sur- 
tout où  dominent  les  buissons  qui  leur  fournissent  un  refuge 
et  des  aliments.  Ils  fréquentent  aussi  les  plaines  humides, 
marécageuses,  couvertes  de  joncs. 

Certaines  espèces  ont  l'habitude  de  percher,  comme  on 
Ta  le  voir  pour  le  Francolin  de  la  Chine;  d'autres  le  font  plus 
rarement,  et  il  en  est  même,  paraît-il,  qui  ne  perchent  pas. 

Ils  vivent  par  paires  et  par  familles. 

Leur  régime  est  très  varié  ;  ils  se  nourrissent  de  bourgeons, 
de  feuilles,  de  pousses  d'herbes,  de  baies,  de  graines,  de 
vers,  d'insectes,  de  bulbes  de  plantes  et  de  racines,  qu'ils 
découvrent  en  fouillant  la  terre  avec  leur  bec. 

Le  Francolin  perlé  a  le  sommet  de  la  tête  varié  de  fauve  et 
de  brun,  le  front  jaunâtre,  deux  traits  noirs  sur  les  côtés  de 
la  tête,  séparés  par  une  bande  blanche,  la  gorge  blanche,  le 
dos,  la  poitrine  et  l'abdomen  noirs  semés  de  taches  arrondies, 
blanches  sur  les  parties  supérieures  du  corps  et  le  thorax, 
d'un  jaune  ocreux  sur  les  flancs  et  en  arrière,  l'iris  brun, 
le  bec  noir  et  les  pattes  jaunes. 

Le  fond  du  plumage  de  la  femelle  est  brun  varié  de  rou- 
geâtre,  et  chez  elle  les  taches  arrondies  sont  remplacées  par 
des  raies  irrégulières. 

Cet  oiseau  habite  les  parties  montagneuses  de  la  Chine 
méridionale  et  l'île  de  Haïnan  (1).  On  le  rencontre  aussi  en 
Gochinchine  et  en  Birmanie. 

Dans  une  lettre  que  nous  a  adressée  dernièrement  M.  Ha- 
mel  de  la  Bassée,  chargé  par  le  Ministre  de  l'Instruction  pu- 

(1)  Si  l'on  en  croit  Osbeck  {A  voijage  to  China,  1771,   t.  I),  les  Chinois  se 

servaient  de  cet  oiseau,  comme  de  la  Caille,  pour  s'échautrer   les  mains  pen- 
dant l'hiver. 

4=  SÉRIE,  T.  III.  —  Mai  1886.  17 


258  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'aCGLIMATATION. 

blique  d'une  mission  en  Gochinchine,  nous  relevons  sur  l'oi- 
seau qui  nous  occupe  les  renseignements  suivants  : 

«  Le  Francolin  de  la  Chine,  dont  le  nom  annamite  est 
«  Gon-da-da»,  imitation  d'ailleurs  parfaite  de  son  cri,  est 
fort  commun  dans  le  nord  de  la  Gochinchine,  en  Annam,  au 
Gambodge. 

»  Dans  l'arrondissement  de  Tayninh  (Gochinchine),  que 
j'ai  parcouru  dans  tous  les  sens,  il  m'est  arrivé  souvent  d'en 
tuer  une  dizaine  dans  ma  matinée,  pendant  la  saison  sèche, 
chassant  avec  un  bon  chien  d'arrêt. 

»  Le  Francolin  de  la  Chine  se  tient  de  préférence  dans  les 
plaines  broussailleuses  avoisinant  les  bois.  Son  vol  au  départ 
est  bruyant,  pointant  vers  le  ciel,  puis  rapide  et  soutenu. 
.    »  Jamais  je  ne  l'ai  observé  en  compagnie. 

»  Il  se  perche  habituellement  sur  un  arbre  de  la  lisière  du 
bois,  ou  encore  au  beau  milieu  d'une  plaine,  sur  un  arbre 
isolé,  et  de  là  il  lance  à  toute  volée  ce  cri  de  «  con-da-da, 
con-da-da  »,  plusieurs  fois  répété,  et  qui  s'entend  à  une 
distance  considérable. 

»  C'est  un  fort  beau  coup  de  fusil,  et  sa  chair,  sans  avoir 
la  saveur  de  celle  de  la  Perdrix  grise,  est  un  manger  dé- 
licat. » 

Ce  Francolin  habite  également  les  lieux  bas  et  humides. 
Le  même  voyageur  l'a  rencontré  souvent  dans  des  plaines 
inondées,  coupées  çà  et  là  seulement  de  petites  éminences 
recouvertes  de  buissons.  «  J'en  ai  fait  lever,  nous  écrit-il, 
presque  dans  l'eau.  » 

TURNix  MOUCHETÉ  {Tumix  mctculatus  Vieillot). 

Hemipodius  maculosus,  Teniminck,  Ilist.  nat.Pig.  et  Gall.  (1813-1818),  t.  III, 
p.  631.— Turnix  maculatus,  Vieillot,  iVowî;.  Dicl.  d'hist.  nat.  (1819),  t.  XXXV, 
p.  47,  et  Galerie  des  Ois.  (1825),  p.  25,  pi.  217.  —  Turnix  maculata,  Bona- 
parte, Compt.  rend.  Ac.  se.  (1856),  t.  XLII,  p.  12.  Tabl.  des  GalL,  n"  305.  — 
Hemipodius  vicarius,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  402.  —Turnix 
maculatus,  David  et  Ouslalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  398. 

Les  Turnix  comprennent  les  plus  petits  des  Gallinacés.  Ils 
sont  surtout  caractérisés  par  leur  queue  très  courte,  presque 


OISEAUX   A   ACCLIMATER. 


259 


enlièrement  cachée  par  les  sus  et  sous-caudales  et  par  leurs 
doigts  au  nombre  de  trois. 

Leurs  mœurs  tiennent  ta  la  fois  de  celles  des  Cailles  et  de 
celles  des  Pluviers;  aussi  Gould  les  a-t-il  regardés  comme 
établissant  la  transition  des  Gallinacés  aux  Charadriidés. 

Ces  oiseaux  mènent  une  vie  très  cachée  parmi  les  hautes 
herbes  et  les  broussailles  qui  recouvrent  les  plaines  sablon- 
neuses et  les  vallées  semées  de  rochers.  Lorsqu'on  les  force  à 
prendre  leur  vol,  ils  partent  comme  une  flèche,  mais  s'abat- 


Turnix  moucheté  (Turnix  maculatus  Vieillot). 


lent  presque  aussitôt,  et  après  un  premier  vol,  ils  prennent 
difficilement  une  seconde  fois  leur  essor.  Dans  la  saison  des 
amours,  ils  deviennent  plus  actifs;  les  mâles,  jaloux  et  que- 
relleurs, se  livrent  des  combats  acharnés. 

Leur  nourriture  se  compose  principalement  d'insectes  et 
de  semences.  Le  nid,  sans  art,  est  formé  de  quelques  herbes 
rassemblées  dans  une  dépression  du  sol  ;  la  ponte  est  de 
quatre  œufs. 

Mais  le  point  essentiel  qui  fait  différer  les  Turnix  des 
Cailles,  c'est  qu'ils  n'émigrent  point,  ou,  s'il  leur  arrive  de 
s'éloigner  des  lieux  où  ils  sont  nés,  ils  n'entreprennent  ja- 


260  SOCIÉTÉ    NATIONALE    D'ACCLIMATATION. 

mais  de  ces  lointains  voyages  qu'accomplissent  périodique- 
ment les  Cailles. 

Nous  avons  parlé  plus  haut  du  Turnix  de  Dussumier,  Son 
congénère,  le  Turnix  moucheté,  se  trouve  sur  toute  l'étendue 
de  l'Empire  chinois.  D'après  le  père  David,  il  est  commun, 
en  été,  aux  environs  de  Pékin,  et  se  relire  pendant  l'hiver 
dans  les  provinces  centrales  et  méridionales  (1). 

Cet  oiseau  a  le  dessus  de  la  tête  brun  mélangé  de  roux 
fauve,  les  joues  d'un  jaune  pale  varié  de  brun  et  la  nuque 
ornée  d'une  large  tache  d'un  roux  ferrugineux,  le  dos  marqué 
de  bandes  irrégulières  noires,  rougeâtres  et  fauves,  la  poi- 
trine d'un  roux  vif  et  l'abdomen  blanc,  l'iris  blanc,  le  bec 
jaune  avec  la  pointe  brunâtre,  les  pattes  jaunes. 


aréoturnix  de  formose  {Areoturniœ  rostrata  Swinhoë). 

Turnix  oscellatus,  Swinhoë,  Ibis  (1863),  p.  398.  —  Turnix  rostrata,  Swinhoë, 
Ibis  (1865),  p.  542,  544;  (1866),  p.  131,  297,  403;  (1867),  p.  230.  -  Aréo- 
turnix rostrata,  Swinhoë,  Proc.  Zool.  Soc.  (1871),  p.  401.  —  David  et  Ous- 
lalet,  Ois.  de  la  Chine  (1877),  p.  399. 

En  1863,  M.  Swinhoë  décrivit  dans  VIbis  une  nouvelle 
espèce  de  Turnix  qu'il  venait  de  découvrir  dans  le  sud  de  l'île 
de  Formose,  sur  des  collines  rocailleuses  couvertes  de  brous- 
sailles. 

Cet  oiseau,  d'après  l'auteur,  a  les  parties  supérieures 
brunes  mouchetées  de  noir,  et  parsemées  de  quelques  taches 
fauves,  avec  les  scapulaires  nuancées  de  rouge  et  les  couver- 
tures supérieures  de  l'aile  d'un  roux  pâle,  tachées  de  brun 
noirâtre,  les  joues  et  la  gorge  blanches,  marquées  de  quel- 
ques points  noirs,  le  milieu  de  l'abdomen  blanchâtre,  les 
flancs  et  le  bas  ventre  d'un  roux  vif,  les  côtés  de  la  poitrine 
d'un  roux  un  peu  plus  clair  avec  des  barres  et  des  taches 
d'un  brun  très  foncé,  les  rémiges  d'un  brun  châtain,  la  pre- 
mière penne  bordée  extérieurement  de  jaunâtre,  la  queue 

(Ij  Les  premiers  exemplaires  de  Turnix  maculatus  ont  été  apportés  au 
Mushim  par  es  naturalistes  qui  accompagnaient  le  capitaine  Baudin  aux  Terres 
australes  sur  les  corvettes  le  Naturaliste  et  le  Géographe. 


OISEAUX    A    ACCLIMATER.  261 

courte,  à  peine  distincLe,  l'iris  jaune  pâle,  presque  blanc,  le 
bec  jaunâtre  avec  Tarête  supérieure  et  la  pointe  d'un  bleu 
noirâtre,  les  pattes  d'un  blanc  jaunâtre,  nuancées  d'un  bleu- 
indigo. 

La  femelle  est  de  taille  plus  forte  que  le  mâle,  et,  chez 
elle,  la  gorge  devient  noire  en  été. 

Enfin,  M.  Swinhoë  a  établi  une  nouvelle  espèce  sur  un 
oiseau  tué  près  de  Canton  par  le  capitaine  Blakiston,  d'où  le 
nom  qu'il  lui  a  donné  :  Areotiirnix  Blakistoni.  Elle  est  très 
voisine  du  Turnix  combattant  des  îles  de  la  Sonde,  Hemipo- 
dius  pugnax  Temminck,  mais  s'en  distingue  par  une  taille 
plus  faible,  des  doigts  plus  courts  et  un  bec  très  petit.  Les 
parties  supérieures  du  corps  sont  fortement  nuancées  de 
roux,  et  la  poitrine  porte,  au  lieu  de  taches,  des  raies  trans- 
versales. 

{A  suivre.) 


DU  DÉPEUPLEMENT  ET  DU  REPEUPLExMENT 

DES  RIVIÈRES  ET  COURS  D'EAU  DE  FRANGE 
Par  M.    Albert  LEROY 


Ayant  à  écrire  il  y  a  quelque  temps  à  la  Société  d'Accli- 
matation, je  profitais  de  ma  lettre  pour  ajouter,  dans  un 
postscriptum  de  quelques  mots,  un  moyen  que  je  considérais 
comme  efficace,  pratique  et  peu  coûteux  pour  le  repeuple- 
ment de  nos  cours  d'eau. 

Le  Président  de  la  troisième  section  voulut  bien  prendre 
en  considération  mon  moyen  et  me  demanda  de  faire  un  petit 
mémoire  et  de  donner  plus  de  développement  à  ma  pensée. 
J'aurais  préféré  voir  un  des  membres  plus  compétents  adop- 
ter mon  idée,  et  la  soumettre  à  votre  haute  appréciation. 

Les  causes  de  dépeuplement  des  rivières  de  France  sont 
multiples  : 

Parmi  les  plus  importantes  on  place  le  braconnage  et  Véta- 
blissement  d'usines. 

Le  braconnage  s'exerce  jour  et  nuit  et  en  tout  temps,  non 
seulement  avec  des  lianes  de  fond  et  des  engins  de  toutes 
sortes,  mais  encore  par  des  modes  de  destruction  dignes  des 
temps  les  plus  barbares  :  on  a  été,  en  effet,  jusqu'à  empoi- 
sonner des  cours  d'eau  et  à  se  servir  de  la  dynamite. 

Le  meilleur  moyen  d'empêcher  le  braconnage,  c'est  d'exer- 
cer une  grande  surveillance. 

V établissement  des  usines  fournit  encore  plus  de  causes  de 
dépeuplement  que  le  braconnage;  mais  il  faut  avouer  que  les 
avantages  que  le  pays  retire  de  ces  fabriques  compensent  lar- 
gement les  dégâts  causés. 

Le  dépeuplement  occasionné  par  les  usines  a  deux  causes 
principales  : 

A.  h' empoisonnement  de  Veau  par  les  matières  chimiques, 
le  chlore  principalement,  et  les  détritus  empestés  provenant 
des  féculeries,  distilleries,  etc. 


PISCICULTURE.  263 

Le  remède  à  V empoisonnement  de  Veau  est  peut-être  plus 
difficile  à  appliquer,  mais  il  me  semble  que  l'on  arriverait  à 
un  bon  résultat,  en  forçant  les  usiniers  à  filtrer  leur  eau  em- 
poisonnée par  un  procédé  semblable  à  celui  employé  dans  la 
presqu'île  de  Gennevilliers  pour  les  eaux  d'égout,  de  manière 
que  l'eau  arrivât  à  la  rivière  épurée  de  toute  composition  mal- 
saine. 

Mais  qu'arriverait-il  le  jour  où  cette  terre  serait  saturée  de 
ces  produits?  Le  filtrage  et  l'épuration  s'opéreraient-ils  tou- 
jours d'une  manière  efficace? 

Peut-être,  au  contraire,  obtiendrait-on  un  meilleur  résultat 
en  laissant  séjourner  dans  des  bassins  él^nches  ces  eaux  mal- 
faisantes, et  trouverait-on  un  procédé  chimique  et  peu  coû- 
teux pour  précipiter  rapidement  toutes  les  matières  étran- 
gères. 

Une  vanne  permettrait  l'écoulement  de  l'eau  assainie  dans 
la  rivière  et  on  enlèverait  du  fond  du  bassin  le  précipité  ob- 
tenu qui,  sans  doute,  trouverait  encore  son  emploi. 

B.  La  deuxième  cause  principale  de  dépeuplement  occa- 
sionné par  rétablissement  d'usines  provient  des  différences 
de  niveau  de  l'eau,  soit  par  suite  de  réparations,  soit  que 
l'eau,  employée  comme  force  motrice,  soit  retenue  dans  un 
bief  à  une  certaine  hauteur  pour  descendre  souvent,  après 
quelques  heures  de  marche,  à  un  mètre  au-dessous. 

Je  ne  cite  que  pour  mémoire  les  irrigations  et  les  faucar- 
dages  répétés  et  souvent  intempestifs  que  les  usiniers  ne 
manquent  pas  de  faire,  principalement  au  printemps  et  à  l'au- 
tomne. 

Combien  d'œufs  coagulés  à  ces  herbes  et  à  ces  roseaux  cou- 
pés sont  perdus.  Si  les  usiniers  se  contentaient  de  couper  et 
laissaient  les  herbes  aller  au  courant  de  l'eau,  le  mal  serait 
moindre,  parce  qu'on  aurait  la  chance  de  voir  ces  œufs  en- 
traînés éclore  plus  bas.  Mais  toujours  ces  herbes  sont  retirées, 
mises  en  tas  et  converties  en  riche  fumier. 

Ne  pourrait-on  astreindre  les  usiniers  à  un  certain  règle- 
ment concernant  le  faucardage  des  rivières  ? 

Mais  j'estime  que  toutes  ces  causes  de  dépeuplement  se- 


64  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

raient  largement  compensées  si  tous  les  œufs  fournis  par  le 
petit  nombre  de  poissons  survivants  venaient  à  bien  (on  sait, 
en  effet,  qu'il  n'est  pas  rare  de  trouver  dans  le  ventre  de  cer- 
taines femelles  de  cinquante  à  trois  cent  cinquante  mille 
œufs)  et  si  tous  les  alevins  qu'on  a  lâchés  depuis  une  dizaine 
d'années  avaient  vécu. 

Les  personnes  qui  se  sont  occupées  de  pisciculture  ont, 
selon  moi,  toujours  voulu  procéder  trop  rapidement  ;  elles  se 
sont  demandé  quelles  étaient  les  espèces  les  meilleures  et, 
sans  se  préoccuper  de  savoir  si  la  rivière  qu'elles  voulaient 
repeupler  pouvait  les  nourrir,  elles  ont  lâché  des  milliers 
d'alevins  de  Truites,  d'Ombres  Chevaliers,  de  Saumons  et 
d'autres  espèces  voraces. 

Qu'est-il  arrivé?  D'abord  beaucoup  de  ces  alevins  sont 
morts;  ceux  qui  ont  survécu  ont  commencé  par  manger  ce 
qui  restait  de  poissons  dans  le  cours  d'eau,  puis  se  sont  dévo- 
rés entre  eux  jusqu'à  ce  que  ne  trouvant  plus  rien  à  manger 
ils  aient  émigré  dans  des  eaux  moins  dépeuplées,  ou  soient 
morts  de  faim. 

Donc  le  résultat  a  été  souvent  non  seulement  mauvais,  mais 
encore  néfaste  ;  au  lieu  de  peupler,  on  a  dépeuplé  ! 

Il  y  a  quinze  ou  vingt  ans  un  étang  que  je  pourrais  nom- 
mer, était  richement  peuplé  de  Gyprinides  de  toutes  sortes; 
le  propriétaire  y  mit  des  Brochets.  Trois  ans  après  il  fut 
étonné  de  trouver  beaucoup  moins  de  petits  poissons  et  à 
chaque  pêche  son  produit  diminua  d'une  façon  inquiétante  ; 
enfin  aujourd'hui  cet  étang,  qui  contenait  alors  peut-être  cinq 
ou  six  milles  Carpes  marchandes,  n'en  contient  plus  que  deux 
ou  trois  cents  sans  que  le  nombre  des  Brochets  ait  sensible- 
ment augmenté.  On  sait  en  effet  qu'un  Brochet  peut  manger 
ou  détruire  desCarpes  d'un  poids  presque  égal  au  sien  et  que, 
faute  d'autres  proies,  il  attaque  ses  congénères,  qui,  s'ils  ne 
sont  dévorés,  reçoivent  souvent  des  coups  de  dents  qui  déter- 
minent des  végétations  cryptogamiques  occasionnant  la  mort. 
Il  est  très  imprudent  de  lâcher  dans  des  rivières  peu  pois- 
sonneuses des  espèces  voraces. 

Il  faut  donc,  avant  de  lâcher  des  Salmonidés,  commencer 


PISCICULTURE.  265 

par  peupler  un  cours  d'eau  de  poissons  qui  y  trouveront  faci- 
lement leur  nourriture,  tels  que  Carpes,  Chevaines,  Gardons, 
Brèmes,  Tanches  et  Vérons. 

Les  œufs  de  poissons  éclosent  mal  dans  les  rivières  pour 
plusieurs  raisons;  une  des  principales,  ainsi  que  je  le  disais 
tout  à  l'heure,  provient  du  niveau  inconstant. 

Les  poissons,  en  général,  frayent  au  printemps  et  c'est  à 
cette  époque  qu'ont  lieu  le  plus  souvent  les  inondations  plus 
ou  moins  importantes  (les  déboisements  pourraient  donc 
être  considérés  encore  comme  une  des  causes  de  dépeuple- 
ment des  rivières)  :  certains  poissons  déposent  leurs  œufs  sur 
le  sommet  des  herbes  ou  sur  les  radicelles  qui  se  trouvent  à 
fleur  d'eau  ;  l'eau  se  retire,  ou  le  moulin  marche  et  l'eau 
baisse,  et  voilà  des  milliers  d'œuls  hors  de  l'eau  et,  par  con- 
.  séquent,  perdus. 

Bien  heureux  encore  si  ces  herbes  n'ont  pas  été  coupées 
entre  la  ponte  et  l'éclosion  des  œufs. 

Une  autre  raison  qui  empêche  les  œufs  d'éclore,  c'est  qu'ils 
sont  mangés. 

Tous  les  meuniers  ou  usiniers  ont  jusqu'à  deux  cents  Ca- 
nards et  plus  qui  naturellement  trouvent  leur  nourriture 
dans  la  rivière  et  Dieu  sait  ce  qu'un  Canard  peut  manger 
d'œufs  et  d'alevins.  (Pourquoi  n'empècherait-on  pas  les  Ca- 
nards de  pêcher  en  temps  prohibé  ?) 

A  ces  Canards  domestiques  il  faut  ajouter  les  Bats  d'eau, 
les  Canards  sauvages,  les  Sarcelles,  les  Poules  d'eau,  les  Mar- 
tms-Pêcheurs,  etc. 

L'année  dernière,  étant  à  canoter  sur  le  Loir,  près  de  sa 
source,  vers  le  15  juillet,  je  vis  des  Gardons  frayer  et  dépo- 
ser leurs  œufs  sur  des  radicelles  d'aulne.  —  Je  m'approchai 
et  j'emportai  chez  moi  environ  la  moitié  de  ces  racines  cou- 
vertes de  milliers  d'œufs  :  je  les  mis  simplement  dans  un  ba- 
quet rempli  d'eau  et  au  bout  d'une  quinzaine  de  jours  j'avais 
presque  autant  d'alevins  que  j'avais  mis  d'œufs  en  incubation. 
Dans  une  promenade  en  bateau  je  surveillais  les  œufs  que 
j'avais  laissés  et  tous  les  jours  je  m'apercevais  que  leur 
nombre  diminuait;  j'en  eus  l'explication  en  voyant  un  jour 


260  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

une  demi-douzaine  de  Canards  fouiller  les  racines  de  leur 
large  bec. 

Enfin  une  autre  fois,  mes  œufs  étaient  déjà  éclos  depuis 
deux  ou  trois  jours,  l'eau  dans  la  rivière  était  basse,  les  ra- 
cines étaient  sèches  et  étaient  à  plus  d'un  pied  au-dessus  de 
l'eau. 

Je  pourrais  affirmer  que  pas  un  des  œufs  que  j'avais  laissés 
dans  la  rivière  n'est  venu  à  bien  et  qu'au  contraire  presque 
tous  ceux  que  j'avais  mis  en  incubation  m'ont  donné  des  ale- 
vins que,  du  reste,  je  rejetai  à  la  rivière  dès  que  la  vésicule 
fut  résorbée. 

Ce  que  j'ai  fait,  tout  le  monde  peut  le  faire  sans  aucune  dé- 
pense :  je  n'avais  aucun  appareil  de  pisciculture  ni  eau  cou- 
rante à  ma  disposition. 

Je  voudrais  que  les  garde-rivières,  tout  en  étant  des  agents 
de  répression,  fussent  surtout  des  agents  conservateurs  et 
producteurs. 

A  défaut  de  garde-rivières,  on  pourrait  prendre  l'agent 
voyer,  le  cantonnier-chef  ou  le  maître  d'école. 

Les  garde-rivières,  ainsi  que  je  l'ai  fait,  pourraient  récol- 
ter facilement  des  œufs  le  long  des  cours  d'eau  confiés  à  leur 
garde  ;  les  poissons  ayant  des  dates  à  peu  prés  fixes  de  frai 
dans  chaque  rivière,  je  suis  sûr  qu'au  bout  de  quelque  temps, 
ces  agents  auraient  acquis  assez  d'expérience  pour  suivre  les 
Poissons  dans  leurs  évolutions  et  prendre  chaque  jour  des 
milliers  d'œufs,  qu'ils  mettraient  en  incubation  le  soir  en 
rentrant. 

Ils  lâcheraient  les  alevins  en  temps  opportun. 

La  récolte  des  œufs  serait  bien  simplifiée  si  l'on  établis- 
sait sur  les  rivières  des  frayères  artificielles  :  de  simples  balais 
de  bouleau,  de  genêt  et  mieux  de  bruyère  suffiraient,  ainsi 
que  j'ai  pu  le  constater. 

Ce  moyen  de  repeuplement  peut  être  employé  sans  dé- 
penses appréciables. 

Mais  ce  que  je  préférerais  voii-,  c'est  que  l'on  donnât  à 
chaque  garde-rivière  (ou  au  maître  d'école,  à  défaut  d'autre 
agent),  la  jouissance  d'une  mare,  n'eût-elle  que  25  à  30  mè- 


PISCICULTURE.  267 

très  de  superficie  sur  1  mètre  de  profondeur;  dans  cette 
mare  il  pourrait  avoir  des  Gardons,  Tanches,  Carpes,  etc.,  de 
quatre  à  dix  de  chaque  espèce,  suivant  l'importance  de  la 
pièce  d'eau,  qui  viendraient  frayer  sur  des  balais  de  bruyère 
disposés  tout  autour  de  la  rive. 

Le  garde-rivière,  agent  voyer,  cantonnier-chef  ou  institu- 
teur, ferait  facilement  sa  récolte,  mettrait  en  incubation  ses 
œufs  et  lâcherait  les  alevins  dans  les  différentes  parties  des 
cours  d'eau. 

Ce  moyen  qui  n'entraînerait  pas  à  une  dépense  de  50  francs 
par  an  rendrait  certainement  les  meilleurs  résultats. 

Le  jour  où  nos  rivières  seront,  grâce  à  ce  procédé,  riche- 
ment peuplées  de  Carpes,  Tanches,  Gardons  et  autres  Pois- 
sons, alors  seulement  on  pourra  songer  à  acclimater  des  espèces 
telle  que  des  Salmonidés. 


SUITE  ET  REPONSE 
A  CERTAINES  ORJECTIOMS  FAITES  A  LA  COMMUNICATION  PRÉCÉDENTE 

Dans  la  communication  que  j'eus  l'honneur  de  lire  à  la 
séance  générale  du  vendredi  13  avril  1883  sur  le  dépeuple- 
ment et  le  repeuplement  des  rivières  et  cours  d'eau  de  France, 
je  proposais  l'établissement  de  Carpières  dans  les  endroits  où 
il  y  aurait  un  agent  de  l'administration  :  garde-rivière,  agent 
voyer,  cantonnier-chef,  etc.  Je  m'appuyais  sur  ce  fait  indé- 
niable que  les  essais  de  repeuplement  par  les  Salmonidés 
avaient  coûté  très  cher  sans  grand  résultat,  tandis  que  le  re- 
peuplement par  les  Cyprinidcs  pouvait  être  tenté  sans  dépenses 
appréciables.  Qu'en  plus  ceux-là  devaient  être  nourris  et  que 
ceux-ci  trouvaient  facilement  leur  nourriture  dans  nos  cours 
d'eau. 

J'ajoutais  que  le  jour  où  nos  rivières  seraient  largement 
peuplées  de  poissons  ordinaires,  on  pourrait  tenter  l'acclima- 
tation d'espèces  rares  et  voraces  qui  trouveraient  alors  facile- 


268  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

ment  leur  nourriture,  mais  qu'il  faudrait  quand  même  conti- 
nuer l'éducation  des  Gyprinides. 

Un  de  nos  collègues  fit  observer  que  dans  beaucoup  d'en- 
droits on  avait  établi  sur  les  cours  d'eau  des  réserves  dans 
lesquelles,  sous  aucun  prétexte,  il  n'était  permis  de  pêcher, 
même  à  la  ligne  volante,  et  que  ces  réserve  s  atteignaient  le  but 
que  je  me  proposais. 

Je  considère  ces  réserves  comme  une  excellente  chose, 
mais  je  les  crois  absolument  insuffisantes  malgré  les  bons  ré- 
sultats qu'elles  ont  donnés,  et  les  observations  que  je  fis  alors, 
d'une  manière  générale,  sur  les  rivières  peuvent  également 
s'appliquer  à  ces  réserves. 

D'abord  ces  réserves  sont-elles  assez  nombreuses  ?  En 
existe-t-il  sur  tous  les  cours  d'eau  ?  Je  ne  sais  ;  mais  dans  mon 
département  (fEure-et-Loir)  je  n'en  connais  aucune  et  il  y  a 
encore  douze  ou  quinze  rivières  principales,  sans  parler  des 
ruisseaux,  qui  ne  sont  toutes,  il  est  vrai,  ni  flottables,  ni 
navigables.  —  Si  ces  réserves  ne  sont  établies  que  sur  les 
canaux  ou  rivières  flottables  ou  navigables,  c'est  bien  peu  de 
chose,  car  ceux-ci  ne  représentent  pas  la  dixième  partie 
linéaire  des  cours  d'eau. 

Mais  supposons  qu'en  France  le  quart  de  l'eau  soit  réservé 
(ce  n'est  pas  le  quart  qu'il  faudrait  sans  doute  dire,  mais  la 
millième  partie)  : 

Ces  parties  réservées,  c'est-à-dire  soi-disant  poissonneuses, 
ne  sont-elles  pas  justement  celles  sur  lesquelles  s'exerce  le 
plus  le  braconnage? 

Les  poissons,  s'ils  sont  nombreux  à  cet  endroit,  iront  et 
viendront  dans  les  eaux  non  défendues  pour  y  trouver  une 
nourriture  plus  abondante  et  se  feront  prendre  au  premier 
piège  qui  leur  sera  tendu. 

Ces  réserves  sont-elles  à  l'abri  des  Brochets,  Perches, 
Loutres,  etc.  ?  Non,  c'est  au  contraire  là  que  ces  voraces  se- 
ront le  plus  nombreux. 

Les  oiseaux  aquatiques  sauvages  ou  domestiques  ne  vont-ils 
pas  là  comme  ailleurs  ? 

Les  dilïérences  de  niveau  ne  s'y  font-elles  pas  sentir  comme 


PISCICULTURE.  269 

dans  le  reste  de  la  rivière?  Les  eaux  malfaisantes  des  usines 
n'y  coulent-elles  pas? 

On  ne  pêche  pas  dans  ces  réserves,  une  surveillance  sévère 
en  éloigne  les  braconniers,  soit;  mais  quel  moyen  efficace 
avez-vous  de  protéger  la  reproduction? 

Les  causes  de  dépeuplement  que  je  signalais,  en  termes 
généraux,  se  manifestent  dans  ces  réserves  aussi  bien  qu'ail- 
leurs, car,  je  le  répète,  pour  moi,  le  dépeuplement  des  ri- 
vières vient  surtout  de  ce  que  les  œufs  et  les  alevins  sont 
exposés  h  des  milliers  de  causes  de  destruction  dans  les  eaux 
courantes  principalement,  causes  auxquelles  échappent  en 
partie  les  poissons  d'un  an  et  au-dessus. 

Je  crois  que,  concurremment  avec  les  réserves,  l'établisse- 
ment de  Carpières,  de  simples  mares  d'une  quarantaine  de 
mètres  superficiels  dans  lesquelles  se  trouveraient  toutes 
sortes  de  Cyprin  ides  et  sous  la  direction  d'agents  compétents, 
serait  le  meilleur  moyen  de  repeuplement,  cà  la  condition 
toutefois  que  les  élèves  soient  lâchés  en  temps  opportun, 
temps  variant  suivant  les  localités  :  après  les  irrigations,  les 
curages,  les  faucardages,  etc. 

L'année  suivante  les  Carpes,  Tanches,  Gardons,  etc.,  seront 
déjà  assez  forts  pour  résister  à  certaines  causes  de  destruction 
et  trop  gros  pour  s'aventurer  dans  la  plupart  des  canaux 
d'irrigation. 

L'an  dernier,  je  mis  déjà  un  peu  en  pratique  mon  système; 
je  compte  cette  année,  si  rien  ne  vient  me  déranger,  renou- 
veler mon  expérience  plus  grandement. 

Je  me  propose  de  repeupler  de  Cyprinides  environ  6  kilo- 
mètres de  rivière  :  4  kilomètres  du  Loir,  qui  est  à  une  lieue  et 
demie  de  sa  source  et  deux  kilomètres  de  la  Thironne,  le  pre- 
mier affluent  du  Loir. 

Je  serai  limité  en  aval  par  le  premier  moulin  qui  se  trouve 
sur  le  Loir  un  peu  plus  bas  que  le  confluent  du  Loir  et  de  la 
Thironne,  en  amont  sur  la  Thironne  par  un  gué  et  sur  le  Loir 
par  une  pente  assez  rapide  sur  laquelle  la  rivière,  sans  pro- 
fondeur pendant  60  ou  80  mètres,  coule  rapidement  entre  de 
grosses  pierres. 


^70  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Celle  partie  de  rivière  est  très  froide,  étant  alimentée  par 
de  nombreuses  sources  dont  quelques-unes  donnent  depuis 
1  mètre  jusqu'à  3  mètres  cubes  d'eau  à  la  minute.  Ce  froid 
est  très  contraire  au  frai  des  Cyprinides. 

A 1  kilomètre  au-dessus  se  trouve  une  féculerie  qui  pendant 
trois  ou  quatre  mois  de  l'année  envoie  ses  eaux  empoison- 
nées dans  la  rivière. 

Le  Loir  à  cette  portée  est  très  sujet  aux  inondations  :  pleut- 
il  pendant  cinq  ou  six  heures  de  suite  dans  le  haut  de  son 
bassin  déboisé,  douze  heures  après  on  voit  la  rivière  monter 
souvent  d'un  mètre  pour  redescendre  du  reste  aussi  rapide- 
ment qu'elle  a  monté. 

Quoique  j'aie  vu  des  Gardons  frayer  vers  le  15  juillet  dans 
le  Loir,  je  crois  que  les  Carpes  ne  s'y  reproduisent  pas,  du 
moins  à  cet  endroit,  et  cependant  les  Carpes  du  Loir  ont  une 
certaine  célébrité.  J'ai  tout  lieu  de  penser  que  les  Carpes  pê- 
chées  viennent  des  étangs  en  amont,  d'où  elles  s'échappent  au 
moment  des  grandes  eaux  ou  de  la  pêche.  Une  fois  dans  la 
rivière,  elles  se  débarrassent  de  leur  désagréable  goût  de  vase. 

Je  suis  donc  dans  de  très  mauvaises  conditions  pour  expé- 
rimenter, puisque  j'ai  contre  moi  eaux  empoisonnées  d'une 
féculerie,  niveau  très  inconstant,  inondations  fréquentes, 
rivière  très  froide,  moulin  en  aval,  Canards  et  canaux  d'irri- 
gation. 

Malgré  toutes  ces  causes,  j'espère  réussir  à  repeupler  sans 
aucune  dépense  et  dans  deux  ou  trois  ans,  si  cela  peut  vous 
intéresser,  avoir  à  vous  communiquer  le  succès  de  mon  ex- 
périence. 


II.  EXTRAITS  DES  PROCÉS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DE  LA  SOCIÉTÉ 


SEANCE  GENERALE  DU  19  MARS  1886. 
Présidence  de  M.  le  marquis  de  SiNÉiy,  Vice-Président. 

Le    procès -verbal    de    la   séance  précédente    est   lu   et 
adopté. 

—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nou- 
ellement  admis  par  le  Conseil,  savoir  : 


V 


MiM.  PRÉSENTATEURS. 

Farran  (Henri),  propriétaire,  au  château  de  (  E.  Bellot. 
Verneuil,  commune  de  Migné,  par  Poitiers  ]  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 
(Vienne).  (  A.  Moreau. 

TOURNAT  DE  BuzENAUD,  inspecteur  de  l'agri-  \  ^^- ^eofoy  Saint-Hilaire. 
culture  à  Quintenas  (Ardèche).  i  Sa,nt-Yves  Menard. 

l,  Wuirion. 

r  /iT-  .      Aie    JN  •'.  •  /'A.  Berthoule. 

LouvET  (Viclor-Allred),  propriétaire,  avenue  \  „  ... 

de  Neuilly,  136  bis,  à  Neuilly  (Seine).         f  ^       .     ' 
•^  -^  ^  '  \  Poupinel. 

n  /nui-       \  ■'.   ■       •  17  II  A.  Berthoule. 

Régnier  (Philippe),  propriétaire,  a  Forreuil,  \  ,   -^     ^v.      ^  •  .  t,-i  • 

V        trnff  y  A.  Geoffroy  Saint-Hilairc. 

par  Epernon  (Eure-et-Loir).  t  o  ■  .  ^t       ai  - 

*^         ^  V  Saint-Yves  Menard. 

;'  E.  Barrachin. 

Thoureau  (Edme),  8,  rue  d'Aumale,  à  Paris.      A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

V  Saint-Yves  Menard. 

Thoureau  (Félix),  administrateur  du  Crédit  (  ,*,^'  „      „'.     ,..,  . 

ta  A    ni^,       A       '  n    •  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

foncier,  z,  rue  de  Chateaudun,  a  Pans.  .,  ■      ,,       ,, . 

V  Saint- Yves  Menard. 

—  M.  le  D'Brocchi  adresse  des  remerciements  au  sujet  de 
sa  récente  élection  aux  fonctions  de  membre  du  Conseil. 

—  M.  Mengin  annonce  le  renvoi  de  la  femelle  de  son 
cheptel  de  Coloinbes  poignardées. 

—  M.  E.  Joly  accuse  réception  du  cheptel  de  Faisans  de 
Lady  Amherst  qui  vient  de  lui  être  expédié. 

—  En  remei^iant  du  couple  de  Lapins  béliers  qui  lui  a  été 
accordé,  M.  le  comte  de  Buisseret  sollicite  un  cheptel  de 
Poules  de  Campine. 


272  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACGLIMATATION. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  leur  ont  été 
accordés  sont  adressés  par  MM.  Achille  Adam  fils,  Al.  Audap, 
Gustave  Conte,  O'Neill,  Emile  Delloye,  de  Confévron,  N.  Pau- 
tier,  Mengin  et  Ramelet. 

—  MM.  les  préfets  de  la  Gironde,  de  l'Hérault,  de  Loir-et- 
Cher,  de  la  Loire,  de  Maine-et-Loire,  de  la  Nièvre,  de  l'Orne, 
de  la  Sarthe,  des  Deux-Sèvres  et  de  la  Haute-Vienne  adressent 
des  réponses  aux  demandes  de  renseignements  qui  leur  ont 
été  faites  concernant  la  situation  de  la  pisciculture  dans  leurs 
départements. 

—  M.  Max  von  dem  Borne,  de  Berneuchen,  demande  des 
renseignements  sur  les  principales  espèces  de  poissons  qui 
peuplent  les  eaux  du  Doubs,  et  sur  les  endroits  où  la  pêche 
de  ces  poissons  peut  s'exercer  le  plus  fructueusement. 

—  En  réponse  à  une  lettre  qui  lui  a  été  récemment  adres- 
sée, M.  Jules  Tardy,  sous-directeur  de  la  ferme-école  de  La 
Roche  (Doubs),  veut  bien  promettre  de  tenir  la  Société  au 
courant  de  ses  travaux  de  pisciculture. 

—  M.  Paul  Carbonnier,  banquier  à  Bergerac,  neveu  de 
notre  regretté  collègue  M.  Pierre  Carbonnier,  annonce  l'envoi 
de  renseignements  sur  un  établissement  de  pisciculture  nou- 
vellement créé  près  de  Bergerac. 

—  M.  le  comte  Giberto  Borroméo,  de  Milan,  demande  à 
prendre  part  à  la  distribution  des  graines  envoyées  de  Mada- 
gascar par  le  R.  P.  Camboué. 

—  M.  le  D' A.  Ricard,  professeur  à  l'Académie  commerciale 
de  Prague,  sollicite  un  envoi  de  semence  de  Riz  de  Mand- 
chourie. 

—  M.  le  D'  Louis  Gaucher  écrit  d'Aïn-Témouchent  (Al- 
gérie) : 

J'ai  reçu  en  son  temps  1  échantillon  de  Blé  Schériff  que  la  Société  a 
eu  l'obligeance  de  m'envoyer  pour  servir  à  des  essais.  Semé  dans  de 
très  bonne  terre,  le  résultat  a  été  absolument  nul.  Cette  variété  est  trop 
tardive  pour  notre  région.  Alors  que  les  Blés  durs  tangaros  et  les 
Blés  tendres  étaient  en  état  d'être  récoltés,  le  Blé  Shérilf  était  encore 
très  vert  dans  toutes  ses  parties  et  le  grain  à  peine  formé.  Deux  jour- 
nées de  vent  chaud  du  Sud  l'ont  complètement  détruit. 


PROCÈS-VERBAUX.  273 

Je  pense  que  la  Noix  de  Pacanier  pourrait  réussir  ici  à  certaines 
expositions.  M.  Sanford  devant  en  expédier  à  la  Société,  je  serais  heu- 
reux qu'elle  pût  m'en  attribuer  quelques-unes,  afin  que  j'essaye  l'intro- 
duction de  cet  arbre  dans  notre  région.  Les  Orangers  produisent  beaucoup 
ici,  ainsi  que  les  Grenadiers  et  les  Figuiers;  c'est  ce  qui  me  permet  de 
supposer  que  la  Noix  de  Pacanier  pourrait  augmenter  encore  le  nombre 
si  restreint  des  essences  utiles  que  l'on  trouve  dans  le  pays.  J'avais  bien 
songé  au  Cacaotier,  mais  il  m'a  toujours  été  impossible  de  me  procurer 
des  graines  de  cet  arbre. 

—  M.  Léon  Marquiset  annonce  qu'il  soumellra  prochaine- 
ment en  séance  généivale  le  résultat  de  ses  essais  de  culture 
de  Kuzu  {Puer aria  Thumber glana). 

—  M.  Berthoule  donne,  d'après  un  article  publié  par  le 
journal  The  Colonies  and  India,  d'intéressants  détails  sur 
l'histoire  des  fermes  d'Autruches  dans  la  colonie  du  Cap. 

—  M.  Berthéol  présente  un  appareil  de  pisciculture  de  son 
invention;  c'est  un  appareil  d'éclosion  avec  flotteur,  disposé 
pour  être  employé  dans  un  cours  d'eau. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  donne  lecture  d'une  note  de 
M.  Ponsard,  d'Omey  (Marne),  sur  les  Moutons  prolifiques  de 
Chine.  (Voy.  au  Bulletin,  p.  24-1.) 

—  M.  Jules  Grisard  communique  une  note  de  M.  Rieffel 
sur  les  Chiens  de  prairie  {Cynomys  Ludoviciana).  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Brocchi  donne  lecture  d'une  note  de  M.  Noordhoeck- 
Hegt,  sur  la  pisciculture  dans  le  Rhin  inférieur.  (Voy.  au 
Bulletin.) 

—  M.  Hédiard  présente  un  régime  de  Palmier  sagoutier 
(Sagus  Bhumphi)  provenant  de  la  Martinique,  et  il  donne 
les  détails  ci-après  sur  les  produits  tirés  de  cet  arbre,  notam- 
ment sur  le  sucre  que  fournit  la  sève  :    , 

Les  graines  sont  arrivées  très  fraîches  et  sans  altération  aucune,  ce 
qui  permettra  de  les  faire  germer  en  serre.  Je  vais  en  adresser  à  plu- 
sieurs de  mes  correspondants  d'Algérie. 

Le  Palmier  sagoutier  est  très  commun  à  Madagascar;  on  en   trouve 

également  beaucoup  atix  îles  Moluques  et  dans  diverses  contrées  de 

rOcéanie.   L'indigène   tire  de  ce  Palmier  de  nombreux  produits;  c'est 

une  source  de  richesse  pour  les  pays  où  pousse  le  Sagoutier.   Il  y  a 

4'  SÉRIE,  T.  111.—  Mai  1886.  ^[^ 


274  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aGGLIMATATION. 

d'abord  la  sève,  que  l'on  obtient  en  pratiquant  une  incision  à  la  base 
du  régime;  c'est  la  liqueur  dite  vin  de  palme.  On  suspend  à  l'endroit 
de  cette  incision  un  gobelet  formé  d'un  morceau  de  bambou.  Une  sève 
abondante  coule  constamment.  Mais  on  a  remarqué  que  la  nuit  l'écou- 
lement est  plus  abondant  que  pendant  le  jour.  11  est  très  curieux  de 
voir  ce  Palmier  garni  de  gobelets,  où  chacun  vient  se  désaltérer  comme 
à  un  buffet  permanent.  Avec  le  vin  de  palme,  on  obtient,  par  la  fermen- 
tation, une  liqueur  dite  arach,  qui  est  une  sorte  de  rhum.  Si  on  laisse 
aigrir  ce  liquide,  il  se  transforme  en  vinaigre.  Pour  en  obtenir  du  sucre, 
il  suffit  de  faire  évaporer  le  liquide,  qui  cristallise  et  donne  un  sucre 
de  couleur  brune  dont  le  goût  est  agréable. 

De  la  moelle  de  ce  Palmier  on  extrait  une  fécule  qui,  granulée,  forme 
le  sagou  (espèce  de  tapioca),  très  nourrissant  et  très  agréable  en  potage. 

Les  fibres,  qui  sont  autour  de  la  moelle,  s'exportent  aujourd'hui  en 
grande  quantité,  comme  liens  très  solides  et  résistant  à  l'humidité.  Dans 
les  colonies,  cette  fibre  trouve  de  nombreux  emplois  :  on  en  fait  des 
nattes,  des  tapis,  des  vêtements,  des  couffins  pour  l'emballage  du  sucre 
ou  du  café,  etc. 

Le  bois  est  très  dur  et  sert  aux  constructions. 

Les  régimes  du  Palmier  sagoutier  atteignent  un  volume  considérable  ; 
les  grains,  en  forme  de  cône  de  pin,  sont  d'un  bel  effet  ornemental,  leur 
couleur  acajou  est  très  brillante  et  se  conserve  indéfiniment.  Ces  énormes 
grappes  de  graines,  qui  semblent  avoir  été  vernies,  sont  fréquemment 
employées  pour  orner  les  demeures.  Peut-être  le  Sagoutier  pourrait-il 
réussir  dans  certaines  parties  de  l'Algérie. 

—  M.  Rathelot  dit  qu'il  a  eu  occasion  de  goûter  du  sucre 
de  Sagoutier  et  qu'il  l'a  trouvé  excellent.  Ce  sucre  ressemble 
par  la  couleur  à  la  cassonade,  mais  il  est  plus  foncé. 


iSÉANCE  GÉNÉRALE  DU  2  AVRIL  1886. 

Présidence    de  M.   Saint-Yves   Ménard,    Trésorier, 
puis  de  M.  le  marquis  de  Sinéty,  Vice-Président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 
—  M.  le  Président  proclame  les  noms  des  membres  nouvel- 
lement admis  par  le  Conseil,  savoir  : 

M.  présentateurs. 

.  ,,  ,,,    ^  .     ti     1     f  A.  Berthoule. 

Arjuzon  (le  comte  d  ),  5,  square  du  Roule,  \  „      .    n  i    *  n 

.  n    ■  /'     '    ^  j  Comte  Galvet-Rogniat. 

(  A.Geoffroy Saint-Hilaire. 


PROCÈS-VERBAUX.  :275 

MM.  PRÉSENTATEURS. 

f,  ,.,     ,„        .X    .   n      •  I      (  J-  Gornély. 

Gaillard  lus  (Honore),  a  Pussigiiv,  par  les  \    .   ^     «.      <-  •  .  n-i  • 

f.  /u-         \  o  j'  r  }  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

Ormes  (Vienne).  /  / 

(G.  Pays  Melher. 

/-.  /»  i_ii  \     lo  1  '   n     •    1   A.  Berllioule. 

Grapanche  (Achille),   18,  rue  Juge,  a  Pans  \    .    ^     ^      ^  .     „.,  . 

.  /- T^     .  jn    .      .    '  M       v^  I  1  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire. 

et  4/  East  19  Street,  a  New-York.  /  „  .     ,,     \, , 

V  baint-Yves  Menard. 

SucHETET  (Luc-André),  au   château   d'Auti-  ^      '        „       ^,  ".      „.,  . 

...  ,-,    ,      .,,     ,,^  .       T  f  •        \         \  A.  Geolhoy  baint-Hilaire. 

ville,  par  GoderviUe  (beine-Inferieure).  c  ■      ir       ». . 

^  V  Saint-Yves  Menard. 

r^         ,,      .  ,  .      .  .  ,    -,       i   G.  Conte. 

pRAX  (Louis),  commissaire-priseur,  a  JNar-  \    .    ^    .u     i 

,,\\  ,  A.  Berthoule. 

bonne  (Aude).  i    k   r     «•      o  •  .  ui  • 

^         '  \  A.GeoiiroySaint-Hilaire. 

—  Des  remerciements  pour  les  cheptels  qui  leur  ont  été 
accordés  sont  adressés  par  MM.  Laborde,  comte  de  Montle- 
zun,  Ghandèze,  Roussel,  D'  J.  J.  Lafon,  et  baron  Le  Pelle- 
tier de  Glatigny. 

—  M.  Edouard  Maistre  écrit  de  Villeneuvette,  par  Cler- 
mont-l'llérault  : 

Je  viens  vous  demander  la  permission  de  vous  adresser  quelques 
observations  au  sujet  de  certaines  opinions  émises  par  plusieurs  de  nos 
honorables  collègues,  et  notamment  MM.  Joly  et  Mailles,  sur  les  Lépo- 
rides,  dans  les  séances  des  10  novembre  et  8  décembre  derniers. 

Je  dois  dire  que  si  je  prends  la  parole  à  ce  sujet,  c'est  que  depuis  trois 
ans  j'élève  des  Léporides  (du  commerce),  et  que  depuis  deux  ans  envi- 
ron, dans  le  but  d'en  avoir  d'authentiques,  je  fais  des  expériences  sur  la 
production  directe  de  l'hybride  du  Lièvre  et  du  Lapin  domestique. 

Pendant  la  même  période,  je  me  suis  occupé  aussi  de  trois  questions 
qui  paraissent  au  premier  abord  complètement  étrangères  à  celle  en 
discussion,  mais  dont  l'étude  peut,  par  analogie,  en  éclaircir  certains 
points  : 

1*  Reproduction  du  Lièvre  en  captivité  étroite; 

2°  id.  du  Lapin  sauvage; 

3"  Croisement  du  Lapin  sauvage  avec  des  Lapins  domestiques,  et  en 
particulier  avec  le  Léporide. 

Je  ne  néglige  rien  pour  résoudre  ces  différentes  questions,  mais  sur- 
fout pour  avoir  des  résultats  dont  l'exactitude  ne  puisse  être  révoquée 
en  doute  et,  dans  ce  but,  je  note  tout  ce  qui  se  passe  dans  mon  clapier, 
je  recueille  la  plus  grande  quantité  possible  d'observations  sur  les  ani- 
maux que  j'étudie,  et  que  j'ai  presque  constamment  sous  les  yeux. 

Dans  ces  conditions,  cependant,  si  j'arrive  au  résultat  cherché  (acoou- 


276  SOCIÉTÉ   NATIONALE    d' ACCLIMATATION. 

plement  d'un  Lièvre  et  d'une  Lapine,  et  si  je  l'annonce  à  notre  Société, 
me  croira-t-on  lorsqu'on  met  en  doute  les  affirmations  émises  par  l'hono- 
rable M.  Eugène  Gayot  dans  ses  différents  ouvrages  sur  la  question, 
affirmations  justifiées  par  les  expériences  instituées  par  lui  dans  un  but 
scientifique?  Quelles  sont  les  preuves  qui  vaudront  plus  que  son  témoi- 
gnage ? 

Eh  bien,  le  résultat  cité  ci-dessus,  je  viens  de  l'obtenir,  mais  impar- 
fait :  le  29  janvier  dernier,  une  femelle  de  Lapin  domestique,  fécondée 
par  un  bouquin  de  Lièvre,  donnait  naissance  à  quatre  petits,  qui  malheu- 
reusement furent  trouvés  morts  le  lendemain;  les  rats  en  avaient  à  moi- 
tié dévoré  un,  ce  qui  avait  probablement  été  la  cause  que  la  mère  avait 
laissé  périr  les  autres,  bien  conformés,  d'ailleurs. 

Ici,  pas  de  doute  au  sujet  de  la  valeur  spécifique  des  reproducteurs  : 
le  bouquin  est  bien  un  Levraut  pris  jeune,  il  y  a  deux  ans,  dans  une 
luzerne,  et  élevé  depuis  dans  mon  clapier;  la  Lapine  est  d'une  race  assez 
petite,  grise,  et  se  rapprochant  assez,  malgré  son  volume  double,  de  la 
race  sauvage. 

J'ai  conservé  dans  l'alcool  deux  des  petits  Léporides  ainsi  obtenus,  et 
si  la  1"  section  le  désire,  je  puis  lui  en  envoyer  un,  on  pourrait  le  com- 
parer avec  un  Lapin  du  même  âge,  c'est-à-dire  venant  de  naître.  Quant 
aux  reproducteurs,  je  les  ai  réunis  de  nouveau  pour  essayer  d'arriver  à 
un  résultat  plus  satisfaisant. 

Il  est  prouvé  pour  moi  que  la  chose  est  possible;  les  faits  cités  par 
M.  Gayot  m'en  avaient  d'ailleurs  donné  la  certitude. 

En  effet,  on  objecte  que  M.  Gayot  a  appelé  Léporides  le  produit  de  La- 
pines avec  un  certain  «  Bibi  »  dont  la  valeur  spécifique  n'était  pas  bien 
connue,  il  en  convient  lui-même  {Les  petits  quadrupèdes  de  la  maison 
et  des  champs,  f.  II,  p.  18);  mais  la  dernière  édition  de  cet  ouvrage 
(1871)  porte  à  sa  dernière  page  (f.  Il,  p.  379)  une  note  certifiant,  d'après 
l'autopsie  de  cet  animal,  que  Bibi  était  bien  un  lièvre. 

D'ailleurs  M.  Gayot  cite  plusieurs  exemples  d'accouplements  féconds 
entre  des  Lapins  et  de  véritables  Lièvres,  et  notamment  {même  ouvrage, 
f.  Il,  p.  9-17)  le  cas  d'un  Lièvre  à  lui  appartenant,  qui  a  fécondé  vingt- 
huit  Léporides  demi-sang. 

Mais,  puisque  des  affirmations,  même  de  la  part  de  personnes  aussi  au- 
torisées que  M.  Eugène  Gayot  ne  suffisent  pas  à  établir  l'authenticité  des 
Léporides,  il  est  nécessaire,  pour  arriver  à  connaître  la  vérité  sur  ce 
point,  non  seulement  d'adresser  des  questionnaires  détaillés  aux  per- 
sonnes s'oftcupant  de  cette  question,  mais  d'envoyer  chez  elles  une  com- 
mission spéciale  pour  contrôler  de  visu  leurs  expériences. 

Il  est  certain  que  les  Léporides  du  commerce,  en  grande  partie  du 
moins,  n'ont  aucun  droit  à  ce  nom,  et  c'est  facile  à  comprendre,  car  les 
éleveurs  (jui  possédaient  des  Léporides  authentiques  ont  dû  souvent  être 
assez  peu  scrupuleux  pour  vendre  sous  ce  nom  des  produits  de  ces  Lépo- 


PROCÈS-VERBAUX.  277 

rides  avec  des  Lapins,  ou  même  certaines  races  de  Lapins  ayant  des  ana- 
logies avec  les  Léporides,  l'acheteur  ne  sachant  pas,  la  plupart  du  temps, 
les  caractères  distinctifs  de  ceux-ci.  Ce  n'est  donc  pas  en  confiant  un 
couple  de  Léporides  du  commerce  à  un  membre  de  la  Société  qu'on 
apprendra  quelque  chose  sur  l'hybride  du  Lapin  et  du  Lièvre  ;  ce  n'est 
pas  non  plus  en  conflant  à  un  membre  un  Lièvre  et  une  Lapine  :  comme 
le  dit  très  bien  M.  Mailles,  le  résultat,  fort  douteux,  se  ferait  longtemps 
attendre  très  probablement,  car  il  faut  bien  se  garder,  dans  ces  expé- 
riences, d'opérer  dans  de  pareilles  conditions  :  on  ne  doit  pas  opérer  sur 
une  petite  échelle,  car  le  résultat,  quel  qu'il  soit,  ne  pourrait  être  géné- 
ralisé dans  ce  cas  ;  on  ne  doit  pas  mettre  en  scène  des  animaux  brus- 
quement changés  de  milieu,  expédiés  à  une  distance  plus  ou  moins 
grande,  je  parle  pour  les  Lièvres,  auxquels  une  pareille  secousse  enlève 
souvent,  pour  un  temps,  leurs  facultés  génératrices;  endn,  il  faut  (si  ce 
n'est  pas  une  condition  sine  qua  non  de  la  réussite,  c'est  toujours  un  grand 
point)  que  l'expérimentateur  y  apporte  une  très  grande  persévérance, 
les  résultats  se  faisant  ordinairement  longtemps  attendre  et,  j'irai  plus 
loin,  je  trouve  que,  de  plusieurs  expérimentateurs  consciencieux,  celui 
qui  est  convaincu  de  la  possibilité  du  fait  contesté,  arrivera  plus  tôt  au 
but  que  l'indifférent,  à  plus  forte  raison  que  celui  qui  nie  de  parti  pris. 

D'après  ces  considérations,  ne  semble-t-il  pas  que  le  mieux  serait 
d'étudier  bien  en  détail,  de  contrôler  les  résultats  chez  ceux  qui  se 
sont  occupés,  s'occupent  ou  vont  s'occuper  de  la  question,  et  après 
avoir  discuté  leur  valeur  scientifique,  en  faire  connaître  les  conclu- 
sions pratiques,  ce  qui  est  le  but  final  des  travaux  de  notre  honorable 
Société? 

En  ce  qui  me  concerne,  je  me  mets  entièrement  à  sa  disposition,  soit 
pour  faire  visiter  mon  clapier  d'expériences,  soit  pour  donner  sur  les 
questions  mentionnées  plus  haut,  et  à  la  solution  desquelles  il  est  des- 
tiné, les  détails  qui  me  seront  demandés. 

M.  Edouard  Maistre,  ayaot  été  piûé  de  vouloir  bien  faire 
parvenir  à  la  Société  un  de  ses  jeunes  Léporides,  adresse  la 
lettre  suivante  : 

Conformément  au  désir  que  vous  exprimez,  je  vous  ai  expédié  ce  matin 
par  la  poste,  dans  un  bocal  cacheté,  un  des  jeunes  Léporides  que  j'ai 
obtenus,  et  qui  sont  morts  en  naissant,  ou  quelques  heures  après  leur 
naissance.  Dans  ma  dernière  lettre,  j'attribuais  leur  mort  à  la  dent  des 
rats,  qui  en  avaient  rongé  un,  en  effet;  mais,  après  réflexion  et  examen 
de  la  mère  et  des  petits,  je  crois  plus  probable  que  le  volume  relative- 
ment très  considérable  de  ceux-ci  et  l'état  d'embonpoint  exagéré  de 
celle-là  ont  rendu  l'accouchement  très  laborieux,  et  causé  la  mort  des 
jeunes. 


278  SOCIÉTÉ   NATIONALE  d'ACCLIMATATION. 

Et,  à  ce  propos,  je  crois  devoir  signaler  à  la  Sociélé  un  écueil  contre 
lequel  se  lieurleront  souvent  les  personnes  poursuivant  de  semblables 
expériences. 

Les  femelles  de  Lapin  mises  en  cohabitation  avec  des  bouquins  de 
Lièvre  restent  souvent  fort  longtemps  sans  produire,  soit  que  la  résis- 
tance provienne  d'elles  ou  des  mâles;  il  en  résulte  qu'elles  s'engraissent 
outre  mesure,  d'autant  plus  que,  mangeant  toute  la  journée,  elles  con- 
somment, en  outre  de  leur  ration,  une  partie  de  celle  de  leur  compagnon, 
qui  ne  mange  guère  qu'aux  environs  de  la  nuit. 

Cet  embonpoint  finit  par  les  mettre  dans  l'impossibilité,  soit  de  con- 
cevoir, soit  de  mener  à  bon  terme  leur  portée,  soit,  comme  c'était  ici  le 
cas,  de  mettre  bas  dans  de  bonnes  conditions. 

Pour  éviter  cet  inconvénient,  il  faut,  de  temps  en  temps,  accoupler 
avec  des  Lapins  les  femelles  en  expérience  et  les  remettre  avec  les  bou- 
quins dès  la  mise  bas,  en  sacrifiant  leur  nichée,  ou  une  trentaine  de 
jours  après,  si  on  veut  la  conserver. 

—  M.  Berthoule  accuse  réceplion  des  500  œufs  de  Truite 
arc-en-ciel  dont  la  Société  a  bien  voulu  disposer  à  son  profit. 
Ces  œufs  ont  accompli  leur  long  voyage  dans  les  meilleures 
conditions.  C'est  à  peine  si  on  a  compté  40  morts  à  leur 
arrivée.  Leur  évolution  embryonnaire  était  déjà  très  avan- 
cée, et  tout  fait  espérer  que  l'éclosion  se  produii^a  de  la  façon 
la  plus  satisfaisante. 

—  M.  Vincent  accuse  également  réception  des  œufs  de 
Truite  arc-en-ciel  qui  lui  ont  été  adressés. 

—  M.  Glaser  fils,  de  Bàle,  fait  connaître  les  prix  auxquels 
il  pouiTait  fournir  à  la  Société  des  œufs  embryonnés  de 
Saumon,  de  Truite  et  d'Omble-Chevalier. 

—  M.  Berti^and,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  à  Poi- 
tiers, chargé  de  dresser  le  projet  d'une  échelle  à  Saumons 
pour  le  barrage  de  la  Vienne,  à  Châtellerauit,  prie  la  Société 
de  vouloir  bien  lui  fournir  quelques  informations  sur  les  di- 
vers types  d'échelles  à  Saumons  en  usage  à  l'étranger. 

Dans  une  seconde  lettre,  M.  Bertrand  remercie  des  rensei- 
gnements qui  lui  ont  été  adressés  en  réponse  à  sa  demande. 

—  M.  le  Préfet  des  Côtes-du-Nord  fait  parvenir  sa  réponse 
à  la  demande  de  renseignements  qui  lui  a  été  adressée  sur  la 
situation  de  la  pisciculture  dans  son  département. 

—  M.   Max  von   dem  Borne,  de   Berneuchen,  demande 


PROCÈS-VERBAUX.  279 

quelles  sonl  les  principales  espèces  de  poissons  qui  peuplent 
les  eaux  du  Doubs,  et  quelles  sont  les  parties  de  ce  cours 
d'eau  où  la  pêche  peut  s'exercer  le  plus  fructueusement. 

—  M.  Raveret-Wattel  signale  un  nouvel  essai  tenté  par  le 
gouvernement  de  la  Nouvelle-Zélande  pour  l'introduction  du 
Hareng  (Clupea  harengus)  dans  les  eaux  qui  baignent  cette 
colonie.  Le  13  mars  dernier,  le  vapeur  Jackal  est  parti  de 
Plymouth  emportant  une  cargaison  considérable  d'œuls  fé- 
condés, qui  ont  été  recueillis  par  M,  le  professeur  Cossart 
Ewart  sur  des  Harengs  péchés  aux  bancs  de  Ballantrae,  sur  la 
côte  sud  de  l'Ayrshire.  Comme  on  le  sait,  les  œufs  de  Hareng 
éclosent  en  l'espace  de  seize  à  dix-sept  jours.  11  est  donc 
nécessaire  de  retarder  le  développement  d'une  quarantaine 
de  jours,  pour  éviter  que  l'éclosion  ne  se  produise  pendant  le 
voyage,  ou,  tout  du  moins,  trop  longtemps  avant  l'arrivée  à 
destination.  Des  glacières  et  des  bacs  spéciaux  ont,  en  consé- 
quence, été  installés  à  bord  du  navire,  pour  loger  les  œufs  et 
pour  recevoir  les  alevins  qui  viendraient  à  naître  en  route. 
Les  œufs  seront  soumis  à  une  température  constante  de 
-j-  i  degré  environ. 

><i'*-^  M.  l'abbé  A.  Mondain,  directeur  de  l'Orphelinat  agri- 
cole de  La  Breille  (Maine-et-Loire),  sollicite  un  envoi  de  tuber- 
cules de  Stachys  affinis. 

—  M.  Joseph  Clarté,  de  Baccarat,  met  à  la  disposition  de  la 
Société  des  boutures  d'Elœagnus  edulis.  —  Remerciements. 

—  M.  le  Directeur  de  la  Société  «  La  Ramie  française  » 
adresse  quelques  exemplaires  de  la  brochure  de  M.  P.  A.  Fa- 
vier  sur  la  Ramie. 

—  M.  Sandford  annonce  l'envoi  qu'il  fait  faire  à  la  Société 
d'une  barrique  de  noix  de  Pacanier.  —  Remerciements. 
""—  A  l'occasion  de  la  lettre  de  M.  Ed.  Maistre,  relative  aux 
Léporides,  M.  Decroix  fait  connaître  que  la  1"  section,  qui  a 
déjà  reçu  communication  des  renseignements  contenus  dans 
cette  lettre,  prendrait  également  connaissance  avec  intérêt 
de  toutes  les  observations  dont  on  voudrait  bien  lui  faire 
part  concernant  les  Léporides. 

—  M.  le  D""  Brocchi  fait  remarquer  que,  d'après  les  termes 


280  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

de  sa  lettre,  notre  correspondant  semble  croire  que  l'on  nie 
la  reproduction  du  Lièvre  et  du  Lapin.  Or,  ce  qui  est  mis  en 
doute,  ce  n'est  pas  la  possibilité  du  croisement,  mais  la  pos- 
sibilité d'obtenir  par  ce  croisement  une  race  qui  se  perpétue, 
sans  que  les  sujets  obtenus  retournent,  par  un  phénomène 
d'atavisme,  aux  caractères  de  l'une  des  deux  espèces  croisées. 

—  M.  Decroix  annonce  que  le  Lièvre  confié  à  la  1"  section 
pour  les  expériences  dont  elle  s'occupe  paraît  avoir  été  appri- 
voisé, tout  en  montrant  un  naturel  assez  méchant.  Cet  ani- 
mal serait,  en  outre,  cryptorchide.  Quant  à  la  Lapine  qui 
l'accompagnait,  elle  avait  déjà  été  couverte  par  un  Lapin,  et 
elle  a  mis  bas  trente  jours  après  son  arrivée  chez  notre  col- 
lègue, M.  Joly,  qui  a  bien  voulu  se  charger  de  suivre  les 
essais. 

—  M.  Decroix  signale  l'intérêt  que  présente  l'envoi  de 
noix  de  Pacanier  annoncé  par  M.  Sandford;  on  peut  seule- 
ment regretter,  ajoute  notre  collègue,  que  cet  envoi  nous  soit 
fait  un  peu  tard  en  saison,  et  il  importera  de  mettre  les  noix 
en  distribution  aussitôt  qu'elles  nous  parviendront,  afin  que 
les  semis  puissent  avoir  lieu  le  plus  tôt  possible. 

.  —  M.  A.  Laloue  fait  une  communication  sur  la  valeur  des 
produits  industriels  des  Autruches  domestiques  (voy.  au  Bul- 
letin). 11  complète  ces  renseignements  par  les  détails  ci-après 
sur  rélevage  et  la  nourriture  des  Autruches  en  captivité  : 

Nous  avons,  malheureusement,  en  Algérie,  un  grand  inconvénient. 
Soit  faute  d'une  nourriture  convenable  et  bien  distribuée,  soit  faute 
d'un  espace  suffisant,  tous  nos  élèves  sont  atteints  d'une  maladie  des 
jambes  à  l'âge  de  trois  à  six  mois.  Nous  en  perdons  une  grande  partie 
par  suite  de  rupture  des  membres.  Nous  n'avons  pas  su,  jusqu'à  pré- 
sent, trouver  le  moyen  d'éviter  ces  accidents.  Il  nous  est  arrivé,  sur 
vingt-quatre  Autruchons  mâles,  par  exemple,  de  n'en  sauver  qu'un  ou 
deux,  ce  qui  nous  a  empêchés  de  prospérer,  car  depuis  quelques  années, 
on  s'est  donné  en  Algérie  toutes  les  peines  possibles  pour  arriver  à  un 
bon  résultat. 

Pour  la  nourriture  d'une  Autruche,  il  faut  compter  environ  100  francs 
par  mois.  On  nourrit  ces  animaux  avec  de  l'herbe,  de  la  luzerne,  quel- 
quefois des  feuilles  de  vigne.  Lorsqu'on  manque  de  verdure,  il  suffit  de 
leur  donner  des  fourrages  arrosés  d'eau  avec  un  peu  de  sel.  Il  est  vrai 


PROCÈS-VERBAUX.  281 

que  cette  nourriture  n'est  pas  favorable  et  ne  pourrait  être  employée 
longtemps  ;  mais,  faute  d'autre,  elle  permet  d'attendre  un  temps  meilleur. 
Nous  avons  pu  entretenir  des  Autruches  pendant  plus  d'un  mois  et 
demi  rien  qu'avec  des  luzernes  sèches  arrosées  d'eau,  avec  du  seigle, 
de  l'avoine,  de  l'orge.  Quant  au  prix  d'entretien,  il  dépend  naturelle- 
ment du  nombre  de  personnes  employées  pour  soigner  les  animaux. 
.  Les  sujets  reproducteurs  sont  installés  de  différentes  façons.  Au  Jardin 
d'essai,  ils  sont  dans  des  parcs  d'une  contenance  d'environ  300  mètres, 
entourés  de  murs,  de  grillages  pour  intercepter  le  jour  entre  les  dif- 
férents parcs.  Il  est  indispensable  que  les  oiseaux  ne  s'aperçoivent  pas 
mutuellement;  sans  quoi  la  jalousie  s'en  mêle.  Ils  s'envoient  mutuelle- 
ment des  coups  de  pied  à  travers  les  barrières  ;  celles-ci  se  brisent  et 
bientôt  s'engagent  des  batailles  qui  amènent  de  graves  blessures. 
Nous  avons  vu  des  pieds  entamés  où  l'on  apercevait  l'os.  Les  animaux 
toutefois  ont  une  très  bonne  charnure  ;  on  les  guérit  très  rapidement. 
A  Aïn-Marmora,  on  a  construit  des  murs  qui  sont  élevés  de  2  mètres  et 
plus.  J'avoue  que  c'est  là  une  grosse  erreur,  car  la  dépense  est  très 
lourde.  Les  animaux  ne  s'en  trouvent  pas  mieux,  au  contraire  ;  ils  ne 
paraissent  pas  s'y  convenir.  Cependant  on  a  obtenu  des  résultats  dans 
ce   parc. 

A  Zéralda,  on  a  installé  des  parcs  avec  des  clôtures.  On  a  laissé 
dans  l'intervalle  un  espace  de  3  ou  4  mètres,  suivant  les  dispositions, 
dans  lequel  nous  laissons  pousser  des  broussailles  vives,  avec  l'espé- 
rance qu'un  jour  ces  broussailles  remplaceront  les  fagots  qui  y  sont 
actuellement.  Les  oiseaux  s'y  trouveraient  mieux. 

Les  parcs  de  Marmora  ont  300  à  400  mètres  de  superficie  :  15  mètres 
sur  25.  Ceux  de  Zéralda  sont  inégaux  :  les  uns  ont  300  mètres;  les 
autres  400.  On  a  profité  des  accidents  de  terrain  de  façon  à  donner  le 
plus  d'espace  possible  et  à  profiter  des  broussailles  pour  les  isoler  les 
uns  des  autres.  En  principe,  il  convient  de  donner  300  mètres  d'espace 
aux  oiseaux  reproducteurs. 

Au  Cap  de  Bonne-Espérance,  on  donne  un  plus  grand  espace.  Mon  avis 
est  que  c'est  là  une  des  causes  du  succès;  je  crois  qu'en  donnant  un 
espace  plus  grand,  oh  il  y  aurait  de  la  verdure,  une  culture  quelconque, 
où  les  animaux  pourraient  courir  toute  la  journée,  à  droite  et  à  gauche, 
je  crois,  dis-je,  que  nous  obtiendrions  un  meilleur  résultat. 

L'année  dernière,  nous  avons  essayé  trop  tard,  nos  animaux  étaient 
déjà  pris  de  la  maladie  ;  nous  n'avons  pu  conserver  que  ceux  qui  ont 
profité  de  l'espace  donné,  et  qui  depuis  sont  devenus  bien  plus  grands 
que  ceux  que  nous  avions  l'habitude  d'obtenir  jusqu'à  présent. 

—  M.  le  Secrétaii'e  général  rappelle  à  ce  sujet  qu'une 
opinion  absolument  conforme  à  celle  de  M.  Laloue  a  été 
émise,  il  y  a  déjà  longtemps,  par  M.  Gréput  : 


SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

Tout  récemment  encore,  dit  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  j'avais  l'hon- 
neur de  donner  communication  à  la  Société  d'un  mémoire  dans  lequel 
M.  Créput  expliquait  comment,  après  des  tâtonnements  nombreux,  après 
avoir  modifié  la  nourriture  de  plusieurs  façons,  il  est  arrivé  à  penser 
que  si  l'Autruche  était  prise  de  rachitisme  entre  quatre  et  huit  mois, 
ce  devait  être  manque  d'espace.  M.  Créput  a  mis  ses  jeunes  élèves  dans 
des  conditions  de  mouvement,  de  liberté  plus  importantes,  et  il  a  dé- 
claré avoir  obtenu  un  résultat  plus  considérable.  Il  avait  amené  à  bien 
son  élevage  entier  sans  plus  de  peine  que  pour  des  Poulets. 

Les  Autruches,  à  l'état  sauvage,  sont  obligées  de  déployer  une  acti- 
vité incessante  pour  chercher  leur  nourriture,  qui  est  très  clairsemée, 
sur  d'immenses  terrains.  Elles  font  de  grands  parcours  pour  se  saisir 
des  Lézards,  des  Insectes,  des  graines  dont  elles  font  leur  alimentation  ; 
il  leur  faut  faire  beaucoup  de  chemin  pour  trouver  ce  qui  est  néces- 
saire à  leur  pâture. 

M.  Laloue  est  donc  en  accord  parfait  avec  notre  collègue,  M.  Céput, 
sur  la  solution,  qui  semblerait  trouvée  aujourd'hui. 

—  M.  le  Président  demande  quel  est  l'espace  qu'il  con- 
vient de  donner  aux  Autruches  pour  qu'elles  soient  dans  de 
bonnes  conditions. 

—  M.  Laloue  répond  qu'un  espace  d'au  moins  4-00  à 
500  mètres  est  nécessaire  et  il  donne  à  ce  sujet  les  détails 
ci-après  : 

Dans  notre  établissement,  nous  leur  avons  donné  presque  un  hectare, 
dans  lequel,  au  lieu  d'avoir  du  sable,  nous  avons  fait  semer  de  laluzerne,  de 
l'orge,  des  graminées  quelconques.  L'animal  court  toujours  à  droite  et  à 
gauche  et  se  donne  de  l'exercice.  De  plus  il  mange  un  peu  toute  la 
journée,  sa  digestion  se  fait  graduellement.  Quand,  au  contraire,  on 
lui  apporte  sa  nourriture  une,  deux,  trois  fois  dans  la  journée,  c'est  in- 
suffisant. Ces  animaux  sont  très  gloutons;  ils  avalent  immédiatement  ce 
qu'on  leur  apporte.  Nous  en  avons  eu  plusieurs  qui  sont  morts  d'indi- 
gestion pour  avoir  trop  mangé.  Les  cailloux  sont  absolument  nécessai- 
res à  leur  existence.  En  Algérie,  lorsque  nous  avons  distribué  la  nour- 
riture, l'orge,  la  verdure,  etc.,  les  oiseaux  se  précipitent  vers  des  tas 
de  cailloux  qui  sont  mis  à  leur  disposition.  Ils  avalent  des  pierres  très 
grosses.  Ces  pierres  semblent  indispensables  à  leur  existence  ;  quand 
ils  n'en  ont  pas,  ils  souffrent.  Nous  en  avons  perdu  plusieurs  qui  ont 
péri  étouffés;  ils  n'avaient  pas  de  cailloux  dans  leur  gésier. 

—  M.   Raveret-Wattel    fait   une  communication  sur  les 


PROCÈS-VERBAUX.  283 

travaux  entrepris  au  laboratoire   d'agriculture  marine  de 
Flôdevig  (Norvège)  par  M.  le  capitaine  G.-M.  Dannevig. 

• —  M.  de  Barrau  de  Muratel  signale  l'arrivée  précoce  des 
Hirondelles  dans  le  Tarn.  Notre  collègue  a  vu  de  ces  oiseaux 
dès  le  i-4  mars  ;  à  la  vérité  le  temps  était  beau  et  chaud  depuis 
plusieurs  jours.  Le  58,  il  en  a  vu  trois  ensemble.  Peut-être 
formaient-elles  l'avant-garde  des  légions  qui  devaient  arriver  ; 
mais  M.  de  Barrau  de  Muratel  n'a  pas  pu  s'en  assurer,  étant 
parti  pour  Paris  le  30  mars.  Jamais,  ajoute  notre  collègue,  je 
n'avais  vu  d'Hirondelles  avant  les  premiers  jours  d'avril. 

—  M.  le  Président  estime  que  les  arrivages  d'Hirondelles 
ne  varient  guère  que  d'une  quinzaine  de  jours.  Les  observa- 
tions faites  à  ce  sujet  ont  permis  de  dresser  des  tables  des 
migrations. 

—  M.  de  Barrau  de  Muratel  se  demande  si  l'arrivée  précoce 
des  Hirondelles  serait  l'annonce  d'un  été  chaud  ;  lorsqu'il  a 
vu  ces  oiseaux,  le  thermomètre  oscillait  entre  45  et  20  degrés, 
ce  qui  est  une  température  très  suffisante  pour  les  Hiron- 
delles. 

—  M.  le  D'  Brocchi  fait  observer  que  ce  n'est  pas  parce  que 
l'on  aura  vu  deux  ou  trois  Hirondelles,  qu'on  peut  dire 
qu'elles  sont  arrivées.  Tous  les  ans,  un  certain  nombre  d'Hi- 
rondelles, pour  une  raison  quelconque,  ne  partent  pas  avec 
les  autres  ;  elles  hivernent,  elles  restent  dans  des  trous  et  elles 
profitent  des  beaux  jours.  On  en  voit  quelquefois,  en  plein 
hiver,  qui  sortent  quand  il  fait  beau  et  chaud. 

—  M.  Mailles  rappelle  que  les  premières  Hirondelles  arri- 
vent dans  les  environs  de  Paris  vers  le  21  mars  ;  ce  sont  des 
Hirondelles  de  cheminée.  Les  Hirondelles  de  fenêtre  n'arri- 
vent pas  avant  le  mois  d'avril. 

—  En  annonçant  l'arrivée  au  Jardin  d'acclimatation  de 
Chabins  et  de  Bœufs  nalos  du  Chili,  M.  Geoffroy  Saint-Hilaire 
met  sous  les  yeux  de  l'assemblée  des  aquarelles  représentant 
ces  animaux.  Il  rappelle  que  les  Bœufs  natos  se  rencontrent 
dans  un  certain  nombre  de  provinces  de  l'Amérique  du  Sud. 
Cette  race  est  caractérisée  par  le  peu  de  longueur  des  jambes 
et  par  une  conformation  particulière  de  la  lêle  ;  le  maxillaire 


284  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'aCCLIMATATION. 

inférieur  est  beaucoup  plus  long  que  la  mâchoire  supérieure, 
de  sorte  que  les  dents  font  saillie,  absolument  comme  chez  le 
Chien  bouledogue.  En  Europe,  il  n'est  pas  rare  de  voir  naître 
des  Veaux  avec  cette  difformité,  qui,  devenue  héréditaire  et 
complètement  fixée  après  un  certain  nombre  de  générations, 
a  formé,  en  Amérique,  la  race  nata.  Chez  cette  race,  les  pro- 
portions de  la  tête  sont  singulièrement  modifiées.  Tandis  que, 
chez  notre  Bœuf  domestique,  l'œil  se  trouve  placé  à  peu  près 
aux  deux  tiers  supérieurs  de  la  tête  (c'est-à-dire  qu'en  divi- 
sant la  longueur  de  la  tête  en  trois  parties,  il  y  en  a  deux  au- 
dessous  de  l'œil  et  une  au-dessus),  chez  les  Bœufs  natos, 
l'œil  se  trouve  à  peu  près  à  égale  distance  du  sommet  de  la 
tête  et  de  l'extrémité  du  mufle.  Si  ces  animaux  sont  curieux, 
ils  ne  peuvent  rendre  aucun  service  particulier.  Leur  alimen- 
tation ne  se  fait  que  d'une  façon  défectueuse;  ils  ne  sauraient 
donc  être  recommandés  au  point  de  vue  de  la  multiplication 
dans  l'agriculture.  Au  Chili,  on  leur  trouve  un  avantage: 
celui  d'être  plus  faciles  à  tenir  enfermés  dans  les  clôtures, 
qu'ils|nefpeuvent  franchir  aisément  à  cause  de  leurs  jambes 
courtes. 

Quant  aux  Chabins,  ou  hybrides  féconds  du  Mouton  et  delà 
Chèvre,  leur  existence  a  souvent  été  niée.  L'arrivée  en  France 
de  spécimens  de  celte  race  présente  donc  de  l'intérêt.  Ces 
animaux  vont  être  soumis  à  M.  le  professeur  Sanson  et  seront, 
de  sa  part,  l'objet  d'un  rapport  dont  la  Société  recevra  com- 
munication. 

—  M.  Maurice  Girard  annonce  que  l'École  d'agriculture  de 
Grignon  vient  de  recevoir  également  trois  Chabins  :  un  mâle 
et  deux  femelles. 

—  M.  Daresle  rappelle  qu'il  y  a  une  vingtaine  d'années, 
étant  professeur  à  la  Faculté  des  sciences  de  Lille,  il  a  eu 
occasion  d'observer,  dans  une  localité  voisine  de  cette  ville, 
un  Veau  qui  présentait  tous  les  caractères  de  la  race  nata.  Un 
travail  publié  à  ce  sujet,  par  noire  collègue,  dans  le  Bulletin 
du  comice  agricole  de  Lille,  mentionnait,  avec  détails, 
l'existence  de?  Bœufs  natos  de  l'Amérique  du  Sud.  Mais 
quelques  personnes  contestèrent  l'existence  de  cette  race. 


PROCÈS-VERBAUX.  285 

L'arrivée  au  Jardin  d'acclimatation  des  aniniaux  qui  lui  ont 
été  expédiés  du  Chili,  vient  rendre  le  doute  impossible.  Au 
Mexique,  il  existait,  paraît-il,  une  race  de  Bœufs  natos  sans 
cornes. 

M.  Dareste  ajoute  que,  chez  nos  Bœufs  domestiques,  les 
naissances  de  sujets  présentant  cette  difformité  des  mâchoires 
n'est  nullement  rare.  Une  thèse,  récemment  publiée,  cite  de 
de  nombreuses  observations  recueillies  dans  le  département 
du  Pas-de-Calais.  Dans  presque  tous  les  cas,  la  déformation  de 
la  tête  était  accompagnée  d'autres  monstruosités  portant  sur 
différentes  parties  du  corps,  spécialement  sur  le  rectum  et 
sur  les  organes  génitaux. 

—  M.  le  Secrétaire  général  constate  qu'en  effet  presque 
tous  les  Veaux  qui  naissent  entachés  de  monstruosité  dans  la 
forme  de  la  tête,  présentent  d'autres  vices  de  conformation 
qui  en  rendraient  l'élevage  difficile. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  a  eu  occasion  d'examiner  un  Veau 
à  tête  de  bouledogue  qu'exhibait  un  bateleur.  Ce  Veau, 
auquel  la  conformation  de  ses  mâchoires  n'aurait  pas  permis 
de  teter,  avait  dû  être  allaité  artificiellement;  les  membres, 
fortement  incurvés  etd'une  très  grande  faiblesse,  ne  pouvaient 
porter  l'animal.  Chez  les  Bœufs  du  Chili  qui  viennent  d'ar- 
river au  Jardin  d'acclimatation,  les  membres  sont  droits,  bien 
conformés  et  seulement  un  peu  courts. 

Notre  confrère  saisit  cette  occasion  pour  rappeler  que  le 
Jardin  d'acclimatation  a  reçu  en  juillet  1883  une  Mule  arabe 
(Catherine) ,  accompagnée  d'une  jeune  Pouliche ,  sa  fille 
(Gonstantine),  née  en  mars  1873,  et  d'un  Cheval  barbe  (Caïd), 
son  étalon. 

Le  fait  d'une  Mule  fécondée  par  un  Clieval,  sans  être  nouveau,  dit 
M.  Ménard,  était  assez  rare  pour  attirer  l'attention  ;  et  ce  qui  frappait 
particulièrement,  c'était  la[^,vigueur  de  la  petite  Pouliche  qui  paraissait 
devoir  s'élever  très  facilement. 

Dans  les  exemples  de  reproduction  des  Mules  connues  jusqu'alors,  on 
remarque  une  sorte  de  gradation  de  la  fécondité.  Les  femelles  fécondées 
ont  été  peu  nombreuses  ;  souvent  elles  ont  avorté,  rarement  elles  ont 
donné  des  produits  viables,  et  c'est  très  exceptionnellement  que  ceux- 
ci  ont  pu  être  élevés  comme  des]^animaux  ordinaires. 


286  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

Eh  bien,  Constantinea  pris  un  très  beau  développement,  elle  a  atteint 
la  taille  de  son  père,  l^jdb  environ,  et  elle  est  devenue  une  bêle  de 
service  remarquable. 

A  son  entrée  au  Jardin  d'acclimatation,  la  Mule  Catherine  était  encore 
pleine  du  même  Cheval.  En  avril  1874,  elle  a  donné  le  jour  à  une  se- 
conde Pouliche  (Hippone)  qui  s'est  développée  comme  sa  sœur  aînée, 
qui  a  fait  paire  avec  elle  à  la  voiture  et  qui  est  aujourd'hui  une  des 
meilleures  bêtes  de  selle  du  manège  du  Jardin  d'acclimatation. 

Ces  deux  produits  de  la  Mule,  qui  sont  trois  quai'ts  de  sang  Cheval, 
ressemblent  absolument  à  des  Chevaux,  l.es  personnes  non  prévenues 
les  considèrent  comme  tels  et  l'examen  le  plus  approfondi  des  carac- 
tères extérieurs  (oreilles,  crinière,  queue,  etc.)  ne  décèle  en  rien  le 
quart  de  sang  d'Ane.  Seul,  le  hennissement  présente  une  petite  différence 
avec  celui  du  Cheval. 

La  descendance  de  Catherine  ne  s'est  point  arrêtée  là.  Notre  Mule 
accouplée  avec  un  Ane  d'Egypte  a  donné  naissance  à  deux  sujets  mâles, 
Salem  en  juin  1875  et  Athman  en  janvier  1878.  Ce  sont  des  animaux 
d'une  vigueur  peu  commune,  d'une  grande  vitesse,  d'une  résistance  au 
travail  tout  à  fait  extraordinaire.  Chose  curieuse  !  ces  produits  trois 
quarts  de  sang  Ane,  que  l'on  pouvait  s'attendre  à  voir  rapprochés  du 
Cheval,  ressemblent  absolument  à  des  Mulets.  Toutes  les  personnes  qui 
les  voient  faire  le  service  de  ti-amw^ay  de  la  Porte  Maillot  au  Jardin 
d'acclimatation  les  prennent  pour  desjMulets.  Ils  ont  les  oreilles  demi- 
longues,  la  crinière  un  peu  courte  et  tombante,  la  queue  à  moitié  garnie 
de  crins  vers  le  haut  ;  leur  voix  tient  le  milieu  entre  le  hennissement 
et  le  braiment. 

Enfin  Catherine  a  été  représentée  à  son  premier  étalon  Caïd  ;  elle  a 
avorté  en  1879,  puis  elle  a  donné  en  juin  1881  un  cinquième  produit 
«  Kroumir  »  qui  ressemble  à  un  Cheval  comme  Constantine  et  Hippone, 
qui  commence  à  travailler  et  qui  promet  de  ne  le  céder  en  rien  à  ses 
frères  et  sœurs  sous  le  rapport  de  la  bonne  constitution  et  de  l'énergie. 

Ces  animaux  présentent  un  réel  intérêt  scientifique  et  peuvent  éclai- 
rer plusieurs  points  de  la  question  de  l'hybridation. 

Us  démontrent  tout  à  la  fois  et  la  rapidité,  en  certains  cas,  du  retour  à 
l'espèce  qui  intervient  à  la  seconde  génération  (Constantine,  Hippone, 
Kroumir),  et  l'irrégularité  de  ce  retour  (Salem  et  Alman). 

Nous  avons  voulu  nous  rendre  compte  de  la  fécondité  des  enfants  de 
la  Mule. 

Accouplée  avec  Caïd,  puis  avec  un  Cheval  japonais,  «  Nippon  »,  Cons- 
tantine a  été  pleine  deux  fois,  et  les  deux  fois  en  1871  ;  puis  en  mars 
1886,  elle  a  mis  bas  à  terme,  mais  elle  a  eu  des  produits  chétifs,  inca- 
pables de  se  porter,  hors  d'état  de  vivre.  Ces  produits  avaient  tous  les 
caractères  du  Cheval. 

Hippone,  saillie  par  le  même  étalon  japonais,  sujet  très  vigoureux. 


PROCÈS-VERBAUX.  287 

a  été  pleine  également  et  a  eu  en  août  1882  un  produit  débile  sem- 
blable aux  précédents,  qu'elle  n'a  pas  élevé. 

Quand  à  Salem,  il  a  sailli  plusieurs  juments  sans  résultats  ;  cela  donne 
une  présomption  de  son  infécondité.  Nous  n'en  pouvons  pas  dire  da- 
vantage. 

—  M.  le  Sécrétai l'e  général  fait  remarquer  à  cette  occasion 
que,  chez  les  animaux  hybrides,  l'infécondilé  des  mâles  est  si- 
non générale,  au  moins  très  fréquente.  C'est  ainsi,  par  exemple, 
que  dans  les  divers  croisements  qui  ont  été  faits  en  Europe, 
de  l'Yack  avec  le  Bœuf  ordinaire  et  avec  le  Zébu,  les  femelles 
hybrides  se  sont  toujours  montrées  d'une  fécondité  extraordi- 
naire, tandis  que  jamais  les  mâles  n'ont  pu  être  employés 
comme  étalons. 

—  M.  Raveret-Wattel  rappelle  que,  dans  les  essais  de  croi- 
sements faits  à  Halle,  par  M.  le  pi^ofesseur  Kûhn,  entre  le 
Gayal  de  l'Inde  (Bibos  frontalis)  et  le  Bœuf  domestique,  les 
produits  femelles  se  sont  toujours  montrés  féconds  ;  les  sujets 
mâles,  au  contraire,  n'ont,  jusqu'à  ce  jour,  donné  aucun 
produit,  pas  plus  avec  des  femelles  d'une  des  deux  espèces 
souches  qu'avec  des  Vaches  hybrides  comme  eux. 

Des  faits  analogues  ont  été  observés  chez  les  Poissons.  De 
nombimix  essais  de  croisements  ont  eu  lieu,  dans  ces  der- 
nières années,  entre  diverses  espèces  de  Salmonidés  ;  parmi 
les  produits  obtenus,  on  trouve  fréquemment  des  femelles 
donnant  des  œufs,  tandis  qu'il  est  très  rare,  au  contraire,  de 
rencontrer  des  mâles  dont  la  laitance  renferme  des  sperma- 
tozoïdes. 

—  M.  le  Président  demande  s'il  y  a  quelque  chose  de  fondé 
dans  l'opinion,  assez  répandue  dans  les  campagnes,  que, 
quand  une  Jument  a  été  saillie  par  un  Ane  et  qu'elle  a  donné 
naissance  à  un  Mulet,  si  elle  est  ensuite  saillie  par  un  Cheval, 
le  nouveau  produit  obtenu  tient  toujours  un  peu  du  Mulet. 

—  M.  Dareste  rappelle  qu'un  fait  analogue  a  été  raconté  au 
sujet  d'une  Jument  qui  aurait  été  fécondée  une  première  fois 
par  un  Zèbre,  et  dont,  ultérieurement,  les  produits  se  seraient 
toujours  i^essentis  de  cette  union  ;  mais  ce .  l'ait  a  été  très 
sérieusement  contesté. 


288  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

—  M.  Saint-Yves  Ménard  dit  que,  dans  les  campagnes,  où 
cette  influence  du  mâle  est  généralement  admise,  on  a  donné 
le  nom  de  Chevaux-Mulets  aux  produits  d'une  Jument  qui  a 
été  une  première  fois  saillie  par  un  Ane.  Dans  les  essais  de 
croisements  faits  au  Jardin  d'acclimatation,  une  femelle  de 
Daw,  qui,  après  avoir  été  couverte  deux  fois  par  un  Cheval, 
avait  été  donnée  à  un  mâle  de  son  espèce,  aurait  pu  fournir 
d'intéressants  éléments  d'observation  sur  la  question  ;  mal- 
heureusement, le  sujet  est  mort  avant  que  le  fœtus  ait  ses 
zébrures  dessinées. 

—  iM.  Geoffroy  Saint-Hilaire  fait  connaître  que  cette  expé- 
rience va  pouvoir  être  reprise  avec  une  femelle  de  Daw,  qui 
se  trouve  en  ce  moment  au  Jardin  zoologique  de  Marseille. 

Le  Secrétaire  des  séances, 
G.  Raveret-Wattel. 


IHIV 


If  • 


III.   EXTRAITS  DES  PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES  DES  SECTIONS. 


PREMIERE  SECTION. 

SÉANCE   DU  2   MARS   1886. 
Présidence  de  M.  Decroix,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  dernière  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Cretté  de  Palluel  déclare  qu'il  a  essayé,  à  plusieurs  reprises 
d'obtenir  des  Léporides,  en  formant  des  couples  de  Lapins  et  de  Hases; 
mais  le  résultat  a  toujours  été  négatif. 

M.  le  Président  pense  qu'il  serait  utile  que  des  tentatives  de  ce  genre 
fussent  reprises,  avec  des  couples  Lièvres  et  Lapines. 

M.  Cretté  de  Palluel  répond  qu'il  n'est  plus  à  même  de  se  livrer  à 
des  expériences  semblables. 

M.  Joly  dit  qu'il  a  eu  de  ces  ménages  Lièvres-Lapines,  et  qu'aucun 
produit  n'a  été  obtenu. 

M.  Cretté  de  Palluel  signale  les  hybrides  de  Chardonnerets  et  de  Se- 
rines; ces  hybrides  s'obtiennent  difficilement,  et  il  faut,  le  plus  sou- 
vent, former  un  grand  nombre  de  couples  pour  réussir  avec  un  ou 
deux. 

M.  Mailles  fait  observer  qu'en  général  les  oiseaux  donnent  plus 
facilement  des  produits  hybrides  que  les  mammifères,  puisque  l'on  ob- 
tient de  ces  reproductions  non  seulement  d'espèces  appartenant  au 
même  genre,  mais  aussi  à  des  genres  différents  ;  tandis  que  les  mam- 
mifères, surtout  les  petits,  et  notamment  les  rongeurs,  se  montrent 
rebelles  aux  croisements  entre  espèces  distinctes,  quoique  du  même 
genre;  les  grandes  espèces,  surtout  les  ruminants  et  les  solipèdes, 
donnent  plus  aisément  de  ces  produits. 

M.  Huet  cite  les  hybrides  de  Faisans  de  diverses  espèces  et  même  de 
divers  genres,  et  ceux  obtenus  de  l'union  du  Coq  faisan  et  de  la  Poule 
domestique.  On  peut  voir  de  ces  différents  produits  à  la  Ménagerie  et 
au  Jardin  d'Acclimatation. 

■  M.  Berthoule  donne  ensuite  lecture  d'une  lettre  de  M.  Egal,  dans 
laquelle  notre  collègue  déclare  ne  posséder  que  des  Léporides  3/i  sang 
Lièvre;  M.  Egal  offre,  en  même  temps,  quelques-uns  de  ces  animaux 
à  la  Société,  offre  que  la  section  accepte  avec  reconnaissance. 

M.  Mailles  propose  qu'une  note  soit  insérée  dans  la  Chronique,  dans 
le  but  d'obtenir  des  renseignements  sur  l'état  actuel  de  la  colonie  des 
Dipodillus  Simoni  (Lataste). 

M.  Decroix  déclare  s'intéresser  méJiocrcment  à  ce  petit  rongeur;  s'il 

4"  SÉRIE,  T.  III.  —  Mai  1886.  19 


290  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d' ACCLIMATATION. 

appuie  la  proposition  de  M.  Mailles,  c'est  uniquement  parce  qu'il  s'agit 
d'une  expérience  intéressante,  dont  le  but  est  de  suivre  les  modifica- 
tions  successives  que    pourra  subir,  par  l'effet  de   la  domesticité,  le 
petit  animal. 
31ise  aux  voix,  la  proposition  est  adoptée. 

Le  Secrétaire, 

GH.    3IAILLES. 


DEUXIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  2   MARS   1886. 
Présidence   de    M.   HuET. 

Lecture  du  procès-verbal,  qui  est  adopté. 

M.  Gretté  de  Palluel  rappelle  que,  dans  une  séance  de  l'année  der- 
nière, il  avait  été  amené  à  parler  de  la  mue  des  oiseaux;  cette  commu- 
nication lui  valut  une  lettre  de  M.  Rogeron,  lettre  dans  laquelle 
M.  Rogeron  se  sert  d'expressions  qu'il  ne  peut  accepter, 

MM.  Huet,  Joly  et  plusieurs  membres  de  la  section  confirment  ces 
paroles 

M.  Gretté  de  Palluel,  à  la  demande  de  la  section,  veut  bien  promettre 
de  donner  dans  une  procbaine  séance  un  rapport  sur  ce  sujet. 

M.  Huet  donne  lecture  d'un  rapport  sur  un  mémoire  de  M.  des  Murs,, 
sur  une  exposition  d'un  système  unique  de  classification  en  zoologie, 
spécialement  pour  l'ornithologie. 

Dans  cette  notice,  M.  des  Murs  émet  le  vœu  que  l'on  change  la  mé- 
thode de  classification  des  êtres  qui  depuis  les  premiers  auteurs  sont 
classés  des  plus  parfaits  aux  plus  dégradés. 

M.  des  Murs  propose  au  contraire,  rappelant  en  cela  les  idées  de 
Schaeffer,  Lamarck,  Lesson  et  Reichenback,  de  commencer  par  les  êtres 
les  plus  inférieurs,  pour  terminer  par  les  plus  élevés  comme  organisa- 
tion. 

De  plus  M.  des  Murs  se  demande  s'il  n'y  aurait  pas  lieu  d'instituer 
deux  ordres  de  plus  dans  la  classe  des  oiseaux  : 

Parmi  les  Nageurs,  l'ordre  des  Manchots  ; 

Parmi  les  Gallinacés,  celui  des  Mégapodes. 

Enfin  M.  des  Murs  exprime  le  vœu  que  la  Société  prenne  l'initiative,  en 
cette  occasion,  pour  formuler  une  proposition  dans  ce  sens,  et  croit  que 
cette  initiative  prise  par  elle  ferait  prendre  en  considération  cette  pro- 


PROCÈS-VERBAUX.  291 

position,  qui  rendrait  plus  logique  et  plus  rationnel  l'enseignement 
officiel  des  sciences  naturelles  et  aiderait  au  progrès  de  l'instruction 
publique.  ,  • 

Le  Secrétaire, 

E.    JOLY. 


TROISIEME  SECTION. 

SÉANCE    DU     10    MARS    1886. 
Présidence  de  M.  Vaillant. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  Berthoule  donne  lecture  d'une  lettre  de  M.  Lefebvre,  dans  laquelle 
il  est  fait  mention  de  la  présence  de  Saumons  dans  les  eaux  de  la  vieille 
Somme.  M.  Lefebvre  ajoute  que  ses  essais  d'élevage  de  Salmonidés  ont 
été  contrariés  par  un  accident  survenu  à  la  vésicule,  qui  était  double 
chez  un  grand  nombre  d'alevins. 

M.  Berthoule  pense  qu'il  s'agit  de  fragments  d'enveloppe  d'œufs  restés 
fixés  contre  la  vésicule,  ce  qui  a  pu  induire  M.  Lefebvre  en  erreur  ; 
iM.  Berthoule  ajoute  que  cette  particularité  s'observe  assez  souvent. 

M.  Rathelot  déclare  qu'il  n'a  jamais  constaté  la  présence  de  fragments 
d'œufs  restés  ainsi  fixés;  mais  notre  collègue  croit  que  M.  Lefebvre  ne 
commet  pas  d'erreur  en  signalant  le  fait  d'une  épidémie  ayant  pour 
caractère  apparent  le  dédoublement  de  la  vésicule.  M.  Rathelot  a  pu 
observer  fréquemment  cet  accident  pathologique. 

M.  le  comte  d'Esterno  entretient  la  section  au  sujet  des  ophidiens  de 
son  département  et  d'un  Saurien  apode,  l'Orvet.  Mais  les  paysans  de 
cette  contrée  croient  à  l'existence  d'une  Vipère  pourvue  de  deux  pattes. 
Renseignements  pris,  M.  d'Esterno  a  reconnu  qu'il  s'agit  simplement  de 
Vipères  ordinaires  qui,  sous  l'influence  d'une  souffrance  vive,  ont  projeté 
extérieurement  leurs  appareils  reproducteurs,  internes  lorsqu'ils  sont  au 
repos  et  garnis  d'appendices  épineux. 

M.  Vaillant  dit  que  ce  sont  les  pénis,  doubles  chez  ces  animaux,  qui 
sont  garnis  d'épines. 

M.  le  D'  Brocchi  entretient  la  section  au  sujet  de  la  reproduction  de  la 
grande  Lamproie.  Ce  poisson  étant  vivipare,  il  est  évident  qu'il  y  a  un 
véritable  accouplement,  comme  l'a  dit  M.  Léon  Fairy. 

M.  Vaillant  appuie  celte  opinion. 

M.  Raveret-Wattel  pense  qu'il  serait  intéressant  de  se  procurer  de  ces 
Lamproies  et  de  faire  de  nouvelles  observations  à  ce  sujet. 

La  section  s'occupe  ensuite  de  la  reproduction  de  l'Anguille.  Rien  de 
certain  n'a  encore  été  découvert  sur  ce  point. 


292  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D'aCCLIMATATION. 

M.  Berthoule  donne  lecture  d'une  lettre  par  laquelle  M.  Vidal  déclare 
ne  pouvoir  accepter  la  continuation  de  ses  fonctions  de  secrétaire  de  la 
troisième  section.  , 

En  conséquence,  il  est  procédé  à  de  nouvelles  élections,  pour  la  no- 
mination d'un  Secrétaire,  d'un  Vice-Secrétaire,  et  du  Délégué  aux  ré- 
compenses, pour  la  continuation  de  la  présente  session. 

Sont  nommés  à  la  majorité  : 

Secrétaire  :  M.  Mailles. 

Vice-Secrétaire  :  M.  Cloquet. 

Délégué  aux  récompenses  :  M.  Berthoule. 

Le  Secrétaire, 
Gh.  Mailles. 


QUATRIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU   16   MARS   1886. 
Présidence  de  M.  Maurice  Girard,  Président. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et  adopté. 

M.  Mailles  lit  l'extrait  suivant  d'un  travail  de  M.  Williston  sur  un 
Diptère  comestible  : 

«  Grâce  à  la  bonté  des  professeurs  G. -F.  Brush  et  S.-J.  Smith,  j'ai 
reçu  dernièrement  une  grande  quantité  de  larves  d'un  Diptère,  inté- 
ressantes, et  parce  qu'elles  habitent  des  eaux  très  alcalines,  et  parce 
qu'elles  servent  à  l'alimentation  de  l'homme,  ce  qui  est  un  fait  unique, 
à  ma  connaissance,  concernant  cette  famille  d'insectes.  Ces  spécimens, 
appartenant  au  genre  Ephydra,  proviennent  des  lacs  qui  se  trouvent 
près  de  Ragtown  (Nevada).  Arnold  Hague  donne  une  description  du  plus 
grand  de  ces  lacs.  La  teinte  des  eaux  en  est  bleu  clair;  cet  étang  n'a 
pas  de  déversoir,  et  est  alimenté  par  une  source  d'eau  très  fraîche.  Les 
eaux  sont  fortement  alcalines  et  si  denses  qu'un  corps  humain  flotte  à  la 
surface,  et,  après  un  séjour  prolongé  dans  cette  eau,  la  peau  du  cadavre 
est  couverte  d'un  épais  enduit  blanc. 

»  On  supposerait  qu'aucun  être  ne  peut  vivre  dans  ce  lac.  Cependant, 
à  certaines  époques,  il  s'y  trouve  de  grandes  quantités  de  larves  d'une 
petite  Mouche  que  les  Indiens  Pah-Ute  font  sécher  et  pulvérisent  en  une 
sorte  de  farine. 

»  En  comparant  ces  larves  avec  celles  que  le  professeur  Silliman 
avait  récollées  dans  le  lac  Mono,  je  ne  trouvai  aucune  différence  entre 
elles,  au  moins  en  apparence;  et,  de  plus,  les  eaux  du  Mono,  d'après  la 
description  du  professeur  W.-H.  Brewer,  sont  à  peu  près  de  la  nature 
de  celles  dont  j'ai  parlé,  et,  comme  ces  dernières,  habitées  seulement 


PROCÈS-VERBAUX.  293 

parées  larves.  Les  Indiens  de  la  région  les  mangent  également.  Il  est 
donc  1res  probable  que  les  Diptères  des  lacs  de  l'Ouest  et  du  lac  Mano 
sont  identiques  et  appartiennent  à  l'espèce  Californica  {Ephydra  Cali- 
fornica  Pack).  D'ailleurs  ce  genre  renferme  plusieurs  espèces  voisines 
entre  elles  et  vivant  dans  des  conditions  analogues,  tels  que  les  Ephydra 
subopaca  Lœw,  halophila  Pack,  gracilis  Pack,  et  VEphydra  Mans 
Say,  des  environs  de  Mexico,  où  la  larve  vit  dans  des  eaux  également 
alcalines.  » 

M.  le  Président  fait  remarquer  que  le  genre  Ephydra  existe  aussi 
dans  les  eaux  de  France. 

M.  Fallou  annonce  que  le  Conseil  a  écrit  au  P.  Camboué  pour  lui  de- 
mander des  renseignements;  le  P.  Camboué  annonce,  du  reste,  qu'il  va 
étudier  les  espèces  du  genre  Borocera  qui  vivent  à  Madagascar. 

M.  Fallou  présente  à  la  section  des  cocons  de  Theophila  mandarina, 
Ver  à  soie  du  Miîrier,  qui  lui  ont  été  gracieusement  envoyés  par  le  Pré- 
sident du  Laboratoire  d'étude  de  la  soie  à  Lyon. 

Ces  Cocons  proviennent  de  la  province  de  Kianson  (Chine),  sur  la  rive 
occidentale  du  lac  Taï-Hou,  oîx  ils  ont  été  récoltés  sur  les  Mûriers  en 
très  grande  quantité  à  l'état  sauvage. 

M.  Fallou  promet  pour  la  séance  prochaine  une  note  détaillée  sur  ce 
Theophila,  dont  il  a  aussi  reçu  des  papillons  qu'il  compte  préparer  et 
soumettre  à  la  Société. 

M.  Fallou  présente  également  des  Cocons  de  Caligula  Suraka,  Sa- 
turnia  Japonica,  S.  Diana  et  S.  Jankowskii. 

D'après  M.  Rondot,  l'industrie  emploie  déjà,  malgré  sa  grossièreté,  le 
cocon  de  S.  Japonica,  dont  la  larve  vivrait  sur  un  Châtaignier. 

M.  l'Agent  général  signale  à  la  section  une  Monographie  du  Tussore 
et  d'autres  Soies  sauvages  de  l'Inde,  qui  a  paru  cà  l'occasion  de  l'Expo- 
sition universelle  de  1878.  Ce  travail,  dû  à  M.  Thomas  Wardle,  contient 
un  certain  nombre  de  renseignements  intéressants,  notamment  en  ce 
qui  concerne  l'alimentation  des  divers  séricigènes  des  Indes. 

M.  J.  Grisard  fait  en  outre  remarquer  qu'il  existe  une  grande  ana- 
logie entre  le  T.'  mandarina,  signalé  par  M.  Fallou,  et  le  Bombyx 
texta  dont  parle  M.  Wardle  dans  sa  brochure.  Il  pourrait  fort  bien  se 
faire  que  l'on  eût  affaire  à  une  seule  et  même  espèce. 

M.  le  Président  fait  remarquer  à  cette  occasion  que  l'éducation  du 
Cynthia  vera  fut  entreprise  d'abord  à  la  Société  d'Acclimatation  et  en- 
suite à  la  Ménagerie  des  Reptiles  au  Muséum  par  M.  Vallée. 

M.  Fallou  annonce  la  découverte  d'une  nouvelle  espèce  d'Attacus 
{A.  Wagner i),  sur  laquelle  il  n'y  a  pas  encore  de  renseignements  suf- 
fisants. 

Le  Secrétaire, 

M.  SÉDILLOT. 


294-  SOCIÉTÉ    NATIONALE    d'ACCLIMATATION. 

CINQUIÈME  SECTION. 

SÉANCE   DU  23   MARS    1886. 
Présidence  de  M.  Paillieux,  vice-président. 

Le  procès-verbal  de  la  séance  précédente  est  lu  et  adopté. 

M.  Paillieux  rappelle  à  la  section  qu'il  a  publié  en  1879,  en  collabo- 
ration avec  M.  Bois,  sous  le  titre  de  Nouveaux  légumes  (Vhiver,  un 
opuscule  sur  divers  étiolats  de  plantes  qui  ne  sont  pas  ordinairement 
employées  dans  l'alimentation.  Ces  essais  d'étiolement  avaient  été  ac- 
cueillis avec  un  intérêt  dont  ces  messieurs  avaient  reçu  de  nombreux 
témoignages. 

Dans  la  Société  d'horticulture,  le  rapporteur  de  la  Commission  des 
récompenses  disait,  le  26  novembre  1880  :  «MM.  Paillieux  et  Bois  ont 
fait  hommage  à  la  Société  d'un  petit  livre  intitulé  :  Nouveaux  légumes 
(V hiver,  dans  lequel  ils  ont  consigné  les  résultats  de  leurs  expériences 
faites  en  vue  de  modifier  par  l'étiolement  la  saveur  et  la  consistance 
d'une  centaine  de  plantes,  dans  l'espoir  de  les  rendre  alimentaires.  Ce 
travail,  de  tous  points  intéressant,  a  été  l'objet  de  deux  rapports  égale- _ 
ment  favorables,  et  dus,  l'un  à  M.  Siray,  l'autre  à  M.  Ed.  Prillieux. 
Saisie  de  ces  rapports  par  un  vote  de  la  Société,  et  partageant  la  bonne 
opinion  qui  y  est  exprimée  sur  le  livre  de  MM.  Paillieux  et  Bois,  la  Com- 
mission des  récompenses  accorde  aux  deux  auteurs  une  médaille  d'ar- 
gent. » 

En  cette  même  année  1880,  M.  A.  Geoffroy  Saint-Hilaire,  au  nom  de 
votre  Commission  des  récompenses,  disait  à  son  tour  :  «  MM.  Paillieux 
et  Bois,  dans  un  ouvrage  consciencieux,  ont  fait  connaître  leurs  essais 
pour  rendre  comestibles  par  l'étiolement  divers  végétaux  qui  ne  sont 
pas  ordinairement  employés  dans  la  consommation.  Ces  messieurs  ont 
démontré  qu'un  certain  nombre  d'espèces,  cultivées  d'une  façon  rai- 
sonnée,  pouva.'ent  devenir  de  bons  légumes  d'hiver.  MM.  Paillieux  et 
Bois  continueront  leurs  expériences;  la  Société  récompense  d'une  mé- 
daille de  première  classe  les  résultats  obtenus.  » 

MM.  Paillieux  et  Bois  ne  s'étaient  pas  bornés  à  écrire,  ils  avaient 
exposé,  hors  concours,  au  Concours  général  agricole  de  1880,  un  grand 
nombre  d'étiolats  fort  remarqués.  L'exemple  était  donné. 

«  De  timides  essais,  dit  M.  Paillieux,  ont  suivi;  mais  enfin,  cette 
année,  une  magnifique  exposition  de  plantes  étiolées  vient  d'obtenir 
une  médaille  d'or  au  Concours  général  agricole;  vous  comprendrez 
tout  le  plaisir  que  j'ai  eu  à  l'admirer. 

3)  L'exposant,  M.  H.  Buisson,  cultivateur  à  Montreuil-sous-Bois,  m'a 
remis  la  liste  de  ses  étiolats,  ainsi  composée  : 


PROCÈS-VERBAUX.  295 


Chicorée  de  Bruxelles,  à  grosse  racine 
(à  café),  Witloof  des  Belges. 

Chicorée  de  Magdebourg,  à  grosse 
racine  (à  café). 

Chicorée  de  Brunswick,  à  grosse  ra- 
cine (à  café). 

Chicorée  sauvage  d'Italie,  à  feuille 
rouge. 

Chicorée  sauvage  panachée. 

Scorsonère. 


Scolyme  d'Espagne. 

Bardane  du  Japon  {Lappa  edulis). 

Bardane  sauvage. 

Bon  Henri. 

Pissenlit  à  cœur  plein. 

Pissenlit  très  hàtif. 

Pissenlit  commun. 

Raifort. 

Cerfeuil  musqué. 

Crambé. 


Salsifis.  j  Etc.,  etc. 

•  »  Toutes  les  Chicorées  exposées  étaient  superbes.  Les  variétés  à 
feuilles  rouges  ou  panachées  forment  la  meilleure  et  la  plus  jolie  salade 
qui  puisse  être  servie  sur  une  table. 

»  J'ai  remarqué  les  variétés  de  Pissenlit,  qui  rivalisent  avec  les  Chi- 
corées; le  Salsifis,  le  Raifort,  le  Cerfeuil  musqué,  auquel  j'attache  de 
l'importance  ;  le  Scolyme  d'Espagne,  qui  était  très  beau. 

î  J'aurais  voulu  trouver,  dans  l'exposition  de  M.  Buisson,  le  Witloof 
pommé,  pour  lequel  nous  sommes  encore  tributaires  des  Belges;  les 
pousses  des  vieux  pieds  d'Artichaut,  que  nos  pères  estimaient  beaucoup, 
qu'ils  préféraient  même  au  Cardon,  et  qu'on  obtient  facilement  des 
vieux  pieds,  aujourd'hui  jetés  et  perdus. 

»  Le  Crambé  exposé  était  bien  venu,  et  j'appelle  de  nouveau  votre 
attention  sur  ce  légume  trop  négligé,  que  nos  marchands  de  comestibles 
font  souvent  venir  d'Angleterre,  et  dont  la  culture  est  facile. 

»  Les  Nouveaux  légumes  d'hiver  n'ont  pas  été  publiés  par  la  Société 
d'Acclimatation,  et  la  plupart  d'entre  vous  ne  connaissent  pas  la  leçon 
de  botanique  du  professeur  Henri  Lecoq,  intitulée:  Note  sur  deux  cents 
légumes  nouveaux,  qui  a  inspiré  notre  petit  livre  et  lui  sert  de  préface. 
^»  Cette  note  est  extrêmement  curieuse  et  instructive;  elle  est  le  point 
de  départ  de  tous  les  progrès  que  pourra  faire  l'industrie  de  l'étiolement. 

»  Une  erreur  s'est  glissée  dans  le  compte  rendu  de  nos  essais,  2*  série. 
Nous  avons  donné  à  VAralia  raccmosa  le  nom  à'Aralia  esculenta. 
La  méprise  est  grave.  Je  fais  de  grands  efforts  pour  acquérir  la  seconde 
de  ces  plantes.  Ils  seraient  vains  sans  l'inépuisable  obligeance  de  la 
maison  Vilmorin. 

s  J'ai  reçu  d'elle  des  graines  qui  n'ont  rien  produit,  parce  que  les 
graines  des  Aralia  perdent  très  promptement  leur  propriété  germina- 
tive  et  qtt'il  y  a  loin  de  Yokohama  à  Paris.  J'ai  reçu  plus  récemment,  de 
la  même  maison,  du  plant  que  j'ai  mal  cultivé.  Quelques  pieds  sont-ils 
sauvés?  Je  l'espère. 

»  J'attache  une  grande  importance  à  l'acquisition  de  l'Aralia  comes- 
tible, qui,  sous  le  noni  de  Oudô,  tient  au  Japon  une  place  notable  dans 
la  consommation.  » 

M.  Paillieux  entretient  ensuite  la  section  des  ravages  que  fait  l'Altise 


296  SOCIÉTÉ   NATIONALE   d'ACCLIMATATION. 

dans  les  plantations  de  Crucifères.  Dans  le  territoire  de  Crosnes,  les 
Choux,  les  Radis,  les  Cressons,  sont  littéralement  dévorés.  Au  mois 
d'août,  notre  confrère  ne  peut  cultiver  ni  la  Moutarde  tubéreuse  ni 
le  Daïkon.  Les  jeunes  plantes  ne  peuvent  pas  même  se  montrer,  et, 
lorsqu'il  s'agit  de  faire  un  nouveau  semis,  il  est  trop  tard. 

Un  remède  ou  un  palliatif  des  insectes  a  été  proposé  dernièrement 
par  la  section  d'insectologie.  La  naphtaline,  paraît-il,  fait  fuir  l'Altise 
sans  nuire  aux  plantes.  11  est  désirable  de  l'essayer. 

«  Je  le  ferai  pour  ma  part,  dit  M.  Paillieux;  mais  je  désire  que  plu- 
sieurs de  mes  confrères  expérimentent  en  même  temps  cette  matière,  et 
veuillent  bien  nous  rendre  compte  des  résultats  qu'ils  auront  obtenus. 
Je  mets  donc  à  la  disposition  des  amateurs  de  bonne  volonté  dix  paquets 
d'un  kilogramme  de  naphtaline.  J'espère  que  dix  personnes  consentiront 
à  envoyer  chercher  de  ces  paquets  et  à  en  répandre  le  contenu  sur  les 
Crucifères  de  leur  culture. 

»  On  mêle  la  naphtaline  à  du  sable,  et  l'on  répand  ce  mélange  sur 
le  sol.  » 

M.  Hédiard  donne  quelques  détails  sur  la  production  et  la  culture  de 
l'Endive  dans  les  départements  du  Nord. 

M.  le  Président  fait  remarquer  que  non  seulement  cette  plante  donne 
une  salade  appréciée,  mais  encore  que  l'on  peut  en  utiliser  les  feuilles 
pour  les  manger  cuites. 

M.  Marquiset  dit  que  si  l'on  pousse  à  la  production  des  feuilles,  la 
racine  de  la  Chicorée  à  café  donne  des  produits  très  inférieurs  et  perd 
40  pour  100  de  sa  valeur. 

M.  Hathelot  ajoute  que  ces  Chicorées  épuisées  sont  colorées  artificiel- 
lement et  vendues  néanmoins  comme  étant  de  bonne  qualité. 

M.  Hédiard  distribue  :  i°  des  semences  d'un  Haricot  originaire  de 
l'Inde,  qu'il  a  nommé  Haricot  Saint-Ciboire.  C'est  une  espèce  naine,  très 
productive;  on  la  mange  en  vert;  2"  des  graines  de  Carabassette  du 
Pérou,  provenant  de  fruits  récoltés  en  Algérie  ;  3°  des  bulbilles  d'Igname; 
4»  des  graines  de  3Ielon  de  Valence. 

Revenant  sur  l'Altise,  M.  Chappellier  dit  que,  dans  le  Midi,  cet  insecte 
fait  un  tort  énorme  à  la  Vigne.  On  le  détruit  en  secouant  les  branches 
dans  une  sorte  d'ombrelle  renversée,  qui  porte  à  son  extrémité  un  en- 
tonnoir terminé  par  un  sac  qui  recueille  ainsi  tous  les  insectes. 

M.  Marquiset  présente  des  échantillons  de  papier  de  Kuzu.  A  ce  pro- 
pos, M.  Ralhelot  dit  qu'il  a  essayé  le  tissage  des  tiges  de  Houblon;  et  qu'il 
en  a  obtenu  un  fil  extrêmement  solide. 

Le  Secrétaire , 

Jules  Grisard. 


IV.   FAITS  DIVERS  ET  EXTRAITS  DE  CORRESPONDANCE. 


Pêcheries  aux  iles  Loffoden. 

La  Société  de  géographie  commerciale  a  clos  le  carême  (séance  du 
20  avril)  avec  le  plus  grand  à-propos,  par  une  humoristi(}ue  commu- 
nication de  M.  Rabot  sur  les  pêcheries  de  Harengs  et  de  Morues  en 
Laponie.  Dans  ces  contrées  déshéritées  qu'éclairent  timidement  les 
pâles  rayons  d'un  soleil  sans  chaleur,  que  les  glaces  abandonnent 
comme  à  regret,  quelques  semaines  à  peine,  dans  lesquelles,  par  con- 
séquent, la  nature  est  sans  vie  et  la  terre  sans  printemps,  l'indigène 
n'a  d'autres  domaines  que  la  mer  et  ses  fjords;  aussi  les  exploite-t-il 
avec  une  infatigable  ardeur;  tous,  hommes,  femmes,  enfants,  travaillent 
avec  courage,  les  uns  bravement  à  la  lame,  les  autres  sur  le  rivage. 

Les  Harengs  se  montrent  au  printemps  et  en  automne,  ils  envahissent 
les  fjords  par  bancs  serrés  et  innombrables  ;  le  télégraphe  signale  leur 
arrivée  sur  tous  les  points  de  la  côte,  et  aussitôt  tous  les  hommes  valides 
prennent  la  mer,  les  filets  sont  jetés  à  l'eau,  ils  se  rompent  sous  le  poids 
du  poisson,  et  l'on  a  souvent,  alors,  le  spectacle  de  nouvelles  pêches 
miraculeuses.  On  estime  à  900  000  livres  la  quantité  moyenne  prise 
chaque  année  dans  ces  parages. 

La  pêche  de  la  Morue  est  plus  importante  encore  ;  elle  absorbe  et  fait 
vivre  une  population  de  25  000  individus,  Suédois,  Russes  ou  Lapons. 
La  saison  venue,  ces  intrépides  marins  s'aventurent  au  large,  sans  se 
soucier  de  la  tempête  si  redoutable  dans  ces  mers,  aux  abords  des  îles 
Loffoden.  Leurs  embarcations  très  petites,  gréées  d'une  simple  voile 
carrée,  ne  sont  pas  même  pontées;  elles  tiennent  mal  la  mer  et  chavi- 
rent souvent  à  la  lame  ;  mais  les  braves  gens,  sans  s'émouvoir  beaucoup 
de  ces  accidents  trop  fréquents,  se  tiennent  accrochés  à  leur  chaloupe 
renversée  et  attendent  patiemment  le  secours  de  quelqu'un  des  leurs. 
Cette  pêche  est  très  productive;  on  prend,  bon  an  mal  an,  sur  ces  côtes, 
cinquante  millions  de  Morues,  d'une  valeur  de  15  à  20  millions  de  francs. 
Aussitôt  déposés  au  port,  les  poissons  sont  dépecés,  les  uns  sont  salés 
(salt-fisli),  les  autres  accrochés,  pour  être  séchés,  à  des  forêts  de  mâts 
sur  le  rivage  (stock-fish).  On  les  exporte  bientôt  sur  tous  les  ports  du 
globe.  Les  têtes,  bouillies  et  mêlées  à  quelques  maigres  herbes,  servent 
à  la  nourriture  du  bétail  :  les  foies  produisent  l'huile  si  précieuse  que, 
trop  souvent  malheureusement,  on  mélange  à  l'huile  de  baleine;  enfin, 
les  débris  de  toute  nature  sont  convertis  en  un  guano  dit  guano  de 
poisson,  qui  constitue  un  engrais  d'une  certaine  valeur. 

La  pêche  de  la  Baleine  est  pratiquée  avec  un  acharnement  toujours 
croissant;  on  compte  actuellement  plus  de  vingt  grandes  compagnies, 
ayant  chacune  sa  flotte  de  guerre  ;  déjà  même  quelques  bateaux  mar- 
chent à  la  vapeur  et  sont  armés  à  l'avant  d'un  canon  lance-harpon  :  le 
canon  est  placé  sur  un  aff'ût  à  pivot,  mobile  en  tous  sens  ;   le  harpon 


298  SOCIÉTÉ   NATIONALE   D' ACCLIMATATION. 

part  sous  l'explosion  d'une  forte  charge  de  poudre,  en  déroulant  un 
cable  dont  l'extrême  bout  est  fixé  au  bateau;  il  porte  en  pointe  un  obus 
percutant  qui  produit  une  blessure  le  plus  souvent  mortelle;  les  fortes 
barbes  du  harpon  s'ouvrent  dans  la  plaie,  et  le  malheureux  Cétacé,  im- 
puissant à  se  dégager,  bientôt  à  bout  de  forces,  est  tiré  au  rivage  après 
s'être  épuisé  dans  une  lutte  désespérée,  qui  n'est  pas  exempte  de  péri- 
péties. Un  essaim  de  travailleurs,  armés  de  longs  coutelas,  s'abat  alors 
sur  son  cadavre  ;  il  est  dépecé  en  de  larges  lanières,  la  graisse  est  fon- 
due, certaines  parties  des  chairs  sont  préparées  en  conserves,  dont  le 
jeune  voyageur  a  pu  apprécier  la  haute  saveur;  enfin  les  fanons  de  ce 
monstre  informe,  qui  semble  si  peu  fait  pour  servir  d'auxiliaire  à  la 
grâce,  s'en  vont  servir  aux  intimes  et  mystérieux  usages  que  connaît  le 
beau  sexe.  11  paraît  mênie  que  les  barbes,  trop  faibles  pour  secourir  de 
la  sorte  dame  nature,  font  néanmoins  l'objet  d'une  exportation  considé- 
rable en  Angleterre,  oîi  on  les  convertit...  en  plumes  d'Autruches! 
N'est-ce  pas  le  dernier  mot  de  l'antithèse? 

Quoi  qu'il  en  soit,  la  capture  d'une  Baleine  a  son  importance;  quel- 
ques-unes représentent  une  valeur  de  5  à  6000  francs;  les  moins  appré- 
ciées ne  valent  pas  moins  de  800  francs.  On  en  prend  encore  environ 
quatorze  cents  chaque  année  ;  mais  leur  nombre  diminue  sensiblement, 
et  déjà  on  peut  prévoir  l'heure  prochaine  où  elles  auront  complètement 
disparu  des  mers  polaires,  leur  dernier  refuge. 

Si  nous  ajoutons  que  ces  récits,  faits  avec  entrain,  ont  été  accompa- 
gnés de  nombreuses  projections;  que  M.  Rabot  nous  a  ainsi  montré  la 
sauvage  nature  du  Nord,  les  pittoresques  anfractuosités  des  fjords,  les 
scènes  de  la  vie  indigène,  les  opérations  du  dépeçage  des  baleines,  voire 
même  un  soleil  de  minuit,  on  verra  que,  pour  une  conférence  de  carême, 
celle-ci  a  élé  fortement  nourrie  et  n'a  pas  valu  la  moindre  abstinence  à 
l'esprit  des  auditeurs. 

Le  gouvernement  norwégien  se  préoccupe  aujourd'hui  de  la  diminu- 
tion du  poisson  sur  ses  côtes.  Il  ne  peut  malheureusement  pas  grand' 
chose  pour  la  protection  de  la  Baleine  ;  mais  du  moins  travaille-t-il  à  la 
multiplication  artificielle  des  Morues  et  de  quelques  autres  espèces  ma- 
rines. La  Société  d'Acclimatation  elle-même,  toujours  soucieuse  d'en- 
courager, par  les  moyens  en  son  pouvoir,  des  entreprises  d'une  si  incon- 
testable utilité,  en  quelque  pays  qu'elles  soient  faites,  a  reçu  cette  année 
même  un  intéressant  rapport  sur  l'une  de  ces  stations  récentes,  la  sta- 
tion de  Flôdwig,  dirigée  par  M.  le  capitaine  Dannevig,  où  l'on  a  obtenu 
en  1885  vingt-huit  millions  d'alevins  de  Morues.  Ce  rapport  a  été  trans- 
mis cà  notre  Commission  des  récompenses  ;  il  ne  nous  appartient  pas  de 
divulguer  avant  l'heure  le  résultat  de  ses  délibérations,  mais  nous  pou- 
vons dire  que  les  travaux  de  M.  le  capitaine  Dannevig  ont  attiré  vive- 
ment son  attention. 

Am.  Berthoule. 


FAITS   DIVERS    ET    EXTRAITS   DE   CORRESPONDANCE.        299 


Pisciculture  dans  la  Souinie. 

Je  vais  essayer  de  répondre  au  questionnaire  que  vous  me  faites 
l'honneur  de  m'adresser,  relativement  à  la  récolte  que  j'ai  faite  d'envi- 
ron 26  000  œufs  de  Saumon,  provenant  de  trois  femelles  prises  dans  la 
vieille  Somme,  en  aval  d'Amiens  et  du  barrage  de  la  Chaudière.  A  cet 
endroit,  la  Somme  se  divise  en  deux  bras,  qui  suivent  une  direction  pa- 
rallèle, laissant  entre  eux  une  bande  de  terre  appelée  île  Sainte-Ara- 
gonne. 

A  droite,  c'est  le  canal  de  la  Somme;  à  gauche,  c'est  la  vieille 
Somme,  qui  n'est  pas  navigable.  A  70  mètres  du  barrage  existe  sur 
cette  rivière  une  passerelle.  C'est  à  partir  de  ce  point,  sur  un  espace 
d'environ  60  mètres  en  descendant ,  que  les  pêcheurs  jettent  l'épervier 
pour  prendre  le  Saumon  qui  vient  là  pour  frayer.  11  s'y  trouve  un  fond 
de  4-0  centimètres  de  cailloux  sur  lesquels,  avec  des  bottes,  on  peut 
s'avancer  à  plusieurs  mètres  du  bord.  Le  maximum  de  profondeur  est 
de  l'-SSO. 

Pour  la  première  fécondation,  qui  eut  lieu  le  28  novembre,  avec  une 
femelle  et  deux  mâles,  et  la  deuxième,  le  2  décembre,  avec  un  seul  sujet 
de  chaque  sexe,  je  me  suis  servi  d'individus  de  taille  moyenne,  c'est-à-dire 
de  6  à  7  kilogrammes,  sauf  l'un  des  deux  premiers  mâles,  dont  le  poids 
peut  être  évalué  à  i^'-^,hQO.  J'ai  employé  pour  la  troisième  opération,  le 
U  décembre,  la  plus  forte  femelle  prise  cette  année;  elle  pesait  11  ki- 
logrammes. Je  ne  lui  ai  enlevé  qu'une  partie  de  ses  œufs,  que  j'ai  arrosés 
de  la  laitance  du  plus  petit  mâle  qu'on  ait  encore  observé;  son  poids  ne 
dépassait  pas  2^3,500. 

Le  plus  fort  mâle  p